Europa Jazz, le final (4), S.Courvoisier/M.Feldman, P.Contet/J.Léandre duo, D. Rea/F.Boltro, McLorin
Je parie qu’on va encore se demander ce qui est jazz et ce qui ne l’est pas. Pire, quand on sera sûr que c’en est, on va se poser la question de savoir si, au fond, on aime vraiment ça ! Rembobinage…
Sylvie Courvoisier (p), Mark Feldman (vln)
Pascal Contet (acc), Joëlle Léandre (b), Paulo
Danilo Rea (p), Flavio Boltro (tp), « Opera »
Cécile Mc Lorin Salvant : Cécile Mc Lorin Salvant (voc), Aaron Dielh (p), Paul Sikivie (b), unknown (dm)
Cécile Mc Lorin Salvant
Je l’ai connue débutante, il y a deux étés à St Emilion, aux côtés de Jacky Terrasson, et elle m’avait assis par son interprétation du Je te veux d’Erik Satie. Une mélodie déjà fort belle, qu’elle avait su transfigurer encore par un tempo très lent, une manière de découper la langue sublime, et un sens de la cajolerie irrésistible. Le concert de Monségur, l’an dernier, m’avait laissé sur ma faim, mais c’était trop tard dans la nuit, elle avait la voix cassée, rien que des ennuis. Hier soir, au Mans, dans le cadre du dortoir des moines, tout se présentait donc bien. Et de fait : les graves sont aussi profonds et aussi séducteurs que ceux de Sarah Vaughan, les aigus sont radieux, elle a une voix de tête qui la met sur les rangs de la succession de Blossom Dearie, tout y est. Ajoutez une pronciation parfaite, et surtout une façon de détacher les mots du français qui leur font rendre un sens nouveau, et vous avez tous les éléments d’une adhésion totale. Et bien non. Quelque chose ne va pas encore. Dans l’accompagnement, qui est bien meilleur quand elle dialogue avec son seul pianiste. Dans le répertoire, qui est original mais bien plus convaincant dans notre langue que dans l’américain du « jazz ». Elle me ferait aimer le répertoire de Barbara, mais elle ne me prend pas dans tout ce qui connote le retour de la planète swing. Que voulez-vous, c’est comme ça depuis longtemps. Les chanteuses de jazz ont balisé le terrain d’une façon qui rend le travail de leurs consoeurs impossible. Hier soir, nous avons eu droit (entre autres) à Yesterdays, Nobody, Le front caché sur tes genoux (admirable), He’s Gone Again, Laugh Clown Laugh, Wifes And Lovers, So In Love, et enfin un What A Little Moonlight Can Do, qui m’a replongé dans le monde de Betty Carter au point que j’en ai été poursuivi toute la nuit.
Auparavant, nous avions eu droit à un début de soirée « bel canto » sans le chant mais avec l’Italie. Danilo Rea et Flavio Boltro n’ont pas réussi à égaler le travail effectué naguère par Carla Bley, Jaki Byard et quelques autres autour de Nino Rota, ni celui qu’Enrico Rava su déployer autour de Puccini, mais ils se sont efforcés de nous faire chanter intérieurement avec Mio Babbino Caro (Puccini), l’ouverture du Barbier (Rossini), Baga Luna de Bellini, le Libiamo de Traviata, avec au passage une citation de Over The Rainbow, Nessun Dorma de Puccini encore, Vissi d’Arte, E Lucevan Le Stelle, l’ouverure de Guillaume Tell, et Casta Diva en rappel. Une certaine emphase, beaucoup d’effets techniques, rien d’inoubliable, mais rien d’indécent non plus.
Pascal Contet et Joëlle Léandre n’en sont pas à leur premier duo. Ils ont même trois enregistrements à leur actif, depuis ving ans, et la rencontre réserve à chaque fois des surprises, des éclairages nouveaux. Hier c’est Pascal qui a mené la barque pendant les 2/3 du concert, en longues notes tenues, jouées en douceur, avant que Joëlle ne déploie l’étendard de la révolte sur la fin. Sur la photo, on voit Paulo, sagement assis à côté de son maître. Joëlle Léandre est cachée…
Quant à Mark et Sylvie, ils ont enchanté l’auditoire par leur musique. Une irradiation constante, beaucoup d’engagement, une complicité qui fait plaisir. Une sorte de nouveau classicisme dans le registre contemporain. On les retrouvera à Arles, bientôt.
Philippe Méziat
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Je parie qu’on va encore se demander ce qui est jazz et ce qui ne l’est pas. Pire, quand on sera sûr que c’en est, on va se poser la question de savoir si, au fond, on aime vraiment ça ! Rembobinage…
Sylvie Courvoisier (p), Mark Feldman (vln)
Pascal Contet (acc), Joëlle Léandre (b), Paulo
Danilo Rea (p), Flavio Boltro (tp), « Opera »
Cécile Mc Lorin Salvant : Cécile Mc Lorin Salvant (voc), Aaron Dielh (p), Paul Sikivie (b), unknown (dm)
Cécile Mc Lorin Salvant
Je l’ai connue débutante, il y a deux étés à St Emilion, aux côtés de Jacky Terrasson, et elle m’avait assis par son interprétation du Je te veux d’Erik Satie. Une mélodie déjà fort belle, qu’elle avait su transfigurer encore par un tempo très lent, une manière de découper la langue sublime, et un sens de la cajolerie irrésistible. Le concert de Monségur, l’an dernier, m’avait laissé sur ma faim, mais c’était trop tard dans la nuit, elle avait la voix cassée, rien que des ennuis. Hier soir, au Mans, dans le cadre du dortoir des moines, tout se présentait donc bien. Et de fait : les graves sont aussi profonds et aussi séducteurs que ceux de Sarah Vaughan, les aigus sont radieux, elle a une voix de tête qui la met sur les rangs de la succession de Blossom Dearie, tout y est. Ajoutez une pronciation parfaite, et surtout une façon de détacher les mots du français qui leur font rendre un sens nouveau, et vous avez tous les éléments d’une adhésion totale. Et bien non. Quelque chose ne va pas encore. Dans l’accompagnement, qui est bien meilleur quand elle dialogue avec son seul pianiste. Dans le répertoire, qui est original mais bien plus convaincant dans notre langue que dans l’américain du « jazz ». Elle me ferait aimer le répertoire de Barbara, mais elle ne me prend pas dans tout ce qui connote le retour de la planète swing. Que voulez-vous, c’est comme ça depuis longtemps. Les chanteuses de jazz ont balisé le terrain d’une façon qui rend le travail de leurs consoeurs impossible. Hier soir, nous avons eu droit (entre autres) à Yesterdays, Nobody, Le front caché sur tes genoux (admirable), He’s Gone Again, Laugh Clown Laugh, Wifes And Lovers, So In Love, et enfin un What A Little Moonlight Can Do, qui m’a replongé dans le monde de Betty Carter au point que j’en ai été poursuivi toute la nuit.
Auparavant, nous avions eu droit à un début de soirée « bel canto » sans le chant mais avec l’Italie. Danilo Rea et Flavio Boltro n’ont pas réussi à égaler le travail effectué naguère par Carla Bley, Jaki Byard et quelques autres autour de Nino Rota, ni celui qu’Enrico Rava su déployer autour de Puccini, mais ils se sont efforcés de nous faire chanter intérieurement avec Mio Babbino Caro (Puccini), l’ouverture du Barbier (Rossini), Baga Luna de Bellini, le Libiamo de Traviata, avec au passage une citation de Over The Rainbow, Nessun Dorma de Puccini encore, Vissi d’Arte, E Lucevan Le Stelle, l’ouverure de Guillaume Tell, et Casta Diva en rappel. Une certaine emphase, beaucoup d’effets techniques, rien d’inoubliable, mais rien d’indécent non plus.
Pascal Contet et Joëlle Léandre n’en sont pas à leur premier duo. Ils ont même trois enregistrements à leur actif, depuis ving ans, et la rencontre réserve à chaque fois des surprises, des éclairages nouveaux. Hier c’est Pascal qui a mené la barque pendant les 2/3 du concert, en longues notes tenues, jouées en douceur, avant que Joëlle ne déploie l’étendard de la révolte sur la fin. Sur la photo, on voit Paulo, sagement assis à côté de son maître. Joëlle Léandre est cachée…
Quant à Mark et Sylvie, ils ont enchanté l’auditoire par leur musique. Une irradiation constante, beaucoup d’engagement, une complicité qui fait plaisir. Une sorte de nouveau classicisme dans le registre contemporain. On les retrouvera à Arles, bientôt.
Philippe Méziat
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Je parie qu’on va encore se demander ce qui est jazz et ce qui ne l’est pas. Pire, quand on sera sûr que c’en est, on va se poser la question de savoir si, au fond, on aime vraiment ça ! Rembobinage…
Sylvie Courvoisier (p), Mark Feldman (vln)
Pascal Contet (acc), Joëlle Léandre (b), Paulo
Danilo Rea (p), Flavio Boltro (tp), « Opera »
Cécile Mc Lorin Salvant : Cécile Mc Lorin Salvant (voc), Aaron Dielh (p), Paul Sikivie (b), unknown (dm)
Cécile Mc Lorin Salvant
Je l’ai connue débutante, il y a deux étés à St Emilion, aux côtés de Jacky Terrasson, et elle m’avait assis par son interprétation du Je te veux d’Erik Satie. Une mélodie déjà fort belle, qu’elle avait su transfigurer encore par un tempo très lent, une manière de découper la langue sublime, et un sens de la cajolerie irrésistible. Le concert de Monségur, l’an dernier, m’avait laissé sur ma faim, mais c’était trop tard dans la nuit, elle avait la voix cassée, rien que des ennuis. Hier soir, au Mans, dans le cadre du dortoir des moines, tout se présentait donc bien. Et de fait : les graves sont aussi profonds et aussi séducteurs que ceux de Sarah Vaughan, les aigus sont radieux, elle a une voix de tête qui la met sur les rangs de la succession de Blossom Dearie, tout y est. Ajoutez une pronciation parfaite, et surtout une façon de détacher les mots du français qui leur font rendre un sens nouveau, et vous avez tous les éléments d’une adhésion totale. Et bien non. Quelque chose ne va pas encore. Dans l’accompagnement, qui est bien meilleur quand elle dialogue avec son seul pianiste. Dans le répertoire, qui est original mais bien plus convaincant dans notre langue que dans l’américain du « jazz ». Elle me ferait aimer le répertoire de Barbara, mais elle ne me prend pas dans tout ce qui connote le retour de la planète swing. Que voulez-vous, c’est comme ça depuis longtemps. Les chanteuses de jazz ont balisé le terrain d’une façon qui rend le travail de leurs consoeurs impossible. Hier soir, nous avons eu droit (entre autres) à Yesterdays, Nobody, Le front caché sur tes genoux (admirable), He’s Gone Again, Laugh Clown Laugh, Wifes And Lovers, So In Love, et enfin un What A Little Moonlight Can Do, qui m’a replongé dans le monde de Betty Carter au point que j’en ai été poursuivi toute la nuit.
Auparavant, nous avions eu droit à un début de soirée « bel canto » sans le chant mais avec l’Italie. Danilo Rea et Flavio Boltro n’ont pas réussi à égaler le travail effectué naguère par Carla Bley, Jaki Byard et quelques autres autour de Nino Rota, ni celui qu’Enrico Rava su déployer autour de Puccini, mais ils se sont efforcés de nous faire chanter intérieurement avec Mio Babbino Caro (Puccini), l’ouverture du Barbier (Rossini), Baga Luna de Bellini, le Libiamo de Traviata, avec au passage une citation de Over The Rainbow, Nessun Dorma de Puccini encore, Vissi d’Arte, E Lucevan Le Stelle, l’ouverure de Guillaume Tell, et Casta Diva en rappel. Une certaine emphase, beaucoup d’effets techniques, rien d’inoubliable, mais rien d’indécent non plus.
Pascal Contet et Joëlle Léandre n’en sont pas à leur premier duo. Ils ont même trois enregistrements à leur actif, depuis ving ans, et la rencontre réserve à chaque fois des surprises, des éclairages nouveaux. Hier c’est Pascal qui a mené la barque pendant les 2/3 du concert, en longues notes tenues, jouées en douceur, avant que Joëlle ne déploie l’étendard de la révolte sur la fin. Sur la photo, on voit Paulo, sagement assis à côté de son maître. Joëlle Léandre est cachée…
Quant à Mark et Sylvie, ils ont enchanté l’auditoire par leur musique. Une irradiation constante, beaucoup d’engagement, une complicité qui fait plaisir. Une sorte de nouveau classicisme dans le registre contemporain. On les retrouvera à Arles, bientôt.
Philippe Méziat
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Je parie qu’on va encore se demander ce qui est jazz et ce qui ne l’est pas. Pire, quand on sera sûr que c’en est, on va se poser la question de savoir si, au fond, on aime vraiment ça ! Rembobinage…
Sylvie Courvoisier (p), Mark Feldman (vln)
Pascal Contet (acc), Joëlle Léandre (b), Paulo
Danilo Rea (p), Flavio Boltro (tp), « Opera »
Cécile Mc Lorin Salvant : Cécile Mc Lorin Salvant (voc), Aaron Dielh (p), Paul Sikivie (b), unknown (dm)
Cécile Mc Lorin Salvant
Je l’ai connue débutante, il y a deux étés à St Emilion, aux côtés de Jacky Terrasson, et elle m’avait assis par son interprétation du Je te veux d’Erik Satie. Une mélodie déjà fort belle, qu’elle avait su transfigurer encore par un tempo très lent, une manière de découper la langue sublime, et un sens de la cajolerie irrésistible. Le concert de Monségur, l’an dernier, m’avait laissé sur ma faim, mais c’était trop tard dans la nuit, elle avait la voix cassée, rien que des ennuis. Hier soir, au Mans, dans le cadre du dortoir des moines, tout se présentait donc bien. Et de fait : les graves sont aussi profonds et aussi séducteurs que ceux de Sarah Vaughan, les aigus sont radieux, elle a une voix de tête qui la met sur les rangs de la succession de Blossom Dearie, tout y est. Ajoutez une pronciation parfaite, et surtout une façon de détacher les mots du français qui leur font rendre un sens nouveau, et vous avez tous les éléments d’une adhésion totale. Et bien non. Quelque chose ne va pas encore. Dans l’accompagnement, qui est bien meilleur quand elle dialogue avec son seul pianiste. Dans le répertoire, qui est original mais bien plus convaincant dans notre langue que dans l’américain du « jazz ». Elle me ferait aimer le répertoire de Barbara, mais elle ne me prend pas dans tout ce qui connote le retour de la planète swing. Que voulez-vous, c’est comme ça depuis longtemps. Les chanteuses de jazz ont balisé le terrain d’une façon qui rend le travail de leurs consoeurs impossible. Hier soir, nous avons eu droit (entre autres) à Yesterdays, Nobody, Le front caché sur tes genoux (admirable), He’s Gone Again, Laugh Clown Laugh, Wifes And Lovers, So In Love, et enfin un What A Little Moonlight Can Do, qui m’a replongé dans le monde de Betty Carter au point que j’en ai été poursuivi toute la nuit.
Auparavant, nous avions eu droit à un début de soirée « bel canto » sans le chant mais avec l’Italie. Danilo Rea et Flavio Boltro n’ont pas réussi à égaler le travail effectué naguère par Carla Bley, Jaki Byard et quelques autres autour de Nino Rota, ni celui qu’Enrico Rava su déployer autour de Puccini, mais ils se sont efforcés de nous faire chanter intérieurement avec Mio Babbino Caro (Puccini), l’ouverture du Barbier (Rossini), Baga Luna de Bellini, le Libiamo de Traviata, avec au passage une citation de Over The Rainbow, Nessun Dorma de Puccini encore, Vissi d’Arte, E Lucevan Le Stelle, l’ouverure de Guillaume Tell, et Casta Diva en rappel. Une certaine emphase, beaucoup d’effets techniques, rien d’inoubliable, mais rien d’indécent non plus.
Pascal Contet et Joëlle Léandre n’en sont pas à leur premier duo. Ils ont même trois enregistrements à leur actif, depuis ving ans, et la rencontre réserve à chaque fois des surprises, des éclairages nouveaux. Hier c’est Pascal qui a mené la barque pendant les 2/3 du concert, en longues notes tenues, jouées en douceur, avant que Joëlle ne déploie l’étendard de la révolte sur la fin. Sur la photo, on voit Paulo, sagement assis à côté de son maître. Joëlle Léandre est cachée…
Quant à Mark et Sylvie, ils ont enchanté l’auditoire par leur musique. Une irradiation constante, beaucoup d’engagement, une complicité qui fait plaisir. Une sorte de nouveau classicisme dans le registre contemporain. On les retrouvera à Arles, bientôt.
Philippe Méziat