Silence, ça tourne vraiment rond à Vitrolles avec le Chut! de Fabrice Martinez (2)
La journée avait bien commencé : sur France Musique, le samedi 12 décembre on pouvait (re)découvrir Frank Sinatra, son parcours tumultueux et surtout entendre les chansons exaltant son amour du jazz, en compagnie de producteurs/animateurs talentueux comme Arnaud Merlin qui dressait la liste des formidables arrangeurs ou de Thierry Jousse et Laurent Valero, qui, sur Easy Tempo exploraient la veine pop de ses albums des années soixante-dix. Parce que, pour tout vous dire, j’ai un peu grandi avec Sinatra, le crooner et l’acteur… Aussi, quand un ami me proposa d’aller passer la soirée au Moulin à Jazz de Vitrolles pour écouter le trompettiste Fabrice Martinez et son groupe CHUT! , j’étais dans de très bonnes dispositions pour plonger dans un bain de musiques actuelles.
Fabrice Martinez Chut! Le Moulin à Jazz Vitrolles, samedi 12 décembre, 21h.
Fabrice Martinez (trompette, bugle), Fred Escoffier (piano, fender), Stéphane Decolly (basse), Eric Echampard (batterie) et en guest Stéphane Barelt (guitare).
Et il est certain que l’on allait pouvoir fêter avec un peu d’avance la fin d’année avec un programme original, intense et décoiffant. Le groupe du trompettiste, créé en 2005, se caractérise par une musique libre, creative, décomplexée, assez difficile à définir, sans trop de limites; à l’image du leader, musicien inclassable qui a suivi sur de grandes scènes Higelin, Sergent Garcia, Alpha Blondy. Pour le versant jazz , on l’entend actuellement dans l’ONJ d’Olivier Benoît, mais il a fait partie, depuis ses origines, du Sacre du Tympan de Fred Pallem (le premier bassiste de Chut!), d’Archimusic, du grand Louzadsak, du Supersonic de Thomas de Pourquery, du Mégaoctet d’Andy Emler. C’est d’ailleurs dans ce groupe que je l’ai entendu pour la première fois lors du festival de Jazz à la Tour d’Aigues, remplaçant Laurent Blondiau , lui-même reprenant le rôle de Médo Collignon, natif de Charleville Mézières. Ce détail géographique a son importance car le pianiste et le guitariste sont aussi ardennais et se connaissent depuis longtemps. Fabrice Martinez avouera d’ailleurs au cours du concert que s’il peut suivre son inspiration, c’est qu’il joue avec des gens qu’il aime. Elle se sent , la cohésion de groupe et cette interaction si efficace quand il s’agit de jouer vite. Ce sera mon ressenti pendant tout le concert : aucun temps mort, du solide et concentré, un jazz aux contours très progressifs, des thèmes qui semblent se réinventer en direct, dans la seconde, sans filtre et sans filet avec parfois les aléas du son. Il faut dire que, quand on peut s’appuyer sur la précision et la puissance de frappe d’un Echampard ( « Nino et les nuages » ), la partie est (presque) gagnée. Le batteur aidé du bassiste sobre, rigoureux, impeccable ( Decolly joue dans Crlustraude, Rigolus, Zoo(t)) impartissent un rythme d’une intensité infernale, dessinant l’assise idéale pour poser les inflexions du soliste. « Perlé » est le premier titre, dédié au saxophoniste ami et admiré, Rémi Sciutto : un jet de notes égrené avec une netteté particulière qui installent un climat inquiétant, tout en tension et sans trop de détente. Résolution improbable aussi pour « lalou et la lumière », un son déchirant, une plainte qui reste longtemps dans l’oreille. Dans « Thèse », l’ambiance est angoissante comme dans un thriller, avec un sourd crescendo, exacerbé par la guitare électrique déjantée de Stéphane Bartelt soutenant les volutes énervées du trompettiste. Peu de moments apaisés comme au début du deuxième set où piano et trompette dialoguent intimement : l’accord avec Fred Escoffier est sans doute l’une des clés du succès de la musique du groupe, forte et singulière. On pourrait penser à un concept album tant les morceaux s’enchaînent avec fluidité, qu’ils soient du leader ou du pianiste qui a écrit le superbe « métabaron »et « derrière la colline » ( inspiré du paysage qu’il voit de chez lui, dans le parc régional du Pilat près de Lyon). Ils nous racontent des histoires sensibles où le trompettiste passe par tous les états, du velouté au strident, vibrant sur tous les registres de son instrument. Et il nous donne en plus la primeur de quelques titres du prochain album REBIRTH, à sortir en mai prochain, produit-maison de la JAZZ FABRIC inaugurée au Carreau du Temple, véritable labo de création qui permet d’entendre les musiciens de l’ ONJ dans leur propres projets. C’est dans ce même lieu qu’en octobre 2014, avait d’ailleurs été enregistré sur l’autre label dématérialisé Ajmilive, Chut! fait du bruit. Tout à fait adapté au final brûlant jusqu’au vertige, qui met le public en transe (c’est son titre). Il faudra deux rappels pour que le concert s’arrête… Merci à la vaillante et toujours résistante équipe de Charlie free qui nous permet d’entendre en une période délicate, une musique ardente, sans modération. Ce qui nous réconcilie, si besoin était, avec la complexité de sons et rythmes libres. On se laisse bien volontiers emporter par une déferlante aussi réjouissante.
Sophie Chambon|La journée avait bien commencé : sur France Musique, le samedi 12 décembre on pouvait (re)découvrir Frank Sinatra, son parcours tumultueux et surtout entendre les chansons exaltant son amour du jazz, en compagnie de producteurs/animateurs talentueux comme Arnaud Merlin qui dressait la liste des formidables arrangeurs ou de Thierry Jousse et Laurent Valero, qui, sur Easy Tempo exploraient la veine pop de ses albums des années soixante-dix. Parce que, pour tout vous dire, j’ai un peu grandi avec Sinatra, le crooner et l’acteur… Aussi, quand un ami me proposa d’aller passer la soirée au Moulin à Jazz de Vitrolles pour écouter le trompettiste Fabrice Martinez et son groupe CHUT! , j’étais dans de très bonnes dispositions pour plonger dans un bain de musiques actuelles.
Fabrice Martinez Chut! Le Moulin à Jazz Vitrolles, samedi 12 décembre, 21h.
Fabrice Martinez (trompette, bugle), Fred Escoffier (piano, fender), Stéphane Decolly (basse), Eric Echampard (batterie) et en guest Stéphane Barelt (guitare).
Et il est certain que l’on allait pouvoir fêter avec un peu d’avance la fin d’année avec un programme original, intense et décoiffant. Le groupe du trompettiste, créé en 2005, se caractérise par une musique libre, creative, décomplexée, assez difficile à définir, sans trop de limites; à l’image du leader, musicien inclassable qui a suivi sur de grandes scènes Higelin, Sergent Garcia, Alpha Blondy. Pour le versant jazz , on l’entend actuellement dans l’ONJ d’Olivier Benoît, mais il a fait partie, depuis ses origines, du Sacre du Tympan de Fred Pallem (le premier bassiste de Chut!), d’Archimusic, du grand Louzadsak, du Supersonic de Thomas de Pourquery, du Mégaoctet d’Andy Emler. C’est d’ailleurs dans ce groupe que je l’ai entendu pour la première fois lors du festival de Jazz à la Tour d’Aigues, remplaçant Laurent Blondiau , lui-même reprenant le rôle de Médo Collignon, natif de Charleville Mézières. Ce détail géographique a son importance car le pianiste et le guitariste sont aussi ardennais et se connaissent depuis longtemps. Fabrice Martinez avouera d’ailleurs au cours du concert que s’il peut suivre son inspiration, c’est qu’il joue avec des gens qu’il aime. Elle se sent , la cohésion de groupe et cette interaction si efficace quand il s’agit de jouer vite. Ce sera mon ressenti pendant tout le concert : aucun temps mort, du solide et concentré, un jazz aux contours très progressifs, des thèmes qui semblent se réinventer en direct, dans la seconde, sans filtre et sans filet avec parfois les aléas du son. Il faut dire que, quand on peut s’appuyer sur la précision et la puissance de frappe d’un Echampard ( « Nino et les nuages » ), la partie est (presque) gagnée. Le batteur aidé du bassiste sobre, rigoureux, impeccable ( Decolly joue dans Crlustraude, Rigolus, Zoo(t)) impartissent un rythme d’une intensité infernale, dessinant l’assise idéale pour poser les inflexions du soliste. « Perlé » est le premier titre, dédié au saxophoniste ami et admiré, Rémi Sciutto : un jet de notes égrené avec une netteté particulière qui installent un climat inquiétant, tout en tension et sans trop de détente. Résolution improbable aussi pour « lalou et la lumière », un son déchirant, une plainte qui reste longtemps dans l’oreille. Dans « Thèse », l’ambiance est angoissante comme dans un thriller, avec un sourd crescendo, exacerbé par la guitare électrique déjantée de Stéphane Bartelt soutenant les volutes énervées du trompettiste. Peu de moments apaisés comme au début du deuxième set où piano et trompette dialoguent intimement : l’accord avec Fred Escoffier est sans doute l’une des clés du succès de la musique du groupe, forte et singulière. On pourrait penser à un concept album tant les morceaux s’enchaînent avec fluidité, qu’ils soient du leader ou du pianiste qui a écrit le superbe « métabaron »et « derrière la colline » ( inspiré du paysage qu’il voit de chez lui, dans le parc régional du Pilat près de Lyon). Ils nous racontent des histoires sensibles où le trompettiste passe par tous les états, du velouté au strident, vibrant sur tous les registres de son instrument. Et il nous donne en plus la primeur de quelques titres du prochain album REBIRTH, à sortir en mai prochain, produit-maison de la JAZZ FABRIC inaugurée au Carreau du Temple, véritable labo de création qui permet d’entendre les musiciens de l’ ONJ dans leur propres projets. C’est dans ce même lieu qu’en octobre 2014, avait d’ailleurs été enregistré sur l’autre label dématérialisé Ajmilive, Chut! fait du bruit. Tout à fait adapté au final brûlant jusqu’au vertige, qui met le public en transe (c’est son titre). Il faudra deux rappels pour que le concert s’arrête… Merci à la vaillante et toujours résistante équipe de Charlie free qui nous permet d’entendre en une période délicate, une musique ardente, sans modération. Ce qui nous réconcilie, si besoin était, avec la complexité de sons et rythmes libres. On se laisse bien volontiers emporter par une déferlante aussi réjouissante.
Sophie Chambon|La journée avait bien commencé : sur France Musique, le samedi 12 décembre on pouvait (re)découvrir Frank Sinatra, son parcours tumultueux et surtout entendre les chansons exaltant son amour du jazz, en compagnie de producteurs/animateurs talentueux comme Arnaud Merlin qui dressait la liste des formidables arrangeurs ou de Thierry Jousse et Laurent Valero, qui, sur Easy Tempo exploraient la veine pop de ses albums des années soixante-dix. Parce que, pour tout vous dire, j’ai un peu grandi avec Sinatra, le crooner et l’acteur… Aussi, quand un ami me proposa d’aller passer la soirée au Moulin à Jazz de Vitrolles pour écouter le trompettiste Fabrice Martinez et son groupe CHUT! , j’étais dans de très bonnes dispositions pour plonger dans un bain de musiques actuelles.
Fabrice Martinez Chut! Le Moulin à Jazz Vitrolles, samedi 12 décembre, 21h.
Fabrice Martinez (trompette, bugle), Fred Escoffier (piano, fender), Stéphane Decolly (basse), Eric Echampard (batterie) et en guest Stéphane Barelt (guitare).
Et il est certain que l’on allait pouvoir fêter avec un peu d’avance la fin d’année avec un programme original, intense et décoiffant. Le groupe du trompettiste, créé en 2005, se caractérise par une musique libre, creative, décomplexée, assez difficile à définir, sans trop de limites; à l’image du leader, musicien inclassable qui a suivi sur de grandes scènes Higelin, Sergent Garcia, Alpha Blondy. Pour le versant jazz , on l’entend actuellement dans l’ONJ d’Olivier Benoît, mais il a fait partie, depuis ses origines, du Sacre du Tympan de Fred Pallem (le premier bassiste de Chut!), d’Archimusic, du grand Louzadsak, du Supersonic de Thomas de Pourquery, du Mégaoctet d’Andy Emler. C’est d’ailleurs dans ce groupe que je l’ai entendu pour la première fois lors du festival de Jazz à la Tour d’Aigues, remplaçant Laurent Blondiau , lui-même reprenant le rôle de Médo Collignon, natif de Charleville Mézières. Ce détail géographique a son importance car le pianiste et le guitariste sont aussi ardennais et se connaissent depuis longtemps. Fabrice Martinez avouera d’ailleurs au cours du concert que s’il peut suivre son inspiration, c’est qu’il joue avec des gens qu’il aime. Elle se sent , la cohésion de groupe et cette interaction si efficace quand il s’agit de jouer vite. Ce sera mon ressenti pendant tout le concert : aucun temps mort, du solide et concentré, un jazz aux contours très progressifs, des thèmes qui semblent se réinventer en direct, dans la seconde, sans filtre et sans filet avec parfois les aléas du son. Il faut dire que, quand on peut s’appuyer sur la précision et la puissance de frappe d’un Echampard ( « Nino et les nuages » ), la partie est (presque) gagnée. Le batteur aidé du bassiste sobre, rigoureux, impeccable ( Decolly joue dans Crlustraude, Rigolus, Zoo(t)) impartissent un rythme d’une intensité infernale, dessinant l’assise idéale pour poser les inflexions du soliste. « Perlé » est le premier titre, dédié au saxophoniste ami et admiré, Rémi Sciutto : un jet de notes égrené avec une netteté particulière qui installent un climat inquiétant, tout en tension et sans trop de détente. Résolution improbable aussi pour « lalou et la lumière », un son déchirant, une plainte qui reste longtemps dans l’oreille. Dans « Thèse », l’ambiance est angoissante comme dans un thriller, avec un sourd crescendo, exacerbé par la guitare électrique déjantée de Stéphane Bartelt soutenant les volutes énervées du trompettiste. Peu de moments apaisés comme au début du deuxième set où piano et trompette dialoguent intimement : l’accord avec Fred Escoffier est sans doute l’une des clés du succès de la musique du groupe, forte et singulière. On pourrait penser à un concept album tant les morceaux s’enchaînent avec fluidité, qu’ils soient du leader ou du pianiste qui a écrit le superbe « métabaron »et « derrière la colline » ( inspiré du paysage qu’il voit de chez lui, dans le parc régional du Pilat près de Lyon). Ils nous racontent des histoires sensibles où le trompettiste passe par tous les états, du velouté au strident, vibrant sur tous les registres de son instrument. Et il nous donne en plus la primeur de quelques titres du prochain album REBIRTH, à sortir en mai prochain, produit-maison de la JAZZ FABRIC inaugurée au Carreau du Temple, véritable labo de création qui permet d’entendre les musiciens de l’ ONJ dans leur propres projets. C’est dans ce même lieu qu’en octobre 2014, avait d’ailleurs été enregistré sur l’autre label dématérialisé Ajmilive, Chut! fait du bruit. Tout à fait adapté au final brûlant jusqu’au vertige, qui met le public en transe (c’est son titre). Il faudra deux rappels pour que le concert s’arrête… Merci à la vaillante et toujours résistante équipe de Charlie free qui nous permet d’entendre en une période délicate, une musique ardente, sans modération. Ce qui nous réconcilie, si besoin était, avec la complexité de sons et rythmes libres. On se laisse bien volontiers emporter par une déferlante aussi réjouissante.
Sophie Chambon|La journée avait bien commencé : sur France Musique, le samedi 12 décembre on pouvait (re)découvrir Frank Sinatra, son parcours tumultueux et surtout entendre les chansons exaltant son amour du jazz, en compagnie de producteurs/animateurs talentueux comme Arnaud Merlin qui dressait la liste des formidables arrangeurs ou de Thierry Jousse et Laurent Valero, qui, sur Easy Tempo exploraient la veine pop de ses albums des années soixante-dix. Parce que, pour tout vous dire, j’ai un peu grandi avec Sinatra, le crooner et l’acteur… Aussi, quand un ami me proposa d’aller passer la soirée au Moulin à Jazz de Vitrolles pour écouter le trompettiste Fabrice Martinez et son groupe CHUT! , j’étais dans de très bonnes dispositions pour plonger dans un bain de musiques actuelles.
Fabrice Martinez Chut! Le Moulin à Jazz Vitrolles, samedi 12 décembre, 21h.
Fabrice Martinez (trompette, bugle), Fred Escoffier (piano, fender), Stéphane Decolly (basse), Eric Echampard (batterie) et en guest Stéphane Barelt (guitare).
Et il est certain que l’on allait pouvoir fêter avec un peu d’avance la fin d’année avec un programme original, intense et décoiffant. Le groupe du trompettiste, créé en 2005, se caractérise par une musique libre, creative, décomplexée, assez difficile à définir, sans trop de limites; à l’image du leader, musicien inclassable qui a suivi sur de grandes scènes Higelin, Sergent Garcia, Alpha Blondy. Pour le versant jazz , on l’entend actuellement dans l’ONJ d’Olivier Benoît, mais il a fait partie, depuis ses origines, du Sacre du Tympan de Fred Pallem (le premier bassiste de Chut!), d’Archimusic, du grand Louzadsak, du Supersonic de Thomas de Pourquery, du Mégaoctet d’Andy Emler. C’est d’ailleurs dans ce groupe que je l’ai entendu pour la première fois lors du festival de Jazz à la Tour d’Aigues, remplaçant Laurent Blondiau , lui-même reprenant le rôle de Médo Collignon, natif de Charleville Mézières. Ce détail géographique a son importance car le pianiste et le guitariste sont aussi ardennais et se connaissent depuis longtemps. Fabrice Martinez avouera d’ailleurs au cours du concert que s’il peut suivre son inspiration, c’est qu’il joue avec des gens qu’il aime. Elle se sent , la cohésion de groupe et cette interaction si efficace quand il s’agit de jouer vite. Ce sera mon ressenti pendant tout le concert : aucun temps mort, du solide et concentré, un jazz aux contours très progressifs, des thèmes qui semblent se réinventer en direct, dans la seconde, sans filtre et sans filet avec parfois les aléas du son. Il faut dire que, quand on peut s’appuyer sur la précision et la puissance de frappe d’un Echampard ( « Nino et les nuages » ), la partie est (presque) gagnée. Le batteur aidé du bassiste sobre, rigoureux, impeccable ( Decolly joue dans Crlustraude, Rigolus, Zoo(t)) impartissent un rythme d’une intensité infernale, dessinant l’assise idéale pour poser les inflexions du soliste. « Perlé » est le premier titre, dédié au saxophoniste ami et admiré, Rémi Sciutto : un jet de notes égrené avec une netteté particulière qui installent un climat inquiétant, tout en tension et sans trop de détente. Résolution improbable aussi pour « lalou et la lumière », un son déchirant, une plainte qui reste longtemps dans l’oreille. Dans « Thèse », l’ambiance est angoissante comme dans un thriller, avec un sourd crescendo, exacerbé par la guitare électrique déjantée de Stéphane Bartelt soutenant les volutes énervées du trompettiste. Peu de moments apaisés comme au début du deuxième set où piano et trompette dialoguent intimement : l’accord avec Fred Escoffier est sans doute l’une des clés du succès de la musique du groupe, forte et singulière. On pourrait penser à un concept album tant les morceaux s’enchaînent avec fluidité, qu’ils soient du leader ou du pianiste qui a écrit le superbe « métabaron »et « derrière la colline » ( inspiré du paysage qu’il voit de chez lui, dans le parc régional du Pilat près de Lyon). Ils nous racontent des histoires sensibles où le trompettiste passe par tous les états, du velouté au strident, vibrant sur tous les registres de son instrument. Et il nous donne en plus la primeur de quelques titres du prochain album REBIRTH, à sortir en mai prochain, produit-maison de la JAZZ FABRIC inaugurée au Carreau du Temple, véritable labo de création qui permet d’entendre les musiciens de l’ ONJ dans leur propres projets. C’est dans ce même lieu qu’en octobre 2014, avait d’ailleurs été enregistré sur l’autre label dématérialisé Ajmilive, Chut! fait du bruit. Tout à fait adapté au final brûlant jusqu’au vertige, qui met le public en transe (c’est son titre). Il faudra deux rappels pour que le concert s’arrête… Merci à la vaillante et toujours résistante équipe de Charlie free qui nous permet d’entendre en une période délicate, une musique ardente, sans modération. Ce qui nous réconcilie, si besoin était, avec la complexité de sons et rythmes libres. On se laisse bien volontiers emporter par une déferlante aussi réjouissante.
Sophie Chambon