Robert Plant à Jazz à Vienne, sacrebleu !
À l’ombre toujours bienfaisante d’un ballon dirigeable baptisé Led Zeppelin, quelle ne fut pas la surprise de Robert Plant, chanteur anglais fou de folk et de blues : même les amateurs de jazz lui font un triomphe ! Compte-rendu, rédigé sous casquette Muziq par l’envoyé spécial de Jazz Magazine Jazzman.
Robert Plant (chant, percussions), Liam “Skin” Tyson, Justin Adams (guitares, chant), Juldeh Camara (riti, chant, percussions), Joh Baggott (claviers), Billy Fuller (basse électrique), Dave Smith (batterie, percussions). Vienne, Théâtre Antique, 1er juillet.
Dans It Might Get Loud, le remarquable documentaire consacré à Jack White, The Edge et, surtout, Jimmy Page, il y a une scène amusante où l’on voit le septuagénaire écouter comme un gamin gourmand un vieux 45-tours de Link Wray, Rumble. Hier soir, avant que Robert Plant et ses Sensational Space Shifters n’arrivent sur la grande scène du Théâtre Antique de Vienne, c’est ce manifeste vintage de la guitare distordue (1958) qui servit d’introduction – simple hasard ou, déjà, clin d’œil de Robert à son ol’ pal Jimmy ?
Pourtant, Liam “Skin” Tyson débute seul à la guitare acoustique dans une ambiance élégiaque, et l’on reconnaît vite les accords de Baby, I’m Gonna Leave You, ballade folk jadis popularisée par Joan Baez et devenue peu à peu “une chanson de Led Zeppelin” (Baby, I’m Gonna Leave You figure sur leur premier album). Plant ne la chante évidemment plus comme en 1968. Sa voix est descendue, qui n’atteint plus ces hautes sphères vertigineuses, mais elle a gagné en douceur, profondeur et maturité ce qu’elle a perdu en puissance juvénile. Tout au long de la soirée, le timbre unique, le phrasé toujours surprenant et la sensualité bluesy de cette voix sans égal va toucher – malgré ses allures de vieux lion, Robert Plant est souvent touchant – les 8000 personnes massées sur les vieilles pierres, qui ne s’attendaient sans doute pas à une leçon de vraie musique aussi subtile, où la puissance du rock était pour une fois distillée avec une ferveur intimiste et contagieuse.
Baby, I’m Gonna Leave You ne fut évidemment pas la seule pépite zeppelinienne passée au tamis de la mémoire toujours aussi vive de ce groupe décidément inoubliable. Black Dog (au groove métamorphosé et avec son fameux chant en appel/réponse adapté aux actualités de circonstances, « Ah ah, ah ah, ah aaaaa…llez, allez les bleus ! »), What Is And What Should Never Be (très proche de la VO de “Led Zeppelin II”, avec sa fameuse riffaille en stéréo), Going To California (en trio acoustique avec Liam “Skin” Tyson et Justin Adams à la mandoline, grand moment), Whole Lotta Love (orgiaque en ses dérives électriques, marqué par la verve du griot et joueur de riti gambien Juldeh Camara, et précédé d’une intro façon Chicago blues) et, last but not least, Rock’n’Roll, introduite avec certaine malice par Plant : « Et maintenant, écoute, écoute, une veille chanson folkorique anglaise, bien sûr ! » Mais le répertoire “solo” du chanteur regorge de chansons suffisamment fortes pour ne pas perdre en roots les fans de “Led Zep”. Rainbow, extrait de son « Nouvel disque formidable » à paraître en septembre sur Nonesuch (“Lullaby… And Ceaseless Roar”) sonne déjà familière ; Tin Pan Alley, l’un des meilleurs titres de “Mighty Rearranger” (2005) donne au blues des couleurs XXIe siècle… Quant à ses reprises, elles font toujours mouche : Spoonful réveille le fantôme d’Howlin Wolf, Satan Your Kingdom Must Come Down nous ferait presque croire au diable…
« Sacrebleu ! », lâche le chanteur en revenant sur scène avant de chanter Rock’n’Roll, tout heureux de constater que le public d’un festival de jazz lui fait un triomphe, « I love jazz… I didn’t know it was still alive ! » Et taquin avec ça…
Frédéric Goaty
PS : Pour en savoir encore plus sur les aventures en solo de Robert Plant et des membres de Led Zeppelin, signalons que le n° 2 de Muziq est toujours en vente dans les meilleurs librairies.
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À l’ombre toujours bienfaisante d’un ballon dirigeable baptisé Led Zeppelin, quelle ne fut pas la surprise de Robert Plant, chanteur anglais fou de folk et de blues : même les amateurs de jazz lui font un triomphe ! Compte-rendu, rédigé sous casquette Muziq par l’envoyé spécial de Jazz Magazine Jazzman.
Robert Plant (chant, percussions), Liam “Skin” Tyson, Justin Adams (guitares, chant), Juldeh Camara (riti, chant, percussions), Joh Baggott (claviers), Billy Fuller (basse électrique), Dave Smith (batterie, percussions). Vienne, Théâtre Antique, 1er juillet.
Dans It Might Get Loud, le remarquable documentaire consacré à Jack White, The Edge et, surtout, Jimmy Page, il y a une scène amusante où l’on voit le septuagénaire écouter comme un gamin gourmand un vieux 45-tours de Link Wray, Rumble. Hier soir, avant que Robert Plant et ses Sensational Space Shifters n’arrivent sur la grande scène du Théâtre Antique de Vienne, c’est ce manifeste vintage de la guitare distordue (1958) qui servit d’introduction – simple hasard ou, déjà, clin d’œil de Robert à son ol’ pal Jimmy ?
Pourtant, Liam “Skin” Tyson débute seul à la guitare acoustique dans une ambiance élégiaque, et l’on reconnaît vite les accords de Baby, I’m Gonna Leave You, ballade folk jadis popularisée par Joan Baez et devenue peu à peu “une chanson de Led Zeppelin” (Baby, I’m Gonna Leave You figure sur leur premier album). Plant ne la chante évidemment plus comme en 1968. Sa voix est descendue, qui n’atteint plus ces hautes sphères vertigineuses, mais elle a gagné en douceur, profondeur et maturité ce qu’elle a perdu en puissance juvénile. Tout au long de la soirée, le timbre unique, le phrasé toujours surprenant et la sensualité bluesy de cette voix sans égal va toucher – malgré ses allures de vieux lion, Robert Plant est souvent touchant – les 8000 personnes massées sur les vieilles pierres, qui ne s’attendaient sans doute pas à une leçon de vraie musique aussi subtile, où la puissance du rock était pour une fois distillée avec une ferveur intimiste et contagieuse.
Baby, I’m Gonna Leave You ne fut évidemment pas la seule pépite zeppelinienne passée au tamis de la mémoire toujours aussi vive de ce groupe décidément inoubliable. Black Dog (au groove métamorphosé et avec son fameux chant en appel/réponse adapté aux actualités de circonstances, « Ah ah, ah ah, ah aaaaa…llez, allez les bleus ! »), What Is And What Should Never Be (très proche de la VO de “Led Zeppelin II”, avec sa fameuse riffaille en stéréo), Going To California (en trio acoustique avec Liam “Skin” Tyson et Justin Adams à la mandoline, grand moment), Whole Lotta Love (orgiaque en ses dérives électriques, marqué par la verve du griot et joueur de riti gambien Juldeh Camara, et précédé d’une intro façon Chicago blues) et, last but not least, Rock’n’Roll, introduite avec certaine malice par Plant : « Et maintenant, écoute, écoute, une veille chanson folkorique anglaise, bien sûr ! » Mais le répertoire “solo” du chanteur regorge de chansons suffisamment fortes pour ne pas perdre en roots les fans de “Led Zep”. Rainbow, extrait de son « Nouvel disque formidable » à paraître en septembre sur Nonesuch (“Lullaby… And Ceaseless Roar”) sonne déjà familière ; Tin Pan Alley, l’un des meilleurs titres de “Mighty Rearranger” (2005) donne au blues des couleurs XXIe siècle… Quant à ses reprises, elles font toujours mouche : Spoonful réveille le fantôme d’Howlin Wolf, Satan Your Kingdom Must Come Down nous ferait presque croire au diable…
« Sacrebleu ! », lâche le chanteur en revenant sur scène avant de chanter Rock’n’Roll, tout heureux de constater que le public d’un festival de jazz lui fait un triomphe, « I love jazz… I didn’t know it was still alive ! » Et taquin avec ça…
Frédéric Goaty
PS : Pour en savoir encore plus sur les aventures en solo de Robert Plant et des membres de Led Zeppelin, signalons que le n° 2 de Muziq est toujours en vente dans les meilleurs librairies.
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À l’ombre toujours bienfaisante d’un ballon dirigeable baptisé Led Zeppelin, quelle ne fut pas la surprise de Robert Plant, chanteur anglais fou de folk et de blues : même les amateurs de jazz lui font un triomphe ! Compte-rendu, rédigé sous casquette Muziq par l’envoyé spécial de Jazz Magazine Jazzman.
Robert Plant (chant, percussions), Liam “Skin” Tyson, Justin Adams (guitares, chant), Juldeh Camara (riti, chant, percussions), Joh Baggott (claviers), Billy Fuller (basse électrique), Dave Smith (batterie, percussions). Vienne, Théâtre Antique, 1er juillet.
Dans It Might Get Loud, le remarquable documentaire consacré à Jack White, The Edge et, surtout, Jimmy Page, il y a une scène amusante où l’on voit le septuagénaire écouter comme un gamin gourmand un vieux 45-tours de Link Wray, Rumble. Hier soir, avant que Robert Plant et ses Sensational Space Shifters n’arrivent sur la grande scène du Théâtre Antique de Vienne, c’est ce manifeste vintage de la guitare distordue (1958) qui servit d’introduction – simple hasard ou, déjà, clin d’œil de Robert à son ol’ pal Jimmy ?
Pourtant, Liam “Skin” Tyson débute seul à la guitare acoustique dans une ambiance élégiaque, et l’on reconnaît vite les accords de Baby, I’m Gonna Leave You, ballade folk jadis popularisée par Joan Baez et devenue peu à peu “une chanson de Led Zeppelin” (Baby, I’m Gonna Leave You figure sur leur premier album). Plant ne la chante évidemment plus comme en 1968. Sa voix est descendue, qui n’atteint plus ces hautes sphères vertigineuses, mais elle a gagné en douceur, profondeur et maturité ce qu’elle a perdu en puissance juvénile. Tout au long de la soirée, le timbre unique, le phrasé toujours surprenant et la sensualité bluesy de cette voix sans égal va toucher – malgré ses allures de vieux lion, Robert Plant est souvent touchant – les 8000 personnes massées sur les vieilles pierres, qui ne s’attendaient sans doute pas à une leçon de vraie musique aussi subtile, où la puissance du rock était pour une fois distillée avec une ferveur intimiste et contagieuse.
Baby, I’m Gonna Leave You ne fut évidemment pas la seule pépite zeppelinienne passée au tamis de la mémoire toujours aussi vive de ce groupe décidément inoubliable. Black Dog (au groove métamorphosé et avec son fameux chant en appel/réponse adapté aux actualités de circonstances, « Ah ah, ah ah, ah aaaaa…llez, allez les bleus ! »), What Is And What Should Never Be (très proche de la VO de “Led Zeppelin II”, avec sa fameuse riffaille en stéréo), Going To California (en trio acoustique avec Liam “Skin” Tyson et Justin Adams à la mandoline, grand moment), Whole Lotta Love (orgiaque en ses dérives électriques, marqué par la verve du griot et joueur de riti gambien Juldeh Camara, et précédé d’une intro façon Chicago blues) et, last but not least, Rock’n’Roll, introduite avec certaine malice par Plant : « Et maintenant, écoute, écoute, une veille chanson folkorique anglaise, bien sûr ! » Mais le répertoire “solo” du chanteur regorge de chansons suffisamment fortes pour ne pas perdre en roots les fans de “Led Zep”. Rainbow, extrait de son « Nouvel disque formidable » à paraître en septembre sur Nonesuch (“Lullaby… And Ceaseless Roar”) sonne déjà familière ; Tin Pan Alley, l’un des meilleurs titres de “Mighty Rearranger” (2005) donne au blues des couleurs XXIe siècle… Quant à ses reprises, elles font toujours mouche : Spoonful réveille le fantôme d’Howlin Wolf, Satan Your Kingdom Must Come Down nous ferait presque croire au diable…
« Sacrebleu ! », lâche le chanteur en revenant sur scène avant de chanter Rock’n’Roll, tout heureux de constater que le public d’un festival de jazz lui fait un triomphe, « I love jazz… I didn’t know it was still alive ! » Et taquin avec ça…
Frédéric Goaty
PS : Pour en savoir encore plus sur les aventures en solo de Robert Plant et des membres de Led Zeppelin, signalons que le n° 2 de Muziq est toujours en vente dans les meilleurs librairies.
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À l’ombre toujours bienfaisante d’un ballon dirigeable baptisé Led Zeppelin, quelle ne fut pas la surprise de Robert Plant, chanteur anglais fou de folk et de blues : même les amateurs de jazz lui font un triomphe ! Compte-rendu, rédigé sous casquette Muziq par l’envoyé spécial de Jazz Magazine Jazzman.
Robert Plant (chant, percussions), Liam “Skin” Tyson, Justin Adams (guitares, chant), Juldeh Camara (riti, chant, percussions), Joh Baggott (claviers), Billy Fuller (basse électrique), Dave Smith (batterie, percussions). Vienne, Théâtre Antique, 1er juillet.
Dans It Might Get Loud, le remarquable documentaire consacré à Jack White, The Edge et, surtout, Jimmy Page, il y a une scène amusante où l’on voit le septuagénaire écouter comme un gamin gourmand un vieux 45-tours de Link Wray, Rumble. Hier soir, avant que Robert Plant et ses Sensational Space Shifters n’arrivent sur la grande scène du Théâtre Antique de Vienne, c’est ce manifeste vintage de la guitare distordue (1958) qui servit d’introduction – simple hasard ou, déjà, clin d’œil de Robert à son ol’ pal Jimmy ?
Pourtant, Liam “Skin” Tyson débute seul à la guitare acoustique dans une ambiance élégiaque, et l’on reconnaît vite les accords de Baby, I’m Gonna Leave You, ballade folk jadis popularisée par Joan Baez et devenue peu à peu “une chanson de Led Zeppelin” (Baby, I’m Gonna Leave You figure sur leur premier album). Plant ne la chante évidemment plus comme en 1968. Sa voix est descendue, qui n’atteint plus ces hautes sphères vertigineuses, mais elle a gagné en douceur, profondeur et maturité ce qu’elle a perdu en puissance juvénile. Tout au long de la soirée, le timbre unique, le phrasé toujours surprenant et la sensualité bluesy de cette voix sans égal va toucher – malgré ses allures de vieux lion, Robert Plant est souvent touchant – les 8000 personnes massées sur les vieilles pierres, qui ne s’attendaient sans doute pas à une leçon de vraie musique aussi subtile, où la puissance du rock était pour une fois distillée avec une ferveur intimiste et contagieuse.
Baby, I’m Gonna Leave You ne fut évidemment pas la seule pépite zeppelinienne passée au tamis de la mémoire toujours aussi vive de ce groupe décidément inoubliable. Black Dog (au groove métamorphosé et avec son fameux chant en appel/réponse adapté aux actualités de circonstances, « Ah ah, ah ah, ah aaaaa…llez, allez les bleus ! »), What Is And What Should Never Be (très proche de la VO de “Led Zeppelin II”, avec sa fameuse riffaille en stéréo), Going To California (en trio acoustique avec Liam “Skin” Tyson et Justin Adams à la mandoline, grand moment), Whole Lotta Love (orgiaque en ses dérives électriques, marqué par la verve du griot et joueur de riti gambien Juldeh Camara, et précédé d’une intro façon Chicago blues) et, last but not least, Rock’n’Roll, introduite avec certaine malice par Plant : « Et maintenant, écoute, écoute, une veille chanson folkorique anglaise, bien sûr ! » Mais le répertoire “solo” du chanteur regorge de chansons suffisamment fortes pour ne pas perdre en roots les fans de “Led Zep”. Rainbow, extrait de son « Nouvel disque formidable » à paraître en septembre sur Nonesuch (“Lullaby… And Ceaseless Roar”) sonne déjà familière ; Tin Pan Alley, l’un des meilleurs titres de “Mighty Rearranger” (2005) donne au blues des couleurs XXIe siècle… Quant à ses reprises, elles font toujours mouche : Spoonful réveille le fantôme d’Howlin Wolf, Satan Your Kingdom Must Come Down nous ferait presque croire au diable…
« Sacrebleu ! », lâche le chanteur en revenant sur scène avant de chanter Rock’n’Roll, tout heureux de constater que le public d’un festival de jazz lui fait un triomphe, « I love jazz… I didn’t know it was still alive ! » Et taquin avec ça…
Frédéric Goaty
PS : Pour en savoir encore plus sur les aventures en solo de Robert Plant et des membres de Led Zeppelin, signalons que le n° 2 de Muziq est toujours en vente dans les meilleurs librairies.