Marmande: Jazz et Garonne en devenir
Il existe une ambiance propre aux dits « petits festivals » Questio de caractère, de degré d’engagement dans l’organisation. Jazz et Garonne, 6e édition à Marmande jouit de cette qualité de relation, de contact humain empreint d’une simplicité patente. L’épisode introductif des « merci » associant sur scène édiles et partenaires, à contrario d’un rituel dérisoire, en atteste par son naturel.
Franck Wolf (ts, ss), Mieko Miyazaki (koto)
Éric Seva (bars, sopr s), Daniel Zimmerman (tb), Bruno Shorp (b), Matthieu Chazarenc (dm)
Le morceau terminé, Franck Wolf doit donner le nom du thème exécuté et présenter le suivant. Le temps pour Mieko Miyazaki de régler, accorder son koto, instrument traditionnel japonais (sorte de harpe jouée en à plat) dotée de treize cordes. Joué en picking, en arpège ou en percussion, la musicienne japonaise en sort un univers tiré vers l’aigu, en particulier dans les alliages avec les sonorités du saxophone soprano. Soit un paysage de couleurs harmoniques en légers contrastes, marqué de beaucoup de nuances nourries en particulier par les séquences improvisées. Jusqu’à un long unisson final de notes mises en boucles. Etonnant.
Etonnant également, mais plutôt rafraîchissant cet épisode d’un big band de collégiens re-visitant des thëmes d’Horace Silver plus l’arrangement pas si simple d’un thème composé pour l’occasion par Éric Séva. Du savoir faire, de l’envie, du travail également dans la mise en place à 16 musiciens (musiciennes) dont une dizaine de pupitres cuivres et vents. Et après le pont sur un Nica’s dream nickel, le chorus de flûte qui ose dans les mains d’une ado « D’autant plus méritoire explique Rémi Poymiro, un des profs à la base de l’aventure, que cette classe de troisième, option jazz, fait partie des élèves volontaires du collège Eléonore de Provence, à Monségur qui ont permis de sauver cet établissement »
Il n’est que d’écouter Nomade Sonore (Gayá) son dernier album sorti.
La musique d’Eric Séva tire la mélodie vers le haut tout en faisant bouger les lignes. Livrée en live la charpente rythmique assure une vraie assise, solide (basse), variée, multiformes (batterie) Du coup à première écoute on en saisit pas forcément la complexité, l’épaisseur du matériau exploité sinon sa densité. L’accroche vient des tirades individuelles ou associées (avec Daniel Zimmermann, acrobate de la coulisse, toujours en quête d’un rieur clin d’œil) par lesquelles s’impose in fine la richesse des timbres. À ce titre l’utilisation plus fréquente désormais du saxophone sopranino (il reprend cet instrument car il doit l’utiliser dans le disque en préparation pour l’an prochain) procure vis à vis du baryton son instrument habituel, à sa musique une gamme de contrastes supplémentaires. Moment spécial du concert, manière de dédicace: l’interprétation de Rue aux fromages, une composition du CD déjà cité « Vous allez écouter une valse, un genre musical que j’ai pratiqué très jeune aux côté de mon père, saxophoniste luis aussi dans le dancing qu’il avait ouvert en Seine et Marne. Un temps aujourd’hui révolu où l’on dansait encore à deux… » Jazz et bal populaire, danse et épreuve de swing comme centre de formation en direct sur les planches, le ciment ou la terre battue. On l’oublierait presque ou certains le passeraient volontiers sous silence: des Bernard Lubat, Dédé Ceccarelli (avec leur père respectif) Sylvain Luc (avec son frère Gérard) André Jaume et Michel Portal y compris sont passés par ce rituel d’apprentissage…Le velouté dans les graves du baryton en cultive la mémoire. Et le soprano de Séva père, invité sur scène, en porte un petit bout d’histoire.
Gerardo Jerez Le Cam(p), Jacob Maciuca (vl), Manu Comté (bando), Mihai Trestian (cymbalum)
Nicolas Folmer (tp), Olivier Louvel (g), Laurent Coulondres (p, keyb, Moog), Julien Herné (elb), Maxime Zampieri (dm)
Il ne s’agit pas de jazz, c’est une chose entendue. On n’écoute pas vraiment du tango stricto spiritu non plus. Cette drôle de musique très écrite, très charpentée, architecturée même dans ses constructions vit pourtant sur scène avec intensité. Elle s’abreuve à n’en pas douter aux canons des folklores argentins. Elle se source aussi dans des paysages balkaniques au point que son compositeur Geraldo Jerez Le Cam natif de Buenos Aires -au nom composé andalou-breton- parle lui de « tango balkanique » Référence sans doute aux deux musiciens roumains du groupe, un violoniste feu follet facétieux d’un côté, le protagoniste du cymbalum (encore un trait singulier: on n’a que peu d’occasions d’écouter de telles sonorités sèchement percussives dans la musique improvisée) de l’autre. Bien, assez d’étiquettes en mode de définition. Cette musique de rencontres offre sont lot de ruptures, de syncopes incrustées dans du mouvement, manière d’un élan permanent. De quoi alimenter (les nombreux échanges violon/piano en génèrent une sorte de courant continu) de savantes, séduisantes mélodies ad libitum.
Horny Tonky (CD Cristal Records/Harmonia Mundi) ou une version re Masterisé du Je chante le corps électrique » du Weather Report des débuts « Je retourne sur les seventies, oui, mais vers un horizon plus black type Earth Wind and Fire » précise tout de suite Nicolas Folmer. Toujours est-il que si en matière de fusion l’on a du quelquefois subir des ersatz pâle copie de l’époque, cette fois la réactualisation porte des fruits généreux. Conséquence d’une réflexion sans doute. Fruit d’un travail sur les textures, les couleurs du produit musical offert en rayon disque et scène pour (« on expose ces thèmes pour la première fois ici à Marmande chez le copain Éric« ) l’occasion. Avec du relief donné dans les échanges solistes/rythmique base. Fort de personnalités qui ont des choses à dire: en vrac, Laurent Coulondre, inventif, en apport de petits trucs de claviers originaux; Olivier Louvel, guitare éclectique toujours à son affaire pour faire monter la tension; la paire Julien Herné-Max Zampieri en gage de solidité en matière de tempo, de relances rythmiques. Le tout avec un sens des nuances, â l’opposé donc des courses de vitesse ou de volumes, facilités habituelles dans ses escalades électrisées électrisantes. Et même s’il se défend de la comparaison un peu facile il est vrai, avec un autre trompettiste qui lança en son temps la saga d’un jazz qualifié d’ électrique, Nicolas Folmer, en mode pédale wah wah ou pas, conduit son orchestre au doigt et à l’œil.
« Je choisis les musiciens, les groupes donc la musique présentée dans ce Festival en fonction de deux critères essentiels explique Éric Séva à la fois musicien et maître d’œuvre de la manifestation. L’originalité des projets musicaux. La qualité humaine également que je sens, en individuel ou dans le collectif, de la part des musiciens sollicités. » Si l’on y ajoute les limites budgétaires contraintes, caractéristiques de ce type de festival hors période d’été , on comprend mieux le lent décollage de Jazz et Garonne. L’exigence, la rigueur dans la démarche ont un prix. Pourtant à l’évidence une telle philosophie ouvre des portes. A suivre de près.
Robert Latxague
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Il existe une ambiance propre aux dits « petits festivals » Questio de caractère, de degré d’engagement dans l’organisation. Jazz et Garonne, 6e édition à Marmande jouit de cette qualité de relation, de contact humain empreint d’une simplicité patente. L’épisode introductif des « merci » associant sur scène édiles et partenaires, à contrario d’un rituel dérisoire, en atteste par son naturel.
Franck Wolf (ts, ss), Mieko Miyazaki (koto)
Éric Seva (bars, sopr s), Daniel Zimmerman (tb), Bruno Shorp (b), Matthieu Chazarenc (dm)
Le morceau terminé, Franck Wolf doit donner le nom du thème exécuté et présenter le suivant. Le temps pour Mieko Miyazaki de régler, accorder son koto, instrument traditionnel japonais (sorte de harpe jouée en à plat) dotée de treize cordes. Joué en picking, en arpège ou en percussion, la musicienne japonaise en sort un univers tiré vers l’aigu, en particulier dans les alliages avec les sonorités du saxophone soprano. Soit un paysage de couleurs harmoniques en légers contrastes, marqué de beaucoup de nuances nourries en particulier par les séquences improvisées. Jusqu’à un long unisson final de notes mises en boucles. Etonnant.
Etonnant également, mais plutôt rafraîchissant cet épisode d’un big band de collégiens re-visitant des thëmes d’Horace Silver plus l’arrangement pas si simple d’un thème composé pour l’occasion par Éric Séva. Du savoir faire, de l’envie, du travail également dans la mise en place à 16 musiciens (musiciennes) dont une dizaine de pupitres cuivres et vents. Et après le pont sur un Nica’s dream nickel, le chorus de flûte qui ose dans les mains d’une ado « D’autant plus méritoire explique Rémi Poymiro, un des profs à la base de l’aventure, que cette classe de troisième, option jazz, fait partie des élèves volontaires du collège Eléonore de Provence, à Monségur qui ont permis de sauver cet établissement »
Il n’est que d’écouter Nomade Sonore (Gayá) son dernier album sorti.
La musique d’Eric Séva tire la mélodie vers le haut tout en faisant bouger les lignes. Livrée en live la charpente rythmique assure une vraie assise, solide (basse), variée, multiformes (batterie) Du coup à première écoute on en saisit pas forcément la complexité, l’épaisseur du matériau exploité sinon sa densité. L’accroche vient des tirades individuelles ou associées (avec Daniel Zimmermann, acrobate de la coulisse, toujours en quête d’un rieur clin d’œil) par lesquelles s’impose in fine la richesse des timbres. À ce titre l’utilisation plus fréquente désormais du saxophone sopranino (il reprend cet instrument car il doit l’utiliser dans le disque en préparation pour l’an prochain) procure vis à vis du baryton son instrument habituel, à sa musique une gamme de contrastes supplémentaires. Moment spécial du concert, manière de dédicace: l’interprétation de Rue aux fromages, une composition du CD déjà cité « Vous allez écouter une valse, un genre musical que j’ai pratiqué très jeune aux côté de mon père, saxophoniste luis aussi dans le dancing qu’il avait ouvert en Seine et Marne. Un temps aujourd’hui révolu où l’on dansait encore à deux… » Jazz et bal populaire, danse et épreuve de swing comme centre de formation en direct sur les planches, le ciment ou la terre battue. On l’oublierait presque ou certains le passeraient volontiers sous silence: des Bernard Lubat, Dédé Ceccarelli (avec leur père respectif) Sylvain Luc (avec son frère Gérard) André Jaume et Michel Portal y compris sont passés par ce rituel d’apprentissage…Le velouté dans les graves du baryton en cultive la mémoire. Et le soprano de Séva père, invité sur scène, en porte un petit bout d’histoire.
Gerardo Jerez Le Cam(p), Jacob Maciuca (vl), Manu Comté (bando), Mihai Trestian (cymbalum)
Nicolas Folmer (tp), Olivier Louvel (g), Laurent Coulondres (p, keyb, Moog), Julien Herné (elb), Maxime Zampieri (dm)
Il ne s’agit pas de jazz, c’est une chose entendue. On n’écoute pas vraiment du tango stricto spiritu non plus. Cette drôle de musique très écrite, très charpentée, architecturée même dans ses constructions vit pourtant sur scène avec intensité. Elle s’abreuve à n’en pas douter aux canons des folklores argentins. Elle se source aussi dans des paysages balkaniques au point que son compositeur Geraldo Jerez Le Cam natif de Buenos Aires -au nom composé andalou-breton- parle lui de « tango balkanique » Référence sans doute aux deux musiciens roumains du groupe, un violoniste feu follet facétieux d’un côté, le protagoniste du cymbalum (encore un trait singulier: on n’a que peu d’occasions d’écouter de telles sonorités sèchement percussives dans la musique improvisée) de l’autre. Bien, assez d’étiquettes en mode de définition. Cette musique de rencontres offre sont lot de ruptures, de syncopes incrustées dans du mouvement, manière d’un élan permanent. De quoi alimenter (les nombreux échanges violon/piano en génèrent une sorte de courant continu) de savantes, séduisantes mélodies ad libitum.
Horny Tonky (CD Cristal Records/Harmonia Mundi) ou une version re Masterisé du Je chante le corps électrique » du Weather Report des débuts « Je retourne sur les seventies, oui, mais vers un horizon plus black type Earth Wind and Fire » précise tout de suite Nicolas Folmer. Toujours est-il que si en matière de fusion l’on a du quelquefois subir des ersatz pâle copie de l’époque, cette fois la réactualisation porte des fruits généreux. Conséquence d’une réflexion sans doute. Fruit d’un travail sur les textures, les couleurs du produit musical offert en rayon disque et scène pour (« on expose ces thèmes pour la première fois ici à Marmande chez le copain Éric« ) l’occasion. Avec du relief donné dans les échanges solistes/rythmique base. Fort de personnalités qui ont des choses à dire: en vrac, Laurent Coulondre, inventif, en apport de petits trucs de claviers originaux; Olivier Louvel, guitare éclectique toujours à son affaire pour faire monter la tension; la paire Julien Herné-Max Zampieri en gage de solidité en matière de tempo, de relances rythmiques. Le tout avec un sens des nuances, â l’opposé donc des courses de vitesse ou de volumes, facilités habituelles dans ses escalades électrisées électrisantes. Et même s’il se défend de la comparaison un peu facile il est vrai, avec un autre trompettiste qui lança en son temps la saga d’un jazz qualifié d’ électrique, Nicolas Folmer, en mode pédale wah wah ou pas, conduit son orchestre au doigt et à l’œil.
« Je choisis les musiciens, les groupes donc la musique présentée dans ce Festival en fonction de deux critères essentiels explique Éric Séva à la fois musicien et maître d’œuvre de la manifestation. L’originalité des projets musicaux. La qualité humaine également que je sens, en individuel ou dans le collectif, de la part des musiciens sollicités. » Si l’on y ajoute les limites budgétaires contraintes, caractéristiques de ce type de festival hors période d’été , on comprend mieux le lent décollage de Jazz et Garonne. L’exigence, la rigueur dans la démarche ont un prix. Pourtant à l’évidence une telle philosophie ouvre des portes. A suivre de près.
Robert Latxague
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Il existe une ambiance propre aux dits « petits festivals » Questio de caractère, de degré d’engagement dans l’organisation. Jazz et Garonne, 6e édition à Marmande jouit de cette qualité de relation, de contact humain empreint d’une simplicité patente. L’épisode introductif des « merci » associant sur scène édiles et partenaires, à contrario d’un rituel dérisoire, en atteste par son naturel.
Franck Wolf (ts, ss), Mieko Miyazaki (koto)
Éric Seva (bars, sopr s), Daniel Zimmerman (tb), Bruno Shorp (b), Matthieu Chazarenc (dm)
Le morceau terminé, Franck Wolf doit donner le nom du thème exécuté et présenter le suivant. Le temps pour Mieko Miyazaki de régler, accorder son koto, instrument traditionnel japonais (sorte de harpe jouée en à plat) dotée de treize cordes. Joué en picking, en arpège ou en percussion, la musicienne japonaise en sort un univers tiré vers l’aigu, en particulier dans les alliages avec les sonorités du saxophone soprano. Soit un paysage de couleurs harmoniques en légers contrastes, marqué de beaucoup de nuances nourries en particulier par les séquences improvisées. Jusqu’à un long unisson final de notes mises en boucles. Etonnant.
Etonnant également, mais plutôt rafraîchissant cet épisode d’un big band de collégiens re-visitant des thëmes d’Horace Silver plus l’arrangement pas si simple d’un thème composé pour l’occasion par Éric Séva. Du savoir faire, de l’envie, du travail également dans la mise en place à 16 musiciens (musiciennes) dont une dizaine de pupitres cuivres et vents. Et après le pont sur un Nica’s dream nickel, le chorus de flûte qui ose dans les mains d’une ado « D’autant plus méritoire explique Rémi Poymiro, un des profs à la base de l’aventure, que cette classe de troisième, option jazz, fait partie des élèves volontaires du collège Eléonore de Provence, à Monségur qui ont permis de sauver cet établissement »
Il n’est que d’écouter Nomade Sonore (Gayá) son dernier album sorti.
La musique d’Eric Séva tire la mélodie vers le haut tout en faisant bouger les lignes. Livrée en live la charpente rythmique assure une vraie assise, solide (basse), variée, multiformes (batterie) Du coup à première écoute on en saisit pas forcément la complexité, l’épaisseur du matériau exploité sinon sa densité. L’accroche vient des tirades individuelles ou associées (avec Daniel Zimmermann, acrobate de la coulisse, toujours en quête d’un rieur clin d’œil) par lesquelles s’impose in fine la richesse des timbres. À ce titre l’utilisation plus fréquente désormais du saxophone sopranino (il reprend cet instrument car il doit l’utiliser dans le disque en préparation pour l’an prochain) procure vis à vis du baryton son instrument habituel, à sa musique une gamme de contrastes supplémentaires. Moment spécial du concert, manière de dédicace: l’interprétation de Rue aux fromages, une composition du CD déjà cité « Vous allez écouter une valse, un genre musical que j’ai pratiqué très jeune aux côté de mon père, saxophoniste luis aussi dans le dancing qu’il avait ouvert en Seine et Marne. Un temps aujourd’hui révolu où l’on dansait encore à deux… » Jazz et bal populaire, danse et épreuve de swing comme centre de formation en direct sur les planches, le ciment ou la terre battue. On l’oublierait presque ou certains le passeraient volontiers sous silence: des Bernard Lubat, Dédé Ceccarelli (avec leur père respectif) Sylvain Luc (avec son frère Gérard) André Jaume et Michel Portal y compris sont passés par ce rituel d’apprentissage…Le velouté dans les graves du baryton en cultive la mémoire. Et le soprano de Séva père, invité sur scène, en porte un petit bout d’histoire.
Gerardo Jerez Le Cam(p), Jacob Maciuca (vl), Manu Comté (bando), Mihai Trestian (cymbalum)
Nicolas Folmer (tp), Olivier Louvel (g), Laurent Coulondres (p, keyb, Moog), Julien Herné (elb), Maxime Zampieri (dm)
Il ne s’agit pas de jazz, c’est une chose entendue. On n’écoute pas vraiment du tango stricto spiritu non plus. Cette drôle de musique très écrite, très charpentée, architecturée même dans ses constructions vit pourtant sur scène avec intensité. Elle s’abreuve à n’en pas douter aux canons des folklores argentins. Elle se source aussi dans des paysages balkaniques au point que son compositeur Geraldo Jerez Le Cam natif de Buenos Aires -au nom composé andalou-breton- parle lui de « tango balkanique » Référence sans doute aux deux musiciens roumains du groupe, un violoniste feu follet facétieux d’un côté, le protagoniste du cymbalum (encore un trait singulier: on n’a que peu d’occasions d’écouter de telles sonorités sèchement percussives dans la musique improvisée) de l’autre. Bien, assez d’étiquettes en mode de définition. Cette musique de rencontres offre sont lot de ruptures, de syncopes incrustées dans du mouvement, manière d’un élan permanent. De quoi alimenter (les nombreux échanges violon/piano en génèrent une sorte de courant continu) de savantes, séduisantes mélodies ad libitum.
Horny Tonky (CD Cristal Records/Harmonia Mundi) ou une version re Masterisé du Je chante le corps électrique » du Weather Report des débuts « Je retourne sur les seventies, oui, mais vers un horizon plus black type Earth Wind and Fire » précise tout de suite Nicolas Folmer. Toujours est-il que si en matière de fusion l’on a du quelquefois subir des ersatz pâle copie de l’époque, cette fois la réactualisation porte des fruits généreux. Conséquence d’une réflexion sans doute. Fruit d’un travail sur les textures, les couleurs du produit musical offert en rayon disque et scène pour (« on expose ces thèmes pour la première fois ici à Marmande chez le copain Éric« ) l’occasion. Avec du relief donné dans les échanges solistes/rythmique base. Fort de personnalités qui ont des choses à dire: en vrac, Laurent Coulondre, inventif, en apport de petits trucs de claviers originaux; Olivier Louvel, guitare éclectique toujours à son affaire pour faire monter la tension; la paire Julien Herné-Max Zampieri en gage de solidité en matière de tempo, de relances rythmiques. Le tout avec un sens des nuances, â l’opposé donc des courses de vitesse ou de volumes, facilités habituelles dans ses escalades électrisées électrisantes. Et même s’il se défend de la comparaison un peu facile il est vrai, avec un autre trompettiste qui lança en son temps la saga d’un jazz qualifié d’ électrique, Nicolas Folmer, en mode pédale wah wah ou pas, conduit son orchestre au doigt et à l’œil.
« Je choisis les musiciens, les groupes donc la musique présentée dans ce Festival en fonction de deux critères essentiels explique Éric Séva à la fois musicien et maître d’œuvre de la manifestation. L’originalité des projets musicaux. La qualité humaine également que je sens, en individuel ou dans le collectif, de la part des musiciens sollicités. » Si l’on y ajoute les limites budgétaires contraintes, caractéristiques de ce type de festival hors période d’été , on comprend mieux le lent décollage de Jazz et Garonne. L’exigence, la rigueur dans la démarche ont un prix. Pourtant à l’évidence une telle philosophie ouvre des portes. A suivre de près.
Robert Latxague
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Il existe une ambiance propre aux dits « petits festivals » Questio de caractère, de degré d’engagement dans l’organisation. Jazz et Garonne, 6e édition à Marmande jouit de cette qualité de relation, de contact humain empreint d’une simplicité patente. L’épisode introductif des « merci » associant sur scène édiles et partenaires, à contrario d’un rituel dérisoire, en atteste par son naturel.
Franck Wolf (ts, ss), Mieko Miyazaki (koto)
Éric Seva (bars, sopr s), Daniel Zimmerman (tb), Bruno Shorp (b), Matthieu Chazarenc (dm)
Le morceau terminé, Franck Wolf doit donner le nom du thème exécuté et présenter le suivant. Le temps pour Mieko Miyazaki de régler, accorder son koto, instrument traditionnel japonais (sorte de harpe jouée en à plat) dotée de treize cordes. Joué en picking, en arpège ou en percussion, la musicienne japonaise en sort un univers tiré vers l’aigu, en particulier dans les alliages avec les sonorités du saxophone soprano. Soit un paysage de couleurs harmoniques en légers contrastes, marqué de beaucoup de nuances nourries en particulier par les séquences improvisées. Jusqu’à un long unisson final de notes mises en boucles. Etonnant.
Etonnant également, mais plutôt rafraîchissant cet épisode d’un big band de collégiens re-visitant des thëmes d’Horace Silver plus l’arrangement pas si simple d’un thème composé pour l’occasion par Éric Séva. Du savoir faire, de l’envie, du travail également dans la mise en place à 16 musiciens (musiciennes) dont une dizaine de pupitres cuivres et vents. Et après le pont sur un Nica’s dream nickel, le chorus de flûte qui ose dans les mains d’une ado « D’autant plus méritoire explique Rémi Poymiro, un des profs à la base de l’aventure, que cette classe de troisième, option jazz, fait partie des élèves volontaires du collège Eléonore de Provence, à Monségur qui ont permis de sauver cet établissement »
Il n’est que d’écouter Nomade Sonore (Gayá) son dernier album sorti.
La musique d’Eric Séva tire la mélodie vers le haut tout en faisant bouger les lignes. Livrée en live la charpente rythmique assure une vraie assise, solide (basse), variée, multiformes (batterie) Du coup à première écoute on en saisit pas forcément la complexité, l’épaisseur du matériau exploité sinon sa densité. L’accroche vient des tirades individuelles ou associées (avec Daniel Zimmermann, acrobate de la coulisse, toujours en quête d’un rieur clin d’œil) par lesquelles s’impose in fine la richesse des timbres. À ce titre l’utilisation plus fréquente désormais du saxophone sopranino (il reprend cet instrument car il doit l’utiliser dans le disque en préparation pour l’an prochain) procure vis à vis du baryton son instrument habituel, à sa musique une gamme de contrastes supplémentaires. Moment spécial du concert, manière de dédicace: l’interprétation de Rue aux fromages, une composition du CD déjà cité « Vous allez écouter une valse, un genre musical que j’ai pratiqué très jeune aux côté de mon père, saxophoniste luis aussi dans le dancing qu’il avait ouvert en Seine et Marne. Un temps aujourd’hui révolu où l’on dansait encore à deux… » Jazz et bal populaire, danse et épreuve de swing comme centre de formation en direct sur les planches, le ciment ou la terre battue. On l’oublierait presque ou certains le passeraient volontiers sous silence: des Bernard Lubat, Dédé Ceccarelli (avec leur père respectif) Sylvain Luc (avec son frère Gérard) André Jaume et Michel Portal y compris sont passés par ce rituel d’apprentissage…Le velouté dans les graves du baryton en cultive la mémoire. Et le soprano de Séva père, invité sur scène, en porte un petit bout d’histoire.
Gerardo Jerez Le Cam(p), Jacob Maciuca (vl), Manu Comté (bando), Mihai Trestian (cymbalum)
Nicolas Folmer (tp), Olivier Louvel (g), Laurent Coulondres (p, keyb, Moog), Julien Herné (elb), Maxime Zampieri (dm)
Il ne s’agit pas de jazz, c’est une chose entendue. On n’écoute pas vraiment du tango stricto spiritu non plus. Cette drôle de musique très écrite, très charpentée, architecturée même dans ses constructions vit pourtant sur scène avec intensité. Elle s’abreuve à n’en pas douter aux canons des folklores argentins. Elle se source aussi dans des paysages balkaniques au point que son compositeur Geraldo Jerez Le Cam natif de Buenos Aires -au nom composé andalou-breton- parle lui de « tango balkanique » Référence sans doute aux deux musiciens roumains du groupe, un violoniste feu follet facétieux d’un côté, le protagoniste du cymbalum (encore un trait singulier: on n’a que peu d’occasions d’écouter de telles sonorités sèchement percussives dans la musique improvisée) de l’autre. Bien, assez d’étiquettes en mode de définition. Cette musique de rencontres offre sont lot de ruptures, de syncopes incrustées dans du mouvement, manière d’un élan permanent. De quoi alimenter (les nombreux échanges violon/piano en génèrent une sorte de courant continu) de savantes, séduisantes mélodies ad libitum.
Horny Tonky (CD Cristal Records/Harmonia Mundi) ou une version re Masterisé du Je chante le corps électrique » du Weather Report des débuts « Je retourne sur les seventies, oui, mais vers un horizon plus black type Earth Wind and Fire » précise tout de suite Nicolas Folmer. Toujours est-il que si en matière de fusion l’on a du quelquefois subir des ersatz pâle copie de l’époque, cette fois la réactualisation porte des fruits généreux. Conséquence d’une réflexion sans doute. Fruit d’un travail sur les textures, les couleurs du produit musical offert en rayon disque et scène pour (« on expose ces thèmes pour la première fois ici à Marmande chez le copain Éric« ) l’occasion. Avec du relief donné dans les échanges solistes/rythmique base. Fort de personnalités qui ont des choses à dire: en vrac, Laurent Coulondre, inventif, en apport de petits trucs de claviers originaux; Olivier Louvel, guitare éclectique toujours à son affaire pour faire monter la tension; la paire Julien Herné-Max Zampieri en gage de solidité en matière de tempo, de relances rythmiques. Le tout avec un sens des nuances, â l’opposé donc des courses de vitesse ou de volumes, facilités habituelles dans ses escalades électrisées électrisantes. Et même s’il se défend de la comparaison un peu facile il est vrai, avec un autre trompettiste qui lança en son temps la saga d’un jazz qualifié d’ électrique, Nicolas Folmer, en mode pédale wah wah ou pas, conduit son orchestre au doigt et à l’œil.
« Je choisis les musiciens, les groupes donc la musique présentée dans ce Festival en fonction de deux critères essentiels explique Éric Séva à la fois musicien et maître d’œuvre de la manifestation. L’originalité des projets musicaux. La qualité humaine également que je sens, en individuel ou dans le collectif, de la part des musiciens sollicités. » Si l’on y ajoute les limites budgétaires contraintes, caractéristiques de ce type de festival hors période d’été , on comprend mieux le lent décollage de Jazz et Garonne. L’exigence, la rigueur dans la démarche ont un prix. Pourtant à l’évidence une telle philosophie ouvre des portes. A suivre de près.
Robert Latxague