Christian Scott Sextet / Giovanni Mirabassi duo & trio à Jazz in Marciac
Suite de mon immersion à Marciac sous un ciel devenu plus clément… Pour l’avoir découvert assez récemment par le disque, je ne voulais pas manquer la prestation du trompettiste Christian Scott, jeune pousse issue de la scène de la Nouvelle-Orléans. Finie l’époque des young lions incarnant en costume trois-pièces la résurgence tous azimuts de « la tradition » dans les années 1980-90, façon Donald Harrison (l’oncle de Scott) ou Terence Blanchard. Les apparences comme la démarche sont bien d’aujourd’hui, d’un syncrétisme actuel et (donc) visible.
Mercredi 30 juillet, Chapiteau / Astrada, Marciac (32)
Christian Scott (tp, flh), Braxton Cook (as), Elena Pinderhugues (fl, voc), Kris Funn (b), Corey Fonville (d), Isadora Scott (voc)
Plutôt que de développer la part plus anecdotique que constitue l’hommage appuyé à ses racines familiales plongeant dans la Black Indian culture dont est également issue son épouse Isadora, laquelle ne fera qu’une apparition folklorique au micro, je voudrais souligner le très haut niveau de jeu, d’engagement physique et de cohésion du groupe. Sur un répertoire original et dans une manière qu’on situerait globalement (par les lignes mélodiques, les harmonies, les arrangements, le déroulé des chorus, la hiérarchie maintenue entre solistes et section rythmique) dans les prolongements du hard bop plutôt que dans un quelconque héritage davisien ou coltranien, il n’a guère fallu attendre pour capter une très puissante énergie. La rythmique, touffue (un peu brouillonne au tout début), s’enrichit progressivement de la complémentarité entre l’élasticité de la basse et la justesse de placement du jeune Lawrence Fields au piano. Les arrangements tirent intelligemment parti de la présence de la flûte et de l’alto aux côtés de la trompette du leader, ample, mobile, parfaitement imprévisible dans ses choix de timbres. La jeune flûtiste Elena Pinderhugues (19 ans) fera parler d’elle : quelques chorus tout simplement ébouriffants par le phrasé, la qualité mélodique, la patiente construction. Qualités qui s’appliquent à peu de choses près à l’altiste Braxton Cook. Scott peut rappeler Hubbard (le répertoire aidant) par l’intensité et la science harmonique, mais sa culture sonore est plus vaste et fait apparaître tant le voile feutré d’un Clark Terry que les emportements telluriques de Don Cherry. Il mène et galvanise enfin son groupe avec force et générosité. On lui pardonne d’autant plus volontiers la sympathique voire touchante, mais trop longue présentation de ses partenaires. C’est que Christian Scott se montre, se livre et se fait entendre avec un égal bonheur, il faut tout prendre…ou rien.
Giovanni Mirabassi (p), Pascal Neveu (p), Gianluca Renzi (b), Lukmil Perez (d)
Sans attendre le passage d’Ibrahim Maalouf déjà vu (et chroniqué sur ce blog) le mois dernier à Cheverny (41) sur le même programme, je me suis hâté de rejoindre l’Astrada, magnifique équipement d’environ 500 places dont la programmation parallèle à celle du chapiteau débutait ce même soir. Trop tard pour le Tingvall Trio, mais juste à temps pour entendre Giovanni Mirabassi. Le pianiste italien s’est d’abord présenté en duo de pianos avec Pascal Neveu, déjà souvent programmé sur les différentes scènes de Marciac. La musique de Neveu, puise abondamment dans le registre expressif et le vocabulaire harmonique du Romantisme jusqu’à Rachmaninov et Scriabine, dont on a entendu les effluves d’un Prélude. Sensibilité contrebalancée par des rythmiques motrices et dansantes qui m’ont rappelé un Didier Squiban. Parmi les influences de Pascal Neveu, Giovanni Mirabassi lui-même paraît en bonne place, et il a grandement contribué au très bon dosage auquel sont parvenus les deux pianistes pour maintenir un discours lisible, aéré, complice. Le pianiste italien a terminé la soirée en trio avec ses partenaires réguliers, Gianluca Renzi et Lukmil Perez. Son lyrisme très personnel – et que je trouve pour ma part si touchant – fait souvent émerger la mélodie d’une étroite complémentarité des deux mains, laquelle est en même porteuse d’une forte continuité rythmique. Ce qui est un atout considérable en solo peut s’avérer délicat et redondant en trio, écueil ici contourné par la légèreté et l’indépendance du jeu aérien de Perez. A peine déstabilisé par quelques soucis techniques du côté de l’amplification de Renzi, le trio s’est (et nous a) également offert un Body and Soul étiré à souhait, un creusement en profondeur permettant au grain mélodique de Mirabassi de se détacher en fines perles tout au long d’un solo entièrement habité. Parsemé, si j’ai bonne mémoire, d’une ou plusieurs citations de l’album « Adelante »… Un régal encore que cet All The Things You Are à la magnifique introduction contrapuntique, ponctué de réjouissants échanges sur le fil entre les musiciens. Aucun regret d’avoir quitté pour un temps les fastes plus bruyants du Chapiteau, pour l’intimité feutrée de l’Astrada. J’en ferai de même ce soir pour découvrir Melissa Aldana avant d’entendre la Belmondo Family.
Vincent Cotro
A suivre.
Jeudi 31 juillet, 21h au Chapiteau : Omar Sosa Quarteto Afrocubano / Orquesta Buena Vista Social Club « Adios Tour » Jeudi 31 juillet, 21h30 à l’Astrada : Melissa Aldana & Crash / Belmondo Family Sextet « Mediterranean Sound »
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Suite de mon immersion à Marciac sous un ciel devenu plus clément… Pour l’avoir découvert assez récemment par le disque, je ne voulais pas manquer la prestation du trompettiste Christian Scott, jeune pousse issue de la scène de la Nouvelle-Orléans. Finie l’époque des young lions incarnant en costume trois-pièces la résurgence tous azimuts de « la tradition » dans les années 1980-90, façon Donald Harrison (l’oncle de Scott) ou Terence Blanchard. Les apparences comme la démarche sont bien d’aujourd’hui, d’un syncrétisme actuel et (donc) visible.
Mercredi 30 juillet, Chapiteau / Astrada, Marciac (32)
Christian Scott (tp, flh), Braxton Cook (as), Elena Pinderhugues (fl, voc), Kris Funn (b), Corey Fonville (d), Isadora Scott (voc)
Plutôt que de développer la part plus anecdotique que constitue l’hommage appuyé à ses racines familiales plongeant dans la Black Indian culture dont est également issue son épouse Isadora, laquelle ne fera qu’une apparition folklorique au micro, je voudrais souligner le très haut niveau de jeu, d’engagement physique et de cohésion du groupe. Sur un répertoire original et dans une manière qu’on situerait globalement (par les lignes mélodiques, les harmonies, les arrangements, le déroulé des chorus, la hiérarchie maintenue entre solistes et section rythmique) dans les prolongements du hard bop plutôt que dans un quelconque héritage davisien ou coltranien, il n’a guère fallu attendre pour capter une très puissante énergie. La rythmique, touffue (un peu brouillonne au tout début), s’enrichit progressivement de la complémentarité entre l’élasticité de la basse et la justesse de placement du jeune Lawrence Fields au piano. Les arrangements tirent intelligemment parti de la présence de la flûte et de l’alto aux côtés de la trompette du leader, ample, mobile, parfaitement imprévisible dans ses choix de timbres. La jeune flûtiste Elena Pinderhugues (19 ans) fera parler d’elle : quelques chorus tout simplement ébouriffants par le phrasé, la qualité mélodique, la patiente construction. Qualités qui s’appliquent à peu de choses près à l’altiste Braxton Cook. Scott peut rappeler Hubbard (le répertoire aidant) par l’intensité et la science harmonique, mais sa culture sonore est plus vaste et fait apparaître tant le voile feutré d’un Clark Terry que les emportements telluriques de Don Cherry. Il mène et galvanise enfin son groupe avec force et générosité. On lui pardonne d’autant plus volontiers la sympathique voire touchante, mais trop longue présentation de ses partenaires. C’est que Christian Scott se montre, se livre et se fait entendre avec un égal bonheur, il faut tout prendre…ou rien.
Giovanni Mirabassi (p), Pascal Neveu (p), Gianluca Renzi (b), Lukmil Perez (d)
Sans attendre le passage d’Ibrahim Maalouf déjà vu (et chroniqué sur ce blog) le mois dernier à Cheverny (41) sur le même programme, je me suis hâté de rejoindre l’Astrada, magnifique équipement d’environ 500 places dont la programmation parallèle à celle du chapiteau débutait ce même soir. Trop tard pour le Tingvall Trio, mais juste à temps pour entendre Giovanni Mirabassi. Le pianiste italien s’est d’abord présenté en duo de pianos avec Pascal Neveu, déjà souvent programmé sur les différentes scènes de Marciac. La musique de Neveu, puise abondamment dans le registre expressif et le vocabulaire harmonique du Romantisme jusqu’à Rachmaninov et Scriabine, dont on a entendu les effluves d’un Prélude. Sensibilité contrebalancée par des rythmiques motrices et dansantes qui m’ont rappelé un Didier Squiban. Parmi les influences de Pascal Neveu, Giovanni Mirabassi lui-même paraît en bonne place, et il a grandement contribué au très bon dosage auquel sont parvenus les deux pianistes pour maintenir un discours lisible, aéré, complice. Le pianiste italien a terminé la soirée en trio avec ses partenaires réguliers, Gianluca Renzi et Lukmil Perez. Son lyrisme très personnel – et que je trouve pour ma part si touchant – fait souvent émerger la mélodie d’une étroite complémentarité des deux mains, laquelle est en même porteuse d’une forte continuité rythmique. Ce qui est un atout considérable en solo peut s’avérer délicat et redondant en trio, écueil ici contourné par la légèreté et l’indépendance du jeu aérien de Perez. A peine déstabilisé par quelques soucis techniques du côté de l’amplification de Renzi, le trio s’est (et nous a) également offert un Body and Soul étiré à souhait, un creusement en profondeur permettant au grain mélodique de Mirabassi de se détacher en fines perles tout au long d’un solo entièrement habité. Parsemé, si j’ai bonne mémoire, d’une ou plusieurs citations de l’album « Adelante »… Un régal encore que cet All The Things You Are à la magnifique introduction contrapuntique, ponctué de réjouissants échanges sur le fil entre les musiciens. Aucun regret d’avoir quitté pour un temps les fastes plus bruyants du Chapiteau, pour l’intimité feutrée de l’Astrada. J’en ferai de même ce soir pour découvrir Melissa Aldana avant d’entendre la Belmondo Family.
Vincent Cotro
A suivre.
Jeudi 31 juillet, 21h au Chapiteau : Omar Sosa Quarteto Afrocubano / Orquesta Buena Vista Social Club « Adios Tour » Jeudi 31 juillet, 21h30 à l’Astrada : Melissa Aldana & Crash / Belmondo Family Sextet « Mediterranean Sound »
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Suite de mon immersion à Marciac sous un ciel devenu plus clément… Pour l’avoir découvert assez récemment par le disque, je ne voulais pas manquer la prestation du trompettiste Christian Scott, jeune pousse issue de la scène de la Nouvelle-Orléans. Finie l’époque des young lions incarnant en costume trois-pièces la résurgence tous azimuts de « la tradition » dans les années 1980-90, façon Donald Harrison (l’oncle de Scott) ou Terence Blanchard. Les apparences comme la démarche sont bien d’aujourd’hui, d’un syncrétisme actuel et (donc) visible.
Mercredi 30 juillet, Chapiteau / Astrada, Marciac (32)
Christian Scott (tp, flh), Braxton Cook (as), Elena Pinderhugues (fl, voc), Kris Funn (b), Corey Fonville (d), Isadora Scott (voc)
Plutôt que de développer la part plus anecdotique que constitue l’hommage appuyé à ses racines familiales plongeant dans la Black Indian culture dont est également issue son épouse Isadora, laquelle ne fera qu’une apparition folklorique au micro, je voudrais souligner le très haut niveau de jeu, d’engagement physique et de cohésion du groupe. Sur un répertoire original et dans une manière qu’on situerait globalement (par les lignes mélodiques, les harmonies, les arrangements, le déroulé des chorus, la hiérarchie maintenue entre solistes et section rythmique) dans les prolongements du hard bop plutôt que dans un quelconque héritage davisien ou coltranien, il n’a guère fallu attendre pour capter une très puissante énergie. La rythmique, touffue (un peu brouillonne au tout début), s’enrichit progressivement de la complémentarité entre l’élasticité de la basse et la justesse de placement du jeune Lawrence Fields au piano. Les arrangements tirent intelligemment parti de la présence de la flûte et de l’alto aux côtés de la trompette du leader, ample, mobile, parfaitement imprévisible dans ses choix de timbres. La jeune flûtiste Elena Pinderhugues (19 ans) fera parler d’elle : quelques chorus tout simplement ébouriffants par le phrasé, la qualité mélodique, la patiente construction. Qualités qui s’appliquent à peu de choses près à l’altiste Braxton Cook. Scott peut rappeler Hubbard (le répertoire aidant) par l’intensité et la science harmonique, mais sa culture sonore est plus vaste et fait apparaître tant le voile feutré d’un Clark Terry que les emportements telluriques de Don Cherry. Il mène et galvanise enfin son groupe avec force et générosité. On lui pardonne d’autant plus volontiers la sympathique voire touchante, mais trop longue présentation de ses partenaires. C’est que Christian Scott se montre, se livre et se fait entendre avec un égal bonheur, il faut tout prendre…ou rien.
Giovanni Mirabassi (p), Pascal Neveu (p), Gianluca Renzi (b), Lukmil Perez (d)
Sans attendre le passage d’Ibrahim Maalouf déjà vu (et chroniqué sur ce blog) le mois dernier à Cheverny (41) sur le même programme, je me suis hâté de rejoindre l’Astrada, magnifique équipement d’environ 500 places dont la programmation parallèle à celle du chapiteau débutait ce même soir. Trop tard pour le Tingvall Trio, mais juste à temps pour entendre Giovanni Mirabassi. Le pianiste italien s’est d’abord présenté en duo de pianos avec Pascal Neveu, déjà souvent programmé sur les différentes scènes de Marciac. La musique de Neveu, puise abondamment dans le registre expressif et le vocabulaire harmonique du Romantisme jusqu’à Rachmaninov et Scriabine, dont on a entendu les effluves d’un Prélude. Sensibilité contrebalancée par des rythmiques motrices et dansantes qui m’ont rappelé un Didier Squiban. Parmi les influences de Pascal Neveu, Giovanni Mirabassi lui-même paraît en bonne place, et il a grandement contribué au très bon dosage auquel sont parvenus les deux pianistes pour maintenir un discours lisible, aéré, complice. Le pianiste italien a terminé la soirée en trio avec ses partenaires réguliers, Gianluca Renzi et Lukmil Perez. Son lyrisme très personnel – et que je trouve pour ma part si touchant – fait souvent émerger la mélodie d’une étroite complémentarité des deux mains, laquelle est en même porteuse d’une forte continuité rythmique. Ce qui est un atout considérable en solo peut s’avérer délicat et redondant en trio, écueil ici contourné par la légèreté et l’indépendance du jeu aérien de Perez. A peine déstabilisé par quelques soucis techniques du côté de l’amplification de Renzi, le trio s’est (et nous a) également offert un Body and Soul étiré à souhait, un creusement en profondeur permettant au grain mélodique de Mirabassi de se détacher en fines perles tout au long d’un solo entièrement habité. Parsemé, si j’ai bonne mémoire, d’une ou plusieurs citations de l’album « Adelante »… Un régal encore que cet All The Things You Are à la magnifique introduction contrapuntique, ponctué de réjouissants échanges sur le fil entre les musiciens. Aucun regret d’avoir quitté pour un temps les fastes plus bruyants du Chapiteau, pour l’intimité feutrée de l’Astrada. J’en ferai de même ce soir pour découvrir Melissa Aldana avant d’entendre la Belmondo Family.
Vincent Cotro
A suivre.
Jeudi 31 juillet, 21h au Chapiteau : Omar Sosa Quarteto Afrocubano / Orquesta Buena Vista Social Club « Adios Tour » Jeudi 31 juillet, 21h30 à l’Astrada : Melissa Aldana & Crash / Belmondo Family Sextet « Mediterranean Sound »
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Suite de mon immersion à Marciac sous un ciel devenu plus clément… Pour l’avoir découvert assez récemment par le disque, je ne voulais pas manquer la prestation du trompettiste Christian Scott, jeune pousse issue de la scène de la Nouvelle-Orléans. Finie l’époque des young lions incarnant en costume trois-pièces la résurgence tous azimuts de « la tradition » dans les années 1980-90, façon Donald Harrison (l’oncle de Scott) ou Terence Blanchard. Les apparences comme la démarche sont bien d’aujourd’hui, d’un syncrétisme actuel et (donc) visible.
Mercredi 30 juillet, Chapiteau / Astrada, Marciac (32)
Christian Scott (tp, flh), Braxton Cook (as), Elena Pinderhugues (fl, voc), Kris Funn (b), Corey Fonville (d), Isadora Scott (voc)
Plutôt que de développer la part plus anecdotique que constitue l’hommage appuyé à ses racines familiales plongeant dans la Black Indian culture dont est également issue son épouse Isadora, laquelle ne fera qu’une apparition folklorique au micro, je voudrais souligner le très haut niveau de jeu, d’engagement physique et de cohésion du groupe. Sur un répertoire original et dans une manière qu’on situerait globalement (par les lignes mélodiques, les harmonies, les arrangements, le déroulé des chorus, la hiérarchie maintenue entre solistes et section rythmique) dans les prolongements du hard bop plutôt que dans un quelconque héritage davisien ou coltranien, il n’a guère fallu attendre pour capter une très puissante énergie. La rythmique, touffue (un peu brouillonne au tout début), s’enrichit progressivement de la complémentarité entre l’élasticité de la basse et la justesse de placement du jeune Lawrence Fields au piano. Les arrangements tirent intelligemment parti de la présence de la flûte et de l’alto aux côtés de la trompette du leader, ample, mobile, parfaitement imprévisible dans ses choix de timbres. La jeune flûtiste Elena Pinderhugues (19 ans) fera parler d’elle : quelques chorus tout simplement ébouriffants par le phrasé, la qualité mélodique, la patiente construction. Qualités qui s’appliquent à peu de choses près à l’altiste Braxton Cook. Scott peut rappeler Hubbard (le répertoire aidant) par l’intensité et la science harmonique, mais sa culture sonore est plus vaste et fait apparaître tant le voile feutré d’un Clark Terry que les emportements telluriques de Don Cherry. Il mène et galvanise enfin son groupe avec force et générosité. On lui pardonne d’autant plus volontiers la sympathique voire touchante, mais trop longue présentation de ses partenaires. C’est que Christian Scott se montre, se livre et se fait entendre avec un égal bonheur, il faut tout prendre…ou rien.
Giovanni Mirabassi (p), Pascal Neveu (p), Gianluca Renzi (b), Lukmil Perez (d)
Sans attendre le passage d’Ibrahim Maalouf déjà vu (et chroniqué sur ce blog) le mois dernier à Cheverny (41) sur le même programme, je me suis hâté de rejoindre l’Astrada, magnifique équipement d’environ 500 places dont la programmation parallèle à celle du chapiteau débutait ce même soir. Trop tard pour le Tingvall Trio, mais juste à temps pour entendre Giovanni Mirabassi. Le pianiste italien s’est d’abord présenté en duo de pianos avec Pascal Neveu, déjà souvent programmé sur les différentes scènes de Marciac. La musique de Neveu, puise abondamment dans le registre expressif et le vocabulaire harmonique du Romantisme jusqu’à Rachmaninov et Scriabine, dont on a entendu les effluves d’un Prélude. Sensibilité contrebalancée par des rythmiques motrices et dansantes qui m’ont rappelé un Didier Squiban. Parmi les influences de Pascal Neveu, Giovanni Mirabassi lui-même paraît en bonne place, et il a grandement contribué au très bon dosage auquel sont parvenus les deux pianistes pour maintenir un discours lisible, aéré, complice. Le pianiste italien a terminé la soirée en trio avec ses partenaires réguliers, Gianluca Renzi et Lukmil Perez. Son lyrisme très personnel – et que je trouve pour ma part si touchant – fait souvent émerger la mélodie d’une étroite complémentarité des deux mains, laquelle est en même porteuse d’une forte continuité rythmique. Ce qui est un atout considérable en solo peut s’avérer délicat et redondant en trio, écueil ici contourné par la légèreté et l’indépendance du jeu aérien de Perez. A peine déstabilisé par quelques soucis techniques du côté de l’amplification de Renzi, le trio s’est (et nous a) également offert un Body and Soul étiré à souhait, un creusement en profondeur permettant au grain mélodique de Mirabassi de se détacher en fines perles tout au long d’un solo entièrement habité. Parsemé, si j’ai bonne mémoire, d’une ou plusieurs citations de l’album « Adelante »… Un régal encore que cet All The Things You Are à la magnifique introduction contrapuntique, ponctué de réjouissants échanges sur le fil entre les musiciens. Aucun regret d’avoir quitté pour un temps les fastes plus bruyants du Chapiteau, pour l’intimité feutrée de l’Astrada. J’en ferai de même ce soir pour découvrir Melissa Aldana avant d’entendre la Belmondo Family.
Vincent Cotro
A suivre.
Jeudi 31 juillet, 21h au Chapiteau : Omar Sosa Quarteto Afrocubano / Orquesta Buena Vista Social Club « Adios Tour » Jeudi 31 juillet, 21h30 à l’Astrada : Melissa Aldana & Crash / Belmondo Family Sextet « Mediterranean Sound »