À Bordeaux comme à Strasbourg, les dieux tutoient les anges
Jeudi, le 31 mars, l’auditorium de Bordeaux accueillait les « Shakespeare Songs » de Guillaume de Chassy et Christophe Marguet, le lendemain à la première heure je m’envolais pour Strasbourg, où deux soirées « Tricot » m’attendaient, hier soir et ce soir encore, dieu merci. Dans les deux cas, une certaine forme du divin côtoie une certaine façon d’incarner l’angélisme, avec toutes les (bonnes) contradictions voulues.
C’est dans le cadre d’une série « In Love With Shakespeare » que l’opéra de Bordeaux a présenté le quartet « Shakespeare Songs », drôle d’anticipation du concert « In Love With » qui nous attendait à 20.30 hier soir. Mais avançons à pas comptés :
Shakespeare Songs : Delphine Lanson (récitante), Guillaume de Chassy (p, comp), Christophe Marguet (dm, comp), Andy Sheppard (ts, ss)
Le monde de Shakespeare est un monde où les dieux touchent encore au réel. Où leurs représentants sur terre peuvent légitimement s’imaginer en être des descendants crédibles. Et pour ce faire, ils s’efforcent dans l’horreur et y réussissent assez bien. Dans ses phrases de présentation, Guillaume de Chassy évoque avec distance cette dimension (le crime d’Othello, la forêt qui avance, le père qui déshérite sa fille parfaite, les Capulet, les Montaigu, la folie d’Hamlet), qui sera l’objet même de la musique après que la récitante ait fait entendre superbement l’océanique langue de l’écrivain. Tirée au cordeau, écrite de mains de maîtres, la musique est habitée par la percussion délicate ou furieuse de Christophe Marguet, le piano précis et chantant de Guillaume de Chassy et le son chaleureux d’Andy Shepard. Et quand le même Guillaume évoque le monde d’aujourd’hui pour en appeler à un sursaut d’art et de culture, on ne peut s’empêcher de penser qu’il est encore des êtres pour croire à ce réel des dieux, et en assumer les conséquences horribles. Autre temps et (peut-être) mêmes moeurs.
Dans leur forme actuelle, les « soirées Tricot » tournent autour de l’amour et du désir, sans doute par l’effet induit du « Tribute To Lucienne Boyer » dont le Parlez-moi d’amour est dans toutes les mémoires. (1930)
Guillaume Aknine (g), Adrien Chennebault (dm), Jean-Marc Foltz (cl, b-cl), Théo Ceccaldi (vln), Valentin Ceccaldi (cello), Sylvain Darrifourcq (dm), Florian Satche (dm), Gabriel Lemaire (bs, as)
… on constitué le « line-up » de trois concerts successifs qui les ont vu se combiner entre eux sous diverses formes. Une rencontre improvisée d’abord, entre Aknine, Foltz et Chennebault, placée sous le signe d’un certain minimalisme délicat, discret, à la limite parfois de ce silence qui sied aux demeures divines. Sauf que quand retentit le cri de colère, ça gronde ! Car malgré la dénomination du Ceccaldi divin (violon), tous sont dieux de l’antiquité, batteurs aussi percussifs que coloristes, violents, décidés, engagés mais aussi caressants ou retenus, violoncelliste qui joue à tenir des lignes électriques, guitariste éclairant le ciel d’étoiles filantes, saxophoniste grondant ou séraphique, et l’invité du jour et de la ville d’accueil, finissant par l’invocation aux anciens sous la forme d’une clarinette dressée vers l’azur.
« In Love With » est un trio dont Sylvain Darrifourcq est le metteur en scène et en musique. Il y met en valeur ses partenaires en leur confiant des rôles bien précis, motifs courts, souvent en pizzicato pour Théo, et lignes de basse insistantes, très « rock » pour Valentin. Le jeu (le feu !) roulant du batteur, ainsi que son talent de compositeur, sont impressionnants dans ce contexte énergique et rebondissant. « Toons » est une suite de portraits dédiée aux nains de Blanche-Neige, une façon de nous rappeler encore un monde d’amours rêvés. Une orchestration très ourlée pour une musique virtuose et sensible.
L’image à la une montre Théo Ceccaldi en conversation avec Angela Flao, qui chantera ce soir dans le « Tribute To Lucienne Boyer ». Une image qui a déclenché ce titre sur les dieux et les anges, bien sûr. Et sur la façon bien réelle qu’ils ont de s’amuser d’un monde décidément trop dur. Le « Tricollectif » associe une réflexion musicale de très haut niveau et une manière directe d’en exprimer le contexte. Ils rient, ils s’amusent, ils chahutent, ils jouent, ils se jouent, ils frappent, grattent, modulent, harmonisent et rient encore. Intraitables et incorrigibles. Gamins et pleins de la sagesse antique. Si vous passez par Strasbourg aujourd’hui, ça commence à 11.00 avec un brunch avec Lucienne, et ça continue ensuite sans débander. Car j’allais oublier : dans la déclinaison que les Tricot font de l’amour et surtout du désir, le signifiant maître est le phallus. Et comme disait le docteur : « L’amour est ce qui permet à la jouissance de condescendre au désir ». Pas mal, non ?
Lecteurs, si vous désirez voir les photos en grande taille, cliquez simplement sur l’image. Les anges feront le reste.
Philippe Méziat|Jeudi, le 31 mars, l’auditorium de Bordeaux accueillait les « Shakespeare Songs » de Guillaume de Chassy et Christophe Marguet, le lendemain à la première heure je m’envolais pour Strasbourg, où deux soirées « Tricot » m’attendaient, hier soir et ce soir encore, dieu merci. Dans les deux cas, une certaine forme du divin côtoie une certaine façon d’incarner l’angélisme, avec toutes les (bonnes) contradictions voulues.
C’est dans le cadre d’une série « In Love With Shakespeare » que l’opéra de Bordeaux a présenté le quartet « Shakespeare Songs », drôle d’anticipation du concert « In Love With » qui nous attendait à 20.30 hier soir. Mais avançons à pas comptés :
Shakespeare Songs : Delphine Lanson (récitante), Guillaume de Chassy (p, comp), Christophe Marguet (dm, comp), Andy Sheppard (ts, ss)
Le monde de Shakespeare est un monde où les dieux touchent encore au réel. Où leurs représentants sur terre peuvent légitimement s’imaginer en être des descendants crédibles. Et pour ce faire, ils s’efforcent dans l’horreur et y réussissent assez bien. Dans ses phrases de présentation, Guillaume de Chassy évoque avec distance cette dimension (le crime d’Othello, la forêt qui avance, le père qui déshérite sa fille parfaite, les Capulet, les Montaigu, la folie d’Hamlet), qui sera l’objet même de la musique après que la récitante ait fait entendre superbement l’océanique langue de l’écrivain. Tirée au cordeau, écrite de mains de maîtres, la musique est habitée par la percussion délicate ou furieuse de Christophe Marguet, le piano précis et chantant de Guillaume de Chassy et le son chaleureux d’Andy Shepard. Et quand le même Guillaume évoque le monde d’aujourd’hui pour en appeler à un sursaut d’art et de culture, on ne peut s’empêcher de penser qu’il est encore des êtres pour croire à ce réel des dieux, et en assumer les conséquences horribles. Autre temps et (peut-être) mêmes moeurs.
Dans leur forme actuelle, les « soirées Tricot » tournent autour de l’amour et du désir, sans doute par l’effet induit du « Tribute To Lucienne Boyer » dont le Parlez-moi d’amour est dans toutes les mémoires. (1930)
Guillaume Aknine (g), Adrien Chennebault (dm), Jean-Marc Foltz (cl, b-cl), Théo Ceccaldi (vln), Valentin Ceccaldi (cello), Sylvain Darrifourcq (dm), Florian Satche (dm), Gabriel Lemaire (bs, as)
… on constitué le « line-up » de trois concerts successifs qui les ont vu se combiner entre eux sous diverses formes. Une rencontre improvisée d’abord, entre Aknine, Foltz et Chennebault, placée sous le signe d’un certain minimalisme délicat, discret, à la limite parfois de ce silence qui sied aux demeures divines. Sauf que quand retentit le cri de colère, ça gronde ! Car malgré la dénomination du Ceccaldi divin (violon), tous sont dieux de l’antiquité, batteurs aussi percussifs que coloristes, violents, décidés, engagés mais aussi caressants ou retenus, violoncelliste qui joue à tenir des lignes électriques, guitariste éclairant le ciel d’étoiles filantes, saxophoniste grondant ou séraphique, et l’invité du jour et de la ville d’accueil, finissant par l’invocation aux anciens sous la forme d’une clarinette dressée vers l’azur.
« In Love With » est un trio dont Sylvain Darrifourcq est le metteur en scène et en musique. Il y met en valeur ses partenaires en leur confiant des rôles bien précis, motifs courts, souvent en pizzicato pour Théo, et lignes de basse insistantes, très « rock » pour Valentin. Le jeu (le feu !) roulant du batteur, ainsi que son talent de compositeur, sont impressionnants dans ce contexte énergique et rebondissant. « Toons » est une suite de portraits dédiée aux nains de Blanche-Neige, une façon de nous rappeler encore un monde d’amours rêvés. Une orchestration très ourlée pour une musique virtuose et sensible.
L’image à la une montre Théo Ceccaldi en conversation avec Angela Flao, qui chantera ce soir dans le « Tribute To Lucienne Boyer ». Une image qui a déclenché ce titre sur les dieux et les anges, bien sûr. Et sur la façon bien réelle qu’ils ont de s’amuser d’un monde décidément trop dur. Le « Tricollectif » associe une réflexion musicale de très haut niveau et une manière directe d’en exprimer le contexte. Ils rient, ils s’amusent, ils chahutent, ils jouent, ils se jouent, ils frappent, grattent, modulent, harmonisent et rient encore. Intraitables et incorrigibles. Gamins et pleins de la sagesse antique. Si vous passez par Strasbourg aujourd’hui, ça commence à 11.00 avec un brunch avec Lucienne, et ça continue ensuite sans débander. Car j’allais oublier : dans la déclinaison que les Tricot font de l’amour et surtout du désir, le signifiant maître est le phallus. Et comme disait le docteur : « L’amour est ce qui permet à la jouissance de condescendre au désir ». Pas mal, non ?
Lecteurs, si vous désirez voir les photos en grande taille, cliquez simplement sur l’image. Les anges feront le reste.
Philippe Méziat|Jeudi, le 31 mars, l’auditorium de Bordeaux accueillait les « Shakespeare Songs » de Guillaume de Chassy et Christophe Marguet, le lendemain à la première heure je m’envolais pour Strasbourg, où deux soirées « Tricot » m’attendaient, hier soir et ce soir encore, dieu merci. Dans les deux cas, une certaine forme du divin côtoie une certaine façon d’incarner l’angélisme, avec toutes les (bonnes) contradictions voulues.
C’est dans le cadre d’une série « In Love With Shakespeare » que l’opéra de Bordeaux a présenté le quartet « Shakespeare Songs », drôle d’anticipation du concert « In Love With » qui nous attendait à 20.30 hier soir. Mais avançons à pas comptés :
Shakespeare Songs : Delphine Lanson (récitante), Guillaume de Chassy (p, comp), Christophe Marguet (dm, comp), Andy Sheppard (ts, ss)
Le monde de Shakespeare est un monde où les dieux touchent encore au réel. Où leurs représentants sur terre peuvent légitimement s’imaginer en être des descendants crédibles. Et pour ce faire, ils s’efforcent dans l’horreur et y réussissent assez bien. Dans ses phrases de présentation, Guillaume de Chassy évoque avec distance cette dimension (le crime d’Othello, la forêt qui avance, le père qui déshérite sa fille parfaite, les Capulet, les Montaigu, la folie d’Hamlet), qui sera l’objet même de la musique après que la récitante ait fait entendre superbement l’océanique langue de l’écrivain. Tirée au cordeau, écrite de mains de maîtres, la musique est habitée par la percussion délicate ou furieuse de Christophe Marguet, le piano précis et chantant de Guillaume de Chassy et le son chaleureux d’Andy Shepard. Et quand le même Guillaume évoque le monde d’aujourd’hui pour en appeler à un sursaut d’art et de culture, on ne peut s’empêcher de penser qu’il est encore des êtres pour croire à ce réel des dieux, et en assumer les conséquences horribles. Autre temps et (peut-être) mêmes moeurs.
Dans leur forme actuelle, les « soirées Tricot » tournent autour de l’amour et du désir, sans doute par l’effet induit du « Tribute To Lucienne Boyer » dont le Parlez-moi d’amour est dans toutes les mémoires. (1930)
Guillaume Aknine (g), Adrien Chennebault (dm), Jean-Marc Foltz (cl, b-cl), Théo Ceccaldi (vln), Valentin Ceccaldi (cello), Sylvain Darrifourcq (dm), Florian Satche (dm), Gabriel Lemaire (bs, as)
… on constitué le « line-up » de trois concerts successifs qui les ont vu se combiner entre eux sous diverses formes. Une rencontre improvisée d’abord, entre Aknine, Foltz et Chennebault, placée sous le signe d’un certain minimalisme délicat, discret, à la limite parfois de ce silence qui sied aux demeures divines. Sauf que quand retentit le cri de colère, ça gronde ! Car malgré la dénomination du Ceccaldi divin (violon), tous sont dieux de l’antiquité, batteurs aussi percussifs que coloristes, violents, décidés, engagés mais aussi caressants ou retenus, violoncelliste qui joue à tenir des lignes électriques, guitariste éclairant le ciel d’étoiles filantes, saxophoniste grondant ou séraphique, et l’invité du jour et de la ville d’accueil, finissant par l’invocation aux anciens sous la forme d’une clarinette dressée vers l’azur.
« In Love With » est un trio dont Sylvain Darrifourcq est le metteur en scène et en musique. Il y met en valeur ses partenaires en leur confiant des rôles bien précis, motifs courts, souvent en pizzicato pour Théo, et lignes de basse insistantes, très « rock » pour Valentin. Le jeu (le feu !) roulant du batteur, ainsi que son talent de compositeur, sont impressionnants dans ce contexte énergique et rebondissant. « Toons » est une suite de portraits dédiée aux nains de Blanche-Neige, une façon de nous rappeler encore un monde d’amours rêvés. Une orchestration très ourlée pour une musique virtuose et sensible.
L’image à la une montre Théo Ceccaldi en conversation avec Angela Flao, qui chantera ce soir dans le « Tribute To Lucienne Boyer ». Une image qui a déclenché ce titre sur les dieux et les anges, bien sûr. Et sur la façon bien réelle qu’ils ont de s’amuser d’un monde décidément trop dur. Le « Tricollectif » associe une réflexion musicale de très haut niveau et une manière directe d’en exprimer le contexte. Ils rient, ils s’amusent, ils chahutent, ils jouent, ils se jouent, ils frappent, grattent, modulent, harmonisent et rient encore. Intraitables et incorrigibles. Gamins et pleins de la sagesse antique. Si vous passez par Strasbourg aujourd’hui, ça commence à 11.00 avec un brunch avec Lucienne, et ça continue ensuite sans débander. Car j’allais oublier : dans la déclinaison que les Tricot font de l’amour et surtout du désir, le signifiant maître est le phallus. Et comme disait le docteur : « L’amour est ce qui permet à la jouissance de condescendre au désir ». Pas mal, non ?
Lecteurs, si vous désirez voir les photos en grande taille, cliquez simplement sur l’image. Les anges feront le reste.
Philippe Méziat|Jeudi, le 31 mars, l’auditorium de Bordeaux accueillait les « Shakespeare Songs » de Guillaume de Chassy et Christophe Marguet, le lendemain à la première heure je m’envolais pour Strasbourg, où deux soirées « Tricot » m’attendaient, hier soir et ce soir encore, dieu merci. Dans les deux cas, une certaine forme du divin côtoie une certaine façon d’incarner l’angélisme, avec toutes les (bonnes) contradictions voulues.
C’est dans le cadre d’une série « In Love With Shakespeare » que l’opéra de Bordeaux a présenté le quartet « Shakespeare Songs », drôle d’anticipation du concert « In Love With » qui nous attendait à 20.30 hier soir. Mais avançons à pas comptés :
Shakespeare Songs : Delphine Lanson (récitante), Guillaume de Chassy (p, comp), Christophe Marguet (dm, comp), Andy Sheppard (ts, ss)
Le monde de Shakespeare est un monde où les dieux touchent encore au réel. Où leurs représentants sur terre peuvent légitimement s’imaginer en être des descendants crédibles. Et pour ce faire, ils s’efforcent dans l’horreur et y réussissent assez bien. Dans ses phrases de présentation, Guillaume de Chassy évoque avec distance cette dimension (le crime d’Othello, la forêt qui avance, le père qui déshérite sa fille parfaite, les Capulet, les Montaigu, la folie d’Hamlet), qui sera l’objet même de la musique après que la récitante ait fait entendre superbement l’océanique langue de l’écrivain. Tirée au cordeau, écrite de mains de maîtres, la musique est habitée par la percussion délicate ou furieuse de Christophe Marguet, le piano précis et chantant de Guillaume de Chassy et le son chaleureux d’Andy Shepard. Et quand le même Guillaume évoque le monde d’aujourd’hui pour en appeler à un sursaut d’art et de culture, on ne peut s’empêcher de penser qu’il est encore des êtres pour croire à ce réel des dieux, et en assumer les conséquences horribles. Autre temps et (peut-être) mêmes moeurs.
Dans leur forme actuelle, les « soirées Tricot » tournent autour de l’amour et du désir, sans doute par l’effet induit du « Tribute To Lucienne Boyer » dont le Parlez-moi d’amour est dans toutes les mémoires. (1930)
Guillaume Aknine (g), Adrien Chennebault (dm), Jean-Marc Foltz (cl, b-cl), Théo Ceccaldi (vln), Valentin Ceccaldi (cello), Sylvain Darrifourcq (dm), Florian Satche (dm), Gabriel Lemaire (bs, as)
… on constitué le « line-up » de trois concerts successifs qui les ont vu se combiner entre eux sous diverses formes. Une rencontre improvisée d’abord, entre Aknine, Foltz et Chennebault, placée sous le signe d’un certain minimalisme délicat, discret, à la limite parfois de ce silence qui sied aux demeures divines. Sauf que quand retentit le cri de colère, ça gronde ! Car malgré la dénomination du Ceccaldi divin (violon), tous sont dieux de l’antiquité, batteurs aussi percussifs que coloristes, violents, décidés, engagés mais aussi caressants ou retenus, violoncelliste qui joue à tenir des lignes électriques, guitariste éclairant le ciel d’étoiles filantes, saxophoniste grondant ou séraphique, et l’invité du jour et de la ville d’accueil, finissant par l’invocation aux anciens sous la forme d’une clarinette dressée vers l’azur.
« In Love With » est un trio dont Sylvain Darrifourcq est le metteur en scène et en musique. Il y met en valeur ses partenaires en leur confiant des rôles bien précis, motifs courts, souvent en pizzicato pour Théo, et lignes de basse insistantes, très « rock » pour Valentin. Le jeu (le feu !) roulant du batteur, ainsi que son talent de compositeur, sont impressionnants dans ce contexte énergique et rebondissant. « Toons » est une suite de portraits dédiée aux nains de Blanche-Neige, une façon de nous rappeler encore un monde d’amours rêvés. Une orchestration très ourlée pour une musique virtuose et sensible.
L’image à la une montre Théo Ceccaldi en conversation avec Angela Flao, qui chantera ce soir dans le « Tribute To Lucienne Boyer ». Une image qui a déclenché ce titre sur les dieux et les anges, bien sûr. Et sur la façon bien réelle qu’ils ont de s’amuser d’un monde décidément trop dur. Le « Tricollectif » associe une réflexion musicale de très haut niveau et une manière directe d’en exprimer le contexte. Ils rient, ils s’amusent, ils chahutent, ils jouent, ils se jouent, ils frappent, grattent, modulent, harmonisent et rient encore. Intraitables et incorrigibles. Gamins et pleins de la sagesse antique. Si vous passez par Strasbourg aujourd’hui, ça commence à 11.00 avec un brunch avec Lucienne, et ça continue ensuite sans débander. Car j’allais oublier : dans la déclinaison que les Tricot font de l’amour et surtout du désir, le signifiant maître est le phallus. Et comme disait le docteur : « L’amour est ce qui permet à la jouissance de condescendre au désir ». Pas mal, non ?
Lecteurs, si vous désirez voir les photos en grande taille, cliquez simplement sur l’image. Les anges feront le reste.
Philippe Méziat