À Voix Haute, Bagnères-de-Bigorre, collectif "Yes, Igor" et "Baa Box"

Perdre un festival de vue (et d’oreilles), puis le retrouver trois ans plus tard, a du bon : on découvre ce qui a changé, et – c’est le cas pour « À Voix Haute » – on réalise ce qui a permis l’éclosion et l’extension de la manifestation. En l’occurence, en lieu et place de divers concerts plus ou moins dispersés en différents lieux de la petite ville, le recentrage sur la Halle aux grains et le parvis de cette dernière. Ce qui produit un effet festivalier manifeste, avec stands pour se restaurer et autres points de fixation du public. Ajoutez la gratuité totale de la première soirée, et vous avez l’explication du très grand nombre de personnes assemblées hier soir. Et, pour la plupart, à l’écoute.

Je dis « pour la plupart » car il faut bien reconnaître que l’effet induit par ces foules réunies sous des motifs divers est aussi de produire, sur les bords, une sorte de bruit de fond parfois envahissant. On connaît la règle des trois cercles : le premier, là, sous le nez des musiciens, participe au concert et le soutient, le second, un peu plus à distance, se laisse aller parfois à des écoutes flottantes, et le troisième, là-bas où ça bavarde, n’écoute strictement rien. De l’aveu même des musiciens de « Baa Box », le nouveau groupe de Leïla Martial, cette dispersion a pu avoir sur leur prestation un effet négatif. En tous cas, Leïla, sans accuser personne, avait le visage des soirées difficiles. Non sans raisons. Mais ce groupe est encore frais, il a besoin de se confronter à toutes les situations, de peaufiner son répertoire, tout en s’appuyant aussi sur des succès anciens (Smile). Les compositions nouvelles sont d’elle-même, en collaboration avec Pierre Tereygeol – guitariste dont on a apprécié la versatilité au bon sens du terme. La présence d’Alice Perret aux claviers et à l’alto donne des couleurs intéressantes, et laisse augurer de climats musicaux pleins de poésie, la complicité ancienne de Leïla et d’Eric Perez est un gage de solidité rythmique, et l’écriture pour trois voix se développe de belle manière. On a seulement regretté une certaine dispersion, un certain « éclatement » des choses, qui font qu’on a du mal à rentrer complètement dans le jeu de ce groupe, qui laisse une belle place à l’improvisation, et donc au risque. A suivre, à Nantes, aux RDV de l’Erdre.

Leïla Martial Baa Box : Leïla Martial (voix, electronics), Eric Perez (dm, electronics, voix), Pierre Tereygeol (g, voix), Alice Perret (claviers, alto)

                     Leïla Martial

Avant ce concert nous avions eu droit, dans la salle de la halle aux grains, aux discours traditionnels d’ouverture et à une prestation surprenante et pleine de qualités d’un collectif bordelais nommé « Yes, Igor ». Pour ce qui touche aux discours, il est d’évidence, et c’est si rare de nos jours que ça mérite d’être souligné trois fois en bleu, blanc et rouge, que la municipalité actuelle a compris le sens de ce festival centré sur la voix dans ses manifestations les plus diverses (hors bel canto), et continuera à la soutenir malgré les difficultés. On aimerait tant que ce soit vrai ailleurs en France, au lieu de cette lâche débandade qui saisit les nouvelles mairies depuis les dernières élections ! Quant à « Yes, Igor », en voici quelques échos.

Yes, Igor : M. Gadou (g, clavier, perc, banjo, euphonium, voix), Pierre Lachaud (voix, perc), Isabelle Jelen (voix, projection)

Donner une version musicale – en forme de comédie musicale même – de « La Mouette » de Tchekov est une audace. Le faire à trois musiciens et chanteurs, avec un minimum de scénographie, est une façon de redoubler cette audace. Et projeter de hausser la chose jusqu’à la scène du Grand Théâtre de Bordeaux en janvier 2015 est un projet qui peut sembler fou, mais qui a l’air d’être sur les rails. Cette « lecture » (c’en est une, et sacrément bien faite) de Tchekov est drôle, juste, d’une fraîcheur décapante. Les voix sont fort belles (M. Gadou nous avait caché ça !), posées avec la distance qui convient, et les chansons (écrite et arrangées par le collectif) passent de l’humour à cette sorte de vérité brûlante qui sort parfois de l’ironie. Soit une façon de retrouver Brecht dans Tchekov, ce qui n’est pas, au fond, si étonnant. Une écriture musicale minimale (mais on est dans la chanson, et un peu à la façon de Gainsbourg, on ne va pas se prendre la tête avec ça, voyez l’allusion…). Au total un très bon moment, partagé par un public nombreux, d’abord dérouté par ce qui se présente comme une esquisse en voie d’être ratée. Un échouage qui n’est pas un échec, au contraire. On sera au Grand Théâtre en janvier 2015 !!!

Philippe Méziat

|

Perdre un festival de vue (et d’oreilles), puis le retrouver trois ans plus tard, a du bon : on découvre ce qui a changé, et – c’est le cas pour « À Voix Haute » – on réalise ce qui a permis l’éclosion et l’extension de la manifestation. En l’occurence, en lieu et place de divers concerts plus ou moins dispersés en différents lieux de la petite ville, le recentrage sur la Halle aux grains et le parvis de cette dernière. Ce qui produit un effet festivalier manifeste, avec stands pour se restaurer et autres points de fixation du public. Ajoutez la gratuité totale de la première soirée, et vous avez l’explication du très grand nombre de personnes assemblées hier soir. Et, pour la plupart, à l’écoute.

Je dis « pour la plupart » car il faut bien reconnaître que l’effet induit par ces foules réunies sous des motifs divers est aussi de produire, sur les bords, une sorte de bruit de fond parfois envahissant. On connaît la règle des trois cercles : le premier, là, sous le nez des musiciens, participe au concert et le soutient, le second, un peu plus à distance, se laisse aller parfois à des écoutes flottantes, et le troisième, là-bas où ça bavarde, n’écoute strictement rien. De l’aveu même des musiciens de « Baa Box », le nouveau groupe de Leïla Martial, cette dispersion a pu avoir sur leur prestation un effet négatif. En tous cas, Leïla, sans accuser personne, avait le visage des soirées difficiles. Non sans raisons. Mais ce groupe est encore frais, il a besoin de se confronter à toutes les situations, de peaufiner son répertoire, tout en s’appuyant aussi sur des succès anciens (Smile). Les compositions nouvelles sont d’elle-même, en collaboration avec Pierre Tereygeol – guitariste dont on a apprécié la versatilité au bon sens du terme. La présence d’Alice Perret aux claviers et à l’alto donne des couleurs intéressantes, et laisse augurer de climats musicaux pleins de poésie, la complicité ancienne de Leïla et d’Eric Perez est un gage de solidité rythmique, et l’écriture pour trois voix se développe de belle manière. On a seulement regretté une certaine dispersion, un certain « éclatement » des choses, qui font qu’on a du mal à rentrer complètement dans le jeu de ce groupe, qui laisse une belle place à l’improvisation, et donc au risque. A suivre, à Nantes, aux RDV de l’Erdre.

Leïla Martial Baa Box : Leïla Martial (voix, electronics), Eric Perez (dm, electronics, voix), Pierre Tereygeol (g, voix), Alice Perret (claviers, alto)

                     Leïla Martial

Avant ce concert nous avions eu droit, dans la salle de la halle aux grains, aux discours traditionnels d’ouverture et à une prestation surprenante et pleine de qualités d’un collectif bordelais nommé « Yes, Igor ». Pour ce qui touche aux discours, il est d’évidence, et c’est si rare de nos jours que ça mérite d’être souligné trois fois en bleu, blanc et rouge, que la municipalité actuelle a compris le sens de ce festival centré sur la voix dans ses manifestations les plus diverses (hors bel canto), et continuera à la soutenir malgré les difficultés. On aimerait tant que ce soit vrai ailleurs en France, au lieu de cette lâche débandade qui saisit les nouvelles mairies depuis les dernières élections ! Quant à « Yes, Igor », en voici quelques échos.

Yes, Igor : M. Gadou (g, clavier, perc, banjo, euphonium, voix), Pierre Lachaud (voix, perc), Isabelle Jelen (voix, projection)

Donner une version musicale – en forme de comédie musicale même – de « La Mouette » de Tchekov est une audace. Le faire à trois musiciens et chanteurs, avec un minimum de scénographie, est une façon de redoubler cette audace. Et projeter de hausser la chose jusqu’à la scène du Grand Théâtre de Bordeaux en janvier 2015 est un projet qui peut sembler fou, mais qui a l’air d’être sur les rails. Cette « lecture » (c’en est une, et sacrément bien faite) de Tchekov est drôle, juste, d’une fraîcheur décapante. Les voix sont fort belles (M. Gadou nous avait caché ça !), posées avec la distance qui convient, et les chansons (écrite et arrangées par le collectif) passent de l’humour à cette sorte de vérité brûlante qui sort parfois de l’ironie. Soit une façon de retrouver Brecht dans Tchekov, ce qui n’est pas, au fond, si étonnant. Une écriture musicale minimale (mais on est dans la chanson, et un peu à la façon de Gainsbourg, on ne va pas se prendre la tête avec ça, voyez l’allusion…). Au total un très bon moment, partagé par un public nombreux, d’abord dérouté par ce qui se présente comme une esquisse en voie d’être ratée. Un échouage qui n’est pas un échec, au contraire. On sera au Grand Théâtre en janvier 2015 !!!

Philippe Méziat

|

Perdre un festival de vue (et d’oreilles), puis le retrouver trois ans plus tard, a du bon : on découvre ce qui a changé, et – c’est le cas pour « À Voix Haute » – on réalise ce qui a permis l’éclosion et l’extension de la manifestation. En l’occurence, en lieu et place de divers concerts plus ou moins dispersés en différents lieux de la petite ville, le recentrage sur la Halle aux grains et le parvis de cette dernière. Ce qui produit un effet festivalier manifeste, avec stands pour se restaurer et autres points de fixation du public. Ajoutez la gratuité totale de la première soirée, et vous avez l’explication du très grand nombre de personnes assemblées hier soir. Et, pour la plupart, à l’écoute.

Je dis « pour la plupart » car il faut bien reconnaître que l’effet induit par ces foules réunies sous des motifs divers est aussi de produire, sur les bords, une sorte de bruit de fond parfois envahissant. On connaît la règle des trois cercles : le premier, là, sous le nez des musiciens, participe au concert et le soutient, le second, un peu plus à distance, se laisse aller parfois à des écoutes flottantes, et le troisième, là-bas où ça bavarde, n’écoute strictement rien. De l’aveu même des musiciens de « Baa Box », le nouveau groupe de Leïla Martial, cette dispersion a pu avoir sur leur prestation un effet négatif. En tous cas, Leïla, sans accuser personne, avait le visage des soirées difficiles. Non sans raisons. Mais ce groupe est encore frais, il a besoin de se confronter à toutes les situations, de peaufiner son répertoire, tout en s’appuyant aussi sur des succès anciens (Smile). Les compositions nouvelles sont d’elle-même, en collaboration avec Pierre Tereygeol – guitariste dont on a apprécié la versatilité au bon sens du terme. La présence d’Alice Perret aux claviers et à l’alto donne des couleurs intéressantes, et laisse augurer de climats musicaux pleins de poésie, la complicité ancienne de Leïla et d’Eric Perez est un gage de solidité rythmique, et l’écriture pour trois voix se développe de belle manière. On a seulement regretté une certaine dispersion, un certain « éclatement » des choses, qui font qu’on a du mal à rentrer complètement dans le jeu de ce groupe, qui laisse une belle place à l’improvisation, et donc au risque. A suivre, à Nantes, aux RDV de l’Erdre.

Leïla Martial Baa Box : Leïla Martial (voix, electronics), Eric Perez (dm, electronics, voix), Pierre Tereygeol (g, voix), Alice Perret (claviers, alto)

                     Leïla Martial

Avant ce concert nous avions eu droit, dans la salle de la halle aux grains, aux discours traditionnels d’ouverture et à une prestation surprenante et pleine de qualités d’un collectif bordelais nommé « Yes, Igor ». Pour ce qui touche aux discours, il est d’évidence, et c’est si rare de nos jours que ça mérite d’être souligné trois fois en bleu, blanc et rouge, que la municipalité actuelle a compris le sens de ce festival centré sur la voix dans ses manifestations les plus diverses (hors bel canto), et continuera à la soutenir malgré les difficultés. On aimerait tant que ce soit vrai ailleurs en France, au lieu de cette lâche débandade qui saisit les nouvelles mairies depuis les dernières élections ! Quant à « Yes, Igor », en voici quelques échos.

Yes, Igor : M. Gadou (g, clavier, perc, banjo, euphonium, voix), Pierre Lachaud (voix, perc), Isabelle Jelen (voix, projection)

Donner une version musicale – en forme de comédie musicale même – de « La Mouette » de Tchekov est une audace. Le faire à trois musiciens et chanteurs, avec un minimum de scénographie, est une façon de redoubler cette audace. Et projeter de hausser la chose jusqu’à la scène du Grand Théâtre de Bordeaux en janvier 2015 est un projet qui peut sembler fou, mais qui a l’air d’être sur les rails. Cette « lecture » (c’en est une, et sacrément bien faite) de Tchekov est drôle, juste, d’une fraîcheur décapante. Les voix sont fort belles (M. Gadou nous avait caché ça !), posées avec la distance qui convient, et les chansons (écrite et arrangées par le collectif) passent de l’humour à cette sorte de vérité brûlante qui sort parfois de l’ironie. Soit une façon de retrouver Brecht dans Tchekov, ce qui n’est pas, au fond, si étonnant. Une écriture musicale minimale (mais on est dans la chanson, et un peu à la façon de Gainsbourg, on ne va pas se prendre la tête avec ça, voyez l’allusion…). Au total un très bon moment, partagé par un public nombreux, d’abord dérouté par ce qui se présente comme une esquisse en voie d’être ratée. Un échouage qui n’est pas un échec, au contraire. On sera au Grand Théâtre en janvier 2015 !!!

Philippe Méziat

|

Perdre un festival de vue (et d’oreilles), puis le retrouver trois ans plus tard, a du bon : on découvre ce qui a changé, et – c’est le cas pour « À Voix Haute » – on réalise ce qui a permis l’éclosion et l’extension de la manifestation. En l’occurence, en lieu et place de divers concerts plus ou moins dispersés en différents lieux de la petite ville, le recentrage sur la Halle aux grains et le parvis de cette dernière. Ce qui produit un effet festivalier manifeste, avec stands pour se restaurer et autres points de fixation du public. Ajoutez la gratuité totale de la première soirée, et vous avez l’explication du très grand nombre de personnes assemblées hier soir. Et, pour la plupart, à l’écoute.

Je dis « pour la plupart » car il faut bien reconnaître que l’effet induit par ces foules réunies sous des motifs divers est aussi de produire, sur les bords, une sorte de bruit de fond parfois envahissant. On connaît la règle des trois cercles : le premier, là, sous le nez des musiciens, participe au concert et le soutient, le second, un peu plus à distance, se laisse aller parfois à des écoutes flottantes, et le troisième, là-bas où ça bavarde, n’écoute strictement rien. De l’aveu même des musiciens de « Baa Box », le nouveau groupe de Leïla Martial, cette dispersion a pu avoir sur leur prestation un effet négatif. En tous cas, Leïla, sans accuser personne, avait le visage des soirées difficiles. Non sans raisons. Mais ce groupe est encore frais, il a besoin de se confronter à toutes les situations, de peaufiner son répertoire, tout en s’appuyant aussi sur des succès anciens (Smile). Les compositions nouvelles sont d’elle-même, en collaboration avec Pierre Tereygeol – guitariste dont on a apprécié la versatilité au bon sens du terme. La présence d’Alice Perret aux claviers et à l’alto donne des couleurs intéressantes, et laisse augurer de climats musicaux pleins de poésie, la complicité ancienne de Leïla et d’Eric Perez est un gage de solidité rythmique, et l’écriture pour trois voix se développe de belle manière. On a seulement regretté une certaine dispersion, un certain « éclatement » des choses, qui font qu’on a du mal à rentrer complètement dans le jeu de ce groupe, qui laisse une belle place à l’improvisation, et donc au risque. A suivre, à Nantes, aux RDV de l’Erdre.

Leïla Martial Baa Box : Leïla Martial (voix, electronics), Eric Perez (dm, electronics, voix), Pierre Tereygeol (g, voix), Alice Perret (claviers, alto)

                     Leïla Martial

Avant ce concert nous avions eu droit, dans la salle de la halle aux grains, aux discours traditionnels d’ouverture et à une prestation surprenante et pleine de qualités d’un collectif bordelais nommé « Yes, Igor ». Pour ce qui touche aux discours, il est d’évidence, et c’est si rare de nos jours que ça mérite d’être souligné trois fois en bleu, blanc et rouge, que la municipalité actuelle a compris le sens de ce festival centré sur la voix dans ses manifestations les plus diverses (hors bel canto), et continuera à la soutenir malgré les difficultés. On aimerait tant que ce soit vrai ailleurs en France, au lieu de cette lâche débandade qui saisit les nouvelles mairies depuis les dernières élections ! Quant à « Yes, Igor », en voici quelques échos.

Yes, Igor : M. Gadou (g, clavier, perc, banjo, euphonium, voix), Pierre Lachaud (voix, perc), Isabelle Jelen (voix, projection)

Donner une version musicale – en forme de comédie musicale même – de « La Mouette » de Tchekov est une audace. Le faire à trois musiciens et chanteurs, avec un minimum de scénographie, est une façon de redoubler cette audace. Et projeter de hausser la chose jusqu’à la scène du Grand Théâtre de Bordeaux en janvier 2015 est un projet qui peut sembler fou, mais qui a l’air d’être sur les rails. Cette « lecture » (c’en est une, et sacrément bien faite) de Tchekov est drôle, juste, d’une fraîcheur décapante. Les voix sont fort belles (M. Gadou nous avait caché ça !), posées avec la distance qui convient, et les chansons (écrite et arrangées par le collectif) passent de l’humour à cette sorte de vérité brûlante qui sort parfois de l’ironie. Soit une façon de retrouver Brecht dans Tchekov, ce qui n’est pas, au fond, si étonnant. Une écriture musicale minimale (mais on est dans la chanson, et un peu à la façon de Gainsbourg, on ne va pas se prendre la tête avec ça, voyez l’allusion…). Au total un très bon moment, partagé par un public nombreux, d’abord dérouté par ce qui se présente comme une esquisse en voie d’être ratée. Un échouage qui n’est pas un échec, au contraire. On sera au Grand Théâtre en janvier 2015 !!!

Philippe Méziat