Terre de Jazz (Haute-Garonne), septième.
« Le plus grand des petits festivals ». Un slogan nullement usurpé. Sept éditions successives ont permis à Terre de Jazz de croître et d’essaimer dans toute la région du Savès, ce coin du Sud-Ouest à cheval sur la Haute-Garonne et le Gers. Un pays où il fait bon vivre pour des raisons que le moindre guide touristique détaille avec gourmandise et qu’il n’y a pas lieu de développer ici. Même si le plaisir de l’œil, de l’oreille et des papilles s’y révèle des plus harmonieux.
Difficile de passer sous silence le travail accompli par la Maison de la Terre, le café associatif du petit village de Poucharramet, à l’initiative de cette manifestation, avec quelques amateurs passionnés. A commencer par Hugues Foca, plaque tournante et cerveau de l’entreprise. J’en ai déjà entretenu, l’an dernier à pareille époque, les lecteurs de ce blog.
Un festival éclaté, donc, entre plusieurs bourgades. Ouvert le 2 avril à Saint-Elix le-Château, clos le 9 à Sainte-Foy-de-Peyrolières, avec, le 10 à Forgues, un pseudopode poussé vers le jeune public. Des concerts à la Maison de la Terre, en l’église de Lherm, dans une boucherie de Rieumes (mais oui !) et un cinéma de Muret. Une large place accordée à la musique manouche ou apparentée, avec le groupe Gadjo Combo et les Swing Vandals. Du funk néo-orléanais avec l’ensemble Struts. Un chœur de gospel sous la direction d’Isabelle Bertoli, alliant, chose rare, cohésion et sens du swing. Une « leçon de jazz », donnée par le saxophoniste Richard Calléja qui fait revivre Billie avec émotion et compétence. Des agapes diverses et variées (merci, Eva !), et même un « café littéraire »… C’est dire l’éclectisme.
Sommets du festival, deux concerts donnés à la salle des fêtes de Sainte-Foy-de-Peyrolières, le 8 par le Paul Chéron et Nadia Cambours Swingtet, puis, le lendemain, par les Headbangers de Nicolas Gardel.
Paul Chéron (cl, ts), Cyril Dubilé (tb), Henri Chéron (g), Pierre-Luc Puig (b), Nadia Cambours (voc).
Le fondateur du Tuxedo Big Band, lauréat de l’Académie du Jazz en 2013, revient ce soir à une formule qu’il affectionne, celle du quartette, éprouvée depuis les années 80 avec son Banana Jazz qui connut de nombreux avatars. Tous les amateurs de France et de Navarre en conservent le souvenir. Cerise sur le gâteau, Nadia Cambours apporte au groupe son talent, non seulement de chanteuse, mais d’animatrice dont la présence scénique joue avec bonheur sur le charme et l’humour. Quant à sa voix, elle a a gagné en profondeur, en expressivité. Ainsi lui permet-elle, notamment, d’aborder sans complexe les succès de Billie (Fine And Mellow, Them There Eyes et son scat ravageur) et quelques autres standards éprouvés qu’elle fait siens et renouvelle, comme ce Swing Brother, Swing qui n’a jamais si bien porté son titre.
Le répertoire tourne, du reste, autour de Basie, Ellington, avec des incursions en-dehors de l’ère swing (Pee Wee Blues de Pee Wee Russell, rarement interprété). Rien de surprenant. On connaît la dilection de Paul Chéron pour une période qu’il connaît sur le bout de l’anche. Alternant clarinette et ténor, il forme avec Cyril Dubilé un tandem qu’une période de rodage devrait rendre encore plus attrayant.
Nicolas Gardel (tp, synth), Ferdinand Doumerc (as, ts,, fl), Alex Cantié (p, elp), Dorian Dutech (g), Pascal Celma (b), Fabien Tournier (dm).
Les Headbangers de Nicolas Gardel proposent, pour leur part, un saut dans la modernité. Leur nom rappelle, évidemment, les Head Hunters, que Herbie Hancock hissa jusqu’à la célébrité dans les années 70. Mais cette seule référence serait, en l’occurrence, réductrice. Tous les apports les plus contemporains, tant en matière d’instrumentation et d’usage de l’électronique que d’inspiration, concourent à l’expression d’une musique qui défie toutes les catégories. Elle convoque à la fois le jazz, le funk, le groove, la pop, les mixe, les juxtapose et, en définitive, les transcende. Le sextette, d’une cohérence impressionnante, fonctionne à l’énergie. Elle se déploie sans relâche de Song For Universe à What’s This Thing Called Jazz (encore un clin d’œil), en passant par The Last Day On Earth et The Dark Side Of A Love Affair qui a donné son nom à leur premier album.
Des mélodies efficaces, parfois prenantes. Leur auteur, tel le Miles électrique des derniers concerts, se multiplie, passant avec aisance de la trompette aux claviers. S’il cultive la virtuosité, il sait aussi jouer avec les silences. Ses compositions y gagnent une profondeur indéniable. D’autant que Ferdinand Doumerc se révèle, lui aussi, soliste inspiré. Les autres membres du groupe, l’un des ensembles les plus prometteurs du moment, leur fournissent une stimulation de tous les instants. De ce concert, on ressort en apesanteur. Ce qui est le plus beau compliment qui se puisse faire à une formation cultivant volontiers les références « cosmiques », à en juger par les titres de quelques-uns de leurs morceaux…
Jacques Aboucaya|« Le plus grand des petits festivals ». Un slogan nullement usurpé. Sept éditions successives ont permis à Terre de Jazz de croître et d’essaimer dans toute la région du Savès, ce coin du Sud-Ouest à cheval sur la Haute-Garonne et le Gers. Un pays où il fait bon vivre pour des raisons que le moindre guide touristique détaille avec gourmandise et qu’il n’y a pas lieu de développer ici. Même si le plaisir de l’œil, de l’oreille et des papilles s’y révèle des plus harmonieux.
Difficile de passer sous silence le travail accompli par la Maison de la Terre, le café associatif du petit village de Poucharramet, à l’initiative de cette manifestation, avec quelques amateurs passionnés. A commencer par Hugues Foca, plaque tournante et cerveau de l’entreprise. J’en ai déjà entretenu, l’an dernier à pareille époque, les lecteurs de ce blog.
Un festival éclaté, donc, entre plusieurs bourgades. Ouvert le 2 avril à Saint-Elix le-Château, clos le 9 à Sainte-Foy-de-Peyrolières, avec, le 10 à Forgues, un pseudopode poussé vers le jeune public. Des concerts à la Maison de la Terre, en l’église de Lherm, dans une boucherie de Rieumes (mais oui !) et un cinéma de Muret. Une large place accordée à la musique manouche ou apparentée, avec le groupe Gadjo Combo et les Swing Vandals. Du funk néo-orléanais avec l’ensemble Struts. Un chœur de gospel sous la direction d’Isabelle Bertoli, alliant, chose rare, cohésion et sens du swing. Une « leçon de jazz », donnée par le saxophoniste Richard Calléja qui fait revivre Billie avec émotion et compétence. Des agapes diverses et variées (merci, Eva !), et même un « café littéraire »… C’est dire l’éclectisme.
Sommets du festival, deux concerts donnés à la salle des fêtes de Sainte-Foy-de-Peyrolières, le 8 par le Paul Chéron et Nadia Cambours Swingtet, puis, le lendemain, par les Headbangers de Nicolas Gardel.
Paul Chéron (cl, ts), Cyril Dubilé (tb), Henri Chéron (g), Pierre-Luc Puig (b), Nadia Cambours (voc).
Le fondateur du Tuxedo Big Band, lauréat de l’Académie du Jazz en 2013, revient ce soir à une formule qu’il affectionne, celle du quartette, éprouvée depuis les années 80 avec son Banana Jazz qui connut de nombreux avatars. Tous les amateurs de France et de Navarre en conservent le souvenir. Cerise sur le gâteau, Nadia Cambours apporte au groupe son talent, non seulement de chanteuse, mais d’animatrice dont la présence scénique joue avec bonheur sur le charme et l’humour. Quant à sa voix, elle a a gagné en profondeur, en expressivité. Ainsi lui permet-elle, notamment, d’aborder sans complexe les succès de Billie (Fine And Mellow, Them There Eyes et son scat ravageur) et quelques autres standards éprouvés qu’elle fait siens et renouvelle, comme ce Swing Brother, Swing qui n’a jamais si bien porté son titre.
Le répertoire tourne, du reste, autour de Basie, Ellington, avec des incursions en-dehors de l’ère swing (Pee Wee Blues de Pee Wee Russell, rarement interprété). Rien de surprenant. On connaît la dilection de Paul Chéron pour une période qu’il connaît sur le bout de l’anche. Alternant clarinette et ténor, il forme avec Cyril Dubilé un tandem qu’une période de rodage devrait rendre encore plus attrayant.
Nicolas Gardel (tp, synth), Ferdinand Doumerc (as, ts,, fl), Alex Cantié (p, elp), Dorian Dutech (g), Pascal Celma (b), Fabien Tournier (dm).
Les Headbangers de Nicolas Gardel proposent, pour leur part, un saut dans la modernité. Leur nom rappelle, évidemment, les Head Hunters, que Herbie Hancock hissa jusqu’à la célébrité dans les années 70. Mais cette seule référence serait, en l’occurrence, réductrice. Tous les apports les plus contemporains, tant en matière d’instrumentation et d’usage de l’électronique que d’inspiration, concourent à l’expression d’une musique qui défie toutes les catégories. Elle convoque à la fois le jazz, le funk, le groove, la pop, les mixe, les juxtapose et, en définitive, les transcende. Le sextette, d’une cohérence impressionnante, fonctionne à l’énergie. Elle se déploie sans relâche de Song For Universe à What’s This Thing Called Jazz (encore un clin d’œil), en passant par The Last Day On Earth et The Dark Side Of A Love Affair qui a donné son nom à leur premier album.
Des mélodies efficaces, parfois prenantes. Leur auteur, tel le Miles électrique des derniers concerts, se multiplie, passant avec aisance de la trompette aux claviers. S’il cultive la virtuosité, il sait aussi jouer avec les silences. Ses compositions y gagnent une profondeur indéniable. D’autant que Ferdinand Doumerc se révèle, lui aussi, soliste inspiré. Les autres membres du groupe, l’un des ensembles les plus prometteurs du moment, leur fournissent une stimulation de tous les instants. De ce concert, on ressort en apesanteur. Ce qui est le plus beau compliment qui se puisse faire à une formation cultivant volontiers les références « cosmiques », à en juger par les titres de quelques-uns de leurs morceaux…
Jacques Aboucaya|« Le plus grand des petits festivals ». Un slogan nullement usurpé. Sept éditions successives ont permis à Terre de Jazz de croître et d’essaimer dans toute la région du Savès, ce coin du Sud-Ouest à cheval sur la Haute-Garonne et le Gers. Un pays où il fait bon vivre pour des raisons que le moindre guide touristique détaille avec gourmandise et qu’il n’y a pas lieu de développer ici. Même si le plaisir de l’œil, de l’oreille et des papilles s’y révèle des plus harmonieux.
Difficile de passer sous silence le travail accompli par la Maison de la Terre, le café associatif du petit village de Poucharramet, à l’initiative de cette manifestation, avec quelques amateurs passionnés. A commencer par Hugues Foca, plaque tournante et cerveau de l’entreprise. J’en ai déjà entretenu, l’an dernier à pareille époque, les lecteurs de ce blog.
Un festival éclaté, donc, entre plusieurs bourgades. Ouvert le 2 avril à Saint-Elix le-Château, clos le 9 à Sainte-Foy-de-Peyrolières, avec, le 10 à Forgues, un pseudopode poussé vers le jeune public. Des concerts à la Maison de la Terre, en l’église de Lherm, dans une boucherie de Rieumes (mais oui !) et un cinéma de Muret. Une large place accordée à la musique manouche ou apparentée, avec le groupe Gadjo Combo et les Swing Vandals. Du funk néo-orléanais avec l’ensemble Struts. Un chœur de gospel sous la direction d’Isabelle Bertoli, alliant, chose rare, cohésion et sens du swing. Une « leçon de jazz », donnée par le saxophoniste Richard Calléja qui fait revivre Billie avec émotion et compétence. Des agapes diverses et variées (merci, Eva !), et même un « café littéraire »… C’est dire l’éclectisme.
Sommets du festival, deux concerts donnés à la salle des fêtes de Sainte-Foy-de-Peyrolières, le 8 par le Paul Chéron et Nadia Cambours Swingtet, puis, le lendemain, par les Headbangers de Nicolas Gardel.
Paul Chéron (cl, ts), Cyril Dubilé (tb), Henri Chéron (g), Pierre-Luc Puig (b), Nadia Cambours (voc).
Le fondateur du Tuxedo Big Band, lauréat de l’Académie du Jazz en 2013, revient ce soir à une formule qu’il affectionne, celle du quartette, éprouvée depuis les années 80 avec son Banana Jazz qui connut de nombreux avatars. Tous les amateurs de France et de Navarre en conservent le souvenir. Cerise sur le gâteau, Nadia Cambours apporte au groupe son talent, non seulement de chanteuse, mais d’animatrice dont la présence scénique joue avec bonheur sur le charme et l’humour. Quant à sa voix, elle a a gagné en profondeur, en expressivité. Ainsi lui permet-elle, notamment, d’aborder sans complexe les succès de Billie (Fine And Mellow, Them There Eyes et son scat ravageur) et quelques autres standards éprouvés qu’elle fait siens et renouvelle, comme ce Swing Brother, Swing qui n’a jamais si bien porté son titre.
Le répertoire tourne, du reste, autour de Basie, Ellington, avec des incursions en-dehors de l’ère swing (Pee Wee Blues de Pee Wee Russell, rarement interprété). Rien de surprenant. On connaît la dilection de Paul Chéron pour une période qu’il connaît sur le bout de l’anche. Alternant clarinette et ténor, il forme avec Cyril Dubilé un tandem qu’une période de rodage devrait rendre encore plus attrayant.
Nicolas Gardel (tp, synth), Ferdinand Doumerc (as, ts,, fl), Alex Cantié (p, elp), Dorian Dutech (g), Pascal Celma (b), Fabien Tournier (dm).
Les Headbangers de Nicolas Gardel proposent, pour leur part, un saut dans la modernité. Leur nom rappelle, évidemment, les Head Hunters, que Herbie Hancock hissa jusqu’à la célébrité dans les années 70. Mais cette seule référence serait, en l’occurrence, réductrice. Tous les apports les plus contemporains, tant en matière d’instrumentation et d’usage de l’électronique que d’inspiration, concourent à l’expression d’une musique qui défie toutes les catégories. Elle convoque à la fois le jazz, le funk, le groove, la pop, les mixe, les juxtapose et, en définitive, les transcende. Le sextette, d’une cohérence impressionnante, fonctionne à l’énergie. Elle se déploie sans relâche de Song For Universe à What’s This Thing Called Jazz (encore un clin d’œil), en passant par The Last Day On Earth et The Dark Side Of A Love Affair qui a donné son nom à leur premier album.
Des mélodies efficaces, parfois prenantes. Leur auteur, tel le Miles électrique des derniers concerts, se multiplie, passant avec aisance de la trompette aux claviers. S’il cultive la virtuosité, il sait aussi jouer avec les silences. Ses compositions y gagnent une profondeur indéniable. D’autant que Ferdinand Doumerc se révèle, lui aussi, soliste inspiré. Les autres membres du groupe, l’un des ensembles les plus prometteurs du moment, leur fournissent une stimulation de tous les instants. De ce concert, on ressort en apesanteur. Ce qui est le plus beau compliment qui se puisse faire à une formation cultivant volontiers les références « cosmiques », à en juger par les titres de quelques-uns de leurs morceaux…
Jacques Aboucaya|« Le plus grand des petits festivals ». Un slogan nullement usurpé. Sept éditions successives ont permis à Terre de Jazz de croître et d’essaimer dans toute la région du Savès, ce coin du Sud-Ouest à cheval sur la Haute-Garonne et le Gers. Un pays où il fait bon vivre pour des raisons que le moindre guide touristique détaille avec gourmandise et qu’il n’y a pas lieu de développer ici. Même si le plaisir de l’œil, de l’oreille et des papilles s’y révèle des plus harmonieux.
Difficile de passer sous silence le travail accompli par la Maison de la Terre, le café associatif du petit village de Poucharramet, à l’initiative de cette manifestation, avec quelques amateurs passionnés. A commencer par Hugues Foca, plaque tournante et cerveau de l’entreprise. J’en ai déjà entretenu, l’an dernier à pareille époque, les lecteurs de ce blog.
Un festival éclaté, donc, entre plusieurs bourgades. Ouvert le 2 avril à Saint-Elix le-Château, clos le 9 à Sainte-Foy-de-Peyrolières, avec, le 10 à Forgues, un pseudopode poussé vers le jeune public. Des concerts à la Maison de la Terre, en l’église de Lherm, dans une boucherie de Rieumes (mais oui !) et un cinéma de Muret. Une large place accordée à la musique manouche ou apparentée, avec le groupe Gadjo Combo et les Swing Vandals. Du funk néo-orléanais avec l’ensemble Struts. Un chœur de gospel sous la direction d’Isabelle Bertoli, alliant, chose rare, cohésion et sens du swing. Une « leçon de jazz », donnée par le saxophoniste Richard Calléja qui fait revivre Billie avec émotion et compétence. Des agapes diverses et variées (merci, Eva !), et même un « café littéraire »… C’est dire l’éclectisme.
Sommets du festival, deux concerts donnés à la salle des fêtes de Sainte-Foy-de-Peyrolières, le 8 par le Paul Chéron et Nadia Cambours Swingtet, puis, le lendemain, par les Headbangers de Nicolas Gardel.
Paul Chéron (cl, ts), Cyril Dubilé (tb), Henri Chéron (g), Pierre-Luc Puig (b), Nadia Cambours (voc).
Le fondateur du Tuxedo Big Band, lauréat de l’Académie du Jazz en 2013, revient ce soir à une formule qu’il affectionne, celle du quartette, éprouvée depuis les années 80 avec son Banana Jazz qui connut de nombreux avatars. Tous les amateurs de France et de Navarre en conservent le souvenir. Cerise sur le gâteau, Nadia Cambours apporte au groupe son talent, non seulement de chanteuse, mais d’animatrice dont la présence scénique joue avec bonheur sur le charme et l’humour. Quant à sa voix, elle a a gagné en profondeur, en expressivité. Ainsi lui permet-elle, notamment, d’aborder sans complexe les succès de Billie (Fine And Mellow, Them There Eyes et son scat ravageur) et quelques autres standards éprouvés qu’elle fait siens et renouvelle, comme ce Swing Brother, Swing qui n’a jamais si bien porté son titre.
Le répertoire tourne, du reste, autour de Basie, Ellington, avec des incursions en-dehors de l’ère swing (Pee Wee Blues de Pee Wee Russell, rarement interprété). Rien de surprenant. On connaît la dilection de Paul Chéron pour une période qu’il connaît sur le bout de l’anche. Alternant clarinette et ténor, il forme avec Cyril Dubilé un tandem qu’une période de rodage devrait rendre encore plus attrayant.
Nicolas Gardel (tp, synth), Ferdinand Doumerc (as, ts,, fl), Alex Cantié (p, elp), Dorian Dutech (g), Pascal Celma (b), Fabien Tournier (dm).
Les Headbangers de Nicolas Gardel proposent, pour leur part, un saut dans la modernité. Leur nom rappelle, évidemment, les Head Hunters, que Herbie Hancock hissa jusqu’à la célébrité dans les années 70. Mais cette seule référence serait, en l’occurrence, réductrice. Tous les apports les plus contemporains, tant en matière d’instrumentation et d’usage de l’électronique que d’inspiration, concourent à l’expression d’une musique qui défie toutes les catégories. Elle convoque à la fois le jazz, le funk, le groove, la pop, les mixe, les juxtapose et, en définitive, les transcende. Le sextette, d’une cohérence impressionnante, fonctionne à l’énergie. Elle se déploie sans relâche de Song For Universe à What’s This Thing Called Jazz (encore un clin d’œil), en passant par The Last Day On Earth et The Dark Side Of A Love Affair qui a donné son nom à leur premier album.
Des mélodies efficaces, parfois prenantes. Leur auteur, tel le Miles électrique des derniers concerts, se multiplie, passant avec aisance de la trompette aux claviers. S’il cultive la virtuosité, il sait aussi jouer avec les silences. Ses compositions y gagnent une profondeur indéniable. D’autant que Ferdinand Doumerc se révèle, lui aussi, soliste inspiré. Les autres membres du groupe, l’un des ensembles les plus prometteurs du moment, leur fournissent une stimulation de tous les instants. De ce concert, on ressort en apesanteur. Ce qui est le plus beau compliment qui se puisse faire à une formation cultivant volontiers les références « cosmiques », à en juger par les titres de quelques-uns de leurs morceaux…
Jacques Aboucaya