Benjamin Moussay et Keyvan Chemirani, deux virtuoses sur un tapis volant
Le pianiste Benjamin Moussay et le percussioniste Keyvan Chemirani se sont livrés dimanche après midi à un dialogue à haute altitude.
Benjamin Moussay (piano), Keyvan Chemirani (zarb, daf, udu, tambours divers), Dimanche 20 février 2017, Concert d’appartement organisé par Hélène-Caroline Bodet et Damien de Polignac.
Le concert a lieu dans l’appartement d’Hélène-Caroline Bodet, une de ces bonnes samaritaines du jazz qui permettent à cette musique d’exister en en dehors du circuit restreint des clubs. Benjamin Moussay joue du piano, et Keyvan Chemirani du zarb. Une plante verte se déploie derrière Keyvan Chemirani, comme pour veiller sur sa musique.
Point n’est besoin de décrire un piano, évidemment, mais pour le zarb, ce n’est peut-être pas inutile. Le zarb, c’est le plus noble des tambours. Il est reconnaissable entre tous à sa silhouette en forme de calice. Originaire de Perse, il est riche de mille virtualités.
Sur le centre de la peau, par des caresses millimétrées, on peut obtenir des effets comparables à ceux qu’un batteur tire de ses balais. Idéal pour les ballades. Sur la tranche, on fait advenir un effet plus percussif, que je baptise in petto « cataclop-cataclop » car il évoque un peu le bruit d’un cheval au galop (et que l’on accentue encore avec la dernière note exhaussée d’un claquement de doigts). Parfait pour les up-tempo. A tout cela s’ajoutent une palette d’effets divers, raclements de l’ongle, sur la peau ou sur la « tige » de l’instrument. Bref, avec un zarb, on peut voyager loin et profond. La profondeur, justement, c’est cela qui était le plus frappant dans la musique de ce duo. Une profondeur immédiate, sans round d’observation, sans paliers de décompression, qui tombe sur ce dimanche après-midi de février comme un aérolithe.
Dans le premier morceau (une de ses compositions, Tales of Chronos) Benjamin Moussay joue des accords riches et dorés qui semblent faire la transition vers un autre ordre de la réalité. Dans certains passages, il joue dans les aigus à la frontière de la dissonance.
Keyvan Chemirani l’accompagne avec une délicatesse infinie, lui laissant beaucoup d’espace. Ce qu’il joue sur son zarb est doux et feutré, on dirait de la pluie qui tombe sur un feuillage. Dans le deuxième morceau, Benjamin Moussay laisse entrevoir sa familiarité avec la musique romantique. le troisième morceau est plus rapide, plus nerveux, sans que la musique perde de sa profondeur. Keyvan Chemirani transforme son zarb en porte-parole de l’orage. Il développe un solo dont l’intensité ne cesse de monter jusqu’à une note ultime sur laquelle Benjamin Moussay plaque un violent accord. La connexion entre les deux musiciens est décidément parfaite. Puis Benjamin Moussay affiche une manière très jarretienne de faire évoluer les flux d’énergie qu’il tire de son piano.
Keyvan Chemirani tire de son zarb des ressources insoupçonnées. Certains de ses traits rythmiques sont ponctués d’un coup de talon sur le sol. Il utilise parfois sa main gauche pour frapper sur un tambour sur cadre, comme une sorte de ligne de basse, ou le udu, instrument traditionnel africain, qui a la forme d’une énorme cruche et une sonorité plus aiguë que celle du zarb.
Après une belle ballade rubato de Benjamin Moussay (« Villefranque »), où le zarb est utilisé comme les balais d’une batterie, le duo fait entendre deux compositions de Keyvan Chemirani aux fragrances orientales immédiatement perceptibles, avec la main droite de Benjamin Moussay qui se transforme en duduk, ou en clarinette. Le concert se termine par une autre composition de keyvan Chemirani, Ritournelle, deux lignes sur la partition, où les deux musiciens font entendre la délicatesse de leur toucher.
J’observe Keyvan Chemirani. Quand il joue, il a les yeux fermés. Il les rouvre parfois à l’occasion de certains traits comme si la musique sortant de ses tambours gardait le pouvoir de le surprendre et de l’émerveiller. Dans le public, plusieurs personnes se frottent les yeux comme si elles émergeaient d’un long voyage. C’est alors que je comprends mon erreur. Le zarb n’est pas un tambour: c’est un tapis volant…
Texte: JF Mondot (Note: je dédie ce blog à Pablo Cueco, membre éminent de la franc-maçonnerie zarbiste)
Dessins: AC Alvoët
(Autres dessins, peintures, gravures, à découvrir sur son site wwww.annie-claire.com)
|
Le pianiste Benjamin Moussay et le percussioniste Keyvan Chemirani se sont livrés dimanche après midi à un dialogue à haute altitude.
Benjamin Moussay (piano), Keyvan Chemirani (zarb, daf, udu, tambours divers), Dimanche 20 février 2017, Concert d’appartement organisé par Hélène-Caroline Bodet et Damien de Polignac.
Le concert a lieu dans l’appartement d’Hélène-Caroline Bodet, une de ces bonnes samaritaines du jazz qui permettent à cette musique d’exister en en dehors du circuit restreint des clubs. Benjamin Moussay joue du piano, et Keyvan Chemirani du zarb. Une plante verte se déploie derrière Keyvan Chemirani, comme pour veiller sur sa musique.
Point n’est besoin de décrire un piano, évidemment, mais pour le zarb, ce n’est peut-être pas inutile. Le zarb, c’est le plus noble des tambours. Il est reconnaissable entre tous à sa silhouette en forme de calice. Originaire de Perse, il est riche de mille virtualités.
Sur le centre de la peau, par des caresses millimétrées, on peut obtenir des effets comparables à ceux qu’un batteur tire de ses balais. Idéal pour les ballades. Sur la tranche, on fait advenir un effet plus percussif, que je baptise in petto « cataclop-cataclop » car il évoque un peu le bruit d’un cheval au galop (et que l’on accentue encore avec la dernière note exhaussée d’un claquement de doigts). Parfait pour les up-tempo. A tout cela s’ajoutent une palette d’effets divers, raclements de l’ongle, sur la peau ou sur la « tige » de l’instrument. Bref, avec un zarb, on peut voyager loin et profond. La profondeur, justement, c’est cela qui était le plus frappant dans la musique de ce duo. Une profondeur immédiate, sans round d’observation, sans paliers de décompression, qui tombe sur ce dimanche après-midi de février comme un aérolithe.
Dans le premier morceau (une de ses compositions, Tales of Chronos) Benjamin Moussay joue des accords riches et dorés qui semblent faire la transition vers un autre ordre de la réalité. Dans certains passages, il joue dans les aigus à la frontière de la dissonance.
Keyvan Chemirani l’accompagne avec une délicatesse infinie, lui laissant beaucoup d’espace. Ce qu’il joue sur son zarb est doux et feutré, on dirait de la pluie qui tombe sur un feuillage. Dans le deuxième morceau, Benjamin Moussay laisse entrevoir sa familiarité avec la musique romantique. le troisième morceau est plus rapide, plus nerveux, sans que la musique perde de sa profondeur. Keyvan Chemirani transforme son zarb en porte-parole de l’orage. Il développe un solo dont l’intensité ne cesse de monter jusqu’à une note ultime sur laquelle Benjamin Moussay plaque un violent accord. La connexion entre les deux musiciens est décidément parfaite. Puis Benjamin Moussay affiche une manière très jarretienne de faire évoluer les flux d’énergie qu’il tire de son piano.
Keyvan Chemirani tire de son zarb des ressources insoupçonnées. Certains de ses traits rythmiques sont ponctués d’un coup de talon sur le sol. Il utilise parfois sa main gauche pour frapper sur un tambour sur cadre, comme une sorte de ligne de basse, ou le udu, instrument traditionnel africain, qui a la forme d’une énorme cruche et une sonorité plus aiguë que celle du zarb.
Après une belle ballade rubato de Benjamin Moussay (« Villefranque »), où le zarb est utilisé comme les balais d’une batterie, le duo fait entendre deux compositions de Keyvan Chemirani aux fragrances orientales immédiatement perceptibles, avec la main droite de Benjamin Moussay qui se transforme en duduk, ou en clarinette. Le concert se termine par une autre composition de keyvan Chemirani, Ritournelle, deux lignes sur la partition, où les deux musiciens font entendre la délicatesse de leur toucher.
J’observe Keyvan Chemirani. Quand il joue, il a les yeux fermés. Il les rouvre parfois à l’occasion de certains traits comme si la musique sortant de ses tambours gardait le pouvoir de le surprendre et de l’émerveiller. Dans le public, plusieurs personnes se frottent les yeux comme si elles émergeaient d’un long voyage. C’est alors que je comprends mon erreur. Le zarb n’est pas un tambour: c’est un tapis volant…
Texte: JF Mondot (Note: je dédie ce blog à Pablo Cueco, membre éminent de la franc-maçonnerie zarbiste)
Dessins: AC Alvoët
(Autres dessins, peintures, gravures, à découvrir sur son site wwww.annie-claire.com)
|
Le pianiste Benjamin Moussay et le percussioniste Keyvan Chemirani se sont livrés dimanche après midi à un dialogue à haute altitude.
Benjamin Moussay (piano), Keyvan Chemirani (zarb, daf, udu, tambours divers), Dimanche 20 février 2017, Concert d’appartement organisé par Hélène-Caroline Bodet et Damien de Polignac.
Le concert a lieu dans l’appartement d’Hélène-Caroline Bodet, une de ces bonnes samaritaines du jazz qui permettent à cette musique d’exister en en dehors du circuit restreint des clubs. Benjamin Moussay joue du piano, et Keyvan Chemirani du zarb. Une plante verte se déploie derrière Keyvan Chemirani, comme pour veiller sur sa musique.
Point n’est besoin de décrire un piano, évidemment, mais pour le zarb, ce n’est peut-être pas inutile. Le zarb, c’est le plus noble des tambours. Il est reconnaissable entre tous à sa silhouette en forme de calice. Originaire de Perse, il est riche de mille virtualités.
Sur le centre de la peau, par des caresses millimétrées, on peut obtenir des effets comparables à ceux qu’un batteur tire de ses balais. Idéal pour les ballades. Sur la tranche, on fait advenir un effet plus percussif, que je baptise in petto « cataclop-cataclop » car il évoque un peu le bruit d’un cheval au galop (et que l’on accentue encore avec la dernière note exhaussée d’un claquement de doigts). Parfait pour les up-tempo. A tout cela s’ajoutent une palette d’effets divers, raclements de l’ongle, sur la peau ou sur la « tige » de l’instrument. Bref, avec un zarb, on peut voyager loin et profond. La profondeur, justement, c’est cela qui était le plus frappant dans la musique de ce duo. Une profondeur immédiate, sans round d’observation, sans paliers de décompression, qui tombe sur ce dimanche après-midi de février comme un aérolithe.
Dans le premier morceau (une de ses compositions, Tales of Chronos) Benjamin Moussay joue des accords riches et dorés qui semblent faire la transition vers un autre ordre de la réalité. Dans certains passages, il joue dans les aigus à la frontière de la dissonance.
Keyvan Chemirani l’accompagne avec une délicatesse infinie, lui laissant beaucoup d’espace. Ce qu’il joue sur son zarb est doux et feutré, on dirait de la pluie qui tombe sur un feuillage. Dans le deuxième morceau, Benjamin Moussay laisse entrevoir sa familiarité avec la musique romantique. le troisième morceau est plus rapide, plus nerveux, sans que la musique perde de sa profondeur. Keyvan Chemirani transforme son zarb en porte-parole de l’orage. Il développe un solo dont l’intensité ne cesse de monter jusqu’à une note ultime sur laquelle Benjamin Moussay plaque un violent accord. La connexion entre les deux musiciens est décidément parfaite. Puis Benjamin Moussay affiche une manière très jarretienne de faire évoluer les flux d’énergie qu’il tire de son piano.
Keyvan Chemirani tire de son zarb des ressources insoupçonnées. Certains de ses traits rythmiques sont ponctués d’un coup de talon sur le sol. Il utilise parfois sa main gauche pour frapper sur un tambour sur cadre, comme une sorte de ligne de basse, ou le udu, instrument traditionnel africain, qui a la forme d’une énorme cruche et une sonorité plus aiguë que celle du zarb.
Après une belle ballade rubato de Benjamin Moussay (« Villefranque »), où le zarb est utilisé comme les balais d’une batterie, le duo fait entendre deux compositions de Keyvan Chemirani aux fragrances orientales immédiatement perceptibles, avec la main droite de Benjamin Moussay qui se transforme en duduk, ou en clarinette. Le concert se termine par une autre composition de keyvan Chemirani, Ritournelle, deux lignes sur la partition, où les deux musiciens font entendre la délicatesse de leur toucher.
J’observe Keyvan Chemirani. Quand il joue, il a les yeux fermés. Il les rouvre parfois à l’occasion de certains traits comme si la musique sortant de ses tambours gardait le pouvoir de le surprendre et de l’émerveiller. Dans le public, plusieurs personnes se frottent les yeux comme si elles émergeaient d’un long voyage. C’est alors que je comprends mon erreur. Le zarb n’est pas un tambour: c’est un tapis volant…
Texte: JF Mondot (Note: je dédie ce blog à Pablo Cueco, membre éminent de la franc-maçonnerie zarbiste)
Dessins: AC Alvoët
(Autres dessins, peintures, gravures, à découvrir sur son site wwww.annie-claire.com)
|
Le pianiste Benjamin Moussay et le percussioniste Keyvan Chemirani se sont livrés dimanche après midi à un dialogue à haute altitude.
Benjamin Moussay (piano), Keyvan Chemirani (zarb, daf, udu, tambours divers), Dimanche 20 février 2017, Concert d’appartement organisé par Hélène-Caroline Bodet et Damien de Polignac.
Le concert a lieu dans l’appartement d’Hélène-Caroline Bodet, une de ces bonnes samaritaines du jazz qui permettent à cette musique d’exister en en dehors du circuit restreint des clubs. Benjamin Moussay joue du piano, et Keyvan Chemirani du zarb. Une plante verte se déploie derrière Keyvan Chemirani, comme pour veiller sur sa musique.
Point n’est besoin de décrire un piano, évidemment, mais pour le zarb, ce n’est peut-être pas inutile. Le zarb, c’est le plus noble des tambours. Il est reconnaissable entre tous à sa silhouette en forme de calice. Originaire de Perse, il est riche de mille virtualités.
Sur le centre de la peau, par des caresses millimétrées, on peut obtenir des effets comparables à ceux qu’un batteur tire de ses balais. Idéal pour les ballades. Sur la tranche, on fait advenir un effet plus percussif, que je baptise in petto « cataclop-cataclop » car il évoque un peu le bruit d’un cheval au galop (et que l’on accentue encore avec la dernière note exhaussée d’un claquement de doigts). Parfait pour les up-tempo. A tout cela s’ajoutent une palette d’effets divers, raclements de l’ongle, sur la peau ou sur la « tige » de l’instrument. Bref, avec un zarb, on peut voyager loin et profond. La profondeur, justement, c’est cela qui était le plus frappant dans la musique de ce duo. Une profondeur immédiate, sans round d’observation, sans paliers de décompression, qui tombe sur ce dimanche après-midi de février comme un aérolithe.
Dans le premier morceau (une de ses compositions, Tales of Chronos) Benjamin Moussay joue des accords riches et dorés qui semblent faire la transition vers un autre ordre de la réalité. Dans certains passages, il joue dans les aigus à la frontière de la dissonance.
Keyvan Chemirani l’accompagne avec une délicatesse infinie, lui laissant beaucoup d’espace. Ce qu’il joue sur son zarb est doux et feutré, on dirait de la pluie qui tombe sur un feuillage. Dans le deuxième morceau, Benjamin Moussay laisse entrevoir sa familiarité avec la musique romantique. le troisième morceau est plus rapide, plus nerveux, sans que la musique perde de sa profondeur. Keyvan Chemirani transforme son zarb en porte-parole de l’orage. Il développe un solo dont l’intensité ne cesse de monter jusqu’à une note ultime sur laquelle Benjamin Moussay plaque un violent accord. La connexion entre les deux musiciens est décidément parfaite. Puis Benjamin Moussay affiche une manière très jarretienne de faire évoluer les flux d’énergie qu’il tire de son piano.
Keyvan Chemirani tire de son zarb des ressources insoupçonnées. Certains de ses traits rythmiques sont ponctués d’un coup de talon sur le sol. Il utilise parfois sa main gauche pour frapper sur un tambour sur cadre, comme une sorte de ligne de basse, ou le udu, instrument traditionnel africain, qui a la forme d’une énorme cruche et une sonorité plus aiguë que celle du zarb.
Après une belle ballade rubato de Benjamin Moussay (« Villefranque »), où le zarb est utilisé comme les balais d’une batterie, le duo fait entendre deux compositions de Keyvan Chemirani aux fragrances orientales immédiatement perceptibles, avec la main droite de Benjamin Moussay qui se transforme en duduk, ou en clarinette. Le concert se termine par une autre composition de keyvan Chemirani, Ritournelle, deux lignes sur la partition, où les deux musiciens font entendre la délicatesse de leur toucher.
J’observe Keyvan Chemirani. Quand il joue, il a les yeux fermés. Il les rouvre parfois à l’occasion de certains traits comme si la musique sortant de ses tambours gardait le pouvoir de le surprendre et de l’émerveiller. Dans le public, plusieurs personnes se frottent les yeux comme si elles émergeaient d’un long voyage. C’est alors que je comprends mon erreur. Le zarb n’est pas un tambour: c’est un tapis volant…
Texte: JF Mondot (Note: je dédie ce blog à Pablo Cueco, membre éminent de la franc-maçonnerie zarbiste)
Dessins: AC Alvoët
(Autres dessins, peintures, gravures, à découvrir sur son site wwww.annie-claire.com)