Festival unerhört ! Zürich, 15e édition (1)
La planète se porte mal mais on peut encore y entendre de la bonne musique. Notamment au festival unerhört ! (« scandaleux, inouï, insensé »), dont la programmation reflète les goûts pluriels d’une petite équipe aussi enthousiaste que polyvalente.
Les artistes proviennent en majorité de la Confédération, mais aussi d’autres contrées d’Europe (Allemagne, Albanie, Danemark, Islande, Pologne, Angleterre…), et quelques new-yorkais ont été conviés. Alléchante affiche, promettant découvertes et retrouvailles stimulantes. Les deux tiers des artistes présents sont associés aux labels Intakt et ECM, et les concerts répartis en une douzaine de lieux, et autant d’ambiances distinctes : en effet quoi de commun entre la Rote Fabrik, ancienne usine de téléphones investie par des artistes de toutes disciplines, et le Kulturhaus Helferei niché dans une église du centre historique ?
Le festival avait débuté deux jours auparavant avec le trio Glass de Tim Berne (avec Mary Halvorson et Tom Rainey), le groupe Noisy Minority d’Omri Ziegele (peu apprécié de Nicolas Sarkozy, qui préfère la majorité silencieuse), le bassiste islandais Skuli Sverisson et les hyperactifs ADHD. Il faut beaucoup de bonne volonté pour trouver le Schlosserei Nenniger, mais une fois entré dans ce spacieux garage, opérationnel la journée et rendu disponible le soir par un amateur éclairé, entre machines en ferraille, odeurs de graisse et boîtes à outils bien empilées, la magie commençait. Le double-programme concocté par Ohad Talmor et Dan Weiss (duo et big band) fut une excellente entrée en matière, première étape d’une semaine dont le sommeil fut banni.
Lundi 21 novembre 2016, Schlosserei Nenniger
- Ohad Talmor (as), Dan Weiss (dm)
Talmor, connu pour son travail avec Lee Konitz qu’il a entraîné sur des pistes inédites dans les années 2000, a eu un rôle-clé dans la direction musicale des grands ensembles du batteur Dan Weiss (à écouter : « Fourteen » et « Sixteen », sur Pi Recordings). Rien d’étonnant à retrouver les deux amis en duo et à trouver Weiss dans les rangs de l’ensemble dirigé par le saxophoniste globe-trotter.
L‘acoustique de ce grand atelier éclairé aux bougies est excellente. De nombreux pupitres et saxophones sont visibles, bien rangés, mais ce sera pour la deuxième partie. Structures rythmiques complexes et complices emmenées avec une aisance ahurissante, on est immédiatement pris en charge par l’interplay des new-yorkais. Il y a bien des partitions, mais elles ne sont guère consultées au gré du premier set. Le jeu de Talmor est souple et plénier, et la sonorité feutrée (songez Paul Desmond, Tony Coe…). Légère amplification, les musiciens ne jouent pas fort. Rien de prévisible, rien de saugrenu non plus, lors d’improvisations basées sur des concepts échangés entre deux hommes liés par une admiration mutuelle.
Ohad Talmor & Big Band der Hochschule Luzern – Musik feat. Dan Weiss
Ohad Talmor (as), Mirjam Scherrer, Nikola Jan Gross, Andri Schärli, Benjamin Knecht (reeds), Jonas Inglin, Simon Ruckli, Moritz Anthes, Jasmin Lötscher (tb), Giovanni Siveroni, Martin Borner, Sonja Ott, Mar Ballester (tp), Marius Meier (b), Florian Respondek (g), Robinson de Montmollin (p), Lukas Blattner (dm)
18 musiciens constituent ensuite un big band très swinguant, machinerie propulsive en droite ligne des années 50 et 60 (écoles Gil Evans & Bob Brookmeyer, en passant par la musique indienne mais aussi le hip-hop de Q-Tip et, pour un moment de fun assumé, la bande originale de « La Croisière s’amuse »). Je crois entendre ici et là, même si le compositeur ne semble pas goûter ces références, des grooves perchés entre Oliver Nelson et Lalo Schifrin, un thème en particulier semblant taillé sur mesure pour une scène de suspense avec Steve McQueen. L’orchestre est discipliné, les visages impassibles, mais la musique richement expressive : la « clé » réside dans l’écriture. Un trio guitare/sax/batterie succède à un bref tsunami orchestral. Les rangs de l’orchestre révèlent quelques solistes brillants, même si les prises de parole les plus conséquentes sont réservées au leader. Une tradition rafraîchie qui évite l’amidon de trop de projets revival. Get out of the way! Les changements de rythmes sont presqu’aussi fréquents que dans un morceau de Naked City. De dynamiques figures du jazz sont revisitées avec vivacité, de la bombance collective d’un instant au solo absolu très nuancé la minute suivante, et vice-versa. Talmor félicite son groupe à la fin, indiquant que leur niveau d’excellence a surclassé de loin la répétition de la veille. On sera en effet passé avec bonheur de diverses incarnations du blues à une reprise de Richard Strauss, pour finir par l’orchestration d’un solo de Lee Konitz, extrait de l’album « Motion » (1961). David Cristol
Photos : Michelle Ettlin|La planète se porte mal mais on peut encore y entendre de la bonne musique. Notamment au festival unerhört ! (« scandaleux, inouï, insensé »), dont la programmation reflète les goûts pluriels d’une petite équipe aussi enthousiaste que polyvalente.
Les artistes proviennent en majorité de la Confédération, mais aussi d’autres contrées d’Europe (Allemagne, Albanie, Danemark, Islande, Pologne, Angleterre…), et quelques new-yorkais ont été conviés. Alléchante affiche, promettant découvertes et retrouvailles stimulantes. Les deux tiers des artistes présents sont associés aux labels Intakt et ECM, et les concerts répartis en une douzaine de lieux, et autant d’ambiances distinctes : en effet quoi de commun entre la Rote Fabrik, ancienne usine de téléphones investie par des artistes de toutes disciplines, et le Kulturhaus Helferei niché dans une église du centre historique ?
Le festival avait débuté deux jours auparavant avec le trio Glass de Tim Berne (avec Mary Halvorson et Tom Rainey), le groupe Noisy Minority d’Omri Ziegele (peu apprécié de Nicolas Sarkozy, qui préfère la majorité silencieuse), le bassiste islandais Skuli Sverisson et les hyperactifs ADHD. Il faut beaucoup de bonne volonté pour trouver le Schlosserei Nenniger, mais une fois entré dans ce spacieux garage, opérationnel la journée et rendu disponible le soir par un amateur éclairé, entre machines en ferraille, odeurs de graisse et boîtes à outils bien empilées, la magie commençait. Le double-programme concocté par Ohad Talmor et Dan Weiss (duo et big band) fut une excellente entrée en matière, première étape d’une semaine dont le sommeil fut banni.
Lundi 21 novembre 2016, Schlosserei Nenniger
- Ohad Talmor (as), Dan Weiss (dm)
Talmor, connu pour son travail avec Lee Konitz qu’il a entraîné sur des pistes inédites dans les années 2000, a eu un rôle-clé dans la direction musicale des grands ensembles du batteur Dan Weiss (à écouter : « Fourteen » et « Sixteen », sur Pi Recordings). Rien d’étonnant à retrouver les deux amis en duo et à trouver Weiss dans les rangs de l’ensemble dirigé par le saxophoniste globe-trotter.
L‘acoustique de ce grand atelier éclairé aux bougies est excellente. De nombreux pupitres et saxophones sont visibles, bien rangés, mais ce sera pour la deuxième partie. Structures rythmiques complexes et complices emmenées avec une aisance ahurissante, on est immédiatement pris en charge par l’interplay des new-yorkais. Il y a bien des partitions, mais elles ne sont guère consultées au gré du premier set. Le jeu de Talmor est souple et plénier, et la sonorité feutrée (songez Paul Desmond, Tony Coe…). Légère amplification, les musiciens ne jouent pas fort. Rien de prévisible, rien de saugrenu non plus, lors d’improvisations basées sur des concepts échangés entre deux hommes liés par une admiration mutuelle.
Ohad Talmor & Big Band der Hochschule Luzern – Musik feat. Dan Weiss
Ohad Talmor (as), Mirjam Scherrer, Nikola Jan Gross, Andri Schärli, Benjamin Knecht (reeds), Jonas Inglin, Simon Ruckli, Moritz Anthes, Jasmin Lötscher (tb), Giovanni Siveroni, Martin Borner, Sonja Ott, Mar Ballester (tp), Marius Meier (b), Florian Respondek (g), Robinson de Montmollin (p), Lukas Blattner (dm)
18 musiciens constituent ensuite un big band très swinguant, machinerie propulsive en droite ligne des années 50 et 60 (écoles Gil Evans & Bob Brookmeyer, en passant par la musique indienne mais aussi le hip-hop de Q-Tip et, pour un moment de fun assumé, la bande originale de « La Croisière s’amuse »). Je crois entendre ici et là, même si le compositeur ne semble pas goûter ces références, des grooves perchés entre Oliver Nelson et Lalo Schifrin, un thème en particulier semblant taillé sur mesure pour une scène de suspense avec Steve McQueen. L’orchestre est discipliné, les visages impassibles, mais la musique richement expressive : la « clé » réside dans l’écriture. Un trio guitare/sax/batterie succède à un bref tsunami orchestral. Les rangs de l’orchestre révèlent quelques solistes brillants, même si les prises de parole les plus conséquentes sont réservées au leader. Une tradition rafraîchie qui évite l’amidon de trop de projets revival. Get out of the way! Les changements de rythmes sont presqu’aussi fréquents que dans un morceau de Naked City. De dynamiques figures du jazz sont revisitées avec vivacité, de la bombance collective d’un instant au solo absolu très nuancé la minute suivante, et vice-versa. Talmor félicite son groupe à la fin, indiquant que leur niveau d’excellence a surclassé de loin la répétition de la veille. On sera en effet passé avec bonheur de diverses incarnations du blues à une reprise de Richard Strauss, pour finir par l’orchestration d’un solo de Lee Konitz, extrait de l’album « Motion » (1961). David Cristol
Photos : Michelle Ettlin|La planète se porte mal mais on peut encore y entendre de la bonne musique. Notamment au festival unerhört ! (« scandaleux, inouï, insensé »), dont la programmation reflète les goûts pluriels d’une petite équipe aussi enthousiaste que polyvalente.
Les artistes proviennent en majorité de la Confédération, mais aussi d’autres contrées d’Europe (Allemagne, Albanie, Danemark, Islande, Pologne, Angleterre…), et quelques new-yorkais ont été conviés. Alléchante affiche, promettant découvertes et retrouvailles stimulantes. Les deux tiers des artistes présents sont associés aux labels Intakt et ECM, et les concerts répartis en une douzaine de lieux, et autant d’ambiances distinctes : en effet quoi de commun entre la Rote Fabrik, ancienne usine de téléphones investie par des artistes de toutes disciplines, et le Kulturhaus Helferei niché dans une église du centre historique ?
Le festival avait débuté deux jours auparavant avec le trio Glass de Tim Berne (avec Mary Halvorson et Tom Rainey), le groupe Noisy Minority d’Omri Ziegele (peu apprécié de Nicolas Sarkozy, qui préfère la majorité silencieuse), le bassiste islandais Skuli Sverisson et les hyperactifs ADHD. Il faut beaucoup de bonne volonté pour trouver le Schlosserei Nenniger, mais une fois entré dans ce spacieux garage, opérationnel la journée et rendu disponible le soir par un amateur éclairé, entre machines en ferraille, odeurs de graisse et boîtes à outils bien empilées, la magie commençait. Le double-programme concocté par Ohad Talmor et Dan Weiss (duo et big band) fut une excellente entrée en matière, première étape d’une semaine dont le sommeil fut banni.
Lundi 21 novembre 2016, Schlosserei Nenniger
- Ohad Talmor (as), Dan Weiss (dm)
Talmor, connu pour son travail avec Lee Konitz qu’il a entraîné sur des pistes inédites dans les années 2000, a eu un rôle-clé dans la direction musicale des grands ensembles du batteur Dan Weiss (à écouter : « Fourteen » et « Sixteen », sur Pi Recordings). Rien d’étonnant à retrouver les deux amis en duo et à trouver Weiss dans les rangs de l’ensemble dirigé par le saxophoniste globe-trotter.
L‘acoustique de ce grand atelier éclairé aux bougies est excellente. De nombreux pupitres et saxophones sont visibles, bien rangés, mais ce sera pour la deuxième partie. Structures rythmiques complexes et complices emmenées avec une aisance ahurissante, on est immédiatement pris en charge par l’interplay des new-yorkais. Il y a bien des partitions, mais elles ne sont guère consultées au gré du premier set. Le jeu de Talmor est souple et plénier, et la sonorité feutrée (songez Paul Desmond, Tony Coe…). Légère amplification, les musiciens ne jouent pas fort. Rien de prévisible, rien de saugrenu non plus, lors d’improvisations basées sur des concepts échangés entre deux hommes liés par une admiration mutuelle.
Ohad Talmor & Big Band der Hochschule Luzern – Musik feat. Dan Weiss
Ohad Talmor (as), Mirjam Scherrer, Nikola Jan Gross, Andri Schärli, Benjamin Knecht (reeds), Jonas Inglin, Simon Ruckli, Moritz Anthes, Jasmin Lötscher (tb), Giovanni Siveroni, Martin Borner, Sonja Ott, Mar Ballester (tp), Marius Meier (b), Florian Respondek (g), Robinson de Montmollin (p), Lukas Blattner (dm)
18 musiciens constituent ensuite un big band très swinguant, machinerie propulsive en droite ligne des années 50 et 60 (écoles Gil Evans & Bob Brookmeyer, en passant par la musique indienne mais aussi le hip-hop de Q-Tip et, pour un moment de fun assumé, la bande originale de « La Croisière s’amuse »). Je crois entendre ici et là, même si le compositeur ne semble pas goûter ces références, des grooves perchés entre Oliver Nelson et Lalo Schifrin, un thème en particulier semblant taillé sur mesure pour une scène de suspense avec Steve McQueen. L’orchestre est discipliné, les visages impassibles, mais la musique richement expressive : la « clé » réside dans l’écriture. Un trio guitare/sax/batterie succède à un bref tsunami orchestral. Les rangs de l’orchestre révèlent quelques solistes brillants, même si les prises de parole les plus conséquentes sont réservées au leader. Une tradition rafraîchie qui évite l’amidon de trop de projets revival. Get out of the way! Les changements de rythmes sont presqu’aussi fréquents que dans un morceau de Naked City. De dynamiques figures du jazz sont revisitées avec vivacité, de la bombance collective d’un instant au solo absolu très nuancé la minute suivante, et vice-versa. Talmor félicite son groupe à la fin, indiquant que leur niveau d’excellence a surclassé de loin la répétition de la veille. On sera en effet passé avec bonheur de diverses incarnations du blues à une reprise de Richard Strauss, pour finir par l’orchestration d’un solo de Lee Konitz, extrait de l’album « Motion » (1961). David Cristol
Photos : Michelle Ettlin|La planète se porte mal mais on peut encore y entendre de la bonne musique. Notamment au festival unerhört ! (« scandaleux, inouï, insensé »), dont la programmation reflète les goûts pluriels d’une petite équipe aussi enthousiaste que polyvalente.
Les artistes proviennent en majorité de la Confédération, mais aussi d’autres contrées d’Europe (Allemagne, Albanie, Danemark, Islande, Pologne, Angleterre…), et quelques new-yorkais ont été conviés. Alléchante affiche, promettant découvertes et retrouvailles stimulantes. Les deux tiers des artistes présents sont associés aux labels Intakt et ECM, et les concerts répartis en une douzaine de lieux, et autant d’ambiances distinctes : en effet quoi de commun entre la Rote Fabrik, ancienne usine de téléphones investie par des artistes de toutes disciplines, et le Kulturhaus Helferei niché dans une église du centre historique ?
Le festival avait débuté deux jours auparavant avec le trio Glass de Tim Berne (avec Mary Halvorson et Tom Rainey), le groupe Noisy Minority d’Omri Ziegele (peu apprécié de Nicolas Sarkozy, qui préfère la majorité silencieuse), le bassiste islandais Skuli Sverisson et les hyperactifs ADHD. Il faut beaucoup de bonne volonté pour trouver le Schlosserei Nenniger, mais une fois entré dans ce spacieux garage, opérationnel la journée et rendu disponible le soir par un amateur éclairé, entre machines en ferraille, odeurs de graisse et boîtes à outils bien empilées, la magie commençait. Le double-programme concocté par Ohad Talmor et Dan Weiss (duo et big band) fut une excellente entrée en matière, première étape d’une semaine dont le sommeil fut banni.
Lundi 21 novembre 2016, Schlosserei Nenniger
- Ohad Talmor (as), Dan Weiss (dm)
Talmor, connu pour son travail avec Lee Konitz qu’il a entraîné sur des pistes inédites dans les années 2000, a eu un rôle-clé dans la direction musicale des grands ensembles du batteur Dan Weiss (à écouter : « Fourteen » et « Sixteen », sur Pi Recordings). Rien d’étonnant à retrouver les deux amis en duo et à trouver Weiss dans les rangs de l’ensemble dirigé par le saxophoniste globe-trotter.
L‘acoustique de ce grand atelier éclairé aux bougies est excellente. De nombreux pupitres et saxophones sont visibles, bien rangés, mais ce sera pour la deuxième partie. Structures rythmiques complexes et complices emmenées avec une aisance ahurissante, on est immédiatement pris en charge par l’interplay des new-yorkais. Il y a bien des partitions, mais elles ne sont guère consultées au gré du premier set. Le jeu de Talmor est souple et plénier, et la sonorité feutrée (songez Paul Desmond, Tony Coe…). Légère amplification, les musiciens ne jouent pas fort. Rien de prévisible, rien de saugrenu non plus, lors d’improvisations basées sur des concepts échangés entre deux hommes liés par une admiration mutuelle.
Ohad Talmor & Big Band der Hochschule Luzern – Musik feat. Dan Weiss
Ohad Talmor (as), Mirjam Scherrer, Nikola Jan Gross, Andri Schärli, Benjamin Knecht (reeds), Jonas Inglin, Simon Ruckli, Moritz Anthes, Jasmin Lötscher (tb), Giovanni Siveroni, Martin Borner, Sonja Ott, Mar Ballester (tp), Marius Meier (b), Florian Respondek (g), Robinson de Montmollin (p), Lukas Blattner (dm)
18 musiciens constituent ensuite un big band très swinguant, machinerie propulsive en droite ligne des années 50 et 60 (écoles Gil Evans & Bob Brookmeyer, en passant par la musique indienne mais aussi le hip-hop de Q-Tip et, pour un moment de fun assumé, la bande originale de « La Croisière s’amuse »). Je crois entendre ici et là, même si le compositeur ne semble pas goûter ces références, des grooves perchés entre Oliver Nelson et Lalo Schifrin, un thème en particulier semblant taillé sur mesure pour une scène de suspense avec Steve McQueen. L’orchestre est discipliné, les visages impassibles, mais la musique richement expressive : la « clé » réside dans l’écriture. Un trio guitare/sax/batterie succède à un bref tsunami orchestral. Les rangs de l’orchestre révèlent quelques solistes brillants, même si les prises de parole les plus conséquentes sont réservées au leader. Une tradition rafraîchie qui évite l’amidon de trop de projets revival. Get out of the way! Les changements de rythmes sont presqu’aussi fréquents que dans un morceau de Naked City. De dynamiques figures du jazz sont revisitées avec vivacité, de la bombance collective d’un instant au solo absolu très nuancé la minute suivante, et vice-versa. Talmor félicite son groupe à la fin, indiquant que leur niveau d’excellence a surclassé de loin la répétition de la veille. On sera en effet passé avec bonheur de diverses incarnations du blues à une reprise de Richard Strauss, pour finir par l’orchestration d’un solo de Lee Konitz, extrait de l’album « Motion » (1961). David Cristol
Photos : Michelle Ettlin