Kevin Lucchetti, batteur-conteur
Il y a quelques mois nous avions entendu Kevin Lucchetti avec le trio de Dexter Goldberg. Il y montrait sa puissance, son inventivité. Aux disquaires, mercredi 15 avril, ce jeune batteur tout juste sorti du CNSM prouve qu’il possède également un univers très personnel.
Kevin Lucchetti Kintet avec Kevin Lucchetti (batterie), Alexis Coutureau (contrebasse), Yves Arques (piano), Gregory Sallet (saxophone soprano), Olivier Miconi (trompette), Les disquaires, Mercredi 15 avril 2015
Le groupe de Kevin Lucchetti se présente dans une configuration assez classique : le bon vieux quintet de jazz avec sax et trompette. Mais Lucchetti cache bien son jeu. Il montre qu’on peut se frayer un chemin original sur des terres déjà bien labourées. D’abord quelques mots sur la structure : les morceaux, tous de sa plume ne sont pas un canevas destiné à lancer les solistes et à les faire briller. Ici, tout est au service de la composition. Les musiciens ont la bride sur le cou, (y compris le batteur, lui-même, qui ne s’octroie qu’un seul solo pendant le concert). Ils s’expriment dans certaines limites, et cette brièveté inusitée donne à leurs chorus une grande densité d’expression.
Comme compositeur, Lucchetti fait entendre un sens du contraste et des dynamiques. Les morceaux sont très écrits mais la musique respire. Les configurations de jeu se renouvellent de manière variée. Lucchetti montre un beau talent de conteur dans des morceaux qui sont autant de courts métrages. Il excelle à dessiner des ciels immobiles évoluant insensiblement vers l’orage. Comme batteur, Lucchetti dégage une impression de puissance qui ne tient pas au volume sonore déployé mais plutôt à sa réactivité, à sa rapidité de réaction, à sa manière féline de reprendre la balle au bond. Sa force, le plus souvent, est contenue. La finesse de son jeu est particulièrement remarquable à la cymbale dont il fait miroiter toutes les nuances. Parfois, quand il joue pianissimo, il se contente d’appuyer délicatement le milieu de la baguette sur la tranche de la cymbale, dans un geste millimétré.
Lucchetti peut compter sur le soutien indéfectible des autres membres du quintet, tous très impliqués, très concentrés. Les deux soufflants sont très complémentaires. Olivier Miconi a un beau son de trompette, droit et tranchant, assorti d’un petit grésillement de souffle qui lui donne une matérialité subtile. Grégory Sallet explore des régions plus dissonnantes. Il sait remarquablement jouer sur le souffle et les harmoniques. Ses tournures incantatoires exercent un effet hypnotique.
Après le concert, Kevin Lucchetti raconte son parcours (Conservatoire de Chambéry, puis CNSM pendant trois ans) et détaille son esthétique : « Je viens du rock…J’ai été influencé, au début, par le batteur de Led Zeppelin, John Bonham, et aussi par Steve Gadd. C’est au CNSM que j’ai découvert la tradition jazz de la batterie. Aujourd’hui j’écoute Eric Harland, Marcus Gilmore, des gens comme ça… ».
Alors que je lui parle des nuances de son jeu de batterie, Lucchetti a cette réflexion : « Je me suis beaucoup exercé, et même beaucoup enregistré pour développer ces nuances piano, ou mezzo piano. L’un des trucs compliqué à la batterie , c’est de maîtriser le geste. Quand on joue piano, on est à un centimètre des peaux. Les mouvements doivent être hyper-précis… ».
Sur son travail de compositeur, la première influence qu’il cite est celle du compositeur de films John Williams : « Je sais que ce n’est pas forcément dans les codes du jazz, mais j’aimerais que les gens qui écoutent ma musique aient des images en tête, comme s’ils avaient vu un film ».
On entend souvent les musiciens dire qu’ils essaient de raconter des histoires quand ils jouent. C’est parfois vrai, parfois un peu convenu. Mais il ne fait pas de doute que cette esthétique narrative constitue le cœur musical du quintet de Kevin Lucchetti.
Texte JF Mondot
Dessins AC Alvoët
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Il y a quelques mois nous avions entendu Kevin Lucchetti avec le trio de Dexter Goldberg. Il y montrait sa puissance, son inventivité. Aux disquaires, mercredi 15 avril, ce jeune batteur tout juste sorti du CNSM prouve qu’il possède également un univers très personnel.
Kevin Lucchetti Kintet avec Kevin Lucchetti (batterie), Alexis Coutureau (contrebasse), Yves Arques (piano), Gregory Sallet (saxophone soprano), Olivier Miconi (trompette), Les disquaires, Mercredi 15 avril 2015
Le groupe de Kevin Lucchetti se présente dans une configuration assez classique : le bon vieux quintet de jazz avec sax et trompette. Mais Lucchetti cache bien son jeu. Il montre qu’on peut se frayer un chemin original sur des terres déjà bien labourées. D’abord quelques mots sur la structure : les morceaux, tous de sa plume ne sont pas un canevas destiné à lancer les solistes et à les faire briller. Ici, tout est au service de la composition. Les musiciens ont la bride sur le cou, (y compris le batteur, lui-même, qui ne s’octroie qu’un seul solo pendant le concert). Ils s’expriment dans certaines limites, et cette brièveté inusitée donne à leurs chorus une grande densité d’expression.
Comme compositeur, Lucchetti fait entendre un sens du contraste et des dynamiques. Les morceaux sont très écrits mais la musique respire. Les configurations de jeu se renouvellent de manière variée. Lucchetti montre un beau talent de conteur dans des morceaux qui sont autant de courts métrages. Il excelle à dessiner des ciels immobiles évoluant insensiblement vers l’orage. Comme batteur, Lucchetti dégage une impression de puissance qui ne tient pas au volume sonore déployé mais plutôt à sa réactivité, à sa rapidité de réaction, à sa manière féline de reprendre la balle au bond. Sa force, le plus souvent, est contenue. La finesse de son jeu est particulièrement remarquable à la cymbale dont il fait miroiter toutes les nuances. Parfois, quand il joue pianissimo, il se contente d’appuyer délicatement le milieu de la baguette sur la tranche de la cymbale, dans un geste millimétré.
Lucchetti peut compter sur le soutien indéfectible des autres membres du quintet, tous très impliqués, très concentrés. Les deux soufflants sont très complémentaires. Olivier Miconi a un beau son de trompette, droit et tranchant, assorti d’un petit grésillement de souffle qui lui donne une matérialité subtile. Grégory Sallet explore des régions plus dissonnantes. Il sait remarquablement jouer sur le souffle et les harmoniques. Ses tournures incantatoires exercent un effet hypnotique.
Après le concert, Kevin Lucchetti raconte son parcours (Conservatoire de Chambéry, puis CNSM pendant trois ans) et détaille son esthétique : « Je viens du rock…J’ai été influencé, au début, par le batteur de Led Zeppelin, John Bonham, et aussi par Steve Gadd. C’est au CNSM que j’ai découvert la tradition jazz de la batterie. Aujourd’hui j’écoute Eric Harland, Marcus Gilmore, des gens comme ça… ».
Alors que je lui parle des nuances de son jeu de batterie, Lucchetti a cette réflexion : « Je me suis beaucoup exercé, et même beaucoup enregistré pour développer ces nuances piano, ou mezzo piano. L’un des trucs compliqué à la batterie , c’est de maîtriser le geste. Quand on joue piano, on est à un centimètre des peaux. Les mouvements doivent être hyper-précis… ».
Sur son travail de compositeur, la première influence qu’il cite est celle du compositeur de films John Williams : « Je sais que ce n’est pas forcément dans les codes du jazz, mais j’aimerais que les gens qui écoutent ma musique aient des images en tête, comme s’ils avaient vu un film ».
On entend souvent les musiciens dire qu’ils essaient de raconter des histoires quand ils jouent. C’est parfois vrai, parfois un peu convenu. Mais il ne fait pas de doute que cette esthétique narrative constitue le cœur musical du quintet de Kevin Lucchetti.
Texte JF Mondot
Dessins AC Alvoët
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Il y a quelques mois nous avions entendu Kevin Lucchetti avec le trio de Dexter Goldberg. Il y montrait sa puissance, son inventivité. Aux disquaires, mercredi 15 avril, ce jeune batteur tout juste sorti du CNSM prouve qu’il possède également un univers très personnel.
Kevin Lucchetti Kintet avec Kevin Lucchetti (batterie), Alexis Coutureau (contrebasse), Yves Arques (piano), Gregory Sallet (saxophone soprano), Olivier Miconi (trompette), Les disquaires, Mercredi 15 avril 2015
Le groupe de Kevin Lucchetti se présente dans une configuration assez classique : le bon vieux quintet de jazz avec sax et trompette. Mais Lucchetti cache bien son jeu. Il montre qu’on peut se frayer un chemin original sur des terres déjà bien labourées. D’abord quelques mots sur la structure : les morceaux, tous de sa plume ne sont pas un canevas destiné à lancer les solistes et à les faire briller. Ici, tout est au service de la composition. Les musiciens ont la bride sur le cou, (y compris le batteur, lui-même, qui ne s’octroie qu’un seul solo pendant le concert). Ils s’expriment dans certaines limites, et cette brièveté inusitée donne à leurs chorus une grande densité d’expression.
Comme compositeur, Lucchetti fait entendre un sens du contraste et des dynamiques. Les morceaux sont très écrits mais la musique respire. Les configurations de jeu se renouvellent de manière variée. Lucchetti montre un beau talent de conteur dans des morceaux qui sont autant de courts métrages. Il excelle à dessiner des ciels immobiles évoluant insensiblement vers l’orage. Comme batteur, Lucchetti dégage une impression de puissance qui ne tient pas au volume sonore déployé mais plutôt à sa réactivité, à sa rapidité de réaction, à sa manière féline de reprendre la balle au bond. Sa force, le plus souvent, est contenue. La finesse de son jeu est particulièrement remarquable à la cymbale dont il fait miroiter toutes les nuances. Parfois, quand il joue pianissimo, il se contente d’appuyer délicatement le milieu de la baguette sur la tranche de la cymbale, dans un geste millimétré.
Lucchetti peut compter sur le soutien indéfectible des autres membres du quintet, tous très impliqués, très concentrés. Les deux soufflants sont très complémentaires. Olivier Miconi a un beau son de trompette, droit et tranchant, assorti d’un petit grésillement de souffle qui lui donne une matérialité subtile. Grégory Sallet explore des régions plus dissonnantes. Il sait remarquablement jouer sur le souffle et les harmoniques. Ses tournures incantatoires exercent un effet hypnotique.
Après le concert, Kevin Lucchetti raconte son parcours (Conservatoire de Chambéry, puis CNSM pendant trois ans) et détaille son esthétique : « Je viens du rock…J’ai été influencé, au début, par le batteur de Led Zeppelin, John Bonham, et aussi par Steve Gadd. C’est au CNSM que j’ai découvert la tradition jazz de la batterie. Aujourd’hui j’écoute Eric Harland, Marcus Gilmore, des gens comme ça… ».
Alors que je lui parle des nuances de son jeu de batterie, Lucchetti a cette réflexion : « Je me suis beaucoup exercé, et même beaucoup enregistré pour développer ces nuances piano, ou mezzo piano. L’un des trucs compliqué à la batterie , c’est de maîtriser le geste. Quand on joue piano, on est à un centimètre des peaux. Les mouvements doivent être hyper-précis… ».
Sur son travail de compositeur, la première influence qu’il cite est celle du compositeur de films John Williams : « Je sais que ce n’est pas forcément dans les codes du jazz, mais j’aimerais que les gens qui écoutent ma musique aient des images en tête, comme s’ils avaient vu un film ».
On entend souvent les musiciens dire qu’ils essaient de raconter des histoires quand ils jouent. C’est parfois vrai, parfois un peu convenu. Mais il ne fait pas de doute que cette esthétique narrative constitue le cœur musical du quintet de Kevin Lucchetti.
Texte JF Mondot
Dessins AC Alvoët
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Il y a quelques mois nous avions entendu Kevin Lucchetti avec le trio de Dexter Goldberg. Il y montrait sa puissance, son inventivité. Aux disquaires, mercredi 15 avril, ce jeune batteur tout juste sorti du CNSM prouve qu’il possède également un univers très personnel.
Kevin Lucchetti Kintet avec Kevin Lucchetti (batterie), Alexis Coutureau (contrebasse), Yves Arques (piano), Gregory Sallet (saxophone soprano), Olivier Miconi (trompette), Les disquaires, Mercredi 15 avril 2015
Le groupe de Kevin Lucchetti se présente dans une configuration assez classique : le bon vieux quintet de jazz avec sax et trompette. Mais Lucchetti cache bien son jeu. Il montre qu’on peut se frayer un chemin original sur des terres déjà bien labourées. D’abord quelques mots sur la structure : les morceaux, tous de sa plume ne sont pas un canevas destiné à lancer les solistes et à les faire briller. Ici, tout est au service de la composition. Les musiciens ont la bride sur le cou, (y compris le batteur, lui-même, qui ne s’octroie qu’un seul solo pendant le concert). Ils s’expriment dans certaines limites, et cette brièveté inusitée donne à leurs chorus une grande densité d’expression.
Comme compositeur, Lucchetti fait entendre un sens du contraste et des dynamiques. Les morceaux sont très écrits mais la musique respire. Les configurations de jeu se renouvellent de manière variée. Lucchetti montre un beau talent de conteur dans des morceaux qui sont autant de courts métrages. Il excelle à dessiner des ciels immobiles évoluant insensiblement vers l’orage. Comme batteur, Lucchetti dégage une impression de puissance qui ne tient pas au volume sonore déployé mais plutôt à sa réactivité, à sa rapidité de réaction, à sa manière féline de reprendre la balle au bond. Sa force, le plus souvent, est contenue. La finesse de son jeu est particulièrement remarquable à la cymbale dont il fait miroiter toutes les nuances. Parfois, quand il joue pianissimo, il se contente d’appuyer délicatement le milieu de la baguette sur la tranche de la cymbale, dans un geste millimétré.
Lucchetti peut compter sur le soutien indéfectible des autres membres du quintet, tous très impliqués, très concentrés. Les deux soufflants sont très complémentaires. Olivier Miconi a un beau son de trompette, droit et tranchant, assorti d’un petit grésillement de souffle qui lui donne une matérialité subtile. Grégory Sallet explore des régions plus dissonnantes. Il sait remarquablement jouer sur le souffle et les harmoniques. Ses tournures incantatoires exercent un effet hypnotique.
Après le concert, Kevin Lucchetti raconte son parcours (Conservatoire de Chambéry, puis CNSM pendant trois ans) et détaille son esthétique : « Je viens du rock…J’ai été influencé, au début, par le batteur de Led Zeppelin, John Bonham, et aussi par Steve Gadd. C’est au CNSM que j’ai découvert la tradition jazz de la batterie. Aujourd’hui j’écoute Eric Harland, Marcus Gilmore, des gens comme ça… ».
Alors que je lui parle des nuances de son jeu de batterie, Lucchetti a cette réflexion : « Je me suis beaucoup exercé, et même beaucoup enregistré pour développer ces nuances piano, ou mezzo piano. L’un des trucs compliqué à la batterie , c’est de maîtriser le geste. Quand on joue piano, on est à un centimètre des peaux. Les mouvements doivent être hyper-précis… ».
Sur son travail de compositeur, la première influence qu’il cite est celle du compositeur de films John Williams : « Je sais que ce n’est pas forcément dans les codes du jazz, mais j’aimerais que les gens qui écoutent ma musique aient des images en tête, comme s’ils avaient vu un film ».
On entend souvent les musiciens dire qu’ils essaient de raconter des histoires quand ils jouent. C’est parfois vrai, parfois un peu convenu. Mais il ne fait pas de doute que cette esthétique narrative constitue le cœur musical du quintet de Kevin Lucchetti.
Texte JF Mondot
Dessins AC Alvoët