Connie Crothers, cette inconnue
Enfin presque : elle fut l’élève de Lennie Tristano, a joué avec Max Roach, voilà pour les célébrités, le reste elle le joue plutôt dans la confidentialité. On vous parle bien sûr de l’audience, du public. Car son jeu de piano est l’inverse de la retenue. Michel Dorbon et Christine Barreau (RogueArt) l’ont accueillie à domicile pour un concert solo – une rareté ! – qu’a suivi une trentaine de privilégiés.
Connie Crothers (p). Dimanche 26 octobre 2014. Appartement privé, 75009 Paris.
Affable, la pianiste américaine se présente toute en douceur, explique que sa seconde naissance s’est produite à deux pas d’ici, rue Saint-Georges, à dix-huit ans. Ici, c’est l’appartement que Michel et Christine, les artisans du label RogueArt, transforment parfois en salle de concert. Un piano droit (sur lequel les doingts en patte d’araignée de Mathew Ship ont déjà voltigé) attend patiemment sa maîtresse, la dame s’installe dos au public (où se reconnaît Bobby Few). Et commence un entrelacs de styles, d’harmonies éthérées, de gifles sur les touches, de clusters du coude, de repères, Earl Hines, Cecil Taylor, surgissant avant d’être emportés par le flot, de walking medium à la main gauche et d’avalanche à la main droite, et voilà que surgit le blues, et voilà Debussy (qui serait passé par une moulinette géante), et voilà, et voilà, et voilà surtout Connie Crothers, qui a absorbé tous les vocabulaires pour se faire son propre langage, radical, intègre et intégrant. Toute en séquence en accords des plus fournis – la dame aurait-elle des doigts supplémentaires ? –, une autre avec un ostinato visiblement improvisé en hommage à une touche récalcitrante (un si non pas bémol mais rebelle), et cette main gauche qui donne des claques-caresses dans le registre grave du clavier comme pour en chasser de mauvaises ondes et en fomenter d’énergiques. On croit par moment entendre “Charlie Mingus plays piano” mais en plus secoué, en non apaisé. Car sous ses dehors de douceur, Connie Crothers est une femme révoltée, à tout le moins scandalisée. Un morceau salue de façon très poignante l’assassinat en août dernier de Michael Brown, un autre évoque la bravoure des habitants de Ferguson, banlieue de Saint-Louis où s’est produit le drame. Pendant la petite heure qu’a duré sa prestation d’une extrémité à l’autre des quatre-vingt-huit touches du clavier, Connie Crothers a fait s’activer sa musique avec force. Elle a joué comme chez elle, seule, en pensant, une musique d’émotion et de pensées, une musique intense. Guettez les informations de RogueArt pour ne pas la manquer, la prochaine fois, maintenant qu’elle n’est plus pour vous totalement inconnue. FRS
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Enfin presque : elle fut l’élève de Lennie Tristano, a joué avec Max Roach, voilà pour les célébrités, le reste elle le joue plutôt dans la confidentialité. On vous parle bien sûr de l’audience, du public. Car son jeu de piano est l’inverse de la retenue. Michel Dorbon et Christine Barreau (RogueArt) l’ont accueillie à domicile pour un concert solo – une rareté ! – qu’a suivi une trentaine de privilégiés.
Connie Crothers (p). Dimanche 26 octobre 2014. Appartement privé, 75009 Paris.
Affable, la pianiste américaine se présente toute en douceur, explique que sa seconde naissance s’est produite à deux pas d’ici, rue Saint-Georges, à dix-huit ans. Ici, c’est l’appartement que Michel et Christine, les artisans du label RogueArt, transforment parfois en salle de concert. Un piano droit (sur lequel les doingts en patte d’araignée de Mathew Ship ont déjà voltigé) attend patiemment sa maîtresse, la dame s’installe dos au public (où se reconnaît Bobby Few). Et commence un entrelacs de styles, d’harmonies éthérées, de gifles sur les touches, de clusters du coude, de repères, Earl Hines, Cecil Taylor, surgissant avant d’être emportés par le flot, de walking medium à la main gauche et d’avalanche à la main droite, et voilà que surgit le blues, et voilà Debussy (qui serait passé par une moulinette géante), et voilà, et voilà, et voilà surtout Connie Crothers, qui a absorbé tous les vocabulaires pour se faire son propre langage, radical, intègre et intégrant. Toute en séquence en accords des plus fournis – la dame aurait-elle des doigts supplémentaires ? –, une autre avec un ostinato visiblement improvisé en hommage à une touche récalcitrante (un si non pas bémol mais rebelle), et cette main gauche qui donne des claques-caresses dans le registre grave du clavier comme pour en chasser de mauvaises ondes et en fomenter d’énergiques. On croit par moment entendre “Charlie Mingus plays piano” mais en plus secoué, en non apaisé. Car sous ses dehors de douceur, Connie Crothers est une femme révoltée, à tout le moins scandalisée. Un morceau salue de façon très poignante l’assassinat en août dernier de Michael Brown, un autre évoque la bravoure des habitants de Ferguson, banlieue de Saint-Louis où s’est produit le drame. Pendant la petite heure qu’a duré sa prestation d’une extrémité à l’autre des quatre-vingt-huit touches du clavier, Connie Crothers a fait s’activer sa musique avec force. Elle a joué comme chez elle, seule, en pensant, une musique d’émotion et de pensées, une musique intense. Guettez les informations de RogueArt pour ne pas la manquer, la prochaine fois, maintenant qu’elle n’est plus pour vous totalement inconnue. FRS
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Enfin presque : elle fut l’élève de Lennie Tristano, a joué avec Max Roach, voilà pour les célébrités, le reste elle le joue plutôt dans la confidentialité. On vous parle bien sûr de l’audience, du public. Car son jeu de piano est l’inverse de la retenue. Michel Dorbon et Christine Barreau (RogueArt) l’ont accueillie à domicile pour un concert solo – une rareté ! – qu’a suivi une trentaine de privilégiés.
Connie Crothers (p). Dimanche 26 octobre 2014. Appartement privé, 75009 Paris.
Affable, la pianiste américaine se présente toute en douceur, explique que sa seconde naissance s’est produite à deux pas d’ici, rue Saint-Georges, à dix-huit ans. Ici, c’est l’appartement que Michel et Christine, les artisans du label RogueArt, transforment parfois en salle de concert. Un piano droit (sur lequel les doingts en patte d’araignée de Mathew Ship ont déjà voltigé) attend patiemment sa maîtresse, la dame s’installe dos au public (où se reconnaît Bobby Few). Et commence un entrelacs de styles, d’harmonies éthérées, de gifles sur les touches, de clusters du coude, de repères, Earl Hines, Cecil Taylor, surgissant avant d’être emportés par le flot, de walking medium à la main gauche et d’avalanche à la main droite, et voilà que surgit le blues, et voilà Debussy (qui serait passé par une moulinette géante), et voilà, et voilà, et voilà surtout Connie Crothers, qui a absorbé tous les vocabulaires pour se faire son propre langage, radical, intègre et intégrant. Toute en séquence en accords des plus fournis – la dame aurait-elle des doigts supplémentaires ? –, une autre avec un ostinato visiblement improvisé en hommage à une touche récalcitrante (un si non pas bémol mais rebelle), et cette main gauche qui donne des claques-caresses dans le registre grave du clavier comme pour en chasser de mauvaises ondes et en fomenter d’énergiques. On croit par moment entendre “Charlie Mingus plays piano” mais en plus secoué, en non apaisé. Car sous ses dehors de douceur, Connie Crothers est une femme révoltée, à tout le moins scandalisée. Un morceau salue de façon très poignante l’assassinat en août dernier de Michael Brown, un autre évoque la bravoure des habitants de Ferguson, banlieue de Saint-Louis où s’est produit le drame. Pendant la petite heure qu’a duré sa prestation d’une extrémité à l’autre des quatre-vingt-huit touches du clavier, Connie Crothers a fait s’activer sa musique avec force. Elle a joué comme chez elle, seule, en pensant, une musique d’émotion et de pensées, une musique intense. Guettez les informations de RogueArt pour ne pas la manquer, la prochaine fois, maintenant qu’elle n’est plus pour vous totalement inconnue. FRS
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Enfin presque : elle fut l’élève de Lennie Tristano, a joué avec Max Roach, voilà pour les célébrités, le reste elle le joue plutôt dans la confidentialité. On vous parle bien sûr de l’audience, du public. Car son jeu de piano est l’inverse de la retenue. Michel Dorbon et Christine Barreau (RogueArt) l’ont accueillie à domicile pour un concert solo – une rareté ! – qu’a suivi une trentaine de privilégiés.
Connie Crothers (p). Dimanche 26 octobre 2014. Appartement privé, 75009 Paris.
Affable, la pianiste américaine se présente toute en douceur, explique que sa seconde naissance s’est produite à deux pas d’ici, rue Saint-Georges, à dix-huit ans. Ici, c’est l’appartement que Michel et Christine, les artisans du label RogueArt, transforment parfois en salle de concert. Un piano droit (sur lequel les doingts en patte d’araignée de Mathew Ship ont déjà voltigé) attend patiemment sa maîtresse, la dame s’installe dos au public (où se reconnaît Bobby Few). Et commence un entrelacs de styles, d’harmonies éthérées, de gifles sur les touches, de clusters du coude, de repères, Earl Hines, Cecil Taylor, surgissant avant d’être emportés par le flot, de walking medium à la main gauche et d’avalanche à la main droite, et voilà que surgit le blues, et voilà Debussy (qui serait passé par une moulinette géante), et voilà, et voilà, et voilà surtout Connie Crothers, qui a absorbé tous les vocabulaires pour se faire son propre langage, radical, intègre et intégrant. Toute en séquence en accords des plus fournis – la dame aurait-elle des doigts supplémentaires ? –, une autre avec un ostinato visiblement improvisé en hommage à une touche récalcitrante (un si non pas bémol mais rebelle), et cette main gauche qui donne des claques-caresses dans le registre grave du clavier comme pour en chasser de mauvaises ondes et en fomenter d’énergiques. On croit par moment entendre “Charlie Mingus plays piano” mais en plus secoué, en non apaisé. Car sous ses dehors de douceur, Connie Crothers est une femme révoltée, à tout le moins scandalisée. Un morceau salue de façon très poignante l’assassinat en août dernier de Michael Brown, un autre évoque la bravoure des habitants de Ferguson, banlieue de Saint-Louis où s’est produit le drame. Pendant la petite heure qu’a duré sa prestation d’une extrémité à l’autre des quatre-vingt-huit touches du clavier, Connie Crothers a fait s’activer sa musique avec force. Elle a joué comme chez elle, seule, en pensant, une musique d’émotion et de pensées, une musique intense. Guettez les informations de RogueArt pour ne pas la manquer, la prochaine fois, maintenant qu’elle n’est plus pour vous totalement inconnue. FRS