Jazz live
Publié le 26 Juil 2015

Festival Radio France & Montpellier, coda et postlude

Conclusion brillante pour l’édition 2015 des concerts de jazz du Festival de Radio France & Montpellier Languedoc Roussillon. Le 23 juillet avec la vocaliste Leïla Martial, dans une performance étonnante ; et le 24, devant plus de 1800 spectateurs (il fallut fermer l’accès pour cause de jauge dépassée….), avec le jazz version Gwo Ka de la Guadeloupe, et Sonny Troupé, pour une musique qui remue l’âme et les pieds, d’une geste fédérateur.


Le millésime est donc un succès qui réjouit le chroniqueur, lequel en profite pour saluer la réussite de son successeur, et néanmoins confrère en chronique, Pascal Rozat, à la programmation de l’Amphi d’O, avec une fréquentation augmentée de 33 % par rapport à 2014, et qui dépasse très légèrement celle de l’édition de 2013. Un regret toujours : que ces concerts, contrairement à ceux des 29 éditions précédentes, n’aient pas été enregistrés par Radio France, et diffusés par France Musique. L’arrivée le 10 juillet à le direction de la chaîne musicale de Marc Voinchet laisse espérer un retour de ces concerts sur les ondes pour l’édition 2016.

 

Leïla Martial, vocaliste de l’extrême

Pour sa pénultième soirée le Festival présentait la chanteuse Leïla Martial avec un tout nouveau projet intitulé « Fil ». Même si cela se joue sur le fil, en duo avec le violoncelliste Valentin Ceccaldi, puis en trio avec le renfort du violoniste Théo Ceccaldi, le tout tire son nom d’une volonté de jouer sans jamais s’interrompre, enchaînant les thèmes, les climats et les improvisations, comme l’on déviderait le fil d’une bobine infinie…. Testée auparavant dans des lieux confidentiels, c’était une grande première pour cette formule quasi inédite, et devant plus de 1100 spectateurs du Domaine d’O.

 

Duo Leïla Martial- Valentin Ceccaldi « Fil »,  invité Théo Ceccaldi


Leïla Martial (voix, effets électroniques), Valentin Ceccaldi (cello), Théo Ceccaldi (vln). Amphithéâtre du Domaine d’O, 23 juillet, 22h.

 

Leila MartialDavid Abécassis

Leila Martial à l’Amphi d’O ©David Abécassis

 

    Il m’a été donné naguère de voir en concert, et dans des registres très différents, ces vocalistes de l’extrême que furent Annick Nozati et Diamanda Gallas. Peu après le début du concert de Leïla Martial, j’ai eu le sentiment diffus, puis assez vif, que j’allais assister à l’une de ces performances habitées auxquelles l’art vocal nous convie parfois . Cela commence en douceur, avec une mélodie de Gabriel Fauré, mais l’interprétation donne déjà des signes d’extrême expressivité. C’est ensuite un crochet par le célèbre Cold Song du King Arthur de Purcell, joliment détourné. Ici encore, c’est une expression très vive qui va prévaloir. Puis l’on embarque vers une langue imaginaire à l’articulation virtuose, pas novlangue mais plutôt sonolangue où cohabiteraient des mondes de poésie sonore, de vertige lettriste, et de bruitisme très musical.

 

Leila Martial Trio FilDavid Abécassis

Leila Martial Trio Fil©David Abécassis


   Au fil de ses improvisations, la chanteuse utilise, en temps réel et dans le feu de l’action, tout un tas d’effets électroniques avec une pertinence et un à propos stupéfiants. Le dialogue est constant, d’abord avec le violoncelliste, puis avec les deux partenaires quand le violon se joint à la fête.

    Le duo est annoncé au festival Jazz in Marciac à l’Astrada, le 7 août en première partie d’Ulf Wakenius qui jouera Wes Montgomery, et bien que Leïla soit un peu une enfant du pays puisqu’elle a étudié dans la fameuse classe de Jazz du Collège de Marciac, je serais curieux de savoir comment le public marciacais va réagir à cette performance bluffante.

 

Ultime soirée : Sonny Troupé Quartet invite Franck Nicolas


Sonny Troupé (dms, tambour Ka, voc, échantillonneur), Grégory Privat (p, voc), Mike Armoogum (b g, voc), Olivier Juste (tambour Ka, voc), Franck Nicolas (tp, bugle, conques). Amphithéâtre du Domaine d’O, 24 juillet, 22h.

 

    Ce fut un retour pour Sonny Troupé sur la scène de l’Amphithéâtre d’O, où il s’était déjà produit, au sein du groupe de Franck Nicolas, en 2011. Le batteur et tambourinaire guadeloupéen avait choisi pour pianiste le Martiniquais Grégory Privat, entendu l’an dernier ici même avec Xavier Desandre-Navarre, le bassiste mauricien Mike Armoogum, et un autre spécialiste réputé du Gwo Ka de la Guadeloupe en la personne du percussionniste Olivier Juste. Répertoire très vivant, issu du CD « Voyages et Rêves », pulsation intense, et surperposition effrénée de rythmes, superposition qui produit une polyrythmie irrésistible. Les sons et textes échantilonnés, pilotés par le batteur, marquent la forme d’une scansion joyeuse ou mélancolique. L’arrivée du trompettiste guadeloupéen (et montpelliérain d’adoption) Franck Nicolas, d’abord avec des conques dont il tire des sonorités très expressives, puis au bugle et à la trompette, va ramener la musique ve
rs un jazz de plus stricte obédience, avant de repartir vers l’effervescence caribéenne : la fête aura duré deux bonnes heures (alors qu’habituellement le concert se déroule en 1h20 environ), et par une ovation verticale le public tentera, jusqu’à l’ultime salut, de retenir le groupe sur scène !


 Sonny Troupé Quintet tire sa révérence

 

 

 

Dernière escale montpelliéraine : duo Frédéric Monino-Rémi Ploton

 

 

Frédéric Monino Rémi Ploton

Frédérice Monino (b g), Rémi Ploton (piano numérique, synthétiseur). Montpellier, Square Saint Roch, 25 juillet, 19h.


    Parallèlement au festival et depuis des années, Frédéric Monino et ses amis proposent à 19h, en ville, des concerts en duo. Depuis quelque temps déjà cela se passe dans le square attenant à l’église Saint Roch. Dans ces « Encas de jazz » se sont succédés, du 22 au 25 juillet, Michel Prandi, Chrisptophe Lelloil, Patrice Héral…., et pour le set conclusif le bassiste lui-même avec aux claviers Rémi Ploton. Au programme pour ce dernier soir, des thèmes de Jaco Pastorius (dont le guitariste basse est un admirateur expert), des standards, et aussi Monk…. façon Pastorius. Belle initiative pour un plaisir toujours renouvelé.

Xavier Prévost


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Conclusion brillante pour l’édition 2015 des concerts de jazz du Festival de Radio France & Montpellier Languedoc Roussillon. Le 23 juillet avec la vocaliste Leïla Martial, dans une performance étonnante ; et le 24, devant plus de 1800 spectateurs (il fallut fermer l’accès pour cause de jauge dépassée….), avec le jazz version Gwo Ka de la Guadeloupe, et Sonny Troupé, pour une musique qui remue l’âme et les pieds, d’une geste fédérateur.


Le millésime est donc un succès qui réjouit le chroniqueur, lequel en profite pour saluer la réussite de son successeur, et néanmoins confrère en chronique, Pascal Rozat, à la programmation de l’Amphi d’O, avec une fréquentation augmentée de 33 % par rapport à 2014, et qui dépasse très légèrement celle de l’édition de 2013. Un regret toujours : que ces concerts, contrairement à ceux des 29 éditions précédentes, n’aient pas été enregistrés par Radio France, et diffusés par France Musique. L’arrivée le 10 juillet à le direction de la chaîne musicale de Marc Voinchet laisse espérer un retour de ces concerts sur les ondes pour l’édition 2016.

 

Leïla Martial, vocaliste de l’extrême

Pour sa pénultième soirée le Festival présentait la chanteuse Leïla Martial avec un tout nouveau projet intitulé « Fil ». Même si cela se joue sur le fil, en duo avec le violoncelliste Valentin Ceccaldi, puis en trio avec le renfort du violoniste Théo Ceccaldi, le tout tire son nom d’une volonté de jouer sans jamais s’interrompre, enchaînant les thèmes, les climats et les improvisations, comme l’on déviderait le fil d’une bobine infinie…. Testée auparavant dans des lieux confidentiels, c’était une grande première pour cette formule quasi inédite, et devant plus de 1100 spectateurs du Domaine d’O.

 

Duo Leïla Martial- Valentin Ceccaldi « Fil »,  invité Théo Ceccaldi


Leïla Martial (voix, effets électroniques), Valentin Ceccaldi (cello), Théo Ceccaldi (vln). Amphithéâtre du Domaine d’O, 23 juillet, 22h.

 

Leila MartialDavid Abécassis

Leila Martial à l’Amphi d’O ©David Abécassis

 

    Il m’a été donné naguère de voir en concert, et dans des registres très différents, ces vocalistes de l’extrême que furent Annick Nozati et Diamanda Gallas. Peu après le début du concert de Leïla Martial, j’ai eu le sentiment diffus, puis assez vif, que j’allais assister à l’une de ces performances habitées auxquelles l’art vocal nous convie parfois . Cela commence en douceur, avec une mélodie de Gabriel Fauré, mais l’interprétation donne déjà des signes d’extrême expressivité. C’est ensuite un crochet par le célèbre Cold Song du King Arthur de Purcell, joliment détourné. Ici encore, c’est une expression très vive qui va prévaloir. Puis l’on embarque vers une langue imaginaire à l’articulation virtuose, pas novlangue mais plutôt sonolangue où cohabiteraient des mondes de poésie sonore, de vertige lettriste, et de bruitisme très musical.

 

Leila Martial Trio FilDavid Abécassis

Leila Martial Trio Fil©David Abécassis


   Au fil de ses improvisations, la chanteuse utilise, en temps réel et dans le feu de l’action, tout un tas d’effets électroniques avec une pertinence et un à propos stupéfiants. Le dialogue est constant, d’abord avec le violoncelliste, puis avec les deux partenaires quand le violon se joint à la fête.

    Le duo est annoncé au festival Jazz in Marciac à l’Astrada, le 7 août en première partie d’Ulf Wakenius qui jouera Wes Montgomery, et bien que Leïla soit un peu une enfant du pays puisqu’elle a étudié dans la fameuse classe de Jazz du Collège de Marciac, je serais curieux de savoir comment le public marciacais va réagir à cette performance bluffante.

 

Ultime soirée : Sonny Troupé Quartet invite Franck Nicolas


Sonny Troupé (dms, tambour Ka, voc, échantillonneur), Grégory Privat (p, voc), Mike Armoogum (b g, voc), Olivier Juste (tambour Ka, voc), Franck Nicolas (tp, bugle, conques). Amphithéâtre du Domaine d’O, 24 juillet, 22h.

 

    Ce fut un retour pour Sonny Troupé sur la scène de l’Amphithéâtre d’O, où il s’était déjà produit, au sein du groupe de Franck Nicolas, en 2011. Le batteur et tambourinaire guadeloupéen avait choisi pour pianiste le Martiniquais Grégory Privat, entendu l’an dernier ici même avec Xavier Desandre-Navarre, le bassiste mauricien Mike Armoogum, et un autre spécialiste réputé du Gwo Ka de la Guadeloupe en la personne du percussionniste Olivier Juste. Répertoire très vivant, issu du CD « Voyages et Rêves », pulsation intense, et surperposition effrénée de rythmes, superposition qui produit une polyrythmie irrésistible. Les sons et textes échantilonnés, pilotés par le batteur, marquent la forme d’une scansion joyeuse ou mélancolique. L’arrivée du trompettiste guadeloupéen (et montpelliérain d’adoption) Franck Nicolas, d’abord avec des conques dont il tire des sonorités très expressives, puis au bugle et à la trompette, va ramener la musique ve
rs un jazz de plus stricte obédience, avant de repartir vers l’effervescence caribéenne : la fête aura duré deux bonnes heures (alors qu’habituellement le concert se déroule en 1h20 environ), et par une ovation verticale le public tentera, jusqu’à l’ultime salut, de retenir le groupe sur scène !


 Sonny Troupé Quintet tire sa révérence

 

 

 

Dernière escale montpelliéraine : duo Frédéric Monino-Rémi Ploton

 

 

Frédéric Monino Rémi Ploton

Frédérice Monino (b g), Rémi Ploton (piano numérique, synthétiseur). Montpellier, Square Saint Roch, 25 juillet, 19h.


    Parallèlement au festival et depuis des années, Frédéric Monino et ses amis proposent à 19h, en ville, des concerts en duo. Depuis quelque temps déjà cela se passe dans le square attenant à l’église Saint Roch. Dans ces « Encas de jazz » se sont succédés, du 22 au 25 juillet, Michel Prandi, Chrisptophe Lelloil, Patrice Héral…., et pour le set conclusif le bassiste lui-même avec aux claviers Rémi Ploton. Au programme pour ce dernier soir, des thèmes de Jaco Pastorius (dont le guitariste basse est un admirateur expert), des standards, et aussi Monk…. façon Pastorius. Belle initiative pour un plaisir toujours renouvelé.

Xavier Prévost


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Conclusion brillante pour l’édition 2015 des concerts de jazz du Festival de Radio France & Montpellier Languedoc Roussillon. Le 23 juillet avec la vocaliste Leïla Martial, dans une performance étonnante ; et le 24, devant plus de 1800 spectateurs (il fallut fermer l’accès pour cause de jauge dépassée….), avec le jazz version Gwo Ka de la Guadeloupe, et Sonny Troupé, pour une musique qui remue l’âme et les pieds, d’une geste fédérateur.


Le millésime est donc un succès qui réjouit le chroniqueur, lequel en profite pour saluer la réussite de son successeur, et néanmoins confrère en chronique, Pascal Rozat, à la programmation de l’Amphi d’O, avec une fréquentation augmentée de 33 % par rapport à 2014, et qui dépasse très légèrement celle de l’édition de 2013. Un regret toujours : que ces concerts, contrairement à ceux des 29 éditions précédentes, n’aient pas été enregistrés par Radio France, et diffusés par France Musique. L’arrivée le 10 juillet à le direction de la chaîne musicale de Marc Voinchet laisse espérer un retour de ces concerts sur les ondes pour l’édition 2016.

 

Leïla Martial, vocaliste de l’extrême

Pour sa pénultième soirée le Festival présentait la chanteuse Leïla Martial avec un tout nouveau projet intitulé « Fil ». Même si cela se joue sur le fil, en duo avec le violoncelliste Valentin Ceccaldi, puis en trio avec le renfort du violoniste Théo Ceccaldi, le tout tire son nom d’une volonté de jouer sans jamais s’interrompre, enchaînant les thèmes, les climats et les improvisations, comme l’on déviderait le fil d’une bobine infinie…. Testée auparavant dans des lieux confidentiels, c’était une grande première pour cette formule quasi inédite, et devant plus de 1100 spectateurs du Domaine d’O.

 

Duo Leïla Martial- Valentin Ceccaldi « Fil »,  invité Théo Ceccaldi


Leïla Martial (voix, effets électroniques), Valentin Ceccaldi (cello), Théo Ceccaldi (vln). Amphithéâtre du Domaine d’O, 23 juillet, 22h.

 

Leila MartialDavid Abécassis

Leila Martial à l’Amphi d’O ©David Abécassis

 

    Il m’a été donné naguère de voir en concert, et dans des registres très différents, ces vocalistes de l’extrême que furent Annick Nozati et Diamanda Gallas. Peu après le début du concert de Leïla Martial, j’ai eu le sentiment diffus, puis assez vif, que j’allais assister à l’une de ces performances habitées auxquelles l’art vocal nous convie parfois . Cela commence en douceur, avec une mélodie de Gabriel Fauré, mais l’interprétation donne déjà des signes d’extrême expressivité. C’est ensuite un crochet par le célèbre Cold Song du King Arthur de Purcell, joliment détourné. Ici encore, c’est une expression très vive qui va prévaloir. Puis l’on embarque vers une langue imaginaire à l’articulation virtuose, pas novlangue mais plutôt sonolangue où cohabiteraient des mondes de poésie sonore, de vertige lettriste, et de bruitisme très musical.

 

Leila Martial Trio FilDavid Abécassis

Leila Martial Trio Fil©David Abécassis


   Au fil de ses improvisations, la chanteuse utilise, en temps réel et dans le feu de l’action, tout un tas d’effets électroniques avec une pertinence et un à propos stupéfiants. Le dialogue est constant, d’abord avec le violoncelliste, puis avec les deux partenaires quand le violon se joint à la fête.

    Le duo est annoncé au festival Jazz in Marciac à l’Astrada, le 7 août en première partie d’Ulf Wakenius qui jouera Wes Montgomery, et bien que Leïla soit un peu une enfant du pays puisqu’elle a étudié dans la fameuse classe de Jazz du Collège de Marciac, je serais curieux de savoir comment le public marciacais va réagir à cette performance bluffante.

 

Ultime soirée : Sonny Troupé Quartet invite Franck Nicolas


Sonny Troupé (dms, tambour Ka, voc, échantillonneur), Grégory Privat (p, voc), Mike Armoogum (b g, voc), Olivier Juste (tambour Ka, voc), Franck Nicolas (tp, bugle, conques). Amphithéâtre du Domaine d’O, 24 juillet, 22h.

 

    Ce fut un retour pour Sonny Troupé sur la scène de l’Amphithéâtre d’O, où il s’était déjà produit, au sein du groupe de Franck Nicolas, en 2011. Le batteur et tambourinaire guadeloupéen avait choisi pour pianiste le Martiniquais Grégory Privat, entendu l’an dernier ici même avec Xavier Desandre-Navarre, le bassiste mauricien Mike Armoogum, et un autre spécialiste réputé du Gwo Ka de la Guadeloupe en la personne du percussionniste Olivier Juste. Répertoire très vivant, issu du CD « Voyages et Rêves », pulsation intense, et surperposition effrénée de rythmes, superposition qui produit une polyrythmie irrésistible. Les sons et textes échantilonnés, pilotés par le batteur, marquent la forme d’une scansion joyeuse ou mélancolique. L’arrivée du trompettiste guadeloupéen (et montpelliérain d’adoption) Franck Nicolas, d’abord avec des conques dont il tire des sonorités très expressives, puis au bugle et à la trompette, va ramener la musique ve
rs un jazz de plus stricte obédience, avant de repartir vers l’effervescence caribéenne : la fête aura duré deux bonnes heures (alors qu’habituellement le concert se déroule en 1h20 environ), et par une ovation verticale le public tentera, jusqu’à l’ultime salut, de retenir le groupe sur scène !


 Sonny Troupé Quintet tire sa révérence

 

 

 

Dernière escale montpelliéraine : duo Frédéric Monino-Rémi Ploton

 

 

Frédéric Monino Rémi Ploton

Frédérice Monino (b g), Rémi Ploton (piano numérique, synthétiseur). Montpellier, Square Saint Roch, 25 juillet, 19h.


    Parallèlement au festival et depuis des années, Frédéric Monino et ses amis proposent à 19h, en ville, des concerts en duo. Depuis quelque temps déjà cela se passe dans le square attenant à l’église Saint Roch. Dans ces « Encas de jazz » se sont succédés, du 22 au 25 juillet, Michel Prandi, Chrisptophe Lelloil, Patrice Héral…., et pour le set conclusif le bassiste lui-même avec aux claviers Rémi Ploton. Au programme pour ce dernier soir, des thèmes de Jaco Pastorius (dont le guitariste basse est un admirateur expert), des standards, et aussi Monk…. façon Pastorius. Belle initiative pour un plaisir toujours renouvelé.

Xavier Prévost


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Conclusion brillante pour l’édition 2015 des concerts de jazz du Festival de Radio France & Montpellier Languedoc Roussillon. Le 23 juillet avec la vocaliste Leïla Martial, dans une performance étonnante ; et le 24, devant plus de 1800 spectateurs (il fallut fermer l’accès pour cause de jauge dépassée….), avec le jazz version Gwo Ka de la Guadeloupe, et Sonny Troupé, pour une musique qui remue l’âme et les pieds, d’une geste fédérateur.


Le millésime est donc un succès qui réjouit le chroniqueur, lequel en profite pour saluer la réussite de son successeur, et néanmoins confrère en chronique, Pascal Rozat, à la programmation de l’Amphi d’O, avec une fréquentation augmentée de 33 % par rapport à 2014, et qui dépasse très légèrement celle de l’édition de 2013. Un regret toujours : que ces concerts, contrairement à ceux des 29 éditions précédentes, n’aient pas été enregistrés par Radio France, et diffusés par France Musique. L’arrivée le 10 juillet à le direction de la chaîne musicale de Marc Voinchet laisse espérer un retour de ces concerts sur les ondes pour l’édition 2016.

 

Leïla Martial, vocaliste de l’extrême

Pour sa pénultième soirée le Festival présentait la chanteuse Leïla Martial avec un tout nouveau projet intitulé « Fil ». Même si cela se joue sur le fil, en duo avec le violoncelliste Valentin Ceccaldi, puis en trio avec le renfort du violoniste Théo Ceccaldi, le tout tire son nom d’une volonté de jouer sans jamais s’interrompre, enchaînant les thèmes, les climats et les improvisations, comme l’on déviderait le fil d’une bobine infinie…. Testée auparavant dans des lieux confidentiels, c’était une grande première pour cette formule quasi inédite, et devant plus de 1100 spectateurs du Domaine d’O.

 

Duo Leïla Martial- Valentin Ceccaldi « Fil »,  invité Théo Ceccaldi


Leïla Martial (voix, effets électroniques), Valentin Ceccaldi (cello), Théo Ceccaldi (vln). Amphithéâtre du Domaine d’O, 23 juillet, 22h.

 

Leila MartialDavid Abécassis

Leila Martial à l’Amphi d’O ©David Abécassis

 

    Il m’a été donné naguère de voir en concert, et dans des registres très différents, ces vocalistes de l’extrême que furent Annick Nozati et Diamanda Gallas. Peu après le début du concert de Leïla Martial, j’ai eu le sentiment diffus, puis assez vif, que j’allais assister à l’une de ces performances habitées auxquelles l’art vocal nous convie parfois . Cela commence en douceur, avec une mélodie de Gabriel Fauré, mais l’interprétation donne déjà des signes d’extrême expressivité. C’est ensuite un crochet par le célèbre Cold Song du King Arthur de Purcell, joliment détourné. Ici encore, c’est une expression très vive qui va prévaloir. Puis l’on embarque vers une langue imaginaire à l’articulation virtuose, pas novlangue mais plutôt sonolangue où cohabiteraient des mondes de poésie sonore, de vertige lettriste, et de bruitisme très musical.

 

Leila Martial Trio FilDavid Abécassis

Leila Martial Trio Fil©David Abécassis


   Au fil de ses improvisations, la chanteuse utilise, en temps réel et dans le feu de l’action, tout un tas d’effets électroniques avec une pertinence et un à propos stupéfiants. Le dialogue est constant, d’abord avec le violoncelliste, puis avec les deux partenaires quand le violon se joint à la fête.

    Le duo est annoncé au festival Jazz in Marciac à l’Astrada, le 7 août en première partie d’Ulf Wakenius qui jouera Wes Montgomery, et bien que Leïla soit un peu une enfant du pays puisqu’elle a étudié dans la fameuse classe de Jazz du Collège de Marciac, je serais curieux de savoir comment le public marciacais va réagir à cette performance bluffante.

 

Ultime soirée : Sonny Troupé Quartet invite Franck Nicolas


Sonny Troupé (dms, tambour Ka, voc, échantillonneur), Grégory Privat (p, voc), Mike Armoogum (b g, voc), Olivier Juste (tambour Ka, voc), Franck Nicolas (tp, bugle, conques). Amphithéâtre du Domaine d’O, 24 juillet, 22h.

 

    Ce fut un retour pour Sonny Troupé sur la scène de l’Amphithéâtre d’O, où il s’était déjà produit, au sein du groupe de Franck Nicolas, en 2011. Le batteur et tambourinaire guadeloupéen avait choisi pour pianiste le Martiniquais Grégory Privat, entendu l’an dernier ici même avec Xavier Desandre-Navarre, le bassiste mauricien Mike Armoogum, et un autre spécialiste réputé du Gwo Ka de la Guadeloupe en la personne du percussionniste Olivier Juste. Répertoire très vivant, issu du CD « Voyages et Rêves », pulsation intense, et surperposition effrénée de rythmes, superposition qui produit une polyrythmie irrésistible. Les sons et textes échantilonnés, pilotés par le batteur, marquent la forme d’une scansion joyeuse ou mélancolique. L’arrivée du trompettiste guadeloupéen (et montpelliérain d’adoption) Franck Nicolas, d’abord avec des conques dont il tire des sonorités très expressives, puis au bugle et à la trompette, va ramener la musique ve
rs un jazz de plus stricte obédience, avant de repartir vers l’effervescence caribéenne : la fête aura duré deux bonnes heures (alors qu’habituellement le concert se déroule en 1h20 environ), et par une ovation verticale le public tentera, jusqu’à l’ultime salut, de retenir le groupe sur scène !


 Sonny Troupé Quintet tire sa révérence

 

 

 

Dernière escale montpelliéraine : duo Frédéric Monino-Rémi Ploton

 

 

Frédéric Monino Rémi Ploton

Frédérice Monino (b g), Rémi Ploton (piano numérique, synthétiseur). Montpellier, Square Saint Roch, 25 juillet, 19h.


    Parallèlement au festival et depuis des années, Frédéric Monino et ses amis proposent à 19h, en ville, des concerts en duo. Depuis quelque temps déjà cela se passe dans le square attenant à l’église Saint Roch. Dans ces « Encas de jazz » se sont succédés, du 22 au 25 juillet, Michel Prandi, Chrisptophe Lelloil, Patrice Héral…., et pour le set conclusif le bassiste lui-même avec aux claviers Rémi Ploton. Au programme pour ce dernier soir, des thèmes de Jaco Pastorius (dont le guitariste basse est un admirateur expert), des standards, et aussi Monk…. façon Pastorius. Belle initiative pour un plaisir toujours renouvelé.

Xavier Prévost