Les concerts dessinés du Sunset, première !
La fête de la musique était le jour choisi pour inaugurer la série de concerts dessinés qui auront désormais lieu régulièrement au Sunset.
Hommage à Edith Piaf par Viviane Ginapé (voc), Claude Mouton (b), Thierry Tardieu (dm), Antoine Delprat (p) et le dessinateur José Correa, mardi 21 juin 2016, le Sunset, 75004 Paris
Le Sunset a donc décidé d’associer régulièrement la musique et l’image. La première soirée était consacrée à des grandes figures de la chanson française: Edith Piaf, Georges Brassens, Claude Nougaro. Le dispositif, simple et léger, est conçu pour ne pas empêcher la musique de se déployer. Un écran est situé derrière les musiciens. Le dessinateur est au premier rang. Au dessus de sa feuille, une petite caméra lui permet de réagir à la musique jouée devant lui.
L’hommage à Edith Piaf est mené par une chanteuse de caractère, Viviane Ginapé, qui fait apprécier la musicalité de son scat, même sur des titres ne se prêtant a priori guère à l’exercice comme « Je ne regrette rien », chanson que j’ai toujours trouvée un peu lourde. Viviane Ginapé donne aussi une belle version de Milord. Elle est entourée de très bons musiciens qui ancrent toutes ces chansons dans une pulsation résolumment jazz. On remarque le jeune pianiste Antoine Delprat, étincelant à chacune de ses interventions, qui prend un solo irrésistible sur La vie en rose.
Et le dessinateur? Il s’agit de José Correa, peintre, dessinateur, auteur de plusieurs ouvrages chez BD Music, la collection dirigée par Bruno Théol. Il a commencé, avant que la musique ne commence, par faire un joli portrait d’Edith Piaf, comme un chat qui se fait les griffes. Puis il a tranquillement croqué les musiciens, notamment Viviane Ginapé et le contrebassiste Claude Mouton dans leurs attitudes les plus caractéristiques.
Derrière lui, une autre dessinatrice Annie-Claire Alvoët, l’oeil aussi aiguisé que la plume, et qui se prêtera à l’exercice le 7 août (soirée Duke Ellington). Elle dessine le dessinateur dessinant, ce que l’on appelle de manière un peu pompeuse et jargonnante « faire une vache qui rit » et en termes plus familiers une mise en abyme. Cette dimension picturale donne une épice supplémentaire à la musique. Les spectateurs ne s’y sont pas trompés, qui se pressaient en masse au Sunset hier soir. D’autres concerts dessinés sont prévus cet été: Franck Sinatra le 3 juillet, Elvis Presley le 17 juillet, Duke Ellington le 7 août (avec les dessins d’Annie-Claire Alvoët et Laurent Courtailhac au piano).
Après Edith Piaf, deux autres concerts dessinés sont prévus dans la soirée: l’un consacré à Georges Brassens, l’autre à Claude Nougaro.
Mais nous devons quitter le Sunset pour assister au concert de Clotilde Rullaud et Alexandre Saada. Il est prévu dans un endroit peu fréquenté par les amateurs de jazz, le Silencio, boîte de nuit branchée sise rue Montmartre dont le décor a apparemment été conçu par Lynch lui-même. C’est volontairement labyrinthique, avec des salles comme des alvéoles, des jeux sur l’opacité et la transparence, une atmosphère un peu inquiétante et claustrophobe, en particulier ces carrés de bois dorés ou mats, qui ressemblent à une structure en train de s’effondrer. Le lieu comprend, outre un dance floor, une scène évoquant un théâtre à l’ancienne, comme celui qui sert de décor à une scène mémorable de de Mulholland drive, et qui dans le film s’appelle justement le Silencio.
Alexandre Saada et Clotilde Rullaud donnent un concert d’environ une heure avec, comme au New Morning des images projetées derrière la chanteuse, comme le sublime visage d’Anna Karina dans « Vivre sa vie » de Godard. Je ne répèterai pas tout le bien que je pense de ce duo et des deux musiciens qui le composent.
Mais je note quelques inflexions par rapport à la musique jouée au New Morning une semaine plus tôt. La version de Strange fruit donnée ce soir m’a semblé plus intense. Au New Morning Clotilde Rullaud avait psalmodié Strange Fruit autant qu’elle l’avait chanté. Ici, elle assume le chant et c’est très beau. Alexandre Saada laisse sourdre des accords où il semble avoir mis toute sa chair, tout son sang. Peu importe le lieu, ce duo est décidément magique.
Texte: JF Mondot
Dessins: Annie-Claire Alvoët (Nombreux dessins et peintures à voir sur son site www.annie-claire.com )
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La fête de la musique était le jour choisi pour inaugurer la série de concerts dessinés qui auront désormais lieu régulièrement au Sunset.
Hommage à Edith Piaf par Viviane Ginapé (voc), Claude Mouton (b), Thierry Tardieu (dm), Antoine Delprat (p) et le dessinateur José Correa, mardi 21 juin 2016, le Sunset, 75004 Paris
Le Sunset a donc décidé d’associer régulièrement la musique et l’image. La première soirée était consacrée à des grandes figures de la chanson française: Edith Piaf, Georges Brassens, Claude Nougaro. Le dispositif, simple et léger, est conçu pour ne pas empêcher la musique de se déployer. Un écran est situé derrière les musiciens. Le dessinateur est au premier rang. Au dessus de sa feuille, une petite caméra lui permet de réagir à la musique jouée devant lui.
L’hommage à Edith Piaf est mené par une chanteuse de caractère, Viviane Ginapé, qui fait apprécier la musicalité de son scat, même sur des titres ne se prêtant a priori guère à l’exercice comme « Je ne regrette rien », chanson que j’ai toujours trouvée un peu lourde. Viviane Ginapé donne aussi une belle version de Milord. Elle est entourée de très bons musiciens qui ancrent toutes ces chansons dans une pulsation résolumment jazz. On remarque le jeune pianiste Antoine Delprat, étincelant à chacune de ses interventions, qui prend un solo irrésistible sur La vie en rose.
Et le dessinateur? Il s’agit de José Correa, peintre, dessinateur, auteur de plusieurs ouvrages chez BD Music, la collection dirigée par Bruno Théol. Il a commencé, avant que la musique ne commence, par faire un joli portrait d’Edith Piaf, comme un chat qui se fait les griffes. Puis il a tranquillement croqué les musiciens, notamment Viviane Ginapé et le contrebassiste Claude Mouton dans leurs attitudes les plus caractéristiques.
Derrière lui, une autre dessinatrice Annie-Claire Alvoët, l’oeil aussi aiguisé que la plume, et qui se prêtera à l’exercice le 7 août (soirée Duke Ellington). Elle dessine le dessinateur dessinant, ce que l’on appelle de manière un peu pompeuse et jargonnante « faire une vache qui rit » et en termes plus familiers une mise en abyme. Cette dimension picturale donne une épice supplémentaire à la musique. Les spectateurs ne s’y sont pas trompés, qui se pressaient en masse au Sunset hier soir. D’autres concerts dessinés sont prévus cet été: Franck Sinatra le 3 juillet, Elvis Presley le 17 juillet, Duke Ellington le 7 août (avec les dessins d’Annie-Claire Alvoët et Laurent Courtailhac au piano).
Après Edith Piaf, deux autres concerts dessinés sont prévus dans la soirée: l’un consacré à Georges Brassens, l’autre à Claude Nougaro.
Mais nous devons quitter le Sunset pour assister au concert de Clotilde Rullaud et Alexandre Saada. Il est prévu dans un endroit peu fréquenté par les amateurs de jazz, le Silencio, boîte de nuit branchée sise rue Montmartre dont le décor a apparemment été conçu par Lynch lui-même. C’est volontairement labyrinthique, avec des salles comme des alvéoles, des jeux sur l’opacité et la transparence, une atmosphère un peu inquiétante et claustrophobe, en particulier ces carrés de bois dorés ou mats, qui ressemblent à une structure en train de s’effondrer. Le lieu comprend, outre un dance floor, une scène évoquant un théâtre à l’ancienne, comme celui qui sert de décor à une scène mémorable de de Mulholland drive, et qui dans le film s’appelle justement le Silencio.
Alexandre Saada et Clotilde Rullaud donnent un concert d’environ une heure avec, comme au New Morning des images projetées derrière la chanteuse, comme le sublime visage d’Anna Karina dans « Vivre sa vie » de Godard. Je ne répèterai pas tout le bien que je pense de ce duo et des deux musiciens qui le composent.
Mais je note quelques inflexions par rapport à la musique jouée au New Morning une semaine plus tôt. La version de Strange fruit donnée ce soir m’a semblé plus intense. Au New Morning Clotilde Rullaud avait psalmodié Strange Fruit autant qu’elle l’avait chanté. Ici, elle assume le chant et c’est très beau. Alexandre Saada laisse sourdre des accords où il semble avoir mis toute sa chair, tout son sang. Peu importe le lieu, ce duo est décidément magique.
Texte: JF Mondot
Dessins: Annie-Claire Alvoët (Nombreux dessins et peintures à voir sur son site www.annie-claire.com )
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La fête de la musique était le jour choisi pour inaugurer la série de concerts dessinés qui auront désormais lieu régulièrement au Sunset.
Hommage à Edith Piaf par Viviane Ginapé (voc), Claude Mouton (b), Thierry Tardieu (dm), Antoine Delprat (p) et le dessinateur José Correa, mardi 21 juin 2016, le Sunset, 75004 Paris
Le Sunset a donc décidé d’associer régulièrement la musique et l’image. La première soirée était consacrée à des grandes figures de la chanson française: Edith Piaf, Georges Brassens, Claude Nougaro. Le dispositif, simple et léger, est conçu pour ne pas empêcher la musique de se déployer. Un écran est situé derrière les musiciens. Le dessinateur est au premier rang. Au dessus de sa feuille, une petite caméra lui permet de réagir à la musique jouée devant lui.
L’hommage à Edith Piaf est mené par une chanteuse de caractère, Viviane Ginapé, qui fait apprécier la musicalité de son scat, même sur des titres ne se prêtant a priori guère à l’exercice comme « Je ne regrette rien », chanson que j’ai toujours trouvée un peu lourde. Viviane Ginapé donne aussi une belle version de Milord. Elle est entourée de très bons musiciens qui ancrent toutes ces chansons dans une pulsation résolumment jazz. On remarque le jeune pianiste Antoine Delprat, étincelant à chacune de ses interventions, qui prend un solo irrésistible sur La vie en rose.
Et le dessinateur? Il s’agit de José Correa, peintre, dessinateur, auteur de plusieurs ouvrages chez BD Music, la collection dirigée par Bruno Théol. Il a commencé, avant que la musique ne commence, par faire un joli portrait d’Edith Piaf, comme un chat qui se fait les griffes. Puis il a tranquillement croqué les musiciens, notamment Viviane Ginapé et le contrebassiste Claude Mouton dans leurs attitudes les plus caractéristiques.
Derrière lui, une autre dessinatrice Annie-Claire Alvoët, l’oeil aussi aiguisé que la plume, et qui se prêtera à l’exercice le 7 août (soirée Duke Ellington). Elle dessine le dessinateur dessinant, ce que l’on appelle de manière un peu pompeuse et jargonnante « faire une vache qui rit » et en termes plus familiers une mise en abyme. Cette dimension picturale donne une épice supplémentaire à la musique. Les spectateurs ne s’y sont pas trompés, qui se pressaient en masse au Sunset hier soir. D’autres concerts dessinés sont prévus cet été: Franck Sinatra le 3 juillet, Elvis Presley le 17 juillet, Duke Ellington le 7 août (avec les dessins d’Annie-Claire Alvoët et Laurent Courtailhac au piano).
Après Edith Piaf, deux autres concerts dessinés sont prévus dans la soirée: l’un consacré à Georges Brassens, l’autre à Claude Nougaro.
Mais nous devons quitter le Sunset pour assister au concert de Clotilde Rullaud et Alexandre Saada. Il est prévu dans un endroit peu fréquenté par les amateurs de jazz, le Silencio, boîte de nuit branchée sise rue Montmartre dont le décor a apparemment été conçu par Lynch lui-même. C’est volontairement labyrinthique, avec des salles comme des alvéoles, des jeux sur l’opacité et la transparence, une atmosphère un peu inquiétante et claustrophobe, en particulier ces carrés de bois dorés ou mats, qui ressemblent à une structure en train de s’effondrer. Le lieu comprend, outre un dance floor, une scène évoquant un théâtre à l’ancienne, comme celui qui sert de décor à une scène mémorable de de Mulholland drive, et qui dans le film s’appelle justement le Silencio.
Alexandre Saada et Clotilde Rullaud donnent un concert d’environ une heure avec, comme au New Morning des images projetées derrière la chanteuse, comme le sublime visage d’Anna Karina dans « Vivre sa vie » de Godard. Je ne répèterai pas tout le bien que je pense de ce duo et des deux musiciens qui le composent.
Mais je note quelques inflexions par rapport à la musique jouée au New Morning une semaine plus tôt. La version de Strange fruit donnée ce soir m’a semblé plus intense. Au New Morning Clotilde Rullaud avait psalmodié Strange Fruit autant qu’elle l’avait chanté. Ici, elle assume le chant et c’est très beau. Alexandre Saada laisse sourdre des accords où il semble avoir mis toute sa chair, tout son sang. Peu importe le lieu, ce duo est décidément magique.
Texte: JF Mondot
Dessins: Annie-Claire Alvoët (Nombreux dessins et peintures à voir sur son site www.annie-claire.com )
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La fête de la musique était le jour choisi pour inaugurer la série de concerts dessinés qui auront désormais lieu régulièrement au Sunset.
Hommage à Edith Piaf par Viviane Ginapé (voc), Claude Mouton (b), Thierry Tardieu (dm), Antoine Delprat (p) et le dessinateur José Correa, mardi 21 juin 2016, le Sunset, 75004 Paris
Le Sunset a donc décidé d’associer régulièrement la musique et l’image. La première soirée était consacrée à des grandes figures de la chanson française: Edith Piaf, Georges Brassens, Claude Nougaro. Le dispositif, simple et léger, est conçu pour ne pas empêcher la musique de se déployer. Un écran est situé derrière les musiciens. Le dessinateur est au premier rang. Au dessus de sa feuille, une petite caméra lui permet de réagir à la musique jouée devant lui.
L’hommage à Edith Piaf est mené par une chanteuse de caractère, Viviane Ginapé, qui fait apprécier la musicalité de son scat, même sur des titres ne se prêtant a priori guère à l’exercice comme « Je ne regrette rien », chanson que j’ai toujours trouvée un peu lourde. Viviane Ginapé donne aussi une belle version de Milord. Elle est entourée de très bons musiciens qui ancrent toutes ces chansons dans une pulsation résolumment jazz. On remarque le jeune pianiste Antoine Delprat, étincelant à chacune de ses interventions, qui prend un solo irrésistible sur La vie en rose.
Et le dessinateur? Il s’agit de José Correa, peintre, dessinateur, auteur de plusieurs ouvrages chez BD Music, la collection dirigée par Bruno Théol. Il a commencé, avant que la musique ne commence, par faire un joli portrait d’Edith Piaf, comme un chat qui se fait les griffes. Puis il a tranquillement croqué les musiciens, notamment Viviane Ginapé et le contrebassiste Claude Mouton dans leurs attitudes les plus caractéristiques.
Derrière lui, une autre dessinatrice Annie-Claire Alvoët, l’oeil aussi aiguisé que la plume, et qui se prêtera à l’exercice le 7 août (soirée Duke Ellington). Elle dessine le dessinateur dessinant, ce que l’on appelle de manière un peu pompeuse et jargonnante « faire une vache qui rit » et en termes plus familiers une mise en abyme. Cette dimension picturale donne une épice supplémentaire à la musique. Les spectateurs ne s’y sont pas trompés, qui se pressaient en masse au Sunset hier soir. D’autres concerts dessinés sont prévus cet été: Franck Sinatra le 3 juillet, Elvis Presley le 17 juillet, Duke Ellington le 7 août (avec les dessins d’Annie-Claire Alvoët et Laurent Courtailhac au piano).
Après Edith Piaf, deux autres concerts dessinés sont prévus dans la soirée: l’un consacré à Georges Brassens, l’autre à Claude Nougaro.
Mais nous devons quitter le Sunset pour assister au concert de Clotilde Rullaud et Alexandre Saada. Il est prévu dans un endroit peu fréquenté par les amateurs de jazz, le Silencio, boîte de nuit branchée sise rue Montmartre dont le décor a apparemment été conçu par Lynch lui-même. C’est volontairement labyrinthique, avec des salles comme des alvéoles, des jeux sur l’opacité et la transparence, une atmosphère un peu inquiétante et claustrophobe, en particulier ces carrés de bois dorés ou mats, qui ressemblent à une structure en train de s’effondrer. Le lieu comprend, outre un dance floor, une scène évoquant un théâtre à l’ancienne, comme celui qui sert de décor à une scène mémorable de de Mulholland drive, et qui dans le film s’appelle justement le Silencio.
Alexandre Saada et Clotilde Rullaud donnent un concert d’environ une heure avec, comme au New Morning des images projetées derrière la chanteuse, comme le sublime visage d’Anna Karina dans « Vivre sa vie » de Godard. Je ne répèterai pas tout le bien que je pense de ce duo et des deux musiciens qui le composent.
Mais je note quelques inflexions par rapport à la musique jouée au New Morning une semaine plus tôt. La version de Strange fruit donnée ce soir m’a semblé plus intense. Au New Morning Clotilde Rullaud avait psalmodié Strange Fruit autant qu’elle l’avait chanté. Ici, elle assume le chant et c’est très beau. Alexandre Saada laisse sourdre des accords où il semble avoir mis toute sa chair, tout son sang. Peu importe le lieu, ce duo est décidément magique.
Texte: JF Mondot
Dessins: Annie-Claire Alvoët (Nombreux dessins et peintures à voir sur son site www.annie-claire.com )