Steve Swallow et son nouveau quintette au New Morning
Ecouter, encore et encore, Steve Swallow reste un grand bonheur. Au New Morning, alors qu’il plie (mais ne rompt pas) de plus en plus sous le poids de sa guitare électrique basse, à la caisse pleine et sans doute lourde, il a démontré une nouvelle fois qu’il est l’un des meilleurs gardiens du tempo qui soit. Et comme Jorge Rossi était dans une grande forme, se focaliser sur la rythmique, à la limite, suffisait à rendre heureux.
Steve Swallow Quintet
Jeudi 18 juillet 2013, Paris, New Morning, 21h00
Chris Cheek (ts), Steve Cardenas (g), Carla Bley (org), Steve Swallow (elb), Jorge Rossi (dm).
Après la sortie de son dernier album « Into the Woodwork », Steve Swallow et sa bande sont en tournée tout ce mois de juillet. La halte qu’ils faisaient hier au New Morning a confirmé la bonne impression produite par le disque. La musique, dont le répertoire se composait bien évidemment des pièces de « Into the Woodwork » mais aussi de compositions issues de « Real Book » (paru en 1994), a été allégrement emmenée.
Et pour donner le ton, c’est avec Bite Your Grandmother que la soirée s’ouvrit (un thème au contrepoint efficacement dissonant construit sur un anatole joué à pleine vitesse), suivi de trois pièces enchaînées telle une suite (répertoire du dernier disque), un cinq temps (Now & Again), un 6/8 bluesy, et de Let’s Eat (de « Real Book »).
Frondeuse, Carla Bley a pris le premier solo de la soirée. Elle semble bien en doigt avant de peu à peu perdre pied. Sur son deuxième solo du set, pour le cinq temps, elle s’est reprise en réalisant un solo de bon aloi. Mais c’est sur Ever After, une ballade jouée au cours du second set, qu’elle a donné le meilleur. Elle préfère les tempos lents, Carla, voilà tout ! Comme on le sait, la musicienne de jazz s’est longtemps uniquement concentrée sur la composition. Ce n’est que depuis la fin du XXe siècle qu’elle a décidé de se mettre réellement à l’improvisation. Avec son solo sur Now & Again, elle a démontré qu’elle continue de progresser !
Carla Bley le 18 juillet 2013 au New Morning – dessin d’Annie-Claire Alvoët.
Même s’il est un guitariste un peu trop caméléon à mon goût, Steve Cardenas se montra impeccable dans toutes ses propositions. Chris Cheek rappela à tous qu’il est l’inventeur d’un son de ténor qui lui est propre, très chaleureux, avec un rien de vibrato, l’ensemble doté d’une enveloppe à la fois large et soutenue autant que proche de la voix chantée. Mais que ce soit Cardenas ou Cheek, il est à noter que l’un et l’autre réalisèrent des solos sans paroxysmes. Sans doute faut-il y voir une certaine forme de mesure voulue par Steve Swallow. Car il y a chez le bassiste une certaine retenue dans ce relâché typique qu’il s’efforce peut-être de transmettre à ses cadets ? Du moins est-ce l’impression que cela donnait.
L’homme de la soirée fut toutefois Jorge Rossi. Parfaitement à l’aise dans toutes les situations, du bon vieux shuffle jusqu’aux mesures asymétriques (7/4 et 5/4), il fut le plus enclin à la fantaisie, qualité conduite par une fraîcheur qui décidément ne le quitte pas. Dans Unnatural Causes par exemple, il réalisa un solo sur une tournerie effectuée par Carla Bley, Steve Cardenas et Steve Swallow. Alors qu’il se restreignait aux nuances douces, il explosa littéralement sa caisse claire, au point de faire sursauter de surprise Carla Bley, qui mit une minute à s’en remettre. Il faut dire que, dans la présentation précédent la pièce, Steve Swallow avait expliqué qu’il aimait les polars, et qu’il ne pouvait poursuivre la lecture d’un livre si celui-ci ne contenait pas un meurtre au premier chapitre. Jorge Rossi semble s’en être souvenu !
Un bon concert d’été au final, à la fois simple et consistant.
A venir au New Morning :
– vendredi 19 juillet : Ron Carter Striker Trio
– lundi 22 juillet : Hermeto Pascoal
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Ecouter, encore et encore, Steve Swallow reste un grand bonheur. Au New Morning, alors qu’il plie (mais ne rompt pas) de plus en plus sous le poids de sa guitare électrique basse, à la caisse pleine et sans doute lourde, il a démontré une nouvelle fois qu’il est l’un des meilleurs gardiens du tempo qui soit. Et comme Jorge Rossi était dans une grande forme, se focaliser sur la rythmique, à la limite, suffisait à rendre heureux.
Steve Swallow Quintet
Jeudi 18 juillet 2013, Paris, New Morning, 21h00
Chris Cheek (ts), Steve Cardenas (g), Carla Bley (org), Steve Swallow (elb), Jorge Rossi (dm).
Après la sortie de son dernier album « Into the Woodwork », Steve Swallow et sa bande sont en tournée tout ce mois de juillet. La halte qu’ils faisaient hier au New Morning a confirmé la bonne impression produite par le disque. La musique, dont le répertoire se composait bien évidemment des pièces de « Into the Woodwork » mais aussi de compositions issues de « Real Book » (paru en 1994), a été allégrement emmenée.
Et pour donner le ton, c’est avec Bite Your Grandmother que la soirée s’ouvrit (un thème au contrepoint efficacement dissonant construit sur un anatole joué à pleine vitesse), suivi de trois pièces enchaînées telle une suite (répertoire du dernier disque), un cinq temps (Now & Again), un 6/8 bluesy, et de Let’s Eat (de « Real Book »).
Frondeuse, Carla Bley a pris le premier solo de la soirée. Elle semble bien en doigt avant de peu à peu perdre pied. Sur son deuxième solo du set, pour le cinq temps, elle s’est reprise en réalisant un solo de bon aloi. Mais c’est sur Ever After, une ballade jouée au cours du second set, qu’elle a donné le meilleur. Elle préfère les tempos lents, Carla, voilà tout ! Comme on le sait, la musicienne de jazz s’est longtemps uniquement concentrée sur la composition. Ce n’est que depuis la fin du XXe siècle qu’elle a décidé de se mettre réellement à l’improvisation. Avec son solo sur Now & Again, elle a démontré qu’elle continue de progresser !
Carla Bley le 18 juillet 2013 au New Morning – dessin d’Annie-Claire Alvoët.
Même s’il est un guitariste un peu trop caméléon à mon goût, Steve Cardenas se montra impeccable dans toutes ses propositions. Chris Cheek rappela à tous qu’il est l’inventeur d’un son de ténor qui lui est propre, très chaleureux, avec un rien de vibrato, l’ensemble doté d’une enveloppe à la fois large et soutenue autant que proche de la voix chantée. Mais que ce soit Cardenas ou Cheek, il est à noter que l’un et l’autre réalisèrent des solos sans paroxysmes. Sans doute faut-il y voir une certaine forme de mesure voulue par Steve Swallow. Car il y a chez le bassiste une certaine retenue dans ce relâché typique qu’il s’efforce peut-être de transmettre à ses cadets ? Du moins est-ce l’impression que cela donnait.
L’homme de la soirée fut toutefois Jorge Rossi. Parfaitement à l’aise dans toutes les situations, du bon vieux shuffle jusqu’aux mesures asymétriques (7/4 et 5/4), il fut le plus enclin à la fantaisie, qualité conduite par une fraîcheur qui décidément ne le quitte pas. Dans Unnatural Causes par exemple, il réalisa un solo sur une tournerie effectuée par Carla Bley, Steve Cardenas et Steve Swallow. Alors qu’il se restreignait aux nuances douces, il explosa littéralement sa caisse claire, au point de faire sursauter de surprise Carla Bley, qui mit une minute à s’en remettre. Il faut dire que, dans la présentation précédent la pièce, Steve Swallow avait expliqué qu’il aimait les polars, et qu’il ne pouvait poursuivre la lecture d’un livre si celui-ci ne contenait pas un meurtre au premier chapitre. Jorge Rossi semble s’en être souvenu !
Un bon concert d’été au final, à la fois simple et consistant.
A venir au New Morning :
– vendredi 19 juillet : Ron Carter Striker Trio
– lundi 22 juillet : Hermeto Pascoal
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Ecouter, encore et encore, Steve Swallow reste un grand bonheur. Au New Morning, alors qu’il plie (mais ne rompt pas) de plus en plus sous le poids de sa guitare électrique basse, à la caisse pleine et sans doute lourde, il a démontré une nouvelle fois qu’il est l’un des meilleurs gardiens du tempo qui soit. Et comme Jorge Rossi était dans une grande forme, se focaliser sur la rythmique, à la limite, suffisait à rendre heureux.
Steve Swallow Quintet
Jeudi 18 juillet 2013, Paris, New Morning, 21h00
Chris Cheek (ts), Steve Cardenas (g), Carla Bley (org), Steve Swallow (elb), Jorge Rossi (dm).
Après la sortie de son dernier album « Into the Woodwork », Steve Swallow et sa bande sont en tournée tout ce mois de juillet. La halte qu’ils faisaient hier au New Morning a confirmé la bonne impression produite par le disque. La musique, dont le répertoire se composait bien évidemment des pièces de « Into the Woodwork » mais aussi de compositions issues de « Real Book » (paru en 1994), a été allégrement emmenée.
Et pour donner le ton, c’est avec Bite Your Grandmother que la soirée s’ouvrit (un thème au contrepoint efficacement dissonant construit sur un anatole joué à pleine vitesse), suivi de trois pièces enchaînées telle une suite (répertoire du dernier disque), un cinq temps (Now & Again), un 6/8 bluesy, et de Let’s Eat (de « Real Book »).
Frondeuse, Carla Bley a pris le premier solo de la soirée. Elle semble bien en doigt avant de peu à peu perdre pied. Sur son deuxième solo du set, pour le cinq temps, elle s’est reprise en réalisant un solo de bon aloi. Mais c’est sur Ever After, une ballade jouée au cours du second set, qu’elle a donné le meilleur. Elle préfère les tempos lents, Carla, voilà tout ! Comme on le sait, la musicienne de jazz s’est longtemps uniquement concentrée sur la composition. Ce n’est que depuis la fin du XXe siècle qu’elle a décidé de se mettre réellement à l’improvisation. Avec son solo sur Now & Again, elle a démontré qu’elle continue de progresser !
Carla Bley le 18 juillet 2013 au New Morning – dessin d’Annie-Claire Alvoët.
Même s’il est un guitariste un peu trop caméléon à mon goût, Steve Cardenas se montra impeccable dans toutes ses propositions. Chris Cheek rappela à tous qu’il est l’inventeur d’un son de ténor qui lui est propre, très chaleureux, avec un rien de vibrato, l’ensemble doté d’une enveloppe à la fois large et soutenue autant que proche de la voix chantée. Mais que ce soit Cardenas ou Cheek, il est à noter que l’un et l’autre réalisèrent des solos sans paroxysmes. Sans doute faut-il y voir une certaine forme de mesure voulue par Steve Swallow. Car il y a chez le bassiste une certaine retenue dans ce relâché typique qu’il s’efforce peut-être de transmettre à ses cadets ? Du moins est-ce l’impression que cela donnait.
L’homme de la soirée fut toutefois Jorge Rossi. Parfaitement à l’aise dans toutes les situations, du bon vieux shuffle jusqu’aux mesures asymétriques (7/4 et 5/4), il fut le plus enclin à la fantaisie, qualité conduite par une fraîcheur qui décidément ne le quitte pas. Dans Unnatural Causes par exemple, il réalisa un solo sur une tournerie effectuée par Carla Bley, Steve Cardenas et Steve Swallow. Alors qu’il se restreignait aux nuances douces, il explosa littéralement sa caisse claire, au point de faire sursauter de surprise Carla Bley, qui mit une minute à s’en remettre. Il faut dire que, dans la présentation précédent la pièce, Steve Swallow avait expliqué qu’il aimait les polars, et qu’il ne pouvait poursuivre la lecture d’un livre si celui-ci ne contenait pas un meurtre au premier chapitre. Jorge Rossi semble s’en être souvenu !
Un bon concert d’été au final, à la fois simple et consistant.
A venir au New Morning :
– vendredi 19 juillet : Ron Carter Striker Trio
– lundi 22 juillet : Hermeto Pascoal
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Ecouter, encore et encore, Steve Swallow reste un grand bonheur. Au New Morning, alors qu’il plie (mais ne rompt pas) de plus en plus sous le poids de sa guitare électrique basse, à la caisse pleine et sans doute lourde, il a démontré une nouvelle fois qu’il est l’un des meilleurs gardiens du tempo qui soit. Et comme Jorge Rossi était dans une grande forme, se focaliser sur la rythmique, à la limite, suffisait à rendre heureux.
Steve Swallow Quintet
Jeudi 18 juillet 2013, Paris, New Morning, 21h00
Chris Cheek (ts), Steve Cardenas (g), Carla Bley (org), Steve Swallow (elb), Jorge Rossi (dm).
Après la sortie de son dernier album « Into the Woodwork », Steve Swallow et sa bande sont en tournée tout ce mois de juillet. La halte qu’ils faisaient hier au New Morning a confirmé la bonne impression produite par le disque. La musique, dont le répertoire se composait bien évidemment des pièces de « Into the Woodwork » mais aussi de compositions issues de « Real Book » (paru en 1994), a été allégrement emmenée.
Et pour donner le ton, c’est avec Bite Your Grandmother que la soirée s’ouvrit (un thème au contrepoint efficacement dissonant construit sur un anatole joué à pleine vitesse), suivi de trois pièces enchaînées telle une suite (répertoire du dernier disque), un cinq temps (Now & Again), un 6/8 bluesy, et de Let’s Eat (de « Real Book »).
Frondeuse, Carla Bley a pris le premier solo de la soirée. Elle semble bien en doigt avant de peu à peu perdre pied. Sur son deuxième solo du set, pour le cinq temps, elle s’est reprise en réalisant un solo de bon aloi. Mais c’est sur Ever After, une ballade jouée au cours du second set, qu’elle a donné le meilleur. Elle préfère les tempos lents, Carla, voilà tout ! Comme on le sait, la musicienne de jazz s’est longtemps uniquement concentrée sur la composition. Ce n’est que depuis la fin du XXe siècle qu’elle a décidé de se mettre réellement à l’improvisation. Avec son solo sur Now & Again, elle a démontré qu’elle continue de progresser !
Carla Bley le 18 juillet 2013 au New Morning – dessin d’Annie-Claire Alvoët.
Même s’il est un guitariste un peu trop caméléon à mon goût, Steve Cardenas se montra impeccable dans toutes ses propositions. Chris Cheek rappela à tous qu’il est l’inventeur d’un son de ténor qui lui est propre, très chaleureux, avec un rien de vibrato, l’ensemble doté d’une enveloppe à la fois large et soutenue autant que proche de la voix chantée. Mais que ce soit Cardenas ou Cheek, il est à noter que l’un et l’autre réalisèrent des solos sans paroxysmes. Sans doute faut-il y voir une certaine forme de mesure voulue par Steve Swallow. Car il y a chez le bassiste une certaine retenue dans ce relâché typique qu’il s’efforce peut-être de transmettre à ses cadets ? Du moins est-ce l’impression que cela donnait.
L’homme de la soirée fut toutefois Jorge Rossi. Parfaitement à l’aise dans toutes les situations, du bon vieux shuffle jusqu’aux mesures asymétriques (7/4 et 5/4), il fut le plus enclin à la fantaisie, qualité conduite par une fraîcheur qui décidément ne le quitte pas. Dans Unnatural Causes par exemple, il réalisa un solo sur une tournerie effectuée par Carla Bley, Steve Cardenas et Steve Swallow. Alors qu’il se restreignait aux nuances douces, il explosa littéralement sa caisse claire, au point de faire sursauter de surprise Carla Bley, qui mit une minute à s’en remettre. Il faut dire que, dans la présentation précédent la pièce, Steve Swallow avait expliqué qu’il aimait les polars, et qu’il ne pouvait poursuivre la lecture d’un livre si celui-ci ne contenait pas un meurtre au premier chapitre. Jorge Rossi semble s’en être souvenu !
Un bon concert d’été au final, à la fois simple et consistant.
A venir au New Morning :
– vendredi 19 juillet : Ron Carter Striker Trio
– lundi 22 juillet : Hermeto Pascoal