Jazz live
Publié le 11 Juil 2015

Respire jazz 1 : une soirée très guitare

Hier, 10 juillet, s’ouvrait le 7ème festival Respire Jazz à l’Abbaye du Puypéroux en Sud Charente, avec le quartette d’un enfant du pays Matthis Pascaud et la Drum’n Koto de Chris Jennings qui accueillait le guitariste Nguyên Lê.

 

Respire Jazz, abbaye de Puypéroux (16), le 10 juillet 2015.


À peine sorti du lit de la Mère supérieure qui, chaque année depuis 2012, m’est réservé (le lit pas la Mère supérieure, paix à son âme) à l’abbaye du Puypéroux, j’essaie de me remémorer les évènements de cette soirée d’ouverture qui commença, comme l’an dernier, à l’entrée de l’Abbaye, par le concert de l’Orphéon Méléhouats de l’école départementale de musique dirigé par Jérémie Arnal. Plaisir renouvelé de voir cette assemblée d’amateurs, de très jeunes  à… (je n’ose avancer un âge), trouver un “accord” pour éprouver ensemble le bonheur du groove partagé et de l’harmonie orchestrale, voire du lâcher prise dans l’improvisation, fût-elle élémentaire. De la bravoure, de la timidité, du trac, un peu de frime (il en faut toujours un peu pour monter sur les planches) et une saine assurance que je devine dans le geste de cette petite flûtiste (si petite que je ne parviens pas à déterminer si elle joue de la flûte en ut ou de la grande flûte en sol). Je ne l’entends pas dans la masse orchestrale, mais je la vois toute à son affaire, avec un sérieux et une décontraction… qui ne sont peut-être que du bluff. L’avenir nous en dira plus… ou peut-être la suite du concert que j’ai dû abandonner avant la fin pour franchir l’enceinte de l’abbaye (il en coûte au public 19 €, 16 € en tarif réduit pour le chômeurs, Rmistes, adhérents de l’association, édudiants, école de musique, pass 2 jours à 33 €, pass 3 jours à 49 €).

 

Fourmillement de bénévoles sous une nuée de martinets criards, où l’on reconnaît le guitariste Pierre Perchaud et ses parents courant d’un poste à l’autre. L’affaire est familiale et amicale, au service du jazz (ainsi que d’une vieille idée du développement durable antérieure à ce mélange d’affairisme et de panique assez justifiée qui a mis le mot à la mode), et l’on y associera notre collaborateur Philippe Vincent qui, du temps où il était distributeur indépendant (OMD) et producteur (Ida Records), initia le petit Pierre au jazz. Et voici justement Philippe, qui monte sur scène pour faire la présentation de chaque groupe, en commençant cette année par un vibrant hommage à Eddy Louis qui vient de mourir à l’hôpital de Poitiers un peu plus au Nord.

 

Matthis Pascaud Quartet : Christophe Panzani (sax ténor), Matthis Pascaud (guitare électrique), Benoît Lugué (guitare basse), Karl Jannuska (batterie).


Ce soir, dans l’odeur des balles de foin, qui font office de bancs, et de citronelle, l’honneur de l’ouverture revient à un enfant du pays, Matthis Pascaud, que l’on remarqua déjà les années passée aux bœufs d’après concerts, puis aux concerts d’après-midi, et dont c’est le premier concert à la tête de cette formation. Ce n’est pas une surprise totale que de le retrouver en compagnie de Christophe Panzani. En 2012, nous avions entendu ses partitions pour le Noctambule Band à la même affiche que le trio The Drops (Christophe Panzani, Federico Casagrande et Gautier Garrigue) et j’ai gardé le souvenir commun d’une musique très pop-rock et très “guitare”, ostinatos, riffs acérés, arpèges, accords francs, avec ces “défauts” de la guitare que la “guitare jazz” cherche à gommer et que le rock magnifie pas ses effets de saturations, plus une écriture orchestrale organique et un son collectif massif nourri par une basse sourde, une batterie musclée, un saxophone qui “joue les guitares” jusqu’à s’électrifier, le tout servi par une amplification “qui envoie”, sans gommer les nuances du groupe (merci Boris Darley). Le batteur Karl Jannuska (qui participa aux séances de préfiguration de The Drops) est une belle garantie pour cet orchestre aux premiers pas fort assurés. Quant à Benoît Lugué, il viendra se présenter à moi à l’entracte : c’est le bassiste du trio Oko (Nicolas Peoc’h, Lionel Mauguen, Nicolas Pointard) que j’avais apprécié l’an dernier au festival de Malguénac.

 

Chris Jennings Drum’n Koto Trio invite Nguyên Lê (guitare électrique) : Mieko Miyazaki (koto), Patrick Goraguer (batterie, santur).

 

De Chris Jennings, j’ai toujours apprécié la sonorité, le tempo, les lignes, le geste. Depuis quelque temps, il associe sa belle contrebasse au koto de Mieko Miyazaki. Le koto est japonais et, selon la façon dont on l’appréhende, appartient à la famille de la harpe. Le principe d’émission en est le même : cordes pincées, alignées, une par note (sur la hauteur de laquelle on peut agir au-delà du chevalet), à cette différence près que la caisse de résonnance est sous les cordes de l’instrument tenu à l’horizontale. Soit une espèce de harpe sur table, autrement dit une cithare (sans touche). Elle s’apparenterait plus alors au santur iranien dont Patrick Goraguer se servira sur deux morceaux, mais dont les cordes sont réunies par “chœurs” (groupes de 2 cordes ou plus destinés à être joués ensemble) et frappées, à la façon du cymbalum, soit une espèce de petit piano dont on frapperait les cordes directement, sans passer par l’intermédiaire d’un clavier. Lorsqu’il n’est pas au santur Patrick Goraguer est batteur. Pascal Ségala (collaborateur intermittent de Jazzmag, chauffeur bénévole du festival et guitariste dont le talent est à la proportion de sa discrétion) me souffle que, réglage de peaux mis à part, il entend beaucoup de Peter Erskine dans son jeu (Peter Erskine dont hélas, avant de quitter Paris, j’ai loupé le concert au Petit Journal Montparnasse, avec Michel Benita, Stéphane Guillaume et un certain Nguyên Lê). Patrick Goraguer: un jeu fourni, puissant, précis, élégant, au service d’une formation rodée tout comme semble l’être son association avec l’invité, Nguyên Lê (qui partage son trio Saiyuki avec Mieko Miyazaki et Prabhu Edouard au sein de Saiyuki… famille ! famille !).

 

Concert flamboyant, dans l’accord entre la contrebasse, la batterie et la guitare (deux notes… et c’est déjà lui, Nguyên, hendrixien, plus cette saveur et ce flottement qu’il a su tirer de ses racines vietnamiennes), au risque de repousser Mieko Miyazaki vers la touche, son instrument relégué à une sorte de figuration, hors des unissons, koto-contrebasse ou koto-guitare, une très belle figuration, certes, avec un phrasé et des intonations très sensibles, et qui s’épanouit enfin totalement dans une pièce finale, Silent Speech, où Goraguer rejoint le santur. Le concert se termine sur cet “accord parfait”.

 

Et tandis que l’on se presse au stand de disques pour se faire signer les disques de la soirée, ou autour de la buvette, Karl Jannuska, Benoît Lugué, Matthis Pascaud et Pierre Perchaud lance une jam funk, puis blues, puis “standards”, rejoint rapidement par Pascal Ségala, Philippe Parent (qui fut le prof de guitare de Pierre Perchaud) et Christophe Panzani qui cèdera son ténor à Lisa Cat-Bero de passage pour la soirée. Un bœuf très dominé par les guitares, de très haute volée. Et on a rien vu, nous promet Pierre Perchaud. Ce 11 juillet, ses élèves du Centre de musique Didier Lockwood animeront le bœuf et il paraît que ça va barder. Il se produiront au préalable à 17h au sein du Gaëtan Diaz Quartet, batteur originaire de Bordeaux. Et pour chauffer les esprits avant l’heure du bœuf, on entendra sur la grande scène le duo de Gueorgui Kornazov et
Leonardo Montana en première partie du Multiquarium 4tet du tandem Charlier-Sourisse avec Pierre Perchaud et David Enhco . Brrrrrrrrr ! Franck Bergerot

 

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Hier, 10 juillet, s’ouvrait le 7ème festival Respire Jazz à l’Abbaye du Puypéroux en Sud Charente, avec le quartette d’un enfant du pays Matthis Pascaud et la Drum’n Koto de Chris Jennings qui accueillait le guitariste Nguyên Lê.

 

Respire Jazz, abbaye de Puypéroux (16), le 10 juillet 2015.


À peine sorti du lit de la Mère supérieure qui, chaque année depuis 2012, m’est réservé (le lit pas la Mère supérieure, paix à son âme) à l’abbaye du Puypéroux, j’essaie de me remémorer les évènements de cette soirée d’ouverture qui commença, comme l’an dernier, à l’entrée de l’Abbaye, par le concert de l’Orphéon Méléhouats de l’école départementale de musique dirigé par Jérémie Arnal. Plaisir renouvelé de voir cette assemblée d’amateurs, de très jeunes  à… (je n’ose avancer un âge), trouver un “accord” pour éprouver ensemble le bonheur du groove partagé et de l’harmonie orchestrale, voire du lâcher prise dans l’improvisation, fût-elle élémentaire. De la bravoure, de la timidité, du trac, un peu de frime (il en faut toujours un peu pour monter sur les planches) et une saine assurance que je devine dans le geste de cette petite flûtiste (si petite que je ne parviens pas à déterminer si elle joue de la flûte en ut ou de la grande flûte en sol). Je ne l’entends pas dans la masse orchestrale, mais je la vois toute à son affaire, avec un sérieux et une décontraction… qui ne sont peut-être que du bluff. L’avenir nous en dira plus… ou peut-être la suite du concert que j’ai dû abandonner avant la fin pour franchir l’enceinte de l’abbaye (il en coûte au public 19 €, 16 € en tarif réduit pour le chômeurs, Rmistes, adhérents de l’association, édudiants, école de musique, pass 2 jours à 33 €, pass 3 jours à 49 €).

 

Fourmillement de bénévoles sous une nuée de martinets criards, où l’on reconnaît le guitariste Pierre Perchaud et ses parents courant d’un poste à l’autre. L’affaire est familiale et amicale, au service du jazz (ainsi que d’une vieille idée du développement durable antérieure à ce mélange d’affairisme et de panique assez justifiée qui a mis le mot à la mode), et l’on y associera notre collaborateur Philippe Vincent qui, du temps où il était distributeur indépendant (OMD) et producteur (Ida Records), initia le petit Pierre au jazz. Et voici justement Philippe, qui monte sur scène pour faire la présentation de chaque groupe, en commençant cette année par un vibrant hommage à Eddy Louis qui vient de mourir à l’hôpital de Poitiers un peu plus au Nord.

 

Matthis Pascaud Quartet : Christophe Panzani (sax ténor), Matthis Pascaud (guitare électrique), Benoît Lugué (guitare basse), Karl Jannuska (batterie).


Ce soir, dans l’odeur des balles de foin, qui font office de bancs, et de citronelle, l’honneur de l’ouverture revient à un enfant du pays, Matthis Pascaud, que l’on remarqua déjà les années passée aux bœufs d’après concerts, puis aux concerts d’après-midi, et dont c’est le premier concert à la tête de cette formation. Ce n’est pas une surprise totale que de le retrouver en compagnie de Christophe Panzani. En 2012, nous avions entendu ses partitions pour le Noctambule Band à la même affiche que le trio The Drops (Christophe Panzani, Federico Casagrande et Gautier Garrigue) et j’ai gardé le souvenir commun d’une musique très pop-rock et très “guitare”, ostinatos, riffs acérés, arpèges, accords francs, avec ces “défauts” de la guitare que la “guitare jazz” cherche à gommer et que le rock magnifie pas ses effets de saturations, plus une écriture orchestrale organique et un son collectif massif nourri par une basse sourde, une batterie musclée, un saxophone qui “joue les guitares” jusqu’à s’électrifier, le tout servi par une amplification “qui envoie”, sans gommer les nuances du groupe (merci Boris Darley). Le batteur Karl Jannuska (qui participa aux séances de préfiguration de The Drops) est une belle garantie pour cet orchestre aux premiers pas fort assurés. Quant à Benoît Lugué, il viendra se présenter à moi à l’entracte : c’est le bassiste du trio Oko (Nicolas Peoc’h, Lionel Mauguen, Nicolas Pointard) que j’avais apprécié l’an dernier au festival de Malguénac.

 

Chris Jennings Drum’n Koto Trio invite Nguyên Lê (guitare électrique) : Mieko Miyazaki (koto), Patrick Goraguer (batterie, santur).

 

De Chris Jennings, j’ai toujours apprécié la sonorité, le tempo, les lignes, le geste. Depuis quelque temps, il associe sa belle contrebasse au koto de Mieko Miyazaki. Le koto est japonais et, selon la façon dont on l’appréhende, appartient à la famille de la harpe. Le principe d’émission en est le même : cordes pincées, alignées, une par note (sur la hauteur de laquelle on peut agir au-delà du chevalet), à cette différence près que la caisse de résonnance est sous les cordes de l’instrument tenu à l’horizontale. Soit une espèce de harpe sur table, autrement dit une cithare (sans touche). Elle s’apparenterait plus alors au santur iranien dont Patrick Goraguer se servira sur deux morceaux, mais dont les cordes sont réunies par “chœurs” (groupes de 2 cordes ou plus destinés à être joués ensemble) et frappées, à la façon du cymbalum, soit une espèce de petit piano dont on frapperait les cordes directement, sans passer par l’intermédiaire d’un clavier. Lorsqu’il n’est pas au santur Patrick Goraguer est batteur. Pascal Ségala (collaborateur intermittent de Jazzmag, chauffeur bénévole du festival et guitariste dont le talent est à la proportion de sa discrétion) me souffle que, réglage de peaux mis à part, il entend beaucoup de Peter Erskine dans son jeu (Peter Erskine dont hélas, avant de quitter Paris, j’ai loupé le concert au Petit Journal Montparnasse, avec Michel Benita, Stéphane Guillaume et un certain Nguyên Lê). Patrick Goraguer: un jeu fourni, puissant, précis, élégant, au service d’une formation rodée tout comme semble l’être son association avec l’invité, Nguyên Lê (qui partage son trio Saiyuki avec Mieko Miyazaki et Prabhu Edouard au sein de Saiyuki… famille ! famille !).

 

Concert flamboyant, dans l’accord entre la contrebasse, la batterie et la guitare (deux notes… et c’est déjà lui, Nguyên, hendrixien, plus cette saveur et ce flottement qu’il a su tirer de ses racines vietnamiennes), au risque de repousser Mieko Miyazaki vers la touche, son instrument relégué à une sorte de figuration, hors des unissons, koto-contrebasse ou koto-guitare, une très belle figuration, certes, avec un phrasé et des intonations très sensibles, et qui s’épanouit enfin totalement dans une pièce finale, Silent Speech, où Goraguer rejoint le santur. Le concert se termine sur cet “accord parfait”.

 

Et tandis que l’on se presse au stand de disques pour se faire signer les disques de la soirée, ou autour de la buvette, Karl Jannuska, Benoît Lugué, Matthis Pascaud et Pierre Perchaud lance une jam funk, puis blues, puis “standards”, rejoint rapidement par Pascal Ségala, Philippe Parent (qui fut le prof de guitare de Pierre Perchaud) et Christophe Panzani qui cèdera son ténor à Lisa Cat-Bero de passage pour la soirée. Un bœuf très dominé par les guitares, de très haute volée. Et on a rien vu, nous promet Pierre Perchaud. Ce 11 juillet, ses élèves du Centre de musique Didier Lockwood animeront le bœuf et il paraît que ça va barder. Il se produiront au préalable à 17h au sein du Gaëtan Diaz Quartet, batteur originaire de Bordeaux. Et pour chauffer les esprits avant l’heure du bœuf, on entendra sur la grande scène le duo de Gueorgui Kornazov et
Leonardo Montana en première partie du Multiquarium 4tet du tandem Charlier-Sourisse avec Pierre Perchaud et David Enhco . Brrrrrrrrr ! Franck Bergerot

 

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Hier, 10 juillet, s’ouvrait le 7ème festival Respire Jazz à l’Abbaye du Puypéroux en Sud Charente, avec le quartette d’un enfant du pays Matthis Pascaud et la Drum’n Koto de Chris Jennings qui accueillait le guitariste Nguyên Lê.

 

Respire Jazz, abbaye de Puypéroux (16), le 10 juillet 2015.


À peine sorti du lit de la Mère supérieure qui, chaque année depuis 2012, m’est réservé (le lit pas la Mère supérieure, paix à son âme) à l’abbaye du Puypéroux, j’essaie de me remémorer les évènements de cette soirée d’ouverture qui commença, comme l’an dernier, à l’entrée de l’Abbaye, par le concert de l’Orphéon Méléhouats de l’école départementale de musique dirigé par Jérémie Arnal. Plaisir renouvelé de voir cette assemblée d’amateurs, de très jeunes  à… (je n’ose avancer un âge), trouver un “accord” pour éprouver ensemble le bonheur du groove partagé et de l’harmonie orchestrale, voire du lâcher prise dans l’improvisation, fût-elle élémentaire. De la bravoure, de la timidité, du trac, un peu de frime (il en faut toujours un peu pour monter sur les planches) et une saine assurance que je devine dans le geste de cette petite flûtiste (si petite que je ne parviens pas à déterminer si elle joue de la flûte en ut ou de la grande flûte en sol). Je ne l’entends pas dans la masse orchestrale, mais je la vois toute à son affaire, avec un sérieux et une décontraction… qui ne sont peut-être que du bluff. L’avenir nous en dira plus… ou peut-être la suite du concert que j’ai dû abandonner avant la fin pour franchir l’enceinte de l’abbaye (il en coûte au public 19 €, 16 € en tarif réduit pour le chômeurs, Rmistes, adhérents de l’association, édudiants, école de musique, pass 2 jours à 33 €, pass 3 jours à 49 €).

 

Fourmillement de bénévoles sous une nuée de martinets criards, où l’on reconnaît le guitariste Pierre Perchaud et ses parents courant d’un poste à l’autre. L’affaire est familiale et amicale, au service du jazz (ainsi que d’une vieille idée du développement durable antérieure à ce mélange d’affairisme et de panique assez justifiée qui a mis le mot à la mode), et l’on y associera notre collaborateur Philippe Vincent qui, du temps où il était distributeur indépendant (OMD) et producteur (Ida Records), initia le petit Pierre au jazz. Et voici justement Philippe, qui monte sur scène pour faire la présentation de chaque groupe, en commençant cette année par un vibrant hommage à Eddy Louis qui vient de mourir à l’hôpital de Poitiers un peu plus au Nord.

 

Matthis Pascaud Quartet : Christophe Panzani (sax ténor), Matthis Pascaud (guitare électrique), Benoît Lugué (guitare basse), Karl Jannuska (batterie).


Ce soir, dans l’odeur des balles de foin, qui font office de bancs, et de citronelle, l’honneur de l’ouverture revient à un enfant du pays, Matthis Pascaud, que l’on remarqua déjà les années passée aux bœufs d’après concerts, puis aux concerts d’après-midi, et dont c’est le premier concert à la tête de cette formation. Ce n’est pas une surprise totale que de le retrouver en compagnie de Christophe Panzani. En 2012, nous avions entendu ses partitions pour le Noctambule Band à la même affiche que le trio The Drops (Christophe Panzani, Federico Casagrande et Gautier Garrigue) et j’ai gardé le souvenir commun d’une musique très pop-rock et très “guitare”, ostinatos, riffs acérés, arpèges, accords francs, avec ces “défauts” de la guitare que la “guitare jazz” cherche à gommer et que le rock magnifie pas ses effets de saturations, plus une écriture orchestrale organique et un son collectif massif nourri par une basse sourde, une batterie musclée, un saxophone qui “joue les guitares” jusqu’à s’électrifier, le tout servi par une amplification “qui envoie”, sans gommer les nuances du groupe (merci Boris Darley). Le batteur Karl Jannuska (qui participa aux séances de préfiguration de The Drops) est une belle garantie pour cet orchestre aux premiers pas fort assurés. Quant à Benoît Lugué, il viendra se présenter à moi à l’entracte : c’est le bassiste du trio Oko (Nicolas Peoc’h, Lionel Mauguen, Nicolas Pointard) que j’avais apprécié l’an dernier au festival de Malguénac.

 

Chris Jennings Drum’n Koto Trio invite Nguyên Lê (guitare électrique) : Mieko Miyazaki (koto), Patrick Goraguer (batterie, santur).

 

De Chris Jennings, j’ai toujours apprécié la sonorité, le tempo, les lignes, le geste. Depuis quelque temps, il associe sa belle contrebasse au koto de Mieko Miyazaki. Le koto est japonais et, selon la façon dont on l’appréhende, appartient à la famille de la harpe. Le principe d’émission en est le même : cordes pincées, alignées, une par note (sur la hauteur de laquelle on peut agir au-delà du chevalet), à cette différence près que la caisse de résonnance est sous les cordes de l’instrument tenu à l’horizontale. Soit une espèce de harpe sur table, autrement dit une cithare (sans touche). Elle s’apparenterait plus alors au santur iranien dont Patrick Goraguer se servira sur deux morceaux, mais dont les cordes sont réunies par “chœurs” (groupes de 2 cordes ou plus destinés à être joués ensemble) et frappées, à la façon du cymbalum, soit une espèce de petit piano dont on frapperait les cordes directement, sans passer par l’intermédiaire d’un clavier. Lorsqu’il n’est pas au santur Patrick Goraguer est batteur. Pascal Ségala (collaborateur intermittent de Jazzmag, chauffeur bénévole du festival et guitariste dont le talent est à la proportion de sa discrétion) me souffle que, réglage de peaux mis à part, il entend beaucoup de Peter Erskine dans son jeu (Peter Erskine dont hélas, avant de quitter Paris, j’ai loupé le concert au Petit Journal Montparnasse, avec Michel Benita, Stéphane Guillaume et un certain Nguyên Lê). Patrick Goraguer: un jeu fourni, puissant, précis, élégant, au service d’une formation rodée tout comme semble l’être son association avec l’invité, Nguyên Lê (qui partage son trio Saiyuki avec Mieko Miyazaki et Prabhu Edouard au sein de Saiyuki… famille ! famille !).

 

Concert flamboyant, dans l’accord entre la contrebasse, la batterie et la guitare (deux notes… et c’est déjà lui, Nguyên, hendrixien, plus cette saveur et ce flottement qu’il a su tirer de ses racines vietnamiennes), au risque de repousser Mieko Miyazaki vers la touche, son instrument relégué à une sorte de figuration, hors des unissons, koto-contrebasse ou koto-guitare, une très belle figuration, certes, avec un phrasé et des intonations très sensibles, et qui s’épanouit enfin totalement dans une pièce finale, Silent Speech, où Goraguer rejoint le santur. Le concert se termine sur cet “accord parfait”.

 

Et tandis que l’on se presse au stand de disques pour se faire signer les disques de la soirée, ou autour de la buvette, Karl Jannuska, Benoît Lugué, Matthis Pascaud et Pierre Perchaud lance une jam funk, puis blues, puis “standards”, rejoint rapidement par Pascal Ségala, Philippe Parent (qui fut le prof de guitare de Pierre Perchaud) et Christophe Panzani qui cèdera son ténor à Lisa Cat-Bero de passage pour la soirée. Un bœuf très dominé par les guitares, de très haute volée. Et on a rien vu, nous promet Pierre Perchaud. Ce 11 juillet, ses élèves du Centre de musique Didier Lockwood animeront le bœuf et il paraît que ça va barder. Il se produiront au préalable à 17h au sein du Gaëtan Diaz Quartet, batteur originaire de Bordeaux. Et pour chauffer les esprits avant l’heure du bœuf, on entendra sur la grande scène le duo de Gueorgui Kornazov et
Leonardo Montana en première partie du Multiquarium 4tet du tandem Charlier-Sourisse avec Pierre Perchaud et David Enhco . Brrrrrrrrr ! Franck Bergerot

 

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Hier, 10 juillet, s’ouvrait le 7ème festival Respire Jazz à l’Abbaye du Puypéroux en Sud Charente, avec le quartette d’un enfant du pays Matthis Pascaud et la Drum’n Koto de Chris Jennings qui accueillait le guitariste Nguyên Lê.

 

Respire Jazz, abbaye de Puypéroux (16), le 10 juillet 2015.


À peine sorti du lit de la Mère supérieure qui, chaque année depuis 2012, m’est réservé (le lit pas la Mère supérieure, paix à son âme) à l’abbaye du Puypéroux, j’essaie de me remémorer les évènements de cette soirée d’ouverture qui commença, comme l’an dernier, à l’entrée de l’Abbaye, par le concert de l’Orphéon Méléhouats de l’école départementale de musique dirigé par Jérémie Arnal. Plaisir renouvelé de voir cette assemblée d’amateurs, de très jeunes  à… (je n’ose avancer un âge), trouver un “accord” pour éprouver ensemble le bonheur du groove partagé et de l’harmonie orchestrale, voire du lâcher prise dans l’improvisation, fût-elle élémentaire. De la bravoure, de la timidité, du trac, un peu de frime (il en faut toujours un peu pour monter sur les planches) et une saine assurance que je devine dans le geste de cette petite flûtiste (si petite que je ne parviens pas à déterminer si elle joue de la flûte en ut ou de la grande flûte en sol). Je ne l’entends pas dans la masse orchestrale, mais je la vois toute à son affaire, avec un sérieux et une décontraction… qui ne sont peut-être que du bluff. L’avenir nous en dira plus… ou peut-être la suite du concert que j’ai dû abandonner avant la fin pour franchir l’enceinte de l’abbaye (il en coûte au public 19 €, 16 € en tarif réduit pour le chômeurs, Rmistes, adhérents de l’association, édudiants, école de musique, pass 2 jours à 33 €, pass 3 jours à 49 €).

 

Fourmillement de bénévoles sous une nuée de martinets criards, où l’on reconnaît le guitariste Pierre Perchaud et ses parents courant d’un poste à l’autre. L’affaire est familiale et amicale, au service du jazz (ainsi que d’une vieille idée du développement durable antérieure à ce mélange d’affairisme et de panique assez justifiée qui a mis le mot à la mode), et l’on y associera notre collaborateur Philippe Vincent qui, du temps où il était distributeur indépendant (OMD) et producteur (Ida Records), initia le petit Pierre au jazz. Et voici justement Philippe, qui monte sur scène pour faire la présentation de chaque groupe, en commençant cette année par un vibrant hommage à Eddy Louis qui vient de mourir à l’hôpital de Poitiers un peu plus au Nord.

 

Matthis Pascaud Quartet : Christophe Panzani (sax ténor), Matthis Pascaud (guitare électrique), Benoît Lugué (guitare basse), Karl Jannuska (batterie).


Ce soir, dans l’odeur des balles de foin, qui font office de bancs, et de citronelle, l’honneur de l’ouverture revient à un enfant du pays, Matthis Pascaud, que l’on remarqua déjà les années passée aux bœufs d’après concerts, puis aux concerts d’après-midi, et dont c’est le premier concert à la tête de cette formation. Ce n’est pas une surprise totale que de le retrouver en compagnie de Christophe Panzani. En 2012, nous avions entendu ses partitions pour le Noctambule Band à la même affiche que le trio The Drops (Christophe Panzani, Federico Casagrande et Gautier Garrigue) et j’ai gardé le souvenir commun d’une musique très pop-rock et très “guitare”, ostinatos, riffs acérés, arpèges, accords francs, avec ces “défauts” de la guitare que la “guitare jazz” cherche à gommer et que le rock magnifie pas ses effets de saturations, plus une écriture orchestrale organique et un son collectif massif nourri par une basse sourde, une batterie musclée, un saxophone qui “joue les guitares” jusqu’à s’électrifier, le tout servi par une amplification “qui envoie”, sans gommer les nuances du groupe (merci Boris Darley). Le batteur Karl Jannuska (qui participa aux séances de préfiguration de The Drops) est une belle garantie pour cet orchestre aux premiers pas fort assurés. Quant à Benoît Lugué, il viendra se présenter à moi à l’entracte : c’est le bassiste du trio Oko (Nicolas Peoc’h, Lionel Mauguen, Nicolas Pointard) que j’avais apprécié l’an dernier au festival de Malguénac.

 

Chris Jennings Drum’n Koto Trio invite Nguyên Lê (guitare électrique) : Mieko Miyazaki (koto), Patrick Goraguer (batterie, santur).

 

De Chris Jennings, j’ai toujours apprécié la sonorité, le tempo, les lignes, le geste. Depuis quelque temps, il associe sa belle contrebasse au koto de Mieko Miyazaki. Le koto est japonais et, selon la façon dont on l’appréhende, appartient à la famille de la harpe. Le principe d’émission en est le même : cordes pincées, alignées, une par note (sur la hauteur de laquelle on peut agir au-delà du chevalet), à cette différence près que la caisse de résonnance est sous les cordes de l’instrument tenu à l’horizontale. Soit une espèce de harpe sur table, autrement dit une cithare (sans touche). Elle s’apparenterait plus alors au santur iranien dont Patrick Goraguer se servira sur deux morceaux, mais dont les cordes sont réunies par “chœurs” (groupes de 2 cordes ou plus destinés à être joués ensemble) et frappées, à la façon du cymbalum, soit une espèce de petit piano dont on frapperait les cordes directement, sans passer par l’intermédiaire d’un clavier. Lorsqu’il n’est pas au santur Patrick Goraguer est batteur. Pascal Ségala (collaborateur intermittent de Jazzmag, chauffeur bénévole du festival et guitariste dont le talent est à la proportion de sa discrétion) me souffle que, réglage de peaux mis à part, il entend beaucoup de Peter Erskine dans son jeu (Peter Erskine dont hélas, avant de quitter Paris, j’ai loupé le concert au Petit Journal Montparnasse, avec Michel Benita, Stéphane Guillaume et un certain Nguyên Lê). Patrick Goraguer: un jeu fourni, puissant, précis, élégant, au service d’une formation rodée tout comme semble l’être son association avec l’invité, Nguyên Lê (qui partage son trio Saiyuki avec Mieko Miyazaki et Prabhu Edouard au sein de Saiyuki… famille ! famille !).

 

Concert flamboyant, dans l’accord entre la contrebasse, la batterie et la guitare (deux notes… et c’est déjà lui, Nguyên, hendrixien, plus cette saveur et ce flottement qu’il a su tirer de ses racines vietnamiennes), au risque de repousser Mieko Miyazaki vers la touche, son instrument relégué à une sorte de figuration, hors des unissons, koto-contrebasse ou koto-guitare, une très belle figuration, certes, avec un phrasé et des intonations très sensibles, et qui s’épanouit enfin totalement dans une pièce finale, Silent Speech, où Goraguer rejoint le santur. Le concert se termine sur cet “accord parfait”.

 

Et tandis que l’on se presse au stand de disques pour se faire signer les disques de la soirée, ou autour de la buvette, Karl Jannuska, Benoît Lugué, Matthis Pascaud et Pierre Perchaud lance une jam funk, puis blues, puis “standards”, rejoint rapidement par Pascal Ségala, Philippe Parent (qui fut le prof de guitare de Pierre Perchaud) et Christophe Panzani qui cèdera son ténor à Lisa Cat-Bero de passage pour la soirée. Un bœuf très dominé par les guitares, de très haute volée. Et on a rien vu, nous promet Pierre Perchaud. Ce 11 juillet, ses élèves du Centre de musique Didier Lockwood animeront le bœuf et il paraît que ça va barder. Il se produiront au préalable à 17h au sein du Gaëtan Diaz Quartet, batteur originaire de Bordeaux. Et pour chauffer les esprits avant l’heure du bœuf, on entendra sur la grande scène le duo de Gueorgui Kornazov et
Leonardo Montana en première partie du Multiquarium 4tet du tandem Charlier-Sourisse avec Pierre Perchaud et David Enhco . Brrrrrrrrr ! Franck Bergerot