L’Académie du jazz : soixante ans, voire plus…
Très vieille dame au regard de la chronologie accélérée que lui a fait traverser une multitude de bouleversements esthétiques, l’Académie du jazz dévoilait son palmarès de l’année 2015 ce lundi 8 février lors d’un concert donné au Théâtre du Châtelet qui fut aussi l’occasion de fêter son 60ème anniversaire… avec un peu de retard.
Carbone 14
Tantôt datés de l’année d’exercice pour laquelle le musicien est distingué, tantôt de l’année au cours de laquelle il se voit remettre son prix, les palmarès et référendums constituent toujours un casse-tête pour l’historien du point de vue de leur datation. Prenez le dernier palmarès de l’Académie du jazz. Il est rendu public en 2016 déjà bien entamé, or les votes datent de fin 2015 et en s’appuyant sur les parutions et prestations de l’année écoulée.
Farfouillant dans mes notes, je trouve que l’Académie du jazz est créée – avec Jean Cocteau comme président d’honneur et André Hodeir comme président – en 1954, ce que confirme la Chronologie du jazz de Philippe Baudoin (Outre Mesure) qui date cependant le premier prix Django Reinhardt, décerné à Guy Lafitte, de 1955 sans préciser la date de remise ni l’année d’exercice concernée. Mais ayant l’idée de fourailler dans les Autres Ecrits sur le jazz de Boris Vian (réunis par Claude Rameil en 1981 pour Christian Bourgois Editeur,) je tombe sur un article du 9 juin 1954 pour la revue Arts où l’on peut lire : « C’est salle Pleyel que s’est tenu le salon de cette année […] Comme de coutume, les concerts alternaient régulièrement avec les présentations de courts métrages consacrés au jazz, et cette année même on a pu assister à la création d’une académie nouvelle, l’Académie du jazz, qui décerna un Oscar mérité au meilleur disque de l’année, en l’espèce un microsillon du grand vibraphoniste Milton Jackson, tandis que le prix Django Reinhardt, fondé en mémoire du fameux gitan, était attribué au saxo ténor Guy Lafitte. »
De même, l’année suivante, on apprend à la lecture du numéro 8 de Jazz Magazine (juillet-août 1955) que Martial Solal s’est vu remettre le Prix Django Reinhardt, prix daté de 1956 tant par Baudoin que par le site de l’Académie. Idem pour Christian Chevallier dont le Prix Django Reinhardt pour son disque “Formidable” est retardé d’un an dans les sources actuelles, celui de Barney Wilen annoncé dans le numéro 29 de juillet-août 1957 (« Le Prix Django Reinhardt a été attribué à Barney Wilen, au 8ème tour, par 8 voix contre 7 ») étant daté de 1958 par Beaudoin et le site de l’Académie. Il va falloir remettre de l’ordre dans tout ça, quoique les choses semblent se recaler avec le prix suivant annoncé dans le numéro 54 de février 1959 : « Roger Guérin vient d’obtenir le Prix Django Reinhardt. Ainsi en ont décidé les académiciens qui l’ont élu par six voix contre cinq à Claude Bolling. Au cours de cette manifestation qui se déroula cette année au studio Hoche (les assistants regrettaient le pittoresque de la piscine Deligny), André Hodeir, président, annonça l’Oscar attribué à “Miles Ahead” de Miles Davis. Le Prix Fats Waller couronna les rééditions des chefs d’œuvre de Charlie Parker publiés en microsillon par Savoy. La cérémonie fut clôturée par une jam session qui mit en valeur trois anciens prix Django Reinhardt : Guy Lafitte, Martial Solal et Christian Chevallier. Barney Wilen avait oublié son ténor. »
Etourneaux, rosbeef et mangeurs de grenouilles
Ni studio Hoche ni piscine Deligny, mais c’est au Théâtre du Châtelet où personne ne se présenta en maillot de bain, que François Lacharme présenta ce concert des “60 ans” dans la fonction autrefois occupée par Hodeir, avec une sobriété à laquelle il nous avait peu habitués lors des précédentes cérémonies du palmarès. En première partie, l’exercice du all stars d’anciens lauréats du Prix Django Reinhardt aurait pu faire fuir, mais la distribution inspirait au moins une curiosité qui ne fut pas déçue. Une affiche vraie d’artistes vrais, authentiques, sans frime, dévoués à la musique, ayant en commun – en dépit de différences esthétiques qui faisaient l’intérêt de la confrontation – un vocabulaire garant de la possibilité d’une rencontre, d’une entente, d’un échange, de la surprise féconde. Ouverture solo par le vétéran, René Urtreger, Prix Django Reinhardt 1961, tel qu’en lui-même aujourd’hui, au-delà de l’héritage budpowellien auquel il est coutumier de le réduire. Puis entrées et sorties, au gré des combinaisons orchestrales, d’autres anciens Prix Django Reinhardt : Airelle Besson aérienne, Eric Lelann insaisissable, Pierrick Pedron précis et voltigeur comme un faucon pélerin, Géraldine Laurent précise et nerveuse comme un vol d’étourneaux, Stéphane Guillaume royal comme un milan, tous assistés au sol par les deux contrôleurs du ciel Henri Texier et Simon Goubert. Ça aurait pu n’être qu’une molle et longue jam session. C’était vif et ramassé comme le track listing d’un bon disque.
Entracte, puis on retrouve François Lacharme sur scène pour la proclamation du palmarès 2015 (complet en note à ce texte). Sans traîner, mais en profitant de la présence de quatre des lauréats : Géraldine Laurent que l’on vient d’entendre, Grand Prix du disque français pour “At Work”, Philippe Milanta que l’on va entendre, Prix du jazz classique pour “Duke and Paul” cosigné avec André Villéger, John Surman également au programme de la seconde partie (je retrouve le grand dadais joufflu dont la photo en pantalon à gros carreaux dans le bulletin d’information du TNP de Jean Vilar feuilleté chez mes parents m’avait attiré en mars 1970 Salle Gémier pour entendre The Trio – John Surman, Barre Philipps, Stu Martin – mon deuxième concert de jazz, le premier où je me suis senti chez moi) et qui dit combien il est touché par de Prix du musicien européen remis par des Français à un Rosbeef ! Paul Lay enfin, Prix Django Reinhardt, sûrement encore inconnu de la grande majorité du public de ce soir au Châtelet, qu’il retourne à son avantage en quelques chorus solo intenses et brillantissimes sur le Steinway qui lui est prêté chronomètre en main.
Harlem Suite et Passion Flower
Car le Duke Orchestra est en coulisses que l’on a entendu piaffer et hennir pendant la proclamation. Et justement, le voilà qui entre (où l’on retrouve Philippe Milanta), s’installe et lance son premier tour de piste emmené par son Monsieur Loyal, Laurent Mignard, que d’aucuns dénigreront. Ils auraient dénigré les manières de Duke, comme la direction de Jimmie Lunceford ou Lucky Millinder. Mignard est à la manœuvre jour après jour pour alimenter le répertoire (telle la Harlem Suite reprise au Châtelet) et faire jouer cette énormité d’orchestre en un temps où – baisse des budgets oblige – les organisateurs hésitent devant un quintette comme autrefois devant un big band. Et sur scène, Mignard est là pour galvaniser un orchestre qui roule avec la puissance d’un 15 tonnes et les accélérations d’une formule 1. Si ridicule il y eut, ce fut plutôt cette espèce de plat de pop corn dégoulinant de saccharose proposé à l’orchestre par Jean-Luc Ponty qui, depuis son Prix Django Reinhardt en 1966, semble n’avoir retenu de ses heures de gloire qu’une collection de clichés violonistiques. Surman quant à lui apporta une belle partition de son vieil ami John Warren sur le Passion Flower, qu’il introduisit seul par de saisissantes variations de soprano, en de longues phrases rendues possibles par ce souffle continu qui chez lui est, tout sauf un gimmick, une sorte d’élan. Certains grincèrent des dents à l’arrivée de Sanseverino. C’est vrai qu’entré un peu précipitamment, il mit deux bons chorus à retomber sur ses pieds, mais l’heure était au final, à l’anniversaire, au gâteau qui n’arriva pas et qu’il remplaça à la façon d’un Leo Watson que les grincheux n’auraient certainement pas boudé, alors que…
Encore un mot. Je venais à reculons à cette soirée. Craignant d’une part, comme beaucoup, les assommantes longueurs des précédents palmarès (et dont on a vu qu’ils furent évités), d’autre part une sono qui me gâcha tous les concerts de jazz au Châtelet auxquels je fus convié ces dernières années. Le 8 février, il n’en fut rien. Pas de sonorisateur cherchant à m’asseoir le bassiste sur les genoux ou à faire sauter le théâtre hors de ses murs, mais un respect de l’espace, de l’acoustique, et de musiciens assez grands pour faire le son eux-mêmes. Il y a longtemps que je n’ai pas entendu une balance aussi précise dans un espace si grand. Ce qui donne tout son sens au projet de Mignard et son orchestre de faire ressusciter ce répertoire ellingtonien. Franck Bergerot
Palmarès 2015 de l’Académie du jazz :
Prix Django Reinhardt : Paul Lay
Grand Prix : Fred Hersch “Solo” (Palmetto)
Grand Prix du disques français : Géraldine Laurent “At Work” (Gazebo)
Prix du musicien européen : John Surman
Prix de la meilleure réédition : Erroll Garner “The Complete Concert By The Sea” (Columbia)
Prix du jazz Classique : André Villéger et Philippe Milanta “For Duke And Paul” (Camille)
Prix du jazz vocal : Cécile McLorin Salvant “For One To Love” (Mack Avenue)
Prix soul : Tad Robinson “Day Into Night” (Severn Records)
Prix blues : Harrison Kennedy “This Is From Here” (Dixiefrog)
Prix du livre de jazz : Julia Blackburn “Lady in Satin” (Rivage Rouge/Payot)|Très vieille dame au regard de la chronologie accélérée que lui a fait traverser une multitude de bouleversements esthétiques, l’Académie du jazz dévoilait son palmarès de l’année 2015 ce lundi 8 février lors d’un concert donné au Théâtre du Châtelet qui fut aussi l’occasion de fêter son 60ème anniversaire… avec un peu de retard.
Carbone 14
Tantôt datés de l’année d’exercice pour laquelle le musicien est distingué, tantôt de l’année au cours de laquelle il se voit remettre son prix, les palmarès et référendums constituent toujours un casse-tête pour l’historien du point de vue de leur datation. Prenez le dernier palmarès de l’Académie du jazz. Il est rendu public en 2016 déjà bien entamé, or les votes datent de fin 2015 et en s’appuyant sur les parutions et prestations de l’année écoulée.
Farfouillant dans mes notes, je trouve que l’Académie du jazz est créée – avec Jean Cocteau comme président d’honneur et André Hodeir comme président – en 1954, ce que confirme la Chronologie du jazz de Philippe Baudoin (Outre Mesure) qui date cependant le premier prix Django Reinhardt, décerné à Guy Lafitte, de 1955 sans préciser la date de remise ni l’année d’exercice concernée. Mais ayant l’idée de fourailler dans les Autres Ecrits sur le jazz de Boris Vian (réunis par Claude Rameil en 1981 pour Christian Bourgois Editeur,) je tombe sur un article du 9 juin 1954 pour la revue Arts où l’on peut lire : « C’est salle Pleyel que s’est tenu le salon de cette année […] Comme de coutume, les concerts alternaient régulièrement avec les présentations de courts métrages consacrés au jazz, et cette année même on a pu assister à la création d’une académie nouvelle, l’Académie du jazz, qui décerna un Oscar mérité au meilleur disque de l’année, en l’espèce un microsillon du grand vibraphoniste Milton Jackson, tandis que le prix Django Reinhardt, fondé en mémoire du fameux gitan, était attribué au saxo ténor Guy Lafitte. »
De même, l’année suivante, on apprend à la lecture du numéro 8 de Jazz Magazine (juillet-août 1955) que Martial Solal s’est vu remettre le Prix Django Reinhardt, prix daté de 1956 tant par Baudoin que par le site de l’Académie. Idem pour Christian Chevallier dont le Prix Django Reinhardt pour son disque “Formidable” est retardé d’un an dans les sources actuelles, celui de Barney Wilen annoncé dans le numéro 29 de juillet-août 1957 (« Le Prix Django Reinhardt a été attribué à Barney Wilen, au 8ème tour, par 8 voix contre 7 ») étant daté de 1958 par Beaudoin et le site de l’Académie. Il va falloir remettre de l’ordre dans tout ça, quoique les choses semblent se recaler avec le prix suivant annoncé dans le numéro 54 de février 1959 : « Roger Guérin vient d’obtenir le Prix Django Reinhardt. Ainsi en ont décidé les académiciens qui l’ont élu par six voix contre cinq à Claude Bolling. Au cours de cette manifestation qui se déroula cette année au studio Hoche (les assistants regrettaient le pittoresque de la piscine Deligny), André Hodeir, président, annonça l’Oscar attribué à “Miles Ahead” de Miles Davis. Le Prix Fats Waller couronna les rééditions des chefs d’œuvre de Charlie Parker publiés en microsillon par Savoy. La cérémonie fut clôturée par une jam session qui mit en valeur trois anciens prix Django Reinhardt : Guy Lafitte, Martial Solal et Christian Chevallier. Barney Wilen avait oublié son ténor. »
Etourneaux, rosbeef et mangeurs de grenouilles
Ni studio Hoche ni piscine Deligny, mais c’est au Théâtre du Châtelet où personne ne se présenta en maillot de bain, que François Lacharme présenta ce concert des “60 ans” dans la fonction autrefois occupée par Hodeir, avec une sobriété à laquelle il nous avait peu habitués lors des précédentes cérémonies du palmarès. En première partie, l’exercice du all stars d’anciens lauréats du Prix Django Reinhardt aurait pu faire fuir, mais la distribution inspirait au moins une curiosité qui ne fut pas déçue. Une affiche vraie d’artistes vrais, authentiques, sans frime, dévoués à la musique, ayant en commun – en dépit de différences esthétiques qui faisaient l’intérêt de la confrontation – un vocabulaire garant de la possibilité d’une rencontre, d’une entente, d’un échange, de la surprise féconde. Ouverture solo par le vétéran, René Urtreger, Prix Django Reinhardt 1961, tel qu’en lui-même aujourd’hui, au-delà de l’héritage budpowellien auquel il est coutumier de le réduire. Puis entrées et sorties, au gré des combinaisons orchestrales, d’autres anciens Prix Django Reinhardt : Airelle Besson aérienne, Eric Lelann insaisissable, Pierrick Pedron précis et voltigeur comme un faucon pélerin, Géraldine Laurent précise et nerveuse comme un vol d’étourneaux, Stéphane Guillaume royal comme un milan, tous assistés au sol par les deux contrôleurs du ciel Henri Texier et Simon Goubert. Ça aurait pu n’être qu’une molle et longue jam session. C’était vif et ramassé comme le track listing d’un bon disque.
Entracte, puis on retrouve François Lacharme sur scène pour la proclamation du palmarès 2015 (complet en note à ce texte). Sans traîner, mais en profitant de la présence de quatre des lauréats : Géraldine Laurent que l’on vient d’entendre, Grand Prix du disque français pour “At Work”, Philippe Milanta que l’on va entendre, Prix du jazz classique pour “Duke and Paul” cosigné avec André Villéger, John Surman également au programme de la seconde partie (je retrouve le grand dadais joufflu dont la photo en pantalon à gros carreaux dans le bulletin d’information du TNP de Jean Vilar feuilleté chez mes parents m’avait attiré en mars 1970 Salle Gémier pour entendre The Trio – John Surman, Barre Philipps, Stu Martin – mon deuxième concert de jazz, le premier où je me suis senti chez moi) et qui dit combien il est touché par de Prix du musicien européen remis par des Français à un Rosbeef ! Paul Lay enfin, Prix Django Reinhardt, sûrement encore inconnu de la grande majorité du public de ce soir au Châtelet, qu’il retourne à son avantage en quelques chorus solo intenses et brillantissimes sur le Steinway qui lui est prêté chronomètre en main.
Harlem Suite et Passion Flower
Car le Duke Orchestra est en coulisses que l’on a entendu piaffer et hennir pendant la proclamation. Et justement, le voilà qui entre (où l’on retrouve Philippe Milanta), s’installe et lance son premier tour de piste emmené par son Monsieur Loyal, Laurent Mignard, que d’aucuns dénigreront. Ils auraient dénigré les manières de Duke, comme la direction de Jimmie Lunceford ou Lucky Millinder. Mignard est à la manœuvre jour après jour pour alimenter le répertoire (telle la Harlem Suite reprise au Châtelet) et faire jouer cette énormité d’orchestre en un temps où – baisse des budgets oblige – les organisateurs hésitent devant un quintette comme autrefois devant un big band. Et sur scène, Mignard est là pour galvaniser un orchestre qui roule avec la puissance d’un 15 tonnes et les accélérations d’une formule 1. Si ridicule il y eut, ce fut plutôt cette espèce de plat de pop corn dégoulinant de saccharose proposé à l’orchestre par Jean-Luc Ponty qui, depuis son Prix Django Reinhardt en 1966, semble n’avoir retenu de ses heures de gloire qu’une collection de clichés violonistiques. Surman quant à lui apporta une belle partition de son vieil ami John Warren sur le Passion Flower, qu’il introduisit seul par de saisissantes variations de soprano, en de longues phrases rendues possibles par ce souffle continu qui chez lui est, tout sauf un gimmick, une sorte d’élan. Certains grincèrent des dents à l’arrivée de Sanseverino. C’est vrai qu’entré un peu précipitamment, il mit deux bons chorus à retomber sur ses pieds, mais l’heure était au final, à l’anniversaire, au gâteau qui n’arriva pas et qu’il remplaça à la façon d’un Leo Watson que les grincheux n’auraient certainement pas boudé, alors que…
Encore un mot. Je venais à reculons à cette soirée. Craignant d’une part, comme beaucoup, les assommantes longueurs des précédents palmarès (et dont on a vu qu’ils furent évités), d’autre part une sono qui me gâcha tous les concerts de jazz au Châtelet auxquels je fus convié ces dernières années. Le 8 février, il n’en fut rien. Pas de sonorisateur cherchant à m’asseoir le bassiste sur les genoux ou à faire sauter le théâtre hors de ses murs, mais un respect de l’espace, de l’acoustique, et de musiciens assez grands pour faire le son eux-mêmes. Il y a longtemps que je n’ai pas entendu une balance aussi précise dans un espace si grand. Ce qui donne tout son sens au projet de Mignard et son orchestre de faire ressusciter ce répertoire ellingtonien. Franck Bergerot
Palmarès 2015 de l’Académie du jazz :
Prix Django Reinhardt : Paul Lay
Grand Prix : Fred Hersch “Solo” (Palmetto)
Grand Prix du disques français : Géraldine Laurent “At Work” (Gazebo)
Prix du musicien européen : John Surman
Prix de la meilleure réédition : Erroll Garner “The Complete Concert By The Sea” (Columbia)
Prix du jazz Classique : André Villéger et Philippe Milanta “For Duke And Paul” (Camille)
Prix du jazz vocal : Cécile McLorin Salvant “For One To Love” (Mack Avenue)
Prix soul : Tad Robinson “Day Into Night” (Severn Records)
Prix blues : Harrison Kennedy “This Is From Here” (Dixiefrog)
Prix du livre de jazz : Julia Blackburn “Lady in Satin” (Rivage Rouge/Payot)|Très vieille dame au regard de la chronologie accélérée que lui a fait traverser une multitude de bouleversements esthétiques, l’Académie du jazz dévoilait son palmarès de l’année 2015 ce lundi 8 février lors d’un concert donné au Théâtre du Châtelet qui fut aussi l’occasion de fêter son 60ème anniversaire… avec un peu de retard.
Carbone 14
Tantôt datés de l’année d’exercice pour laquelle le musicien est distingué, tantôt de l’année au cours de laquelle il se voit remettre son prix, les palmarès et référendums constituent toujours un casse-tête pour l’historien du point de vue de leur datation. Prenez le dernier palmarès de l’Académie du jazz. Il est rendu public en 2016 déjà bien entamé, or les votes datent de fin 2015 et en s’appuyant sur les parutions et prestations de l’année écoulée.
Farfouillant dans mes notes, je trouve que l’Académie du jazz est créée – avec Jean Cocteau comme président d’honneur et André Hodeir comme président – en 1954, ce que confirme la Chronologie du jazz de Philippe Baudoin (Outre Mesure) qui date cependant le premier prix Django Reinhardt, décerné à Guy Lafitte, de 1955 sans préciser la date de remise ni l’année d’exercice concernée. Mais ayant l’idée de fourailler dans les Autres Ecrits sur le jazz de Boris Vian (réunis par Claude Rameil en 1981 pour Christian Bourgois Editeur,) je tombe sur un article du 9 juin 1954 pour la revue Arts où l’on peut lire : « C’est salle Pleyel que s’est tenu le salon de cette année […] Comme de coutume, les concerts alternaient régulièrement avec les présentations de courts métrages consacrés au jazz, et cette année même on a pu assister à la création d’une académie nouvelle, l’Académie du jazz, qui décerna un Oscar mérité au meilleur disque de l’année, en l’espèce un microsillon du grand vibraphoniste Milton Jackson, tandis que le prix Django Reinhardt, fondé en mémoire du fameux gitan, était attribué au saxo ténor Guy Lafitte. »
De même, l’année suivante, on apprend à la lecture du numéro 8 de Jazz Magazine (juillet-août 1955) que Martial Solal s’est vu remettre le Prix Django Reinhardt, prix daté de 1956 tant par Baudoin que par le site de l’Académie. Idem pour Christian Chevallier dont le Prix Django Reinhardt pour son disque “Formidable” est retardé d’un an dans les sources actuelles, celui de Barney Wilen annoncé dans le numéro 29 de juillet-août 1957 (« Le Prix Django Reinhardt a été attribué à Barney Wilen, au 8ème tour, par 8 voix contre 7 ») étant daté de 1958 par Beaudoin et le site de l’Académie. Il va falloir remettre de l’ordre dans tout ça, quoique les choses semblent se recaler avec le prix suivant annoncé dans le numéro 54 de février 1959 : « Roger Guérin vient d’obtenir le Prix Django Reinhardt. Ainsi en ont décidé les académiciens qui l’ont élu par six voix contre cinq à Claude Bolling. Au cours de cette manifestation qui se déroula cette année au studio Hoche (les assistants regrettaient le pittoresque de la piscine Deligny), André Hodeir, président, annonça l’Oscar attribué à “Miles Ahead” de Miles Davis. Le Prix Fats Waller couronna les rééditions des chefs d’œuvre de Charlie Parker publiés en microsillon par Savoy. La cérémonie fut clôturée par une jam session qui mit en valeur trois anciens prix Django Reinhardt : Guy Lafitte, Martial Solal et Christian Chevallier. Barney Wilen avait oublié son ténor. »
Etourneaux, rosbeef et mangeurs de grenouilles
Ni studio Hoche ni piscine Deligny, mais c’est au Théâtre du Châtelet où personne ne se présenta en maillot de bain, que François Lacharme présenta ce concert des “60 ans” dans la fonction autrefois occupée par Hodeir, avec une sobriété à laquelle il nous avait peu habitués lors des précédentes cérémonies du palmarès. En première partie, l’exercice du all stars d’anciens lauréats du Prix Django Reinhardt aurait pu faire fuir, mais la distribution inspirait au moins une curiosité qui ne fut pas déçue. Une affiche vraie d’artistes vrais, authentiques, sans frime, dévoués à la musique, ayant en commun – en dépit de différences esthétiques qui faisaient l’intérêt de la confrontation – un vocabulaire garant de la possibilité d’une rencontre, d’une entente, d’un échange, de la surprise féconde. Ouverture solo par le vétéran, René Urtreger, Prix Django Reinhardt 1961, tel qu’en lui-même aujourd’hui, au-delà de l’héritage budpowellien auquel il est coutumier de le réduire. Puis entrées et sorties, au gré des combinaisons orchestrales, d’autres anciens Prix Django Reinhardt : Airelle Besson aérienne, Eric Lelann insaisissable, Pierrick Pedron précis et voltigeur comme un faucon pélerin, Géraldine Laurent précise et nerveuse comme un vol d’étourneaux, Stéphane Guillaume royal comme un milan, tous assistés au sol par les deux contrôleurs du ciel Henri Texier et Simon Goubert. Ça aurait pu n’être qu’une molle et longue jam session. C’était vif et ramassé comme le track listing d’un bon disque.
Entracte, puis on retrouve François Lacharme sur scène pour la proclamation du palmarès 2015 (complet en note à ce texte). Sans traîner, mais en profitant de la présence de quatre des lauréats : Géraldine Laurent que l’on vient d’entendre, Grand Prix du disque français pour “At Work”, Philippe Milanta que l’on va entendre, Prix du jazz classique pour “Duke and Paul” cosigné avec André Villéger, John Surman également au programme de la seconde partie (je retrouve le grand dadais joufflu dont la photo en pantalon à gros carreaux dans le bulletin d’information du TNP de Jean Vilar feuilleté chez mes parents m’avait attiré en mars 1970 Salle Gémier pour entendre The Trio – John Surman, Barre Philipps, Stu Martin – mon deuxième concert de jazz, le premier où je me suis senti chez moi) et qui dit combien il est touché par de Prix du musicien européen remis par des Français à un Rosbeef ! Paul Lay enfin, Prix Django Reinhardt, sûrement encore inconnu de la grande majorité du public de ce soir au Châtelet, qu’il retourne à son avantage en quelques chorus solo intenses et brillantissimes sur le Steinway qui lui est prêté chronomètre en main.
Harlem Suite et Passion Flower
Car le Duke Orchestra est en coulisses que l’on a entendu piaffer et hennir pendant la proclamation. Et justement, le voilà qui entre (où l’on retrouve Philippe Milanta), s’installe et lance son premier tour de piste emmené par son Monsieur Loyal, Laurent Mignard, que d’aucuns dénigreront. Ils auraient dénigré les manières de Duke, comme la direction de Jimmie Lunceford ou Lucky Millinder. Mignard est à la manœuvre jour après jour pour alimenter le répertoire (telle la Harlem Suite reprise au Châtelet) et faire jouer cette énormité d’orchestre en un temps où – baisse des budgets oblige – les organisateurs hésitent devant un quintette comme autrefois devant un big band. Et sur scène, Mignard est là pour galvaniser un orchestre qui roule avec la puissance d’un 15 tonnes et les accélérations d’une formule 1. Si ridicule il y eut, ce fut plutôt cette espèce de plat de pop corn dégoulinant de saccharose proposé à l’orchestre par Jean-Luc Ponty qui, depuis son Prix Django Reinhardt en 1966, semble n’avoir retenu de ses heures de gloire qu’une collection de clichés violonistiques. Surman quant à lui apporta une belle partition de son vieil ami John Warren sur le Passion Flower, qu’il introduisit seul par de saisissantes variations de soprano, en de longues phrases rendues possibles par ce souffle continu qui chez lui est, tout sauf un gimmick, une sorte d’élan. Certains grincèrent des dents à l’arrivée de Sanseverino. C’est vrai qu’entré un peu précipitamment, il mit deux bons chorus à retomber sur ses pieds, mais l’heure était au final, à l’anniversaire, au gâteau qui n’arriva pas et qu’il remplaça à la façon d’un Leo Watson que les grincheux n’auraient certainement pas boudé, alors que…
Encore un mot. Je venais à reculons à cette soirée. Craignant d’une part, comme beaucoup, les assommantes longueurs des précédents palmarès (et dont on a vu qu’ils furent évités), d’autre part une sono qui me gâcha tous les concerts de jazz au Châtelet auxquels je fus convié ces dernières années. Le 8 février, il n’en fut rien. Pas de sonorisateur cherchant à m’asseoir le bassiste sur les genoux ou à faire sauter le théâtre hors de ses murs, mais un respect de l’espace, de l’acoustique, et de musiciens assez grands pour faire le son eux-mêmes. Il y a longtemps que je n’ai pas entendu une balance aussi précise dans un espace si grand. Ce qui donne tout son sens au projet de Mignard et son orchestre de faire ressusciter ce répertoire ellingtonien. Franck Bergerot
Palmarès 2015 de l’Académie du jazz :
Prix Django Reinhardt : Paul Lay
Grand Prix : Fred Hersch “Solo” (Palmetto)
Grand Prix du disques français : Géraldine Laurent “At Work” (Gazebo)
Prix du musicien européen : John Surman
Prix de la meilleure réédition : Erroll Garner “The Complete Concert By The Sea” (Columbia)
Prix du jazz Classique : André Villéger et Philippe Milanta “For Duke And Paul” (Camille)
Prix du jazz vocal : Cécile McLorin Salvant “For One To Love” (Mack Avenue)
Prix soul : Tad Robinson “Day Into Night” (Severn Records)
Prix blues : Harrison Kennedy “This Is From Here” (Dixiefrog)
Prix du livre de jazz : Julia Blackburn “Lady in Satin” (Rivage Rouge/Payot)|Très vieille dame au regard de la chronologie accélérée que lui a fait traverser une multitude de bouleversements esthétiques, l’Académie du jazz dévoilait son palmarès de l’année 2015 ce lundi 8 février lors d’un concert donné au Théâtre du Châtelet qui fut aussi l’occasion de fêter son 60ème anniversaire… avec un peu de retard.
Carbone 14
Tantôt datés de l’année d’exercice pour laquelle le musicien est distingué, tantôt de l’année au cours de laquelle il se voit remettre son prix, les palmarès et référendums constituent toujours un casse-tête pour l’historien du point de vue de leur datation. Prenez le dernier palmarès de l’Académie du jazz. Il est rendu public en 2016 déjà bien entamé, or les votes datent de fin 2015 et en s’appuyant sur les parutions et prestations de l’année écoulée.
Farfouillant dans mes notes, je trouve que l’Académie du jazz est créée – avec Jean Cocteau comme président d’honneur et André Hodeir comme président – en 1954, ce que confirme la Chronologie du jazz de Philippe Baudoin (Outre Mesure) qui date cependant le premier prix Django Reinhardt, décerné à Guy Lafitte, de 1955 sans préciser la date de remise ni l’année d’exercice concernée. Mais ayant l’idée de fourailler dans les Autres Ecrits sur le jazz de Boris Vian (réunis par Claude Rameil en 1981 pour Christian Bourgois Editeur,) je tombe sur un article du 9 juin 1954 pour la revue Arts où l’on peut lire : « C’est salle Pleyel que s’est tenu le salon de cette année […] Comme de coutume, les concerts alternaient régulièrement avec les présentations de courts métrages consacrés au jazz, et cette année même on a pu assister à la création d’une académie nouvelle, l’Académie du jazz, qui décerna un Oscar mérité au meilleur disque de l’année, en l’espèce un microsillon du grand vibraphoniste Milton Jackson, tandis que le prix Django Reinhardt, fondé en mémoire du fameux gitan, était attribué au saxo ténor Guy Lafitte. »
De même, l’année suivante, on apprend à la lecture du numéro 8 de Jazz Magazine (juillet-août 1955) que Martial Solal s’est vu remettre le Prix Django Reinhardt, prix daté de 1956 tant par Baudoin que par le site de l’Académie. Idem pour Christian Chevallier dont le Prix Django Reinhardt pour son disque “Formidable” est retardé d’un an dans les sources actuelles, celui de Barney Wilen annoncé dans le numéro 29 de juillet-août 1957 (« Le Prix Django Reinhardt a été attribué à Barney Wilen, au 8ème tour, par 8 voix contre 7 ») étant daté de 1958 par Beaudoin et le site de l’Académie. Il va falloir remettre de l’ordre dans tout ça, quoique les choses semblent se recaler avec le prix suivant annoncé dans le numéro 54 de février 1959 : « Roger Guérin vient d’obtenir le Prix Django Reinhardt. Ainsi en ont décidé les académiciens qui l’ont élu par six voix contre cinq à Claude Bolling. Au cours de cette manifestation qui se déroula cette année au studio Hoche (les assistants regrettaient le pittoresque de la piscine Deligny), André Hodeir, président, annonça l’Oscar attribué à “Miles Ahead” de Miles Davis. Le Prix Fats Waller couronna les rééditions des chefs d’œuvre de Charlie Parker publiés en microsillon par Savoy. La cérémonie fut clôturée par une jam session qui mit en valeur trois anciens prix Django Reinhardt : Guy Lafitte, Martial Solal et Christian Chevallier. Barney Wilen avait oublié son ténor. »
Etourneaux, rosbeef et mangeurs de grenouilles
Ni studio Hoche ni piscine Deligny, mais c’est au Théâtre du Châtelet où personne ne se présenta en maillot de bain, que François Lacharme présenta ce concert des “60 ans” dans la fonction autrefois occupée par Hodeir, avec une sobriété à laquelle il nous avait peu habitués lors des précédentes cérémonies du palmarès. En première partie, l’exercice du all stars d’anciens lauréats du Prix Django Reinhardt aurait pu faire fuir, mais la distribution inspirait au moins une curiosité qui ne fut pas déçue. Une affiche vraie d’artistes vrais, authentiques, sans frime, dévoués à la musique, ayant en commun – en dépit de différences esthétiques qui faisaient l’intérêt de la confrontation – un vocabulaire garant de la possibilité d’une rencontre, d’une entente, d’un échange, de la surprise féconde. Ouverture solo par le vétéran, René Urtreger, Prix Django Reinhardt 1961, tel qu’en lui-même aujourd’hui, au-delà de l’héritage budpowellien auquel il est coutumier de le réduire. Puis entrées et sorties, au gré des combinaisons orchestrales, d’autres anciens Prix Django Reinhardt : Airelle Besson aérienne, Eric Lelann insaisissable, Pierrick Pedron précis et voltigeur comme un faucon pélerin, Géraldine Laurent précise et nerveuse comme un vol d’étourneaux, Stéphane Guillaume royal comme un milan, tous assistés au sol par les deux contrôleurs du ciel Henri Texier et Simon Goubert. Ça aurait pu n’être qu’une molle et longue jam session. C’était vif et ramassé comme le track listing d’un bon disque.
Entracte, puis on retrouve François Lacharme sur scène pour la proclamation du palmarès 2015 (complet en note à ce texte). Sans traîner, mais en profitant de la présence de quatre des lauréats : Géraldine Laurent que l’on vient d’entendre, Grand Prix du disque français pour “At Work”, Philippe Milanta que l’on va entendre, Prix du jazz classique pour “Duke and Paul” cosigné avec André Villéger, John Surman également au programme de la seconde partie (je retrouve le grand dadais joufflu dont la photo en pantalon à gros carreaux dans le bulletin d’information du TNP de Jean Vilar feuilleté chez mes parents m’avait attiré en mars 1970 Salle Gémier pour entendre The Trio – John Surman, Barre Philipps, Stu Martin – mon deuxième concert de jazz, le premier où je me suis senti chez moi) et qui dit combien il est touché par de Prix du musicien européen remis par des Français à un Rosbeef ! Paul Lay enfin, Prix Django Reinhardt, sûrement encore inconnu de la grande majorité du public de ce soir au Châtelet, qu’il retourne à son avantage en quelques chorus solo intenses et brillantissimes sur le Steinway qui lui est prêté chronomètre en main.
Harlem Suite et Passion Flower
Car le Duke Orchestra est en coulisses que l’on a entendu piaffer et hennir pendant la proclamation. Et justement, le voilà qui entre (où l’on retrouve Philippe Milanta), s’installe et lance son premier tour de piste emmené par son Monsieur Loyal, Laurent Mignard, que d’aucuns dénigreront. Ils auraient dénigré les manières de Duke, comme la direction de Jimmie Lunceford ou Lucky Millinder. Mignard est à la manœuvre jour après jour pour alimenter le répertoire (telle la Harlem Suite reprise au Châtelet) et faire jouer cette énormité d’orchestre en un temps où – baisse des budgets oblige – les organisateurs hésitent devant un quintette comme autrefois devant un big band. Et sur scène, Mignard est là pour galvaniser un orchestre qui roule avec la puissance d’un 15 tonnes et les accélérations d’une formule 1. Si ridicule il y eut, ce fut plutôt cette espèce de plat de pop corn dégoulinant de saccharose proposé à l’orchestre par Jean-Luc Ponty qui, depuis son Prix Django Reinhardt en 1966, semble n’avoir retenu de ses heures de gloire qu’une collection de clichés violonistiques. Surman quant à lui apporta une belle partition de son vieil ami John Warren sur le Passion Flower, qu’il introduisit seul par de saisissantes variations de soprano, en de longues phrases rendues possibles par ce souffle continu qui chez lui est, tout sauf un gimmick, une sorte d’élan. Certains grincèrent des dents à l’arrivée de Sanseverino. C’est vrai qu’entré un peu précipitamment, il mit deux bons chorus à retomber sur ses pieds, mais l’heure était au final, à l’anniversaire, au gâteau qui n’arriva pas et qu’il remplaça à la façon d’un Leo Watson que les grincheux n’auraient certainement pas boudé, alors que…
Encore un mot. Je venais à reculons à cette soirée. Craignant d’une part, comme beaucoup, les assommantes longueurs des précédents palmarès (et dont on a vu qu’ils furent évités), d’autre part une sono qui me gâcha tous les concerts de jazz au Châtelet auxquels je fus convié ces dernières années. Le 8 février, il n’en fut rien. Pas de sonorisateur cherchant à m’asseoir le bassiste sur les genoux ou à faire sauter le théâtre hors de ses murs, mais un respect de l’espace, de l’acoustique, et de musiciens assez grands pour faire le son eux-mêmes. Il y a longtemps que je n’ai pas entendu une balance aussi précise dans un espace si grand. Ce qui donne tout son sens au projet de Mignard et son orchestre de faire ressusciter ce répertoire ellingtonien. Franck Bergerot
Palmarès 2015 de l’Académie du jazz :
Prix Django Reinhardt : Paul Lay
Grand Prix : Fred Hersch “Solo” (Palmetto)
Grand Prix du disques français : Géraldine Laurent “At Work” (Gazebo)
Prix du musicien européen : John Surman
Prix de la meilleure réédition : Erroll Garner “The Complete Concert By The Sea” (Columbia)
Prix du jazz Classique : André Villéger et Philippe Milanta “For Duke And Paul” (Camille)
Prix du jazz vocal : Cécile McLorin Salvant “For One To Love” (Mack Avenue)
Prix soul : Tad Robinson “Day Into Night” (Severn Records)
Prix blues : Harrison Kennedy “This Is From Here” (Dixiefrog)
Prix du livre de jazz : Julia Blackburn “Lady in Satin” (Rivage Rouge/Payot)