Uzeste: la nuit du passeur
Arriver dans le village de la lande girondine et plonger aussitôt dans les notes distillées par la clarinette de Jacques Di Donato sous les voutes de l’abbatiale, puis les mots de Nougaro lancés en mode rap comme autant de graines dans l’Estaminet par Christian Laborde, André Minvielle et Francis Lassus avant de retrouver Lubat-Portal-Luc sous les vertes frondaisons d’un parc, c’est comme, avant même la fraicheur productive de la nuit festivalière festive du village irréductiblement frondeur, s’imprégner d’un sommaire de l’histoire d’Uzeste Musical.
Christian Laborde, Francis Lassus, André Minvielle, Bernard Lubat, Michel Portal, Jacques Di Donato, Nicolas Nageotte, Sylvain Bardiau, Frédéric Gastard, Matthias Mahler + tous les musiciens et invités du jour/nuit de la Compagnie Lubat
Hestejada de las arts, Uzeste, 24 aout
Christian Laborde, écrivain engagé -comme il le rappelait opportunément il fut notamment un jour condamné en justice pour pornographie après avoir écrit et publié l’ Os de Dionysos, ballade érotico-poétique !- poète gascon est un ami, un compagnon de route de Claude Nougaro « Par Monts et par mots » Dans le spectacle ainsi baptisé il situe l’origine des chansons du chanteur toulousain et fait le pari de dire simplement les mots du « Petit taureau » disparu il y a dix ans déjà. Récitant, énonçant, versifiant Laborde marque les syllabes du sceau vivifiant de son accent venté sud-ouest, à mi chemin entre troubadour truculent et rappeur habité par sa langue vernaculaire. En appui, en souligneur et surligneur, en verve comme de bien entendu, de batterie, guitare ou vocal habile manieur, Francis Lassus (qui fut lui même un des batteurs phares de la Compagnie Lubat) garde sa marque naturelle de rythmicien. Cet attelage monté pour conduire la relecture des textes/chansons légendes ö Toulouse, Cécile ma fille, Amstrong etc. fonctionne tel un alliage bénéfique, de richesse apportée et de fidélité. A Uzeste, dans l’écrin noir de l’Estaminet en particulier, salle mythique d’héritages de famille, l’accent cadre parfaitement, faut-il le préciser…
« Improviser n’est pas que pouvoir, improviser c’est savoir. Et pas n’importe comment » a coutume d’affirmer Bernard Lubat. C’est bien à propos de savoir et de pouvoir que Lubat s’est plu à inviter, fidèles compagnons et complices de fait, Michel Portal et Sylvain Luc, tous deux bayonnais donc manieurs de notes échangées en passes croisées ou non. Sauf qu’au-delà des dites notes, des phrases ou même des plans, entre eux, le code passe d’abord et avant tout par le rythme « Plus que le conservatoire, notre école commune se situe dans le bal, donc la danse, et les nécessités vitales du rythme CQFD » surenchérit Sylvain Luc, cadet de ces trois mousquetaires déclarés de l’impro. Dans le cadre bucolique du Parc Seguin, entre chênes et peupliers sans doute est-ce la raison de voir et écouter Bernard Lubat (en dépit d’une élongation contractée quelques jours avant le début du festival) s’en tenir à son instrument protée, la batterie. A ce poste de commande et d’observation, à sa manière unique d’induire, de pousser ou contrôler cadence et volumes, il accompagne, il provoque, il propulse. Les sonorités de Portal (graves rondes ou lourdes de sens de la clarinette basses, aigues déchirantes ou très acérées du sax soprano), les échappées belles acoustiques ou électriques d’un Sylvain Luc aux aguets, impayable relanceur, facteur de cordes « no limit » imprévisible autant qu’insaisissable, créent la matière brute. L’interaction, la complicité, l’écoute, les sautes d’humour, l’esprit de provoc partagé font office de partition. Et boostent l’évènementiel musical créé ex nihilo. On dirait du jazz cueilli par surprise, chemin faisant. Cette année encore cette tranche de musiques a été enregistrée. Bernard Lubat a l’ambition affirmée de pouvoir faire profiter des joutes répétées des trois musiciens, réunis en duo ou trio, par le disque à un auditoire élargi. Pari à suivre.
La nuit donc, phistoire de finir en beauté, sorte de coda du festival baptisé en langue gasconne « Hestejada de las arts » Soit une fête élargie à tous les arts. La nuit donc, noire, fraiche vécue en ballade organisée dans les bois d’Uzeste. Une sorte de Round about midnight en feux d’artifice. Dans l’ombre portée des troncs de pins, de chênes, dans le balancement de fougères et des genêts craquant sous le pas, dans les senteurs des aiguilles et des résines sonnent par étape des voix qui content ou déclament, des trios de cuivre déchirant l’obscurité, roulent des tambours, résonnent des bois (clarinettes) et ivoires (piano) Et partout marquant chaque halte dans la forêt ou au bord d’un étang explosent mille pétards, fusées, feux d’artifice. Lorsque derrière une torche on reconnaît le visage tout en angles de Patrick Auzier, grand prêtre sorcier pyrotechnicien depuis les débuts d’Uzeste Musical, on se retrouve plongé bel et bien dans l’esprit initial du festival, jeux, paris, remises en causes politiques et sociales, utopies mises en musique et lumière. Pourtant au final du parcours forestier nocturne, lorsque le défilé regroupant artistes plus public, tout à coup retrouve les rues du village, donc la lumière artificielle, derrière les tambours qui rythment la marche façon carnaval, tambouille mode batucada et samba gasconne, on reconnaît les jeunes musiciens, visage neuf de la nouvelle génération de la Compagnie ultime version derrière Louis Lubat, fils et batteur itou qui mène la danse.
Uzeste, dans la difficulté actuelle de faire vivre le spectacle vivant tente un nouveau pari, générationnel : générer passeurs de musique. flambants neufs.
Robert Latxague
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Arriver dans le village de la lande girondine et plonger aussitôt dans les notes distillées par la clarinette de Jacques Di Donato sous les voutes de l’abbatiale, puis les mots de Nougaro lancés en mode rap comme autant de graines dans l’Estaminet par Christian Laborde, André Minvielle et Francis Lassus avant de retrouver Lubat-Portal-Luc sous les vertes frondaisons d’un parc, c’est comme, avant même la fraicheur productive de la nuit festivalière festive du village irréductiblement frondeur, s’imprégner d’un sommaire de l’histoire d’Uzeste Musical.
Christian Laborde, Francis Lassus, André Minvielle, Bernard Lubat, Michel Portal, Jacques Di Donato, Nicolas Nageotte, Sylvain Bardiau, Frédéric Gastard, Matthias Mahler + tous les musiciens et invités du jour/nuit de la Compagnie Lubat
Hestejada de las arts, Uzeste, 24 aout
Christian Laborde, écrivain engagé -comme il le rappelait opportunément il fut notamment un jour condamné en justice pour pornographie après avoir écrit et publié l’ Os de Dionysos, ballade érotico-poétique !- poète gascon est un ami, un compagnon de route de Claude Nougaro « Par Monts et par mots » Dans le spectacle ainsi baptisé il situe l’origine des chansons du chanteur toulousain et fait le pari de dire simplement les mots du « Petit taureau » disparu il y a dix ans déjà. Récitant, énonçant, versifiant Laborde marque les syllabes du sceau vivifiant de son accent venté sud-ouest, à mi chemin entre troubadour truculent et rappeur habité par sa langue vernaculaire. En appui, en souligneur et surligneur, en verve comme de bien entendu, de batterie, guitare ou vocal habile manieur, Francis Lassus (qui fut lui même un des batteurs phares de la Compagnie Lubat) garde sa marque naturelle de rythmicien. Cet attelage monté pour conduire la relecture des textes/chansons légendes ö Toulouse, Cécile ma fille, Amstrong etc. fonctionne tel un alliage bénéfique, de richesse apportée et de fidélité. A Uzeste, dans l’écrin noir de l’Estaminet en particulier, salle mythique d’héritages de famille, l’accent cadre parfaitement, faut-il le préciser…
« Improviser n’est pas que pouvoir, improviser c’est savoir. Et pas n’importe comment » a coutume d’affirmer Bernard Lubat. C’est bien à propos de savoir et de pouvoir que Lubat s’est plu à inviter, fidèles compagnons et complices de fait, Michel Portal et Sylvain Luc, tous deux bayonnais donc manieurs de notes échangées en passes croisées ou non. Sauf qu’au-delà des dites notes, des phrases ou même des plans, entre eux, le code passe d’abord et avant tout par le rythme « Plus que le conservatoire, notre école commune se situe dans le bal, donc la danse, et les nécessités vitales du rythme CQFD » surenchérit Sylvain Luc, cadet de ces trois mousquetaires déclarés de l’impro. Dans le cadre bucolique du Parc Seguin, entre chênes et peupliers sans doute est-ce la raison de voir et écouter Bernard Lubat (en dépit d’une élongation contractée quelques jours avant le début du festival) s’en tenir à son instrument protée, la batterie. A ce poste de commande et d’observation, à sa manière unique d’induire, de pousser ou contrôler cadence et volumes, il accompagne, il provoque, il propulse. Les sonorités de Portal (graves rondes ou lourdes de sens de la clarinette basses, aigues déchirantes ou très acérées du sax soprano), les échappées belles acoustiques ou électriques d’un Sylvain Luc aux aguets, impayable relanceur, facteur de cordes « no limit » imprévisible autant qu’insaisissable, créent la matière brute. L’interaction, la complicité, l’écoute, les sautes d’humour, l’esprit de provoc partagé font office de partition. Et boostent l’évènementiel musical créé ex nihilo. On dirait du jazz cueilli par surprise, chemin faisant. Cette année encore cette tranche de musiques a été enregistrée. Bernard Lubat a l’ambition affirmée de pouvoir faire profiter des joutes répétées des trois musiciens, réunis en duo ou trio, par le disque à un auditoire élargi. Pari à suivre.
La nuit donc, phistoire de finir en beauté, sorte de coda du festival baptisé en langue gasconne « Hestejada de las arts » Soit une fête élargie à tous les arts. La nuit donc, noire, fraiche vécue en ballade organisée dans les bois d’Uzeste. Une sorte de Round about midnight en feux d’artifice. Dans l’ombre portée des troncs de pins, de chênes, dans le balancement de fougères et des genêts craquant sous le pas, dans les senteurs des aiguilles et des résines sonnent par étape des voix qui content ou déclament, des trios de cuivre déchirant l’obscurité, roulent des tambours, résonnent des bois (clarinettes) et ivoires (piano) Et partout marquant chaque halte dans la forêt ou au bord d’un étang explosent mille pétards, fusées, feux d’artifice. Lorsque derrière une torche on reconnaît le visage tout en angles de Patrick Auzier, grand prêtre sorcier pyrotechnicien depuis les débuts d’Uzeste Musical, on se retrouve plongé bel et bien dans l’esprit initial du festival, jeux, paris, remises en causes politiques et sociales, utopies mises en musique et lumière. Pourtant au final du parcours forestier nocturne, lorsque le défilé regroupant artistes plus public, tout à coup retrouve les rues du village, donc la lumière artificielle, derrière les tambours qui rythment la marche façon carnaval, tambouille mode batucada et samba gasconne, on reconnaît les jeunes musiciens, visage neuf de la nouvelle génération de la Compagnie ultime version derrière Louis Lubat, fils et batteur itou qui mène la danse.
Uzeste, dans la difficulté actuelle de faire vivre le spectacle vivant tente un nouveau pari, générationnel : générer passeurs de musique. flambants neufs.
Robert Latxague
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Arriver dans le village de la lande girondine et plonger aussitôt dans les notes distillées par la clarinette de Jacques Di Donato sous les voutes de l’abbatiale, puis les mots de Nougaro lancés en mode rap comme autant de graines dans l’Estaminet par Christian Laborde, André Minvielle et Francis Lassus avant de retrouver Lubat-Portal-Luc sous les vertes frondaisons d’un parc, c’est comme, avant même la fraicheur productive de la nuit festivalière festive du village irréductiblement frondeur, s’imprégner d’un sommaire de l’histoire d’Uzeste Musical.
Christian Laborde, Francis Lassus, André Minvielle, Bernard Lubat, Michel Portal, Jacques Di Donato, Nicolas Nageotte, Sylvain Bardiau, Frédéric Gastard, Matthias Mahler + tous les musiciens et invités du jour/nuit de la Compagnie Lubat
Hestejada de las arts, Uzeste, 24 aout
Christian Laborde, écrivain engagé -comme il le rappelait opportunément il fut notamment un jour condamné en justice pour pornographie après avoir écrit et publié l’ Os de Dionysos, ballade érotico-poétique !- poète gascon est un ami, un compagnon de route de Claude Nougaro « Par Monts et par mots » Dans le spectacle ainsi baptisé il situe l’origine des chansons du chanteur toulousain et fait le pari de dire simplement les mots du « Petit taureau » disparu il y a dix ans déjà. Récitant, énonçant, versifiant Laborde marque les syllabes du sceau vivifiant de son accent venté sud-ouest, à mi chemin entre troubadour truculent et rappeur habité par sa langue vernaculaire. En appui, en souligneur et surligneur, en verve comme de bien entendu, de batterie, guitare ou vocal habile manieur, Francis Lassus (qui fut lui même un des batteurs phares de la Compagnie Lubat) garde sa marque naturelle de rythmicien. Cet attelage monté pour conduire la relecture des textes/chansons légendes ö Toulouse, Cécile ma fille, Amstrong etc. fonctionne tel un alliage bénéfique, de richesse apportée et de fidélité. A Uzeste, dans l’écrin noir de l’Estaminet en particulier, salle mythique d’héritages de famille, l’accent cadre parfaitement, faut-il le préciser…
« Improviser n’est pas que pouvoir, improviser c’est savoir. Et pas n’importe comment » a coutume d’affirmer Bernard Lubat. C’est bien à propos de savoir et de pouvoir que Lubat s’est plu à inviter, fidèles compagnons et complices de fait, Michel Portal et Sylvain Luc, tous deux bayonnais donc manieurs de notes échangées en passes croisées ou non. Sauf qu’au-delà des dites notes, des phrases ou même des plans, entre eux, le code passe d’abord et avant tout par le rythme « Plus que le conservatoire, notre école commune se situe dans le bal, donc la danse, et les nécessités vitales du rythme CQFD » surenchérit Sylvain Luc, cadet de ces trois mousquetaires déclarés de l’impro. Dans le cadre bucolique du Parc Seguin, entre chênes et peupliers sans doute est-ce la raison de voir et écouter Bernard Lubat (en dépit d’une élongation contractée quelques jours avant le début du festival) s’en tenir à son instrument protée, la batterie. A ce poste de commande et d’observation, à sa manière unique d’induire, de pousser ou contrôler cadence et volumes, il accompagne, il provoque, il propulse. Les sonorités de Portal (graves rondes ou lourdes de sens de la clarinette basses, aigues déchirantes ou très acérées du sax soprano), les échappées belles acoustiques ou électriques d’un Sylvain Luc aux aguets, impayable relanceur, facteur de cordes « no limit » imprévisible autant qu’insaisissable, créent la matière brute. L’interaction, la complicité, l’écoute, les sautes d’humour, l’esprit de provoc partagé font office de partition. Et boostent l’évènementiel musical créé ex nihilo. On dirait du jazz cueilli par surprise, chemin faisant. Cette année encore cette tranche de musiques a été enregistrée. Bernard Lubat a l’ambition affirmée de pouvoir faire profiter des joutes répétées des trois musiciens, réunis en duo ou trio, par le disque à un auditoire élargi. Pari à suivre.
La nuit donc, phistoire de finir en beauté, sorte de coda du festival baptisé en langue gasconne « Hestejada de las arts » Soit une fête élargie à tous les arts. La nuit donc, noire, fraiche vécue en ballade organisée dans les bois d’Uzeste. Une sorte de Round about midnight en feux d’artifice. Dans l’ombre portée des troncs de pins, de chênes, dans le balancement de fougères et des genêts craquant sous le pas, dans les senteurs des aiguilles et des résines sonnent par étape des voix qui content ou déclament, des trios de cuivre déchirant l’obscurité, roulent des tambours, résonnent des bois (clarinettes) et ivoires (piano) Et partout marquant chaque halte dans la forêt ou au bord d’un étang explosent mille pétards, fusées, feux d’artifice. Lorsque derrière une torche on reconnaît le visage tout en angles de Patrick Auzier, grand prêtre sorcier pyrotechnicien depuis les débuts d’Uzeste Musical, on se retrouve plongé bel et bien dans l’esprit initial du festival, jeux, paris, remises en causes politiques et sociales, utopies mises en musique et lumière. Pourtant au final du parcours forestier nocturne, lorsque le défilé regroupant artistes plus public, tout à coup retrouve les rues du village, donc la lumière artificielle, derrière les tambours qui rythment la marche façon carnaval, tambouille mode batucada et samba gasconne, on reconnaît les jeunes musiciens, visage neuf de la nouvelle génération de la Compagnie ultime version derrière Louis Lubat, fils et batteur itou qui mène la danse.
Uzeste, dans la difficulté actuelle de faire vivre le spectacle vivant tente un nouveau pari, générationnel : générer passeurs de musique. flambants neufs.
Robert Latxague
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Arriver dans le village de la lande girondine et plonger aussitôt dans les notes distillées par la clarinette de Jacques Di Donato sous les voutes de l’abbatiale, puis les mots de Nougaro lancés en mode rap comme autant de graines dans l’Estaminet par Christian Laborde, André Minvielle et Francis Lassus avant de retrouver Lubat-Portal-Luc sous les vertes frondaisons d’un parc, c’est comme, avant même la fraicheur productive de la nuit festivalière festive du village irréductiblement frondeur, s’imprégner d’un sommaire de l’histoire d’Uzeste Musical.
Christian Laborde, Francis Lassus, André Minvielle, Bernard Lubat, Michel Portal, Jacques Di Donato, Nicolas Nageotte, Sylvain Bardiau, Frédéric Gastard, Matthias Mahler + tous les musiciens et invités du jour/nuit de la Compagnie Lubat
Hestejada de las arts, Uzeste, 24 aout
Christian Laborde, écrivain engagé -comme il le rappelait opportunément il fut notamment un jour condamné en justice pour pornographie après avoir écrit et publié l’ Os de Dionysos, ballade érotico-poétique !- poète gascon est un ami, un compagnon de route de Claude Nougaro « Par Monts et par mots » Dans le spectacle ainsi baptisé il situe l’origine des chansons du chanteur toulousain et fait le pari de dire simplement les mots du « Petit taureau » disparu il y a dix ans déjà. Récitant, énonçant, versifiant Laborde marque les syllabes du sceau vivifiant de son accent venté sud-ouest, à mi chemin entre troubadour truculent et rappeur habité par sa langue vernaculaire. En appui, en souligneur et surligneur, en verve comme de bien entendu, de batterie, guitare ou vocal habile manieur, Francis Lassus (qui fut lui même un des batteurs phares de la Compagnie Lubat) garde sa marque naturelle de rythmicien. Cet attelage monté pour conduire la relecture des textes/chansons légendes ö Toulouse, Cécile ma fille, Amstrong etc. fonctionne tel un alliage bénéfique, de richesse apportée et de fidélité. A Uzeste, dans l’écrin noir de l’Estaminet en particulier, salle mythique d’héritages de famille, l’accent cadre parfaitement, faut-il le préciser…
« Improviser n’est pas que pouvoir, improviser c’est savoir. Et pas n’importe comment » a coutume d’affirmer Bernard Lubat. C’est bien à propos de savoir et de pouvoir que Lubat s’est plu à inviter, fidèles compagnons et complices de fait, Michel Portal et Sylvain Luc, tous deux bayonnais donc manieurs de notes échangées en passes croisées ou non. Sauf qu’au-delà des dites notes, des phrases ou même des plans, entre eux, le code passe d’abord et avant tout par le rythme « Plus que le conservatoire, notre école commune se situe dans le bal, donc la danse, et les nécessités vitales du rythme CQFD » surenchérit Sylvain Luc, cadet de ces trois mousquetaires déclarés de l’impro. Dans le cadre bucolique du Parc Seguin, entre chênes et peupliers sans doute est-ce la raison de voir et écouter Bernard Lubat (en dépit d’une élongation contractée quelques jours avant le début du festival) s’en tenir à son instrument protée, la batterie. A ce poste de commande et d’observation, à sa manière unique d’induire, de pousser ou contrôler cadence et volumes, il accompagne, il provoque, il propulse. Les sonorités de Portal (graves rondes ou lourdes de sens de la clarinette basses, aigues déchirantes ou très acérées du sax soprano), les échappées belles acoustiques ou électriques d’un Sylvain Luc aux aguets, impayable relanceur, facteur de cordes « no limit » imprévisible autant qu’insaisissable, créent la matière brute. L’interaction, la complicité, l’écoute, les sautes d’humour, l’esprit de provoc partagé font office de partition. Et boostent l’évènementiel musical créé ex nihilo. On dirait du jazz cueilli par surprise, chemin faisant. Cette année encore cette tranche de musiques a été enregistrée. Bernard Lubat a l’ambition affirmée de pouvoir faire profiter des joutes répétées des trois musiciens, réunis en duo ou trio, par le disque à un auditoire élargi. Pari à suivre.
La nuit donc, phistoire de finir en beauté, sorte de coda du festival baptisé en langue gasconne « Hestejada de las arts » Soit une fête élargie à tous les arts. La nuit donc, noire, fraiche vécue en ballade organisée dans les bois d’Uzeste. Une sorte de Round about midnight en feux d’artifice. Dans l’ombre portée des troncs de pins, de chênes, dans le balancement de fougères et des genêts craquant sous le pas, dans les senteurs des aiguilles et des résines sonnent par étape des voix qui content ou déclament, des trios de cuivre déchirant l’obscurité, roulent des tambours, résonnent des bois (clarinettes) et ivoires (piano) Et partout marquant chaque halte dans la forêt ou au bord d’un étang explosent mille pétards, fusées, feux d’artifice. Lorsque derrière une torche on reconnaît le visage tout en angles de Patrick Auzier, grand prêtre sorcier pyrotechnicien depuis les débuts d’Uzeste Musical, on se retrouve plongé bel et bien dans l’esprit initial du festival, jeux, paris, remises en causes politiques et sociales, utopies mises en musique et lumière. Pourtant au final du parcours forestier nocturne, lorsque le défilé regroupant artistes plus public, tout à coup retrouve les rues du village, donc la lumière artificielle, derrière les tambours qui rythment la marche façon carnaval, tambouille mode batucada et samba gasconne, on reconnaît les jeunes musiciens, visage neuf de la nouvelle génération de la Compagnie ultime version derrière Louis Lubat, fils et batteur itou qui mène la danse.
Uzeste, dans la difficulté actuelle de faire vivre le spectacle vivant tente un nouveau pari, générationnel : générer passeurs de musique. flambants neufs.
Robert Latxague