Naïssam Jalal prend la Bastille
Hier 4 juin, la flûtiste d’origine Naïssam Jalal triomphait devant le public venu l’entendre au Café de la Danse, quartier de la Bastille à la Bastille, avec une musique enracinée dans les traditions d’une région qui est la plaie ouverte d’un monde en crise, et imaginée par une grande improvisatrice et compositrice.
Café de la Danse, Paris (75), le 4 juin 2015.
Naïssam Jalal (flûte traversière, nay) & Rhythms of Resistance : Mehdi Chaïb (sax ténor, darbouka), Karsten Hochapfel (guitare électrique, violoncelle), Matyas Szandai (contrebasse), Arnaud Dolmen (batterie), Osloob (rap).
Salle pleine, public de tous âges à forte dominante féminine. Qu’est-ce qui fait le succès de Naïssam Jalal ? La curiosité pour la femme instrumentiste, improvisatrice, compositrice et leader ? Son cursus loin du jazz, musique qui aujourd’hui quasi maudite, sur des scènes et selon des compagnonnages relevant des musiques dites actuelles (de la fanfare funk Tarace Boulba au rap en passant par les musiques du monde) ? Le soutien efficace de radios comme RFI et Nova ? Le titre de son album (qui est aussi le nom de son groupe), Rhythms of Resistance, et l’argumentaire qui l’accompagne, surfant sur une actualité brûlante ? Naïssam Jalal est née à Paris de parents syriens, artistes peintres ayant fui le régime d’Hafez el Assad, mais à 19 ans, après avoir étudié la flûte au conservatoire, elle est repartie vers la terre de ces ancêtres pour s’initier à la flûte oblique nay à l’Institut de musique arabe de Damas et étudier également sous la direction du maître du violon égyptien Abdu Dagher au Caire…
Après une première partie fascinante, elle est rejointe sur scène par Médéric Collignon qui commence à improviser dans l’esprit puis introduit des chromatismes typiquement jazz contrastant soudain avec la couleur de la soirée et l’on réalise soudain que, depuis une heure, dans une musique à forte dominante modale (au sens traditionnel du terme), ces chromatismes n’ont pas fait défaut. Je n’écris pas ça pour stigmatiser Collignon. C’est d’une rencontre qu’il s’agit… chacun vient avec son panier et le trompettiste montrera qu’il est à l’écoute (c’est probablement pourquoi on l’a invité). Mais outre le vocabulaire timbral où l’on entend jusque sur la flûte traversière ce que Naïsssam Jalal a pu tirer de l’étude du nay et, croit-on deviner, d’un vaste panorama sur les flûtes du monde, celle-ci a assimilé l’univers des modes orientaux de sorte à se constituer un vocabulaire puissant qui contraste avec les pratiques dilettantes récurrentes de pseudo-jazz oriental. Ce vocabulaire, elle le pratique en improvisatrice, ainsi qu’en chef d’orchestre d’un répertoire qui n’est pas une édulcoration de grandes traditions vaguement envisagées, mais un captivant travail de compositrice et arrangeuse. Et elle le partage avec le saxophoniste Mehdi Chaïb, improvisateur également charismatique, de par cette maîtrise du vocabulaire modal, mais aussi, comme elle, avec un vrai discours rythmique qu’il transpose soudain au derbouka pour un bref échange avec la batterie, discours qui est donc relayé par le batteur guadeloupéen Arnaud Dolmen. Ce dernier éclaire les couleurs rythmiques orientales de ce vocabulaire de claves venus des Antilles, en partenariat avec le contrebassiste hongrois Mathias Szandai et le guitariste (il joint parfois l’archet de son violoncelle à celui de Szandai)…
Jazz ? On sait que la question importe peu… mais quand même. Il ne s’agit pas ici de défendre une orthodoxie, mais cette science de l’improvisation, hors des cadres de la chanson on l’on voudrait aujourd’hui enfermer la musique, qui a été ensemencée au XXème siècle par les grands improvisateurs afro-américains même si le souvenir de ceux-ci ira probablement en s’estompant (John Coltrane, Roland Kirk, Steve Coleman et peut-être ces drôles d’Africains nommés Joe Zawinul ou Louis Sclavis sont ceux dont on se souvient encore ici) , science qui compte certes bien des usurpateurs, notamment dilettantes de la sono mondiale que j’évoquais plus haut, mais qui porte puissamment le message de liberté de Naïssam Jalal. Franck Bergerot
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Hier 4 juin, la flûtiste d’origine Naïssam Jalal triomphait devant le public venu l’entendre au Café de la Danse, quartier de la Bastille à la Bastille, avec une musique enracinée dans les traditions d’une région qui est la plaie ouverte d’un monde en crise, et imaginée par une grande improvisatrice et compositrice.
Café de la Danse, Paris (75), le 4 juin 2015.
Naïssam Jalal (flûte traversière, nay) & Rhythms of Resistance : Mehdi Chaïb (sax ténor, darbouka), Karsten Hochapfel (guitare électrique, violoncelle), Matyas Szandai (contrebasse), Arnaud Dolmen (batterie), Osloob (rap).
Salle pleine, public de tous âges à forte dominante féminine. Qu’est-ce qui fait le succès de Naïssam Jalal ? La curiosité pour la femme instrumentiste, improvisatrice, compositrice et leader ? Son cursus loin du jazz, musique qui aujourd’hui quasi maudite, sur des scènes et selon des compagnonnages relevant des musiques dites actuelles (de la fanfare funk Tarace Boulba au rap en passant par les musiques du monde) ? Le soutien efficace de radios comme RFI et Nova ? Le titre de son album (qui est aussi le nom de son groupe), Rhythms of Resistance, et l’argumentaire qui l’accompagne, surfant sur une actualité brûlante ? Naïssam Jalal est née à Paris de parents syriens, artistes peintres ayant fui le régime d’Hafez el Assad, mais à 19 ans, après avoir étudié la flûte au conservatoire, elle est repartie vers la terre de ces ancêtres pour s’initier à la flûte oblique nay à l’Institut de musique arabe de Damas et étudier également sous la direction du maître du violon égyptien Abdu Dagher au Caire…
Après une première partie fascinante, elle est rejointe sur scène par Médéric Collignon qui commence à improviser dans l’esprit puis introduit des chromatismes typiquement jazz contrastant soudain avec la couleur de la soirée et l’on réalise soudain que, depuis une heure, dans une musique à forte dominante modale (au sens traditionnel du terme), ces chromatismes n’ont pas fait défaut. Je n’écris pas ça pour stigmatiser Collignon. C’est d’une rencontre qu’il s’agit… chacun vient avec son panier et le trompettiste montrera qu’il est à l’écoute (c’est probablement pourquoi on l’a invité). Mais outre le vocabulaire timbral où l’on entend jusque sur la flûte traversière ce que Naïsssam Jalal a pu tirer de l’étude du nay et, croit-on deviner, d’un vaste panorama sur les flûtes du monde, celle-ci a assimilé l’univers des modes orientaux de sorte à se constituer un vocabulaire puissant qui contraste avec les pratiques dilettantes récurrentes de pseudo-jazz oriental. Ce vocabulaire, elle le pratique en improvisatrice, ainsi qu’en chef d’orchestre d’un répertoire qui n’est pas une édulcoration de grandes traditions vaguement envisagées, mais un captivant travail de compositrice et arrangeuse. Et elle le partage avec le saxophoniste Mehdi Chaïb, improvisateur également charismatique, de par cette maîtrise du vocabulaire modal, mais aussi, comme elle, avec un vrai discours rythmique qu’il transpose soudain au derbouka pour un bref échange avec la batterie, discours qui est donc relayé par le batteur guadeloupéen Arnaud Dolmen. Ce dernier éclaire les couleurs rythmiques orientales de ce vocabulaire de claves venus des Antilles, en partenariat avec le contrebassiste hongrois Mathias Szandai et le guitariste (il joint parfois l’archet de son violoncelle à celui de Szandai)…
Jazz ? On sait que la question importe peu… mais quand même. Il ne s’agit pas ici de défendre une orthodoxie, mais cette science de l’improvisation, hors des cadres de la chanson on l’on voudrait aujourd’hui enfermer la musique, qui a été ensemencée au XXème siècle par les grands improvisateurs afro-américains même si le souvenir de ceux-ci ira probablement en s’estompant (John Coltrane, Roland Kirk, Steve Coleman et peut-être ces drôles d’Africains nommés Joe Zawinul ou Louis Sclavis sont ceux dont on se souvient encore ici) , science qui compte certes bien des usurpateurs, notamment dilettantes de la sono mondiale que j’évoquais plus haut, mais qui porte puissamment le message de liberté de Naïssam Jalal. Franck Bergerot
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Hier 4 juin, la flûtiste d’origine Naïssam Jalal triomphait devant le public venu l’entendre au Café de la Danse, quartier de la Bastille à la Bastille, avec une musique enracinée dans les traditions d’une région qui est la plaie ouverte d’un monde en crise, et imaginée par une grande improvisatrice et compositrice.
Café de la Danse, Paris (75), le 4 juin 2015.
Naïssam Jalal (flûte traversière, nay) & Rhythms of Resistance : Mehdi Chaïb (sax ténor, darbouka), Karsten Hochapfel (guitare électrique, violoncelle), Matyas Szandai (contrebasse), Arnaud Dolmen (batterie), Osloob (rap).
Salle pleine, public de tous âges à forte dominante féminine. Qu’est-ce qui fait le succès de Naïssam Jalal ? La curiosité pour la femme instrumentiste, improvisatrice, compositrice et leader ? Son cursus loin du jazz, musique qui aujourd’hui quasi maudite, sur des scènes et selon des compagnonnages relevant des musiques dites actuelles (de la fanfare funk Tarace Boulba au rap en passant par les musiques du monde) ? Le soutien efficace de radios comme RFI et Nova ? Le titre de son album (qui est aussi le nom de son groupe), Rhythms of Resistance, et l’argumentaire qui l’accompagne, surfant sur une actualité brûlante ? Naïssam Jalal est née à Paris de parents syriens, artistes peintres ayant fui le régime d’Hafez el Assad, mais à 19 ans, après avoir étudié la flûte au conservatoire, elle est repartie vers la terre de ces ancêtres pour s’initier à la flûte oblique nay à l’Institut de musique arabe de Damas et étudier également sous la direction du maître du violon égyptien Abdu Dagher au Caire…
Après une première partie fascinante, elle est rejointe sur scène par Médéric Collignon qui commence à improviser dans l’esprit puis introduit des chromatismes typiquement jazz contrastant soudain avec la couleur de la soirée et l’on réalise soudain que, depuis une heure, dans une musique à forte dominante modale (au sens traditionnel du terme), ces chromatismes n’ont pas fait défaut. Je n’écris pas ça pour stigmatiser Collignon. C’est d’une rencontre qu’il s’agit… chacun vient avec son panier et le trompettiste montrera qu’il est à l’écoute (c’est probablement pourquoi on l’a invité). Mais outre le vocabulaire timbral où l’on entend jusque sur la flûte traversière ce que Naïsssam Jalal a pu tirer de l’étude du nay et, croit-on deviner, d’un vaste panorama sur les flûtes du monde, celle-ci a assimilé l’univers des modes orientaux de sorte à se constituer un vocabulaire puissant qui contraste avec les pratiques dilettantes récurrentes de pseudo-jazz oriental. Ce vocabulaire, elle le pratique en improvisatrice, ainsi qu’en chef d’orchestre d’un répertoire qui n’est pas une édulcoration de grandes traditions vaguement envisagées, mais un captivant travail de compositrice et arrangeuse. Et elle le partage avec le saxophoniste Mehdi Chaïb, improvisateur également charismatique, de par cette maîtrise du vocabulaire modal, mais aussi, comme elle, avec un vrai discours rythmique qu’il transpose soudain au derbouka pour un bref échange avec la batterie, discours qui est donc relayé par le batteur guadeloupéen Arnaud Dolmen. Ce dernier éclaire les couleurs rythmiques orientales de ce vocabulaire de claves venus des Antilles, en partenariat avec le contrebassiste hongrois Mathias Szandai et le guitariste (il joint parfois l’archet de son violoncelle à celui de Szandai)…
Jazz ? On sait que la question importe peu… mais quand même. Il ne s’agit pas ici de défendre une orthodoxie, mais cette science de l’improvisation, hors des cadres de la chanson on l’on voudrait aujourd’hui enfermer la musique, qui a été ensemencée au XXème siècle par les grands improvisateurs afro-américains même si le souvenir de ceux-ci ira probablement en s’estompant (John Coltrane, Roland Kirk, Steve Coleman et peut-être ces drôles d’Africains nommés Joe Zawinul ou Louis Sclavis sont ceux dont on se souvient encore ici) , science qui compte certes bien des usurpateurs, notamment dilettantes de la sono mondiale que j’évoquais plus haut, mais qui porte puissamment le message de liberté de Naïssam Jalal. Franck Bergerot
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Hier 4 juin, la flûtiste d’origine Naïssam Jalal triomphait devant le public venu l’entendre au Café de la Danse, quartier de la Bastille à la Bastille, avec une musique enracinée dans les traditions d’une région qui est la plaie ouverte d’un monde en crise, et imaginée par une grande improvisatrice et compositrice.
Café de la Danse, Paris (75), le 4 juin 2015.
Naïssam Jalal (flûte traversière, nay) & Rhythms of Resistance : Mehdi Chaïb (sax ténor, darbouka), Karsten Hochapfel (guitare électrique, violoncelle), Matyas Szandai (contrebasse), Arnaud Dolmen (batterie), Osloob (rap).
Salle pleine, public de tous âges à forte dominante féminine. Qu’est-ce qui fait le succès de Naïssam Jalal ? La curiosité pour la femme instrumentiste, improvisatrice, compositrice et leader ? Son cursus loin du jazz, musique qui aujourd’hui quasi maudite, sur des scènes et selon des compagnonnages relevant des musiques dites actuelles (de la fanfare funk Tarace Boulba au rap en passant par les musiques du monde) ? Le soutien efficace de radios comme RFI et Nova ? Le titre de son album (qui est aussi le nom de son groupe), Rhythms of Resistance, et l’argumentaire qui l’accompagne, surfant sur une actualité brûlante ? Naïssam Jalal est née à Paris de parents syriens, artistes peintres ayant fui le régime d’Hafez el Assad, mais à 19 ans, après avoir étudié la flûte au conservatoire, elle est repartie vers la terre de ces ancêtres pour s’initier à la flûte oblique nay à l’Institut de musique arabe de Damas et étudier également sous la direction du maître du violon égyptien Abdu Dagher au Caire…
Après une première partie fascinante, elle est rejointe sur scène par Médéric Collignon qui commence à improviser dans l’esprit puis introduit des chromatismes typiquement jazz contrastant soudain avec la couleur de la soirée et l’on réalise soudain que, depuis une heure, dans une musique à forte dominante modale (au sens traditionnel du terme), ces chromatismes n’ont pas fait défaut. Je n’écris pas ça pour stigmatiser Collignon. C’est d’une rencontre qu’il s’agit… chacun vient avec son panier et le trompettiste montrera qu’il est à l’écoute (c’est probablement pourquoi on l’a invité). Mais outre le vocabulaire timbral où l’on entend jusque sur la flûte traversière ce que Naïsssam Jalal a pu tirer de l’étude du nay et, croit-on deviner, d’un vaste panorama sur les flûtes du monde, celle-ci a assimilé l’univers des modes orientaux de sorte à se constituer un vocabulaire puissant qui contraste avec les pratiques dilettantes récurrentes de pseudo-jazz oriental. Ce vocabulaire, elle le pratique en improvisatrice, ainsi qu’en chef d’orchestre d’un répertoire qui n’est pas une édulcoration de grandes traditions vaguement envisagées, mais un captivant travail de compositrice et arrangeuse. Et elle le partage avec le saxophoniste Mehdi Chaïb, improvisateur également charismatique, de par cette maîtrise du vocabulaire modal, mais aussi, comme elle, avec un vrai discours rythmique qu’il transpose soudain au derbouka pour un bref échange avec la batterie, discours qui est donc relayé par le batteur guadeloupéen Arnaud Dolmen. Ce dernier éclaire les couleurs rythmiques orientales de ce vocabulaire de claves venus des Antilles, en partenariat avec le contrebassiste hongrois Mathias Szandai et le guitariste (il joint parfois l’archet de son violoncelle à celui de Szandai)…
Jazz ? On sait que la question importe peu… mais quand même. Il ne s’agit pas ici de défendre une orthodoxie, mais cette science de l’improvisation, hors des cadres de la chanson on l’on voudrait aujourd’hui enfermer la musique, qui a été ensemencée au XXème siècle par les grands improvisateurs afro-américains même si le souvenir de ceux-ci ira probablement en s’estompant (John Coltrane, Roland Kirk, Steve Coleman et peut-être ces drôles d’Africains nommés Joe Zawinul ou Louis Sclavis sont ceux dont on se souvient encore ici) , science qui compte certes bien des usurpateurs, notamment dilettantes de la sono mondiale que j’évoquais plus haut, mais qui porte puissamment le message de liberté de Naïssam Jalal. Franck Bergerot