Jazz in Marciac. Fusions et profusion
Plus que jamais, la diversité est à l’honneur. Sous le chapiteau, à l’Astrada, place de l’Hôtel-de-Ville, les festivaliers ne savent où donner de la tête. Diversité des lieux, diversité des styles et des musiques. Après la nuit des crooners, Curtis Stigers et Al Jarreau, l’Espagne est venue le 5 août « pousser un peu sa corne », comme chantait Nougaro.
Raynald Colom Quintet with special guest Chicuelo. Reynald Colom (tp), Logan Richardson (as), Juan Gomez « Chicuelo » (g), Marco Mezquida (p), Armand Sabat-Lecco (b), Roger Blavia (perc, dm).
Paco de Lucia (g), Antonio Sanchez (g), Antonio Serrano (claviers, hca), Alain Perez (b), Pirana (perc), Rubio, David de Jacoba (voc), Farruco (danse).
Chapiteau, 5 août.
Pour ouvrir la soirée, le barcelonais Raynald Colom, en passe de devenir un habitué. Il s’est produit plusieurs fois à Marciac à la tête de son groupe et la faveur du public lui est acquise. C’est un trompettiste doté d’une belle technique, d’un son ample, souvent récompensé dans son pays, et il sait s’entourer de musiciens de valeur tels Logan Richardson et Marco Mezquida.
Son goût pour la fusion et la musique traditionnelle de son pays se concrétise ce soir par la présence de Chicuelo, guitariste de flamenco, et si l’on ne saurait dire que ce dernier s’intègre vraiment au quintette (du reste, les formules privilégiées seront celles du duo ou du trio), il apporte à l’ensemble une couleur particulière. Moments les plus notables, un hommage à Mulgrew Miller, le Fair Weather de Kenny Dorham, par le trompettiste et le pianiste, le Toulouse de Nougaro et un solo de basse bien construit d’Armand Sabat-Lecco dans El Baka, une composition du trompettiste. A noter aussi une interprétation originale de Sanctuary, le thème que signa Wayne Shorter. .
Le concert de Paco de Lucia était attendu par une copieuse chambrée d’aficionados dont beaucoup se souvenaient de sa prestation précédente sous le chapiteau. Musicien exceptionnel, à la virtuosité confondante (son introduction, à la guitare solo, de Variaciones de Minera), il est connu des amateurs de jazz pour ses collaborations avec Chick Corea et les guitaristes John McLaughlin et Al Di Meola avec lesquels il forma un trio célèbre dans les années 80.
Sa formation actuelle est, sans surprise, dédiée au flamenco et si elle présente un lien avec le jazz, c’est uniquement par l’utilisation d’une instrumentation inhabituelle, claviers, basse électrique, percussions et harmonica. Et si les pas de danse de Farruco, éblouissant lui aussi, pourraient faire penser à ceux de Bill « Bojangles » Robinson, à qui Ellington dédia une de ses pièces, le lien reste ténu et la comparaison s’arrête là.
La musique de Paco de Lucia n’est certes pas dépourvue de séduction. Ardente et sauvage, comme les chants de Rubio et de David de Jacoba. Comme la danse de Farruco. Je ne me hasarderai pas à la commenter plus avant, pour la seule raison que je ne possède pas les clés qui permettraient d’en pénétrer les arcanes. On devine bien sa parenté avec l’art tauromachique et le cousinage entre le zapateado et certaines phases de la faena dans la corrida. On pressent aussi, comme dans la plupart des folklores, à commencer par la sardane, cet hymne au soleil, la dimension sacrée d’une musique et d’une danse qui conservent leur caractère rituel. Je laisse à d’autres, bien plus experts que moi (il en est d’éminents, dans le mundillo du jazz) le soin d’en dire plus sur le canto grande et le canto jondo, leurs caractéristiques, leurs fonctions spécifiques. Reste à savoir si la fusion, telle qu’elle est proposée ici, dénature, appauvrit ou, au contraire, magnifie le matériau de base. La question reste entière et elle vaut, évidemment, pour les autres formes de melting pot musical.
Diversité, maître mot, aussi, du festival Off, dit festival Bis, qui offre des concerts gratuits, dans la journée, sur la place du bourg. Depuis le 26 juillet, s’y sont succédé des groupes d’une grande qualité. Il est impossible de tous les citer.
Mentionnons seulement ceux que le hasard des déambulations nous ont permis d’entendre et d’apprécier, à commencer par le quintette du saxophoniste Philippe Audibert dont les hommages à Sidney Bechet et à Lester Young démontrent avec éclat qu’on peut faire du neuf avec du vieux. En d’autres termes, qu’il est possible de faire revivre Passport To Paradise ou Lester Leaps In sans se livrer à une copie insipide.
La remarque vaut aussi, en restant dans le domaine traditionnel et classique, pour le Black Label Swingtet de Christian Bonnet et sa chanteuse Sylvia Howard dont la jambe plâtrée n’entame pas le swing. Pour Soul Serenade de Michel Bonnet et Pierre-Louis Cas, dont la raison sociale annonce assez la couleur. La soul, la vraie, celle d’Aretha Franklin, y est servie avec chaleur et enthousiasme par Emilie Hedou, une vocaliste dont on entendra sûrement parler.
Pour finir, et dans un autre genre, le trio Massaliaz que forment Olivier Temime, Michel Zenino et Jean-Pierre Arnaud. Décapant.
Ce soir, le blues revient en force avec Eric Bibb et Taj Mahal. Avis aux amateurs.
Jacques Aboucaya
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Plus que jamais, la diversité est à l’honneur. Sous le chapiteau, à l’Astrada, place de l’Hôtel-de-Ville, les festivaliers ne savent où donner de la tête. Diversité des lieux, diversité des styles et des musiques. Après la nuit des crooners, Curtis Stigers et Al Jarreau, l’Espagne est venue le 5 août « pousser un peu sa corne », comme chantait Nougaro.
Raynald Colom Quintet with special guest Chicuelo. Reynald Colom (tp), Logan Richardson (as), Juan Gomez « Chicuelo » (g), Marco Mezquida (p), Armand Sabat-Lecco (b), Roger Blavia (perc, dm).
Paco de Lucia (g), Antonio Sanchez (g), Antonio Serrano (claviers, hca), Alain Perez (b), Pirana (perc), Rubio, David de Jacoba (voc), Farruco (danse).
Chapiteau, 5 août.
Pour ouvrir la soirée, le barcelonais Raynald Colom, en passe de devenir un habitué. Il s’est produit plusieurs fois à Marciac à la tête de son groupe et la faveur du public lui est acquise. C’est un trompettiste doté d’une belle technique, d’un son ample, souvent récompensé dans son pays, et il sait s’entourer de musiciens de valeur tels Logan Richardson et Marco Mezquida.
Son goût pour la fusion et la musique traditionnelle de son pays se concrétise ce soir par la présence de Chicuelo, guitariste de flamenco, et si l’on ne saurait dire que ce dernier s’intègre vraiment au quintette (du reste, les formules privilégiées seront celles du duo ou du trio), il apporte à l’ensemble une couleur particulière. Moments les plus notables, un hommage à Mulgrew Miller, le Fair Weather de Kenny Dorham, par le trompettiste et le pianiste, le Toulouse de Nougaro et un solo de basse bien construit d’Armand Sabat-Lecco dans El Baka, une composition du trompettiste. A noter aussi une interprétation originale de Sanctuary, le thème que signa Wayne Shorter. .
Le concert de Paco de Lucia était attendu par une copieuse chambrée d’aficionados dont beaucoup se souvenaient de sa prestation précédente sous le chapiteau. Musicien exceptionnel, à la virtuosité confondante (son introduction, à la guitare solo, de Variaciones de Minera), il est connu des amateurs de jazz pour ses collaborations avec Chick Corea et les guitaristes John McLaughlin et Al Di Meola avec lesquels il forma un trio célèbre dans les années 80.
Sa formation actuelle est, sans surprise, dédiée au flamenco et si elle présente un lien avec le jazz, c’est uniquement par l’utilisation d’une instrumentation inhabituelle, claviers, basse électrique, percussions et harmonica. Et si les pas de danse de Farruco, éblouissant lui aussi, pourraient faire penser à ceux de Bill « Bojangles » Robinson, à qui Ellington dédia une de ses pièces, le lien reste ténu et la comparaison s’arrête là.
La musique de Paco de Lucia n’est certes pas dépourvue de séduction. Ardente et sauvage, comme les chants de Rubio et de David de Jacoba. Comme la danse de Farruco. Je ne me hasarderai pas à la commenter plus avant, pour la seule raison que je ne possède pas les clés qui permettraient d’en pénétrer les arcanes. On devine bien sa parenté avec l’art tauromachique et le cousinage entre le zapateado et certaines phases de la faena dans la corrida. On pressent aussi, comme dans la plupart des folklores, à commencer par la sardane, cet hymne au soleil, la dimension sacrée d’une musique et d’une danse qui conservent leur caractère rituel. Je laisse à d’autres, bien plus experts que moi (il en est d’éminents, dans le mundillo du jazz) le soin d’en dire plus sur le canto grande et le canto jondo, leurs caractéristiques, leurs fonctions spécifiques. Reste à savoir si la fusion, telle qu’elle est proposée ici, dénature, appauvrit ou, au contraire, magnifie le matériau de base. La question reste entière et elle vaut, évidemment, pour les autres formes de melting pot musical.
Diversité, maître mot, aussi, du festival Off, dit festival Bis, qui offre des concerts gratuits, dans la journée, sur la place du bourg. Depuis le 26 juillet, s’y sont succédé des groupes d’une grande qualité. Il est impossible de tous les citer.
Mentionnons seulement ceux que le hasard des déambulations nous ont permis d’entendre et d’apprécier, à commencer par le quintette du saxophoniste Philippe Audibert dont les hommages à Sidney Bechet et à Lester Young démontrent avec éclat qu’on peut faire du neuf avec du vieux. En d’autres termes, qu’il est possible de faire revivre Passport To Paradise ou Lester Leaps In sans se livrer à une copie insipide.
La remarque vaut aussi, en restant dans le domaine traditionnel et classique, pour le Black Label Swingtet de Christian Bonnet et sa chanteuse Sylvia Howard dont la jambe plâtrée n’entame pas le swing. Pour Soul Serenade de Michel Bonnet et Pierre-Louis Cas, dont la raison sociale annonce assez la couleur. La soul, la vraie, celle d’Aretha Franklin, y est servie avec chaleur et enthousiasme par Emilie Hedou, une vocaliste dont on entendra sûrement parler.
Pour finir, et dans un autre genre, le trio Massaliaz que forment Olivier Temime, Michel Zenino et Jean-Pierre Arnaud. Décapant.
Ce soir, le blues revient en force avec Eric Bibb et Taj Mahal. Avis aux amateurs.
Jacques Aboucaya
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Plus que jamais, la diversité est à l’honneur. Sous le chapiteau, à l’Astrada, place de l’Hôtel-de-Ville, les festivaliers ne savent où donner de la tête. Diversité des lieux, diversité des styles et des musiques. Après la nuit des crooners, Curtis Stigers et Al Jarreau, l’Espagne est venue le 5 août « pousser un peu sa corne », comme chantait Nougaro.
Raynald Colom Quintet with special guest Chicuelo. Reynald Colom (tp), Logan Richardson (as), Juan Gomez « Chicuelo » (g), Marco Mezquida (p), Armand Sabat-Lecco (b), Roger Blavia (perc, dm).
Paco de Lucia (g), Antonio Sanchez (g), Antonio Serrano (claviers, hca), Alain Perez (b), Pirana (perc), Rubio, David de Jacoba (voc), Farruco (danse).
Chapiteau, 5 août.
Pour ouvrir la soirée, le barcelonais Raynald Colom, en passe de devenir un habitué. Il s’est produit plusieurs fois à Marciac à la tête de son groupe et la faveur du public lui est acquise. C’est un trompettiste doté d’une belle technique, d’un son ample, souvent récompensé dans son pays, et il sait s’entourer de musiciens de valeur tels Logan Richardson et Marco Mezquida.
Son goût pour la fusion et la musique traditionnelle de son pays se concrétise ce soir par la présence de Chicuelo, guitariste de flamenco, et si l’on ne saurait dire que ce dernier s’intègre vraiment au quintette (du reste, les formules privilégiées seront celles du duo ou du trio), il apporte à l’ensemble une couleur particulière. Moments les plus notables, un hommage à Mulgrew Miller, le Fair Weather de Kenny Dorham, par le trompettiste et le pianiste, le Toulouse de Nougaro et un solo de basse bien construit d’Armand Sabat-Lecco dans El Baka, une composition du trompettiste. A noter aussi une interprétation originale de Sanctuary, le thème que signa Wayne Shorter. .
Le concert de Paco de Lucia était attendu par une copieuse chambrée d’aficionados dont beaucoup se souvenaient de sa prestation précédente sous le chapiteau. Musicien exceptionnel, à la virtuosité confondante (son introduction, à la guitare solo, de Variaciones de Minera), il est connu des amateurs de jazz pour ses collaborations avec Chick Corea et les guitaristes John McLaughlin et Al Di Meola avec lesquels il forma un trio célèbre dans les années 80.
Sa formation actuelle est, sans surprise, dédiée au flamenco et si elle présente un lien avec le jazz, c’est uniquement par l’utilisation d’une instrumentation inhabituelle, claviers, basse électrique, percussions et harmonica. Et si les pas de danse de Farruco, éblouissant lui aussi, pourraient faire penser à ceux de Bill « Bojangles » Robinson, à qui Ellington dédia une de ses pièces, le lien reste ténu et la comparaison s’arrête là.
La musique de Paco de Lucia n’est certes pas dépourvue de séduction. Ardente et sauvage, comme les chants de Rubio et de David de Jacoba. Comme la danse de Farruco. Je ne me hasarderai pas à la commenter plus avant, pour la seule raison que je ne possède pas les clés qui permettraient d’en pénétrer les arcanes. On devine bien sa parenté avec l’art tauromachique et le cousinage entre le zapateado et certaines phases de la faena dans la corrida. On pressent aussi, comme dans la plupart des folklores, à commencer par la sardane, cet hymne au soleil, la dimension sacrée d’une musique et d’une danse qui conservent leur caractère rituel. Je laisse à d’autres, bien plus experts que moi (il en est d’éminents, dans le mundillo du jazz) le soin d’en dire plus sur le canto grande et le canto jondo, leurs caractéristiques, leurs fonctions spécifiques. Reste à savoir si la fusion, telle qu’elle est proposée ici, dénature, appauvrit ou, au contraire, magnifie le matériau de base. La question reste entière et elle vaut, évidemment, pour les autres formes de melting pot musical.
Diversité, maître mot, aussi, du festival Off, dit festival Bis, qui offre des concerts gratuits, dans la journée, sur la place du bourg. Depuis le 26 juillet, s’y sont succédé des groupes d’une grande qualité. Il est impossible de tous les citer.
Mentionnons seulement ceux que le hasard des déambulations nous ont permis d’entendre et d’apprécier, à commencer par le quintette du saxophoniste Philippe Audibert dont les hommages à Sidney Bechet et à Lester Young démontrent avec éclat qu’on peut faire du neuf avec du vieux. En d’autres termes, qu’il est possible de faire revivre Passport To Paradise ou Lester Leaps In sans se livrer à une copie insipide.
La remarque vaut aussi, en restant dans le domaine traditionnel et classique, pour le Black Label Swingtet de Christian Bonnet et sa chanteuse Sylvia Howard dont la jambe plâtrée n’entame pas le swing. Pour Soul Serenade de Michel Bonnet et Pierre-Louis Cas, dont la raison sociale annonce assez la couleur. La soul, la vraie, celle d’Aretha Franklin, y est servie avec chaleur et enthousiasme par Emilie Hedou, une vocaliste dont on entendra sûrement parler.
Pour finir, et dans un autre genre, le trio Massaliaz que forment Olivier Temime, Michel Zenino et Jean-Pierre Arnaud. Décapant.
Ce soir, le blues revient en force avec Eric Bibb et Taj Mahal. Avis aux amateurs.
Jacques Aboucaya
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Plus que jamais, la diversité est à l’honneur. Sous le chapiteau, à l’Astrada, place de l’Hôtel-de-Ville, les festivaliers ne savent où donner de la tête. Diversité des lieux, diversité des styles et des musiques. Après la nuit des crooners, Curtis Stigers et Al Jarreau, l’Espagne est venue le 5 août « pousser un peu sa corne », comme chantait Nougaro.
Raynald Colom Quintet with special guest Chicuelo. Reynald Colom (tp), Logan Richardson (as), Juan Gomez « Chicuelo » (g), Marco Mezquida (p), Armand Sabat-Lecco (b), Roger Blavia (perc, dm).
Paco de Lucia (g), Antonio Sanchez (g), Antonio Serrano (claviers, hca), Alain Perez (b), Pirana (perc), Rubio, David de Jacoba (voc), Farruco (danse).
Chapiteau, 5 août.
Pour ouvrir la soirée, le barcelonais Raynald Colom, en passe de devenir un habitué. Il s’est produit plusieurs fois à Marciac à la tête de son groupe et la faveur du public lui est acquise. C’est un trompettiste doté d’une belle technique, d’un son ample, souvent récompensé dans son pays, et il sait s’entourer de musiciens de valeur tels Logan Richardson et Marco Mezquida.
Son goût pour la fusion et la musique traditionnelle de son pays se concrétise ce soir par la présence de Chicuelo, guitariste de flamenco, et si l’on ne saurait dire que ce dernier s’intègre vraiment au quintette (du reste, les formules privilégiées seront celles du duo ou du trio), il apporte à l’ensemble une couleur particulière. Moments les plus notables, un hommage à Mulgrew Miller, le Fair Weather de Kenny Dorham, par le trompettiste et le pianiste, le Toulouse de Nougaro et un solo de basse bien construit d’Armand Sabat-Lecco dans El Baka, une composition du trompettiste. A noter aussi une interprétation originale de Sanctuary, le thème que signa Wayne Shorter. .
Le concert de Paco de Lucia était attendu par une copieuse chambrée d’aficionados dont beaucoup se souvenaient de sa prestation précédente sous le chapiteau. Musicien exceptionnel, à la virtuosité confondante (son introduction, à la guitare solo, de Variaciones de Minera), il est connu des amateurs de jazz pour ses collaborations avec Chick Corea et les guitaristes John McLaughlin et Al Di Meola avec lesquels il forma un trio célèbre dans les années 80.
Sa formation actuelle est, sans surprise, dédiée au flamenco et si elle présente un lien avec le jazz, c’est uniquement par l’utilisation d’une instrumentation inhabituelle, claviers, basse électrique, percussions et harmonica. Et si les pas de danse de Farruco, éblouissant lui aussi, pourraient faire penser à ceux de Bill « Bojangles » Robinson, à qui Ellington dédia une de ses pièces, le lien reste ténu et la comparaison s’arrête là.
La musique de Paco de Lucia n’est certes pas dépourvue de séduction. Ardente et sauvage, comme les chants de Rubio et de David de Jacoba. Comme la danse de Farruco. Je ne me hasarderai pas à la commenter plus avant, pour la seule raison que je ne possède pas les clés qui permettraient d’en pénétrer les arcanes. On devine bien sa parenté avec l’art tauromachique et le cousinage entre le zapateado et certaines phases de la faena dans la corrida. On pressent aussi, comme dans la plupart des folklores, à commencer par la sardane, cet hymne au soleil, la dimension sacrée d’une musique et d’une danse qui conservent leur caractère rituel. Je laisse à d’autres, bien plus experts que moi (il en est d’éminents, dans le mundillo du jazz) le soin d’en dire plus sur le canto grande et le canto jondo, leurs caractéristiques, leurs fonctions spécifiques. Reste à savoir si la fusion, telle qu’elle est proposée ici, dénature, appauvrit ou, au contraire, magnifie le matériau de base. La question reste entière et elle vaut, évidemment, pour les autres formes de melting pot musical.
Diversité, maître mot, aussi, du festival Off, dit festival Bis, qui offre des concerts gratuits, dans la journée, sur la place du bourg. Depuis le 26 juillet, s’y sont succédé des groupes d’une grande qualité. Il est impossible de tous les citer.
Mentionnons seulement ceux que le hasard des déambulations nous ont permis d’entendre et d’apprécier, à commencer par le quintette du saxophoniste Philippe Audibert dont les hommages à Sidney Bechet et à Lester Young démontrent avec éclat qu’on peut faire du neuf avec du vieux. En d’autres termes, qu’il est possible de faire revivre Passport To Paradise ou Lester Leaps In sans se livrer à une copie insipide.
La remarque vaut aussi, en restant dans le domaine traditionnel et classique, pour le Black Label Swingtet de Christian Bonnet et sa chanteuse Sylvia Howard dont la jambe plâtrée n’entame pas le swing. Pour Soul Serenade de Michel Bonnet et Pierre-Louis Cas, dont la raison sociale annonce assez la couleur. La soul, la vraie, celle d’Aretha Franklin, y est servie avec chaleur et enthousiasme par Emilie Hedou, une vocaliste dont on entendra sûrement parler.
Pour finir, et dans un autre genre, le trio Massaliaz que forment Olivier Temime, Michel Zenino et Jean-Pierre Arnaud. Décapant.
Ce soir, le blues revient en force avec Eric Bibb et Taj Mahal. Avis aux amateurs.
Jacques Aboucaya