Jazz live
Publié le 1 Mai 2012

April in Paris N°6 : Alexandre Herer Trio, Olivier Laisney “Slugged”

Le 25 avril, à l’heure où la presse concentrait sa présence sur la soirée anniversaire du label allemand ACT au New Morning, il fallait bien que quelqu’un se rende à la soirée du label Onze Heures Onze qui célébrait deux parutions au studio de l’Ermitage, les disques du trio d’Alexandre Herer et  du quintette d’Olivier Laisney.

C’est là que j’avais envie d’être hier, intrigué par les deux disques reçus à la rédaction et plus impatient d’entendre cette musique vivre en direct que de la découvrir sur disque. Dans nos vies surmenées, quel meilleur moment que le concert pour se consacrer à l’écoute active de la musique ? Alexandre Herer donc, pianiste, en compagnie du contrebassiste Oliver Degabriele et du batteur Thibaut Brandalise. Une musique moins bigarée et plus monacale que celle découverte avec le groupe Oxyd du même Alexandre Herer entendue le 14 avril et le 16 septembre 2010 à l’Olympic. Ici, l’on se retrouve clairement dans le sillage stevecolemanien et le rythme musical repensé. Aussi ne s’étonnera-t-on pas de voir monter sur scène, en cours de set, Stéphane Payen pour s’intégrer à ces suites très organiques fonctionnant sur l’articulation de motifs rythmiques et mélodiques abstraits par leur caractère anguleux et discontinu (se déployant souvent autour d’ostinatos brillamment tenus-contournés-détournés par Degabriele), au lyrisme rare et elliptique (comme la cerise sur le gâteau : ici une ritournelle grunge et là l’amorce d’un choral en guise de coda), aux conséquences harmoniques qui ne s’affichent pas. C’est cependant sur un autre registre que la musique de Herer a forcé chez moi une certaine résistance à un objet fascinant mais pas totalement inédit et un rien dogmatique, lorsqu’elle renoue avec la couleur par le biais de ce que j’ai – peut-être – le tort d’assimiler à la tentation du spectral qui semble toucher la scène jazz contemporaine, notamment sous l’influence de Steve Lehmann. Elle surgit soudain sous la forme de nappes de synthétiseurs disctrètes qui diffusent leurs moirures et leurs granulations à travers le jouage du trio rejoint par le saxophoniste d’Oxyd, Julien Pontvianne, qui après avoir fait une forte impression comme – pour le dire vite – disciple d’un Wayne Shorter pré-Weather Report, voire pré-Miles, a surpris son monde en se tournant vers des expériences ouvertement spectrales. Je dois avouer avoir été moi-même extrêmement perplexe à l’écoute des démos qu’il m’a communiquées. En revanche, son travail sur les nappes de son, au travers le détimbrage et l’instabilité des fréquences, est en parfaite cohérence et sert idéalement la partie du programme d’Herer qui m’a paru la plus touchée par la grâce poétique.

 

Pour ce qui est du quintette d’Olivier Laisney, je dois avouer n’y avoir opposé aucune résistance. Le personnel : Olivier Laisney (trompette), Adrien Sanchez (sax ténor), Stephan Caracci (vibraphone), Joachim Govin (contrebasse), Thibault Pierard (batterie). Les compositions d’Olivier Laisney ramènent à cet entre-deux des premières années 60, où des chercheurs expérimentaient en marge du free : Booker Little (référence ici incontournable), Don Ellis (celui des premières années 60), Eric Dolphy (dans une moindre mesure) et Bobby Hutcherson (c’est évidemment le vibraphone qui nous y renvoie). Un entre-deux repensé à l’aune du début de siècle, marqué par une certaine organicité du couple improvisation-composition et la remise en cause du débit qui caractérisa longtemps le jazz dans une évolution progressive menant du phrasé en croches swing aux nappes coltraniennes. L’improvisation soliste se glisse en petites séquences alternées entre les mailles de grilles serrées faites de rapides progressions harmoniques, de schémas rythmiques constamment accidentés et de rendez-vous orchestraux fréquents qui sont gérés l’œil sur la partition, mais avec une décontraction et un bonheur de jouer qui me manquait un peu dans la première partie. Ce doit être mon côté “nouveau Panassié”, ce qui n’est d’ailleurs pas peu paradoxal (rajoutai-je pour me rassurer sur mon compte). Du coup, l’arrivée de Denis Guivarch’ (dont le prochain disque attend depuis des mois le feu vert de son producteur et une chronique enthousiaste dans Jazz Magazine-Jazzman) gâcha un peu la fête, en ce qu’il réintroduisait le vieux “flow” dont Steve Coleman hérita de Charlie Parker, mais, probablement trop aux prises avec les partitions de Laisney pour ne pas céder à une tendance à l’athlétisme, oubliant l’essentiel de l’héritage parkérien, la respiration.

 

Hésitant entre rejoindre la fête ACT au New Morning ou me rendre au Babilo pour entendre Tony Tixier, je décidai finalement de rejoindre ma lointaine banlieue sur cette belle impression. Sur le coup de minuit et demi, au terme du chemin me conduisant de la gare à mon domicile, le spectacle éclair d’un fouine traversant le parking de mon immeuble. Ultime récompense de mon retour nocturne.


Franck Bergerot

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Le 25 avril, à l’heure où la presse concentrait sa présence sur la soirée anniversaire du label allemand ACT au New Morning, il fallait bien que quelqu’un se rende à la soirée du label Onze Heures Onze qui célébrait deux parutions au studio de l’Ermitage, les disques du trio d’Alexandre Herer et  du quintette d’Olivier Laisney.

C’est là que j’avais envie d’être hier, intrigué par les deux disques reçus à la rédaction et plus impatient d’entendre cette musique vivre en direct que de la découvrir sur disque. Dans nos vies surmenées, quel meilleur moment que le concert pour se consacrer à l’écoute active de la musique ? Alexandre Herer donc, pianiste, en compagnie du contrebassiste Oliver Degabriele et du batteur Thibaut Brandalise. Une musique moins bigarée et plus monacale que celle découverte avec le groupe Oxyd du même Alexandre Herer entendue le 14 avril et le 16 septembre 2010 à l’Olympic. Ici, l’on se retrouve clairement dans le sillage stevecolemanien et le rythme musical repensé. Aussi ne s’étonnera-t-on pas de voir monter sur scène, en cours de set, Stéphane Payen pour s’intégrer à ces suites très organiques fonctionnant sur l’articulation de motifs rythmiques et mélodiques abstraits par leur caractère anguleux et discontinu (se déployant souvent autour d’ostinatos brillamment tenus-contournés-détournés par Degabriele), au lyrisme rare et elliptique (comme la cerise sur le gâteau : ici une ritournelle grunge et là l’amorce d’un choral en guise de coda), aux conséquences harmoniques qui ne s’affichent pas. C’est cependant sur un autre registre que la musique de Herer a forcé chez moi une certaine résistance à un objet fascinant mais pas totalement inédit et un rien dogmatique, lorsqu’elle renoue avec la couleur par le biais de ce que j’ai – peut-être – le tort d’assimiler à la tentation du spectral qui semble toucher la scène jazz contemporaine, notamment sous l’influence de Steve Lehmann. Elle surgit soudain sous la forme de nappes de synthétiseurs disctrètes qui diffusent leurs moirures et leurs granulations à travers le jouage du trio rejoint par le saxophoniste d’Oxyd, Julien Pontvianne, qui après avoir fait une forte impression comme – pour le dire vite – disciple d’un Wayne Shorter pré-Weather Report, voire pré-Miles, a surpris son monde en se tournant vers des expériences ouvertement spectrales. Je dois avouer avoir été moi-même extrêmement perplexe à l’écoute des démos qu’il m’a communiquées. En revanche, son travail sur les nappes de son, au travers le détimbrage et l’instabilité des fréquences, est en parfaite cohérence et sert idéalement la partie du programme d’Herer qui m’a paru la plus touchée par la grâce poétique.

 

Pour ce qui est du quintette d’Olivier Laisney, je dois avouer n’y avoir opposé aucune résistance. Le personnel : Olivier Laisney (trompette), Adrien Sanchez (sax ténor), Stephan Caracci (vibraphone), Joachim Govin (contrebasse), Thibault Pierard (batterie). Les compositions d’Olivier Laisney ramènent à cet entre-deux des premières années 60, où des chercheurs expérimentaient en marge du free : Booker Little (référence ici incontournable), Don Ellis (celui des premières années 60), Eric Dolphy (dans une moindre mesure) et Bobby Hutcherson (c’est évidemment le vibraphone qui nous y renvoie). Un entre-deux repensé à l’aune du début de siècle, marqué par une certaine organicité du couple improvisation-composition et la remise en cause du débit qui caractérisa longtemps le jazz dans une évolution progressive menant du phrasé en croches swing aux nappes coltraniennes. L’improvisation soliste se glisse en petites séquences alternées entre les mailles de grilles serrées faites de rapides progressions harmoniques, de schémas rythmiques constamment accidentés et de rendez-vous orchestraux fréquents qui sont gérés l’œil sur la partition, mais avec une décontraction et un bonheur de jouer qui me manquait un peu dans la première partie. Ce doit être mon côté “nouveau Panassié”, ce qui n’est d’ailleurs pas peu paradoxal (rajoutai-je pour me rassurer sur mon compte). Du coup, l’arrivée de Denis Guivarch’ (dont le prochain disque attend depuis des mois le feu vert de son producteur et une chronique enthousiaste dans Jazz Magazine-Jazzman) gâcha un peu la fête, en ce qu’il réintroduisait le vieux “flow” dont Steve Coleman hérita de Charlie Parker, mais, probablement trop aux prises avec les partitions de Laisney pour ne pas céder à une tendance à l’athlétisme, oubliant l’essentiel de l’héritage parkérien, la respiration.

 

Hésitant entre rejoindre la fête ACT au New Morning ou me rendre au Babilo pour entendre Tony Tixier, je décidai finalement de rejoindre ma lointaine banlieue sur cette belle impression. Sur le coup de minuit et demi, au terme du chemin me conduisant de la gare à mon domicile, le spectacle éclair d’un fouine traversant le parking de mon immeuble. Ultime récompense de mon retour nocturne.


Franck Bergerot

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Le 25 avril, à l’heure où la presse concentrait sa présence sur la soirée anniversaire du label allemand ACT au New Morning, il fallait bien que quelqu’un se rende à la soirée du label Onze Heures Onze qui célébrait deux parutions au studio de l’Ermitage, les disques du trio d’Alexandre Herer et  du quintette d’Olivier Laisney.

C’est là que j’avais envie d’être hier, intrigué par les deux disques reçus à la rédaction et plus impatient d’entendre cette musique vivre en direct que de la découvrir sur disque. Dans nos vies surmenées, quel meilleur moment que le concert pour se consacrer à l’écoute active de la musique ? Alexandre Herer donc, pianiste, en compagnie du contrebassiste Oliver Degabriele et du batteur Thibaut Brandalise. Une musique moins bigarée et plus monacale que celle découverte avec le groupe Oxyd du même Alexandre Herer entendue le 14 avril et le 16 septembre 2010 à l’Olympic. Ici, l’on se retrouve clairement dans le sillage stevecolemanien et le rythme musical repensé. Aussi ne s’étonnera-t-on pas de voir monter sur scène, en cours de set, Stéphane Payen pour s’intégrer à ces suites très organiques fonctionnant sur l’articulation de motifs rythmiques et mélodiques abstraits par leur caractère anguleux et discontinu (se déployant souvent autour d’ostinatos brillamment tenus-contournés-détournés par Degabriele), au lyrisme rare et elliptique (comme la cerise sur le gâteau : ici une ritournelle grunge et là l’amorce d’un choral en guise de coda), aux conséquences harmoniques qui ne s’affichent pas. C’est cependant sur un autre registre que la musique de Herer a forcé chez moi une certaine résistance à un objet fascinant mais pas totalement inédit et un rien dogmatique, lorsqu’elle renoue avec la couleur par le biais de ce que j’ai – peut-être – le tort d’assimiler à la tentation du spectral qui semble toucher la scène jazz contemporaine, notamment sous l’influence de Steve Lehmann. Elle surgit soudain sous la forme de nappes de synthétiseurs disctrètes qui diffusent leurs moirures et leurs granulations à travers le jouage du trio rejoint par le saxophoniste d’Oxyd, Julien Pontvianne, qui après avoir fait une forte impression comme – pour le dire vite – disciple d’un Wayne Shorter pré-Weather Report, voire pré-Miles, a surpris son monde en se tournant vers des expériences ouvertement spectrales. Je dois avouer avoir été moi-même extrêmement perplexe à l’écoute des démos qu’il m’a communiquées. En revanche, son travail sur les nappes de son, au travers le détimbrage et l’instabilité des fréquences, est en parfaite cohérence et sert idéalement la partie du programme d’Herer qui m’a paru la plus touchée par la grâce poétique.

 

Pour ce qui est du quintette d’Olivier Laisney, je dois avouer n’y avoir opposé aucune résistance. Le personnel : Olivier Laisney (trompette), Adrien Sanchez (sax ténor), Stephan Caracci (vibraphone), Joachim Govin (contrebasse), Thibault Pierard (batterie). Les compositions d’Olivier Laisney ramènent à cet entre-deux des premières années 60, où des chercheurs expérimentaient en marge du free : Booker Little (référence ici incontournable), Don Ellis (celui des premières années 60), Eric Dolphy (dans une moindre mesure) et Bobby Hutcherson (c’est évidemment le vibraphone qui nous y renvoie). Un entre-deux repensé à l’aune du début de siècle, marqué par une certaine organicité du couple improvisation-composition et la remise en cause du débit qui caractérisa longtemps le jazz dans une évolution progressive menant du phrasé en croches swing aux nappes coltraniennes. L’improvisation soliste se glisse en petites séquences alternées entre les mailles de grilles serrées faites de rapides progressions harmoniques, de schémas rythmiques constamment accidentés et de rendez-vous orchestraux fréquents qui sont gérés l’œil sur la partition, mais avec une décontraction et un bonheur de jouer qui me manquait un peu dans la première partie. Ce doit être mon côté “nouveau Panassié”, ce qui n’est d’ailleurs pas peu paradoxal (rajoutai-je pour me rassurer sur mon compte). Du coup, l’arrivée de Denis Guivarch’ (dont le prochain disque attend depuis des mois le feu vert de son producteur et une chronique enthousiaste dans Jazz Magazine-Jazzman) gâcha un peu la fête, en ce qu’il réintroduisait le vieux “flow” dont Steve Coleman hérita de Charlie Parker, mais, probablement trop aux prises avec les partitions de Laisney pour ne pas céder à une tendance à l’athlétisme, oubliant l’essentiel de l’héritage parkérien, la respiration.

 

Hésitant entre rejoindre la fête ACT au New Morning ou me rendre au Babilo pour entendre Tony Tixier, je décidai finalement de rejoindre ma lointaine banlieue sur cette belle impression. Sur le coup de minuit et demi, au terme du chemin me conduisant de la gare à mon domicile, le spectacle éclair d’un fouine traversant le parking de mon immeuble. Ultime récompense de mon retour nocturne.


Franck Bergerot

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Le 25 avril, à l’heure où la presse concentrait sa présence sur la soirée anniversaire du label allemand ACT au New Morning, il fallait bien que quelqu’un se rende à la soirée du label Onze Heures Onze qui célébrait deux parutions au studio de l’Ermitage, les disques du trio d’Alexandre Herer et  du quintette d’Olivier Laisney.

C’est là que j’avais envie d’être hier, intrigué par les deux disques reçus à la rédaction et plus impatient d’entendre cette musique vivre en direct que de la découvrir sur disque. Dans nos vies surmenées, quel meilleur moment que le concert pour se consacrer à l’écoute active de la musique ? Alexandre Herer donc, pianiste, en compagnie du contrebassiste Oliver Degabriele et du batteur Thibaut Brandalise. Une musique moins bigarée et plus monacale que celle découverte avec le groupe Oxyd du même Alexandre Herer entendue le 14 avril et le 16 septembre 2010 à l’Olympic. Ici, l’on se retrouve clairement dans le sillage stevecolemanien et le rythme musical repensé. Aussi ne s’étonnera-t-on pas de voir monter sur scène, en cours de set, Stéphane Payen pour s’intégrer à ces suites très organiques fonctionnant sur l’articulation de motifs rythmiques et mélodiques abstraits par leur caractère anguleux et discontinu (se déployant souvent autour d’ostinatos brillamment tenus-contournés-détournés par Degabriele), au lyrisme rare et elliptique (comme la cerise sur le gâteau : ici une ritournelle grunge et là l’amorce d’un choral en guise de coda), aux conséquences harmoniques qui ne s’affichent pas. C’est cependant sur un autre registre que la musique de Herer a forcé chez moi une certaine résistance à un objet fascinant mais pas totalement inédit et un rien dogmatique, lorsqu’elle renoue avec la couleur par le biais de ce que j’ai – peut-être – le tort d’assimiler à la tentation du spectral qui semble toucher la scène jazz contemporaine, notamment sous l’influence de Steve Lehmann. Elle surgit soudain sous la forme de nappes de synthétiseurs disctrètes qui diffusent leurs moirures et leurs granulations à travers le jouage du trio rejoint par le saxophoniste d’Oxyd, Julien Pontvianne, qui après avoir fait une forte impression comme – pour le dire vite – disciple d’un Wayne Shorter pré-Weather Report, voire pré-Miles, a surpris son monde en se tournant vers des expériences ouvertement spectrales. Je dois avouer avoir été moi-même extrêmement perplexe à l’écoute des démos qu’il m’a communiquées. En revanche, son travail sur les nappes de son, au travers le détimbrage et l’instabilité des fréquences, est en parfaite cohérence et sert idéalement la partie du programme d’Herer qui m’a paru la plus touchée par la grâce poétique.

 

Pour ce qui est du quintette d’Olivier Laisney, je dois avouer n’y avoir opposé aucune résistance. Le personnel : Olivier Laisney (trompette), Adrien Sanchez (sax ténor), Stephan Caracci (vibraphone), Joachim Govin (contrebasse), Thibault Pierard (batterie). Les compositions d’Olivier Laisney ramènent à cet entre-deux des premières années 60, où des chercheurs expérimentaient en marge du free : Booker Little (référence ici incontournable), Don Ellis (celui des premières années 60), Eric Dolphy (dans une moindre mesure) et Bobby Hutcherson (c’est évidemment le vibraphone qui nous y renvoie). Un entre-deux repensé à l’aune du début de siècle, marqué par une certaine organicité du couple improvisation-composition et la remise en cause du débit qui caractérisa longtemps le jazz dans une évolution progressive menant du phrasé en croches swing aux nappes coltraniennes. L’improvisation soliste se glisse en petites séquences alternées entre les mailles de grilles serrées faites de rapides progressions harmoniques, de schémas rythmiques constamment accidentés et de rendez-vous orchestraux fréquents qui sont gérés l’œil sur la partition, mais avec une décontraction et un bonheur de jouer qui me manquait un peu dans la première partie. Ce doit être mon côté “nouveau Panassié”, ce qui n’est d’ailleurs pas peu paradoxal (rajoutai-je pour me rassurer sur mon compte). Du coup, l’arrivée de Denis Guivarch’ (dont le prochain disque attend depuis des mois le feu vert de son producteur et une chronique enthousiaste dans Jazz Magazine-Jazzman) gâcha un peu la fête, en ce qu’il réintroduisait le vieux “flow” dont Steve Coleman hérita de Charlie Parker, mais, probablement trop aux prises avec les partitions de Laisney pour ne pas céder à une tendance à l’athlétisme, oubliant l’essentiel de l’héritage parkérien, la respiration.

 

Hésitant entre rejoindre la fête ACT au New Morning ou me rendre au Babilo pour entendre Tony Tixier, je décidai finalement de rejoindre ma lointaine banlieue sur cette belle impression. Sur le coup de minuit et demi, au terme du chemin me conduisant de la gare à mon domicile, le spectacle éclair d’un fouine traversant le parking de mon immeuble. Ultime récompense de mon retour nocturne.


Franck Bergerot