Un peu plus à l'Ouest : les versions de l'amour Courtois (Perpignan)
Vincent Courtois est manifestement entré dans une période créatrice : on ne se risquera pas à dater la chose, mais, sans être très ancienne, elle n’est pas récente non plus. C’est – semble t’il, autour de Médiums que cela s’est déclenché. Le chant intérieur qui l’habitait sans doute depuis longtemps s’est autorisé à prendre le dessus. Et lui-même s’est autorisé à laisser parler cette voix. Elle se décline aujourd’hui de diverses manières, dont le « solo » dont il nous a gratifié hier soir, salle Jean Cocteau à Perpignan, dans le cadre de Jazzèbre 27° édition.
Ajoutons que ce « solo » est signé également par un ingénieur du son dont on ne fait plus l’éloge : Gérard de Haro. Aussi essentiel à bien des enregistrements que Rudy Van Gelder naguère, il accompagne Vincent Courtois dans ce « projet » en acceptant la charge « d’envoyer », à des moments précis, des sons préalablement enregistrés par le violoncelliste. Au disque (West), on entend parfaitement cela dans « 1852 mètres plus tard » par exemple, et cette manière de faire évite l’usage – devenu rituel – des boucles, et contourne le drôle d’effet produit par cet usage, quand on voit le soliste accaparé par ses boites et la mise en place des « fonds » qui lui permettent de jouer à l’homme-orchestre. Rien de tel ici : un vrai dialogue, qui accepte de pousser le narcissisme à ses extrêmes. Quand on a choisi « d’y aller », il ne faut s’interdire que l’emphase et l’infatuation. Ce que Vincent Courtois sait parfaitement éviter.
Car West, c’est à la fois une direction, et un sens. Un point cardinal, et une signification. En parlant avec le violoncelliste, on apprend que le village de Bretagne de son enfance était situé tout près de l’un des lieux maritimes les plus dangereux de France, avec une barre infranchissable, ou fortement risquée pour ceux qui y allaient quand même. Une métaphore de la vie, et de la création musicale. D’abord quelque chose qui rappelle que les migrations ont, le plus souvent, été effectuées « vers l’Ouest ». Ensuite cette pointe de Bretagne qui voit l’océan atlantique se déverser en un endroit précis. Enfin cette barre, cet obstacle, qui, une fois franchi, vous révèle des espaces nouveaux, inconnus du sujet lui-même. « Y aller », c’est bien ce que nous pouvons ressentir tous quand nous acceptons le risque d’affronter l’inconnu en nous-mêmes. Se risquer à découvrir ce qu’on était – sans le savoir. « Deviens ce que tu es » finit par dire Vincent Courtois.
Musicalement, ce West est tout à fait admirable : il va chercher dans la tradition (classique) une part de sa forme (par exemple une pièce de Ligeti), l’autre vient de… l’ouest, dans la mesure où c’est la présence du jazz, sa pulsation, et toute l’histoire de l’instrument, parfois joué par des contrebassistes (Ron Carter, Oscar Pettiford, Harry Babasin, Jean-Charles Capon, Tristan Honsinger, Ernst Reijseger, Fred Katz, Tom Cora, Vincent Courtois lui-même). On est surpris de retrouver un rythme utilisé aussi par Leyla McCalla dans son « Heart Of Gold », on se laisser aller à la séduction de « Freaks », joué ici sans la participation des saxophonistes ténor.
La musique sourd, émerge, se donne elle-même à entendre. Le soliste connaît les écueils, les vagues à prendre dans le bon sens, les rocs à éviter. On aura ce soir-même le plaisir de retrouver le trio de Médiums dans une nouvelle création : Bandes Originales. On y sera.
Philippe Méziat
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Vincent Courtois est manifestement entré dans une période créatrice : on ne se risquera pas à dater la chose, mais, sans être très ancienne, elle n’est pas récente non plus. C’est – semble t’il, autour de Médiums que cela s’est déclenché. Le chant intérieur qui l’habitait sans doute depuis longtemps s’est autorisé à prendre le dessus. Et lui-même s’est autorisé à laisser parler cette voix. Elle se décline aujourd’hui de diverses manières, dont le « solo » dont il nous a gratifié hier soir, salle Jean Cocteau à Perpignan, dans le cadre de Jazzèbre 27° édition.
Ajoutons que ce « solo » est signé également par un ingénieur du son dont on ne fait plus l’éloge : Gérard de Haro. Aussi essentiel à bien des enregistrements que Rudy Van Gelder naguère, il accompagne Vincent Courtois dans ce « projet » en acceptant la charge « d’envoyer », à des moments précis, des sons préalablement enregistrés par le violoncelliste. Au disque (West), on entend parfaitement cela dans « 1852 mètres plus tard » par exemple, et cette manière de faire évite l’usage – devenu rituel – des boucles, et contourne le drôle d’effet produit par cet usage, quand on voit le soliste accaparé par ses boites et la mise en place des « fonds » qui lui permettent de jouer à l’homme-orchestre. Rien de tel ici : un vrai dialogue, qui accepte de pousser le narcissisme à ses extrêmes. Quand on a choisi « d’y aller », il ne faut s’interdire que l’emphase et l’infatuation. Ce que Vincent Courtois sait parfaitement éviter.
Car West, c’est à la fois une direction, et un sens. Un point cardinal, et une signification. En parlant avec le violoncelliste, on apprend que le village de Bretagne de son enfance était situé tout près de l’un des lieux maritimes les plus dangereux de France, avec une barre infranchissable, ou fortement risquée pour ceux qui y allaient quand même. Une métaphore de la vie, et de la création musicale. D’abord quelque chose qui rappelle que les migrations ont, le plus souvent, été effectuées « vers l’Ouest ». Ensuite cette pointe de Bretagne qui voit l’océan atlantique se déverser en un endroit précis. Enfin cette barre, cet obstacle, qui, une fois franchi, vous révèle des espaces nouveaux, inconnus du sujet lui-même. « Y aller », c’est bien ce que nous pouvons ressentir tous quand nous acceptons le risque d’affronter l’inconnu en nous-mêmes. Se risquer à découvrir ce qu’on était – sans le savoir. « Deviens ce que tu es » finit par dire Vincent Courtois.
Musicalement, ce West est tout à fait admirable : il va chercher dans la tradition (classique) une part de sa forme (par exemple une pièce de Ligeti), l’autre vient de… l’ouest, dans la mesure où c’est la présence du jazz, sa pulsation, et toute l’histoire de l’instrument, parfois joué par des contrebassistes (Ron Carter, Oscar Pettiford, Harry Babasin, Jean-Charles Capon, Tristan Honsinger, Ernst Reijseger, Fred Katz, Tom Cora, Vincent Courtois lui-même). On est surpris de retrouver un rythme utilisé aussi par Leyla McCalla dans son « Heart Of Gold », on se laisser aller à la séduction de « Freaks », joué ici sans la participation des saxophonistes ténor.
La musique sourd, émerge, se donne elle-même à entendre. Le soliste connaît les écueils, les vagues à prendre dans le bon sens, les rocs à éviter. On aura ce soir-même le plaisir de retrouver le trio de Médiums dans une nouvelle création : Bandes Originales. On y sera.
Philippe Méziat
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Vincent Courtois est manifestement entré dans une période créatrice : on ne se risquera pas à dater la chose, mais, sans être très ancienne, elle n’est pas récente non plus. C’est – semble t’il, autour de Médiums que cela s’est déclenché. Le chant intérieur qui l’habitait sans doute depuis longtemps s’est autorisé à prendre le dessus. Et lui-même s’est autorisé à laisser parler cette voix. Elle se décline aujourd’hui de diverses manières, dont le « solo » dont il nous a gratifié hier soir, salle Jean Cocteau à Perpignan, dans le cadre de Jazzèbre 27° édition.
Ajoutons que ce « solo » est signé également par un ingénieur du son dont on ne fait plus l’éloge : Gérard de Haro. Aussi essentiel à bien des enregistrements que Rudy Van Gelder naguère, il accompagne Vincent Courtois dans ce « projet » en acceptant la charge « d’envoyer », à des moments précis, des sons préalablement enregistrés par le violoncelliste. Au disque (West), on entend parfaitement cela dans « 1852 mètres plus tard » par exemple, et cette manière de faire évite l’usage – devenu rituel – des boucles, et contourne le drôle d’effet produit par cet usage, quand on voit le soliste accaparé par ses boites et la mise en place des « fonds » qui lui permettent de jouer à l’homme-orchestre. Rien de tel ici : un vrai dialogue, qui accepte de pousser le narcissisme à ses extrêmes. Quand on a choisi « d’y aller », il ne faut s’interdire que l’emphase et l’infatuation. Ce que Vincent Courtois sait parfaitement éviter.
Car West, c’est à la fois une direction, et un sens. Un point cardinal, et une signification. En parlant avec le violoncelliste, on apprend que le village de Bretagne de son enfance était situé tout près de l’un des lieux maritimes les plus dangereux de France, avec une barre infranchissable, ou fortement risquée pour ceux qui y allaient quand même. Une métaphore de la vie, et de la création musicale. D’abord quelque chose qui rappelle que les migrations ont, le plus souvent, été effectuées « vers l’Ouest ». Ensuite cette pointe de Bretagne qui voit l’océan atlantique se déverser en un endroit précis. Enfin cette barre, cet obstacle, qui, une fois franchi, vous révèle des espaces nouveaux, inconnus du sujet lui-même. « Y aller », c’est bien ce que nous pouvons ressentir tous quand nous acceptons le risque d’affronter l’inconnu en nous-mêmes. Se risquer à découvrir ce qu’on était – sans le savoir. « Deviens ce que tu es » finit par dire Vincent Courtois.
Musicalement, ce West est tout à fait admirable : il va chercher dans la tradition (classique) une part de sa forme (par exemple une pièce de Ligeti), l’autre vient de… l’ouest, dans la mesure où c’est la présence du jazz, sa pulsation, et toute l’histoire de l’instrument, parfois joué par des contrebassistes (Ron Carter, Oscar Pettiford, Harry Babasin, Jean-Charles Capon, Tristan Honsinger, Ernst Reijseger, Fred Katz, Tom Cora, Vincent Courtois lui-même). On est surpris de retrouver un rythme utilisé aussi par Leyla McCalla dans son « Heart Of Gold », on se laisser aller à la séduction de « Freaks », joué ici sans la participation des saxophonistes ténor.
La musique sourd, émerge, se donne elle-même à entendre. Le soliste connaît les écueils, les vagues à prendre dans le bon sens, les rocs à éviter. On aura ce soir-même le plaisir de retrouver le trio de Médiums dans une nouvelle création : Bandes Originales. On y sera.
Philippe Méziat
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Vincent Courtois est manifestement entré dans une période créatrice : on ne se risquera pas à dater la chose, mais, sans être très ancienne, elle n’est pas récente non plus. C’est – semble t’il, autour de Médiums que cela s’est déclenché. Le chant intérieur qui l’habitait sans doute depuis longtemps s’est autorisé à prendre le dessus. Et lui-même s’est autorisé à laisser parler cette voix. Elle se décline aujourd’hui de diverses manières, dont le « solo » dont il nous a gratifié hier soir, salle Jean Cocteau à Perpignan, dans le cadre de Jazzèbre 27° édition.
Ajoutons que ce « solo » est signé également par un ingénieur du son dont on ne fait plus l’éloge : Gérard de Haro. Aussi essentiel à bien des enregistrements que Rudy Van Gelder naguère, il accompagne Vincent Courtois dans ce « projet » en acceptant la charge « d’envoyer », à des moments précis, des sons préalablement enregistrés par le violoncelliste. Au disque (West), on entend parfaitement cela dans « 1852 mètres plus tard » par exemple, et cette manière de faire évite l’usage – devenu rituel – des boucles, et contourne le drôle d’effet produit par cet usage, quand on voit le soliste accaparé par ses boites et la mise en place des « fonds » qui lui permettent de jouer à l’homme-orchestre. Rien de tel ici : un vrai dialogue, qui accepte de pousser le narcissisme à ses extrêmes. Quand on a choisi « d’y aller », il ne faut s’interdire que l’emphase et l’infatuation. Ce que Vincent Courtois sait parfaitement éviter.
Car West, c’est à la fois une direction, et un sens. Un point cardinal, et une signification. En parlant avec le violoncelliste, on apprend que le village de Bretagne de son enfance était situé tout près de l’un des lieux maritimes les plus dangereux de France, avec une barre infranchissable, ou fortement risquée pour ceux qui y allaient quand même. Une métaphore de la vie, et de la création musicale. D’abord quelque chose qui rappelle que les migrations ont, le plus souvent, été effectuées « vers l’Ouest ». Ensuite cette pointe de Bretagne qui voit l’océan atlantique se déverser en un endroit précis. Enfin cette barre, cet obstacle, qui, une fois franchi, vous révèle des espaces nouveaux, inconnus du sujet lui-même. « Y aller », c’est bien ce que nous pouvons ressentir tous quand nous acceptons le risque d’affronter l’inconnu en nous-mêmes. Se risquer à découvrir ce qu’on était – sans le savoir. « Deviens ce que tu es » finit par dire Vincent Courtois.
Musicalement, ce West est tout à fait admirable : il va chercher dans la tradition (classique) une part de sa forme (par exemple une pièce de Ligeti), l’autre vient de… l’ouest, dans la mesure où c’est la présence du jazz, sa pulsation, et toute l’histoire de l’instrument, parfois joué par des contrebassistes (Ron Carter, Oscar Pettiford, Harry Babasin, Jean-Charles Capon, Tristan Honsinger, Ernst Reijseger, Fred Katz, Tom Cora, Vincent Courtois lui-même). On est surpris de retrouver un rythme utilisé aussi par Leyla McCalla dans son « Heart Of Gold », on se laisser aller à la séduction de « Freaks », joué ici sans la participation des saxophonistes ténor.
La musique sourd, émerge, se donne elle-même à entendre. Le soliste connaît les écueils, les vagues à prendre dans le bon sens, les rocs à éviter. On aura ce soir-même le plaisir de retrouver le trio de Médiums dans une nouvelle création : Bandes Originales. On y sera.
Philippe Méziat