Jazz live
Publié le 9 Oct 2015

Alexandra Grimal : Dragons, variante

Dans le cadre de la Jazz Fabric de l’Orchestre National de Jazz, Alexandra Grimal présentait le 8 octobre une variante de son groupe « Dragons ». À la  batterie de Dré Pallemaerts, présente sur le CD  » #Heliopolis  » (Cordes et Âmes, 2013), se substituait ce soir-là le saxophone baryton de Bo Van Der Werf, directeur artistique du groupe belge Octurn, et comme Alexandra Grimal passé par les conservatoires des Pays-Bas. Nouvelle mouture, nouvelle réussite.

 

Alexandra Grimal « Dragons » : Alexandra Grimal (saxophone ténor, composition), Bo Van Der Werf (saxophone baryton), Jozef Dumoulin (piano électrique), Nelson Veras (guitare).

Jazz Fabric, Carreau du Temple, 8 octobre 2015, 20h

   Tout commence avec le piano électrique de Jozef Dumoulin, et son arsenal d’effets électroniques, dispositif impressionnant, mais surtout outil d’une pertinence folle. De ces nappes complexes et technologiques surgit le son pur, presque acoustique (électro-acoustique en fait) de la guitare de Nelson Veras. Un décor s’installe, où le saxophone ténor d’Alexandra se pose, vite rejoint par le baryton de Bo Van Der Werf, et en quelques volutes nous voici à un accord de transition, tâtonné, qui conduit par un enchaînement naturel, autant que culturel, vers la suite.

   On part pianississimo d’harmonies distendues aux frottements improbables, et les voix s’installent, sinueuses, inattendues, jusqu’à ce que règne un ensemble organique, cohérent, furtif ou durable selon les instants ; mais le jazz « pousse un peu sa corne », dans des lignes qui rappellent les méandres où s’égaraient avec délices Lennie Tristano, Lee Konitz et Warne Marsh, en 1949 et longtemps après. Puis vient un sorte de choral profane où les voix des saxophones s’entremêlent, quand le piano électrique gronde de basses souterraines. Et ça s’emballe radicalement, entre sax ténor et piano électrique métamorphosé par l’électronique ; c’est lyrique, parfois violent, avec constamment la musicalité pour horizon. Et l’on repart ensuite pour un parcours cursif, entre baryton et ténor stimulés par les basses du pianiste, le tout parsemé de clairs éclats de guitare.

   Ailleurs ce seront des esquisses de fugues tristaniennes en quartette, émaillées d’échanges contrapuntiques en duos successifs. Surgit soudain un chant mélancolique du sax ténor, avec contrechant de baryton, sur des arpèges ascendants/descendants du piano Fender Rhodes. On pense aux hymnes du free jazz, et aussi aux compositions sinueuses de Paul Motian  : est-ce un hasard si Alexandra a joué avec lui, Lee Konitz et Gary Peacock, dans son disque « Owls Talk », publié en 2012 ? Et bientôt la guitare occupe l’espace onirique ainsi ouvert. Voici le piano électrique à nouveau, qui sur des boucles de basses lance des phrases rapides en sons saturés, et un hymne encore, des envolées cursives, avant de revenir au recueillement d’unissons, puis de polyphonies apaisées, pour conclure en douceur. Pour le rappel, Alexandra Grimal quitte l’album  » #Heliopolis  » et convoque une composition extraite de son disque « Owls Talk ».

   On parle souvent, et de manière métaphorique, pour les musiques qui nous entraînent loin de nos repères, de voyage (tiens ! « Le Voyage » c’était, en français dans le texte, le titre d’un magnifique album de Paul Motian en 1979). Ici le voyage serait immobile, non qu’il n’aille nulle part, mais parce qu’il descend jusqu’au tréfonds de la sensation, une sensation qui serait en même temps pensée musicale. Comme dans son groupe Naga,créé la saison dernière, avec Lynn Cassiers, Benoît Delbecq, Marc Ducret, Stéphane Galland, et déjà Jozef Dumoulin et Nelson Veras, Alexandra Grimal  joue magnifiquement de ces personnalités contrastées, de leurs intelligences musicales qui paraissent sans limites. Guidés par cette intelligence, ils s’aventurent librement, mais sans oublier jamais la matière sonore (matière spirituelle aussi), qu’ils pétrissent collectivement. Un vieux rêve semble alors se réaliser : celui d’un art idéal où pensée et matière seraient à jamais délivrées de toute tentation dualiste….  Xavier Prévost

Alexandra Grimal jouera avec son groupe Naga le 13 novembre pour Musiques au Comptoir, à Fontenay-sous-Bois

 

 

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Dans le cadre de la Jazz Fabric de l’Orchestre National de Jazz, Alexandra Grimal présentait le 8 octobre une variante de son groupe « Dragons ». À la  batterie de Dré Pallemaerts, présente sur le CD  » #Heliopolis  » (Cordes et Âmes, 2013), se substituait ce soir-là le saxophone baryton de Bo Van Der Werf, directeur artistique du groupe belge Octurn, et comme Alexandra Grimal passé par les conservatoires des Pays-Bas. Nouvelle mouture, nouvelle réussite.

 

Alexandra Grimal « Dragons » : Alexandra Grimal (saxophone ténor, composition), Bo Van Der Werf (saxophone baryton), Jozef Dumoulin (piano électrique), Nelson Veras (guitare).

Jazz Fabric, Carreau du Temple, 8 octobre 2015, 20h

   Tout commence avec le piano électrique de Jozef Dumoulin, et son arsenal d’effets électroniques, dispositif impressionnant, mais surtout outil d’une pertinence folle. De ces nappes complexes et technologiques surgit le son pur, presque acoustique (électro-acoustique en fait) de la guitare de Nelson Veras. Un décor s’installe, où le saxophone ténor d’Alexandra se pose, vite rejoint par le baryton de Bo Van Der Werf, et en quelques volutes nous voici à un accord de transition, tâtonné, qui conduit par un enchaînement naturel, autant que culturel, vers la suite.

   On part pianississimo d’harmonies distendues aux frottements improbables, et les voix s’installent, sinueuses, inattendues, jusqu’à ce que règne un ensemble organique, cohérent, furtif ou durable selon les instants ; mais le jazz « pousse un peu sa corne », dans des lignes qui rappellent les méandres où s’égaraient avec délices Lennie Tristano, Lee Konitz et Warne Marsh, en 1949 et longtemps après. Puis vient un sorte de choral profane où les voix des saxophones s’entremêlent, quand le piano électrique gronde de basses souterraines. Et ça s’emballe radicalement, entre sax ténor et piano électrique métamorphosé par l’électronique ; c’est lyrique, parfois violent, avec constamment la musicalité pour horizon. Et l’on repart ensuite pour un parcours cursif, entre baryton et ténor stimulés par les basses du pianiste, le tout parsemé de clairs éclats de guitare.

   Ailleurs ce seront des esquisses de fugues tristaniennes en quartette, émaillées d’échanges contrapuntiques en duos successifs. Surgit soudain un chant mélancolique du sax ténor, avec contrechant de baryton, sur des arpèges ascendants/descendants du piano Fender Rhodes. On pense aux hymnes du free jazz, et aussi aux compositions sinueuses de Paul Motian  : est-ce un hasard si Alexandra a joué avec lui, Lee Konitz et Gary Peacock, dans son disque « Owls Talk », publié en 2012 ? Et bientôt la guitare occupe l’espace onirique ainsi ouvert. Voici le piano électrique à nouveau, qui sur des boucles de basses lance des phrases rapides en sons saturés, et un hymne encore, des envolées cursives, avant de revenir au recueillement d’unissons, puis de polyphonies apaisées, pour conclure en douceur. Pour le rappel, Alexandra Grimal quitte l’album  » #Heliopolis  » et convoque une composition extraite de son disque « Owls Talk ».

   On parle souvent, et de manière métaphorique, pour les musiques qui nous entraînent loin de nos repères, de voyage (tiens ! « Le Voyage » c’était, en français dans le texte, le titre d’un magnifique album de Paul Motian en 1979). Ici le voyage serait immobile, non qu’il n’aille nulle part, mais parce qu’il descend jusqu’au tréfonds de la sensation, une sensation qui serait en même temps pensée musicale. Comme dans son groupe Naga,créé la saison dernière, avec Lynn Cassiers, Benoît Delbecq, Marc Ducret, Stéphane Galland, et déjà Jozef Dumoulin et Nelson Veras, Alexandra Grimal  joue magnifiquement de ces personnalités contrastées, de leurs intelligences musicales qui paraissent sans limites. Guidés par cette intelligence, ils s’aventurent librement, mais sans oublier jamais la matière sonore (matière spirituelle aussi), qu’ils pétrissent collectivement. Un vieux rêve semble alors se réaliser : celui d’un art idéal où pensée et matière seraient à jamais délivrées de toute tentation dualiste….  Xavier Prévost

Alexandra Grimal jouera avec son groupe Naga le 13 novembre pour Musiques au Comptoir, à Fontenay-sous-Bois

 

 

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Dans le cadre de la Jazz Fabric de l’Orchestre National de Jazz, Alexandra Grimal présentait le 8 octobre une variante de son groupe « Dragons ». À la  batterie de Dré Pallemaerts, présente sur le CD  » #Heliopolis  » (Cordes et Âmes, 2013), se substituait ce soir-là le saxophone baryton de Bo Van Der Werf, directeur artistique du groupe belge Octurn, et comme Alexandra Grimal passé par les conservatoires des Pays-Bas. Nouvelle mouture, nouvelle réussite.

 

Alexandra Grimal « Dragons » : Alexandra Grimal (saxophone ténor, composition), Bo Van Der Werf (saxophone baryton), Jozef Dumoulin (piano électrique), Nelson Veras (guitare).

Jazz Fabric, Carreau du Temple, 8 octobre 2015, 20h

   Tout commence avec le piano électrique de Jozef Dumoulin, et son arsenal d’effets électroniques, dispositif impressionnant, mais surtout outil d’une pertinence folle. De ces nappes complexes et technologiques surgit le son pur, presque acoustique (électro-acoustique en fait) de la guitare de Nelson Veras. Un décor s’installe, où le saxophone ténor d’Alexandra se pose, vite rejoint par le baryton de Bo Van Der Werf, et en quelques volutes nous voici à un accord de transition, tâtonné, qui conduit par un enchaînement naturel, autant que culturel, vers la suite.

   On part pianississimo d’harmonies distendues aux frottements improbables, et les voix s’installent, sinueuses, inattendues, jusqu’à ce que règne un ensemble organique, cohérent, furtif ou durable selon les instants ; mais le jazz « pousse un peu sa corne », dans des lignes qui rappellent les méandres où s’égaraient avec délices Lennie Tristano, Lee Konitz et Warne Marsh, en 1949 et longtemps après. Puis vient un sorte de choral profane où les voix des saxophones s’entremêlent, quand le piano électrique gronde de basses souterraines. Et ça s’emballe radicalement, entre sax ténor et piano électrique métamorphosé par l’électronique ; c’est lyrique, parfois violent, avec constamment la musicalité pour horizon. Et l’on repart ensuite pour un parcours cursif, entre baryton et ténor stimulés par les basses du pianiste, le tout parsemé de clairs éclats de guitare.

   Ailleurs ce seront des esquisses de fugues tristaniennes en quartette, émaillées d’échanges contrapuntiques en duos successifs. Surgit soudain un chant mélancolique du sax ténor, avec contrechant de baryton, sur des arpèges ascendants/descendants du piano Fender Rhodes. On pense aux hymnes du free jazz, et aussi aux compositions sinueuses de Paul Motian  : est-ce un hasard si Alexandra a joué avec lui, Lee Konitz et Gary Peacock, dans son disque « Owls Talk », publié en 2012 ? Et bientôt la guitare occupe l’espace onirique ainsi ouvert. Voici le piano électrique à nouveau, qui sur des boucles de basses lance des phrases rapides en sons saturés, et un hymne encore, des envolées cursives, avant de revenir au recueillement d’unissons, puis de polyphonies apaisées, pour conclure en douceur. Pour le rappel, Alexandra Grimal quitte l’album  » #Heliopolis  » et convoque une composition extraite de son disque « Owls Talk ».

   On parle souvent, et de manière métaphorique, pour les musiques qui nous entraînent loin de nos repères, de voyage (tiens ! « Le Voyage » c’était, en français dans le texte, le titre d’un magnifique album de Paul Motian en 1979). Ici le voyage serait immobile, non qu’il n’aille nulle part, mais parce qu’il descend jusqu’au tréfonds de la sensation, une sensation qui serait en même temps pensée musicale. Comme dans son groupe Naga,créé la saison dernière, avec Lynn Cassiers, Benoît Delbecq, Marc Ducret, Stéphane Galland, et déjà Jozef Dumoulin et Nelson Veras, Alexandra Grimal  joue magnifiquement de ces personnalités contrastées, de leurs intelligences musicales qui paraissent sans limites. Guidés par cette intelligence, ils s’aventurent librement, mais sans oublier jamais la matière sonore (matière spirituelle aussi), qu’ils pétrissent collectivement. Un vieux rêve semble alors se réaliser : celui d’un art idéal où pensée et matière seraient à jamais délivrées de toute tentation dualiste….  Xavier Prévost

Alexandra Grimal jouera avec son groupe Naga le 13 novembre pour Musiques au Comptoir, à Fontenay-sous-Bois

 

 

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Dans le cadre de la Jazz Fabric de l’Orchestre National de Jazz, Alexandra Grimal présentait le 8 octobre une variante de son groupe « Dragons ». À la  batterie de Dré Pallemaerts, présente sur le CD  » #Heliopolis  » (Cordes et Âmes, 2013), se substituait ce soir-là le saxophone baryton de Bo Van Der Werf, directeur artistique du groupe belge Octurn, et comme Alexandra Grimal passé par les conservatoires des Pays-Bas. Nouvelle mouture, nouvelle réussite.

 

Alexandra Grimal « Dragons » : Alexandra Grimal (saxophone ténor, composition), Bo Van Der Werf (saxophone baryton), Jozef Dumoulin (piano électrique), Nelson Veras (guitare).

Jazz Fabric, Carreau du Temple, 8 octobre 2015, 20h

   Tout commence avec le piano électrique de Jozef Dumoulin, et son arsenal d’effets électroniques, dispositif impressionnant, mais surtout outil d’une pertinence folle. De ces nappes complexes et technologiques surgit le son pur, presque acoustique (électro-acoustique en fait) de la guitare de Nelson Veras. Un décor s’installe, où le saxophone ténor d’Alexandra se pose, vite rejoint par le baryton de Bo Van Der Werf, et en quelques volutes nous voici à un accord de transition, tâtonné, qui conduit par un enchaînement naturel, autant que culturel, vers la suite.

   On part pianississimo d’harmonies distendues aux frottements improbables, et les voix s’installent, sinueuses, inattendues, jusqu’à ce que règne un ensemble organique, cohérent, furtif ou durable selon les instants ; mais le jazz « pousse un peu sa corne », dans des lignes qui rappellent les méandres où s’égaraient avec délices Lennie Tristano, Lee Konitz et Warne Marsh, en 1949 et longtemps après. Puis vient un sorte de choral profane où les voix des saxophones s’entremêlent, quand le piano électrique gronde de basses souterraines. Et ça s’emballe radicalement, entre sax ténor et piano électrique métamorphosé par l’électronique ; c’est lyrique, parfois violent, avec constamment la musicalité pour horizon. Et l’on repart ensuite pour un parcours cursif, entre baryton et ténor stimulés par les basses du pianiste, le tout parsemé de clairs éclats de guitare.

   Ailleurs ce seront des esquisses de fugues tristaniennes en quartette, émaillées d’échanges contrapuntiques en duos successifs. Surgit soudain un chant mélancolique du sax ténor, avec contrechant de baryton, sur des arpèges ascendants/descendants du piano Fender Rhodes. On pense aux hymnes du free jazz, et aussi aux compositions sinueuses de Paul Motian  : est-ce un hasard si Alexandra a joué avec lui, Lee Konitz et Gary Peacock, dans son disque « Owls Talk », publié en 2012 ? Et bientôt la guitare occupe l’espace onirique ainsi ouvert. Voici le piano électrique à nouveau, qui sur des boucles de basses lance des phrases rapides en sons saturés, et un hymne encore, des envolées cursives, avant de revenir au recueillement d’unissons, puis de polyphonies apaisées, pour conclure en douceur. Pour le rappel, Alexandra Grimal quitte l’album  » #Heliopolis  » et convoque une composition extraite de son disque « Owls Talk ».

   On parle souvent, et de manière métaphorique, pour les musiques qui nous entraînent loin de nos repères, de voyage (tiens ! « Le Voyage » c’était, en français dans le texte, le titre d’un magnifique album de Paul Motian en 1979). Ici le voyage serait immobile, non qu’il n’aille nulle part, mais parce qu’il descend jusqu’au tréfonds de la sensation, une sensation qui serait en même temps pensée musicale. Comme dans son groupe Naga,créé la saison dernière, avec Lynn Cassiers, Benoît Delbecq, Marc Ducret, Stéphane Galland, et déjà Jozef Dumoulin et Nelson Veras, Alexandra Grimal  joue magnifiquement de ces personnalités contrastées, de leurs intelligences musicales qui paraissent sans limites. Guidés par cette intelligence, ils s’aventurent librement, mais sans oublier jamais la matière sonore (matière spirituelle aussi), qu’ils pétrissent collectivement. Un vieux rêve semble alors se réaliser : celui d’un art idéal où pensée et matière seraient à jamais délivrées de toute tentation dualiste….  Xavier Prévost

Alexandra Grimal jouera avec son groupe Naga le 13 novembre pour Musiques au Comptoir, à Fontenay-sous-Bois