Susanne Abbuehl : « Tu me manques, Jeanne ! »
Seize ans après sa disparition, la précieuse ciseleuse de son et de verbe se souvient de sa plus décisive inspiratrice : Jeanne Lee.
« La première fois que j’ai entendu sa voix, c’était aux alentours de 1990, quand je travaillais dans un magasin de disques à Berne. Je n’avais jamais entendu une voix sculptée comme celle de Jeanne Lee, l’air soufflé dansant à travers l’espace sonore. J’ai vraiment adoré cette voix, et cet amour ne s’est jamais effacé. J’aime tout ce qu’elle a chanté : depuis son duo inaugural (1961 ! Elle avait 22 ans !!) avec Ran Blake jusqu’à sa collaboration avec Mal Waldron, de son travail en groupes, avec d’autres comme Reggie Workman, à son chant dans l’ouvrage de Carla Bley “Escalator over the Hill”, en passant par ses Vocal Summit, par ses travaux avec Archie Shepp, Gunter Hampel, Dave Holland, Amina Claudine Myers, son fantastique groupe avec Lester Bowie, Famoudou Don Moye, Hamiet Bluiett, Ed Schuller et la danseuse Mickey Davidson… Tout.
La première fois que j’ai rencontré Jeanne c’était au festival de Willisau, en Suisse. J’avais appelé le bureau du festival pour essayer d’entrer en contact avec elle avant le concert, et le directeur du festival, Niklaus Troxler, avait eu la gentillesse de me donner le numéro de son hôtel (merci Niklaus !!). Jeanne a répondu et m’a proposé de la rencontrer en coulisse après le concert – elle m’y attendait. Quelques années plus tard, nous nous sommes rencontrées à Amsterdam, où elle avait chanté au Bimhuis, avec Reggie Workman. Au fil de la conversation, je lui ai dit en plaisantant qu’il y avait un poste à pourvoir au conservatoire royal de La Haye, où j’étudiais à l’époque. Elle répondit en souriant : “Pourquoi pas ?”, et avait déposé sa candidature, obtenu le poste et déménagé de New York à La Haye. L’avoir comme enseignante était si important pour moi – à la fois l’artiste, l’enseignante, et la personne. Son enseignement impliquant vraiment de m’entendre, elle est venue aux répétitions (je me souviens d’une en particulier : elle m’avait dit de créer vocalement un son similaire à la lumière brillante qui passait à travers une fenêtre de la salle), à des concerts (mon premier concert Nord Sea Jazz Festival en 1997 par exemple – je me souviens d’elle de l’autre côté de la salle) Et quand je lui ai dit que j’allais enregistrer pour ecm, l’année de sa disparition, elle a été très contente pour moi, me disant : « C’est le bon endroit pour votre musique. »
Nous avons écouté de la musique ensemble jusque très tard, lors de dîners, au bord de la mer, et beaucoup ri aussi. Seize ans après son décès (25 octobre 2000), je suis triste, et aussi très reconnaissante pour tous les beaux, intenses, émouvants et doux moments ensemble. Tu me manques vraiment, Jeanne ! » (S. A.)|Seize ans après sa disparition, la précieuse ciseleuse de son et de verbe se souvient de sa plus décisive inspiratrice : Jeanne Lee.
« La première fois que j’ai entendu sa voix, c’était aux alentours de 1990, quand je travaillais dans un magasin de disques à Berne. Je n’avais jamais entendu une voix sculptée comme celle de Jeanne Lee, l’air soufflé dansant à travers l’espace sonore. J’ai vraiment adoré cette voix, et cet amour ne s’est jamais effacé. J’aime tout ce qu’elle a chanté : depuis son duo inaugural (1961 ! Elle avait 22 ans !!) avec Ran Blake jusqu’à sa collaboration avec Mal Waldron, de son travail en groupes, avec d’autres comme Reggie Workman, à son chant dans l’ouvrage de Carla Bley “Escalator over the Hill”, en passant par ses Vocal Summit, par ses travaux avec Archie Shepp, Gunter Hampel, Dave Holland, Amina Claudine Myers, son fantastique groupe avec Lester Bowie, Famoudou Don Moye, Hamiet Bluiett, Ed Schuller et la danseuse Mickey Davidson… Tout.
La première fois que j’ai rencontré Jeanne c’était au festival de Willisau, en Suisse. J’avais appelé le bureau du festival pour essayer d’entrer en contact avec elle avant le concert, et le directeur du festival, Niklaus Troxler, avait eu la gentillesse de me donner le numéro de son hôtel (merci Niklaus !!). Jeanne a répondu et m’a proposé de la rencontrer en coulisse après le concert – elle m’y attendait. Quelques années plus tard, nous nous sommes rencontrées à Amsterdam, où elle avait chanté au Bimhuis, avec Reggie Workman. Au fil de la conversation, je lui ai dit en plaisantant qu’il y avait un poste à pourvoir au conservatoire royal de La Haye, où j’étudiais à l’époque. Elle répondit en souriant : “Pourquoi pas ?”, et avait déposé sa candidature, obtenu le poste et déménagé de New York à La Haye. L’avoir comme enseignante était si important pour moi – à la fois l’artiste, l’enseignante, et la personne. Son enseignement impliquant vraiment de m’entendre, elle est venue aux répétitions (je me souviens d’une en particulier : elle m’avait dit de créer vocalement un son similaire à la lumière brillante qui passait à travers une fenêtre de la salle), à des concerts (mon premier concert Nord Sea Jazz Festival en 1997 par exemple – je me souviens d’elle de l’autre côté de la salle) Et quand je lui ai dit que j’allais enregistrer pour ecm, l’année de sa disparition, elle a été très contente pour moi, me disant : « C’est le bon endroit pour votre musique. »
Nous avons écouté de la musique ensemble jusque très tard, lors de dîners, au bord de la mer, et beaucoup ri aussi. Seize ans après son décès (25 octobre 2000), je suis triste, et aussi très reconnaissante pour tous les beaux, intenses, émouvants et doux moments ensemble. Tu me manques vraiment, Jeanne ! » (S. A.)|Seize ans après sa disparition, la précieuse ciseleuse de son et de verbe se souvient de sa plus décisive inspiratrice : Jeanne Lee.
« La première fois que j’ai entendu sa voix, c’était aux alentours de 1990, quand je travaillais dans un magasin de disques à Berne. Je n’avais jamais entendu une voix sculptée comme celle de Jeanne Lee, l’air soufflé dansant à travers l’espace sonore. J’ai vraiment adoré cette voix, et cet amour ne s’est jamais effacé. J’aime tout ce qu’elle a chanté : depuis son duo inaugural (1961 ! Elle avait 22 ans !!) avec Ran Blake jusqu’à sa collaboration avec Mal Waldron, de son travail en groupes, avec d’autres comme Reggie Workman, à son chant dans l’ouvrage de Carla Bley “Escalator over the Hill”, en passant par ses Vocal Summit, par ses travaux avec Archie Shepp, Gunter Hampel, Dave Holland, Amina Claudine Myers, son fantastique groupe avec Lester Bowie, Famoudou Don Moye, Hamiet Bluiett, Ed Schuller et la danseuse Mickey Davidson… Tout.
La première fois que j’ai rencontré Jeanne c’était au festival de Willisau, en Suisse. J’avais appelé le bureau du festival pour essayer d’entrer en contact avec elle avant le concert, et le directeur du festival, Niklaus Troxler, avait eu la gentillesse de me donner le numéro de son hôtel (merci Niklaus !!). Jeanne a répondu et m’a proposé de la rencontrer en coulisse après le concert – elle m’y attendait. Quelques années plus tard, nous nous sommes rencontrées à Amsterdam, où elle avait chanté au Bimhuis, avec Reggie Workman. Au fil de la conversation, je lui ai dit en plaisantant qu’il y avait un poste à pourvoir au conservatoire royal de La Haye, où j’étudiais à l’époque. Elle répondit en souriant : “Pourquoi pas ?”, et avait déposé sa candidature, obtenu le poste et déménagé de New York à La Haye. L’avoir comme enseignante était si important pour moi – à la fois l’artiste, l’enseignante, et la personne. Son enseignement impliquant vraiment de m’entendre, elle est venue aux répétitions (je me souviens d’une en particulier : elle m’avait dit de créer vocalement un son similaire à la lumière brillante qui passait à travers une fenêtre de la salle), à des concerts (mon premier concert Nord Sea Jazz Festival en 1997 par exemple – je me souviens d’elle de l’autre côté de la salle) Et quand je lui ai dit que j’allais enregistrer pour ecm, l’année de sa disparition, elle a été très contente pour moi, me disant : « C’est le bon endroit pour votre musique. »
Nous avons écouté de la musique ensemble jusque très tard, lors de dîners, au bord de la mer, et beaucoup ri aussi. Seize ans après son décès (25 octobre 2000), je suis triste, et aussi très reconnaissante pour tous les beaux, intenses, émouvants et doux moments ensemble. Tu me manques vraiment, Jeanne ! » (S. A.)|Seize ans après sa disparition, la précieuse ciseleuse de son et de verbe se souvient de sa plus décisive inspiratrice : Jeanne Lee.
« La première fois que j’ai entendu sa voix, c’était aux alentours de 1990, quand je travaillais dans un magasin de disques à Berne. Je n’avais jamais entendu une voix sculptée comme celle de Jeanne Lee, l’air soufflé dansant à travers l’espace sonore. J’ai vraiment adoré cette voix, et cet amour ne s’est jamais effacé. J’aime tout ce qu’elle a chanté : depuis son duo inaugural (1961 ! Elle avait 22 ans !!) avec Ran Blake jusqu’à sa collaboration avec Mal Waldron, de son travail en groupes, avec d’autres comme Reggie Workman, à son chant dans l’ouvrage de Carla Bley “Escalator over the Hill”, en passant par ses Vocal Summit, par ses travaux avec Archie Shepp, Gunter Hampel, Dave Holland, Amina Claudine Myers, son fantastique groupe avec Lester Bowie, Famoudou Don Moye, Hamiet Bluiett, Ed Schuller et la danseuse Mickey Davidson… Tout.
La première fois que j’ai rencontré Jeanne c’était au festival de Willisau, en Suisse. J’avais appelé le bureau du festival pour essayer d’entrer en contact avec elle avant le concert, et le directeur du festival, Niklaus Troxler, avait eu la gentillesse de me donner le numéro de son hôtel (merci Niklaus !!). Jeanne a répondu et m’a proposé de la rencontrer en coulisse après le concert – elle m’y attendait. Quelques années plus tard, nous nous sommes rencontrées à Amsterdam, où elle avait chanté au Bimhuis, avec Reggie Workman. Au fil de la conversation, je lui ai dit en plaisantant qu’il y avait un poste à pourvoir au conservatoire royal de La Haye, où j’étudiais à l’époque. Elle répondit en souriant : “Pourquoi pas ?”, et avait déposé sa candidature, obtenu le poste et déménagé de New York à La Haye. L’avoir comme enseignante était si important pour moi – à la fois l’artiste, l’enseignante, et la personne. Son enseignement impliquant vraiment de m’entendre, elle est venue aux répétitions (je me souviens d’une en particulier : elle m’avait dit de créer vocalement un son similaire à la lumière brillante qui passait à travers une fenêtre de la salle), à des concerts (mon premier concert Nord Sea Jazz Festival en 1997 par exemple – je me souviens d’elle de l’autre côté de la salle) Et quand je lui ai dit que j’allais enregistrer pour ecm, l’année de sa disparition, elle a été très contente pour moi, me disant : « C’est le bon endroit pour votre musique. »
Nous avons écouté de la musique ensemble jusque très tard, lors de dîners, au bord de la mer, et beaucoup ri aussi. Seize ans après son décès (25 octobre 2000), je suis triste, et aussi très reconnaissante pour tous les beaux, intenses, émouvants et doux moments ensemble. Tu me manques vraiment, Jeanne ! » (S. A.)