Spyro Gyra & Kenny Garrett Quintet à Marciac
Spyro Gyra / Kenny Garrett Quintet, dimanche 3 août, Chapiteau de Marciac (32).
J’ai bien failli bouder ce groupe pourtant emblématique de la fusion des années 1970 pour garder une paire d’oreilles fraîches en vue du concert à suivre de Kenny Garrett. Mal m’en aurait pris et j’ai passé un excellent moment même s’il me faut préciser que je n’ai pas entendu tout le set. La rythmique est superlative, le cubain Julio Fernandez ne se prend pas pour Joe Satriani mais le vaut bien – et pousse joliment la chansonnette à l’occasion. A l’image des claviers impeccables de Tom Schuman, le son est délicieusement anachronique (clavinet et piano électriques alternent avec des riffs synthétiques qui pourraient sortir d’un DX7), mais rien ne fleure pour autant la reconstitution nostalgique.
Spyro Gyra : Jay Beckenstein (ss, as), Tom Schuman (kbds), Julio Fernandez (g), Scott Ambush (b), Lee Pearson (d).
Cette musique est joviale jusque dans les ballades, elle chante et respire grâce à une sonorisation comme on en aurait souhaité en d’autres occasions, efficacement emmenée par le lyrisme bien tempéré de Jay Beckenstein à l’alto et au soprano. Pas un poil de laisser-aller dans les mises en place, un formidable solo de batterie à l’ancienne (comme dans le rock : les autres sont sortis de scène), à la fois drôle et truffé de muscle et d’invention. Et en plus ils sont franchement sympathiques, ces Spyro Gyra, dont le leader exprime dans un français touchant le bonheur d’être là. « Un super lieu, un super festival, un super public. C’est vraiment la belle France ici, merci ! »
Kenny Garrett 5tet: Kenny Garrett (as, ss), Vernell Brown (p), Corcoran Holt (b), McClenty Hunter (d), Rudy Bird (perc).
Ca commence dans le dur, sans échauffement ni précautions introductives d’aucune sorte. Pourtant, après l’hypnotique et coltranienne mise en bouche, façon A Love Supreme poussé d’emblée dans ses retranchements, la longue invocation collective du Sûtra du Lotus (« Nam myoho renge kyo ») a pu faire craindre à d’aucuns, parmi lesquels je me range, d’être entrés par effraction dans une cérémonie de la Sokka Gakkai bouddhiste. Après la fusion de Spyro Gyra et sur une scène festivalière comme celle-ci, peut-être ne fallait-il rien y entendre d’autre que la profonde réaffirmation de la parole et de la charge spirituelle sans lesquelles l’énergie et la fête des corps ne signifient rien ou pas grand-chose, dans un certain « jazz » de tradition afro-américaine, d’Armstrong à Mingus, d’Ellington à Sanders, de Roach à Taylor. On sait aussi que Coltrane, plus que Miles, continue de jouer dans le tréfonds de Kenny Garrett. Ses volutes de soprano revisitent le Footprints de Wayne Shorter ou le St Thomas de Rollins, mais finissent par se poser gracieusement sur un souvenir d’Equinox. La rythmique officie – c’est le mot – avec une puissance doublée d’une joie profondément communicatives, le drumming polyphonique de McClenty Hunter ferait parfois passer Elvin Jones pour un simple émule de Baby Dodds (je sens que je vais m’attirer des regards noirs), Vernell Brown au piano malaxe et fait jaillir la matière modale en un geste qui rassemblerait les héritages de Don Pullen, McCoy Tyner ou Jaki Byard, quand il n’explose pas à la façon d’un Joachim Kühn. Accumulation de références dans laquelle ne se retrouvera sans doute pas la grande majorité d’un auditoire progressivement happé, conquis, galvanisé, par une performance au terme de laquelle beaucoup avaient appris à danser debout sur leur chaise, une performance admirable d’engagement à laquelle on pardonne donc sa difficulté à se conclure, car elle demeurera un brûlant sommet de cette édition 2014.
A suivre.
Lundi 3 août :
21h au Chapiteau : Maraca & His Latin Jazz All Stars / Fatoumata Diawara & Roberto Fonseca
21h30 à l’Astrada : Laurent Coulondre Trio / Mélanie De Biasio Quintet
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Spyro Gyra / Kenny Garrett Quintet, dimanche 3 août, Chapiteau de Marciac (32).
J’ai bien failli bouder ce groupe pourtant emblématique de la fusion des années 1970 pour garder une paire d’oreilles fraîches en vue du concert à suivre de Kenny Garrett. Mal m’en aurait pris et j’ai passé un excellent moment même s’il me faut préciser que je n’ai pas entendu tout le set. La rythmique est superlative, le cubain Julio Fernandez ne se prend pas pour Joe Satriani mais le vaut bien – et pousse joliment la chansonnette à l’occasion. A l’image des claviers impeccables de Tom Schuman, le son est délicieusement anachronique (clavinet et piano électriques alternent avec des riffs synthétiques qui pourraient sortir d’un DX7), mais rien ne fleure pour autant la reconstitution nostalgique.
Spyro Gyra : Jay Beckenstein (ss, as), Tom Schuman (kbds), Julio Fernandez (g), Scott Ambush (b), Lee Pearson (d).
Cette musique est joviale jusque dans les ballades, elle chante et respire grâce à une sonorisation comme on en aurait souhaité en d’autres occasions, efficacement emmenée par le lyrisme bien tempéré de Jay Beckenstein à l’alto et au soprano. Pas un poil de laisser-aller dans les mises en place, un formidable solo de batterie à l’ancienne (comme dans le rock : les autres sont sortis de scène), à la fois drôle et truffé de muscle et d’invention. Et en plus ils sont franchement sympathiques, ces Spyro Gyra, dont le leader exprime dans un français touchant le bonheur d’être là. « Un super lieu, un super festival, un super public. C’est vraiment la belle France ici, merci ! »
Kenny Garrett 5tet: Kenny Garrett (as, ss), Vernell Brown (p), Corcoran Holt (b), McClenty Hunter (d), Rudy Bird (perc).
Ca commence dans le dur, sans échauffement ni précautions introductives d’aucune sorte. Pourtant, après l’hypnotique et coltranienne mise en bouche, façon A Love Supreme poussé d’emblée dans ses retranchements, la longue invocation collective du Sûtra du Lotus (« Nam myoho renge kyo ») a pu faire craindre à d’aucuns, parmi lesquels je me range, d’être entrés par effraction dans une cérémonie de la Sokka Gakkai bouddhiste. Après la fusion de Spyro Gyra et sur une scène festivalière comme celle-ci, peut-être ne fallait-il rien y entendre d’autre que la profonde réaffirmation de la parole et de la charge spirituelle sans lesquelles l’énergie et la fête des corps ne signifient rien ou pas grand-chose, dans un certain « jazz » de tradition afro-américaine, d’Armstrong à Mingus, d’Ellington à Sanders, de Roach à Taylor. On sait aussi que Coltrane, plus que Miles, continue de jouer dans le tréfonds de Kenny Garrett. Ses volutes de soprano revisitent le Footprints de Wayne Shorter ou le St Thomas de Rollins, mais finissent par se poser gracieusement sur un souvenir d’Equinox. La rythmique officie – c’est le mot – avec une puissance doublée d’une joie profondément communicatives, le drumming polyphonique de McClenty Hunter ferait parfois passer Elvin Jones pour un simple émule de Baby Dodds (je sens que je vais m’attirer des regards noirs), Vernell Brown au piano malaxe et fait jaillir la matière modale en un geste qui rassemblerait les héritages de Don Pullen, McCoy Tyner ou Jaki Byard, quand il n’explose pas à la façon d’un Joachim Kühn. Accumulation de références dans laquelle ne se retrouvera sans doute pas la grande majorité d’un auditoire progressivement happé, conquis, galvanisé, par une performance au terme de laquelle beaucoup avaient appris à danser debout sur leur chaise, une performance admirable d’engagement à laquelle on pardonne donc sa difficulté à se conclure, car elle demeurera un brûlant sommet de cette édition 2014.
A suivre.
Lundi 3 août :
21h au Chapiteau : Maraca & His Latin Jazz All Stars / Fatoumata Diawara & Roberto Fonseca
21h30 à l’Astrada : Laurent Coulondre Trio / Mélanie De Biasio Quintet
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Spyro Gyra / Kenny Garrett Quintet, dimanche 3 août, Chapiteau de Marciac (32).
J’ai bien failli bouder ce groupe pourtant emblématique de la fusion des années 1970 pour garder une paire d’oreilles fraîches en vue du concert à suivre de Kenny Garrett. Mal m’en aurait pris et j’ai passé un excellent moment même s’il me faut préciser que je n’ai pas entendu tout le set. La rythmique est superlative, le cubain Julio Fernandez ne se prend pas pour Joe Satriani mais le vaut bien – et pousse joliment la chansonnette à l’occasion. A l’image des claviers impeccables de Tom Schuman, le son est délicieusement anachronique (clavinet et piano électriques alternent avec des riffs synthétiques qui pourraient sortir d’un DX7), mais rien ne fleure pour autant la reconstitution nostalgique.
Spyro Gyra : Jay Beckenstein (ss, as), Tom Schuman (kbds), Julio Fernandez (g), Scott Ambush (b), Lee Pearson (d).
Cette musique est joviale jusque dans les ballades, elle chante et respire grâce à une sonorisation comme on en aurait souhaité en d’autres occasions, efficacement emmenée par le lyrisme bien tempéré de Jay Beckenstein à l’alto et au soprano. Pas un poil de laisser-aller dans les mises en place, un formidable solo de batterie à l’ancienne (comme dans le rock : les autres sont sortis de scène), à la fois drôle et truffé de muscle et d’invention. Et en plus ils sont franchement sympathiques, ces Spyro Gyra, dont le leader exprime dans un français touchant le bonheur d’être là. « Un super lieu, un super festival, un super public. C’est vraiment la belle France ici, merci ! »
Kenny Garrett 5tet: Kenny Garrett (as, ss), Vernell Brown (p), Corcoran Holt (b), McClenty Hunter (d), Rudy Bird (perc).
Ca commence dans le dur, sans échauffement ni précautions introductives d’aucune sorte. Pourtant, après l’hypnotique et coltranienne mise en bouche, façon A Love Supreme poussé d’emblée dans ses retranchements, la longue invocation collective du Sûtra du Lotus (« Nam myoho renge kyo ») a pu faire craindre à d’aucuns, parmi lesquels je me range, d’être entrés par effraction dans une cérémonie de la Sokka Gakkai bouddhiste. Après la fusion de Spyro Gyra et sur une scène festivalière comme celle-ci, peut-être ne fallait-il rien y entendre d’autre que la profonde réaffirmation de la parole et de la charge spirituelle sans lesquelles l’énergie et la fête des corps ne signifient rien ou pas grand-chose, dans un certain « jazz » de tradition afro-américaine, d’Armstrong à Mingus, d’Ellington à Sanders, de Roach à Taylor. On sait aussi que Coltrane, plus que Miles, continue de jouer dans le tréfonds de Kenny Garrett. Ses volutes de soprano revisitent le Footprints de Wayne Shorter ou le St Thomas de Rollins, mais finissent par se poser gracieusement sur un souvenir d’Equinox. La rythmique officie – c’est le mot – avec une puissance doublée d’une joie profondément communicatives, le drumming polyphonique de McClenty Hunter ferait parfois passer Elvin Jones pour un simple émule de Baby Dodds (je sens que je vais m’attirer des regards noirs), Vernell Brown au piano malaxe et fait jaillir la matière modale en un geste qui rassemblerait les héritages de Don Pullen, McCoy Tyner ou Jaki Byard, quand il n’explose pas à la façon d’un Joachim Kühn. Accumulation de références dans laquelle ne se retrouvera sans doute pas la grande majorité d’un auditoire progressivement happé, conquis, galvanisé, par une performance au terme de laquelle beaucoup avaient appris à danser debout sur leur chaise, une performance admirable d’engagement à laquelle on pardonne donc sa difficulté à se conclure, car elle demeurera un brûlant sommet de cette édition 2014.
A suivre.
Lundi 3 août :
21h au Chapiteau : Maraca & His Latin Jazz All Stars / Fatoumata Diawara & Roberto Fonseca
21h30 à l’Astrada : Laurent Coulondre Trio / Mélanie De Biasio Quintet
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Spyro Gyra / Kenny Garrett Quintet, dimanche 3 août, Chapiteau de Marciac (32).
J’ai bien failli bouder ce groupe pourtant emblématique de la fusion des années 1970 pour garder une paire d’oreilles fraîches en vue du concert à suivre de Kenny Garrett. Mal m’en aurait pris et j’ai passé un excellent moment même s’il me faut préciser que je n’ai pas entendu tout le set. La rythmique est superlative, le cubain Julio Fernandez ne se prend pas pour Joe Satriani mais le vaut bien – et pousse joliment la chansonnette à l’occasion. A l’image des claviers impeccables de Tom Schuman, le son est délicieusement anachronique (clavinet et piano électriques alternent avec des riffs synthétiques qui pourraient sortir d’un DX7), mais rien ne fleure pour autant la reconstitution nostalgique.
Spyro Gyra : Jay Beckenstein (ss, as), Tom Schuman (kbds), Julio Fernandez (g), Scott Ambush (b), Lee Pearson (d).
Cette musique est joviale jusque dans les ballades, elle chante et respire grâce à une sonorisation comme on en aurait souhaité en d’autres occasions, efficacement emmenée par le lyrisme bien tempéré de Jay Beckenstein à l’alto et au soprano. Pas un poil de laisser-aller dans les mises en place, un formidable solo de batterie à l’ancienne (comme dans le rock : les autres sont sortis de scène), à la fois drôle et truffé de muscle et d’invention. Et en plus ils sont franchement sympathiques, ces Spyro Gyra, dont le leader exprime dans un français touchant le bonheur d’être là. « Un super lieu, un super festival, un super public. C’est vraiment la belle France ici, merci ! »
Kenny Garrett 5tet: Kenny Garrett (as, ss), Vernell Brown (p), Corcoran Holt (b), McClenty Hunter (d), Rudy Bird (perc).
Ca commence dans le dur, sans échauffement ni précautions introductives d’aucune sorte. Pourtant, après l’hypnotique et coltranienne mise en bouche, façon A Love Supreme poussé d’emblée dans ses retranchements, la longue invocation collective du Sûtra du Lotus (« Nam myoho renge kyo ») a pu faire craindre à d’aucuns, parmi lesquels je me range, d’être entrés par effraction dans une cérémonie de la Sokka Gakkai bouddhiste. Après la fusion de Spyro Gyra et sur une scène festivalière comme celle-ci, peut-être ne fallait-il rien y entendre d’autre que la profonde réaffirmation de la parole et de la charge spirituelle sans lesquelles l’énergie et la fête des corps ne signifient rien ou pas grand-chose, dans un certain « jazz » de tradition afro-américaine, d’Armstrong à Mingus, d’Ellington à Sanders, de Roach à Taylor. On sait aussi que Coltrane, plus que Miles, continue de jouer dans le tréfonds de Kenny Garrett. Ses volutes de soprano revisitent le Footprints de Wayne Shorter ou le St Thomas de Rollins, mais finissent par se poser gracieusement sur un souvenir d’Equinox. La rythmique officie – c’est le mot – avec une puissance doublée d’une joie profondément communicatives, le drumming polyphonique de McClenty Hunter ferait parfois passer Elvin Jones pour un simple émule de Baby Dodds (je sens que je vais m’attirer des regards noirs), Vernell Brown au piano malaxe et fait jaillir la matière modale en un geste qui rassemblerait les héritages de Don Pullen, McCoy Tyner ou Jaki Byard, quand il n’explose pas à la façon d’un Joachim Kühn. Accumulation de références dans laquelle ne se retrouvera sans doute pas la grande majorité d’un auditoire progressivement happé, conquis, galvanisé, par une performance au terme de laquelle beaucoup avaient appris à danser debout sur leur chaise, une performance admirable d’engagement à laquelle on pardonne donc sa difficulté à se conclure, car elle demeurera un brûlant sommet de cette édition 2014.
A suivre.
Lundi 3 août :
21h au Chapiteau : Maraca & His Latin Jazz All Stars / Fatoumata Diawara & Roberto Fonseca
21h30 à l’Astrada : Laurent Coulondre Trio / Mélanie De Biasio Quintet