Jazz à Ramatuelle (dernière) : Patricia Barber’s "Nat King Cole" Trio
Jamais meilleure que dans les contextes les plus intimistes, Patricia Barber s’était entourée ces dernière années d’une rythmique souvent tapageuse, qui ne permettait guère de goûter la troublante sensualité de cette grande disciple de Shirley Horne. On était donc impatient de l’entendre au sein de ce nouveau trio sans batterie, dont on se promettait une musique à la fois plus retenue et plus intense. Au final, la chanteuse de Chicago aura su surprendre le public de Ramatuelle, dévoilant sa sensibilité à fleur de peau au fil d’un concert plein de surprises et de contrastes.
Patricia Barber’s « Nat King Cole » Trio
Lundi 20 août, théâtre de verdure, Ramatuelle (83)
Patricia Barber (p, voc, grognements, pieds nus, verre de cognac), John Kregor (guitares électrique et folk), Larry Kohut (b).
Contrairement à ce que le nom du groupe aurait pu suggérer, ce concert de clôture de Jazz à Ramatuelle 2012 ne se concevait nullement comme un hommage à Nat King Cole. Le nom du grand pianiste et crooner n’était invoqué ici qu’en référence à l’instrumentation du trio : chant/piano, guitare, contrebasse. Point, à la ligne.
Pas de chansons de Nat Cole au programme, donc, mais un répertoire des plus éclectiques. Outre quelques anciennes compositions originales, on y entendit du Thelonious Monk (Bemsha Swing et Rhythm-A-Ning revisités), un classique brésilien en portugais dans le texte, une ballade country (You Are My Sunshine, sublime en rappel), sans oublier – cocorico ! – deux chansons d’origine française : The Summer Knows de Michel Legrand, et surtout Un homme et une femme de Francis Lai et son sempiternel « Chabadabada, chabadabada… », interprété avec une rare finesse à la manière d’une bossa nonchalante et mélancolique, dans un français délicieusement approximatif. Une manière de caresser le public hexagonal dans le sens du poil ? Peut-être, mais qui serait assez fou pour se soustraire à de telles caresses ?
Difficile, en effet, d’échapper au charme envoûtant de la chanteuse de Chicago. Celle qui se définit elle-même comme une introvertie est pourtant une artiste de l’impudeur. Au piano, elle râle, grimace, gémit. Au chant, elle n’hésite pas à dévoiler ses pulsions, ses fêlures, ses failles. Sa voix à la fois grave et fragile, loin de toute envolée spectaculaire, est toute entière vouée au texte et à l’intensité dramatique. « My job is to break your heart », rappela-t-elle facétieusement au public varois.
À ses côtés, deux musiciens exemplaires d’attention et d’écoute. Guitariste juvénile au visage poupin, John Kregor se distingue par une attaque précise et un son limpide, doublé d’un phrasé qui trahit l’influence de John Scofield. Tout juste pourrait-on lui reprocher l’utilisation, sur une ballade, d’une pédale chorus d’un goût un peu douteux. Quant à Larry Kohut, c’est un excellent contrebassiste « à l’ancienne », aussi à l’aise dans l’accompagnement que dans les solos, et qui sait réagir au quart de tour aux moindres suggestions de son employeuse.
Comme Patricia le révéla au micro de TSF Jazz, ce trio constitue le noyau dur d’un nouveau quartet avec batterie, avec lequel elle a enregistré récemment son nouvel album « Smash », à paraître début 2013 chez Concord. Pour des raisons contractuelles, elle ne put nous livrer la primeur que d’une seule de ces nouvelles chansons, gardée pour la fin du concert. Le surprenant solo de guitare saturée à la Gary Moore qui la conclut semble suggérer une orientation beaucoup plus rock. « Il y aura des chansons très calme, d’autres très bruyantes, et tout ce qui peut exister entre ces deux extrêmes », nous avait-elle promis. Wait and see…
Pascal Rozat
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Jamais meilleure que dans les contextes les plus intimistes, Patricia Barber s’était entourée ces dernière années d’une rythmique souvent tapageuse, qui ne permettait guère de goûter la troublante sensualité de cette grande disciple de Shirley Horne. On était donc impatient de l’entendre au sein de ce nouveau trio sans batterie, dont on se promettait une musique à la fois plus retenue et plus intense. Au final, la chanteuse de Chicago aura su surprendre le public de Ramatuelle, dévoilant sa sensibilité à fleur de peau au fil d’un concert plein de surprises et de contrastes.
Patricia Barber’s « Nat King Cole » Trio
Lundi 20 août, théâtre de verdure, Ramatuelle (83)
Patricia Barber (p, voc, grognements, pieds nus, verre de cognac), John Kregor (guitares électrique et folk), Larry Kohut (b).
Contrairement à ce que le nom du groupe aurait pu suggérer, ce concert de clôture de Jazz à Ramatuelle 2012 ne se concevait nullement comme un hommage à Nat King Cole. Le nom du grand pianiste et crooner n’était invoqué ici qu’en référence à l’instrumentation du trio : chant/piano, guitare, contrebasse. Point, à la ligne.
Pas de chansons de Nat Cole au programme, donc, mais un répertoire des plus éclectiques. Outre quelques anciennes compositions originales, on y entendit du Thelonious Monk (Bemsha Swing et Rhythm-A-Ning revisités), un classique brésilien en portugais dans le texte, une ballade country (You Are My Sunshine, sublime en rappel), sans oublier – cocorico ! – deux chansons d’origine française : The Summer Knows de Michel Legrand, et surtout Un homme et une femme de Francis Lai et son sempiternel « Chabadabada, chabadabada… », interprété avec une rare finesse à la manière d’une bossa nonchalante et mélancolique, dans un français délicieusement approximatif. Une manière de caresser le public hexagonal dans le sens du poil ? Peut-être, mais qui serait assez fou pour se soustraire à de telles caresses ?
Difficile, en effet, d’échapper au charme envoûtant de la chanteuse de Chicago. Celle qui se définit elle-même comme une introvertie est pourtant une artiste de l’impudeur. Au piano, elle râle, grimace, gémit. Au chant, elle n’hésite pas à dévoiler ses pulsions, ses fêlures, ses failles. Sa voix à la fois grave et fragile, loin de toute envolée spectaculaire, est toute entière vouée au texte et à l’intensité dramatique. « My job is to break your heart », rappela-t-elle facétieusement au public varois.
À ses côtés, deux musiciens exemplaires d’attention et d’écoute. Guitariste juvénile au visage poupin, John Kregor se distingue par une attaque précise et un son limpide, doublé d’un phrasé qui trahit l’influence de John Scofield. Tout juste pourrait-on lui reprocher l’utilisation, sur une ballade, d’une pédale chorus d’un goût un peu douteux. Quant à Larry Kohut, c’est un excellent contrebassiste « à l’ancienne », aussi à l’aise dans l’accompagnement que dans les solos, et qui sait réagir au quart de tour aux moindres suggestions de son employeuse.
Comme Patricia le révéla au micro de TSF Jazz, ce trio constitue le noyau dur d’un nouveau quartet avec batterie, avec lequel elle a enregistré récemment son nouvel album « Smash », à paraître début 2013 chez Concord. Pour des raisons contractuelles, elle ne put nous livrer la primeur que d’une seule de ces nouvelles chansons, gardée pour la fin du concert. Le surprenant solo de guitare saturée à la Gary Moore qui la conclut semble suggérer une orientation beaucoup plus rock. « Il y aura des chansons très calme, d’autres très bruyantes, et tout ce qui peut exister entre ces deux extrêmes », nous avait-elle promis. Wait and see…
Pascal Rozat
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Jamais meilleure que dans les contextes les plus intimistes, Patricia Barber s’était entourée ces dernière années d’une rythmique souvent tapageuse, qui ne permettait guère de goûter la troublante sensualité de cette grande disciple de Shirley Horne. On était donc impatient de l’entendre au sein de ce nouveau trio sans batterie, dont on se promettait une musique à la fois plus retenue et plus intense. Au final, la chanteuse de Chicago aura su surprendre le public de Ramatuelle, dévoilant sa sensibilité à fleur de peau au fil d’un concert plein de surprises et de contrastes.
Patricia Barber’s « Nat King Cole » Trio
Lundi 20 août, théâtre de verdure, Ramatuelle (83)
Patricia Barber (p, voc, grognements, pieds nus, verre de cognac), John Kregor (guitares électrique et folk), Larry Kohut (b).
Contrairement à ce que le nom du groupe aurait pu suggérer, ce concert de clôture de Jazz à Ramatuelle 2012 ne se concevait nullement comme un hommage à Nat King Cole. Le nom du grand pianiste et crooner n’était invoqué ici qu’en référence à l’instrumentation du trio : chant/piano, guitare, contrebasse. Point, à la ligne.
Pas de chansons de Nat Cole au programme, donc, mais un répertoire des plus éclectiques. Outre quelques anciennes compositions originales, on y entendit du Thelonious Monk (Bemsha Swing et Rhythm-A-Ning revisités), un classique brésilien en portugais dans le texte, une ballade country (You Are My Sunshine, sublime en rappel), sans oublier – cocorico ! – deux chansons d’origine française : The Summer Knows de Michel Legrand, et surtout Un homme et une femme de Francis Lai et son sempiternel « Chabadabada, chabadabada… », interprété avec une rare finesse à la manière d’une bossa nonchalante et mélancolique, dans un français délicieusement approximatif. Une manière de caresser le public hexagonal dans le sens du poil ? Peut-être, mais qui serait assez fou pour se soustraire à de telles caresses ?
Difficile, en effet, d’échapper au charme envoûtant de la chanteuse de Chicago. Celle qui se définit elle-même comme une introvertie est pourtant une artiste de l’impudeur. Au piano, elle râle, grimace, gémit. Au chant, elle n’hésite pas à dévoiler ses pulsions, ses fêlures, ses failles. Sa voix à la fois grave et fragile, loin de toute envolée spectaculaire, est toute entière vouée au texte et à l’intensité dramatique. « My job is to break your heart », rappela-t-elle facétieusement au public varois.
À ses côtés, deux musiciens exemplaires d’attention et d’écoute. Guitariste juvénile au visage poupin, John Kregor se distingue par une attaque précise et un son limpide, doublé d’un phrasé qui trahit l’influence de John Scofield. Tout juste pourrait-on lui reprocher l’utilisation, sur une ballade, d’une pédale chorus d’un goût un peu douteux. Quant à Larry Kohut, c’est un excellent contrebassiste « à l’ancienne », aussi à l’aise dans l’accompagnement que dans les solos, et qui sait réagir au quart de tour aux moindres suggestions de son employeuse.
Comme Patricia le révéla au micro de TSF Jazz, ce trio constitue le noyau dur d’un nouveau quartet avec batterie, avec lequel elle a enregistré récemment son nouvel album « Smash », à paraître début 2013 chez Concord. Pour des raisons contractuelles, elle ne put nous livrer la primeur que d’une seule de ces nouvelles chansons, gardée pour la fin du concert. Le surprenant solo de guitare saturée à la Gary Moore qui la conclut semble suggérer une orientation beaucoup plus rock. « Il y aura des chansons très calme, d’autres très bruyantes, et tout ce qui peut exister entre ces deux extrêmes », nous avait-elle promis. Wait and see…
Pascal Rozat
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Jamais meilleure que dans les contextes les plus intimistes, Patricia Barber s’était entourée ces dernière années d’une rythmique souvent tapageuse, qui ne permettait guère de goûter la troublante sensualité de cette grande disciple de Shirley Horne. On était donc impatient de l’entendre au sein de ce nouveau trio sans batterie, dont on se promettait une musique à la fois plus retenue et plus intense. Au final, la chanteuse de Chicago aura su surprendre le public de Ramatuelle, dévoilant sa sensibilité à fleur de peau au fil d’un concert plein de surprises et de contrastes.
Patricia Barber’s « Nat King Cole » Trio
Lundi 20 août, théâtre de verdure, Ramatuelle (83)
Patricia Barber (p, voc, grognements, pieds nus, verre de cognac), John Kregor (guitares électrique et folk), Larry Kohut (b).
Contrairement à ce que le nom du groupe aurait pu suggérer, ce concert de clôture de Jazz à Ramatuelle 2012 ne se concevait nullement comme un hommage à Nat King Cole. Le nom du grand pianiste et crooner n’était invoqué ici qu’en référence à l’instrumentation du trio : chant/piano, guitare, contrebasse. Point, à la ligne.
Pas de chansons de Nat Cole au programme, donc, mais un répertoire des plus éclectiques. Outre quelques anciennes compositions originales, on y entendit du Thelonious Monk (Bemsha Swing et Rhythm-A-Ning revisités), un classique brésilien en portugais dans le texte, une ballade country (You Are My Sunshine, sublime en rappel), sans oublier – cocorico ! – deux chansons d’origine française : The Summer Knows de Michel Legrand, et surtout Un homme et une femme de Francis Lai et son sempiternel « Chabadabada, chabadabada… », interprété avec une rare finesse à la manière d’une bossa nonchalante et mélancolique, dans un français délicieusement approximatif. Une manière de caresser le public hexagonal dans le sens du poil ? Peut-être, mais qui serait assez fou pour se soustraire à de telles caresses ?
Difficile, en effet, d’échapper au charme envoûtant de la chanteuse de Chicago. Celle qui se définit elle-même comme une introvertie est pourtant une artiste de l’impudeur. Au piano, elle râle, grimace, gémit. Au chant, elle n’hésite pas à dévoiler ses pulsions, ses fêlures, ses failles. Sa voix à la fois grave et fragile, loin de toute envolée spectaculaire, est toute entière vouée au texte et à l’intensité dramatique. « My job is to break your heart », rappela-t-elle facétieusement au public varois.
À ses côtés, deux musiciens exemplaires d’attention et d’écoute. Guitariste juvénile au visage poupin, John Kregor se distingue par une attaque précise et un son limpide, doublé d’un phrasé qui trahit l’influence de John Scofield. Tout juste pourrait-on lui reprocher l’utilisation, sur une ballade, d’une pédale chorus d’un goût un peu douteux. Quant à Larry Kohut, c’est un excellent contrebassiste « à l’ancienne », aussi à l’aise dans l’accompagnement que dans les solos, et qui sait réagir au quart de tour aux moindres suggestions de son employeuse.
Comme Patricia le révéla au micro de TSF Jazz, ce trio constitue le noyau dur d’un nouveau quartet avec batterie, avec lequel elle a enregistré récemment son nouvel album « Smash », à paraître début 2013 chez Concord. Pour des raisons contractuelles, elle ne put nous livrer la primeur que d’une seule de ces nouvelles chansons, gardée pour la fin du concert. Le surprenant solo de guitare saturée à la Gary Moore qui la conclut semble suggérer une orientation beaucoup plus rock. « Il y aura des chansons très calme, d’autres très bruyantes, et tout ce qui peut exister entre ces deux extrêmes », nous avait-elle promis. Wait and see…
Pascal Rozat