Belgian Jazz Meeting, 1ère soirée. Liège, Caserne Fonck, 06/09.
Belgian Jazz Meeting, 1ère soirée. Liège, Caserne Fonck, 06/09.
Il était une fois un rassemblement musical (on appelle ça « showcase » de l’autre côté de la Manche et de l’Atlantique) qui se tenait à Bruges, Belgique, et se nommait « Flemish Jazz Meeting ». C’est dire qu’il ne prenait en compte que la moitié riche et néerlandophone de ce petit pays voisin que nous, Français, connaissons si mal.
Puis, voici deux ans, alors même que cette contrée connaissait une crise politique majeure et vivait sans gouvernement depuis des mois, une bonne fée bilingue suggéra aux organisateurs de l’événement brugeois de le métamorphoser en « Belgian Jazz Meeting », et ce fut top. Grave top, même. Deux ans plus tard (c’est à dire maintenant) les Flamands de Bruges passaient le relais aux Wallons de Liège, et la cité des bords de Meuse s’y colla pour organiser les choses. Et la Val-Dieu remplaça la Brugse Zot pour lubrifier les rouages. J’y suis, à l’heure où je vous cause, gentiment imbibé de Val-Dieu (juste ce qu’il faut pour permettre aux rouages de mon fidèle MacBook de répondre à mes injonctions), et ma foi ça se passe plutôt pas mal. Connaissez-vous la chanteuse/flûtiste Mélanie De Biasio ? Si non vous avez grand tort. Dans un anglais parfait, d’une voix grave au phrasé somptueusement décontracté, accompagnée d’un groupe haut de gamme propulsé par l’incomparable Dré Pallemaerts, elle déroule un répertoire atmosphérique au groove souple et infectieux. Pas de réels solos durant ce set hypnotique où la vocaliste ondule sans afféterie sur des thèmes de son cru, pieds nus sur la scène où ses partenaires, attentifs au moindre geste et à la moindre inflexion, portent et enrobent cette voix qu’on devrait bientôt entendre résonner dans l’Hexagone, une fois… voire davantage. Un peu difficile après cela d’écouter attentivement le trio Bram De Looze (p)/ Jos Machtel (b)/Matthias De Waele (dm). Jeune, certes, mais tellement platement post-billevansien dans un environnement déjà saturé de trios avec piano que l’on ne peut guère que penser « A plus tard, jeunes gens : il vous reste encore du chemin à parcourir pour nous convaincre ». Toujours en trio, mais avec trompette, Jean-Paul Esthiévenart n’a de son côté pas grand mal à retenir l’attention. Timbre d’une grande clarté et d’une densité évidente, phrasé parfois encombré de clichés hard bop mais qui raconte une histoire et prend ce qu’il faut de risques pour exprimer ce qu’il veut dire : le leader est un musicien de talent. Atout non négligeable, ses comparses sont largement à la hauteur de ces qualités. La basse de Sam Gerstmans — déjà entendue auprès de Mélanie De Biasio — fournit une assise de première bourre et se lance dans des solos où sa sonorité profonde ravit. Quant à la batterie d’Antoine Pierre, elle déploie une polyrythmie touffue et constamment stimulante au sein de laquelle le crépitement des baguettes et la musicalité des fûts et des cymbales maintient sans relâche l’attention en éveil. Au ténor, au soprano ou à la clarinette (voire au chant), Fabrice Alleman sait créer des ambiances voyageuses qu’il n’a malheureusement pas toujours les moyens techniques de mener à leur terme. Stylistiquement dispersée et souvent un peu raide ou évanescente au niveau de la forme, sa musique bénéficie par contre d’accompagnateurs de grande qualité, tels Nathalie Loriers (p) et Reggie Washington (elb), qui l’aident à prendre corps. Rien à voir, évidemment, avec le quintet Mâäk : quatre vents et une batterie, rien de plus, et rien n’y mâänque ! Tout d’abord parce que ces cinq musiciens ont le son chevillé au corps. Que dire de Laurent Blondiau (tp, bu), Guillaume Orti (as), Jeroen van Herzeele (ts, ss) et Michel Massot (tu) sinon pour leur tresser des couronnes d’anches et de cuivre ? Tous maîtrisent à merveille l’art du placement rythmique, et João Lobo les stimule de ses toms chantants et de ses cymbales mélodieuses. Quant à l’art du contrechant, il n’a pas de secret pour ces souffleurs qui menèrent le public (des professionnels — programmateurs, journalistes… — venus de toute l’Europe) jusqu’au bout de cette tiède nuit liégeoise d’un été finissant.
Thierry Quénum
|
Belgian Jazz Meeting, 1ère soirée. Liège, Caserne Fonck, 06/09.
Il était une fois un rassemblement musical (on appelle ça « showcase » de l’autre côté de la Manche et de l’Atlantique) qui se tenait à Bruges, Belgique, et se nommait « Flemish Jazz Meeting ». C’est dire qu’il ne prenait en compte que la moitié riche et néerlandophone de ce petit pays voisin que nous, Français, connaissons si mal.
Puis, voici deux ans, alors même que cette contrée connaissait une crise politique majeure et vivait sans gouvernement depuis des mois, une bonne fée bilingue suggéra aux organisateurs de l’événement brugeois de le métamorphoser en « Belgian Jazz Meeting », et ce fut top. Grave top, même. Deux ans plus tard (c’est à dire maintenant) les Flamands de Bruges passaient le relais aux Wallons de Liège, et la cité des bords de Meuse s’y colla pour organiser les choses. Et la Val-Dieu remplaça la Brugse Zot pour lubrifier les rouages. J’y suis, à l’heure où je vous cause, gentiment imbibé de Val-Dieu (juste ce qu’il faut pour permettre aux rouages de mon fidèle MacBook de répondre à mes injonctions), et ma foi ça se passe plutôt pas mal. Connaissez-vous la chanteuse/flûtiste Mélanie De Biasio ? Si non vous avez grand tort. Dans un anglais parfait, d’une voix grave au phrasé somptueusement décontracté, accompagnée d’un groupe haut de gamme propulsé par l’incomparable Dré Pallemaerts, elle déroule un répertoire atmosphérique au groove souple et infectieux. Pas de réels solos durant ce set hypnotique où la vocaliste ondule sans afféterie sur des thèmes de son cru, pieds nus sur la scène où ses partenaires, attentifs au moindre geste et à la moindre inflexion, portent et enrobent cette voix qu’on devrait bientôt entendre résonner dans l’Hexagone, une fois… voire davantage. Un peu difficile après cela d’écouter attentivement le trio Bram De Looze (p)/ Jos Machtel (b)/Matthias De Waele (dm). Jeune, certes, mais tellement platement post-billevansien dans un environnement déjà saturé de trios avec piano que l’on ne peut guère que penser « A plus tard, jeunes gens : il vous reste encore du chemin à parcourir pour nous convaincre ». Toujours en trio, mais avec trompette, Jean-Paul Esthiévenart n’a de son côté pas grand mal à retenir l’attention. Timbre d’une grande clarté et d’une densité évidente, phrasé parfois encombré de clichés hard bop mais qui raconte une histoire et prend ce qu’il faut de risques pour exprimer ce qu’il veut dire : le leader est un musicien de talent. Atout non négligeable, ses comparses sont largement à la hauteur de ces qualités. La basse de Sam Gerstmans — déjà entendue auprès de Mélanie De Biasio — fournit une assise de première bourre et se lance dans des solos où sa sonorité profonde ravit. Quant à la batterie d’Antoine Pierre, elle déploie une polyrythmie touffue et constamment stimulante au sein de laquelle le crépitement des baguettes et la musicalité des fûts et des cymbales maintient sans relâche l’attention en éveil. Au ténor, au soprano ou à la clarinette (voire au chant), Fabrice Alleman sait créer des ambiances voyageuses qu’il n’a malheureusement pas toujours les moyens techniques de mener à leur terme. Stylistiquement dispersée et souvent un peu raide ou évanescente au niveau de la forme, sa musique bénéficie par contre d’accompagnateurs de grande qualité, tels Nathalie Loriers (p) et Reggie Washington (elb), qui l’aident à prendre corps. Rien à voir, évidemment, avec le quintet Mâäk : quatre vents et une batterie, rien de plus, et rien n’y mâänque ! Tout d’abord parce que ces cinq musiciens ont le son chevillé au corps. Que dire de Laurent Blondiau (tp, bu), Guillaume Orti (as), Jeroen van Herzeele (ts, ss) et Michel Massot (tu) sinon pour leur tresser des couronnes d’anches et de cuivre ? Tous maîtrisent à merveille l’art du placement rythmique, et João Lobo les stimule de ses toms chantants et de ses cymbales mélodieuses. Quant à l’art du contrechant, il n’a pas de secret pour ces souffleurs qui menèrent le public (des professionnels — programmateurs, journalistes… — venus de toute l’Europe) jusqu’au bout de cette tiède nuit liégeoise d’un été finissant.
Thierry Quénum
|
Belgian Jazz Meeting, 1ère soirée. Liège, Caserne Fonck, 06/09.
Il était une fois un rassemblement musical (on appelle ça « showcase » de l’autre côté de la Manche et de l’Atlantique) qui se tenait à Bruges, Belgique, et se nommait « Flemish Jazz Meeting ». C’est dire qu’il ne prenait en compte que la moitié riche et néerlandophone de ce petit pays voisin que nous, Français, connaissons si mal.
Puis, voici deux ans, alors même que cette contrée connaissait une crise politique majeure et vivait sans gouvernement depuis des mois, une bonne fée bilingue suggéra aux organisateurs de l’événement brugeois de le métamorphoser en « Belgian Jazz Meeting », et ce fut top. Grave top, même. Deux ans plus tard (c’est à dire maintenant) les Flamands de Bruges passaient le relais aux Wallons de Liège, et la cité des bords de Meuse s’y colla pour organiser les choses. Et la Val-Dieu remplaça la Brugse Zot pour lubrifier les rouages. J’y suis, à l’heure où je vous cause, gentiment imbibé de Val-Dieu (juste ce qu’il faut pour permettre aux rouages de mon fidèle MacBook de répondre à mes injonctions), et ma foi ça se passe plutôt pas mal. Connaissez-vous la chanteuse/flûtiste Mélanie De Biasio ? Si non vous avez grand tort. Dans un anglais parfait, d’une voix grave au phrasé somptueusement décontracté, accompagnée d’un groupe haut de gamme propulsé par l’incomparable Dré Pallemaerts, elle déroule un répertoire atmosphérique au groove souple et infectieux. Pas de réels solos durant ce set hypnotique où la vocaliste ondule sans afféterie sur des thèmes de son cru, pieds nus sur la scène où ses partenaires, attentifs au moindre geste et à la moindre inflexion, portent et enrobent cette voix qu’on devrait bientôt entendre résonner dans l’Hexagone, une fois… voire davantage. Un peu difficile après cela d’écouter attentivement le trio Bram De Looze (p)/ Jos Machtel (b)/Matthias De Waele (dm). Jeune, certes, mais tellement platement post-billevansien dans un environnement déjà saturé de trios avec piano que l’on ne peut guère que penser « A plus tard, jeunes gens : il vous reste encore du chemin à parcourir pour nous convaincre ». Toujours en trio, mais avec trompette, Jean-Paul Esthiévenart n’a de son côté pas grand mal à retenir l’attention. Timbre d’une grande clarté et d’une densité évidente, phrasé parfois encombré de clichés hard bop mais qui raconte une histoire et prend ce qu’il faut de risques pour exprimer ce qu’il veut dire : le leader est un musicien de talent. Atout non négligeable, ses comparses sont largement à la hauteur de ces qualités. La basse de Sam Gerstmans — déjà entendue auprès de Mélanie De Biasio — fournit une assise de première bourre et se lance dans des solos où sa sonorité profonde ravit. Quant à la batterie d’Antoine Pierre, elle déploie une polyrythmie touffue et constamment stimulante au sein de laquelle le crépitement des baguettes et la musicalité des fûts et des cymbales maintient sans relâche l’attention en éveil. Au ténor, au soprano ou à la clarinette (voire au chant), Fabrice Alleman sait créer des ambiances voyageuses qu’il n’a malheureusement pas toujours les moyens techniques de mener à leur terme. Stylistiquement dispersée et souvent un peu raide ou évanescente au niveau de la forme, sa musique bénéficie par contre d’accompagnateurs de grande qualité, tels Nathalie Loriers (p) et Reggie Washington (elb), qui l’aident à prendre corps. Rien à voir, évidemment, avec le quintet Mâäk : quatre vents et une batterie, rien de plus, et rien n’y mâänque ! Tout d’abord parce que ces cinq musiciens ont le son chevillé au corps. Que dire de Laurent Blondiau (tp, bu), Guillaume Orti (as), Jeroen van Herzeele (ts, ss) et Michel Massot (tu) sinon pour leur tresser des couronnes d’anches et de cuivre ? Tous maîtrisent à merveille l’art du placement rythmique, et João Lobo les stimule de ses toms chantants et de ses cymbales mélodieuses. Quant à l’art du contrechant, il n’a pas de secret pour ces souffleurs qui menèrent le public (des professionnels — programmateurs, journalistes… — venus de toute l’Europe) jusqu’au bout de cette tiède nuit liégeoise d’un été finissant.
Thierry Quénum
|
Belgian Jazz Meeting, 1ère soirée. Liège, Caserne Fonck, 06/09.
Il était une fois un rassemblement musical (on appelle ça « showcase » de l’autre côté de la Manche et de l’Atlantique) qui se tenait à Bruges, Belgique, et se nommait « Flemish Jazz Meeting ». C’est dire qu’il ne prenait en compte que la moitié riche et néerlandophone de ce petit pays voisin que nous, Français, connaissons si mal.
Puis, voici deux ans, alors même que cette contrée connaissait une crise politique majeure et vivait sans gouvernement depuis des mois, une bonne fée bilingue suggéra aux organisateurs de l’événement brugeois de le métamorphoser en « Belgian Jazz Meeting », et ce fut top. Grave top, même. Deux ans plus tard (c’est à dire maintenant) les Flamands de Bruges passaient le relais aux Wallons de Liège, et la cité des bords de Meuse s’y colla pour organiser les choses. Et la Val-Dieu remplaça la Brugse Zot pour lubrifier les rouages. J’y suis, à l’heure où je vous cause, gentiment imbibé de Val-Dieu (juste ce qu’il faut pour permettre aux rouages de mon fidèle MacBook de répondre à mes injonctions), et ma foi ça se passe plutôt pas mal. Connaissez-vous la chanteuse/flûtiste Mélanie De Biasio ? Si non vous avez grand tort. Dans un anglais parfait, d’une voix grave au phrasé somptueusement décontracté, accompagnée d’un groupe haut de gamme propulsé par l’incomparable Dré Pallemaerts, elle déroule un répertoire atmosphérique au groove souple et infectieux. Pas de réels solos durant ce set hypnotique où la vocaliste ondule sans afféterie sur des thèmes de son cru, pieds nus sur la scène où ses partenaires, attentifs au moindre geste et à la moindre inflexion, portent et enrobent cette voix qu’on devrait bientôt entendre résonner dans l’Hexagone, une fois… voire davantage. Un peu difficile après cela d’écouter attentivement le trio Bram De Looze (p)/ Jos Machtel (b)/Matthias De Waele (dm). Jeune, certes, mais tellement platement post-billevansien dans un environnement déjà saturé de trios avec piano que l’on ne peut guère que penser « A plus tard, jeunes gens : il vous reste encore du chemin à parcourir pour nous convaincre ». Toujours en trio, mais avec trompette, Jean-Paul Esthiévenart n’a de son côté pas grand mal à retenir l’attention. Timbre d’une grande clarté et d’une densité évidente, phrasé parfois encombré de clichés hard bop mais qui raconte une histoire et prend ce qu’il faut de risques pour exprimer ce qu’il veut dire : le leader est un musicien de talent. Atout non négligeable, ses comparses sont largement à la hauteur de ces qualités. La basse de Sam Gerstmans — déjà entendue auprès de Mélanie De Biasio — fournit une assise de première bourre et se lance dans des solos où sa sonorité profonde ravit. Quant à la batterie d’Antoine Pierre, elle déploie une polyrythmie touffue et constamment stimulante au sein de laquelle le crépitement des baguettes et la musicalité des fûts et des cymbales maintient sans relâche l’attention en éveil. Au ténor, au soprano ou à la clarinette (voire au chant), Fabrice Alleman sait créer des ambiances voyageuses qu’il n’a malheureusement pas toujours les moyens techniques de mener à leur terme. Stylistiquement dispersée et souvent un peu raide ou évanescente au niveau de la forme, sa musique bénéficie par contre d’accompagnateurs de grande qualité, tels Nathalie Loriers (p) et Reggie Washington (elb), qui l’aident à prendre corps. Rien à voir, évidemment, avec le quintet Mâäk : quatre vents et une batterie, rien de plus, et rien n’y mâänque ! Tout d’abord parce que ces cinq musiciens ont le son chevillé au corps. Que dire de Laurent Blondiau (tp, bu), Guillaume Orti (as), Jeroen van Herzeele (ts, ss) et Michel Massot (tu) sinon pour leur tresser des couronnes d’anches et de cuivre ? Tous maîtrisent à merveille l’art du placement rythmique, et João Lobo les stimule de ses toms chantants et de ses cymbales mélodieuses. Quant à l’art du contrechant, il n’a pas de secret pour ces souffleurs qui menèrent le public (des professionnels — programmateurs, journalistes… — venus de toute l’Europe) jusqu’au bout de cette tiède nuit liégeoise d’un été finissant.
Thierry Quénum