JAZZ SUR LE VIF : ANDY EMLER «RUNNING BACKWARDS»
Pour l’avant dernier concert de la saison de jazz de Radio France, Arnaud Merlin avait invité, en première partie, le quintette « Horizons » du tromboniste Gueorgui Kornazov. Émile Parisien, annoncé, était retenu à Berlin par la grève d’Air France ; il fut donc remplacé au sein du groupe par le trompettiste Geoffroy Tamisier, familier de ce répertoire. Belle prestation, très lyrique, avec la suite Sila, publiée en 2013 sur un disque éponyme. Pour la seconde partie, tout était inédit : le groupe, et le répertoire, créé ce jour-là devant les micros de Radio France. Andy Emler, avec son trio régulier, retrouvait un complice de longue date : Marc Ducret.
Andy Emler (piano, composition), Marc Ducret (guitare), Claude Tchamitchian (contrebasse), Éric Échampard (batterie).
Paris, Maison de la Radio, 11 juin 2016, 19h
L’intitulé du groupe pourrait évoquer cette discipline surprenante qui consiste à courir à reculons…. En fait, il s’agit d’autre chose : d’un constat pessimiste sur la marche d’un monde où les valeurs humaines tendent à régresser, et qui nous donnerait l’envie de faire demi-tour pour se sauver en courant, ou encore de fuir droit devant face à l’étendue du péril ! En présentant le groupe sur scène, Arnaud Merlin annonçait « une heure d’expérimentation joyeuse et virtuose ». Ce fut effectivement le cas, sur un nouveau répertoire du pianiste, reprenant parfois des choses expérimentées naguère avec Marc Ducret ; et avec beaucoup d’espaces d’improvisation. La musique puise aux sources de la mémoire musicale de ses protagonistes : le jazz bien sûr, mais aussi le rock progressif, la musique dite contemporaine, et une forme sophistiquée et intelligente de jazz-fusion. Ici des intervalles distendus, dans une absolue liberté tonale ; ailleurs des chromatismes serrés, en volutes obsédantes.
C’est comme un voyage dans des paysages fluctuants, tantôt en territoire de vitesse, d’escarpement et de ruptures brutales, et tantôt en espace recueilli ou mélancolique. Avec au fil des pièces, une foule d’échanges pleins de surprises et d’invention : piano-guitare, piano-contrebasse, guitare-batterie…. Bref une musique intensément vivante, avec aussi son lot d’échappées souriantes, quand la voix s’invite, reproduisant in vivo les sonorités étranges d’une parole sur une bande magnétique qui défile à l’envers. Un instant, on entendra l’interaction douce telle qu’elle se joue dans musique de chambre ; ailleurs le pianiste se souviendra qu’il a conçu la musique d’un spectacle intitulé Ravel. Tous quatre sont des solistes hors de pair, et la musique proposée leur permet de s’exprimer largement ; mais cette expression, même dans un solo absolu, garde son caractère collectif, tant tout semble habité par l’idée de faire-groupe, de faire-musique-ensemble. C’est évidemment le résultat d’anciennes connivences : le pianiste et le guitariste ont partagé maintes expériences depuis le tout début des années 80. Le batteur joue en trio avec le guitariste depuis presque vingt ans, et il fait trio avec le pianiste et le contrebassiste depuis plus de dix ans. Ce partage, lié à la formidable aisance que donne une virtuosité dominée et libérée, fait que ce groupe est une fête : de l’esprit, de l’émoi et de l’intelligence ; bref avec quelques jours d’avance, une VRAIE fête de la musique. Vérification sur les ondes de France Musique le 15 juin.
Xavier Prévost
La totalité du concert, quintette de Gueorgui Kornazov puis quartette d’Andy Emler, sera diffusée sur France Musique le mercredi 15 juin 2016 à 20h dans l’émission « Les Mercredis du jazz » de Jérôme Badini.
Un CD sera enregistré par le groupe en novembre à Pernes-les -Fontaines, au fameux studio de La Buissonne. Parution prévue au printemps 2017.|Pour l’avant dernier concert de la saison de jazz de Radio France, Arnaud Merlin avait invité, en première partie, le quintette « Horizons » du tromboniste Gueorgui Kornazov. Émile Parisien, annoncé, était retenu à Berlin par la grève d’Air France ; il fut donc remplacé au sein du groupe par le trompettiste Geoffroy Tamisier, familier de ce répertoire. Belle prestation, très lyrique, avec la suite Sila, publiée en 2013 sur un disque éponyme. Pour la seconde partie, tout était inédit : le groupe, et le répertoire, créé ce jour-là devant les micros de Radio France. Andy Emler, avec son trio régulier, retrouvait un complice de longue date : Marc Ducret.
Andy Emler (piano, composition), Marc Ducret (guitare), Claude Tchamitchian (contrebasse), Éric Échampard (batterie).
Paris, Maison de la Radio, 11 juin 2016, 19h
L’intitulé du groupe pourrait évoquer cette discipline surprenante qui consiste à courir à reculons…. En fait, il s’agit d’autre chose : d’un constat pessimiste sur la marche d’un monde où les valeurs humaines tendent à régresser, et qui nous donnerait l’envie de faire demi-tour pour se sauver en courant, ou encore de fuir droit devant face à l’étendue du péril ! En présentant le groupe sur scène, Arnaud Merlin annonçait « une heure d’expérimentation joyeuse et virtuose ». Ce fut effectivement le cas, sur un nouveau répertoire du pianiste, reprenant parfois des choses expérimentées naguère avec Marc Ducret ; et avec beaucoup d’espaces d’improvisation. La musique puise aux sources de la mémoire musicale de ses protagonistes : le jazz bien sûr, mais aussi le rock progressif, la musique dite contemporaine, et une forme sophistiquée et intelligente de jazz-fusion. Ici des intervalles distendus, dans une absolue liberté tonale ; ailleurs des chromatismes serrés, en volutes obsédantes.
C’est comme un voyage dans des paysages fluctuants, tantôt en territoire de vitesse, d’escarpement et de ruptures brutales, et tantôt en espace recueilli ou mélancolique. Avec au fil des pièces, une foule d’échanges pleins de surprises et d’invention : piano-guitare, piano-contrebasse, guitare-batterie…. Bref une musique intensément vivante, avec aussi son lot d’échappées souriantes, quand la voix s’invite, reproduisant in vivo les sonorités étranges d’une parole sur une bande magnétique qui défile à l’envers. Un instant, on entendra l’interaction douce telle qu’elle se joue dans musique de chambre ; ailleurs le pianiste se souviendra qu’il a conçu la musique d’un spectacle intitulé Ravel. Tous quatre sont des solistes hors de pair, et la musique proposée leur permet de s’exprimer largement ; mais cette expression, même dans un solo absolu, garde son caractère collectif, tant tout semble habité par l’idée de faire-groupe, de faire-musique-ensemble. C’est évidemment le résultat d’anciennes connivences : le pianiste et le guitariste ont partagé maintes expériences depuis le tout début des années 80. Le batteur joue en trio avec le guitariste depuis presque vingt ans, et il fait trio avec le pianiste et le contrebassiste depuis plus de dix ans. Ce partage, lié à la formidable aisance que donne une virtuosité dominée et libérée, fait que ce groupe est une fête : de l’esprit, de l’émoi et de l’intelligence ; bref avec quelques jours d’avance, une VRAIE fête de la musique. Vérification sur les ondes de France Musique le 15 juin.
Xavier Prévost
La totalité du concert, quintette de Gueorgui Kornazov puis quartette d’Andy Emler, sera diffusée sur France Musique le mercredi 15 juin 2016 à 20h dans l’émission « Les Mercredis du jazz » de Jérôme Badini.
Un CD sera enregistré par le groupe en novembre à Pernes-les -Fontaines, au fameux studio de La Buissonne. Parution prévue au printemps 2017.|Pour l’avant dernier concert de la saison de jazz de Radio France, Arnaud Merlin avait invité, en première partie, le quintette « Horizons » du tromboniste Gueorgui Kornazov. Émile Parisien, annoncé, était retenu à Berlin par la grève d’Air France ; il fut donc remplacé au sein du groupe par le trompettiste Geoffroy Tamisier, familier de ce répertoire. Belle prestation, très lyrique, avec la suite Sila, publiée en 2013 sur un disque éponyme. Pour la seconde partie, tout était inédit : le groupe, et le répertoire, créé ce jour-là devant les micros de Radio France. Andy Emler, avec son trio régulier, retrouvait un complice de longue date : Marc Ducret.
Andy Emler (piano, composition), Marc Ducret (guitare), Claude Tchamitchian (contrebasse), Éric Échampard (batterie).
Paris, Maison de la Radio, 11 juin 2016, 19h
L’intitulé du groupe pourrait évoquer cette discipline surprenante qui consiste à courir à reculons…. En fait, il s’agit d’autre chose : d’un constat pessimiste sur la marche d’un monde où les valeurs humaines tendent à régresser, et qui nous donnerait l’envie de faire demi-tour pour se sauver en courant, ou encore de fuir droit devant face à l’étendue du péril ! En présentant le groupe sur scène, Arnaud Merlin annonçait « une heure d’expérimentation joyeuse et virtuose ». Ce fut effectivement le cas, sur un nouveau répertoire du pianiste, reprenant parfois des choses expérimentées naguère avec Marc Ducret ; et avec beaucoup d’espaces d’improvisation. La musique puise aux sources de la mémoire musicale de ses protagonistes : le jazz bien sûr, mais aussi le rock progressif, la musique dite contemporaine, et une forme sophistiquée et intelligente de jazz-fusion. Ici des intervalles distendus, dans une absolue liberté tonale ; ailleurs des chromatismes serrés, en volutes obsédantes.
C’est comme un voyage dans des paysages fluctuants, tantôt en territoire de vitesse, d’escarpement et de ruptures brutales, et tantôt en espace recueilli ou mélancolique. Avec au fil des pièces, une foule d’échanges pleins de surprises et d’invention : piano-guitare, piano-contrebasse, guitare-batterie…. Bref une musique intensément vivante, avec aussi son lot d’échappées souriantes, quand la voix s’invite, reproduisant in vivo les sonorités étranges d’une parole sur une bande magnétique qui défile à l’envers. Un instant, on entendra l’interaction douce telle qu’elle se joue dans musique de chambre ; ailleurs le pianiste se souviendra qu’il a conçu la musique d’un spectacle intitulé Ravel. Tous quatre sont des solistes hors de pair, et la musique proposée leur permet de s’exprimer largement ; mais cette expression, même dans un solo absolu, garde son caractère collectif, tant tout semble habité par l’idée de faire-groupe, de faire-musique-ensemble. C’est évidemment le résultat d’anciennes connivences : le pianiste et le guitariste ont partagé maintes expériences depuis le tout début des années 80. Le batteur joue en trio avec le guitariste depuis presque vingt ans, et il fait trio avec le pianiste et le contrebassiste depuis plus de dix ans. Ce partage, lié à la formidable aisance que donne une virtuosité dominée et libérée, fait que ce groupe est une fête : de l’esprit, de l’émoi et de l’intelligence ; bref avec quelques jours d’avance, une VRAIE fête de la musique. Vérification sur les ondes de France Musique le 15 juin.
Xavier Prévost
La totalité du concert, quintette de Gueorgui Kornazov puis quartette d’Andy Emler, sera diffusée sur France Musique le mercredi 15 juin 2016 à 20h dans l’émission « Les Mercredis du jazz » de Jérôme Badini.
Un CD sera enregistré par le groupe en novembre à Pernes-les -Fontaines, au fameux studio de La Buissonne. Parution prévue au printemps 2017.|Pour l’avant dernier concert de la saison de jazz de Radio France, Arnaud Merlin avait invité, en première partie, le quintette « Horizons » du tromboniste Gueorgui Kornazov. Émile Parisien, annoncé, était retenu à Berlin par la grève d’Air France ; il fut donc remplacé au sein du groupe par le trompettiste Geoffroy Tamisier, familier de ce répertoire. Belle prestation, très lyrique, avec la suite Sila, publiée en 2013 sur un disque éponyme. Pour la seconde partie, tout était inédit : le groupe, et le répertoire, créé ce jour-là devant les micros de Radio France. Andy Emler, avec son trio régulier, retrouvait un complice de longue date : Marc Ducret.
Andy Emler (piano, composition), Marc Ducret (guitare), Claude Tchamitchian (contrebasse), Éric Échampard (batterie).
Paris, Maison de la Radio, 11 juin 2016, 19h
L’intitulé du groupe pourrait évoquer cette discipline surprenante qui consiste à courir à reculons…. En fait, il s’agit d’autre chose : d’un constat pessimiste sur la marche d’un monde où les valeurs humaines tendent à régresser, et qui nous donnerait l’envie de faire demi-tour pour se sauver en courant, ou encore de fuir droit devant face à l’étendue du péril ! En présentant le groupe sur scène, Arnaud Merlin annonçait « une heure d’expérimentation joyeuse et virtuose ». Ce fut effectivement le cas, sur un nouveau répertoire du pianiste, reprenant parfois des choses expérimentées naguère avec Marc Ducret ; et avec beaucoup d’espaces d’improvisation. La musique puise aux sources de la mémoire musicale de ses protagonistes : le jazz bien sûr, mais aussi le rock progressif, la musique dite contemporaine, et une forme sophistiquée et intelligente de jazz-fusion. Ici des intervalles distendus, dans une absolue liberté tonale ; ailleurs des chromatismes serrés, en volutes obsédantes.
C’est comme un voyage dans des paysages fluctuants, tantôt en territoire de vitesse, d’escarpement et de ruptures brutales, et tantôt en espace recueilli ou mélancolique. Avec au fil des pièces, une foule d’échanges pleins de surprises et d’invention : piano-guitare, piano-contrebasse, guitare-batterie…. Bref une musique intensément vivante, avec aussi son lot d’échappées souriantes, quand la voix s’invite, reproduisant in vivo les sonorités étranges d’une parole sur une bande magnétique qui défile à l’envers. Un instant, on entendra l’interaction douce telle qu’elle se joue dans musique de chambre ; ailleurs le pianiste se souviendra qu’il a conçu la musique d’un spectacle intitulé Ravel. Tous quatre sont des solistes hors de pair, et la musique proposée leur permet de s’exprimer largement ; mais cette expression, même dans un solo absolu, garde son caractère collectif, tant tout semble habité par l’idée de faire-groupe, de faire-musique-ensemble. C’est évidemment le résultat d’anciennes connivences : le pianiste et le guitariste ont partagé maintes expériences depuis le tout début des années 80. Le batteur joue en trio avec le guitariste depuis presque vingt ans, et il fait trio avec le pianiste et le contrebassiste depuis plus de dix ans. Ce partage, lié à la formidable aisance que donne une virtuosité dominée et libérée, fait que ce groupe est une fête : de l’esprit, de l’émoi et de l’intelligence ; bref avec quelques jours d’avance, une VRAIE fête de la musique. Vérification sur les ondes de France Musique le 15 juin.
Xavier Prévost
La totalité du concert, quintette de Gueorgui Kornazov puis quartette d’Andy Emler, sera diffusée sur France Musique le mercredi 15 juin 2016 à 20h dans l’émission « Les Mercredis du jazz » de Jérôme Badini.
Un CD sera enregistré par le groupe en novembre à Pernes-les -Fontaines, au fameux studio de La Buissonne. Parution prévue au printemps 2017.