Jazz live
Publié le 27 Fév 2014

Mario Laginha Novo Trio. Teatro São Luiz, Lisbonne, Portugal. 22/02.

Entendre Mario Laginha jouer au Portugal, c’est généralement avoir l’occasion de l’écouter dans des contextes autres que son duo avec la chanteuse Maria João, lequel se produit régulièrement dans les autres pays européens.

Mario Laginha Novo Trio. Teatro São Luiz, Lisbonne, Portugal. 22/02.

Mario Laginha (p), Bernardo Moreira (b), Miguel Amaral (guitare portugaise).

Ainsi, voici quelques années, aux Açores, j’avais écouté le pianiste dans le cadre d’un quartet avec lequel il jouait régulièrement depuis lurette, mais qu’il n’avait quasiment jamais emmené hors de son pays natal. Cette fois-ci c’est un trio tout nouveau que propose Laginha, et doublement nouveau puisqu’il comprend une guitare portugaise (instrument rare en jazz et qui commence à se chercher une place hors du traditionnel fado, dont il est un pilier) et pas de batterie. Dès le premier thème la guitare portugaise occupe une place centrale, tant au plan mélodique qu’harmonique, et elle semble entraîner ses partenaires dans une mélopée lente aux développements élégiaques où les lignes du piano s’entrecroisent avec celles des cordes pincées, soutenues par la basse discrète de Bernardo Moreira. Puis le piano reprend le dessus pour un morceau plus enlevé et plus « jarrettien » sur lequel il brode de somptueuses harmonies en solo avant que la guitare ne le rejoigne. Ca caracole et ça jubile, dans une veine lyrique typiquement méditerranéenne où Laginha excelle. Le problème de cette musique reste cependant le risque de tomber dans la joliesse répétitive — entre autres du fait de la rareté des changements de tempo — et celui de manquer de contrastes : les timbres du piano et de la guitare portugaise sont assez voisins, et le volume sonore de cette dernière est assez limité. Quant à la basse, elle se cantonne volontairement dans un registre faiblement étendu où son potentiel rythmique se trouve restreint. C’est donc dans le domaine mélodique qu’il faudra essentiellement chercher des sources de satisfaction. Et il est vrai que sur ce plan le toucher somptueux de Mario Laginha a largement de quoi contenter l’auditeur, d’autant qu’il s’octroie de larges plages en solo. Quant au contrepoint — un autre des domaines de prédilection du pianiste — il s’y livre avec sa virtuosité coutumière en compagnie de Miguel Amaral, un guitariste qui est de toute évidence un maître de son instrument et un pionnier de l’ouverture de la guitare portugaise à d’autres musiques, entre autres jazz et contemporaine. Ce trio tout nouveau a sans doute encore besoin de trouver ses marques dans le cadre de son entreprise de défrichage de territoires musicaux inédits, mais la « petite musique » personnelle qu’il distille est d’ores et déjà captivante. Le public du Teatro São Luiz de Lisbonne (dont Mario Laginha me confiait après le concert qu’il avait dû être un peu dérouté par ces sonorités nouvelles) semblait en tout cas sous le charme d’une musique qui fait sa « révolution » en douceur. Une musique qui mérite de résonner bientôt hors du Portugal, ce petit coin d’Europe chargé d’histoire et de culture où elle a vu le jour. Thierry Quénum

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Entendre Mario Laginha jouer au Portugal, c’est généralement avoir l’occasion de l’écouter dans des contextes autres que son duo avec la chanteuse Maria João, lequel se produit régulièrement dans les autres pays européens.

Mario Laginha Novo Trio. Teatro São Luiz, Lisbonne, Portugal. 22/02.

Mario Laginha (p), Bernardo Moreira (b), Miguel Amaral (guitare portugaise).

Ainsi, voici quelques années, aux Açores, j’avais écouté le pianiste dans le cadre d’un quartet avec lequel il jouait régulièrement depuis lurette, mais qu’il n’avait quasiment jamais emmené hors de son pays natal. Cette fois-ci c’est un trio tout nouveau que propose Laginha, et doublement nouveau puisqu’il comprend une guitare portugaise (instrument rare en jazz et qui commence à se chercher une place hors du traditionnel fado, dont il est un pilier) et pas de batterie. Dès le premier thème la guitare portugaise occupe une place centrale, tant au plan mélodique qu’harmonique, et elle semble entraîner ses partenaires dans une mélopée lente aux développements élégiaques où les lignes du piano s’entrecroisent avec celles des cordes pincées, soutenues par la basse discrète de Bernardo Moreira. Puis le piano reprend le dessus pour un morceau plus enlevé et plus « jarrettien » sur lequel il brode de somptueuses harmonies en solo avant que la guitare ne le rejoigne. Ca caracole et ça jubile, dans une veine lyrique typiquement méditerranéenne où Laginha excelle. Le problème de cette musique reste cependant le risque de tomber dans la joliesse répétitive — entre autres du fait de la rareté des changements de tempo — et celui de manquer de contrastes : les timbres du piano et de la guitare portugaise sont assez voisins, et le volume sonore de cette dernière est assez limité. Quant à la basse, elle se cantonne volontairement dans un registre faiblement étendu où son potentiel rythmique se trouve restreint. C’est donc dans le domaine mélodique qu’il faudra essentiellement chercher des sources de satisfaction. Et il est vrai que sur ce plan le toucher somptueux de Mario Laginha a largement de quoi contenter l’auditeur, d’autant qu’il s’octroie de larges plages en solo. Quant au contrepoint — un autre des domaines de prédilection du pianiste — il s’y livre avec sa virtuosité coutumière en compagnie de Miguel Amaral, un guitariste qui est de toute évidence un maître de son instrument et un pionnier de l’ouverture de la guitare portugaise à d’autres musiques, entre autres jazz et contemporaine. Ce trio tout nouveau a sans doute encore besoin de trouver ses marques dans le cadre de son entreprise de défrichage de territoires musicaux inédits, mais la « petite musique » personnelle qu’il distille est d’ores et déjà captivante. Le public du Teatro São Luiz de Lisbonne (dont Mario Laginha me confiait après le concert qu’il avait dû être un peu dérouté par ces sonorités nouvelles) semblait en tout cas sous le charme d’une musique qui fait sa « révolution » en douceur. Une musique qui mérite de résonner bientôt hors du Portugal, ce petit coin d’Europe chargé d’histoire et de culture où elle a vu le jour. Thierry Quénum

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Entendre Mario Laginha jouer au Portugal, c’est généralement avoir l’occasion de l’écouter dans des contextes autres que son duo avec la chanteuse Maria João, lequel se produit régulièrement dans les autres pays européens.

Mario Laginha Novo Trio. Teatro São Luiz, Lisbonne, Portugal. 22/02.

Mario Laginha (p), Bernardo Moreira (b), Miguel Amaral (guitare portugaise).

Ainsi, voici quelques années, aux Açores, j’avais écouté le pianiste dans le cadre d’un quartet avec lequel il jouait régulièrement depuis lurette, mais qu’il n’avait quasiment jamais emmené hors de son pays natal. Cette fois-ci c’est un trio tout nouveau que propose Laginha, et doublement nouveau puisqu’il comprend une guitare portugaise (instrument rare en jazz et qui commence à se chercher une place hors du traditionnel fado, dont il est un pilier) et pas de batterie. Dès le premier thème la guitare portugaise occupe une place centrale, tant au plan mélodique qu’harmonique, et elle semble entraîner ses partenaires dans une mélopée lente aux développements élégiaques où les lignes du piano s’entrecroisent avec celles des cordes pincées, soutenues par la basse discrète de Bernardo Moreira. Puis le piano reprend le dessus pour un morceau plus enlevé et plus « jarrettien » sur lequel il brode de somptueuses harmonies en solo avant que la guitare ne le rejoigne. Ca caracole et ça jubile, dans une veine lyrique typiquement méditerranéenne où Laginha excelle. Le problème de cette musique reste cependant le risque de tomber dans la joliesse répétitive — entre autres du fait de la rareté des changements de tempo — et celui de manquer de contrastes : les timbres du piano et de la guitare portugaise sont assez voisins, et le volume sonore de cette dernière est assez limité. Quant à la basse, elle se cantonne volontairement dans un registre faiblement étendu où son potentiel rythmique se trouve restreint. C’est donc dans le domaine mélodique qu’il faudra essentiellement chercher des sources de satisfaction. Et il est vrai que sur ce plan le toucher somptueux de Mario Laginha a largement de quoi contenter l’auditeur, d’autant qu’il s’octroie de larges plages en solo. Quant au contrepoint — un autre des domaines de prédilection du pianiste — il s’y livre avec sa virtuosité coutumière en compagnie de Miguel Amaral, un guitariste qui est de toute évidence un maître de son instrument et un pionnier de l’ouverture de la guitare portugaise à d’autres musiques, entre autres jazz et contemporaine. Ce trio tout nouveau a sans doute encore besoin de trouver ses marques dans le cadre de son entreprise de défrichage de territoires musicaux inédits, mais la « petite musique » personnelle qu’il distille est d’ores et déjà captivante. Le public du Teatro São Luiz de Lisbonne (dont Mario Laginha me confiait après le concert qu’il avait dû être un peu dérouté par ces sonorités nouvelles) semblait en tout cas sous le charme d’une musique qui fait sa « révolution » en douceur. Une musique qui mérite de résonner bientôt hors du Portugal, ce petit coin d’Europe chargé d’histoire et de culture où elle a vu le jour. Thierry Quénum

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Entendre Mario Laginha jouer au Portugal, c’est généralement avoir l’occasion de l’écouter dans des contextes autres que son duo avec la chanteuse Maria João, lequel se produit régulièrement dans les autres pays européens.

Mario Laginha Novo Trio. Teatro São Luiz, Lisbonne, Portugal. 22/02.

Mario Laginha (p), Bernardo Moreira (b), Miguel Amaral (guitare portugaise).

Ainsi, voici quelques années, aux Açores, j’avais écouté le pianiste dans le cadre d’un quartet avec lequel il jouait régulièrement depuis lurette, mais qu’il n’avait quasiment jamais emmené hors de son pays natal. Cette fois-ci c’est un trio tout nouveau que propose Laginha, et doublement nouveau puisqu’il comprend une guitare portugaise (instrument rare en jazz et qui commence à se chercher une place hors du traditionnel fado, dont il est un pilier) et pas de batterie. Dès le premier thème la guitare portugaise occupe une place centrale, tant au plan mélodique qu’harmonique, et elle semble entraîner ses partenaires dans une mélopée lente aux développements élégiaques où les lignes du piano s’entrecroisent avec celles des cordes pincées, soutenues par la basse discrète de Bernardo Moreira. Puis le piano reprend le dessus pour un morceau plus enlevé et plus « jarrettien » sur lequel il brode de somptueuses harmonies en solo avant que la guitare ne le rejoigne. Ca caracole et ça jubile, dans une veine lyrique typiquement méditerranéenne où Laginha excelle. Le problème de cette musique reste cependant le risque de tomber dans la joliesse répétitive — entre autres du fait de la rareté des changements de tempo — et celui de manquer de contrastes : les timbres du piano et de la guitare portugaise sont assez voisins, et le volume sonore de cette dernière est assez limité. Quant à la basse, elle se cantonne volontairement dans un registre faiblement étendu où son potentiel rythmique se trouve restreint. C’est donc dans le domaine mélodique qu’il faudra essentiellement chercher des sources de satisfaction. Et il est vrai que sur ce plan le toucher somptueux de Mario Laginha a largement de quoi contenter l’auditeur, d’autant qu’il s’octroie de larges plages en solo. Quant au contrepoint — un autre des domaines de prédilection du pianiste — il s’y livre avec sa virtuosité coutumière en compagnie de Miguel Amaral, un guitariste qui est de toute évidence un maître de son instrument et un pionnier de l’ouverture de la guitare portugaise à d’autres musiques, entre autres jazz et contemporaine. Ce trio tout nouveau a sans doute encore besoin de trouver ses marques dans le cadre de son entreprise de défrichage de territoires musicaux inédits, mais la « petite musique » personnelle qu’il distille est d’ores et déjà captivante. Le public du Teatro São Luiz de Lisbonne (dont Mario Laginha me confiait après le concert qu’il avait dû être un peu dérouté par ces sonorités nouvelles) semblait en tout cas sous le charme d’une musique qui fait sa « révolution » en douceur. Une musique qui mérite de résonner bientôt hors du Portugal, ce petit coin d’Europe chargé d’histoire et de culture où elle a vu le jour. Thierry Quénum