Jazz em Agosto : Frith/Léandre/Drake
Les musiciens de ce trio inédit sont désireux d’échanger, de susciter ensemble des sons et formes inédits. On peut imaginer que Fred Frith, spectateur dubitatif au concert de la veille (Franz Hautzinger’s Big Rain avec Keiji Haino… et Hamid Drake) ait suggéré d’en prendre le contrepied et de couper court à toute velléité spectaculaire pour mieux se concentrer sur le fond du propos. Ainsi, aucun regard entre les trois partenaires, aucun sourire, aucun signe d’approbation n’est perceptible – tout passe par l’écoute, et la musique. Tant mieux : c’est pour elle qu’on est là.
Jeudi 7 août 2014, Amphithéâtre du Musée Gulbenkian, Lisbonne.
Fred Frith (elg), Joëlle Léandre (b), Hamid Drake (dm)
Le concert est enregistré pour une parution prochaine sur Clean Feed. Ce n’est certes pas la même expérience que le direct, mais tout le monde ne peut pas courir les festivals, aussi s’agit-il d’une initiative bienvenue pour que chacun ait une chance d’écouter les fruits de cette rencontre. Toujours selon le contraste mentionné plus haut, la musique se départ rarement d’un faible volume relatif ; il faut presque tendre l’oreille pour en saisir toutes les nuances et inflexions. La retenue est à l’ordre du jour, personne ne cherchant à prendre le dessus, un respect et une confiance de chaque instant semblant présider au processus. Chaque frottement, mouvement, intention, se charge alors de sens.
Fidèle à lui-même, Hamid Drake ne s’aventure guère sur le terrain de l’improvisation « à l’européenne ». Il demeure dans une logique rythmique, percussive, relevant du champ jazzistique, ce qui n’est pas le cas de comparses dont les références et visées ne sont pas les mêmes. Chez Fred Frith, l’influence du rock est toujours prégnante. Son jeu n’a rien d’orthodoxe pour autant. Il alterne drones impliqués, aigus granuleux à l’archet, claquages de cordes, esquisses rythmiques – sans hausser le ton. Joëlle Léandre a beaucoup œuvré dans la musique contemporaine avant de se consacrer essentiellement à l’improvisation non-idiomatique. Elle utilise abondamment l’archet, tandis que les interventions vocales qui occupent une place de choix lors de ses prestations en solo se font ici parcimonieuses. Drake s’adonne lui aussi brièvement au chant, tâte du frame drum, et ce sont des rumeurs africaines qui nous parviennent. Pas longtemps : la musique se meut avec l’agilité d’un serpent sur le sable. Sans crier gare, un échauffement momentané se déclare, précédant un retour à l’humeur alcyonienne qui constitue la majeure partie de ce concert. Chaque pièce se dirige progressivement vers une conclusion silencieuse.
Ce sont donc trois parcours différents, trois manières d’improviser distinctes qui tentent d’accorder leurs violons et y parviennent sans anicroche, un sentiment d’unité se dégageant finalement d’éléments a priori disparates, ce qui ne pouvait passer que par une communication d’une grande finesse et basée sur des valeurs partagées.
David Cristol
|
Les musiciens de ce trio inédit sont désireux d’échanger, de susciter ensemble des sons et formes inédits. On peut imaginer que Fred Frith, spectateur dubitatif au concert de la veille (Franz Hautzinger’s Big Rain avec Keiji Haino… et Hamid Drake) ait suggéré d’en prendre le contrepied et de couper court à toute velléité spectaculaire pour mieux se concentrer sur le fond du propos. Ainsi, aucun regard entre les trois partenaires, aucun sourire, aucun signe d’approbation n’est perceptible – tout passe par l’écoute, et la musique. Tant mieux : c’est pour elle qu’on est là.
Jeudi 7 août 2014, Amphithéâtre du Musée Gulbenkian, Lisbonne.
Fred Frith (elg), Joëlle Léandre (b), Hamid Drake (dm)
Le concert est enregistré pour une parution prochaine sur Clean Feed. Ce n’est certes pas la même expérience que le direct, mais tout le monde ne peut pas courir les festivals, aussi s’agit-il d’une initiative bienvenue pour que chacun ait une chance d’écouter les fruits de cette rencontre. Toujours selon le contraste mentionné plus haut, la musique se départ rarement d’un faible volume relatif ; il faut presque tendre l’oreille pour en saisir toutes les nuances et inflexions. La retenue est à l’ordre du jour, personne ne cherchant à prendre le dessus, un respect et une confiance de chaque instant semblant présider au processus. Chaque frottement, mouvement, intention, se charge alors de sens.
Fidèle à lui-même, Hamid Drake ne s’aventure guère sur le terrain de l’improvisation « à l’européenne ». Il demeure dans une logique rythmique, percussive, relevant du champ jazzistique, ce qui n’est pas le cas de comparses dont les références et visées ne sont pas les mêmes. Chez Fred Frith, l’influence du rock est toujours prégnante. Son jeu n’a rien d’orthodoxe pour autant. Il alterne drones impliqués, aigus granuleux à l’archet, claquages de cordes, esquisses rythmiques – sans hausser le ton. Joëlle Léandre a beaucoup œuvré dans la musique contemporaine avant de se consacrer essentiellement à l’improvisation non-idiomatique. Elle utilise abondamment l’archet, tandis que les interventions vocales qui occupent une place de choix lors de ses prestations en solo se font ici parcimonieuses. Drake s’adonne lui aussi brièvement au chant, tâte du frame drum, et ce sont des rumeurs africaines qui nous parviennent. Pas longtemps : la musique se meut avec l’agilité d’un serpent sur le sable. Sans crier gare, un échauffement momentané se déclare, précédant un retour à l’humeur alcyonienne qui constitue la majeure partie de ce concert. Chaque pièce se dirige progressivement vers une conclusion silencieuse.
Ce sont donc trois parcours différents, trois manières d’improviser distinctes qui tentent d’accorder leurs violons et y parviennent sans anicroche, un sentiment d’unité se dégageant finalement d’éléments a priori disparates, ce qui ne pouvait passer que par une communication d’une grande finesse et basée sur des valeurs partagées.
David Cristol
|
Les musiciens de ce trio inédit sont désireux d’échanger, de susciter ensemble des sons et formes inédits. On peut imaginer que Fred Frith, spectateur dubitatif au concert de la veille (Franz Hautzinger’s Big Rain avec Keiji Haino… et Hamid Drake) ait suggéré d’en prendre le contrepied et de couper court à toute velléité spectaculaire pour mieux se concentrer sur le fond du propos. Ainsi, aucun regard entre les trois partenaires, aucun sourire, aucun signe d’approbation n’est perceptible – tout passe par l’écoute, et la musique. Tant mieux : c’est pour elle qu’on est là.
Jeudi 7 août 2014, Amphithéâtre du Musée Gulbenkian, Lisbonne.
Fred Frith (elg), Joëlle Léandre (b), Hamid Drake (dm)
Le concert est enregistré pour une parution prochaine sur Clean Feed. Ce n’est certes pas la même expérience que le direct, mais tout le monde ne peut pas courir les festivals, aussi s’agit-il d’une initiative bienvenue pour que chacun ait une chance d’écouter les fruits de cette rencontre. Toujours selon le contraste mentionné plus haut, la musique se départ rarement d’un faible volume relatif ; il faut presque tendre l’oreille pour en saisir toutes les nuances et inflexions. La retenue est à l’ordre du jour, personne ne cherchant à prendre le dessus, un respect et une confiance de chaque instant semblant présider au processus. Chaque frottement, mouvement, intention, se charge alors de sens.
Fidèle à lui-même, Hamid Drake ne s’aventure guère sur le terrain de l’improvisation « à l’européenne ». Il demeure dans une logique rythmique, percussive, relevant du champ jazzistique, ce qui n’est pas le cas de comparses dont les références et visées ne sont pas les mêmes. Chez Fred Frith, l’influence du rock est toujours prégnante. Son jeu n’a rien d’orthodoxe pour autant. Il alterne drones impliqués, aigus granuleux à l’archet, claquages de cordes, esquisses rythmiques – sans hausser le ton. Joëlle Léandre a beaucoup œuvré dans la musique contemporaine avant de se consacrer essentiellement à l’improvisation non-idiomatique. Elle utilise abondamment l’archet, tandis que les interventions vocales qui occupent une place de choix lors de ses prestations en solo se font ici parcimonieuses. Drake s’adonne lui aussi brièvement au chant, tâte du frame drum, et ce sont des rumeurs africaines qui nous parviennent. Pas longtemps : la musique se meut avec l’agilité d’un serpent sur le sable. Sans crier gare, un échauffement momentané se déclare, précédant un retour à l’humeur alcyonienne qui constitue la majeure partie de ce concert. Chaque pièce se dirige progressivement vers une conclusion silencieuse.
Ce sont donc trois parcours différents, trois manières d’improviser distinctes qui tentent d’accorder leurs violons et y parviennent sans anicroche, un sentiment d’unité se dégageant finalement d’éléments a priori disparates, ce qui ne pouvait passer que par une communication d’une grande finesse et basée sur des valeurs partagées.
David Cristol
|
Les musiciens de ce trio inédit sont désireux d’échanger, de susciter ensemble des sons et formes inédits. On peut imaginer que Fred Frith, spectateur dubitatif au concert de la veille (Franz Hautzinger’s Big Rain avec Keiji Haino… et Hamid Drake) ait suggéré d’en prendre le contrepied et de couper court à toute velléité spectaculaire pour mieux se concentrer sur le fond du propos. Ainsi, aucun regard entre les trois partenaires, aucun sourire, aucun signe d’approbation n’est perceptible – tout passe par l’écoute, et la musique. Tant mieux : c’est pour elle qu’on est là.
Jeudi 7 août 2014, Amphithéâtre du Musée Gulbenkian, Lisbonne.
Fred Frith (elg), Joëlle Léandre (b), Hamid Drake (dm)
Le concert est enregistré pour une parution prochaine sur Clean Feed. Ce n’est certes pas la même expérience que le direct, mais tout le monde ne peut pas courir les festivals, aussi s’agit-il d’une initiative bienvenue pour que chacun ait une chance d’écouter les fruits de cette rencontre. Toujours selon le contraste mentionné plus haut, la musique se départ rarement d’un faible volume relatif ; il faut presque tendre l’oreille pour en saisir toutes les nuances et inflexions. La retenue est à l’ordre du jour, personne ne cherchant à prendre le dessus, un respect et une confiance de chaque instant semblant présider au processus. Chaque frottement, mouvement, intention, se charge alors de sens.
Fidèle à lui-même, Hamid Drake ne s’aventure guère sur le terrain de l’improvisation « à l’européenne ». Il demeure dans une logique rythmique, percussive, relevant du champ jazzistique, ce qui n’est pas le cas de comparses dont les références et visées ne sont pas les mêmes. Chez Fred Frith, l’influence du rock est toujours prégnante. Son jeu n’a rien d’orthodoxe pour autant. Il alterne drones impliqués, aigus granuleux à l’archet, claquages de cordes, esquisses rythmiques – sans hausser le ton. Joëlle Léandre a beaucoup œuvré dans la musique contemporaine avant de se consacrer essentiellement à l’improvisation non-idiomatique. Elle utilise abondamment l’archet, tandis que les interventions vocales qui occupent une place de choix lors de ses prestations en solo se font ici parcimonieuses. Drake s’adonne lui aussi brièvement au chant, tâte du frame drum, et ce sont des rumeurs africaines qui nous parviennent. Pas longtemps : la musique se meut avec l’agilité d’un serpent sur le sable. Sans crier gare, un échauffement momentané se déclare, précédant un retour à l’humeur alcyonienne qui constitue la majeure partie de ce concert. Chaque pièce se dirige progressivement vers une conclusion silencieuse.
Ce sont donc trois parcours différents, trois manières d’improviser distinctes qui tentent d’accorder leurs violons et y parviennent sans anicroche, un sentiment d’unité se dégageant finalement d’éléments a priori disparates, ce qui ne pouvait passer que par une communication d’une grande finesse et basée sur des valeurs partagées.
David Cristol