De Wilde-Gamblin: du jazz affuté comme un pin des Landes
Il se love en silence dans les rondeurs de la taille de la contrebasse. Il enserre l’instrument de ses bras tandis que le son grave égrène des notes de douceur. Jacques Gamblin en gestes lents, simples, mime une partition inattendue de A love supreme
Jacques Gamblin (texte), Laurent De Wilde (p), Gilles Naturel (ts), Alex Tassel (tp, flgh),DJ alea (plat), Jérome Regard (b), Donald Kontomanou (dm)
Jazz au Pôle, Pôle Culturel Marsan, Saint Pierre du Mont (40280), 13 février
Des notes et des mots. Des phrases s’instillent dans le souffle de la voix comme à travers celui des instruments. Voilà « ce que le jazz fait à ma djambe » dit Jacques Gamblin, transgressant volontiers le bien dire à l’occasion de la cent deuxième représentation d’un spectacle (créé à Coutances lors du festival Jazz Sous les Pommiers 2011 et joué notamment à Paris, vingt jours durant en 2015 au Théâtre du Rond Point de Jean-Michel Ribes) de conversion et de conversation. Conversion à l’idiome jazz pour le comédien originaire de Granville, conversion que l’on sent forte, définitive. Conversations croisées dans le même temps entre l’acteur qui se livre sur scène avec des musiciens de jazz aptes à habiller les mots pour le dire dans l’esprit. Jacques Gamblin raconte une histoire. Celle d’un homme et d’une femme croisée par hasard. Il conte, il imagine. Une gamberge entre pic de réalité et plongée dans le fantasme comme il sied aux histoires d’amour improbables en train de s’écrire. Il dit, il murmure, il crie, tous effets de voix appuyés sur une gestuelle singulière. Gamblin, se montre limite gymnaste dans son expression corporelle. Il se coule, se plie, rampe, chute, se contorsionne au besoin histoire de marquer la douleur, l’espoir ou le désenchantement. Le tout en silence d’abord, en ombre chinoise sous un riche travail de lumières, toujours en avant scène de l’orchestre lorsque ce dernier se met en mouvement sonore. Jacques Gamblin figure un acteur de bouche autant que de corps. Dans sa voix en mode blues, funk fou mais toujours sous des accents free s’égrènent ensuite les mots de l’hypothétique séducteur, acte de poésie jusqu’à des jeux sur les mots incongrus, suspendus, irréels de sens, surréalistes de couleurs et de contrastes. Retentit également une esthétique du cri à propos de la force de la musique libératrice, de l’essence sinon de l’existence du jazz comme veine portant le flux de la vie venue de l’Amérique. Le discours s’incruste dès lors de citations de textes de Langston Hugues (Bop), « poète de Harlem » écrivain de l’époque Black Power, inspirateur entr’autres de Charlie Mingus; de passages du livre du clarinettiste Mezz Mezzrow, (Really The Blues) La rage de vivre; plus quelques phrases reprises d’une interview de Herbie Hancock, pianiste et compositeur prolixe réalisée par Laurent De Wilde lui même…
Sur ce terreau de verbe très productif Laurent De Wilde fait pousser des séquences musicales par alternance. Compositions personnelles (My Lady jazz, Bilibop, The chase) citations (Monk, bien sur, Herbie Hancock pour mieux étayer The Herbie Experiment) accompagnent, soulignent les traits du propos tenu. Se succèdent ainsi des phases en sextet, développées avec thèmes et soli (Alex Tassel, Gilles Naturel, autant de riches sonorités cuivrées) Des duos musicien/acteur voire la mise en avant d’un instrument particulier, le plus apte à ce moment à valoriser l’effet voulu de l’histoire racontée (percussions de Donald Kontomanou, lignes de basse de Jérome Regard) dans la plupart des cas en accord (rythmique, mélodique) avec le tempo, la texture des phrases de l’acteur récitant. Occasions d’autant d’échanges, de dialogues, de conversations (tel ce détonnant interplay entre voix de Betty Carter et scatchs de DJ alea sur un couplet du standard Let’s Fall in Love ) Jazz et récit, improvisation et narration se retrouvent ainsi liés dans une évolution conjuguée. De quoi donner au public qui se doit de suivre, du sens autant que du plaisir.
Au sortir du spectacle Laurent De Wilde s’étonnait quelque peu du manque d’adhésion spontanée de la salle en guise de réaction Sans doute faut-il y voir la marque d’un public d’habitués (abonnés) plus accrochés aux canons du théâtre qu’au langage du jazz. Donc attirés d’abord par la figure, l’aura de l’acteur. Reste que, la surprise passée, les bis finaux témoignaient d’une adhésion à l’intention, pas si répandue, de faire vivre live, en simultané, deux modes d’écriture et de représentation artistiques rarement ainsi accouplés.
Robert Latxague
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Il se love en silence dans les rondeurs de la taille de la contrebasse. Il enserre l’instrument de ses bras tandis que le son grave égrène des notes de douceur. Jacques Gamblin en gestes lents, simples, mime une partition inattendue de A love supreme
Jacques Gamblin (texte), Laurent De Wilde (p), Gilles Naturel (ts), Alex Tassel (tp, flgh),DJ alea (plat), Jérome Regard (b), Donald Kontomanou (dm)
Jazz au Pôle, Pôle Culturel Marsan, Saint Pierre du Mont (40280), 13 février
Des notes et des mots. Des phrases s’instillent dans le souffle de la voix comme à travers celui des instruments. Voilà « ce que le jazz fait à ma djambe » dit Jacques Gamblin, transgressant volontiers le bien dire à l’occasion de la cent deuxième représentation d’un spectacle (créé à Coutances lors du festival Jazz Sous les Pommiers 2011 et joué notamment à Paris, vingt jours durant en 2015 au Théâtre du Rond Point de Jean-Michel Ribes) de conversion et de conversation. Conversion à l’idiome jazz pour le comédien originaire de Granville, conversion que l’on sent forte, définitive. Conversations croisées dans le même temps entre l’acteur qui se livre sur scène avec des musiciens de jazz aptes à habiller les mots pour le dire dans l’esprit. Jacques Gamblin raconte une histoire. Celle d’un homme et d’une femme croisée par hasard. Il conte, il imagine. Une gamberge entre pic de réalité et plongée dans le fantasme comme il sied aux histoires d’amour improbables en train de s’écrire. Il dit, il murmure, il crie, tous effets de voix appuyés sur une gestuelle singulière. Gamblin, se montre limite gymnaste dans son expression corporelle. Il se coule, se plie, rampe, chute, se contorsionne au besoin histoire de marquer la douleur, l’espoir ou le désenchantement. Le tout en silence d’abord, en ombre chinoise sous un riche travail de lumières, toujours en avant scène de l’orchestre lorsque ce dernier se met en mouvement sonore. Jacques Gamblin figure un acteur de bouche autant que de corps. Dans sa voix en mode blues, funk fou mais toujours sous des accents free s’égrènent ensuite les mots de l’hypothétique séducteur, acte de poésie jusqu’à des jeux sur les mots incongrus, suspendus, irréels de sens, surréalistes de couleurs et de contrastes. Retentit également une esthétique du cri à propos de la force de la musique libératrice, de l’essence sinon de l’existence du jazz comme veine portant le flux de la vie venue de l’Amérique. Le discours s’incruste dès lors de citations de textes de Langston Hugues (Bop), « poète de Harlem » écrivain de l’époque Black Power, inspirateur entr’autres de Charlie Mingus; de passages du livre du clarinettiste Mezz Mezzrow, (Really The Blues) La rage de vivre; plus quelques phrases reprises d’une interview de Herbie Hancock, pianiste et compositeur prolixe réalisée par Laurent De Wilde lui même…
Sur ce terreau de verbe très productif Laurent De Wilde fait pousser des séquences musicales par alternance. Compositions personnelles (My Lady jazz, Bilibop, The chase) citations (Monk, bien sur, Herbie Hancock pour mieux étayer The Herbie Experiment) accompagnent, soulignent les traits du propos tenu. Se succèdent ainsi des phases en sextet, développées avec thèmes et soli (Alex Tassel, Gilles Naturel, autant de riches sonorités cuivrées) Des duos musicien/acteur voire la mise en avant d’un instrument particulier, le plus apte à ce moment à valoriser l’effet voulu de l’histoire racontée (percussions de Donald Kontomanou, lignes de basse de Jérome Regard) dans la plupart des cas en accord (rythmique, mélodique) avec le tempo, la texture des phrases de l’acteur récitant. Occasions d’autant d’échanges, de dialogues, de conversations (tel ce détonnant interplay entre voix de Betty Carter et scatchs de DJ alea sur un couplet du standard Let’s Fall in Love ) Jazz et récit, improvisation et narration se retrouvent ainsi liés dans une évolution conjuguée. De quoi donner au public qui se doit de suivre, du sens autant que du plaisir.
Au sortir du spectacle Laurent De Wilde s’étonnait quelque peu du manque d’adhésion spontanée de la salle en guise de réaction Sans doute faut-il y voir la marque d’un public d’habitués (abonnés) plus accrochés aux canons du théâtre qu’au langage du jazz. Donc attirés d’abord par la figure, l’aura de l’acteur. Reste que, la surprise passée, les bis finaux témoignaient d’une adhésion à l’intention, pas si répandue, de faire vivre live, en simultané, deux modes d’écriture et de représentation artistiques rarement ainsi accouplés.
Robert Latxague
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Il se love en silence dans les rondeurs de la taille de la contrebasse. Il enserre l’instrument de ses bras tandis que le son grave égrène des notes de douceur. Jacques Gamblin en gestes lents, simples, mime une partition inattendue de A love supreme
Jacques Gamblin (texte), Laurent De Wilde (p), Gilles Naturel (ts), Alex Tassel (tp, flgh),DJ alea (plat), Jérome Regard (b), Donald Kontomanou (dm)
Jazz au Pôle, Pôle Culturel Marsan, Saint Pierre du Mont (40280), 13 février
Des notes et des mots. Des phrases s’instillent dans le souffle de la voix comme à travers celui des instruments. Voilà « ce que le jazz fait à ma djambe » dit Jacques Gamblin, transgressant volontiers le bien dire à l’occasion de la cent deuxième représentation d’un spectacle (créé à Coutances lors du festival Jazz Sous les Pommiers 2011 et joué notamment à Paris, vingt jours durant en 2015 au Théâtre du Rond Point de Jean-Michel Ribes) de conversion et de conversation. Conversion à l’idiome jazz pour le comédien originaire de Granville, conversion que l’on sent forte, définitive. Conversations croisées dans le même temps entre l’acteur qui se livre sur scène avec des musiciens de jazz aptes à habiller les mots pour le dire dans l’esprit. Jacques Gamblin raconte une histoire. Celle d’un homme et d’une femme croisée par hasard. Il conte, il imagine. Une gamberge entre pic de réalité et plongée dans le fantasme comme il sied aux histoires d’amour improbables en train de s’écrire. Il dit, il murmure, il crie, tous effets de voix appuyés sur une gestuelle singulière. Gamblin, se montre limite gymnaste dans son expression corporelle. Il se coule, se plie, rampe, chute, se contorsionne au besoin histoire de marquer la douleur, l’espoir ou le désenchantement. Le tout en silence d’abord, en ombre chinoise sous un riche travail de lumières, toujours en avant scène de l’orchestre lorsque ce dernier se met en mouvement sonore. Jacques Gamblin figure un acteur de bouche autant que de corps. Dans sa voix en mode blues, funk fou mais toujours sous des accents free s’égrènent ensuite les mots de l’hypothétique séducteur, acte de poésie jusqu’à des jeux sur les mots incongrus, suspendus, irréels de sens, surréalistes de couleurs et de contrastes. Retentit également une esthétique du cri à propos de la force de la musique libératrice, de l’essence sinon de l’existence du jazz comme veine portant le flux de la vie venue de l’Amérique. Le discours s’incruste dès lors de citations de textes de Langston Hugues (Bop), « poète de Harlem » écrivain de l’époque Black Power, inspirateur entr’autres de Charlie Mingus; de passages du livre du clarinettiste Mezz Mezzrow, (Really The Blues) La rage de vivre; plus quelques phrases reprises d’une interview de Herbie Hancock, pianiste et compositeur prolixe réalisée par Laurent De Wilde lui même…
Sur ce terreau de verbe très productif Laurent De Wilde fait pousser des séquences musicales par alternance. Compositions personnelles (My Lady jazz, Bilibop, The chase) citations (Monk, bien sur, Herbie Hancock pour mieux étayer The Herbie Experiment) accompagnent, soulignent les traits du propos tenu. Se succèdent ainsi des phases en sextet, développées avec thèmes et soli (Alex Tassel, Gilles Naturel, autant de riches sonorités cuivrées) Des duos musicien/acteur voire la mise en avant d’un instrument particulier, le plus apte à ce moment à valoriser l’effet voulu de l’histoire racontée (percussions de Donald Kontomanou, lignes de basse de Jérome Regard) dans la plupart des cas en accord (rythmique, mélodique) avec le tempo, la texture des phrases de l’acteur récitant. Occasions d’autant d’échanges, de dialogues, de conversations (tel ce détonnant interplay entre voix de Betty Carter et scatchs de DJ alea sur un couplet du standard Let’s Fall in Love ) Jazz et récit, improvisation et narration se retrouvent ainsi liés dans une évolution conjuguée. De quoi donner au public qui se doit de suivre, du sens autant que du plaisir.
Au sortir du spectacle Laurent De Wilde s’étonnait quelque peu du manque d’adhésion spontanée de la salle en guise de réaction Sans doute faut-il y voir la marque d’un public d’habitués (abonnés) plus accrochés aux canons du théâtre qu’au langage du jazz. Donc attirés d’abord par la figure, l’aura de l’acteur. Reste que, la surprise passée, les bis finaux témoignaient d’une adhésion à l’intention, pas si répandue, de faire vivre live, en simultané, deux modes d’écriture et de représentation artistiques rarement ainsi accouplés.
Robert Latxague
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Il se love en silence dans les rondeurs de la taille de la contrebasse. Il enserre l’instrument de ses bras tandis que le son grave égrène des notes de douceur. Jacques Gamblin en gestes lents, simples, mime une partition inattendue de A love supreme
Jacques Gamblin (texte), Laurent De Wilde (p), Gilles Naturel (ts), Alex Tassel (tp, flgh),DJ alea (plat), Jérome Regard (b), Donald Kontomanou (dm)
Jazz au Pôle, Pôle Culturel Marsan, Saint Pierre du Mont (40280), 13 février
Des notes et des mots. Des phrases s’instillent dans le souffle de la voix comme à travers celui des instruments. Voilà « ce que le jazz fait à ma djambe » dit Jacques Gamblin, transgressant volontiers le bien dire à l’occasion de la cent deuxième représentation d’un spectacle (créé à Coutances lors du festival Jazz Sous les Pommiers 2011 et joué notamment à Paris, vingt jours durant en 2015 au Théâtre du Rond Point de Jean-Michel Ribes) de conversion et de conversation. Conversion à l’idiome jazz pour le comédien originaire de Granville, conversion que l’on sent forte, définitive. Conversations croisées dans le même temps entre l’acteur qui se livre sur scène avec des musiciens de jazz aptes à habiller les mots pour le dire dans l’esprit. Jacques Gamblin raconte une histoire. Celle d’un homme et d’une femme croisée par hasard. Il conte, il imagine. Une gamberge entre pic de réalité et plongée dans le fantasme comme il sied aux histoires d’amour improbables en train de s’écrire. Il dit, il murmure, il crie, tous effets de voix appuyés sur une gestuelle singulière. Gamblin, se montre limite gymnaste dans son expression corporelle. Il se coule, se plie, rampe, chute, se contorsionne au besoin histoire de marquer la douleur, l’espoir ou le désenchantement. Le tout en silence d’abord, en ombre chinoise sous un riche travail de lumières, toujours en avant scène de l’orchestre lorsque ce dernier se met en mouvement sonore. Jacques Gamblin figure un acteur de bouche autant que de corps. Dans sa voix en mode blues, funk fou mais toujours sous des accents free s’égrènent ensuite les mots de l’hypothétique séducteur, acte de poésie jusqu’à des jeux sur les mots incongrus, suspendus, irréels de sens, surréalistes de couleurs et de contrastes. Retentit également une esthétique du cri à propos de la force de la musique libératrice, de l’essence sinon de l’existence du jazz comme veine portant le flux de la vie venue de l’Amérique. Le discours s’incruste dès lors de citations de textes de Langston Hugues (Bop), « poète de Harlem » écrivain de l’époque Black Power, inspirateur entr’autres de Charlie Mingus; de passages du livre du clarinettiste Mezz Mezzrow, (Really The Blues) La rage de vivre; plus quelques phrases reprises d’une interview de Herbie Hancock, pianiste et compositeur prolixe réalisée par Laurent De Wilde lui même…
Sur ce terreau de verbe très productif Laurent De Wilde fait pousser des séquences musicales par alternance. Compositions personnelles (My Lady jazz, Bilibop, The chase) citations (Monk, bien sur, Herbie Hancock pour mieux étayer The Herbie Experiment) accompagnent, soulignent les traits du propos tenu. Se succèdent ainsi des phases en sextet, développées avec thèmes et soli (Alex Tassel, Gilles Naturel, autant de riches sonorités cuivrées) Des duos musicien/acteur voire la mise en avant d’un instrument particulier, le plus apte à ce moment à valoriser l’effet voulu de l’histoire racontée (percussions de Donald Kontomanou, lignes de basse de Jérome Regard) dans la plupart des cas en accord (rythmique, mélodique) avec le tempo, la texture des phrases de l’acteur récitant. Occasions d’autant d’échanges, de dialogues, de conversations (tel ce détonnant interplay entre voix de Betty Carter et scatchs de DJ alea sur un couplet du standard Let’s Fall in Love ) Jazz et récit, improvisation et narration se retrouvent ainsi liés dans une évolution conjuguée. De quoi donner au public qui se doit de suivre, du sens autant que du plaisir.
Au sortir du spectacle Laurent De Wilde s’étonnait quelque peu du manque d’adhésion spontanée de la salle en guise de réaction Sans doute faut-il y voir la marque d’un public d’habitués (abonnés) plus accrochés aux canons du théâtre qu’au langage du jazz. Donc attirés d’abord par la figure, l’aura de l’acteur. Reste que, la surprise passée, les bis finaux témoignaient d’une adhésion à l’intention, pas si répandue, de faire vivre live, en simultané, deux modes d’écriture et de représentation artistiques rarement ainsi accouplés.
Robert Latxague