L’ombre de Billie Holiday un soir sur la Côte Basque
Dieu sait si le jazz n’envahit pas les salles de nos provinces françaises et c’est sans doute au hasard que l’on doit d’avoir eu à choisir ce soir-là – 14 janvier dernier – entre deux concerts mettant en vedette des chanteuses se proposant d’évoquer la vie de Billie Holiday. Il est vrai qu’en ces temps de vie culturelle aussi conventionnelle que conventionnée, l’hommage à une star de toujours attire souvent le chaland. Viktor Lazlo présentait donc son spectacle musical (mise en scène Eric-Emmanuel Schmitt) à la « Gare du Midi », salle de Biarritz où viennent se poser pour un soir les tournées promotionnées par la presse nationale à grand tirage. Je lui préférais le théâtre de Bayonne où la Scène Nationale programmait Tricia Evy qui y présentait (sans metteur en scène) son tour de chant Lady In Satin.
Théâtre de Bayonne, 14 janvier 2014.
TRICIA EVY (voc), Nicolas Montier (ts), David Fackeure (p), Thierry Fanfant (b), Francis Arnaud (dms).
Son dernier disque ne m’avait pas emballé. En outre, chanter Billie est toujours assez casse-gueule et j’étais curieux de voir comment la belle antillaise allait s’y prendre. La première surprise fut de trouver à mon arrivée un théâtre presque plein. Certes, le balcon était bourré de collégiens mais, après tout, n’est-ce pas normal qu’un tel organisme fasse découvrir le jazz aux jeunes générations, ce que ne manqua pas de me faire remarquer le maître des lieux. Il n’en reste pas moins que le parterre constituait déjà une belle salle et on comprit vite, lorsque la chanteuse entra sur scène, que l’on avait à faire à quelqu’un qui avait le sens des planches. Sans s’attarder sur sa plastique avantageuse, Tricia Evy a de la présence sur une scène où elle sait bouger, danser, et parler au public. A ce propos, le temps l’aidera sans doute à élaguer un discours qui se fait parfois logorrhée entre les morceaux.
La deuxième surprise fut de voir avec quelle habileté elle se sortait de cet hommage sans jamais essayer d’imiter Lady Day, se contentant de puiser dans un répertoire de standards en évitant la dramaturgie de Strange Fruits et l’enlisement dans une nostalgie déplacée. Son timbre chaud et son allant suffirent à convaincre une salle qui ne demandait qu’à être séduite, les musiciens de son orchestre participant largement au succès de l’entreprise. Avec son sens du show, Tricia Evy profita de On the Sunnyside of the Street pour les faire scatter les uns après les autres, nous rappelant les talents de chanteur de Nicolas Montier. Au ténor, sans vouloir mimer Lester Young à tout prix, il nous avait fait penser à Getz grâce à la fluidité de son jeu l’espace d’un The Man I Love sentant bon la bossa et, toute la soirée, sa sonorité bien pleine (qui n’avait pas besoin d’une sonorisation si forte) et son sens du swing nous fit boire du petit lait. Ce tour de l’orchestre ou la chanteuse tendit le micro à chacun de ses cats nous fit également découvrir Thierry Fanfant en clone de Slam Stewart, à moins que ce ne fût de Major Holley. Avant ce final, I’m A Fool To Want You (elle démarra par ce thème), I Love You Porgy, My Man, Love Me or Leave Me ou God Bless The Child avaient donné l’occasion à la chanteuse de mettre dans sa poche un public qui l’applaudit à tout rompre pour réclamer le traditionnel rappel. Réclamant notre indulgence, la belle s’arma d’une guitare qu’elle avoua ne pratiquer que depuis quelques mois et nous invita à découvrir Meet Me On The Bridge, une mélodie de sa composition aux accents folk-pop, bien balancée et suffisamment simple pour rester encore quelques minutes dans la tête de chacun. Sans doute le meilleur titre de son dernier disque qu’elle allait dédicacer quelques minutes plus tard.
Loin du spleen de Billie, de son swing sensuel et d’une voix qu’elle avait faite instrument, on venait de découvrir une chanteuse dont le sens de l’entertainment va l’immerger dans le monde radieux de la concurrence. Rentrant sous la pluie bayonnaise, je me demandais, après cette agréable soirée, combien d’auditeurs allaient écouter Lady Day d’ici à la fin de la semaine.
Philippe Vincent
P.S. Que celles et ceux qui ne seront pas trop loin ce jour-là de la capitale française du chocolat réservent leur soirée du 28 février. Après une de semaine de résidence et l’enregistrement d’un disque, Pierre Boussaguet et son septet composé de pointures donneront en concert le programme de l’album : A Guy Lafitte, body and soul.
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Dieu sait si le jazz n’envahit pas les salles de nos provinces françaises et c’est sans doute au hasard que l’on doit d’avoir eu à choisir ce soir-là – 14 janvier dernier – entre deux concerts mettant en vedette des chanteuses se proposant d’évoquer la vie de Billie Holiday. Il est vrai qu’en ces temps de vie culturelle aussi conventionnelle que conventionnée, l’hommage à une star de toujours attire souvent le chaland. Viktor Lazlo présentait donc son spectacle musical (mise en scène Eric-Emmanuel Schmitt) à la « Gare du Midi », salle de Biarritz où viennent se poser pour un soir les tournées promotionnées par la presse nationale à grand tirage. Je lui préférais le théâtre de Bayonne où la Scène Nationale programmait Tricia Evy qui y présentait (sans metteur en scène) son tour de chant Lady In Satin.
Théâtre de Bayonne, 14 janvier 2014.
TRICIA EVY (voc), Nicolas Montier (ts), David Fackeure (p), Thierry Fanfant (b), Francis Arnaud (dms).
Son dernier disque ne m’avait pas emballé. En outre, chanter Billie est toujours assez casse-gueule et j’étais curieux de voir comment la belle antillaise allait s’y prendre. La première surprise fut de trouver à mon arrivée un théâtre presque plein. Certes, le balcon était bourré de collégiens mais, après tout, n’est-ce pas normal qu’un tel organisme fasse découvrir le jazz aux jeunes générations, ce que ne manqua pas de me faire remarquer le maître des lieux. Il n’en reste pas moins que le parterre constituait déjà une belle salle et on comprit vite, lorsque la chanteuse entra sur scène, que l’on avait à faire à quelqu’un qui avait le sens des planches. Sans s’attarder sur sa plastique avantageuse, Tricia Evy a de la présence sur une scène où elle sait bouger, danser, et parler au public. A ce propos, le temps l’aidera sans doute à élaguer un discours qui se fait parfois logorrhée entre les morceaux.
La deuxième surprise fut de voir avec quelle habileté elle se sortait de cet hommage sans jamais essayer d’imiter Lady Day, se contentant de puiser dans un répertoire de standards en évitant la dramaturgie de Strange Fruits et l’enlisement dans une nostalgie déplacée. Son timbre chaud et son allant suffirent à convaincre une salle qui ne demandait qu’à être séduite, les musiciens de son orchestre participant largement au succès de l’entreprise. Avec son sens du show, Tricia Evy profita de On the Sunnyside of the Street pour les faire scatter les uns après les autres, nous rappelant les talents de chanteur de Nicolas Montier. Au ténor, sans vouloir mimer Lester Young à tout prix, il nous avait fait penser à Getz grâce à la fluidité de son jeu l’espace d’un The Man I Love sentant bon la bossa et, toute la soirée, sa sonorité bien pleine (qui n’avait pas besoin d’une sonorisation si forte) et son sens du swing nous fit boire du petit lait. Ce tour de l’orchestre ou la chanteuse tendit le micro à chacun de ses cats nous fit également découvrir Thierry Fanfant en clone de Slam Stewart, à moins que ce ne fût de Major Holley. Avant ce final, I’m A Fool To Want You (elle démarra par ce thème), I Love You Porgy, My Man, Love Me or Leave Me ou God Bless The Child avaient donné l’occasion à la chanteuse de mettre dans sa poche un public qui l’applaudit à tout rompre pour réclamer le traditionnel rappel. Réclamant notre indulgence, la belle s’arma d’une guitare qu’elle avoua ne pratiquer que depuis quelques mois et nous invita à découvrir Meet Me On The Bridge, une mélodie de sa composition aux accents folk-pop, bien balancée et suffisamment simple pour rester encore quelques minutes dans la tête de chacun. Sans doute le meilleur titre de son dernier disque qu’elle allait dédicacer quelques minutes plus tard.
Loin du spleen de Billie, de son swing sensuel et d’une voix qu’elle avait faite instrument, on venait de découvrir une chanteuse dont le sens de l’entertainment va l’immerger dans le monde radieux de la concurrence. Rentrant sous la pluie bayonnaise, je me demandais, après cette agréable soirée, combien d’auditeurs allaient écouter Lady Day d’ici à la fin de la semaine.
Philippe Vincent
P.S. Que celles et ceux qui ne seront pas trop loin ce jour-là de la capitale française du chocolat réservent leur soirée du 28 février. Après une de semaine de résidence et l’enregistrement d’un disque, Pierre Boussaguet et son septet composé de pointures donneront en concert le programme de l’album : A Guy Lafitte, body and soul.
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Dieu sait si le jazz n’envahit pas les salles de nos provinces françaises et c’est sans doute au hasard que l’on doit d’avoir eu à choisir ce soir-là – 14 janvier dernier – entre deux concerts mettant en vedette des chanteuses se proposant d’évoquer la vie de Billie Holiday. Il est vrai qu’en ces temps de vie culturelle aussi conventionnelle que conventionnée, l’hommage à une star de toujours attire souvent le chaland. Viktor Lazlo présentait donc son spectacle musical (mise en scène Eric-Emmanuel Schmitt) à la « Gare du Midi », salle de Biarritz où viennent se poser pour un soir les tournées promotionnées par la presse nationale à grand tirage. Je lui préférais le théâtre de Bayonne où la Scène Nationale programmait Tricia Evy qui y présentait (sans metteur en scène) son tour de chant Lady In Satin.
Théâtre de Bayonne, 14 janvier 2014.
TRICIA EVY (voc), Nicolas Montier (ts), David Fackeure (p), Thierry Fanfant (b), Francis Arnaud (dms).
Son dernier disque ne m’avait pas emballé. En outre, chanter Billie est toujours assez casse-gueule et j’étais curieux de voir comment la belle antillaise allait s’y prendre. La première surprise fut de trouver à mon arrivée un théâtre presque plein. Certes, le balcon était bourré de collégiens mais, après tout, n’est-ce pas normal qu’un tel organisme fasse découvrir le jazz aux jeunes générations, ce que ne manqua pas de me faire remarquer le maître des lieux. Il n’en reste pas moins que le parterre constituait déjà une belle salle et on comprit vite, lorsque la chanteuse entra sur scène, que l’on avait à faire à quelqu’un qui avait le sens des planches. Sans s’attarder sur sa plastique avantageuse, Tricia Evy a de la présence sur une scène où elle sait bouger, danser, et parler au public. A ce propos, le temps l’aidera sans doute à élaguer un discours qui se fait parfois logorrhée entre les morceaux.
La deuxième surprise fut de voir avec quelle habileté elle se sortait de cet hommage sans jamais essayer d’imiter Lady Day, se contentant de puiser dans un répertoire de standards en évitant la dramaturgie de Strange Fruits et l’enlisement dans une nostalgie déplacée. Son timbre chaud et son allant suffirent à convaincre une salle qui ne demandait qu’à être séduite, les musiciens de son orchestre participant largement au succès de l’entreprise. Avec son sens du show, Tricia Evy profita de On the Sunnyside of the Street pour les faire scatter les uns après les autres, nous rappelant les talents de chanteur de Nicolas Montier. Au ténor, sans vouloir mimer Lester Young à tout prix, il nous avait fait penser à Getz grâce à la fluidité de son jeu l’espace d’un The Man I Love sentant bon la bossa et, toute la soirée, sa sonorité bien pleine (qui n’avait pas besoin d’une sonorisation si forte) et son sens du swing nous fit boire du petit lait. Ce tour de l’orchestre ou la chanteuse tendit le micro à chacun de ses cats nous fit également découvrir Thierry Fanfant en clone de Slam Stewart, à moins que ce ne fût de Major Holley. Avant ce final, I’m A Fool To Want You (elle démarra par ce thème), I Love You Porgy, My Man, Love Me or Leave Me ou God Bless The Child avaient donné l’occasion à la chanteuse de mettre dans sa poche un public qui l’applaudit à tout rompre pour réclamer le traditionnel rappel. Réclamant notre indulgence, la belle s’arma d’une guitare qu’elle avoua ne pratiquer que depuis quelques mois et nous invita à découvrir Meet Me On The Bridge, une mélodie de sa composition aux accents folk-pop, bien balancée et suffisamment simple pour rester encore quelques minutes dans la tête de chacun. Sans doute le meilleur titre de son dernier disque qu’elle allait dédicacer quelques minutes plus tard.
Loin du spleen de Billie, de son swing sensuel et d’une voix qu’elle avait faite instrument, on venait de découvrir une chanteuse dont le sens de l’entertainment va l’immerger dans le monde radieux de la concurrence. Rentrant sous la pluie bayonnaise, je me demandais, après cette agréable soirée, combien d’auditeurs allaient écouter Lady Day d’ici à la fin de la semaine.
Philippe Vincent
P.S. Que celles et ceux qui ne seront pas trop loin ce jour-là de la capitale française du chocolat réservent leur soirée du 28 février. Après une de semaine de résidence et l’enregistrement d’un disque, Pierre Boussaguet et son septet composé de pointures donneront en concert le programme de l’album : A Guy Lafitte, body and soul.
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Dieu sait si le jazz n’envahit pas les salles de nos provinces françaises et c’est sans doute au hasard que l’on doit d’avoir eu à choisir ce soir-là – 14 janvier dernier – entre deux concerts mettant en vedette des chanteuses se proposant d’évoquer la vie de Billie Holiday. Il est vrai qu’en ces temps de vie culturelle aussi conventionnelle que conventionnée, l’hommage à une star de toujours attire souvent le chaland. Viktor Lazlo présentait donc son spectacle musical (mise en scène Eric-Emmanuel Schmitt) à la « Gare du Midi », salle de Biarritz où viennent se poser pour un soir les tournées promotionnées par la presse nationale à grand tirage. Je lui préférais le théâtre de Bayonne où la Scène Nationale programmait Tricia Evy qui y présentait (sans metteur en scène) son tour de chant Lady In Satin.
Théâtre de Bayonne, 14 janvier 2014.
TRICIA EVY (voc), Nicolas Montier (ts), David Fackeure (p), Thierry Fanfant (b), Francis Arnaud (dms).
Son dernier disque ne m’avait pas emballé. En outre, chanter Billie est toujours assez casse-gueule et j’étais curieux de voir comment la belle antillaise allait s’y prendre. La première surprise fut de trouver à mon arrivée un théâtre presque plein. Certes, le balcon était bourré de collégiens mais, après tout, n’est-ce pas normal qu’un tel organisme fasse découvrir le jazz aux jeunes générations, ce que ne manqua pas de me faire remarquer le maître des lieux. Il n’en reste pas moins que le parterre constituait déjà une belle salle et on comprit vite, lorsque la chanteuse entra sur scène, que l’on avait à faire à quelqu’un qui avait le sens des planches. Sans s’attarder sur sa plastique avantageuse, Tricia Evy a de la présence sur une scène où elle sait bouger, danser, et parler au public. A ce propos, le temps l’aidera sans doute à élaguer un discours qui se fait parfois logorrhée entre les morceaux.
La deuxième surprise fut de voir avec quelle habileté elle se sortait de cet hommage sans jamais essayer d’imiter Lady Day, se contentant de puiser dans un répertoire de standards en évitant la dramaturgie de Strange Fruits et l’enlisement dans une nostalgie déplacée. Son timbre chaud et son allant suffirent à convaincre une salle qui ne demandait qu’à être séduite, les musiciens de son orchestre participant largement au succès de l’entreprise. Avec son sens du show, Tricia Evy profita de On the Sunnyside of the Street pour les faire scatter les uns après les autres, nous rappelant les talents de chanteur de Nicolas Montier. Au ténor, sans vouloir mimer Lester Young à tout prix, il nous avait fait penser à Getz grâce à la fluidité de son jeu l’espace d’un The Man I Love sentant bon la bossa et, toute la soirée, sa sonorité bien pleine (qui n’avait pas besoin d’une sonorisation si forte) et son sens du swing nous fit boire du petit lait. Ce tour de l’orchestre ou la chanteuse tendit le micro à chacun de ses cats nous fit également découvrir Thierry Fanfant en clone de Slam Stewart, à moins que ce ne fût de Major Holley. Avant ce final, I’m A Fool To Want You (elle démarra par ce thème), I Love You Porgy, My Man, Love Me or Leave Me ou God Bless The Child avaient donné l’occasion à la chanteuse de mettre dans sa poche un public qui l’applaudit à tout rompre pour réclamer le traditionnel rappel. Réclamant notre indulgence, la belle s’arma d’une guitare qu’elle avoua ne pratiquer que depuis quelques mois et nous invita à découvrir Meet Me On The Bridge, une mélodie de sa composition aux accents folk-pop, bien balancée et suffisamment simple pour rester encore quelques minutes dans la tête de chacun. Sans doute le meilleur titre de son dernier disque qu’elle allait dédicacer quelques minutes plus tard.
Loin du spleen de Billie, de son swing sensuel et d’une voix qu’elle avait faite instrument, on venait de découvrir une chanteuse dont le sens de l’entertainment va l’immerger dans le monde radieux de la concurrence. Rentrant sous la pluie bayonnaise, je me demandais, après cette agréable soirée, combien d’auditeurs allaient écouter Lady Day d’ici à la fin de la semaine.
Philippe Vincent
P.S. Que celles et ceux qui ne seront pas trop loin ce jour-là de la capitale française du chocolat réservent leur soirée du 28 février. Après une de semaine de résidence et l’enregistrement d’un disque, Pierre Boussaguet et son septet composé de pointures donneront en concert le programme de l’album : A Guy Lafitte, body and soul.