Jazz live
Publié le 7 Fév 2014

Jeff Ballard Trio. Paris, New Morning, 06/02.

Jeff Ballard Trio. Paris, New Morning, 06/02.

Jeff Ballard (dm, perc), Miguel Zenon (as), Lionel Loueke (g).

Honnêtement, pendant le premier set (si l’on peut dire, puisque ces fous furieux firent un bref semblant de pose uniquement pour permettre au leader d’annoncer les morceaux) je n’ai même pas pensé à sortir mon laptop — et n’en ai, en fait, pas eu le temps — tant j’étais absorbé par la musique de ce trio tout nouveau (du moins en France) et dont j’attendais avec impatience d’entendre la musique sur scène après avoir été ravi par le disque.

Il faut dire que le concert du New Morning démarra très fort. Ces trois musiciens ne font pas de prisonniers : ils vous clouent sur votre siège ou vous font oublier que vous êtes debout depuis ½ heure. J’ai écrit dans ma chronique du disque qu’il s’agissait d’un trio de « chanteurs », tant leur lyrisme irradie l’enregistrement. La scène révèle ce dont on se doutait : ce sont aussi des danseurs. La place du corps dans leur musique et dans leur prestation est absolument centrale. Et leur sens du rythme — de la polyrythmie, en fait — est proprement terrifiant. Voir Miguel Zenon se balancer souplement d’avant en arrière tout en tirant de son alto, tenu en bouche avec un fermeté absolue, une sonorité ronde sans la moindre faille et des inflexions parfaitement maîtrisées a de quoi donner le vertige. Quant à Lionel Loueke — entre autres sur un thème des Queens of the Stone Age — ses déhanchements à la fois spontanés et mesurés, tandis qu’il contrôle son manche et ses six cordes d’une main gauche de marbre, renvoient les gesticulations des guitaristes de hard-rock aux paillettes et à l’hystérie d’un carnaval de fin fond de province. Jeff Ballard — le seul assis, et pour cause — ne cessera, pour sa part, d’élargir le champ d’action de ses baguettes, balais et mains sur une batterie polymorphe et en apparence hétéroclite dont il tirera les rythmes, les ruptures de rythme et les sons les plus ahurissants.

Il peut sembler cliché de rappeler que ces trois-là représentent la réunion de l’Amérique du Nord, de l’Amérique latine et de l’Afrique. Eh bien tant pis ! Dans leur cas le cliché prend corps et, loin de rester figé, se déploie dans la réalité tridimensionnelle de notre ouïe et de notre vision. Nous tenons là — et je pèse mes mots — un des groupes les plus enthousiasmants de ce début de siècle. Qu’ils jouent Gershwin, Bartok, leurs propres compos ou du rock revisité, qu’ils convoquent l’Afrique, les Caraïbes ou le blues, ils se donnent corps et âme à la musique qu’ils portent en eux, mettent leur virtuosité au service de cette dernière sans la moindre trace d’ego superflu ou de recours aux clichés en vogue, et ils font franchir au public des limites en termes d’écoute, de jubilation, d’ouverture stylistique… On reconnaîtra qu’il faudrait être d’une exigence tant soit peu outrecuidante pour demander davantage à ces trois en-chanteurs. Thierry Quénum

|

Jeff Ballard Trio. Paris, New Morning, 06/02.

Jeff Ballard (dm, perc), Miguel Zenon (as), Lionel Loueke (g).

Honnêtement, pendant le premier set (si l’on peut dire, puisque ces fous furieux firent un bref semblant de pose uniquement pour permettre au leader d’annoncer les morceaux) je n’ai même pas pensé à sortir mon laptop — et n’en ai, en fait, pas eu le temps — tant j’étais absorbé par la musique de ce trio tout nouveau (du moins en France) et dont j’attendais avec impatience d’entendre la musique sur scène après avoir été ravi par le disque.

Il faut dire que le concert du New Morning démarra très fort. Ces trois musiciens ne font pas de prisonniers : ils vous clouent sur votre siège ou vous font oublier que vous êtes debout depuis ½ heure. J’ai écrit dans ma chronique du disque qu’il s’agissait d’un trio de « chanteurs », tant leur lyrisme irradie l’enregistrement. La scène révèle ce dont on se doutait : ce sont aussi des danseurs. La place du corps dans leur musique et dans leur prestation est absolument centrale. Et leur sens du rythme — de la polyrythmie, en fait — est proprement terrifiant. Voir Miguel Zenon se balancer souplement d’avant en arrière tout en tirant de son alto, tenu en bouche avec un fermeté absolue, une sonorité ronde sans la moindre faille et des inflexions parfaitement maîtrisées a de quoi donner le vertige. Quant à Lionel Loueke — entre autres sur un thème des Queens of the Stone Age — ses déhanchements à la fois spontanés et mesurés, tandis qu’il contrôle son manche et ses six cordes d’une main gauche de marbre, renvoient les gesticulations des guitaristes de hard-rock aux paillettes et à l’hystérie d’un carnaval de fin fond de province. Jeff Ballard — le seul assis, et pour cause — ne cessera, pour sa part, d’élargir le champ d’action de ses baguettes, balais et mains sur une batterie polymorphe et en apparence hétéroclite dont il tirera les rythmes, les ruptures de rythme et les sons les plus ahurissants.

Il peut sembler cliché de rappeler que ces trois-là représentent la réunion de l’Amérique du Nord, de l’Amérique latine et de l’Afrique. Eh bien tant pis ! Dans leur cas le cliché prend corps et, loin de rester figé, se déploie dans la réalité tridimensionnelle de notre ouïe et de notre vision. Nous tenons là — et je pèse mes mots — un des groupes les plus enthousiasmants de ce début de siècle. Qu’ils jouent Gershwin, Bartok, leurs propres compos ou du rock revisité, qu’ils convoquent l’Afrique, les Caraïbes ou le blues, ils se donnent corps et âme à la musique qu’ils portent en eux, mettent leur virtuosité au service de cette dernière sans la moindre trace d’ego superflu ou de recours aux clichés en vogue, et ils font franchir au public des limites en termes d’écoute, de jubilation, d’ouverture stylistique… On reconnaîtra qu’il faudrait être d’une exigence tant soit peu outrecuidante pour demander davantage à ces trois en-chanteurs. Thierry Quénum

|

Jeff Ballard Trio. Paris, New Morning, 06/02.

Jeff Ballard (dm, perc), Miguel Zenon (as), Lionel Loueke (g).

Honnêtement, pendant le premier set (si l’on peut dire, puisque ces fous furieux firent un bref semblant de pose uniquement pour permettre au leader d’annoncer les morceaux) je n’ai même pas pensé à sortir mon laptop — et n’en ai, en fait, pas eu le temps — tant j’étais absorbé par la musique de ce trio tout nouveau (du moins en France) et dont j’attendais avec impatience d’entendre la musique sur scène après avoir été ravi par le disque.

Il faut dire que le concert du New Morning démarra très fort. Ces trois musiciens ne font pas de prisonniers : ils vous clouent sur votre siège ou vous font oublier que vous êtes debout depuis ½ heure. J’ai écrit dans ma chronique du disque qu’il s’agissait d’un trio de « chanteurs », tant leur lyrisme irradie l’enregistrement. La scène révèle ce dont on se doutait : ce sont aussi des danseurs. La place du corps dans leur musique et dans leur prestation est absolument centrale. Et leur sens du rythme — de la polyrythmie, en fait — est proprement terrifiant. Voir Miguel Zenon se balancer souplement d’avant en arrière tout en tirant de son alto, tenu en bouche avec un fermeté absolue, une sonorité ronde sans la moindre faille et des inflexions parfaitement maîtrisées a de quoi donner le vertige. Quant à Lionel Loueke — entre autres sur un thème des Queens of the Stone Age — ses déhanchements à la fois spontanés et mesurés, tandis qu’il contrôle son manche et ses six cordes d’une main gauche de marbre, renvoient les gesticulations des guitaristes de hard-rock aux paillettes et à l’hystérie d’un carnaval de fin fond de province. Jeff Ballard — le seul assis, et pour cause — ne cessera, pour sa part, d’élargir le champ d’action de ses baguettes, balais et mains sur une batterie polymorphe et en apparence hétéroclite dont il tirera les rythmes, les ruptures de rythme et les sons les plus ahurissants.

Il peut sembler cliché de rappeler que ces trois-là représentent la réunion de l’Amérique du Nord, de l’Amérique latine et de l’Afrique. Eh bien tant pis ! Dans leur cas le cliché prend corps et, loin de rester figé, se déploie dans la réalité tridimensionnelle de notre ouïe et de notre vision. Nous tenons là — et je pèse mes mots — un des groupes les plus enthousiasmants de ce début de siècle. Qu’ils jouent Gershwin, Bartok, leurs propres compos ou du rock revisité, qu’ils convoquent l’Afrique, les Caraïbes ou le blues, ils se donnent corps et âme à la musique qu’ils portent en eux, mettent leur virtuosité au service de cette dernière sans la moindre trace d’ego superflu ou de recours aux clichés en vogue, et ils font franchir au public des limites en termes d’écoute, de jubilation, d’ouverture stylistique… On reconnaîtra qu’il faudrait être d’une exigence tant soit peu outrecuidante pour demander davantage à ces trois en-chanteurs. Thierry Quénum

|

Jeff Ballard Trio. Paris, New Morning, 06/02.

Jeff Ballard (dm, perc), Miguel Zenon (as), Lionel Loueke (g).

Honnêtement, pendant le premier set (si l’on peut dire, puisque ces fous furieux firent un bref semblant de pose uniquement pour permettre au leader d’annoncer les morceaux) je n’ai même pas pensé à sortir mon laptop — et n’en ai, en fait, pas eu le temps — tant j’étais absorbé par la musique de ce trio tout nouveau (du moins en France) et dont j’attendais avec impatience d’entendre la musique sur scène après avoir été ravi par le disque.

Il faut dire que le concert du New Morning démarra très fort. Ces trois musiciens ne font pas de prisonniers : ils vous clouent sur votre siège ou vous font oublier que vous êtes debout depuis ½ heure. J’ai écrit dans ma chronique du disque qu’il s’agissait d’un trio de « chanteurs », tant leur lyrisme irradie l’enregistrement. La scène révèle ce dont on se doutait : ce sont aussi des danseurs. La place du corps dans leur musique et dans leur prestation est absolument centrale. Et leur sens du rythme — de la polyrythmie, en fait — est proprement terrifiant. Voir Miguel Zenon se balancer souplement d’avant en arrière tout en tirant de son alto, tenu en bouche avec un fermeté absolue, une sonorité ronde sans la moindre faille et des inflexions parfaitement maîtrisées a de quoi donner le vertige. Quant à Lionel Loueke — entre autres sur un thème des Queens of the Stone Age — ses déhanchements à la fois spontanés et mesurés, tandis qu’il contrôle son manche et ses six cordes d’une main gauche de marbre, renvoient les gesticulations des guitaristes de hard-rock aux paillettes et à l’hystérie d’un carnaval de fin fond de province. Jeff Ballard — le seul assis, et pour cause — ne cessera, pour sa part, d’élargir le champ d’action de ses baguettes, balais et mains sur une batterie polymorphe et en apparence hétéroclite dont il tirera les rythmes, les ruptures de rythme et les sons les plus ahurissants.

Il peut sembler cliché de rappeler que ces trois-là représentent la réunion de l’Amérique du Nord, de l’Amérique latine et de l’Afrique. Eh bien tant pis ! Dans leur cas le cliché prend corps et, loin de rester figé, se déploie dans la réalité tridimensionnelle de notre ouïe et de notre vision. Nous tenons là — et je pèse mes mots — un des groupes les plus enthousiasmants de ce début de siècle. Qu’ils jouent Gershwin, Bartok, leurs propres compos ou du rock revisité, qu’ils convoquent l’Afrique, les Caraïbes ou le blues, ils se donnent corps et âme à la musique qu’ils portent en eux, mettent leur virtuosité au service de cette dernière sans la moindre trace d’ego superflu ou de recours aux clichés en vogue, et ils font franchir au public des limites en termes d’écoute, de jubilation, d’ouverture stylistique… On reconnaîtra qu’il faudrait être d’une exigence tant soit peu outrecuidante pour demander davantage à ces trois en-chanteurs. Thierry Quénum