Lou Donaldson au Duc des Lombards
Un gaillard de quatre-vingt sept ans s’est produit l’autre soir au Duc des Lombards. Oh, il n’a plus tout à fait l’énergie qu’il avait en 1954, lorsqu’il était dans les Jazz Messengers d’Art Blakey, à côté de Clifford Brown… Mais il a encore des doigts et une faconde bien suffisante pour conférer à la soirée un charme certain.
Lou Donaldson Quartet
Paris, Duc des Lombards, 19 juillet 2013, 20h00, 1er set.
Lou Donaldson (as), Randy Johnston (g), Akiko Tsuruga (org), Fukushi Tainaka (dm).
C’est un groupe constitué de longue date qui s’est produit au club parisien. Le guitariste originaire de Détroit, Randolph Johnston, accompagne le saxophoniste depuis quinze ans. Il possède un métier impeccable, propose quelques licks bien amenés, ne forçant manifestement pas son talent pour être au niveau, son leader lui octroyant de ce fait un morceau en trio à chaque set (pour celui auquel j’ai assisté, un thème reprenant la grille d’Autumn Leaves, intitulé Downtown). Fukushi Tainaka joue avec Donaldson depuis les années 1980. Est-ce alors par lassitude qu’il a donné l’impression d’un batteur assurant le « boulot » mais assez peu imaginatif ? En revanche, sa compatriote japonaise à l’orgue, Akiko Tsuruga (qui vie à New York depuis 2001) n’appartient au groupe que depuis peu. Un vrai savoir-faire dans la grande tradition (main gauche pour le walkin’, montées en crescendo avec accumulations des registrations, grands glissandos qui aboutissent à des riffs rythmiques bien connus, etc.), une joie encore palpable de jouer. Elle a donné quelques solos d’un intérêt relatif, certes, mais rondement menés.
Enfin, il y a Lou Donaldson. Il convient de l’aborder sous deux angles : le musicien et l’animateur du concert. Son son de saxophone tremblote un petit peu ; l’intonation a une tendance à la baisse ; il cède volontiers sa place à ses sidemen ; mais il continue « d’envoyer » les phrases bop qui vont bien, reprenant le grand jeu des citations (Charlie Parker, par exemple, et une partie de son célèbre solo sur Billie’s Bounce). Il a surtout refermé le set par une reprise de Cherokee, réalisant en solo absolu sa troisième grille de chorus. Les fans – et il y en avait –, apprécièrent d’entendre en live deux de ses succès : Blues Walk (par quoi le groupe débuta la soirée) et Alligator Boogaloo (sur lequel il ne prit pas de solo).
Et puis, il y a le Lou Donaldson showman. Il ne bouge pas beaucoup, ne fait pas de grands gestes, mais en revanche, il parle. Et il balance. Extraits :
« Tonight, we’ll play only jazz. No confusion. No Snoop Doggy Dogg »
« Maintenant, nous allons donner un morceau que Miles Davis jouait du temps où il faisait encore du jazz » (ce fut Bye Bye Blackbird).
Il donna aussi un hilarant blues lent, Whiskey Drinkin’ Woman, dont il agrémenta la version d’origine (sur « Forgotten Man » de 1981) de savoureux couplets complémentaires.
Cela sentait le très rodé (le récité ?) y compris jusque dans les effets de « surprise » et les blagues, mais pour qui n’avait jamais entendu Lou Donaldson en concert – ce qui était le cas de votre rapporteur –, ce fut un agréable moment à passer, un verre à portée de main.
A venir au Duc des Lombards :
Samedi 20 juillet : Lou Donaldson Quartet
Dimanche 21 juillet : Chris « Daddy » Dave
Lundi 22 et mardi 23 : Cyrus Chestnut
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Un gaillard de quatre-vingt sept ans s’est produit l’autre soir au Duc des Lombards. Oh, il n’a plus tout à fait l’énergie qu’il avait en 1954, lorsqu’il était dans les Jazz Messengers d’Art Blakey, à côté de Clifford Brown… Mais il a encore des doigts et une faconde bien suffisante pour conférer à la soirée un charme certain.
Lou Donaldson Quartet
Paris, Duc des Lombards, 19 juillet 2013, 20h00, 1er set.
Lou Donaldson (as), Randy Johnston (g), Akiko Tsuruga (org), Fukushi Tainaka (dm).
C’est un groupe constitué de longue date qui s’est produit au club parisien. Le guitariste originaire de Détroit, Randolph Johnston, accompagne le saxophoniste depuis quinze ans. Il possède un métier impeccable, propose quelques licks bien amenés, ne forçant manifestement pas son talent pour être au niveau, son leader lui octroyant de ce fait un morceau en trio à chaque set (pour celui auquel j’ai assisté, un thème reprenant la grille d’Autumn Leaves, intitulé Downtown). Fukushi Tainaka joue avec Donaldson depuis les années 1980. Est-ce alors par lassitude qu’il a donné l’impression d’un batteur assurant le « boulot » mais assez peu imaginatif ? En revanche, sa compatriote japonaise à l’orgue, Akiko Tsuruga (qui vie à New York depuis 2001) n’appartient au groupe que depuis peu. Un vrai savoir-faire dans la grande tradition (main gauche pour le walkin’, montées en crescendo avec accumulations des registrations, grands glissandos qui aboutissent à des riffs rythmiques bien connus, etc.), une joie encore palpable de jouer. Elle a donné quelques solos d’un intérêt relatif, certes, mais rondement menés.
Enfin, il y a Lou Donaldson. Il convient de l’aborder sous deux angles : le musicien et l’animateur du concert. Son son de saxophone tremblote un petit peu ; l’intonation a une tendance à la baisse ; il cède volontiers sa place à ses sidemen ; mais il continue « d’envoyer » les phrases bop qui vont bien, reprenant le grand jeu des citations (Charlie Parker, par exemple, et une partie de son célèbre solo sur Billie’s Bounce). Il a surtout refermé le set par une reprise de Cherokee, réalisant en solo absolu sa troisième grille de chorus. Les fans – et il y en avait –, apprécièrent d’entendre en live deux de ses succès : Blues Walk (par quoi le groupe débuta la soirée) et Alligator Boogaloo (sur lequel il ne prit pas de solo).
Et puis, il y a le Lou Donaldson showman. Il ne bouge pas beaucoup, ne fait pas de grands gestes, mais en revanche, il parle. Et il balance. Extraits :
« Tonight, we’ll play only jazz. No confusion. No Snoop Doggy Dogg »
« Maintenant, nous allons donner un morceau que Miles Davis jouait du temps où il faisait encore du jazz » (ce fut Bye Bye Blackbird).
Il donna aussi un hilarant blues lent, Whiskey Drinkin’ Woman, dont il agrémenta la version d’origine (sur « Forgotten Man » de 1981) de savoureux couplets complémentaires.
Cela sentait le très rodé (le récité ?) y compris jusque dans les effets de « surprise » et les blagues, mais pour qui n’avait jamais entendu Lou Donaldson en concert – ce qui était le cas de votre rapporteur –, ce fut un agréable moment à passer, un verre à portée de main.
A venir au Duc des Lombards :
Samedi 20 juillet : Lou Donaldson Quartet
Dimanche 21 juillet : Chris « Daddy » Dave
Lundi 22 et mardi 23 : Cyrus Chestnut
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Un gaillard de quatre-vingt sept ans s’est produit l’autre soir au Duc des Lombards. Oh, il n’a plus tout à fait l’énergie qu’il avait en 1954, lorsqu’il était dans les Jazz Messengers d’Art Blakey, à côté de Clifford Brown… Mais il a encore des doigts et une faconde bien suffisante pour conférer à la soirée un charme certain.
Lou Donaldson Quartet
Paris, Duc des Lombards, 19 juillet 2013, 20h00, 1er set.
Lou Donaldson (as), Randy Johnston (g), Akiko Tsuruga (org), Fukushi Tainaka (dm).
C’est un groupe constitué de longue date qui s’est produit au club parisien. Le guitariste originaire de Détroit, Randolph Johnston, accompagne le saxophoniste depuis quinze ans. Il possède un métier impeccable, propose quelques licks bien amenés, ne forçant manifestement pas son talent pour être au niveau, son leader lui octroyant de ce fait un morceau en trio à chaque set (pour celui auquel j’ai assisté, un thème reprenant la grille d’Autumn Leaves, intitulé Downtown). Fukushi Tainaka joue avec Donaldson depuis les années 1980. Est-ce alors par lassitude qu’il a donné l’impression d’un batteur assurant le « boulot » mais assez peu imaginatif ? En revanche, sa compatriote japonaise à l’orgue, Akiko Tsuruga (qui vie à New York depuis 2001) n’appartient au groupe que depuis peu. Un vrai savoir-faire dans la grande tradition (main gauche pour le walkin’, montées en crescendo avec accumulations des registrations, grands glissandos qui aboutissent à des riffs rythmiques bien connus, etc.), une joie encore palpable de jouer. Elle a donné quelques solos d’un intérêt relatif, certes, mais rondement menés.
Enfin, il y a Lou Donaldson. Il convient de l’aborder sous deux angles : le musicien et l’animateur du concert. Son son de saxophone tremblote un petit peu ; l’intonation a une tendance à la baisse ; il cède volontiers sa place à ses sidemen ; mais il continue « d’envoyer » les phrases bop qui vont bien, reprenant le grand jeu des citations (Charlie Parker, par exemple, et une partie de son célèbre solo sur Billie’s Bounce). Il a surtout refermé le set par une reprise de Cherokee, réalisant en solo absolu sa troisième grille de chorus. Les fans – et il y en avait –, apprécièrent d’entendre en live deux de ses succès : Blues Walk (par quoi le groupe débuta la soirée) et Alligator Boogaloo (sur lequel il ne prit pas de solo).
Et puis, il y a le Lou Donaldson showman. Il ne bouge pas beaucoup, ne fait pas de grands gestes, mais en revanche, il parle. Et il balance. Extraits :
« Tonight, we’ll play only jazz. No confusion. No Snoop Doggy Dogg »
« Maintenant, nous allons donner un morceau que Miles Davis jouait du temps où il faisait encore du jazz » (ce fut Bye Bye Blackbird).
Il donna aussi un hilarant blues lent, Whiskey Drinkin’ Woman, dont il agrémenta la version d’origine (sur « Forgotten Man » de 1981) de savoureux couplets complémentaires.
Cela sentait le très rodé (le récité ?) y compris jusque dans les effets de « surprise » et les blagues, mais pour qui n’avait jamais entendu Lou Donaldson en concert – ce qui était le cas de votre rapporteur –, ce fut un agréable moment à passer, un verre à portée de main.
A venir au Duc des Lombards :
Samedi 20 juillet : Lou Donaldson Quartet
Dimanche 21 juillet : Chris « Daddy » Dave
Lundi 22 et mardi 23 : Cyrus Chestnut
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Un gaillard de quatre-vingt sept ans s’est produit l’autre soir au Duc des Lombards. Oh, il n’a plus tout à fait l’énergie qu’il avait en 1954, lorsqu’il était dans les Jazz Messengers d’Art Blakey, à côté de Clifford Brown… Mais il a encore des doigts et une faconde bien suffisante pour conférer à la soirée un charme certain.
Lou Donaldson Quartet
Paris, Duc des Lombards, 19 juillet 2013, 20h00, 1er set.
Lou Donaldson (as), Randy Johnston (g), Akiko Tsuruga (org), Fukushi Tainaka (dm).
C’est un groupe constitué de longue date qui s’est produit au club parisien. Le guitariste originaire de Détroit, Randolph Johnston, accompagne le saxophoniste depuis quinze ans. Il possède un métier impeccable, propose quelques licks bien amenés, ne forçant manifestement pas son talent pour être au niveau, son leader lui octroyant de ce fait un morceau en trio à chaque set (pour celui auquel j’ai assisté, un thème reprenant la grille d’Autumn Leaves, intitulé Downtown). Fukushi Tainaka joue avec Donaldson depuis les années 1980. Est-ce alors par lassitude qu’il a donné l’impression d’un batteur assurant le « boulot » mais assez peu imaginatif ? En revanche, sa compatriote japonaise à l’orgue, Akiko Tsuruga (qui vie à New York depuis 2001) n’appartient au groupe que depuis peu. Un vrai savoir-faire dans la grande tradition (main gauche pour le walkin’, montées en crescendo avec accumulations des registrations, grands glissandos qui aboutissent à des riffs rythmiques bien connus, etc.), une joie encore palpable de jouer. Elle a donné quelques solos d’un intérêt relatif, certes, mais rondement menés.
Enfin, il y a Lou Donaldson. Il convient de l’aborder sous deux angles : le musicien et l’animateur du concert. Son son de saxophone tremblote un petit peu ; l’intonation a une tendance à la baisse ; il cède volontiers sa place à ses sidemen ; mais il continue « d’envoyer » les phrases bop qui vont bien, reprenant le grand jeu des citations (Charlie Parker, par exemple, et une partie de son célèbre solo sur Billie’s Bounce). Il a surtout refermé le set par une reprise de Cherokee, réalisant en solo absolu sa troisième grille de chorus. Les fans – et il y en avait –, apprécièrent d’entendre en live deux de ses succès : Blues Walk (par quoi le groupe débuta la soirée) et Alligator Boogaloo (sur lequel il ne prit pas de solo).
Et puis, il y a le Lou Donaldson showman. Il ne bouge pas beaucoup, ne fait pas de grands gestes, mais en revanche, il parle. Et il balance. Extraits :
« Tonight, we’ll play only jazz. No confusion. No Snoop Doggy Dogg »
« Maintenant, nous allons donner un morceau que Miles Davis jouait du temps où il faisait encore du jazz » (ce fut Bye Bye Blackbird).
Il donna aussi un hilarant blues lent, Whiskey Drinkin’ Woman, dont il agrémenta la version d’origine (sur « Forgotten Man » de 1981) de savoureux couplets complémentaires.
Cela sentait le très rodé (le récité ?) y compris jusque dans les effets de « surprise » et les blagues, mais pour qui n’avait jamais entendu Lou Donaldson en concert – ce qui était le cas de votre rapporteur –, ce fut un agréable moment à passer, un verre à portée de main.
A venir au Duc des Lombards :
Samedi 20 juillet : Lou Donaldson Quartet
Dimanche 21 juillet : Chris « Daddy » Dave
Lundi 22 et mardi 23 : Cyrus Chestnut