Jazzdor, Strasbourg, 2° journée
Le duo Noel Akchoté/Mary Halvorson ne s’est jamais encore produit en public mais il a enregistré cet été un disque à paraître. C’est donc la première occasion d’entendre ces deux guitaristes atypiques dont l’approche de l’instrument est à première vue assez rudimentaire. Peu d’effets ni de pédales : le son nu en de courts morceaux dont plus d’un évoque Ornette Coleman. Chacun se répartit l’espace sonore en accords, arpèges ou single notes et l’ensemble crée une atmosphère souvent onirique, comme le fruit d’une volonté de revenir aux sources de l’instrument, à ses possibilités inédites. Des traces de blues émaillent évidemment ce parcours, mais un blues revu et corrigé à la manière d’un Bill Frisell, avec une candeur qui n’exclut pas la sophistication. Bref ce duo a quelque chose d’enchanteur par la naïveté qu’il affiche et derrière laquelle on sent une maîtrise des instruments qui se refuse à tout effet de virtuosité, de vélocité guitaristique. Au contraire, une tendance bruitiste non dépourvue d’humour marque par moments cette démarche aventureuse qui doit autant à une sorte de folklore personnel qu’à une approche strictement jazz. La déconstruction du standard « Just Friends » en fut un exemple frappant.
On retrouve Mary Halvorson dans le quartet Antihouse, d’Ingrid Laubrock, un quartet sans basse et sans rapport avec le duo précédent. Ici la part de l’écriture est importante mais n’empêche pas l’improvisation de tenir sa place. La sonorité chaleureuse du ténor de la leadeuse est le centre névralgique autour duquel tournent les autres instruments avec un grand sens de l’espace. Les thèmes sont souvent minimalistes avec une grande attention aux textures et aux timbres, ce que renforce le contexte acoustique du concert.Au soprano, Laubrock lance quelques phrases répétitives sur lesquelles Tom Rainey déploie une impro de batterie, puis c’est Mary Halvorson qui fait sonner de puissants accords avant que le reste du groupe ne la rejoigne. Bref, chacun apporte sa part à une musique dense, tantôt apaisée, tantôt tonique et toujours pleine de surprises mélodiques ou rythmiques, comme cette intro d’Halvorson à la guitare jouée au bottleneck avant que la pianiste Kris Davis n’intervienne avec des accords dissonants sur lesquels Laubrock entonne une phrase toute en douceur.
La journée se termine avec le concert à guichet fermé du duo Mehldau/Redman. Dès l’abord, c’est du cantabile qui naît sous les doigts de Mehldau et ceux de Redman, mais quand il s’agit d’improviser sur le thème, c’est le pianiste qui se détache nettement par sa technique impeccable et un feeling évident. Redman, quant à lui, reste toujours un peu besogneux, en deçà de ce qu’on attendrait de lui. Sur le deuxième thème — où Mehldau est toujours ausssi inspiré, Redman s’avère nettement plus intéressant au soprano. Sur «Let’s Call This », de Monk, c’est de nouveau Mehldau qui convainc le plus par sa façon de traiter les harmonies et le rythme. Redman, quant à lui se contente de tourner autour du thème sans grande inventivité. Sur le morceau le plus romantique de la soirée, (« The Nearness of You ») c’est évidemment Mehldau qui se distingue le plus, Redman sonnant comme s’il cherchait le ton juste mais n’y arrivait pas. Sur un thème bop enlevé, il donnera par contre le meilleur de lui même sans toutefois sortir des clichés du genre, que Mehldau transcendera de fort belle façon. Au total, nous avons deux musiciens qui se connaissent depuis longtemps et qui ont choisi de jouer ensemble en duo. Mais la façon dont ils ont évolué au fil des ans ne les rend pas aussi compatibles qu’on s’y attendrait. Thierry Quénum|Le duo Noel Akchoté/Mary Halvorson ne s’est jamais encore produit en public mais il a enregistré cet été un disque à paraître. C’est donc la première occasion d’entendre ces deux guitaristes atypiques dont l’approche de l’instrument est à première vue assez rudimentaire. Peu d’effets ni de pédales : le son nu en de courts morceaux dont plus d’un évoque Ornette Coleman. Chacun se répartit l’espace sonore en accords, arpèges ou single notes et l’ensemble crée une atmosphère souvent onirique, comme le fruit d’une volonté de revenir aux sources de l’instrument, à ses possibilités inédites. Des traces de blues émaillent évidemment ce parcours, mais un blues revu et corrigé à la manière d’un Bill Frisell, avec une candeur qui n’exclut pas la sophistication. Bref ce duo a quelque chose d’enchanteur par la naïveté qu’il affiche et derrière laquelle on sent une maîtrise des instruments qui se refuse à tout effet de virtuosité, de vélocité guitaristique. Au contraire, une tendance bruitiste non dépourvue d’humour marque par moments cette démarche aventureuse qui doit autant à une sorte de folklore personnel qu’à une approche strictement jazz. La déconstruction du standard « Just Friends » en fut un exemple frappant.
On retrouve Mary Halvorson dans le quartet Antihouse, d’Ingrid Laubrock, un quartet sans basse et sans rapport avec le duo précédent. Ici la part de l’écriture est importante mais n’empêche pas l’improvisation de tenir sa place. La sonorité chaleureuse du ténor de la leadeuse est le centre névralgique autour duquel tournent les autres instruments avec un grand sens de l’espace. Les thèmes sont souvent minimalistes avec une grande attention aux textures et aux timbres, ce que renforce le contexte acoustique du concert.Au soprano, Laubrock lance quelques phrases répétitives sur lesquelles Tom Rainey déploie une impro de batterie, puis c’est Mary Halvorson qui fait sonner de puissants accords avant que le reste du groupe ne la rejoigne. Bref, chacun apporte sa part à une musique dense, tantôt apaisée, tantôt tonique et toujours pleine de surprises mélodiques ou rythmiques, comme cette intro d’Halvorson à la guitare jouée au bottleneck avant que la pianiste Kris Davis n’intervienne avec des accords dissonants sur lesquels Laubrock entonne une phrase toute en douceur.
La journée se termine avec le concert à guichet fermé du duo Mehldau/Redman. Dès l’abord, c’est du cantabile qui naît sous les doigts de Mehldau et ceux de Redman, mais quand il s’agit d’improviser sur le thème, c’est le pianiste qui se détache nettement par sa technique impeccable et un feeling évident. Redman, quant à lui, reste toujours un peu besogneux, en deçà de ce qu’on attendrait de lui. Sur le deuxième thème — où Mehldau est toujours ausssi inspiré, Redman s’avère nettement plus intéressant au soprano. Sur «Let’s Call This », de Monk, c’est de nouveau Mehldau qui convainc le plus par sa façon de traiter les harmonies et le rythme. Redman, quant à lui se contente de tourner autour du thème sans grande inventivité. Sur le morceau le plus romantique de la soirée, (« The Nearness of You ») c’est évidemment Mehldau qui se distingue le plus, Redman sonnant comme s’il cherchait le ton juste mais n’y arrivait pas. Sur un thème bop enlevé, il donnera par contre le meilleur de lui même sans toutefois sortir des clichés du genre, que Mehldau transcendera de fort belle façon. Au total, nous avons deux musiciens qui se connaissent depuis longtemps et qui ont choisi de jouer ensemble en duo. Mais la façon dont ils ont évolué au fil des ans ne les rend pas aussi compatibles qu’on s’y attendrait. Thierry Quénum|Le duo Noel Akchoté/Mary Halvorson ne s’est jamais encore produit en public mais il a enregistré cet été un disque à paraître. C’est donc la première occasion d’entendre ces deux guitaristes atypiques dont l’approche de l’instrument est à première vue assez rudimentaire. Peu d’effets ni de pédales : le son nu en de courts morceaux dont plus d’un évoque Ornette Coleman. Chacun se répartit l’espace sonore en accords, arpèges ou single notes et l’ensemble crée une atmosphère souvent onirique, comme le fruit d’une volonté de revenir aux sources de l’instrument, à ses possibilités inédites. Des traces de blues émaillent évidemment ce parcours, mais un blues revu et corrigé à la manière d’un Bill Frisell, avec une candeur qui n’exclut pas la sophistication. Bref ce duo a quelque chose d’enchanteur par la naïveté qu’il affiche et derrière laquelle on sent une maîtrise des instruments qui se refuse à tout effet de virtuosité, de vélocité guitaristique. Au contraire, une tendance bruitiste non dépourvue d’humour marque par moments cette démarche aventureuse qui doit autant à une sorte de folklore personnel qu’à une approche strictement jazz. La déconstruction du standard « Just Friends » en fut un exemple frappant.
On retrouve Mary Halvorson dans le quartet Antihouse, d’Ingrid Laubrock, un quartet sans basse et sans rapport avec le duo précédent. Ici la part de l’écriture est importante mais n’empêche pas l’improvisation de tenir sa place. La sonorité chaleureuse du ténor de la leadeuse est le centre névralgique autour duquel tournent les autres instruments avec un grand sens de l’espace. Les thèmes sont souvent minimalistes avec une grande attention aux textures et aux timbres, ce que renforce le contexte acoustique du concert.Au soprano, Laubrock lance quelques phrases répétitives sur lesquelles Tom Rainey déploie une impro de batterie, puis c’est Mary Halvorson qui fait sonner de puissants accords avant que le reste du groupe ne la rejoigne. Bref, chacun apporte sa part à une musique dense, tantôt apaisée, tantôt tonique et toujours pleine de surprises mélodiques ou rythmiques, comme cette intro d’Halvorson à la guitare jouée au bottleneck avant que la pianiste Kris Davis n’intervienne avec des accords dissonants sur lesquels Laubrock entonne une phrase toute en douceur.
La journée se termine avec le concert à guichet fermé du duo Mehldau/Redman. Dès l’abord, c’est du cantabile qui naît sous les doigts de Mehldau et ceux de Redman, mais quand il s’agit d’improviser sur le thème, c’est le pianiste qui se détache nettement par sa technique impeccable et un feeling évident. Redman, quant à lui, reste toujours un peu besogneux, en deçà de ce qu’on attendrait de lui. Sur le deuxième thème — où Mehldau est toujours ausssi inspiré, Redman s’avère nettement plus intéressant au soprano. Sur «Let’s Call This », de Monk, c’est de nouveau Mehldau qui convainc le plus par sa façon de traiter les harmonies et le rythme. Redman, quant à lui se contente de tourner autour du thème sans grande inventivité. Sur le morceau le plus romantique de la soirée, (« The Nearness of You ») c’est évidemment Mehldau qui se distingue le plus, Redman sonnant comme s’il cherchait le ton juste mais n’y arrivait pas. Sur un thème bop enlevé, il donnera par contre le meilleur de lui même sans toutefois sortir des clichés du genre, que Mehldau transcendera de fort belle façon. Au total, nous avons deux musiciens qui se connaissent depuis longtemps et qui ont choisi de jouer ensemble en duo. Mais la façon dont ils ont évolué au fil des ans ne les rend pas aussi compatibles qu’on s’y attendrait. Thierry Quénum|Le duo Noel Akchoté/Mary Halvorson ne s’est jamais encore produit en public mais il a enregistré cet été un disque à paraître. C’est donc la première occasion d’entendre ces deux guitaristes atypiques dont l’approche de l’instrument est à première vue assez rudimentaire. Peu d’effets ni de pédales : le son nu en de courts morceaux dont plus d’un évoque Ornette Coleman. Chacun se répartit l’espace sonore en accords, arpèges ou single notes et l’ensemble crée une atmosphère souvent onirique, comme le fruit d’une volonté de revenir aux sources de l’instrument, à ses possibilités inédites. Des traces de blues émaillent évidemment ce parcours, mais un blues revu et corrigé à la manière d’un Bill Frisell, avec une candeur qui n’exclut pas la sophistication. Bref ce duo a quelque chose d’enchanteur par la naïveté qu’il affiche et derrière laquelle on sent une maîtrise des instruments qui se refuse à tout effet de virtuosité, de vélocité guitaristique. Au contraire, une tendance bruitiste non dépourvue d’humour marque par moments cette démarche aventureuse qui doit autant à une sorte de folklore personnel qu’à une approche strictement jazz. La déconstruction du standard « Just Friends » en fut un exemple frappant.
On retrouve Mary Halvorson dans le quartet Antihouse, d’Ingrid Laubrock, un quartet sans basse et sans rapport avec le duo précédent. Ici la part de l’écriture est importante mais n’empêche pas l’improvisation de tenir sa place. La sonorité chaleureuse du ténor de la leadeuse est le centre névralgique autour duquel tournent les autres instruments avec un grand sens de l’espace. Les thèmes sont souvent minimalistes avec une grande attention aux textures et aux timbres, ce que renforce le contexte acoustique du concert.Au soprano, Laubrock lance quelques phrases répétitives sur lesquelles Tom Rainey déploie une impro de batterie, puis c’est Mary Halvorson qui fait sonner de puissants accords avant que le reste du groupe ne la rejoigne. Bref, chacun apporte sa part à une musique dense, tantôt apaisée, tantôt tonique et toujours pleine de surprises mélodiques ou rythmiques, comme cette intro d’Halvorson à la guitare jouée au bottleneck avant que la pianiste Kris Davis n’intervienne avec des accords dissonants sur lesquels Laubrock entonne une phrase toute en douceur.
La journée se termine avec le concert à guichet fermé du duo Mehldau/Redman. Dès l’abord, c’est du cantabile qui naît sous les doigts de Mehldau et ceux de Redman, mais quand il s’agit d’improviser sur le thème, c’est le pianiste qui se détache nettement par sa technique impeccable et un feeling évident. Redman, quant à lui, reste toujours un peu besogneux, en deçà de ce qu’on attendrait de lui. Sur le deuxième thème — où Mehldau est toujours ausssi inspiré, Redman s’avère nettement plus intéressant au soprano. Sur «Let’s Call This », de Monk, c’est de nouveau Mehldau qui convainc le plus par sa façon de traiter les harmonies et le rythme. Redman, quant à lui se contente de tourner autour du thème sans grande inventivité. Sur le morceau le plus romantique de la soirée, (« The Nearness of You ») c’est évidemment Mehldau qui se distingue le plus, Redman sonnant comme s’il cherchait le ton juste mais n’y arrivait pas. Sur un thème bop enlevé, il donnera par contre le meilleur de lui même sans toutefois sortir des clichés du genre, que Mehldau transcendera de fort belle façon. Au total, nous avons deux musiciens qui se connaissent depuis longtemps et qui ont choisi de jouer ensemble en duo. Mais la façon dont ils ont évolué au fil des ans ne les rend pas aussi compatibles qu’on s’y attendrait. Thierry Quénum