Banlieues bleues, Vincent Peirani, Emile Parisien et l’Art Sonic
Le 31 mars dernier Joce Minniel et Sylvain Rifflet présentait leur Art Sonic et le duo Emile Parisien-Vincent Peirani transcendait la musique de leur disque “Belle Epoque”.
La Dynamo, Pantin, Festival Banlieues bleues (93), le 31 mars.
Ensemble Art Sonic : Joce Mienniel (flûte), Cédric Chatelain (hautbois, cor anglais), Sylvain Rifflet (clarinettes), Baptise Germser (cor), Sophie Bernardo (basson).
Emile Parisien (saxophone soprano), Vincent Peirani (accordéon).
L’Ensemble Art Sonic, l’un des nombreux ronds points sur les routes croisées de Joce Mienniel et de Sylvain Rifflet. « Leur obsession ? Le son dans tous ses états » C’est ce que nous apprend le dossier de presse. C’est par cette dimension du son que m’a captivé la prestation de cet orchestre de chambre qui fonctionne comme tel, avec partitions et une part très modeste laissée, si j’ai bien suivi, à l’improvisation. Maîtrise du son, tant au niveau individuelle où toutes sortes de pratiques instrumentales dites “étendues” sont requises avec un mélange impressionnant de self control et d’aisance, qu’au niveau collectif, à travers un placement collectif beaucoup plus saisissant, me semble-t-il, il y a deux jours à la Dynamo que sur les quelques captations que l’on peut découvrir sur le net. Le tout au service d’une écriture qui est d’abord un admirable travail de coloriste, le reste servant de prétexte à l’exploration de tous les possibles de la palette mise à disposition par cet assemblage orchestral. Cette perception et le plaisir à contresens que j’ai pris à cette première partie découle peut-être d’une esthétique où les contours mélodiques relève d’un minimalisme auquel je n’ai jamais été très sensible. Les motifs sujets à variations se juxtaposent trop à mon goût, en dépit de l’ingéniosité de ces variations et des liens qui en assurent la continuité. Malgré une foule de réminiscences à des musiques qui me parlent plus (le Stravinsky du Sacre, je ne sais pas pourquoi fugitivement mais à plusieurs reprises Clément Jannequin, chacun à leurs façons pionniers du minimaliste, Frank Zappa) il m’y manque ce grand souffle, de récit qu’assure au jazz le flow improvisé (au risque du bavardage) ou qui porte la grande tradition héritée de la forme sonate ou même de ce récit rythmique qui surent dispenser certains répétitifs, faute de quoi je redoute le décoratif.
J’abordai la seconde partie non sans quelque prévenance. Le son l’accordéon, ses tournures et ses genres, on s’y est souvent laissé choper sans résistance. Tournures et genres auxquels n’échappe pas Vincent Peirani. C’est toujours la même question. Faut-il jouer contre l’accordéon ? Faut-il jouer contre sa mémoire ? Vincent Peirani, lui, joue contre et avec. Il ne choisit pas. Alors l’Emile, qu’est-ce qu’il fait là ? A quel renoncement se livre-t-il après les abstractions de l’Emile Parisien Quartet ? C’est la première fois que je viens les écouter et je n’ai du disque qu’une écoute partielle et superficielle. Ai-je tardé par peur de la réponse ? La réponse est là, éclatante ! Oui, musiques de genre : orientalismes de Bechet (et l’ironie de la réplique à la commande faite par leur producteur d’un hommage à Bechet qui se réduit à ces deux compositions, Egyptian Fantasy et Casbah), ragtime (et là encore un Bechet de la marge mais dont Emile Parisien vise l’essence tendre et violente), rythmes impairs et accordéon virtuose de la Macédoine, air classique (la caution que les accordéonistes aiment à brandir), l’illustration sonore à la Maurice Jaubert pour documentaires “éclusiers” ou films “Paris-faubourg”, grand morceau de bravoure accordéonistique… Mais ils transposent tout ça avec une musicalité, une inventivité, une capacité à sortir des cadres et tordre les canevas, plus librement qu’il le font sur le disque, et sans tête à queue ni faute de goût, avec une légèreté, un humour et une puissance de conviction qui laissent sans voix.
Ce soir, les Banlieues bleues, c’est au Pôle musical d’Orgemont d’Epinay-sur-Seine le “Transcendence Project” du batteur Jaimeo Brown avec Jaleel Shaw (sax ténor) et Chris Sholar (guitare), “révélation” de Jazzmag pour ce projet autour des chants de l’église noire d’Alabama et l’invitation faite au guitariste Nels Cline par le trio Medeski, Martin & Wood. Franck Bergerot
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Le 31 mars dernier Joce Minniel et Sylvain Rifflet présentait leur Art Sonic et le duo Emile Parisien-Vincent Peirani transcendait la musique de leur disque “Belle Epoque”.
La Dynamo, Pantin, Festival Banlieues bleues (93), le 31 mars.
Ensemble Art Sonic : Joce Mienniel (flûte), Cédric Chatelain (hautbois, cor anglais), Sylvain Rifflet (clarinettes), Baptise Germser (cor), Sophie Bernardo (basson).
Emile Parisien (saxophone soprano), Vincent Peirani (accordéon).
L’Ensemble Art Sonic, l’un des nombreux ronds points sur les routes croisées de Joce Mienniel et de Sylvain Rifflet. « Leur obsession ? Le son dans tous ses états » C’est ce que nous apprend le dossier de presse. C’est par cette dimension du son que m’a captivé la prestation de cet orchestre de chambre qui fonctionne comme tel, avec partitions et une part très modeste laissée, si j’ai bien suivi, à l’improvisation. Maîtrise du son, tant au niveau individuelle où toutes sortes de pratiques instrumentales dites “étendues” sont requises avec un mélange impressionnant de self control et d’aisance, qu’au niveau collectif, à travers un placement collectif beaucoup plus saisissant, me semble-t-il, il y a deux jours à la Dynamo que sur les quelques captations que l’on peut découvrir sur le net. Le tout au service d’une écriture qui est d’abord un admirable travail de coloriste, le reste servant de prétexte à l’exploration de tous les possibles de la palette mise à disposition par cet assemblage orchestral. Cette perception et le plaisir à contresens que j’ai pris à cette première partie découle peut-être d’une esthétique où les contours mélodiques relève d’un minimalisme auquel je n’ai jamais été très sensible. Les motifs sujets à variations se juxtaposent trop à mon goût, en dépit de l’ingéniosité de ces variations et des liens qui en assurent la continuité. Malgré une foule de réminiscences à des musiques qui me parlent plus (le Stravinsky du Sacre, je ne sais pas pourquoi fugitivement mais à plusieurs reprises Clément Jannequin, chacun à leurs façons pionniers du minimaliste, Frank Zappa) il m’y manque ce grand souffle, de récit qu’assure au jazz le flow improvisé (au risque du bavardage) ou qui porte la grande tradition héritée de la forme sonate ou même de ce récit rythmique qui surent dispenser certains répétitifs, faute de quoi je redoute le décoratif.
J’abordai la seconde partie non sans quelque prévenance. Le son l’accordéon, ses tournures et ses genres, on s’y est souvent laissé choper sans résistance. Tournures et genres auxquels n’échappe pas Vincent Peirani. C’est toujours la même question. Faut-il jouer contre l’accordéon ? Faut-il jouer contre sa mémoire ? Vincent Peirani, lui, joue contre et avec. Il ne choisit pas. Alors l’Emile, qu’est-ce qu’il fait là ? A quel renoncement se livre-t-il après les abstractions de l’Emile Parisien Quartet ? C’est la première fois que je viens les écouter et je n’ai du disque qu’une écoute partielle et superficielle. Ai-je tardé par peur de la réponse ? La réponse est là, éclatante ! Oui, musiques de genre : orientalismes de Bechet (et l’ironie de la réplique à la commande faite par leur producteur d’un hommage à Bechet qui se réduit à ces deux compositions, Egyptian Fantasy et Casbah), ragtime (et là encore un Bechet de la marge mais dont Emile Parisien vise l’essence tendre et violente), rythmes impairs et accordéon virtuose de la Macédoine, air classique (la caution que les accordéonistes aiment à brandir), l’illustration sonore à la Maurice Jaubert pour documentaires “éclusiers” ou films “Paris-faubourg”, grand morceau de bravoure accordéonistique… Mais ils transposent tout ça avec une musicalité, une inventivité, une capacité à sortir des cadres et tordre les canevas, plus librement qu’il le font sur le disque, et sans tête à queue ni faute de goût, avec une légèreté, un humour et une puissance de conviction qui laissent sans voix.
Ce soir, les Banlieues bleues, c’est au Pôle musical d’Orgemont d’Epinay-sur-Seine le “Transcendence Project” du batteur Jaimeo Brown avec Jaleel Shaw (sax ténor) et Chris Sholar (guitare), “révélation” de Jazzmag pour ce projet autour des chants de l’église noire d’Alabama et l’invitation faite au guitariste Nels Cline par le trio Medeski, Martin & Wood. Franck Bergerot
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Le 31 mars dernier Joce Minniel et Sylvain Rifflet présentait leur Art Sonic et le duo Emile Parisien-Vincent Peirani transcendait la musique de leur disque “Belle Epoque”.
La Dynamo, Pantin, Festival Banlieues bleues (93), le 31 mars.
Ensemble Art Sonic : Joce Mienniel (flûte), Cédric Chatelain (hautbois, cor anglais), Sylvain Rifflet (clarinettes), Baptise Germser (cor), Sophie Bernardo (basson).
Emile Parisien (saxophone soprano), Vincent Peirani (accordéon).
L’Ensemble Art Sonic, l’un des nombreux ronds points sur les routes croisées de Joce Mienniel et de Sylvain Rifflet. « Leur obsession ? Le son dans tous ses états » C’est ce que nous apprend le dossier de presse. C’est par cette dimension du son que m’a captivé la prestation de cet orchestre de chambre qui fonctionne comme tel, avec partitions et une part très modeste laissée, si j’ai bien suivi, à l’improvisation. Maîtrise du son, tant au niveau individuelle où toutes sortes de pratiques instrumentales dites “étendues” sont requises avec un mélange impressionnant de self control et d’aisance, qu’au niveau collectif, à travers un placement collectif beaucoup plus saisissant, me semble-t-il, il y a deux jours à la Dynamo que sur les quelques captations que l’on peut découvrir sur le net. Le tout au service d’une écriture qui est d’abord un admirable travail de coloriste, le reste servant de prétexte à l’exploration de tous les possibles de la palette mise à disposition par cet assemblage orchestral. Cette perception et le plaisir à contresens que j’ai pris à cette première partie découle peut-être d’une esthétique où les contours mélodiques relève d’un minimalisme auquel je n’ai jamais été très sensible. Les motifs sujets à variations se juxtaposent trop à mon goût, en dépit de l’ingéniosité de ces variations et des liens qui en assurent la continuité. Malgré une foule de réminiscences à des musiques qui me parlent plus (le Stravinsky du Sacre, je ne sais pas pourquoi fugitivement mais à plusieurs reprises Clément Jannequin, chacun à leurs façons pionniers du minimaliste, Frank Zappa) il m’y manque ce grand souffle, de récit qu’assure au jazz le flow improvisé (au risque du bavardage) ou qui porte la grande tradition héritée de la forme sonate ou même de ce récit rythmique qui surent dispenser certains répétitifs, faute de quoi je redoute le décoratif.
J’abordai la seconde partie non sans quelque prévenance. Le son l’accordéon, ses tournures et ses genres, on s’y est souvent laissé choper sans résistance. Tournures et genres auxquels n’échappe pas Vincent Peirani. C’est toujours la même question. Faut-il jouer contre l’accordéon ? Faut-il jouer contre sa mémoire ? Vincent Peirani, lui, joue contre et avec. Il ne choisit pas. Alors l’Emile, qu’est-ce qu’il fait là ? A quel renoncement se livre-t-il après les abstractions de l’Emile Parisien Quartet ? C’est la première fois que je viens les écouter et je n’ai du disque qu’une écoute partielle et superficielle. Ai-je tardé par peur de la réponse ? La réponse est là, éclatante ! Oui, musiques de genre : orientalismes de Bechet (et l’ironie de la réplique à la commande faite par leur producteur d’un hommage à Bechet qui se réduit à ces deux compositions, Egyptian Fantasy et Casbah), ragtime (et là encore un Bechet de la marge mais dont Emile Parisien vise l’essence tendre et violente), rythmes impairs et accordéon virtuose de la Macédoine, air classique (la caution que les accordéonistes aiment à brandir), l’illustration sonore à la Maurice Jaubert pour documentaires “éclusiers” ou films “Paris-faubourg”, grand morceau de bravoure accordéonistique… Mais ils transposent tout ça avec une musicalité, une inventivité, une capacité à sortir des cadres et tordre les canevas, plus librement qu’il le font sur le disque, et sans tête à queue ni faute de goût, avec une légèreté, un humour et une puissance de conviction qui laissent sans voix.
Ce soir, les Banlieues bleues, c’est au Pôle musical d’Orgemont d’Epinay-sur-Seine le “Transcendence Project” du batteur Jaimeo Brown avec Jaleel Shaw (sax ténor) et Chris Sholar (guitare), “révélation” de Jazzmag pour ce projet autour des chants de l’église noire d’Alabama et l’invitation faite au guitariste Nels Cline par le trio Medeski, Martin & Wood. Franck Bergerot
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Le 31 mars dernier Joce Minniel et Sylvain Rifflet présentait leur Art Sonic et le duo Emile Parisien-Vincent Peirani transcendait la musique de leur disque “Belle Epoque”.
La Dynamo, Pantin, Festival Banlieues bleues (93), le 31 mars.
Ensemble Art Sonic : Joce Mienniel (flûte), Cédric Chatelain (hautbois, cor anglais), Sylvain Rifflet (clarinettes), Baptise Germser (cor), Sophie Bernardo (basson).
Emile Parisien (saxophone soprano), Vincent Peirani (accordéon).
L’Ensemble Art Sonic, l’un des nombreux ronds points sur les routes croisées de Joce Mienniel et de Sylvain Rifflet. « Leur obsession ? Le son dans tous ses états » C’est ce que nous apprend le dossier de presse. C’est par cette dimension du son que m’a captivé la prestation de cet orchestre de chambre qui fonctionne comme tel, avec partitions et une part très modeste laissée, si j’ai bien suivi, à l’improvisation. Maîtrise du son, tant au niveau individuelle où toutes sortes de pratiques instrumentales dites “étendues” sont requises avec un mélange impressionnant de self control et d’aisance, qu’au niveau collectif, à travers un placement collectif beaucoup plus saisissant, me semble-t-il, il y a deux jours à la Dynamo que sur les quelques captations que l’on peut découvrir sur le net. Le tout au service d’une écriture qui est d’abord un admirable travail de coloriste, le reste servant de prétexte à l’exploration de tous les possibles de la palette mise à disposition par cet assemblage orchestral. Cette perception et le plaisir à contresens que j’ai pris à cette première partie découle peut-être d’une esthétique où les contours mélodiques relève d’un minimalisme auquel je n’ai jamais été très sensible. Les motifs sujets à variations se juxtaposent trop à mon goût, en dépit de l’ingéniosité de ces variations et des liens qui en assurent la continuité. Malgré une foule de réminiscences à des musiques qui me parlent plus (le Stravinsky du Sacre, je ne sais pas pourquoi fugitivement mais à plusieurs reprises Clément Jannequin, chacun à leurs façons pionniers du minimaliste, Frank Zappa) il m’y manque ce grand souffle, de récit qu’assure au jazz le flow improvisé (au risque du bavardage) ou qui porte la grande tradition héritée de la forme sonate ou même de ce récit rythmique qui surent dispenser certains répétitifs, faute de quoi je redoute le décoratif.
J’abordai la seconde partie non sans quelque prévenance. Le son l’accordéon, ses tournures et ses genres, on s’y est souvent laissé choper sans résistance. Tournures et genres auxquels n’échappe pas Vincent Peirani. C’est toujours la même question. Faut-il jouer contre l’accordéon ? Faut-il jouer contre sa mémoire ? Vincent Peirani, lui, joue contre et avec. Il ne choisit pas. Alors l’Emile, qu’est-ce qu’il fait là ? A quel renoncement se livre-t-il après les abstractions de l’Emile Parisien Quartet ? C’est la première fois que je viens les écouter et je n’ai du disque qu’une écoute partielle et superficielle. Ai-je tardé par peur de la réponse ? La réponse est là, éclatante ! Oui, musiques de genre : orientalismes de Bechet (et l’ironie de la réplique à la commande faite par leur producteur d’un hommage à Bechet qui se réduit à ces deux compositions, Egyptian Fantasy et Casbah), ragtime (et là encore un Bechet de la marge mais dont Emile Parisien vise l’essence tendre et violente), rythmes impairs et accordéon virtuose de la Macédoine, air classique (la caution que les accordéonistes aiment à brandir), l’illustration sonore à la Maurice Jaubert pour documentaires “éclusiers” ou films “Paris-faubourg”, grand morceau de bravoure accordéonistique… Mais ils transposent tout ça avec une musicalité, une inventivité, une capacité à sortir des cadres et tordre les canevas, plus librement qu’il le font sur le disque, et sans tête à queue ni faute de goût, avec une légèreté, un humour et une puissance de conviction qui laissent sans voix.
Ce soir, les Banlieues bleues, c’est au Pôle musical d’Orgemont d’Epinay-sur-Seine le “Transcendence Project” du batteur Jaimeo Brown avec Jaleel Shaw (sax ténor) et Chris Sholar (guitare), “révélation” de Jazzmag pour ce projet autour des chants de l’église noire d’Alabama et l’invitation faite au guitariste Nels Cline par le trio Medeski, Martin & Wood. Franck Bergerot