Jazz live
Publié le 17 Oct 2015

Jazzèbre : du "17" (rue de la Révolution Française) à Ambrose Akinmusire, olé !

Perpignan est une ville gitane, gypsy si l’on veut, pas vraiment manouche, plutôt andalou. Le quartier haut, celui dans lequel vivent les gitans de Perpignan, est aussi celui de la « Casa Musicale » dans laquelle se tenait cette année la présentation du festival. (voir notre article du 12 septembre). Cette école de musique, conservatoire populaire, est étonnamment vivante et fréquentée. Le quartier lui-même, en pente douce, assez sinistré en quelques lieux quand même, réserve de belles surprises en matière de restauration. De bouche, j’entends. Exemple : dans le bas, tout proche des années Mayol, dans la rue de la Révolution Française, au 17 précisément, se tient le « 17 », un petit restaurant qui ne paye pas de mine à l’extérieur, mais où il vaut mieux réserver. Un exemple : pour 14 euros, une entrée + un plat, le tout cuisiné avec soin, délicieux, parfumé. J’ai encore en bouche la saveur du pavé de merlu avec son risotto au jus de crevettes. Un blanc du Roussillon. C’est parfait.

Mais revenons à la musique : Perpignan a connu une époque de développement de l’enseignement du jazz (avec Serge Lazarévitch, 1988 – 2010), et un certain nombre de musiciens issus de cette époque se sont retrouvés à Montpellier pour y former divers groupes sous l’appellation générique du collectif « Koa ». Le grand ensemble du même nom était invité à jouer hier soir en première partie. Ce fut un bon concert, une belle découverte que ce nonet réduit à huit pour cause d’absence du tromboniste Pascal Bouvier. C’est Alfred Vilayleck qui a réuni cet ensemble, le dirige, assure compositions et arrangements. Écriture sensible, bien menée, avec un beau sens du développement, des ensembles, et une juste répartition des solos. A ce jeu, Samuel Mastorakis a fait entendre un superbe style au vibraphone, introduisant avec intelligence une balade bien ourlée et intervenant toujours avec à propos. 

Et puisque nous évoquons la question toujours actuelle du jazz en région, signalons que vendredi s’est tenue une réunion d’un certain nombre d’acteurs culturels liés au jazz des régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Il s’agissait d’examiner ensemble les conséquences concrètes de la future (et maintenant toute proche) réunion de ces deux régions. Qui comportent nombre de festivals et scènes de jazz, dont il serait bien qu’aucune ne passe à la trappe sous couvert de « mutualisation »… On songe à ce même type de regroupement à propos de la future « grande région » Aquitaine-Poitou-Charente-Limousin, et on se prend à imaginer qu’il n’y aurait pas grand chose à examiner…

Samuel Mastorakis

Ambrose Akinmusire (tp), Sam Harris (p), Harish Raghavan (b), Justin Brown (dm)

Il ne faut pas longtemps à l’auditeur attentionné pour se rendre compte qu’Ambrose Akinmusire n’est pas venu pour jouer le rôle du trompettiste brillant, démonstratif, et décidé à vous en rebattre les oreilles, mais pour faire de la musique. Un seul regard suffit. Derrière ses lunettes de bon élève, il cache (donc révèle) un tempérament d’homme qui sait ce qu’il veut, et de musicien à la fois accompli et appliqué. Dans le sens que Jean Paulhan donnait à cette expression. Parfaitement au fait de toute l’histoire de cet instrument « roi » dans le jazz, il cherche (et trouve) la voie étroite qui lui permette de « passer » du côté de l’invention et de la modernité sans rien renier, ou oublier, des actes précédents. On entendra donc chez lui des phrases capricantes à la Booker Little ou Woody Shaw, mais aussi des fulgurances dans l’aigu à la Roy Eldridge, sans compter l’épaisseur d’un son cuivré et patiné qui rappelle Clifford. Il sait aussi jouer des pistons pour évoquer Rex Stewart ou Clark Terry, bref rien de ce qui est « black trumpet » ne lui est étranger. Et avec ça des façons de composer qui sonnent comme lui seul, une manière d’apparaître et disparaître tout à fait surprenante, un thème final en forme de note répétée « ad infinitum », et « In A Sentimental Mood » en rappel. Magnifique et applaudi.

Ambrose Akinmusire

Aujourd’hui, pour cause de temps instable, pas de concert du Ping Pang Quartet, mais le pique-nique est maintenu.

Philippe Méziat

 

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Perpignan est une ville gitane, gypsy si l’on veut, pas vraiment manouche, plutôt andalou. Le quartier haut, celui dans lequel vivent les gitans de Perpignan, est aussi celui de la « Casa Musicale » dans laquelle se tenait cette année la présentation du festival. (voir notre article du 12 septembre). Cette école de musique, conservatoire populaire, est étonnamment vivante et fréquentée. Le quartier lui-même, en pente douce, assez sinistré en quelques lieux quand même, réserve de belles surprises en matière de restauration. De bouche, j’entends. Exemple : dans le bas, tout proche des années Mayol, dans la rue de la Révolution Française, au 17 précisément, se tient le « 17 », un petit restaurant qui ne paye pas de mine à l’extérieur, mais où il vaut mieux réserver. Un exemple : pour 14 euros, une entrée + un plat, le tout cuisiné avec soin, délicieux, parfumé. J’ai encore en bouche la saveur du pavé de merlu avec son risotto au jus de crevettes. Un blanc du Roussillon. C’est parfait.

Mais revenons à la musique : Perpignan a connu une époque de développement de l’enseignement du jazz (avec Serge Lazarévitch, 1988 – 2010), et un certain nombre de musiciens issus de cette époque se sont retrouvés à Montpellier pour y former divers groupes sous l’appellation générique du collectif « Koa ». Le grand ensemble du même nom était invité à jouer hier soir en première partie. Ce fut un bon concert, une belle découverte que ce nonet réduit à huit pour cause d’absence du tromboniste Pascal Bouvier. C’est Alfred Vilayleck qui a réuni cet ensemble, le dirige, assure compositions et arrangements. Écriture sensible, bien menée, avec un beau sens du développement, des ensembles, et une juste répartition des solos. A ce jeu, Samuel Mastorakis a fait entendre un superbe style au vibraphone, introduisant avec intelligence une balade bien ourlée et intervenant toujours avec à propos. 

Et puisque nous évoquons la question toujours actuelle du jazz en région, signalons que vendredi s’est tenue une réunion d’un certain nombre d’acteurs culturels liés au jazz des régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Il s’agissait d’examiner ensemble les conséquences concrètes de la future (et maintenant toute proche) réunion de ces deux régions. Qui comportent nombre de festivals et scènes de jazz, dont il serait bien qu’aucune ne passe à la trappe sous couvert de « mutualisation »… On songe à ce même type de regroupement à propos de la future « grande région » Aquitaine-Poitou-Charente-Limousin, et on se prend à imaginer qu’il n’y aurait pas grand chose à examiner…

Samuel Mastorakis

Ambrose Akinmusire (tp), Sam Harris (p), Harish Raghavan (b), Justin Brown (dm)

Il ne faut pas longtemps à l’auditeur attentionné pour se rendre compte qu’Ambrose Akinmusire n’est pas venu pour jouer le rôle du trompettiste brillant, démonstratif, et décidé à vous en rebattre les oreilles, mais pour faire de la musique. Un seul regard suffit. Derrière ses lunettes de bon élève, il cache (donc révèle) un tempérament d’homme qui sait ce qu’il veut, et de musicien à la fois accompli et appliqué. Dans le sens que Jean Paulhan donnait à cette expression. Parfaitement au fait de toute l’histoire de cet instrument « roi » dans le jazz, il cherche (et trouve) la voie étroite qui lui permette de « passer » du côté de l’invention et de la modernité sans rien renier, ou oublier, des actes précédents. On entendra donc chez lui des phrases capricantes à la Booker Little ou Woody Shaw, mais aussi des fulgurances dans l’aigu à la Roy Eldridge, sans compter l’épaisseur d’un son cuivré et patiné qui rappelle Clifford. Il sait aussi jouer des pistons pour évoquer Rex Stewart ou Clark Terry, bref rien de ce qui est « black trumpet » ne lui est étranger. Et avec ça des façons de composer qui sonnent comme lui seul, une manière d’apparaître et disparaître tout à fait surprenante, un thème final en forme de note répétée « ad infinitum », et « In A Sentimental Mood » en rappel. Magnifique et applaudi.

Ambrose Akinmusire

Aujourd’hui, pour cause de temps instable, pas de concert du Ping Pang Quartet, mais le pique-nique est maintenu.

Philippe Méziat

 

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Perpignan est une ville gitane, gypsy si l’on veut, pas vraiment manouche, plutôt andalou. Le quartier haut, celui dans lequel vivent les gitans de Perpignan, est aussi celui de la « Casa Musicale » dans laquelle se tenait cette année la présentation du festival. (voir notre article du 12 septembre). Cette école de musique, conservatoire populaire, est étonnamment vivante et fréquentée. Le quartier lui-même, en pente douce, assez sinistré en quelques lieux quand même, réserve de belles surprises en matière de restauration. De bouche, j’entends. Exemple : dans le bas, tout proche des années Mayol, dans la rue de la Révolution Française, au 17 précisément, se tient le « 17 », un petit restaurant qui ne paye pas de mine à l’extérieur, mais où il vaut mieux réserver. Un exemple : pour 14 euros, une entrée + un plat, le tout cuisiné avec soin, délicieux, parfumé. J’ai encore en bouche la saveur du pavé de merlu avec son risotto au jus de crevettes. Un blanc du Roussillon. C’est parfait.

Mais revenons à la musique : Perpignan a connu une époque de développement de l’enseignement du jazz (avec Serge Lazarévitch, 1988 – 2010), et un certain nombre de musiciens issus de cette époque se sont retrouvés à Montpellier pour y former divers groupes sous l’appellation générique du collectif « Koa ». Le grand ensemble du même nom était invité à jouer hier soir en première partie. Ce fut un bon concert, une belle découverte que ce nonet réduit à huit pour cause d’absence du tromboniste Pascal Bouvier. C’est Alfred Vilayleck qui a réuni cet ensemble, le dirige, assure compositions et arrangements. Écriture sensible, bien menée, avec un beau sens du développement, des ensembles, et une juste répartition des solos. A ce jeu, Samuel Mastorakis a fait entendre un superbe style au vibraphone, introduisant avec intelligence une balade bien ourlée et intervenant toujours avec à propos. 

Et puisque nous évoquons la question toujours actuelle du jazz en région, signalons que vendredi s’est tenue une réunion d’un certain nombre d’acteurs culturels liés au jazz des régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Il s’agissait d’examiner ensemble les conséquences concrètes de la future (et maintenant toute proche) réunion de ces deux régions. Qui comportent nombre de festivals et scènes de jazz, dont il serait bien qu’aucune ne passe à la trappe sous couvert de « mutualisation »… On songe à ce même type de regroupement à propos de la future « grande région » Aquitaine-Poitou-Charente-Limousin, et on se prend à imaginer qu’il n’y aurait pas grand chose à examiner…

Samuel Mastorakis

Ambrose Akinmusire (tp), Sam Harris (p), Harish Raghavan (b), Justin Brown (dm)

Il ne faut pas longtemps à l’auditeur attentionné pour se rendre compte qu’Ambrose Akinmusire n’est pas venu pour jouer le rôle du trompettiste brillant, démonstratif, et décidé à vous en rebattre les oreilles, mais pour faire de la musique. Un seul regard suffit. Derrière ses lunettes de bon élève, il cache (donc révèle) un tempérament d’homme qui sait ce qu’il veut, et de musicien à la fois accompli et appliqué. Dans le sens que Jean Paulhan donnait à cette expression. Parfaitement au fait de toute l’histoire de cet instrument « roi » dans le jazz, il cherche (et trouve) la voie étroite qui lui permette de « passer » du côté de l’invention et de la modernité sans rien renier, ou oublier, des actes précédents. On entendra donc chez lui des phrases capricantes à la Booker Little ou Woody Shaw, mais aussi des fulgurances dans l’aigu à la Roy Eldridge, sans compter l’épaisseur d’un son cuivré et patiné qui rappelle Clifford. Il sait aussi jouer des pistons pour évoquer Rex Stewart ou Clark Terry, bref rien de ce qui est « black trumpet » ne lui est étranger. Et avec ça des façons de composer qui sonnent comme lui seul, une manière d’apparaître et disparaître tout à fait surprenante, un thème final en forme de note répétée « ad infinitum », et « In A Sentimental Mood » en rappel. Magnifique et applaudi.

Ambrose Akinmusire

Aujourd’hui, pour cause de temps instable, pas de concert du Ping Pang Quartet, mais le pique-nique est maintenu.

Philippe Méziat

 

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Perpignan est une ville gitane, gypsy si l’on veut, pas vraiment manouche, plutôt andalou. Le quartier haut, celui dans lequel vivent les gitans de Perpignan, est aussi celui de la « Casa Musicale » dans laquelle se tenait cette année la présentation du festival. (voir notre article du 12 septembre). Cette école de musique, conservatoire populaire, est étonnamment vivante et fréquentée. Le quartier lui-même, en pente douce, assez sinistré en quelques lieux quand même, réserve de belles surprises en matière de restauration. De bouche, j’entends. Exemple : dans le bas, tout proche des années Mayol, dans la rue de la Révolution Française, au 17 précisément, se tient le « 17 », un petit restaurant qui ne paye pas de mine à l’extérieur, mais où il vaut mieux réserver. Un exemple : pour 14 euros, une entrée + un plat, le tout cuisiné avec soin, délicieux, parfumé. J’ai encore en bouche la saveur du pavé de merlu avec son risotto au jus de crevettes. Un blanc du Roussillon. C’est parfait.

Mais revenons à la musique : Perpignan a connu une époque de développement de l’enseignement du jazz (avec Serge Lazarévitch, 1988 – 2010), et un certain nombre de musiciens issus de cette époque se sont retrouvés à Montpellier pour y former divers groupes sous l’appellation générique du collectif « Koa ». Le grand ensemble du même nom était invité à jouer hier soir en première partie. Ce fut un bon concert, une belle découverte que ce nonet réduit à huit pour cause d’absence du tromboniste Pascal Bouvier. C’est Alfred Vilayleck qui a réuni cet ensemble, le dirige, assure compositions et arrangements. Écriture sensible, bien menée, avec un beau sens du développement, des ensembles, et une juste répartition des solos. A ce jeu, Samuel Mastorakis a fait entendre un superbe style au vibraphone, introduisant avec intelligence une balade bien ourlée et intervenant toujours avec à propos. 

Et puisque nous évoquons la question toujours actuelle du jazz en région, signalons que vendredi s’est tenue une réunion d’un certain nombre d’acteurs culturels liés au jazz des régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Il s’agissait d’examiner ensemble les conséquences concrètes de la future (et maintenant toute proche) réunion de ces deux régions. Qui comportent nombre de festivals et scènes de jazz, dont il serait bien qu’aucune ne passe à la trappe sous couvert de « mutualisation »… On songe à ce même type de regroupement à propos de la future « grande région » Aquitaine-Poitou-Charente-Limousin, et on se prend à imaginer qu’il n’y aurait pas grand chose à examiner…

Samuel Mastorakis

Ambrose Akinmusire (tp), Sam Harris (p), Harish Raghavan (b), Justin Brown (dm)

Il ne faut pas longtemps à l’auditeur attentionné pour se rendre compte qu’Ambrose Akinmusire n’est pas venu pour jouer le rôle du trompettiste brillant, démonstratif, et décidé à vous en rebattre les oreilles, mais pour faire de la musique. Un seul regard suffit. Derrière ses lunettes de bon élève, il cache (donc révèle) un tempérament d’homme qui sait ce qu’il veut, et de musicien à la fois accompli et appliqué. Dans le sens que Jean Paulhan donnait à cette expression. Parfaitement au fait de toute l’histoire de cet instrument « roi » dans le jazz, il cherche (et trouve) la voie étroite qui lui permette de « passer » du côté de l’invention et de la modernité sans rien renier, ou oublier, des actes précédents. On entendra donc chez lui des phrases capricantes à la Booker Little ou Woody Shaw, mais aussi des fulgurances dans l’aigu à la Roy Eldridge, sans compter l’épaisseur d’un son cuivré et patiné qui rappelle Clifford. Il sait aussi jouer des pistons pour évoquer Rex Stewart ou Clark Terry, bref rien de ce qui est « black trumpet » ne lui est étranger. Et avec ça des façons de composer qui sonnent comme lui seul, une manière d’apparaître et disparaître tout à fait surprenante, un thème final en forme de note répétée « ad infinitum », et « In A Sentimental Mood » en rappel. Magnifique et applaudi.

Ambrose Akinmusire

Aujourd’hui, pour cause de temps instable, pas de concert du Ping Pang Quartet, mais le pique-nique est maintenu.

Philippe Méziat