Jazz live
Publié le 15 Juin 2014

Jazz en chais : Mourad Benhammou à Pomport (24)

 

Très active à Bergerac, où le festival a connu, le mois dernier, un beau succès populaire, l’association Jazz pourpre est aussi à l’initiative de Jazz en chais. Soit une manière des plus agréables de faire découvrir à la fois la musique et les crus régionaux à travers châteaux et domaines vinicoles en conjuguant les plaisirs de l’ouïe et ceux du palais.

 

Mourad Benhammou Jazz Workers Quintet

Morad Benhammou (dm), Fabien Mary (tp), David Sauzay (ts, fl), Pierre Christophe (p), Fabien Marcoz (b) .

Pomport, Château Barouillet, samedi 14 juin.

 

Après le château de Monbazillac en mars et la cave Alliance de Bergerac en avril, c’est donc le Château Barouillet qui recevait autour d’un repas dit « vigneron » (j’ignorais, pour ma part, que la paëlla tirait ses origines des vignobles du Périgord, mais on apprend à tout âge…), les Jazz Workers de Mourad Benhammou. Dans un chai pouvant accueillir quelque deux cents personnes. Décor inhabituel, certes, mais quelque peu dépourvu de pittoresque.DSC03095

 

Car les chais d’aujourd’hui manquent de poésie. Ils ne fleurent plus le marc de raisin où le vin vieillissant. Plus de foudres ni de fûtailles, de tonneaux, de barriques. Seules des palettes où s’entassent des cartons de bouteilles dont on devine qu’ils prendront des directions multiples, dans le monde entier. Quant à l’acoustique, elle pourrait être meilleure. Ou pire. C’est selon. Ce qui est certain, c’est que l’assistance est dense et enthousiaste. Digne des Jazz Workers deMourad Benhammou. Lesquels ont eu toutes les peines du monde, en raison des péripéties ferroviaires du moment, à rallier à temps le lieu du concert. Sans compter que la contrebasse de Fabien Marcoz n’était pas le moindre de leurs impedimenta

 

C’est dire l’état de fatigue et de tension nerveuse du groupe, encore accrues par l’incertitude du lendemain. Grève ? Pas grève ? Partira ? Partira pas ? Magie de la scène : à peine quelques mesures,  et balayées, les interrogations. Chacun se donne à fond, au service d’une musique qui requiert une énergie intacte, et le public se trouve d’emblée plongé dans le vif du sujet. Celui d’un hard bop intemporel, qui a conservé toutes ses vertus roboratives et dont le quintette du batteur, qui a adopté la forme instrumentale canonique des années 50 -60, se fait l’ambassadeur éloquent. Assurément le meilleur groupe hexagonal dans ce style. Il le prouve tout du long, propulsé par un Mourad Benhammou à l’aisance souveraine, variant ses relances, assurant un tempo d’une impressionnante sûreté. Dans ce rôle, Fabien Marcoz, complice de longue date, soliste à la belle musicalité, et Pierre Christophe, harmoniste subtil, auteur, en outre, de quelques envolées « garnerisantes » du meilleur aloi, tirent aussi leur épingle du jeu.

 

Quant aux deux soufflants, ils se mettent tour à tour en valeur. Fabien Mary reste sans conteste le plus brillant des trompettistes actuels à se situer dans la lignée de Clifford Brown et de Lee Morgan plutôt que dans celle de Miles, en quoi il fait preuve d’une originalité méritoire. Qu’il joue ouvert ou bouché, c’est la même netteté de l’attaque et du phrasé, la même capacité à développer un discours cohérent, le même swing. Avec cela, compositeur attachant, comme en témoigne Too Short. David Sauzay a, pour sa part, retenu les leçons de Coltrane. Son chaleureux, sans beaucoup de vibrato, discours parfois torrentueux, mais avec, toujours,  un souci de lisibilité mélodique. Il sait être fougueux ou tendre (Moonglow), ses soli de flûte sont dépourvus de la mièvrerie trop souvent afférente à l’exercic. Au menu, des pièces extraites de leurs deux derniers albums, « Perk’s Snare ( » 2009) et « The Smart Set  » (2013). Le tout arrosé de la cuvée 2012 d’un rouge maison gouleyant et corsé, à l’image de la musique.

 

Prochain concert, le vendredi 5 septembre au Château de Tiregand à Creysse, avec le septette de Jérôme Gatius.

 

Jacques Aboucaya


Photo Michel Vecchioli

 

 

 

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Très active à Bergerac, où le festival a connu, le mois dernier, un beau succès populaire, l’association Jazz pourpre est aussi à l’initiative de Jazz en chais. Soit une manière des plus agréables de faire découvrir à la fois la musique et les crus régionaux à travers châteaux et domaines vinicoles en conjuguant les plaisirs de l’ouïe et ceux du palais.

 

Mourad Benhammou Jazz Workers Quintet

Morad Benhammou (dm), Fabien Mary (tp), David Sauzay (ts, fl), Pierre Christophe (p), Fabien Marcoz (b) .

Pomport, Château Barouillet, samedi 14 juin.

 

Après le château de Monbazillac en mars et la cave Alliance de Bergerac en avril, c’est donc le Château Barouillet qui recevait autour d’un repas dit « vigneron » (j’ignorais, pour ma part, que la paëlla tirait ses origines des vignobles du Périgord, mais on apprend à tout âge…), les Jazz Workers de Mourad Benhammou. Dans un chai pouvant accueillir quelque deux cents personnes. Décor inhabituel, certes, mais quelque peu dépourvu de pittoresque.DSC03095

 

Car les chais d’aujourd’hui manquent de poésie. Ils ne fleurent plus le marc de raisin où le vin vieillissant. Plus de foudres ni de fûtailles, de tonneaux, de barriques. Seules des palettes où s’entassent des cartons de bouteilles dont on devine qu’ils prendront des directions multiples, dans le monde entier. Quant à l’acoustique, elle pourrait être meilleure. Ou pire. C’est selon. Ce qui est certain, c’est que l’assistance est dense et enthousiaste. Digne des Jazz Workers deMourad Benhammou. Lesquels ont eu toutes les peines du monde, en raison des péripéties ferroviaires du moment, à rallier à temps le lieu du concert. Sans compter que la contrebasse de Fabien Marcoz n’était pas le moindre de leurs impedimenta

 

C’est dire l’état de fatigue et de tension nerveuse du groupe, encore accrues par l’incertitude du lendemain. Grève ? Pas grève ? Partira ? Partira pas ? Magie de la scène : à peine quelques mesures,  et balayées, les interrogations. Chacun se donne à fond, au service d’une musique qui requiert une énergie intacte, et le public se trouve d’emblée plongé dans le vif du sujet. Celui d’un hard bop intemporel, qui a conservé toutes ses vertus roboratives et dont le quintette du batteur, qui a adopté la forme instrumentale canonique des années 50 -60, se fait l’ambassadeur éloquent. Assurément le meilleur groupe hexagonal dans ce style. Il le prouve tout du long, propulsé par un Mourad Benhammou à l’aisance souveraine, variant ses relances, assurant un tempo d’une impressionnante sûreté. Dans ce rôle, Fabien Marcoz, complice de longue date, soliste à la belle musicalité, et Pierre Christophe, harmoniste subtil, auteur, en outre, de quelques envolées « garnerisantes » du meilleur aloi, tirent aussi leur épingle du jeu.

 

Quant aux deux soufflants, ils se mettent tour à tour en valeur. Fabien Mary reste sans conteste le plus brillant des trompettistes actuels à se situer dans la lignée de Clifford Brown et de Lee Morgan plutôt que dans celle de Miles, en quoi il fait preuve d’une originalité méritoire. Qu’il joue ouvert ou bouché, c’est la même netteté de l’attaque et du phrasé, la même capacité à développer un discours cohérent, le même swing. Avec cela, compositeur attachant, comme en témoigne Too Short. David Sauzay a, pour sa part, retenu les leçons de Coltrane. Son chaleureux, sans beaucoup de vibrato, discours parfois torrentueux, mais avec, toujours,  un souci de lisibilité mélodique. Il sait être fougueux ou tendre (Moonglow), ses soli de flûte sont dépourvus de la mièvrerie trop souvent afférente à l’exercic. Au menu, des pièces extraites de leurs deux derniers albums, « Perk’s Snare ( » 2009) et « The Smart Set  » (2013). Le tout arrosé de la cuvée 2012 d’un rouge maison gouleyant et corsé, à l’image de la musique.

 

Prochain concert, le vendredi 5 septembre au Château de Tiregand à Creysse, avec le septette de Jérôme Gatius.

 

Jacques Aboucaya


Photo Michel Vecchioli

 

 

 

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Très active à Bergerac, où le festival a connu, le mois dernier, un beau succès populaire, l’association Jazz pourpre est aussi à l’initiative de Jazz en chais. Soit une manière des plus agréables de faire découvrir à la fois la musique et les crus régionaux à travers châteaux et domaines vinicoles en conjuguant les plaisirs de l’ouïe et ceux du palais.

 

Mourad Benhammou Jazz Workers Quintet

Morad Benhammou (dm), Fabien Mary (tp), David Sauzay (ts, fl), Pierre Christophe (p), Fabien Marcoz (b) .

Pomport, Château Barouillet, samedi 14 juin.

 

Après le château de Monbazillac en mars et la cave Alliance de Bergerac en avril, c’est donc le Château Barouillet qui recevait autour d’un repas dit « vigneron » (j’ignorais, pour ma part, que la paëlla tirait ses origines des vignobles du Périgord, mais on apprend à tout âge…), les Jazz Workers de Mourad Benhammou. Dans un chai pouvant accueillir quelque deux cents personnes. Décor inhabituel, certes, mais quelque peu dépourvu de pittoresque.DSC03095

 

Car les chais d’aujourd’hui manquent de poésie. Ils ne fleurent plus le marc de raisin où le vin vieillissant. Plus de foudres ni de fûtailles, de tonneaux, de barriques. Seules des palettes où s’entassent des cartons de bouteilles dont on devine qu’ils prendront des directions multiples, dans le monde entier. Quant à l’acoustique, elle pourrait être meilleure. Ou pire. C’est selon. Ce qui est certain, c’est que l’assistance est dense et enthousiaste. Digne des Jazz Workers deMourad Benhammou. Lesquels ont eu toutes les peines du monde, en raison des péripéties ferroviaires du moment, à rallier à temps le lieu du concert. Sans compter que la contrebasse de Fabien Marcoz n’était pas le moindre de leurs impedimenta

 

C’est dire l’état de fatigue et de tension nerveuse du groupe, encore accrues par l’incertitude du lendemain. Grève ? Pas grève ? Partira ? Partira pas ? Magie de la scène : à peine quelques mesures,  et balayées, les interrogations. Chacun se donne à fond, au service d’une musique qui requiert une énergie intacte, et le public se trouve d’emblée plongé dans le vif du sujet. Celui d’un hard bop intemporel, qui a conservé toutes ses vertus roboratives et dont le quintette du batteur, qui a adopté la forme instrumentale canonique des années 50 -60, se fait l’ambassadeur éloquent. Assurément le meilleur groupe hexagonal dans ce style. Il le prouve tout du long, propulsé par un Mourad Benhammou à l’aisance souveraine, variant ses relances, assurant un tempo d’une impressionnante sûreté. Dans ce rôle, Fabien Marcoz, complice de longue date, soliste à la belle musicalité, et Pierre Christophe, harmoniste subtil, auteur, en outre, de quelques envolées « garnerisantes » du meilleur aloi, tirent aussi leur épingle du jeu.

 

Quant aux deux soufflants, ils se mettent tour à tour en valeur. Fabien Mary reste sans conteste le plus brillant des trompettistes actuels à se situer dans la lignée de Clifford Brown et de Lee Morgan plutôt que dans celle de Miles, en quoi il fait preuve d’une originalité méritoire. Qu’il joue ouvert ou bouché, c’est la même netteté de l’attaque et du phrasé, la même capacité à développer un discours cohérent, le même swing. Avec cela, compositeur attachant, comme en témoigne Too Short. David Sauzay a, pour sa part, retenu les leçons de Coltrane. Son chaleureux, sans beaucoup de vibrato, discours parfois torrentueux, mais avec, toujours,  un souci de lisibilité mélodique. Il sait être fougueux ou tendre (Moonglow), ses soli de flûte sont dépourvus de la mièvrerie trop souvent afférente à l’exercic. Au menu, des pièces extraites de leurs deux derniers albums, « Perk’s Snare ( » 2009) et « The Smart Set  » (2013). Le tout arrosé de la cuvée 2012 d’un rouge maison gouleyant et corsé, à l’image de la musique.

 

Prochain concert, le vendredi 5 septembre au Château de Tiregand à Creysse, avec le septette de Jérôme Gatius.

 

Jacques Aboucaya


Photo Michel Vecchioli

 

 

 

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Très active à Bergerac, où le festival a connu, le mois dernier, un beau succès populaire, l’association Jazz pourpre est aussi à l’initiative de Jazz en chais. Soit une manière des plus agréables de faire découvrir à la fois la musique et les crus régionaux à travers châteaux et domaines vinicoles en conjuguant les plaisirs de l’ouïe et ceux du palais.

 

Mourad Benhammou Jazz Workers Quintet

Morad Benhammou (dm), Fabien Mary (tp), David Sauzay (ts, fl), Pierre Christophe (p), Fabien Marcoz (b) .

Pomport, Château Barouillet, samedi 14 juin.

 

Après le château de Monbazillac en mars et la cave Alliance de Bergerac en avril, c’est donc le Château Barouillet qui recevait autour d’un repas dit « vigneron » (j’ignorais, pour ma part, que la paëlla tirait ses origines des vignobles du Périgord, mais on apprend à tout âge…), les Jazz Workers de Mourad Benhammou. Dans un chai pouvant accueillir quelque deux cents personnes. Décor inhabituel, certes, mais quelque peu dépourvu de pittoresque.DSC03095

 

Car les chais d’aujourd’hui manquent de poésie. Ils ne fleurent plus le marc de raisin où le vin vieillissant. Plus de foudres ni de fûtailles, de tonneaux, de barriques. Seules des palettes où s’entassent des cartons de bouteilles dont on devine qu’ils prendront des directions multiples, dans le monde entier. Quant à l’acoustique, elle pourrait être meilleure. Ou pire. C’est selon. Ce qui est certain, c’est que l’assistance est dense et enthousiaste. Digne des Jazz Workers deMourad Benhammou. Lesquels ont eu toutes les peines du monde, en raison des péripéties ferroviaires du moment, à rallier à temps le lieu du concert. Sans compter que la contrebasse de Fabien Marcoz n’était pas le moindre de leurs impedimenta

 

C’est dire l’état de fatigue et de tension nerveuse du groupe, encore accrues par l’incertitude du lendemain. Grève ? Pas grève ? Partira ? Partira pas ? Magie de la scène : à peine quelques mesures,  et balayées, les interrogations. Chacun se donne à fond, au service d’une musique qui requiert une énergie intacte, et le public se trouve d’emblée plongé dans le vif du sujet. Celui d’un hard bop intemporel, qui a conservé toutes ses vertus roboratives et dont le quintette du batteur, qui a adopté la forme instrumentale canonique des années 50 -60, se fait l’ambassadeur éloquent. Assurément le meilleur groupe hexagonal dans ce style. Il le prouve tout du long, propulsé par un Mourad Benhammou à l’aisance souveraine, variant ses relances, assurant un tempo d’une impressionnante sûreté. Dans ce rôle, Fabien Marcoz, complice de longue date, soliste à la belle musicalité, et Pierre Christophe, harmoniste subtil, auteur, en outre, de quelques envolées « garnerisantes » du meilleur aloi, tirent aussi leur épingle du jeu.

 

Quant aux deux soufflants, ils se mettent tour à tour en valeur. Fabien Mary reste sans conteste le plus brillant des trompettistes actuels à se situer dans la lignée de Clifford Brown et de Lee Morgan plutôt que dans celle de Miles, en quoi il fait preuve d’une originalité méritoire. Qu’il joue ouvert ou bouché, c’est la même netteté de l’attaque et du phrasé, la même capacité à développer un discours cohérent, le même swing. Avec cela, compositeur attachant, comme en témoigne Too Short. David Sauzay a, pour sa part, retenu les leçons de Coltrane. Son chaleureux, sans beaucoup de vibrato, discours parfois torrentueux, mais avec, toujours,  un souci de lisibilité mélodique. Il sait être fougueux ou tendre (Moonglow), ses soli de flûte sont dépourvus de la mièvrerie trop souvent afférente à l’exercic. Au menu, des pièces extraites de leurs deux derniers albums, « Perk’s Snare ( » 2009) et « The Smart Set  » (2013). Le tout arrosé de la cuvée 2012 d’un rouge maison gouleyant et corsé, à l’image de la musique.

 

Prochain concert, le vendredi 5 septembre au Château de Tiregand à Creysse, avec le septette de Jérôme Gatius.

 

Jacques Aboucaya


Photo Michel Vecchioli