Vague de Jazz I : Vincent, Émile, Élise et les hôtes
Arrivé à Longeville-Sur-Mer lundi 29 en fin de matinée… Stop… Un accordéon, un saxophone soprano, une contrebasse, des voix et des mots… Stop… En duo ou en solo, Vincent Peirani, Émile Parisien et Élise Dabrowski narguent la pluie le premier soir, puis font battre le chœur d’une chapelle le lendemain… Encore !
Lundi 29, Maison du Marais, Marais Poitevin. Avec Toons, Élise Dabrowski, Josselin Disdier, Vincent Peirani et Émile Parisien.
Ce dernier lundi de juillet faisait grise mine en Pays Vendéen, et les hôtes du Marais Poitevin ont dû passer entre les gouttes pour faire jaillir la lumière. Sous le petit chapiteau blanc à rayures vertes bien campé dans l’herbe, les frères Ceccaldi – Théo au violon et Valentin au violoncelle –, secondés par leurs frères de son du soir (dont Guillaume Aknine à la guitare), offrent un concert impromptu. Nom de code : les Toons. Au programme : une suite serpentine et mouvante d’une quarantaine de minutes, Blanche Neige et les Sept Nains (Walt D. n’y aurait sans doute pas retrouvé ses petits, quoique). En rappel, première apparition de l’invitée d’honneur du festival, Élise Dabrowski, sans sa contrebasse mais, aimerait-on croire, munie d’un archet invisible qu’elle fait glisser sur ses cordes vocales. Résultat : des sons et des harmoniques venus d’ailleurs, des mots qui tombent dans une drôle d’escarcelle, chantés-parlés dans une langue imaginaire. Restez branchés : on n’a pas fini de vous faire part des émotions nées de ces mots-sons.
Mince alors, le duo Vincent Peirani / Émile Parisien, prévu sur barque, ou plus précisément sur “plate”, est annulé : ces satanés nuages noirs ne sont décidément pas étanches. Ah !, qu’on aimerait que John Coltrane viennent jouer After The Rain… Élise D. brave malgré tout le vent et l’eau en compagnie du fildefériste Josselin Disdier. Impros sur le fil du rasoir pour l’une, danse acrobatique au fil de l’eau pour l’autre : joli duo au carrefour des arts, mais la pluie insiste, qui passe au rouge. On s’en retourne donc vers le petit chapiteau blanc à rayures vertes.
(Vin blanc, vin rouge, l’ingé son qui s’affaire – Boris Darley, l’homme qui murmure aux oreilles des micros pour le bonheur des tympans des petist et des grands–, sandwiches, tiens-les-élus-sont-là-ça-fait-plaisir, poignées de main, sourires, enfants qui courent et, enfin, la pluie qui ne fait plus des claquettes…)
À l’abris des intempestives intempéries, Vincent Peirani (accordéon) et Émile Parisien (saxophone soprano), forts de leur entente quasi télépathique, tissent sans stress des tresses improvisatoires. Elles forment un réseau sonore sophistiqué et chantant dont les formes labyrinthiques ont quelque chose de magnétique. Laisse aller, c’est une valse, Valse Pour Michel P. (non, pas Michel Polnareff, ni Petrucciani ni Polac ni Platini, mais bien Michel Portal). Et nos deux amis de mêler en une farandole inouïe tradition et modernité. Vas-y donc, c’est du Monk, I Mean You, resongé avec tout ce qu’il faut : de causticité et de tendresse. Dernière escalade en rappel : claque des doigts, c’est du Duke, Dancers In Love, pour l’amour du jazz. Superbe. Il fait nuit. Il est temps de rentrer. À demain.
Mardi 30, Chapelle du Sacré-Cœur, Les Sables-d’Olonnes, avec Vincent Peirani et Élise Dabrowski.
20h27. Courir au resto reprendre son chapeau après avoir vanté les mérites de Vague de Jazz sur une grande radio périphérique. (Une fois n’est pas coutume.) 20h45. Entrer dans la Chapelle du Sacré-Cœur, Place Jules Ferry, pour assister au concert du soir. 21h15. Chuuuut…
Premier solo : Vincent Peirani. Une heure et cinq minutes de magie pure, inaugurée par Choral solennel et aérien, conclu par une Chanson d’Hélène (celles des Choses de la Vie) frissonnée avec maestria. Entre temps, Lilac Wine, I Mean You (encore), Frevo (d’Egberto Gismonti) et, parfois, Youn Sun Nah (sa patronne), comme en filigrane à travers les notes – celles du toujours bouleversant Empty Dream, cocomposé avec la géniale Coréenne pour son dernier disque. Oui, en tous sens, Vincent Peirani est grand. Triomphe sous la Chapelle. On ne compte plus les rappels.
Second solo : Élise Dabrowski. Solo ?! Pas si sûr… Tandis que Vincent P. et sa boîte à frissons ne font qu’un, Élise D. et sa contrebasse à free sons font la paire. Élise Dabrowski duettise avec son gros violon ; elle lui murmure des mots sans frontières, nous chante des mondes parallèles. Elle le caresse, le gratte même, comme un gros chat (un brin d’humour ne fait jamais de mal à personne). Et quand elle fait glisser son archet sur ses quatre cordes, je pense au titre de cette chanson de William Sheller, Un archet sur mes veines. Ce qu’on avait entr’ouï le veille nous saute aux oreilles : musique libre et lyrique improvisée à cœur et à cri, avec une technique qu’on devine impressionnante mais qui n’est la face cachée d’un iceberg dont la face visible ne laissera de marbre que les tympans gelés.
Rendez-vous vendredi, après les passages d’Edward Perraud (et son “Synaesthetic Tri
p”) et de deux autres duos qui promettent démons et merveilles : Élise Dabrowski / Alexandra Grimal et Élise Caron / Joëlle Léandre. Et n’oubliez pas : www.vaguedejazz.com.
Frédéric Goaty
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Arrivé à Longeville-Sur-Mer lundi 29 en fin de matinée… Stop… Un accordéon, un saxophone soprano, une contrebasse, des voix et des mots… Stop… En duo ou en solo, Vincent Peirani, Émile Parisien et Élise Dabrowski narguent la pluie le premier soir, puis font battre le chœur d’une chapelle le lendemain… Encore !
Lundi 29, Maison du Marais, Marais Poitevin. Avec Toons, Élise Dabrowski, Josselin Disdier, Vincent Peirani et Émile Parisien.
Ce dernier lundi de juillet faisait grise mine en Pays Vendéen, et les hôtes du Marais Poitevin ont dû passer entre les gouttes pour faire jaillir la lumière. Sous le petit chapiteau blanc à rayures vertes bien campé dans l’herbe, les frères Ceccaldi – Théo au violon et Valentin au violoncelle –, secondés par leurs frères de son du soir (dont Guillaume Aknine à la guitare), offrent un concert impromptu. Nom de code : les Toons. Au programme : une suite serpentine et mouvante d’une quarantaine de minutes, Blanche Neige et les Sept Nains (Walt D. n’y aurait sans doute pas retrouvé ses petits, quoique). En rappel, première apparition de l’invitée d’honneur du festival, Élise Dabrowski, sans sa contrebasse mais, aimerait-on croire, munie d’un archet invisible qu’elle fait glisser sur ses cordes vocales. Résultat : des sons et des harmoniques venus d’ailleurs, des mots qui tombent dans une drôle d’escarcelle, chantés-parlés dans une langue imaginaire. Restez branchés : on n’a pas fini de vous faire part des émotions nées de ces mots-sons.
Mince alors, le duo Vincent Peirani / Émile Parisien, prévu sur barque, ou plus précisément sur “plate”, est annulé : ces satanés nuages noirs ne sont décidément pas étanches. Ah !, qu’on aimerait que John Coltrane viennent jouer After The Rain… Élise D. brave malgré tout le vent et l’eau en compagnie du fildefériste Josselin Disdier. Impros sur le fil du rasoir pour l’une, danse acrobatique au fil de l’eau pour l’autre : joli duo au carrefour des arts, mais la pluie insiste, qui passe au rouge. On s’en retourne donc vers le petit chapiteau blanc à rayures vertes.
(Vin blanc, vin rouge, l’ingé son qui s’affaire – Boris Darley, l’homme qui murmure aux oreilles des micros pour le bonheur des tympans des petist et des grands–, sandwiches, tiens-les-élus-sont-là-ça-fait-plaisir, poignées de main, sourires, enfants qui courent et, enfin, la pluie qui ne fait plus des claquettes…)
À l’abris des intempestives intempéries, Vincent Peirani (accordéon) et Émile Parisien (saxophone soprano), forts de leur entente quasi télépathique, tissent sans stress des tresses improvisatoires. Elles forment un réseau sonore sophistiqué et chantant dont les formes labyrinthiques ont quelque chose de magnétique. Laisse aller, c’est une valse, Valse Pour Michel P. (non, pas Michel Polnareff, ni Petrucciani ni Polac ni Platini, mais bien Michel Portal). Et nos deux amis de mêler en une farandole inouïe tradition et modernité. Vas-y donc, c’est du Monk, I Mean You, resongé avec tout ce qu’il faut : de causticité et de tendresse. Dernière escalade en rappel : claque des doigts, c’est du Duke, Dancers In Love, pour l’amour du jazz. Superbe. Il fait nuit. Il est temps de rentrer. À demain.
Mardi 30, Chapelle du Sacré-Cœur, Les Sables-d’Olonnes, avec Vincent Peirani et Élise Dabrowski.
20h27. Courir au resto reprendre son chapeau après avoir vanté les mérites de Vague de Jazz sur une grande radio périphérique. (Une fois n’est pas coutume.) 20h45. Entrer dans la Chapelle du Sacré-Cœur, Place Jules Ferry, pour assister au concert du soir. 21h15. Chuuuut…
Premier solo : Vincent Peirani. Une heure et cinq minutes de magie pure, inaugurée par Choral solennel et aérien, conclu par une Chanson d’Hélène (celles des Choses de la Vie) frissonnée avec maestria. Entre temps, Lilac Wine, I Mean You (encore), Frevo (d’Egberto Gismonti) et, parfois, Youn Sun Nah (sa patronne), comme en filigrane à travers les notes – celles du toujours bouleversant Empty Dream, cocomposé avec la géniale Coréenne pour son dernier disque. Oui, en tous sens, Vincent Peirani est grand. Triomphe sous la Chapelle. On ne compte plus les rappels.
Second solo : Élise Dabrowski. Solo ?! Pas si sûr… Tandis que Vincent P. et sa boîte à frissons ne font qu’un, Élise D. et sa contrebasse à free sons font la paire. Élise Dabrowski duettise avec son gros violon ; elle lui murmure des mots sans frontières, nous chante des mondes parallèles. Elle le caresse, le gratte même, comme un gros chat (un brin d’humour ne fait jamais de mal à personne). Et quand elle fait glisser son archet sur ses quatre cordes, je pense au titre de cette chanson de William Sheller, Un archet sur mes veines. Ce qu’on avait entr’ouï le veille nous saute aux oreilles : musique libre et lyrique improvisée à cœur et à cri, avec une technique qu’on devine impressionnante mais qui n’est la face cachée d’un iceberg dont la face visible ne laissera de marbre que les tympans gelés.
Rendez-vous vendredi, après les passages d’Edward Perraud (et son “Synaesthetic Tri
p”) et de deux autres duos qui promettent démons et merveilles : Élise Dabrowski / Alexandra Grimal et Élise Caron / Joëlle Léandre. Et n’oubliez pas : www.vaguedejazz.com.
Frédéric Goaty
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Arrivé à Longeville-Sur-Mer lundi 29 en fin de matinée… Stop… Un accordéon, un saxophone soprano, une contrebasse, des voix et des mots… Stop… En duo ou en solo, Vincent Peirani, Émile Parisien et Élise Dabrowski narguent la pluie le premier soir, puis font battre le chœur d’une chapelle le lendemain… Encore !
Lundi 29, Maison du Marais, Marais Poitevin. Avec Toons, Élise Dabrowski, Josselin Disdier, Vincent Peirani et Émile Parisien.
Ce dernier lundi de juillet faisait grise mine en Pays Vendéen, et les hôtes du Marais Poitevin ont dû passer entre les gouttes pour faire jaillir la lumière. Sous le petit chapiteau blanc à rayures vertes bien campé dans l’herbe, les frères Ceccaldi – Théo au violon et Valentin au violoncelle –, secondés par leurs frères de son du soir (dont Guillaume Aknine à la guitare), offrent un concert impromptu. Nom de code : les Toons. Au programme : une suite serpentine et mouvante d’une quarantaine de minutes, Blanche Neige et les Sept Nains (Walt D. n’y aurait sans doute pas retrouvé ses petits, quoique). En rappel, première apparition de l’invitée d’honneur du festival, Élise Dabrowski, sans sa contrebasse mais, aimerait-on croire, munie d’un archet invisible qu’elle fait glisser sur ses cordes vocales. Résultat : des sons et des harmoniques venus d’ailleurs, des mots qui tombent dans une drôle d’escarcelle, chantés-parlés dans une langue imaginaire. Restez branchés : on n’a pas fini de vous faire part des émotions nées de ces mots-sons.
Mince alors, le duo Vincent Peirani / Émile Parisien, prévu sur barque, ou plus précisément sur “plate”, est annulé : ces satanés nuages noirs ne sont décidément pas étanches. Ah !, qu’on aimerait que John Coltrane viennent jouer After The Rain… Élise D. brave malgré tout le vent et l’eau en compagnie du fildefériste Josselin Disdier. Impros sur le fil du rasoir pour l’une, danse acrobatique au fil de l’eau pour l’autre : joli duo au carrefour des arts, mais la pluie insiste, qui passe au rouge. On s’en retourne donc vers le petit chapiteau blanc à rayures vertes.
(Vin blanc, vin rouge, l’ingé son qui s’affaire – Boris Darley, l’homme qui murmure aux oreilles des micros pour le bonheur des tympans des petist et des grands–, sandwiches, tiens-les-élus-sont-là-ça-fait-plaisir, poignées de main, sourires, enfants qui courent et, enfin, la pluie qui ne fait plus des claquettes…)
À l’abris des intempestives intempéries, Vincent Peirani (accordéon) et Émile Parisien (saxophone soprano), forts de leur entente quasi télépathique, tissent sans stress des tresses improvisatoires. Elles forment un réseau sonore sophistiqué et chantant dont les formes labyrinthiques ont quelque chose de magnétique. Laisse aller, c’est une valse, Valse Pour Michel P. (non, pas Michel Polnareff, ni Petrucciani ni Polac ni Platini, mais bien Michel Portal). Et nos deux amis de mêler en une farandole inouïe tradition et modernité. Vas-y donc, c’est du Monk, I Mean You, resongé avec tout ce qu’il faut : de causticité et de tendresse. Dernière escalade en rappel : claque des doigts, c’est du Duke, Dancers In Love, pour l’amour du jazz. Superbe. Il fait nuit. Il est temps de rentrer. À demain.
Mardi 30, Chapelle du Sacré-Cœur, Les Sables-d’Olonnes, avec Vincent Peirani et Élise Dabrowski.
20h27. Courir au resto reprendre son chapeau après avoir vanté les mérites de Vague de Jazz sur une grande radio périphérique. (Une fois n’est pas coutume.) 20h45. Entrer dans la Chapelle du Sacré-Cœur, Place Jules Ferry, pour assister au concert du soir. 21h15. Chuuuut…
Premier solo : Vincent Peirani. Une heure et cinq minutes de magie pure, inaugurée par Choral solennel et aérien, conclu par une Chanson d’Hélène (celles des Choses de la Vie) frissonnée avec maestria. Entre temps, Lilac Wine, I Mean You (encore), Frevo (d’Egberto Gismonti) et, parfois, Youn Sun Nah (sa patronne), comme en filigrane à travers les notes – celles du toujours bouleversant Empty Dream, cocomposé avec la géniale Coréenne pour son dernier disque. Oui, en tous sens, Vincent Peirani est grand. Triomphe sous la Chapelle. On ne compte plus les rappels.
Second solo : Élise Dabrowski. Solo ?! Pas si sûr… Tandis que Vincent P. et sa boîte à frissons ne font qu’un, Élise D. et sa contrebasse à free sons font la paire. Élise Dabrowski duettise avec son gros violon ; elle lui murmure des mots sans frontières, nous chante des mondes parallèles. Elle le caresse, le gratte même, comme un gros chat (un brin d’humour ne fait jamais de mal à personne). Et quand elle fait glisser son archet sur ses quatre cordes, je pense au titre de cette chanson de William Sheller, Un archet sur mes veines. Ce qu’on avait entr’ouï le veille nous saute aux oreilles : musique libre et lyrique improvisée à cœur et à cri, avec une technique qu’on devine impressionnante mais qui n’est la face cachée d’un iceberg dont la face visible ne laissera de marbre que les tympans gelés.
Rendez-vous vendredi, après les passages d’Edward Perraud (et son “Synaesthetic Tri
p”) et de deux autres duos qui promettent démons et merveilles : Élise Dabrowski / Alexandra Grimal et Élise Caron / Joëlle Léandre. Et n’oubliez pas : www.vaguedejazz.com.
Frédéric Goaty
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Arrivé à Longeville-Sur-Mer lundi 29 en fin de matinée… Stop… Un accordéon, un saxophone soprano, une contrebasse, des voix et des mots… Stop… En duo ou en solo, Vincent Peirani, Émile Parisien et Élise Dabrowski narguent la pluie le premier soir, puis font battre le chœur d’une chapelle le lendemain… Encore !
Lundi 29, Maison du Marais, Marais Poitevin. Avec Toons, Élise Dabrowski, Josselin Disdier, Vincent Peirani et Émile Parisien.
Ce dernier lundi de juillet faisait grise mine en Pays Vendéen, et les hôtes du Marais Poitevin ont dû passer entre les gouttes pour faire jaillir la lumière. Sous le petit chapiteau blanc à rayures vertes bien campé dans l’herbe, les frères Ceccaldi – Théo au violon et Valentin au violoncelle –, secondés par leurs frères de son du soir (dont Guillaume Aknine à la guitare), offrent un concert impromptu. Nom de code : les Toons. Au programme : une suite serpentine et mouvante d’une quarantaine de minutes, Blanche Neige et les Sept Nains (Walt D. n’y aurait sans doute pas retrouvé ses petits, quoique). En rappel, première apparition de l’invitée d’honneur du festival, Élise Dabrowski, sans sa contrebasse mais, aimerait-on croire, munie d’un archet invisible qu’elle fait glisser sur ses cordes vocales. Résultat : des sons et des harmoniques venus d’ailleurs, des mots qui tombent dans une drôle d’escarcelle, chantés-parlés dans une langue imaginaire. Restez branchés : on n’a pas fini de vous faire part des émotions nées de ces mots-sons.
Mince alors, le duo Vincent Peirani / Émile Parisien, prévu sur barque, ou plus précisément sur “plate”, est annulé : ces satanés nuages noirs ne sont décidément pas étanches. Ah !, qu’on aimerait que John Coltrane viennent jouer After The Rain… Élise D. brave malgré tout le vent et l’eau en compagnie du fildefériste Josselin Disdier. Impros sur le fil du rasoir pour l’une, danse acrobatique au fil de l’eau pour l’autre : joli duo au carrefour des arts, mais la pluie insiste, qui passe au rouge. On s’en retourne donc vers le petit chapiteau blanc à rayures vertes.
(Vin blanc, vin rouge, l’ingé son qui s’affaire – Boris Darley, l’homme qui murmure aux oreilles des micros pour le bonheur des tympans des petist et des grands–, sandwiches, tiens-les-élus-sont-là-ça-fait-plaisir, poignées de main, sourires, enfants qui courent et, enfin, la pluie qui ne fait plus des claquettes…)
À l’abris des intempestives intempéries, Vincent Peirani (accordéon) et Émile Parisien (saxophone soprano), forts de leur entente quasi télépathique, tissent sans stress des tresses improvisatoires. Elles forment un réseau sonore sophistiqué et chantant dont les formes labyrinthiques ont quelque chose de magnétique. Laisse aller, c’est une valse, Valse Pour Michel P. (non, pas Michel Polnareff, ni Petrucciani ni Polac ni Platini, mais bien Michel Portal). Et nos deux amis de mêler en une farandole inouïe tradition et modernité. Vas-y donc, c’est du Monk, I Mean You, resongé avec tout ce qu’il faut : de causticité et de tendresse. Dernière escalade en rappel : claque des doigts, c’est du Duke, Dancers In Love, pour l’amour du jazz. Superbe. Il fait nuit. Il est temps de rentrer. À demain.
Mardi 30, Chapelle du Sacré-Cœur, Les Sables-d’Olonnes, avec Vincent Peirani et Élise Dabrowski.
20h27. Courir au resto reprendre son chapeau après avoir vanté les mérites de Vague de Jazz sur une grande radio périphérique. (Une fois n’est pas coutume.) 20h45. Entrer dans la Chapelle du Sacré-Cœur, Place Jules Ferry, pour assister au concert du soir. 21h15. Chuuuut…
Premier solo : Vincent Peirani. Une heure et cinq minutes de magie pure, inaugurée par Choral solennel et aérien, conclu par une Chanson d’Hélène (celles des Choses de la Vie) frissonnée avec maestria. Entre temps, Lilac Wine, I Mean You (encore), Frevo (d’Egberto Gismonti) et, parfois, Youn Sun Nah (sa patronne), comme en filigrane à travers les notes – celles du toujours bouleversant Empty Dream, cocomposé avec la géniale Coréenne pour son dernier disque. Oui, en tous sens, Vincent Peirani est grand. Triomphe sous la Chapelle. On ne compte plus les rappels.
Second solo : Élise Dabrowski. Solo ?! Pas si sûr… Tandis que Vincent P. et sa boîte à frissons ne font qu’un, Élise D. et sa contrebasse à free sons font la paire. Élise Dabrowski duettise avec son gros violon ; elle lui murmure des mots sans frontières, nous chante des mondes parallèles. Elle le caresse, le gratte même, comme un gros chat (un brin d’humour ne fait jamais de mal à personne). Et quand elle fait glisser son archet sur ses quatre cordes, je pense au titre de cette chanson de William Sheller, Un archet sur mes veines. Ce qu’on avait entr’ouï le veille nous saute aux oreilles : musique libre et lyrique improvisée à cœur et à cri, avec une technique qu’on devine impressionnante mais qui n’est la face cachée d’un iceberg dont la face visible ne laissera de marbre que les tympans gelés.
Rendez-vous vendredi, après les passages d’Edward Perraud (et son “Synaesthetic Tri
p”) et de deux autres duos qui promettent démons et merveilles : Élise Dabrowski / Alexandra Grimal et Élise Caron / Joëlle Léandre. Et n’oubliez pas : www.vaguedejazz.com.
Frédéric Goaty