Jazz live
Publié le 1 Juin 2015

La Ferté Jazz soigne ses ouvertures

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Comme l’an dernier, le festival de Jazz  de la Ferté a ouvert son édition avec une belle affiche de prestige : le Riccardo del Fra Quintet suivi du groupe formé par Stefano di Battista-Manu Katché-Richard Bona-Eric Legnini.

Riccardo del fra Quintet avec Nicolas Folmer (trompette), Pierrick Pedron (saxophone alto), Bruno Ruder (piano) Ariel Teissier (batterie), Riccardo del Fra (contrebasse), La Ferté sous Jouarre, vendredi 22 mai 2015

Pendant 9 ans, Riccardo del Fra a eu le privilège d’être un des compagnons de route de Chet Baker. C’est une expérience qui coupe la vie d’un musicien en deux : il y a un avant et un après. Del Fra est revenu sur cet épisode dans « A sip of your touch » (1989) et plus récemment avec le disque « My Chet my song » (2014). Avec la décantation de la mémoire et des souvenirs, il est aujourd’hui en mesure de rendre un hommage subtil, poétique, échappant à la relecture littérale des œuvres magnifiées par le trompettiste.

Et comme pour annoncer la couleur, Del Fra commence le concert avec une de ses propres compositions, qu’il introduit à la contrebasse avec  des lignes contrastées, utilisant les aigus de l’instrument et son registre le plus grave. La parole revient ensuite à Nicolas Folmer au bugle, qui  a l’intelligence de ne pas chercher à imiter Chet Baker, mais de rester lui-même, retenant simplement de Chet cette leçon qu’un musicien doit être tout entier dans chaque note. Le son de son bugle offre un beau contraste avec les zébrures brillantes et virtuoses que trace Pierrick Pedron à l’alto.


RdelFraÂacAlvoet2015 2

Le deuxième morceau est une référence plus directe à l’univers de Chet Baker. But not for me, est un standard qu’il aimait jouer et chanter (et scatter). Certaines expositions de thèmes valent le plus beau des chorus. C’est le cas lorsque Folmer détaille souverainement la mélodie de But not for me, en en faisant ressentir chaque note.  Pedron prend un chorus merveilleux, avec cette vélocité mordante, coupante, héritée de Parker mais dont il a fait un langage personnel.

Le groupe joue ensuite L’âme des poètes, de Charles Trenet, avec une introduction recueillie de Del Fra, émaillée de magnifiques glissando et de notes tenues bien senties. Le thème réserve des surprises. Del Fra aime les collages. Tout à coup, I’m old fashioned vient délicatement se superposer à la chanson de Trenet. Le morceau suivant est I’m a fool to want you, joué en duo avec Bruno Ruder, d’une sobriété, d’une justesse exquises. Mais les surprises ne sont pas finies. Voici que le thème évolue vers …Footprints de Wayne Shorter. Il faut dire à ce propos quelque chose du goût de Chet Baker pour les compositeurs « modernes » de son temps, Herbie hancock (dont Chet a gravé le merveilleux Dolphin Dance) et Wayne Shorter, donc, auquel le trompettiste américain a emprunté ESP et Beautiful black Eyes : Chet Baker avait les oreilles ouvertes  et n’a pas passé sa vie à jouer que my funny ValentineRdelFraÂacAlvoet2015 3

Le concert se termine par Love for sale, qui (toujours l’art des surprises) évolue en farandole latine de plus en plus débridée. Pierrick Pedron et Nicolas Folmer prennent des 4/4 enflammés. Beau concert et bel hommage.

 

Richard Bona (basse), Eric Legnini (piano) Stefano di Battista (saxophone), , manu katché (batterie)

 mKatcheÂacAlvoet2015 1

Ce quartet de all-stars semble sincèrement heureux de se retrouver, ils se font des blagues, on a parfois l’impression d’assister à une répétition entre surdoués, mais ils ont tous cette faculté, dès qu’ils le veulent, de faire revenir la musique. Il y a beaucoup de complémentarités entre ces personnalités : Stefano di battista déroule des solos lyriques, poignants, qui vont virevolter dans l’aigu, avec cette manière de jouer en faisant l’œil de velours à la salle. Legnini apporte beaucoup de délicatesse en particulier au fender, Katché amène l’énergie de sa frappe sèche (en voilà un qui ne pourra pas être accusé d’être un coloriste de la batterie…), mKatcheÂacAlvoet2015 3

Richard Bona est pourvoyeur de groove et de fantaisie. Il est si doué qu’on lui pardonne tous ses petits cabotinages. Tout ce qu’il touche se transforme en musique. Un des plus beaux moments du concert est celui où il entonne une bouleversante complainte africaine qui se conclut par…Indifférence de Tony murena, dont la mélodie virevoltante est chantée note pour note. En bis il chantera « allons dormir à la Ferté ». Il met tout le monde dans sa poche et la soirée se finit sur cette note joyeuse.

Texte : JF Mondot

Dessins AC Alvoët

PS : le style inhabituellement appuyé et vigoureux des dessins qui sont proposés ici ne doit pas être attribué à un changement esthétique soudain de la dessinatrice, ni à un abus de caféine, mais plutôt à sa distraction. Ayant oublié plume et pinceaux, elle a eu recourt aux paquerettes de la Ferté sous Jouarre pour colorier ses dessins, et à quelques branches cassées , à un crayon trempé dans l’encre pour en tracer les contours. Donnez lui une grotte , elle vous refait Lascaux. En mieux.  

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Comme l’an dernier, le festival de Jazz  de la Ferté a ouvert son édition avec une belle affiche de prestige : le Riccardo del Fra Quintet suivi du groupe formé par Stefano di Battista-Manu Katché-Richard Bona-Eric Legnini.

Riccardo del fra Quintet avec Nicolas Folmer (trompette), Pierrick Pedron (saxophone alto), Bruno Ruder (piano) Ariel Teissier (batterie), Riccardo del Fra (contrebasse), La Ferté sous Jouarre, vendredi 22 mai 2015

Pendant 9 ans, Riccardo del Fra a eu le privilège d’être un des compagnons de route de Chet Baker. C’est une expérience qui coupe la vie d’un musicien en deux : il y a un avant et un après. Del Fra est revenu sur cet épisode dans « A sip of your touch » (1989) et plus récemment avec le disque « My Chet my song » (2014). Avec la décantation de la mémoire et des souvenirs, il est aujourd’hui en mesure de rendre un hommage subtil, poétique, échappant à la relecture littérale des œuvres magnifiées par le trompettiste.

Et comme pour annoncer la couleur, Del Fra commence le concert avec une de ses propres compositions, qu’il introduit à la contrebasse avec  des lignes contrastées, utilisant les aigus de l’instrument et son registre le plus grave. La parole revient ensuite à Nicolas Folmer au bugle, qui  a l’intelligence de ne pas chercher à imiter Chet Baker, mais de rester lui-même, retenant simplement de Chet cette leçon qu’un musicien doit être tout entier dans chaque note. Le son de son bugle offre un beau contraste avec les zébrures brillantes et virtuoses que trace Pierrick Pedron à l’alto.


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Le deuxième morceau est une référence plus directe à l’univers de Chet Baker. But not for me, est un standard qu’il aimait jouer et chanter (et scatter). Certaines expositions de thèmes valent le plus beau des chorus. C’est le cas lorsque Folmer détaille souverainement la mélodie de But not for me, en en faisant ressentir chaque note.  Pedron prend un chorus merveilleux, avec cette vélocité mordante, coupante, héritée de Parker mais dont il a fait un langage personnel.

Le groupe joue ensuite L’âme des poètes, de Charles Trenet, avec une introduction recueillie de Del Fra, émaillée de magnifiques glissando et de notes tenues bien senties. Le thème réserve des surprises. Del Fra aime les collages. Tout à coup, I’m old fashioned vient délicatement se superposer à la chanson de Trenet. Le morceau suivant est I’m a fool to want you, joué en duo avec Bruno Ruder, d’une sobriété, d’une justesse exquises. Mais les surprises ne sont pas finies. Voici que le thème évolue vers …Footprints de Wayne Shorter. Il faut dire à ce propos quelque chose du goût de Chet Baker pour les compositeurs « modernes » de son temps, Herbie hancock (dont Chet a gravé le merveilleux Dolphin Dance) et Wayne Shorter, donc, auquel le trompettiste américain a emprunté ESP et Beautiful black Eyes : Chet Baker avait les oreilles ouvertes  et n’a pas passé sa vie à jouer que my funny ValentineRdelFraÂacAlvoet2015 3

Le concert se termine par Love for sale, qui (toujours l’art des surprises) évolue en farandole latine de plus en plus débridée. Pierrick Pedron et Nicolas Folmer prennent des 4/4 enflammés. Beau concert et bel hommage.

 

Richard Bona (basse), Eric Legnini (piano) Stefano di Battista (saxophone), , manu katché (batterie)

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Ce quartet de all-stars semble sincèrement heureux de se retrouver, ils se font des blagues, on a parfois l’impression d’assister à une répétition entre surdoués, mais ils ont tous cette faculté, dès qu’ils le veulent, de faire revenir la musique. Il y a beaucoup de complémentarités entre ces personnalités : Stefano di battista déroule des solos lyriques, poignants, qui vont virevolter dans l’aigu, avec cette manière de jouer en faisant l’œil de velours à la salle. Legnini apporte beaucoup de délicatesse en particulier au fender, Katché amène l’énergie de sa frappe sèche (en voilà un qui ne pourra pas être accusé d’être un coloriste de la batterie…), mKatcheÂacAlvoet2015 3

Richard Bona est pourvoyeur de groove et de fantaisie. Il est si doué qu’on lui pardonne tous ses petits cabotinages. Tout ce qu’il touche se transforme en musique. Un des plus beaux moments du concert est celui où il entonne une bouleversante complainte africaine qui se conclut par…Indifférence de Tony murena, dont la mélodie virevoltante est chantée note pour note. En bis il chantera « allons dormir à la Ferté ». Il met tout le monde dans sa poche et la soirée se finit sur cette note joyeuse.

Texte : JF Mondot

Dessins AC Alvoët

PS : le style inhabituellement appuyé et vigoureux des dessins qui sont proposés ici ne doit pas être attribué à un changement esthétique soudain de la dessinatrice, ni à un abus de caféine, mais plutôt à sa distraction. Ayant oublié plume et pinceaux, elle a eu recourt aux paquerettes de la Ferté sous Jouarre pour colorier ses dessins, et à quelques branches cassées , à un crayon trempé dans l’encre pour en tracer les contours. Donnez lui une grotte , elle vous refait Lascaux. En mieux.  

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Comme l’an dernier, le festival de Jazz  de la Ferté a ouvert son édition avec une belle affiche de prestige : le Riccardo del Fra Quintet suivi du groupe formé par Stefano di Battista-Manu Katché-Richard Bona-Eric Legnini.

Riccardo del fra Quintet avec Nicolas Folmer (trompette), Pierrick Pedron (saxophone alto), Bruno Ruder (piano) Ariel Teissier (batterie), Riccardo del Fra (contrebasse), La Ferté sous Jouarre, vendredi 22 mai 2015

Pendant 9 ans, Riccardo del Fra a eu le privilège d’être un des compagnons de route de Chet Baker. C’est une expérience qui coupe la vie d’un musicien en deux : il y a un avant et un après. Del Fra est revenu sur cet épisode dans « A sip of your touch » (1989) et plus récemment avec le disque « My Chet my song » (2014). Avec la décantation de la mémoire et des souvenirs, il est aujourd’hui en mesure de rendre un hommage subtil, poétique, échappant à la relecture littérale des œuvres magnifiées par le trompettiste.

Et comme pour annoncer la couleur, Del Fra commence le concert avec une de ses propres compositions, qu’il introduit à la contrebasse avec  des lignes contrastées, utilisant les aigus de l’instrument et son registre le plus grave. La parole revient ensuite à Nicolas Folmer au bugle, qui  a l’intelligence de ne pas chercher à imiter Chet Baker, mais de rester lui-même, retenant simplement de Chet cette leçon qu’un musicien doit être tout entier dans chaque note. Le son de son bugle offre un beau contraste avec les zébrures brillantes et virtuoses que trace Pierrick Pedron à l’alto.


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Le deuxième morceau est une référence plus directe à l’univers de Chet Baker. But not for me, est un standard qu’il aimait jouer et chanter (et scatter). Certaines expositions de thèmes valent le plus beau des chorus. C’est le cas lorsque Folmer détaille souverainement la mélodie de But not for me, en en faisant ressentir chaque note.  Pedron prend un chorus merveilleux, avec cette vélocité mordante, coupante, héritée de Parker mais dont il a fait un langage personnel.

Le groupe joue ensuite L’âme des poètes, de Charles Trenet, avec une introduction recueillie de Del Fra, émaillée de magnifiques glissando et de notes tenues bien senties. Le thème réserve des surprises. Del Fra aime les collages. Tout à coup, I’m old fashioned vient délicatement se superposer à la chanson de Trenet. Le morceau suivant est I’m a fool to want you, joué en duo avec Bruno Ruder, d’une sobriété, d’une justesse exquises. Mais les surprises ne sont pas finies. Voici que le thème évolue vers …Footprints de Wayne Shorter. Il faut dire à ce propos quelque chose du goût de Chet Baker pour les compositeurs « modernes » de son temps, Herbie hancock (dont Chet a gravé le merveilleux Dolphin Dance) et Wayne Shorter, donc, auquel le trompettiste américain a emprunté ESP et Beautiful black Eyes : Chet Baker avait les oreilles ouvertes  et n’a pas passé sa vie à jouer que my funny ValentineRdelFraÂacAlvoet2015 3

Le concert se termine par Love for sale, qui (toujours l’art des surprises) évolue en farandole latine de plus en plus débridée. Pierrick Pedron et Nicolas Folmer prennent des 4/4 enflammés. Beau concert et bel hommage.

 

Richard Bona (basse), Eric Legnini (piano) Stefano di Battista (saxophone), , manu katché (batterie)

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Ce quartet de all-stars semble sincèrement heureux de se retrouver, ils se font des blagues, on a parfois l’impression d’assister à une répétition entre surdoués, mais ils ont tous cette faculté, dès qu’ils le veulent, de faire revenir la musique. Il y a beaucoup de complémentarités entre ces personnalités : Stefano di battista déroule des solos lyriques, poignants, qui vont virevolter dans l’aigu, avec cette manière de jouer en faisant l’œil de velours à la salle. Legnini apporte beaucoup de délicatesse en particulier au fender, Katché amène l’énergie de sa frappe sèche (en voilà un qui ne pourra pas être accusé d’être un coloriste de la batterie…), mKatcheÂacAlvoet2015 3

Richard Bona est pourvoyeur de groove et de fantaisie. Il est si doué qu’on lui pardonne tous ses petits cabotinages. Tout ce qu’il touche se transforme en musique. Un des plus beaux moments du concert est celui où il entonne une bouleversante complainte africaine qui se conclut par…Indifférence de Tony murena, dont la mélodie virevoltante est chantée note pour note. En bis il chantera « allons dormir à la Ferté ». Il met tout le monde dans sa poche et la soirée se finit sur cette note joyeuse.

Texte : JF Mondot

Dessins AC Alvoët

PS : le style inhabituellement appuyé et vigoureux des dessins qui sont proposés ici ne doit pas être attribué à un changement esthétique soudain de la dessinatrice, ni à un abus de caféine, mais plutôt à sa distraction. Ayant oublié plume et pinceaux, elle a eu recourt aux paquerettes de la Ferté sous Jouarre pour colorier ses dessins, et à quelques branches cassées , à un crayon trempé dans l’encre pour en tracer les contours. Donnez lui une grotte , elle vous refait Lascaux. En mieux.  

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Comme l’an dernier, le festival de Jazz  de la Ferté a ouvert son édition avec une belle affiche de prestige : le Riccardo del Fra Quintet suivi du groupe formé par Stefano di Battista-Manu Katché-Richard Bona-Eric Legnini.

Riccardo del fra Quintet avec Nicolas Folmer (trompette), Pierrick Pedron (saxophone alto), Bruno Ruder (piano) Ariel Teissier (batterie), Riccardo del Fra (contrebasse), La Ferté sous Jouarre, vendredi 22 mai 2015

Pendant 9 ans, Riccardo del Fra a eu le privilège d’être un des compagnons de route de Chet Baker. C’est une expérience qui coupe la vie d’un musicien en deux : il y a un avant et un après. Del Fra est revenu sur cet épisode dans « A sip of your touch » (1989) et plus récemment avec le disque « My Chet my song » (2014). Avec la décantation de la mémoire et des souvenirs, il est aujourd’hui en mesure de rendre un hommage subtil, poétique, échappant à la relecture littérale des œuvres magnifiées par le trompettiste.

Et comme pour annoncer la couleur, Del Fra commence le concert avec une de ses propres compositions, qu’il introduit à la contrebasse avec  des lignes contrastées, utilisant les aigus de l’instrument et son registre le plus grave. La parole revient ensuite à Nicolas Folmer au bugle, qui  a l’intelligence de ne pas chercher à imiter Chet Baker, mais de rester lui-même, retenant simplement de Chet cette leçon qu’un musicien doit être tout entier dans chaque note. Le son de son bugle offre un beau contraste avec les zébrures brillantes et virtuoses que trace Pierrick Pedron à l’alto.


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Le deuxième morceau est une référence plus directe à l’univers de Chet Baker. But not for me, est un standard qu’il aimait jouer et chanter (et scatter). Certaines expositions de thèmes valent le plus beau des chorus. C’est le cas lorsque Folmer détaille souverainement la mélodie de But not for me, en en faisant ressentir chaque note.  Pedron prend un chorus merveilleux, avec cette vélocité mordante, coupante, héritée de Parker mais dont il a fait un langage personnel.

Le groupe joue ensuite L’âme des poètes, de Charles Trenet, avec une introduction recueillie de Del Fra, émaillée de magnifiques glissando et de notes tenues bien senties. Le thème réserve des surprises. Del Fra aime les collages. Tout à coup, I’m old fashioned vient délicatement se superposer à la chanson de Trenet. Le morceau suivant est I’m a fool to want you, joué en duo avec Bruno Ruder, d’une sobriété, d’une justesse exquises. Mais les surprises ne sont pas finies. Voici que le thème évolue vers …Footprints de Wayne Shorter. Il faut dire à ce propos quelque chose du goût de Chet Baker pour les compositeurs « modernes » de son temps, Herbie hancock (dont Chet a gravé le merveilleux Dolphin Dance) et Wayne Shorter, donc, auquel le trompettiste américain a emprunté ESP et Beautiful black Eyes : Chet Baker avait les oreilles ouvertes  et n’a pas passé sa vie à jouer que my funny ValentineRdelFraÂacAlvoet2015 3

Le concert se termine par Love for sale, qui (toujours l’art des surprises) évolue en farandole latine de plus en plus débridée. Pierrick Pedron et Nicolas Folmer prennent des 4/4 enflammés. Beau concert et bel hommage.

 

Richard Bona (basse), Eric Legnini (piano) Stefano di Battista (saxophone), , manu katché (batterie)

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Ce quartet de all-stars semble sincèrement heureux de se retrouver, ils se font des blagues, on a parfois l’impression d’assister à une répétition entre surdoués, mais ils ont tous cette faculté, dès qu’ils le veulent, de faire revenir la musique. Il y a beaucoup de complémentarités entre ces personnalités : Stefano di battista déroule des solos lyriques, poignants, qui vont virevolter dans l’aigu, avec cette manière de jouer en faisant l’œil de velours à la salle. Legnini apporte beaucoup de délicatesse en particulier au fender, Katché amène l’énergie de sa frappe sèche (en voilà un qui ne pourra pas être accusé d’être un coloriste de la batterie…), mKatcheÂacAlvoet2015 3

Richard Bona est pourvoyeur de groove et de fantaisie. Il est si doué qu’on lui pardonne tous ses petits cabotinages. Tout ce qu’il touche se transforme en musique. Un des plus beaux moments du concert est celui où il entonne une bouleversante complainte africaine qui se conclut par…Indifférence de Tony murena, dont la mélodie virevoltante est chantée note pour note. En bis il chantera « allons dormir à la Ferté ». Il met tout le monde dans sa poche et la soirée se finit sur cette note joyeuse.

Texte : JF Mondot

Dessins AC Alvoët

PS : le style inhabituellement appuyé et vigoureux des dessins qui sont proposés ici ne doit pas être attribué à un changement esthétique soudain de la dessinatrice, ni à un abus de caféine, mais plutôt à sa distraction. Ayant oublié plume et pinceaux, elle a eu recourt aux paquerettes de la Ferté sous Jouarre pour colorier ses dessins, et à quelques branches cassées , à un crayon trempé dans l’encre pour en tracer les contours. Donnez lui une grotte , elle vous refait Lascaux. En mieux.  

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