Jazz live
Publié le 31 Jan 2015

Les B.O.F. du Sacre du tympan

Ce soir 31 janvier, Fred Pallem faisait jouer à son Sacre du tympan ses bandes originales de film au théâtre Alexandre Dumas de Saint-Germain-en-Laye. Au milieu de ce triomphe, je me suis senti un peu seul, même si je ne l’étais pas tout à fait.


Le Sacre du Tympan : Fabrice Martinez, Michel Feugère* (trompette), Daniel Zimmerman (trombone), Lionel Segui (trombone basse), François Bonhomme (cor), Joce Mienniel (flûtes et saxes), Sylvain Rifflet (clarinette, flûte, sax ténor), Stéphane Guillaume (saxes ténor et alto, flûtes, tin whistle), Frédéric Couderc (clarinettes, sax baryton), Vincent Taurelle (claviers), Ludovic Bruni (guitare électrique), Fred Pallem (guitare basse, composition, direction), Vincent Taeger (batterie), Guillaume Lantonnet (percussions, claviers) + Thomas de Pourquery, Alice Lewis (chanteuse).

*Sans certitude de l’avoir reconnu.


Je me suis enthousiasmé pour les premiers concerts du Sacre du tympan en 1998. Une écriture folle et pleine de promesses, une pépinière de talents (Fabrice Martinez, Médéric Collignon, Daniel Zimmerman, Rémi Sciutto, Christophe Monniot, Matthieu Donarier, Fred Gastard… Airelle Besson remplaçant lors du concert au Gémeaux, c’est là que je l’entendis la première fois). Puis je me suis détourné de la direction prise par le pourtant si sympathique Fred Pallem. Ce soir, gentiment invité par Stéphane Mariot, le manager du groupe, je me suis laissé tenter. Ça n’est pas si souvent que l’on entend du jazz, voire de la musique instrumentale en banlieue Ouest.


Pour faire simple, on partira du principe que ne connaissant ni L’Aventure c’est l’aventure, ni Rabbi Jacob, ni aucun des autres films de cette French Touch qui donne son titre au programme de la soirée, je suis dépourvu de toute culture cinématographique, ce que confirme d’ailleurs ma quasi méconnaissance des films de la Nouvelle vague au programme du Nouvelle Vague de Stéphane Kerecki (voir compte rendu du 28 janvier dernier) et ce qu’aggrave le fait que depuis que j’ai quitté le domicile parental en 1974 j’ai oublié comment on allumait une télévision. Il en découle au moins qu’aucune des musiques jouées ce soir ne m’étant connues (contrairement aux musiques de Nouvelle Vague qui d’une manière ou d’une autre sont arrivées jusqu’à moi), je n’étais pas le meilleur public pour apprécier cet opération nostalgie, quoiqu’aucune de ces musiques ne m’aient vraiment surpris tant elles s’apparentent à une sorte de continuum sonore auquel il fut difficile d’échapper. On observera aussi mon allergie pathologique à la variété yéyé et post-yéyé sauf à la considérer sous l’angle de la satire. On observera que si j’ai la carte de “jazz-critic” dans mon portefeuille, c’est par conviction que cette musique a toujours su – par sa liberté rythmique, harmonique, sonore, prendre de la distance, détricoter, explorer l’envers, transfigurer, démythifier – détourner, subvertir les standards et les stéréotypes de la culture mainstream du moment. C’est donc avec un casier très chargé que j’abordais ce concert dont on comprendra qu’il fut celui de l’année au cours duquel j’ai le plus souvent regardé ma montre.


J’ai omis de préciser à la brigade de la pensée mainstream mon désintérêt total pour la musique de film comme genre autonome et que, s’il m’est arrivé d’en remarquer certaines, c’est le plus souvent soit parce qu’elles étaient suffisamment mauvaises, envahissantes ou inadéquates pour s’interposer entre le film et moi, soit parce que l’adéquation de leur utilisation ou de leur montage (qu’il se soit s’agit d’un simple air siffloté ou d’une grosse machine symphonique) ait été d’une telle force que du fond de l’émotion où elle la plongeait ma conscience esthétique s’en soit trouvé alertée. Autrement dit, signer une musique de film du nom de son seul compositeur sans en mentionner les nègres qui ont assuré l’arrangement et surtout le monteur son, relève de la falsification. Quant à jouer ces musiques hors de leur utilité à l’image, à quelques exceptions, cela m’a toujours paru déplacé. Sauf à en faire autre chose et, finalement, si j’ai aimé Nouvelle Vague de Stéphane Kerecki mardi dernier à La Dynamo, c’est parce que Antonin-Tri Hoang, parce que John Taylor, parce que Fabrice Moreau, parce que Kerecki… Alors que voir le Sacre du tympan réduit à cette espèce d’orchestre de casino alignant à la perfection ces numéros étriqués comme on enfile des stock arrangements… des arrangements certes très adroits, mais sans grandeur, ni distance, ni fantaisie, ni folie, ni humour, ni vision. J’avais beau m’en douter un peu, car j’avais déjà fait ce constat il y a bien longtemps, ça m’a foutu un coup au moral. Probablement eût-il mieux valu aller écouter le Sacre du tympan le 23 janvier dernier à La Dynamo de Pantin, dans son programme blaxploitation, la présence en son sein du Journal Intime promettant de retrouver un peu de cette motricité initiale qui m’avait autrefois conquis.


Un autre coup au moral – mais est-ce une surprise ? N’est-ce pas la règle de quasiment toutes les scènes nationales ? – est de constater que les seules musiques instrumentales jouées cette saison au Théâtre Alexandre Dumas auront été cette soirée “Nostalgie”, un quatuor à cordes humoristiques, la symphonie n°40 de Mozart et un récital de piano classique XVIIIe-XIXe. La mort rôde. Franck Bergerot

 

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Ce soir 31 janvier, Fred Pallem faisait jouer à son Sacre du tympan ses bandes originales de film au théâtre Alexandre Dumas de Saint-Germain-en-Laye. Au milieu de ce triomphe, je me suis senti un peu seul, même si je ne l’étais pas tout à fait.


Le Sacre du Tympan : Fabrice Martinez, Michel Feugère* (trompette), Daniel Zimmerman (trombone), Lionel Segui (trombone basse), François Bonhomme (cor), Joce Mienniel (flûtes et saxes), Sylvain Rifflet (clarinette, flûte, sax ténor), Stéphane Guillaume (saxes ténor et alto, flûtes, tin whistle), Frédéric Couderc (clarinettes, sax baryton), Vincent Taurelle (claviers), Ludovic Bruni (guitare électrique), Fred Pallem (guitare basse, composition, direction), Vincent Taeger (batterie), Guillaume Lantonnet (percussions, claviers) + Thomas de Pourquery, Alice Lewis (chanteuse).

*Sans certitude de l’avoir reconnu.


Je me suis enthousiasmé pour les premiers concerts du Sacre du tympan en 1998. Une écriture folle et pleine de promesses, une pépinière de talents (Fabrice Martinez, Médéric Collignon, Daniel Zimmerman, Rémi Sciutto, Christophe Monniot, Matthieu Donarier, Fred Gastard… Airelle Besson remplaçant lors du concert au Gémeaux, c’est là que je l’entendis la première fois). Puis je me suis détourné de la direction prise par le pourtant si sympathique Fred Pallem. Ce soir, gentiment invité par Stéphane Mariot, le manager du groupe, je me suis laissé tenter. Ça n’est pas si souvent que l’on entend du jazz, voire de la musique instrumentale en banlieue Ouest.


Pour faire simple, on partira du principe que ne connaissant ni L’Aventure c’est l’aventure, ni Rabbi Jacob, ni aucun des autres films de cette French Touch qui donne son titre au programme de la soirée, je suis dépourvu de toute culture cinématographique, ce que confirme d’ailleurs ma quasi méconnaissance des films de la Nouvelle vague au programme du Nouvelle Vague de Stéphane Kerecki (voir compte rendu du 28 janvier dernier) et ce qu’aggrave le fait que depuis que j’ai quitté le domicile parental en 1974 j’ai oublié comment on allumait une télévision. Il en découle au moins qu’aucune des musiques jouées ce soir ne m’étant connues (contrairement aux musiques de Nouvelle Vague qui d’une manière ou d’une autre sont arrivées jusqu’à moi), je n’étais pas le meilleur public pour apprécier cet opération nostalgie, quoiqu’aucune de ces musiques ne m’aient vraiment surpris tant elles s’apparentent à une sorte de continuum sonore auquel il fut difficile d’échapper. On observera aussi mon allergie pathologique à la variété yéyé et post-yéyé sauf à la considérer sous l’angle de la satire. On observera que si j’ai la carte de “jazz-critic” dans mon portefeuille, c’est par conviction que cette musique a toujours su – par sa liberté rythmique, harmonique, sonore, prendre de la distance, détricoter, explorer l’envers, transfigurer, démythifier – détourner, subvertir les standards et les stéréotypes de la culture mainstream du moment. C’est donc avec un casier très chargé que j’abordais ce concert dont on comprendra qu’il fut celui de l’année au cours duquel j’ai le plus souvent regardé ma montre.


J’ai omis de préciser à la brigade de la pensée mainstream mon désintérêt total pour la musique de film comme genre autonome et que, s’il m’est arrivé d’en remarquer certaines, c’est le plus souvent soit parce qu’elles étaient suffisamment mauvaises, envahissantes ou inadéquates pour s’interposer entre le film et moi, soit parce que l’adéquation de leur utilisation ou de leur montage (qu’il se soit s’agit d’un simple air siffloté ou d’une grosse machine symphonique) ait été d’une telle force que du fond de l’émotion où elle la plongeait ma conscience esthétique s’en soit trouvé alertée. Autrement dit, signer une musique de film du nom de son seul compositeur sans en mentionner les nègres qui ont assuré l’arrangement et surtout le monteur son, relève de la falsification. Quant à jouer ces musiques hors de leur utilité à l’image, à quelques exceptions, cela m’a toujours paru déplacé. Sauf à en faire autre chose et, finalement, si j’ai aimé Nouvelle Vague de Stéphane Kerecki mardi dernier à La Dynamo, c’est parce que Antonin-Tri Hoang, parce que John Taylor, parce que Fabrice Moreau, parce que Kerecki… Alors que voir le Sacre du tympan réduit à cette espèce d’orchestre de casino alignant à la perfection ces numéros étriqués comme on enfile des stock arrangements… des arrangements certes très adroits, mais sans grandeur, ni distance, ni fantaisie, ni folie, ni humour, ni vision. J’avais beau m’en douter un peu, car j’avais déjà fait ce constat il y a bien longtemps, ça m’a foutu un coup au moral. Probablement eût-il mieux valu aller écouter le Sacre du tympan le 23 janvier dernier à La Dynamo de Pantin, dans son programme blaxploitation, la présence en son sein du Journal Intime promettant de retrouver un peu de cette motricité initiale qui m’avait autrefois conquis.


Un autre coup au moral – mais est-ce une surprise ? N’est-ce pas la règle de quasiment toutes les scènes nationales ? – est de constater que les seules musiques instrumentales jouées cette saison au Théâtre Alexandre Dumas auront été cette soirée “Nostalgie”, un quatuor à cordes humoristiques, la symphonie n°40 de Mozart et un récital de piano classique XVIIIe-XIXe. La mort rôde. Franck Bergerot

 

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Ce soir 31 janvier, Fred Pallem faisait jouer à son Sacre du tympan ses bandes originales de film au théâtre Alexandre Dumas de Saint-Germain-en-Laye. Au milieu de ce triomphe, je me suis senti un peu seul, même si je ne l’étais pas tout à fait.


Le Sacre du Tympan : Fabrice Martinez, Michel Feugère* (trompette), Daniel Zimmerman (trombone), Lionel Segui (trombone basse), François Bonhomme (cor), Joce Mienniel (flûtes et saxes), Sylvain Rifflet (clarinette, flûte, sax ténor), Stéphane Guillaume (saxes ténor et alto, flûtes, tin whistle), Frédéric Couderc (clarinettes, sax baryton), Vincent Taurelle (claviers), Ludovic Bruni (guitare électrique), Fred Pallem (guitare basse, composition, direction), Vincent Taeger (batterie), Guillaume Lantonnet (percussions, claviers) + Thomas de Pourquery, Alice Lewis (chanteuse).

*Sans certitude de l’avoir reconnu.


Je me suis enthousiasmé pour les premiers concerts du Sacre du tympan en 1998. Une écriture folle et pleine de promesses, une pépinière de talents (Fabrice Martinez, Médéric Collignon, Daniel Zimmerman, Rémi Sciutto, Christophe Monniot, Matthieu Donarier, Fred Gastard… Airelle Besson remplaçant lors du concert au Gémeaux, c’est là que je l’entendis la première fois). Puis je me suis détourné de la direction prise par le pourtant si sympathique Fred Pallem. Ce soir, gentiment invité par Stéphane Mariot, le manager du groupe, je me suis laissé tenter. Ça n’est pas si souvent que l’on entend du jazz, voire de la musique instrumentale en banlieue Ouest.


Pour faire simple, on partira du principe que ne connaissant ni L’Aventure c’est l’aventure, ni Rabbi Jacob, ni aucun des autres films de cette French Touch qui donne son titre au programme de la soirée, je suis dépourvu de toute culture cinématographique, ce que confirme d’ailleurs ma quasi méconnaissance des films de la Nouvelle vague au programme du Nouvelle Vague de Stéphane Kerecki (voir compte rendu du 28 janvier dernier) et ce qu’aggrave le fait que depuis que j’ai quitté le domicile parental en 1974 j’ai oublié comment on allumait une télévision. Il en découle au moins qu’aucune des musiques jouées ce soir ne m’étant connues (contrairement aux musiques de Nouvelle Vague qui d’une manière ou d’une autre sont arrivées jusqu’à moi), je n’étais pas le meilleur public pour apprécier cet opération nostalgie, quoiqu’aucune de ces musiques ne m’aient vraiment surpris tant elles s’apparentent à une sorte de continuum sonore auquel il fut difficile d’échapper. On observera aussi mon allergie pathologique à la variété yéyé et post-yéyé sauf à la considérer sous l’angle de la satire. On observera que si j’ai la carte de “jazz-critic” dans mon portefeuille, c’est par conviction que cette musique a toujours su – par sa liberté rythmique, harmonique, sonore, prendre de la distance, détricoter, explorer l’envers, transfigurer, démythifier – détourner, subvertir les standards et les stéréotypes de la culture mainstream du moment. C’est donc avec un casier très chargé que j’abordais ce concert dont on comprendra qu’il fut celui de l’année au cours duquel j’ai le plus souvent regardé ma montre.


J’ai omis de préciser à la brigade de la pensée mainstream mon désintérêt total pour la musique de film comme genre autonome et que, s’il m’est arrivé d’en remarquer certaines, c’est le plus souvent soit parce qu’elles étaient suffisamment mauvaises, envahissantes ou inadéquates pour s’interposer entre le film et moi, soit parce que l’adéquation de leur utilisation ou de leur montage (qu’il se soit s’agit d’un simple air siffloté ou d’une grosse machine symphonique) ait été d’une telle force que du fond de l’émotion où elle la plongeait ma conscience esthétique s’en soit trouvé alertée. Autrement dit, signer une musique de film du nom de son seul compositeur sans en mentionner les nègres qui ont assuré l’arrangement et surtout le monteur son, relève de la falsification. Quant à jouer ces musiques hors de leur utilité à l’image, à quelques exceptions, cela m’a toujours paru déplacé. Sauf à en faire autre chose et, finalement, si j’ai aimé Nouvelle Vague de Stéphane Kerecki mardi dernier à La Dynamo, c’est parce que Antonin-Tri Hoang, parce que John Taylor, parce que Fabrice Moreau, parce que Kerecki… Alors que voir le Sacre du tympan réduit à cette espèce d’orchestre de casino alignant à la perfection ces numéros étriqués comme on enfile des stock arrangements… des arrangements certes très adroits, mais sans grandeur, ni distance, ni fantaisie, ni folie, ni humour, ni vision. J’avais beau m’en douter un peu, car j’avais déjà fait ce constat il y a bien longtemps, ça m’a foutu un coup au moral. Probablement eût-il mieux valu aller écouter le Sacre du tympan le 23 janvier dernier à La Dynamo de Pantin, dans son programme blaxploitation, la présence en son sein du Journal Intime promettant de retrouver un peu de cette motricité initiale qui m’avait autrefois conquis.


Un autre coup au moral – mais est-ce une surprise ? N’est-ce pas la règle de quasiment toutes les scènes nationales ? – est de constater que les seules musiques instrumentales jouées cette saison au Théâtre Alexandre Dumas auront été cette soirée “Nostalgie”, un quatuor à cordes humoristiques, la symphonie n°40 de Mozart et un récital de piano classique XVIIIe-XIXe. La mort rôde. Franck Bergerot

 

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Ce soir 31 janvier, Fred Pallem faisait jouer à son Sacre du tympan ses bandes originales de film au théâtre Alexandre Dumas de Saint-Germain-en-Laye. Au milieu de ce triomphe, je me suis senti un peu seul, même si je ne l’étais pas tout à fait.


Le Sacre du Tympan : Fabrice Martinez, Michel Feugère* (trompette), Daniel Zimmerman (trombone), Lionel Segui (trombone basse), François Bonhomme (cor), Joce Mienniel (flûtes et saxes), Sylvain Rifflet (clarinette, flûte, sax ténor), Stéphane Guillaume (saxes ténor et alto, flûtes, tin whistle), Frédéric Couderc (clarinettes, sax baryton), Vincent Taurelle (claviers), Ludovic Bruni (guitare électrique), Fred Pallem (guitare basse, composition, direction), Vincent Taeger (batterie), Guillaume Lantonnet (percussions, claviers) + Thomas de Pourquery, Alice Lewis (chanteuse).

*Sans certitude de l’avoir reconnu.


Je me suis enthousiasmé pour les premiers concerts du Sacre du tympan en 1998. Une écriture folle et pleine de promesses, une pépinière de talents (Fabrice Martinez, Médéric Collignon, Daniel Zimmerman, Rémi Sciutto, Christophe Monniot, Matthieu Donarier, Fred Gastard… Airelle Besson remplaçant lors du concert au Gémeaux, c’est là que je l’entendis la première fois). Puis je me suis détourné de la direction prise par le pourtant si sympathique Fred Pallem. Ce soir, gentiment invité par Stéphane Mariot, le manager du groupe, je me suis laissé tenter. Ça n’est pas si souvent que l’on entend du jazz, voire de la musique instrumentale en banlieue Ouest.


Pour faire simple, on partira du principe que ne connaissant ni L’Aventure c’est l’aventure, ni Rabbi Jacob, ni aucun des autres films de cette French Touch qui donne son titre au programme de la soirée, je suis dépourvu de toute culture cinématographique, ce que confirme d’ailleurs ma quasi méconnaissance des films de la Nouvelle vague au programme du Nouvelle Vague de Stéphane Kerecki (voir compte rendu du 28 janvier dernier) et ce qu’aggrave le fait que depuis que j’ai quitté le domicile parental en 1974 j’ai oublié comment on allumait une télévision. Il en découle au moins qu’aucune des musiques jouées ce soir ne m’étant connues (contrairement aux musiques de Nouvelle Vague qui d’une manière ou d’une autre sont arrivées jusqu’à moi), je n’étais pas le meilleur public pour apprécier cet opération nostalgie, quoiqu’aucune de ces musiques ne m’aient vraiment surpris tant elles s’apparentent à une sorte de continuum sonore auquel il fut difficile d’échapper. On observera aussi mon allergie pathologique à la variété yéyé et post-yéyé sauf à la considérer sous l’angle de la satire. On observera que si j’ai la carte de “jazz-critic” dans mon portefeuille, c’est par conviction que cette musique a toujours su – par sa liberté rythmique, harmonique, sonore, prendre de la distance, détricoter, explorer l’envers, transfigurer, démythifier – détourner, subvertir les standards et les stéréotypes de la culture mainstream du moment. C’est donc avec un casier très chargé que j’abordais ce concert dont on comprendra qu’il fut celui de l’année au cours duquel j’ai le plus souvent regardé ma montre.


J’ai omis de préciser à la brigade de la pensée mainstream mon désintérêt total pour la musique de film comme genre autonome et que, s’il m’est arrivé d’en remarquer certaines, c’est le plus souvent soit parce qu’elles étaient suffisamment mauvaises, envahissantes ou inadéquates pour s’interposer entre le film et moi, soit parce que l’adéquation de leur utilisation ou de leur montage (qu’il se soit s’agit d’un simple air siffloté ou d’une grosse machine symphonique) ait été d’une telle force que du fond de l’émotion où elle la plongeait ma conscience esthétique s’en soit trouvé alertée. Autrement dit, signer une musique de film du nom de son seul compositeur sans en mentionner les nègres qui ont assuré l’arrangement et surtout le monteur son, relève de la falsification. Quant à jouer ces musiques hors de leur utilité à l’image, à quelques exceptions, cela m’a toujours paru déplacé. Sauf à en faire autre chose et, finalement, si j’ai aimé Nouvelle Vague de Stéphane Kerecki mardi dernier à La Dynamo, c’est parce que Antonin-Tri Hoang, parce que John Taylor, parce que Fabrice Moreau, parce que Kerecki… Alors que voir le Sacre du tympan réduit à cette espèce d’orchestre de casino alignant à la perfection ces numéros étriqués comme on enfile des stock arrangements… des arrangements certes très adroits, mais sans grandeur, ni distance, ni fantaisie, ni folie, ni humour, ni vision. J’avais beau m’en douter un peu, car j’avais déjà fait ce constat il y a bien longtemps, ça m’a foutu un coup au moral. Probablement eût-il mieux valu aller écouter le Sacre du tympan le 23 janvier dernier à La Dynamo de Pantin, dans son programme blaxploitation, la présence en son sein du Journal Intime promettant de retrouver un peu de cette motricité initiale qui m’avait autrefois conquis.


Un autre coup au moral – mais est-ce une surprise ? N’est-ce pas la règle de quasiment toutes les scènes nationales ? – est de constater que les seules musiques instrumentales jouées cette saison au Théâtre Alexandre Dumas auront été cette soirée “Nostalgie”, un quatuor à cordes humoristiques, la symphonie n°40 de Mozart et un récital de piano classique XVIIIe-XIXe. La mort rôde. Franck Bergerot