Oliver Lake & William Parker
Dans la foulée de leur album en duo, « To Roy » en hommage à leur ami le trompettiste Roy Campbell disparu en 2014, Oliver Lake et William Parker posaient leurs valises sur les bords de la Garonne – dont le théâtre qui les accueille surplombe les berges – à l’occasion du « Printemps de Septembre », festival biennal dédié à la création contemporaine.
Théâtre Garonne, Toulouse, 30 septembre 2016
Oliver Lake (ss, voc), William Parker (b)
Une première pièce ardue à la durée conséquente laissa quelques spectateurs sur le carreau, qui quittèrent les lieux sans attendre la pause. Les autres, nettement plus nombreux, prirent un vif plaisir aux volutes cubistes de Lake comme aux généreux grondements de Parker, d’autant que la suite fut plus clémente. Lake (quelle discographie, quelle carrière…), que l’on n’a pas si souvent l’occasion d’entendre, impressionne au soprano courbe, dont il maîtrise toutes les nuances. Il utilise l’acoustique de la salle, arpente la scène ou pivote d’un mur à l’autre, et ne pose le saxophone que le temps de déclamer un texte de sa plume, impliquant un débit rapide et une énonciation précise. Qu’il s’agisse de pièces écrites ou d’improvisations rythmées, le son mat et la variété d’approches de Parker garantissent un plaisir d’écoute permanent. Le bassiste semble moins en quête de précision que du maintien d’un courant poétique, et ne subordonne pas les idées affleurant à sa conscience en temps réel à la dimension cérébrale ou préméditée qui existe aussi dans son travail.
Théâtre Garonne, Toulouse, 1er octobre 2016
« Les visiteurs du soir » : William Parker (b, flute en bambou, voc) solo
Le lendemain, c’est au bar du théâtre que Parker joue en solo des pièces abstraites et d’autres très formées, dont une partition du saxophoniste Marion Brown. Chacune repose sur une idée forte, et toutes ont pratiquement le format de miniatures. Entre elles s’intercalent des anecdotes drolatiques, narrations d’interactions avec des musiciens de générations antérieures. Le concert se termine par quelques minutes de flûte en bambou (shakuhachi), « pour apaiser les gens nerveux ». Parker entonne aussi quelques vers mi-parlés mi-chantés, dans un langage simple, exprimant son souhait de paix aux Etats-Unis et sur la planète (« change guns into trumpets, rifles into trombones… »). Il envisage la pratique d’instruments de musique comme un élément apte à promouvoir une meilleure communication entre les êtres. Ce n’est pas le seul ni le premier: Sun Ra ou Wadada Leo Smith ont tenu des propos semblables. Une fois la salle vidée de son public, Parker range ses affaires sous le regard fasciné du fils d’un technicien, incapable de décoller les mirettes de cet homme au langage incompréhensible, à l’aspect inhabituel, aux instruments couverts de mystérieux symboles. Avec l’aide d’un organisateur s’improvisant traducteur, Parker demande à l’enfant s’il joue de la musique, et celui-ci répond par la négative. « Est-ce que tu aimerais jouer d’un instrument ? » Le petit opine avec enthousiasme. Et Parker de s’enquérir de l’adresse des parents afin de faire parvenir un instrument au bambin : « je ne sais pas encore lequel, on va trouver quelque chose… » assure-t-il. Une jolie conclusion à deux belles soirées.
David Cristol
Photo : Laurent Avizou
Post-scriptum : prenant connaissance de cet article quelques heures après sa parution, l’organisateur Luc Lévêque m’informe que le petit garçon a bien reçu sa trompette!|Dans la foulée de leur album en duo, « To Roy » en hommage à leur ami le trompettiste Roy Campbell disparu en 2014, Oliver Lake et William Parker posaient leurs valises sur les bords de la Garonne – dont le théâtre qui les accueille surplombe les berges – à l’occasion du « Printemps de Septembre », festival biennal dédié à la création contemporaine.
Théâtre Garonne, Toulouse, 30 septembre 2016
Oliver Lake (ss, voc), William Parker (b)
Une première pièce ardue à la durée conséquente laissa quelques spectateurs sur le carreau, qui quittèrent les lieux sans attendre la pause. Les autres, nettement plus nombreux, prirent un vif plaisir aux volutes cubistes de Lake comme aux généreux grondements de Parker, d’autant que la suite fut plus clémente. Lake (quelle discographie, quelle carrière…), que l’on n’a pas si souvent l’occasion d’entendre, impressionne au soprano courbe, dont il maîtrise toutes les nuances. Il utilise l’acoustique de la salle, arpente la scène ou pivote d’un mur à l’autre, et ne pose le saxophone que le temps de déclamer un texte de sa plume, impliquant un débit rapide et une énonciation précise. Qu’il s’agisse de pièces écrites ou d’improvisations rythmées, le son mat et la variété d’approches de Parker garantissent un plaisir d’écoute permanent. Le bassiste semble moins en quête de précision que du maintien d’un courant poétique, et ne subordonne pas les idées affleurant à sa conscience en temps réel à la dimension cérébrale ou préméditée qui existe aussi dans son travail.
Théâtre Garonne, Toulouse, 1er octobre 2016
« Les visiteurs du soir » : William Parker (b, flute en bambou, voc) solo
Le lendemain, c’est au bar du théâtre que Parker joue en solo des pièces abstraites et d’autres très formées, dont une partition du saxophoniste Marion Brown. Chacune repose sur une idée forte, et toutes ont pratiquement le format de miniatures. Entre elles s’intercalent des anecdotes drolatiques, narrations d’interactions avec des musiciens de générations antérieures. Le concert se termine par quelques minutes de flûte en bambou (shakuhachi), « pour apaiser les gens nerveux ». Parker entonne aussi quelques vers mi-parlés mi-chantés, dans un langage simple, exprimant son souhait de paix aux Etats-Unis et sur la planète (« change guns into trumpets, rifles into trombones… »). Il envisage la pratique d’instruments de musique comme un élément apte à promouvoir une meilleure communication entre les êtres. Ce n’est pas le seul ni le premier: Sun Ra ou Wadada Leo Smith ont tenu des propos semblables. Une fois la salle vidée de son public, Parker range ses affaires sous le regard fasciné du fils d’un technicien, incapable de décoller les mirettes de cet homme au langage incompréhensible, à l’aspect inhabituel, aux instruments couverts de mystérieux symboles. Avec l’aide d’un organisateur s’improvisant traducteur, Parker demande à l’enfant s’il joue de la musique, et celui-ci répond par la négative. « Est-ce que tu aimerais jouer d’un instrument ? » Le petit opine avec enthousiasme. Et Parker de s’enquérir de l’adresse des parents afin de faire parvenir un instrument au bambin : « je ne sais pas encore lequel, on va trouver quelque chose… » assure-t-il. Une jolie conclusion à deux belles soirées.
David Cristol
Photo : Laurent Avizou
Post-scriptum : prenant connaissance de cet article quelques heures après sa parution, l’organisateur Luc Lévêque m’informe que le petit garçon a bien reçu sa trompette!|Dans la foulée de leur album en duo, « To Roy » en hommage à leur ami le trompettiste Roy Campbell disparu en 2014, Oliver Lake et William Parker posaient leurs valises sur les bords de la Garonne – dont le théâtre qui les accueille surplombe les berges – à l’occasion du « Printemps de Septembre », festival biennal dédié à la création contemporaine.
Théâtre Garonne, Toulouse, 30 septembre 2016
Oliver Lake (ss, voc), William Parker (b)
Une première pièce ardue à la durée conséquente laissa quelques spectateurs sur le carreau, qui quittèrent les lieux sans attendre la pause. Les autres, nettement plus nombreux, prirent un vif plaisir aux volutes cubistes de Lake comme aux généreux grondements de Parker, d’autant que la suite fut plus clémente. Lake (quelle discographie, quelle carrière…), que l’on n’a pas si souvent l’occasion d’entendre, impressionne au soprano courbe, dont il maîtrise toutes les nuances. Il utilise l’acoustique de la salle, arpente la scène ou pivote d’un mur à l’autre, et ne pose le saxophone que le temps de déclamer un texte de sa plume, impliquant un débit rapide et une énonciation précise. Qu’il s’agisse de pièces écrites ou d’improvisations rythmées, le son mat et la variété d’approches de Parker garantissent un plaisir d’écoute permanent. Le bassiste semble moins en quête de précision que du maintien d’un courant poétique, et ne subordonne pas les idées affleurant à sa conscience en temps réel à la dimension cérébrale ou préméditée qui existe aussi dans son travail.
Théâtre Garonne, Toulouse, 1er octobre 2016
« Les visiteurs du soir » : William Parker (b, flute en bambou, voc) solo
Le lendemain, c’est au bar du théâtre que Parker joue en solo des pièces abstraites et d’autres très formées, dont une partition du saxophoniste Marion Brown. Chacune repose sur une idée forte, et toutes ont pratiquement le format de miniatures. Entre elles s’intercalent des anecdotes drolatiques, narrations d’interactions avec des musiciens de générations antérieures. Le concert se termine par quelques minutes de flûte en bambou (shakuhachi), « pour apaiser les gens nerveux ». Parker entonne aussi quelques vers mi-parlés mi-chantés, dans un langage simple, exprimant son souhait de paix aux Etats-Unis et sur la planète (« change guns into trumpets, rifles into trombones… »). Il envisage la pratique d’instruments de musique comme un élément apte à promouvoir une meilleure communication entre les êtres. Ce n’est pas le seul ni le premier: Sun Ra ou Wadada Leo Smith ont tenu des propos semblables. Une fois la salle vidée de son public, Parker range ses affaires sous le regard fasciné du fils d’un technicien, incapable de décoller les mirettes de cet homme au langage incompréhensible, à l’aspect inhabituel, aux instruments couverts de mystérieux symboles. Avec l’aide d’un organisateur s’improvisant traducteur, Parker demande à l’enfant s’il joue de la musique, et celui-ci répond par la négative. « Est-ce que tu aimerais jouer d’un instrument ? » Le petit opine avec enthousiasme. Et Parker de s’enquérir de l’adresse des parents afin de faire parvenir un instrument au bambin : « je ne sais pas encore lequel, on va trouver quelque chose… » assure-t-il. Une jolie conclusion à deux belles soirées.
David Cristol
Photo : Laurent Avizou
Post-scriptum : prenant connaissance de cet article quelques heures après sa parution, l’organisateur Luc Lévêque m’informe que le petit garçon a bien reçu sa trompette!|Dans la foulée de leur album en duo, « To Roy » en hommage à leur ami le trompettiste Roy Campbell disparu en 2014, Oliver Lake et William Parker posaient leurs valises sur les bords de la Garonne – dont le théâtre qui les accueille surplombe les berges – à l’occasion du « Printemps de Septembre », festival biennal dédié à la création contemporaine.
Théâtre Garonne, Toulouse, 30 septembre 2016
Oliver Lake (ss, voc), William Parker (b)
Une première pièce ardue à la durée conséquente laissa quelques spectateurs sur le carreau, qui quittèrent les lieux sans attendre la pause. Les autres, nettement plus nombreux, prirent un vif plaisir aux volutes cubistes de Lake comme aux généreux grondements de Parker, d’autant que la suite fut plus clémente. Lake (quelle discographie, quelle carrière…), que l’on n’a pas si souvent l’occasion d’entendre, impressionne au soprano courbe, dont il maîtrise toutes les nuances. Il utilise l’acoustique de la salle, arpente la scène ou pivote d’un mur à l’autre, et ne pose le saxophone que le temps de déclamer un texte de sa plume, impliquant un débit rapide et une énonciation précise. Qu’il s’agisse de pièces écrites ou d’improvisations rythmées, le son mat et la variété d’approches de Parker garantissent un plaisir d’écoute permanent. Le bassiste semble moins en quête de précision que du maintien d’un courant poétique, et ne subordonne pas les idées affleurant à sa conscience en temps réel à la dimension cérébrale ou préméditée qui existe aussi dans son travail.
Théâtre Garonne, Toulouse, 1er octobre 2016
« Les visiteurs du soir » : William Parker (b, flute en bambou, voc) solo
Le lendemain, c’est au bar du théâtre que Parker joue en solo des pièces abstraites et d’autres très formées, dont une partition du saxophoniste Marion Brown. Chacune repose sur une idée forte, et toutes ont pratiquement le format de miniatures. Entre elles s’intercalent des anecdotes drolatiques, narrations d’interactions avec des musiciens de générations antérieures. Le concert se termine par quelques minutes de flûte en bambou (shakuhachi), « pour apaiser les gens nerveux ». Parker entonne aussi quelques vers mi-parlés mi-chantés, dans un langage simple, exprimant son souhait de paix aux Etats-Unis et sur la planète (« change guns into trumpets, rifles into trombones… »). Il envisage la pratique d’instruments de musique comme un élément apte à promouvoir une meilleure communication entre les êtres. Ce n’est pas le seul ni le premier: Sun Ra ou Wadada Leo Smith ont tenu des propos semblables. Une fois la salle vidée de son public, Parker range ses affaires sous le regard fasciné du fils d’un technicien, incapable de décoller les mirettes de cet homme au langage incompréhensible, à l’aspect inhabituel, aux instruments couverts de mystérieux symboles. Avec l’aide d’un organisateur s’improvisant traducteur, Parker demande à l’enfant s’il joue de la musique, et celui-ci répond par la négative. « Est-ce que tu aimerais jouer d’un instrument ? » Le petit opine avec enthousiasme. Et Parker de s’enquérir de l’adresse des parents afin de faire parvenir un instrument au bambin : « je ne sais pas encore lequel, on va trouver quelque chose… » assure-t-il. Une jolie conclusion à deux belles soirées.
David Cristol
Photo : Laurent Avizou
Post-scriptum : prenant connaissance de cet article quelques heures après sa parution, l’organisateur Luc Lévêque m’informe que le petit garçon a bien reçu sa trompette!