Oloron: Des Rives et des Notes de fraicheur
Euro de foot, tournée du XV de France en Argentine: la concurrence est rude en terre béarnaise nourrie d’alluvions de ballons rond et ovale. Entre deux gaves le festival Des Rives et des Notes continue pourtant de charrier les galets d’un jazz frais.
Des Rives et des Notes, Oloron,
25 juin
Pascal Schumacher (vib), Frantz Von Chassy (p) Pol Belardi (b), Jens Duppe (dm)
Shai Maestro (p), Jorge Roeder (b), Ziv Ramitz (dm)
A l’image de son album déjà né du voyage (Left Tokyo Right, Laborie Jazz/Socadisc) Le travail scénique de Pascal Schumacher relève de sa fascination pour les canons de la vie japonaise. La musique composée (compositeur prolixe, jazz et BO films) s’expose live au travers d’un mélange vibraphone-piano, soit la juxtaposition voire le brassage de lamelles métal et de cordes frappées. Avec un appui rythmique (Jens Duppé en dé-coupe très carrée) la musique évolue en recherche de densité, parfois légère, parfois touffue. Le vibraphoniste applique à cet effet les principes du wabi-sabi « combinaison savante de l’harmonie et du désordre » Plus prosaïquement on parlera de recherche d’une certaine brillance (effet sonore très métal sur le Merry Christmas de Ryuichi Sakamoto)) et de séquences plus pesantes, compactes.
On ne peut qu’être frappé par l’économie de notes voire de phrases égrenées dans le piano de Shai Maetro le bien nommé. A rebrousse poils d’autres, stakhanovistes du clavier, il se plait à conquérir l’auditoire au travers d’une certaine sobriété dans les figures harmoniques et rythmiques abordées (When you stop seeing) Manière douce en majorité, impressionniste dans les couleurs exposées, tirant le fil vers la mélodie plutôt qu’en butte à l’étirer à tout prix. Souvent en ballade au centre du clavier, Shai Maestro vise au mieux disant pianistique sans en dire trop, trop vite ou ou trop fort. La musique s’imprime ainsi à l’oreille naturellement (Maya’s Song) D’autant qu’une forte complicité (quatre années de tournées désormais) lie la destinée du trio dans son savoir faire comme dans son savoir être musical. Avec comme pierre de touche ce fondement naturel du batteur Ziv Ramitz, étonnant faiseur de rythmes à partir de micro cellules de temps comptés ou non, une sorte de drone à caméra rythmique tant il s’éclate à survoler l’écueil des barres de mesure. Et lorsque, baguettes soudain au repos, il fait entendre sa voix suave en contrepoint du piano lancé en solo, il chante à propos comme sur caisses ou cymbales, toujours il joue juste.
26 juin, Salle Gélinotte
Airelle Besson (tp), Lynn Cassiers (voc), Benjamin Moussay (p, el p, synth), Fabrice Moreau (dm)
Lisa Simone (voc), Hervé Samb (dm), Reggie Washington (b, elb), Sonny Troupé (dm)
Avion en provenance de Roissy CDG retardé, check sound effectué à la va vite, problème de retour de scène pour la voix et le batteur. Début de concert « à l’arrache » (sic) un peu confus bien entendu dès lors que l’on sait que le produit musical manufacturé par Airelle Besson nécessite un maximum de concentration sinon de précision dans l’exécution…Puis la sono se règle, le son se régule, au total de visu les musiciens se régalent. La musique se construit avec l’(la dose d’) air nécessaire, Dès lors elle se met à circuler sur scène (interplay) comme dans la jolie salle de la Jéliote. Dans ce contexte quelque peu électrique (trafics sonores, échos) la voix (celle de Lynn Cassiers a remplacé Isabel Sörling désormais) jaillit en bonus. Avec ou sans mots intelligibles telle la marque d’une respiration. Le traitement des sons par Fender Rhodes ou synthé interposés de la part de Benjamin Moussay colorent les paysages en eaux fortes ou aquarelles, au choix (cf le CD du quartet Radio One, chez Naïve) Bien entendu, bien sur, bien compris : Airelle Besson joue ce qu’il faut, parait écouter beaucoup. Elle relance, titille les constructions échafaudées au besoin. Trompette aérienne piquée d’un zeste de réverbération façon ECM, inventive, ludique ( The peintre and the boxer) Ce quartet là s’écoute avec attention. Ainsi l’on ne perd rien des figures libres ou imposées de Fabrice Moreau, batterie enjouée et chantante à la fois. En rapport au disque le direct scénique ajoute un plus à la dimension du projet musical. A la manière d’une projection sur grand écran.
La scène là encore la transforme ou qui sait l’a définitivement transformée. Elle a gardé la puissance, la frappe de la voix. Maintenant sur les planches, au besoin, elle allume le feu. Elle a développé aussi, c’est patent, un contact appuyé avec un public qui ne la voit pas (c’est sur) comme une chanteuse de jazz. Ce public, elle va le chercher jusque dans les fauteuils, grimpant en rythme sur les gradins micro en mais. Elle explicite certes un peu trop de référence (révérence) maternelle. Mais qui oserait le lui reprocher ? Lisa Simone chanteuse s’affichant sous un nom propre gorgé d’histoire a charge d’âme, d’émotions profondes. Chanteuse soul donc elle bénéficie en back ground d‘une sacrée force de frappe instrumentale. Hervé Samb au tout premier plan a tiré toutes les leçons de guitare groove en noir (blues) et blanc (rock pop). Sonny Troupé aussi, calé pour l’occasion dans un rôle de sideman (quel solo de batterie, quasi à main nue, intelligent !) Lisa Simone avoue vivre en France. Elle n’en a pas moins terminé son concert a capella sur un Amazone Grace en modèle réduit. Public debout, conquis étourdi.
Euro ou Brexit qu’importe, en notes rondes ou ovales le jazz bien fait se plait à toujours rebondir…
Robert Latxague
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Euro de foot, tournée du XV de France en Argentine: la concurrence est rude en terre béarnaise nourrie d’alluvions de ballons rond et ovale. Entre deux gaves le festival Des Rives et des Notes continue pourtant de charrier les galets d’un jazz frais.
Des Rives et des Notes, Oloron,
25 juin
Pascal Schumacher (vib), Frantz Von Chassy (p) Pol Belardi (b), Jens Duppe (dm)
Shai Maestro (p), Jorge Roeder (b), Ziv Ramitz (dm)
A l’image de son album déjà né du voyage (Left Tokyo Right, Laborie Jazz/Socadisc) Le travail scénique de Pascal Schumacher relève de sa fascination pour les canons de la vie japonaise. La musique composée (compositeur prolixe, jazz et BO films) s’expose live au travers d’un mélange vibraphone-piano, soit la juxtaposition voire le brassage de lamelles métal et de cordes frappées. Avec un appui rythmique (Jens Duppé en dé-coupe très carrée) la musique évolue en recherche de densité, parfois légère, parfois touffue. Le vibraphoniste applique à cet effet les principes du wabi-sabi « combinaison savante de l’harmonie et du désordre » Plus prosaïquement on parlera de recherche d’une certaine brillance (effet sonore très métal sur le Merry Christmas de Ryuichi Sakamoto)) et de séquences plus pesantes, compactes.
On ne peut qu’être frappé par l’économie de notes voire de phrases égrenées dans le piano de Shai Maetro le bien nommé. A rebrousse poils d’autres, stakhanovistes du clavier, il se plait à conquérir l’auditoire au travers d’une certaine sobriété dans les figures harmoniques et rythmiques abordées (When you stop seeing) Manière douce en majorité, impressionniste dans les couleurs exposées, tirant le fil vers la mélodie plutôt qu’en butte à l’étirer à tout prix. Souvent en ballade au centre du clavier, Shai Maestro vise au mieux disant pianistique sans en dire trop, trop vite ou ou trop fort. La musique s’imprime ainsi à l’oreille naturellement (Maya’s Song) D’autant qu’une forte complicité (quatre années de tournées désormais) lie la destinée du trio dans son savoir faire comme dans son savoir être musical. Avec comme pierre de touche ce fondement naturel du batteur Ziv Ramitz, étonnant faiseur de rythmes à partir de micro cellules de temps comptés ou non, une sorte de drone à caméra rythmique tant il s’éclate à survoler l’écueil des barres de mesure. Et lorsque, baguettes soudain au repos, il fait entendre sa voix suave en contrepoint du piano lancé en solo, il chante à propos comme sur caisses ou cymbales, toujours il joue juste.
26 juin, Salle Gélinotte
Airelle Besson (tp), Lynn Cassiers (voc), Benjamin Moussay (p, el p, synth), Fabrice Moreau (dm)
Lisa Simone (voc), Hervé Samb (dm), Reggie Washington (b, elb), Sonny Troupé (dm)
Avion en provenance de Roissy CDG retardé, check sound effectué à la va vite, problème de retour de scène pour la voix et le batteur. Début de concert « à l’arrache » (sic) un peu confus bien entendu dès lors que l’on sait que le produit musical manufacturé par Airelle Besson nécessite un maximum de concentration sinon de précision dans l’exécution…Puis la sono se règle, le son se régule, au total de visu les musiciens se régalent. La musique se construit avec l’(la dose d’) air nécessaire, Dès lors elle se met à circuler sur scène (interplay) comme dans la jolie salle de la Jéliote. Dans ce contexte quelque peu électrique (trafics sonores, échos) la voix (celle de Lynn Cassiers a remplacé Isabel Sörling désormais) jaillit en bonus. Avec ou sans mots intelligibles telle la marque d’une respiration. Le traitement des sons par Fender Rhodes ou synthé interposés de la part de Benjamin Moussay colorent les paysages en eaux fortes ou aquarelles, au choix (cf le CD du quartet Radio One, chez Naïve) Bien entendu, bien sur, bien compris : Airelle Besson joue ce qu’il faut, parait écouter beaucoup. Elle relance, titille les constructions échafaudées au besoin. Trompette aérienne piquée d’un zeste de réverbération façon ECM, inventive, ludique ( The peintre and the boxer) Ce quartet là s’écoute avec attention. Ainsi l’on ne perd rien des figures libres ou imposées de Fabrice Moreau, batterie enjouée et chantante à la fois. En rapport au disque le direct scénique ajoute un plus à la dimension du projet musical. A la manière d’une projection sur grand écran.
La scène là encore la transforme ou qui sait l’a définitivement transformée. Elle a gardé la puissance, la frappe de la voix. Maintenant sur les planches, au besoin, elle allume le feu. Elle a développé aussi, c’est patent, un contact appuyé avec un public qui ne la voit pas (c’est sur) comme une chanteuse de jazz. Ce public, elle va le chercher jusque dans les fauteuils, grimpant en rythme sur les gradins micro en mais. Elle explicite certes un peu trop de référence (révérence) maternelle. Mais qui oserait le lui reprocher ? Lisa Simone chanteuse s’affichant sous un nom propre gorgé d’histoire a charge d’âme, d’émotions profondes. Chanteuse soul donc elle bénéficie en back ground d‘une sacrée force de frappe instrumentale. Hervé Samb au tout premier plan a tiré toutes les leçons de guitare groove en noir (blues) et blanc (rock pop). Sonny Troupé aussi, calé pour l’occasion dans un rôle de sideman (quel solo de batterie, quasi à main nue, intelligent !) Lisa Simone avoue vivre en France. Elle n’en a pas moins terminé son concert a capella sur un Amazone Grace en modèle réduit. Public debout, conquis étourdi.
Euro ou Brexit qu’importe, en notes rondes ou ovales le jazz bien fait se plait à toujours rebondir…
Robert Latxague
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Euro de foot, tournée du XV de France en Argentine: la concurrence est rude en terre béarnaise nourrie d’alluvions de ballons rond et ovale. Entre deux gaves le festival Des Rives et des Notes continue pourtant de charrier les galets d’un jazz frais.
Des Rives et des Notes, Oloron,
25 juin
Pascal Schumacher (vib), Frantz Von Chassy (p) Pol Belardi (b), Jens Duppe (dm)
Shai Maestro (p), Jorge Roeder (b), Ziv Ramitz (dm)
A l’image de son album déjà né du voyage (Left Tokyo Right, Laborie Jazz/Socadisc) Le travail scénique de Pascal Schumacher relève de sa fascination pour les canons de la vie japonaise. La musique composée (compositeur prolixe, jazz et BO films) s’expose live au travers d’un mélange vibraphone-piano, soit la juxtaposition voire le brassage de lamelles métal et de cordes frappées. Avec un appui rythmique (Jens Duppé en dé-coupe très carrée) la musique évolue en recherche de densité, parfois légère, parfois touffue. Le vibraphoniste applique à cet effet les principes du wabi-sabi « combinaison savante de l’harmonie et du désordre » Plus prosaïquement on parlera de recherche d’une certaine brillance (effet sonore très métal sur le Merry Christmas de Ryuichi Sakamoto)) et de séquences plus pesantes, compactes.
On ne peut qu’être frappé par l’économie de notes voire de phrases égrenées dans le piano de Shai Maetro le bien nommé. A rebrousse poils d’autres, stakhanovistes du clavier, il se plait à conquérir l’auditoire au travers d’une certaine sobriété dans les figures harmoniques et rythmiques abordées (When you stop seeing) Manière douce en majorité, impressionniste dans les couleurs exposées, tirant le fil vers la mélodie plutôt qu’en butte à l’étirer à tout prix. Souvent en ballade au centre du clavier, Shai Maestro vise au mieux disant pianistique sans en dire trop, trop vite ou ou trop fort. La musique s’imprime ainsi à l’oreille naturellement (Maya’s Song) D’autant qu’une forte complicité (quatre années de tournées désormais) lie la destinée du trio dans son savoir faire comme dans son savoir être musical. Avec comme pierre de touche ce fondement naturel du batteur Ziv Ramitz, étonnant faiseur de rythmes à partir de micro cellules de temps comptés ou non, une sorte de drone à caméra rythmique tant il s’éclate à survoler l’écueil des barres de mesure. Et lorsque, baguettes soudain au repos, il fait entendre sa voix suave en contrepoint du piano lancé en solo, il chante à propos comme sur caisses ou cymbales, toujours il joue juste.
26 juin, Salle Gélinotte
Airelle Besson (tp), Lynn Cassiers (voc), Benjamin Moussay (p, el p, synth), Fabrice Moreau (dm)
Lisa Simone (voc), Hervé Samb (dm), Reggie Washington (b, elb), Sonny Troupé (dm)
Avion en provenance de Roissy CDG retardé, check sound effectué à la va vite, problème de retour de scène pour la voix et le batteur. Début de concert « à l’arrache » (sic) un peu confus bien entendu dès lors que l’on sait que le produit musical manufacturé par Airelle Besson nécessite un maximum de concentration sinon de précision dans l’exécution…Puis la sono se règle, le son se régule, au total de visu les musiciens se régalent. La musique se construit avec l’(la dose d’) air nécessaire, Dès lors elle se met à circuler sur scène (interplay) comme dans la jolie salle de la Jéliote. Dans ce contexte quelque peu électrique (trafics sonores, échos) la voix (celle de Lynn Cassiers a remplacé Isabel Sörling désormais) jaillit en bonus. Avec ou sans mots intelligibles telle la marque d’une respiration. Le traitement des sons par Fender Rhodes ou synthé interposés de la part de Benjamin Moussay colorent les paysages en eaux fortes ou aquarelles, au choix (cf le CD du quartet Radio One, chez Naïve) Bien entendu, bien sur, bien compris : Airelle Besson joue ce qu’il faut, parait écouter beaucoup. Elle relance, titille les constructions échafaudées au besoin. Trompette aérienne piquée d’un zeste de réverbération façon ECM, inventive, ludique ( The peintre and the boxer) Ce quartet là s’écoute avec attention. Ainsi l’on ne perd rien des figures libres ou imposées de Fabrice Moreau, batterie enjouée et chantante à la fois. En rapport au disque le direct scénique ajoute un plus à la dimension du projet musical. A la manière d’une projection sur grand écran.
La scène là encore la transforme ou qui sait l’a définitivement transformée. Elle a gardé la puissance, la frappe de la voix. Maintenant sur les planches, au besoin, elle allume le feu. Elle a développé aussi, c’est patent, un contact appuyé avec un public qui ne la voit pas (c’est sur) comme une chanteuse de jazz. Ce public, elle va le chercher jusque dans les fauteuils, grimpant en rythme sur les gradins micro en mais. Elle explicite certes un peu trop de référence (révérence) maternelle. Mais qui oserait le lui reprocher ? Lisa Simone chanteuse s’affichant sous un nom propre gorgé d’histoire a charge d’âme, d’émotions profondes. Chanteuse soul donc elle bénéficie en back ground d‘une sacrée force de frappe instrumentale. Hervé Samb au tout premier plan a tiré toutes les leçons de guitare groove en noir (blues) et blanc (rock pop). Sonny Troupé aussi, calé pour l’occasion dans un rôle de sideman (quel solo de batterie, quasi à main nue, intelligent !) Lisa Simone avoue vivre en France. Elle n’en a pas moins terminé son concert a capella sur un Amazone Grace en modèle réduit. Public debout, conquis étourdi.
Euro ou Brexit qu’importe, en notes rondes ou ovales le jazz bien fait se plait à toujours rebondir…
Robert Latxague
|
Euro de foot, tournée du XV de France en Argentine: la concurrence est rude en terre béarnaise nourrie d’alluvions de ballons rond et ovale. Entre deux gaves le festival Des Rives et des Notes continue pourtant de charrier les galets d’un jazz frais.
Des Rives et des Notes, Oloron,
25 juin
Pascal Schumacher (vib), Frantz Von Chassy (p) Pol Belardi (b), Jens Duppe (dm)
Shai Maestro (p), Jorge Roeder (b), Ziv Ramitz (dm)
A l’image de son album déjà né du voyage (Left Tokyo Right, Laborie Jazz/Socadisc) Le travail scénique de Pascal Schumacher relève de sa fascination pour les canons de la vie japonaise. La musique composée (compositeur prolixe, jazz et BO films) s’expose live au travers d’un mélange vibraphone-piano, soit la juxtaposition voire le brassage de lamelles métal et de cordes frappées. Avec un appui rythmique (Jens Duppé en dé-coupe très carrée) la musique évolue en recherche de densité, parfois légère, parfois touffue. Le vibraphoniste applique à cet effet les principes du wabi-sabi « combinaison savante de l’harmonie et du désordre » Plus prosaïquement on parlera de recherche d’une certaine brillance (effet sonore très métal sur le Merry Christmas de Ryuichi Sakamoto)) et de séquences plus pesantes, compactes.
On ne peut qu’être frappé par l’économie de notes voire de phrases égrenées dans le piano de Shai Maetro le bien nommé. A rebrousse poils d’autres, stakhanovistes du clavier, il se plait à conquérir l’auditoire au travers d’une certaine sobriété dans les figures harmoniques et rythmiques abordées (When you stop seeing) Manière douce en majorité, impressionniste dans les couleurs exposées, tirant le fil vers la mélodie plutôt qu’en butte à l’étirer à tout prix. Souvent en ballade au centre du clavier, Shai Maestro vise au mieux disant pianistique sans en dire trop, trop vite ou ou trop fort. La musique s’imprime ainsi à l’oreille naturellement (Maya’s Song) D’autant qu’une forte complicité (quatre années de tournées désormais) lie la destinée du trio dans son savoir faire comme dans son savoir être musical. Avec comme pierre de touche ce fondement naturel du batteur Ziv Ramitz, étonnant faiseur de rythmes à partir de micro cellules de temps comptés ou non, une sorte de drone à caméra rythmique tant il s’éclate à survoler l’écueil des barres de mesure. Et lorsque, baguettes soudain au repos, il fait entendre sa voix suave en contrepoint du piano lancé en solo, il chante à propos comme sur caisses ou cymbales, toujours il joue juste.
26 juin, Salle Gélinotte
Airelle Besson (tp), Lynn Cassiers (voc), Benjamin Moussay (p, el p, synth), Fabrice Moreau (dm)
Lisa Simone (voc), Hervé Samb (dm), Reggie Washington (b, elb), Sonny Troupé (dm)
Avion en provenance de Roissy CDG retardé, check sound effectué à la va vite, problème de retour de scène pour la voix et le batteur. Début de concert « à l’arrache » (sic) un peu confus bien entendu dès lors que l’on sait que le produit musical manufacturé par Airelle Besson nécessite un maximum de concentration sinon de précision dans l’exécution…Puis la sono se règle, le son se régule, au total de visu les musiciens se régalent. La musique se construit avec l’(la dose d’) air nécessaire, Dès lors elle se met à circuler sur scène (interplay) comme dans la jolie salle de la Jéliote. Dans ce contexte quelque peu électrique (trafics sonores, échos) la voix (celle de Lynn Cassiers a remplacé Isabel Sörling désormais) jaillit en bonus. Avec ou sans mots intelligibles telle la marque d’une respiration. Le traitement des sons par Fender Rhodes ou synthé interposés de la part de Benjamin Moussay colorent les paysages en eaux fortes ou aquarelles, au choix (cf le CD du quartet Radio One, chez Naïve) Bien entendu, bien sur, bien compris : Airelle Besson joue ce qu’il faut, parait écouter beaucoup. Elle relance, titille les constructions échafaudées au besoin. Trompette aérienne piquée d’un zeste de réverbération façon ECM, inventive, ludique ( The peintre and the boxer) Ce quartet là s’écoute avec attention. Ainsi l’on ne perd rien des figures libres ou imposées de Fabrice Moreau, batterie enjouée et chantante à la fois. En rapport au disque le direct scénique ajoute un plus à la dimension du projet musical. A la manière d’une projection sur grand écran.
La scène là encore la transforme ou qui sait l’a définitivement transformée. Elle a gardé la puissance, la frappe de la voix. Maintenant sur les planches, au besoin, elle allume le feu. Elle a développé aussi, c’est patent, un contact appuyé avec un public qui ne la voit pas (c’est sur) comme une chanteuse de jazz. Ce public, elle va le chercher jusque dans les fauteuils, grimpant en rythme sur les gradins micro en mais. Elle explicite certes un peu trop de référence (révérence) maternelle. Mais qui oserait le lui reprocher ? Lisa Simone chanteuse s’affichant sous un nom propre gorgé d’histoire a charge d’âme, d’émotions profondes. Chanteuse soul donc elle bénéficie en back ground d‘une sacrée force de frappe instrumentale. Hervé Samb au tout premier plan a tiré toutes les leçons de guitare groove en noir (blues) et blanc (rock pop). Sonny Troupé aussi, calé pour l’occasion dans un rôle de sideman (quel solo de batterie, quasi à main nue, intelligent !) Lisa Simone avoue vivre en France. Elle n’en a pas moins terminé son concert a capella sur un Amazone Grace en modèle réduit. Public debout, conquis étourdi.
Euro ou Brexit qu’importe, en notes rondes ou ovales le jazz bien fait se plait à toujours rebondir…
Robert Latxague