Jazz live
Publié le 17 Mar 2017

Thomas Enhco concertiste et compositeur classique

Ce soir 17 mars (à 20h30) Thomas Enhco joue à l’Opéra d’Avignon avec… l’Orchestre Symphonique Régional Avignon-Provence. Du Mozart (le fameux Concerto n°24, pour piano et orchestre en do mineur, K. 491) et son « Concerto pour Piano ». Etonnant non !

Si moult jazzfans à l’écoute des talents émergents de la dernière décennie connaissent ce pianiste de jazz à l’étonnante et brillante carrière (à 29 ans Thomas joue depuis presque 20 ans en public!) ils ne savent surement pas que Thomas vient de démarrer une carrière de concertiste et de compositeur classique de haut niveau. Son premier « grand » concert symphonique a eu lieu à Pau en février avec l’Orchestre de Pau Pays de Béarn (OPPB). L’OPPB lui avait commandé la création d’un Concerto pour Piano, qu’il a joué à 4 reprises dans la capitale du Béarn (en première mondiale). Soliste et compositeur devant un aréopage de 80 musiciens… un sacré challenge pour un pianiste, qui dans l’univers du jazz, joue habituellement en petite formation (trio, quartet, quintet…). « Une aventure totalement nouvelle pour moi » a t-il écrit dans le programme de la soirée. Au départ de cette aventure une idée originale et un pari audacieux proposés par Fayçal Karoui et Frédéric Morando (respectivement directeur musical et directeur artistique de l’OPPB). F. Karoui connait et suit Thomas depuis fort longtemps car son parcours a souvent croisé quelques membres éminents de l’assez incroyable famille de Thomas.

oppb

Thomas Enhco est un des petits derniers de la lignée Casadesus. Cinq générations d’artistes et de créateurs. Gisèle, l’arrière grand mère de Thomas, comédienne, est, à 103 ans, toujours en activité ! Jean-Claude, son grand père, après avoir été percussionniste (et même batteur de jazz) a été longtemps le prestigieux chef de l’Orchestre Symphonique National de Lille (qu’il avait créé). Caroline, sa mère, est cantatrice et fut la compagne de Didier Lockwood… Son frère David, trompettiste et compositeur, est une des chevilles ouvrières du surprenant The Amazing Keystone Big Band, qui (tiens, tiens…) a « jazzifié » de manière flamboyante Pierre et le Loup et Le Carnaval des Animaux.

F. Karoui a travaillé à Lille, au début de sa carrière, avec Jean Claude Casadesus comme chef assistant et il avait programmé il y a quelques années Caroline et Didier Lockwood. Lockwood avait surpris (euphémisme) les fidèles abonnés de l’OPPB (pas très jazz dans l’ensemble, il faut bien le dire) dans un programme « cross over »… Certains évoquent encore, sidérés, le moment où Didier avait joué depuis la salle son fameux concerto dit « des mouettes », pour lequel il utilise de spectaculaires effets électroniques. « Mais comment fait-il ? » se demandaient de nombreux spectateurs ébaubis à la fin du concert…

thomas encho(Photo du programme du concert OPPB)

Au départ Thomas, face à la commande de l’OPPB, pensait écrire une courte pièce d’un seul mouvement de 15 minutes pour piano et orchestre. Mais très vite il s’est mis à « rêver  d’un vrai concerto ». Ce qui l’a amené à longuement travailler (et à maintes fois retoucher) son projet pendant l’année 2016. Il y pensait sans cesse lors de ses nombreuses tournées en France et à l’étranger. Paysages et atmosphères l’inspiraient. En définitive il a composé un long et impressionnant concerto en 3 mouvements, mêlant des motifs mélodiques simples à des rythmes et harmonies complexes. A partir d’une instrumentation classique il a tenu à associer des éléments de groove propres au jazz. Il a aussi laissé une grande place pour des plages d’improvisation pour le piano.

Après de nombreuses modifications il a finalisé la partition définitive quelques heures seulement avant le début des répétitions.

Généralement les concertistes classiques jouent sans partition. Thomas, pour se rassurer, avait étalé les scores tous « frais » sur le piano. Mais… il ne les a pratiquement pas regardés.

Il a d’ailleurs confié au public à la fin des concerts les affres vécues dans la dernière ligne droite.

Son Concerto a reçu à Pau un accueil triomphal. Grand-père Jean Claude et Maman Caroline avaient fait le déplacement et étaient visiblement émus face au triomphe de leur « petit » Thomas.

Au rappel il a joué en solo « Letting you go » thème de son bel album de 2015 « Feathers ». On ressentait nettement dans son phrasé et ses chorus audacieux, entre autres influences, la grande admiration de Thomas pour Keith Jarrett et Brad Mehldau. Dans ce Letting you Go il s’est amusé ouvertement sur des variations « chopinesques »… « Pourquoi ne pas considérer les thèmes classiques comme des standards de jazz, les arranger et improviser dessus aussi librement ? Je fais ça avec tous les thèmes classiques qui me tombent sous la main. ».

Thomas en première partie, avant de jouer son concerto, avait proposé une interprétation très personnelle du célèbre Concerto pour piano N°24 de Mozart. Les historiens de la musique classique ont souvent souligné que la cadence de ce concerto avait longtemps permis aux concertistes d’improviser librement. Depuis quelques décennies les musicologues avaient constaté que de nombreux solistes jouaient cette cadence d’une manière stéréotypée pratiquement sans improviser.

A Pau, Thomas, sur cette célébrissime partie du concerto mozartien, a laissé libre cours à son tempérament sémillant de jazzman, en revenant au bon vieux temps du génie de Salzbourg : il a improvisé de manière très swingante sur la fameuse cadence… Générant une certaine stupeur chez quelques intégristes du « pur » classique… Mais déclenchant l’enthousiasme ravi de l’immense majorité des spectateurs.

Pierre-Henri Ardonceau|Ce soir 17 mars (à 20h30) Thomas Enhco joue à l’Opéra d’Avignon avec… l’Orchestre Symphonique Régional Avignon-Provence. Du Mozart (le fameux Concerto n°24, pour piano et orchestre en do mineur, K. 491) et son « Concerto pour Piano ». Etonnant non !

Si moult jazzfans à l’écoute des talents émergents de la dernière décennie connaissent ce pianiste de jazz à l’étonnante et brillante carrière (à 29 ans Thomas joue depuis presque 20 ans en public!) ils ne savent surement pas que Thomas vient de démarrer une carrière de concertiste et de compositeur classique de haut niveau. Son premier « grand » concert symphonique a eu lieu à Pau en février avec l’Orchestre de Pau Pays de Béarn (OPPB). L’OPPB lui avait commandé la création d’un Concerto pour Piano, qu’il a joué à 4 reprises dans la capitale du Béarn (en première mondiale). Soliste et compositeur devant un aréopage de 80 musiciens… un sacré challenge pour un pianiste, qui dans l’univers du jazz, joue habituellement en petite formation (trio, quartet, quintet…). « Une aventure totalement nouvelle pour moi » a t-il écrit dans le programme de la soirée. Au départ de cette aventure une idée originale et un pari audacieux proposés par Fayçal Karoui et Frédéric Morando (respectivement directeur musical et directeur artistique de l’OPPB). F. Karoui connait et suit Thomas depuis fort longtemps car son parcours a souvent croisé quelques membres éminents de l’assez incroyable famille de Thomas.

oppb

Thomas Enhco est un des petits derniers de la lignée Casadesus. Cinq générations d’artistes et de créateurs. Gisèle, l’arrière grand mère de Thomas, comédienne, est, à 103 ans, toujours en activité ! Jean-Claude, son grand père, après avoir été percussionniste (et même batteur de jazz) a été longtemps le prestigieux chef de l’Orchestre Symphonique National de Lille (qu’il avait créé). Caroline, sa mère, est cantatrice et fut la compagne de Didier Lockwood… Son frère David, trompettiste et compositeur, est une des chevilles ouvrières du surprenant The Amazing Keystone Big Band, qui (tiens, tiens…) a « jazzifié » de manière flamboyante Pierre et le Loup et Le Carnaval des Animaux.

F. Karoui a travaillé à Lille, au début de sa carrière, avec Jean Claude Casadesus comme chef assistant et il avait programmé il y a quelques années Caroline et Didier Lockwood. Lockwood avait surpris (euphémisme) les fidèles abonnés de l’OPPB (pas très jazz dans l’ensemble, il faut bien le dire) dans un programme « cross over »… Certains évoquent encore, sidérés, le moment où Didier avait joué depuis la salle son fameux concerto dit « des mouettes », pour lequel il utilise de spectaculaires effets électroniques. « Mais comment fait-il ? » se demandaient de nombreux spectateurs ébaubis à la fin du concert…

thomas encho(Photo du programme du concert OPPB)

Au départ Thomas, face à la commande de l’OPPB, pensait écrire une courte pièce d’un seul mouvement de 15 minutes pour piano et orchestre. Mais très vite il s’est mis à « rêver  d’un vrai concerto ». Ce qui l’a amené à longuement travailler (et à maintes fois retoucher) son projet pendant l’année 2016. Il y pensait sans cesse lors de ses nombreuses tournées en France et à l’étranger. Paysages et atmosphères l’inspiraient. En définitive il a composé un long et impressionnant concerto en 3 mouvements, mêlant des motifs mélodiques simples à des rythmes et harmonies complexes. A partir d’une instrumentation classique il a tenu à associer des éléments de groove propres au jazz. Il a aussi laissé une grande place pour des plages d’improvisation pour le piano.

Après de nombreuses modifications il a finalisé la partition définitive quelques heures seulement avant le début des répétitions.

Généralement les concertistes classiques jouent sans partition. Thomas, pour se rassurer, avait étalé les scores tous « frais » sur le piano. Mais… il ne les a pratiquement pas regardés.

Il a d’ailleurs confié au public à la fin des concerts les affres vécues dans la dernière ligne droite.

Son Concerto a reçu à Pau un accueil triomphal. Grand-père Jean Claude et Maman Caroline avaient fait le déplacement et étaient visiblement émus face au triomphe de leur « petit » Thomas.

Au rappel il a joué en solo « Letting you go » thème de son bel album de 2015 « Feathers ». On ressentait nettement dans son phrasé et ses chorus audacieux, entre autres influences, la grande admiration de Thomas pour Keith Jarrett et Brad Mehldau. Dans ce Letting you Go il s’est amusé ouvertement sur des variations « chopinesques »… « Pourquoi ne pas considérer les thèmes classiques comme des standards de jazz, les arranger et improviser dessus aussi librement ? Je fais ça avec tous les thèmes classiques qui me tombent sous la main. ».

Thomas en première partie, avant de jouer son concerto, avait proposé une interprétation très personnelle du célèbre Concerto pour piano N°24 de Mozart. Les historiens de la musique classique ont souvent souligné que la cadence de ce concerto avait longtemps permis aux concertistes d’improviser librement. Depuis quelques décennies les musicologues avaient constaté que de nombreux solistes jouaient cette cadence d’une manière stéréotypée pratiquement sans improviser.

A Pau, Thomas, sur cette célébrissime partie du concerto mozartien, a laissé libre cours à son tempérament sémillant de jazzman, en revenant au bon vieux temps du génie de Salzbourg : il a improvisé de manière très swingante sur la fameuse cadence… Générant une certaine stupeur chez quelques intégristes du « pur » classique… Mais déclenchant l’enthousiasme ravi de l’immense majorité des spectateurs.

Pierre-Henri Ardonceau|Ce soir 17 mars (à 20h30) Thomas Enhco joue à l’Opéra d’Avignon avec… l’Orchestre Symphonique Régional Avignon-Provence. Du Mozart (le fameux Concerto n°24, pour piano et orchestre en do mineur, K. 491) et son « Concerto pour Piano ». Etonnant non !

Si moult jazzfans à l’écoute des talents émergents de la dernière décennie connaissent ce pianiste de jazz à l’étonnante et brillante carrière (à 29 ans Thomas joue depuis presque 20 ans en public!) ils ne savent surement pas que Thomas vient de démarrer une carrière de concertiste et de compositeur classique de haut niveau. Son premier « grand » concert symphonique a eu lieu à Pau en février avec l’Orchestre de Pau Pays de Béarn (OPPB). L’OPPB lui avait commandé la création d’un Concerto pour Piano, qu’il a joué à 4 reprises dans la capitale du Béarn (en première mondiale). Soliste et compositeur devant un aréopage de 80 musiciens… un sacré challenge pour un pianiste, qui dans l’univers du jazz, joue habituellement en petite formation (trio, quartet, quintet…). « Une aventure totalement nouvelle pour moi » a t-il écrit dans le programme de la soirée. Au départ de cette aventure une idée originale et un pari audacieux proposés par Fayçal Karoui et Frédéric Morando (respectivement directeur musical et directeur artistique de l’OPPB). F. Karoui connait et suit Thomas depuis fort longtemps car son parcours a souvent croisé quelques membres éminents de l’assez incroyable famille de Thomas.

oppb

Thomas Enhco est un des petits derniers de la lignée Casadesus. Cinq générations d’artistes et de créateurs. Gisèle, l’arrière grand mère de Thomas, comédienne, est, à 103 ans, toujours en activité ! Jean-Claude, son grand père, après avoir été percussionniste (et même batteur de jazz) a été longtemps le prestigieux chef de l’Orchestre Symphonique National de Lille (qu’il avait créé). Caroline, sa mère, est cantatrice et fut la compagne de Didier Lockwood… Son frère David, trompettiste et compositeur, est une des chevilles ouvrières du surprenant The Amazing Keystone Big Band, qui (tiens, tiens…) a « jazzifié » de manière flamboyante Pierre et le Loup et Le Carnaval des Animaux.

F. Karoui a travaillé à Lille, au début de sa carrière, avec Jean Claude Casadesus comme chef assistant et il avait programmé il y a quelques années Caroline et Didier Lockwood. Lockwood avait surpris (euphémisme) les fidèles abonnés de l’OPPB (pas très jazz dans l’ensemble, il faut bien le dire) dans un programme « cross over »… Certains évoquent encore, sidérés, le moment où Didier avait joué depuis la salle son fameux concerto dit « des mouettes », pour lequel il utilise de spectaculaires effets électroniques. « Mais comment fait-il ? » se demandaient de nombreux spectateurs ébaubis à la fin du concert…

thomas encho(Photo du programme du concert OPPB)

Au départ Thomas, face à la commande de l’OPPB, pensait écrire une courte pièce d’un seul mouvement de 15 minutes pour piano et orchestre. Mais très vite il s’est mis à « rêver  d’un vrai concerto ». Ce qui l’a amené à longuement travailler (et à maintes fois retoucher) son projet pendant l’année 2016. Il y pensait sans cesse lors de ses nombreuses tournées en France et à l’étranger. Paysages et atmosphères l’inspiraient. En définitive il a composé un long et impressionnant concerto en 3 mouvements, mêlant des motifs mélodiques simples à des rythmes et harmonies complexes. A partir d’une instrumentation classique il a tenu à associer des éléments de groove propres au jazz. Il a aussi laissé une grande place pour des plages d’improvisation pour le piano.

Après de nombreuses modifications il a finalisé la partition définitive quelques heures seulement avant le début des répétitions.

Généralement les concertistes classiques jouent sans partition. Thomas, pour se rassurer, avait étalé les scores tous « frais » sur le piano. Mais… il ne les a pratiquement pas regardés.

Il a d’ailleurs confié au public à la fin des concerts les affres vécues dans la dernière ligne droite.

Son Concerto a reçu à Pau un accueil triomphal. Grand-père Jean Claude et Maman Caroline avaient fait le déplacement et étaient visiblement émus face au triomphe de leur « petit » Thomas.

Au rappel il a joué en solo « Letting you go » thème de son bel album de 2015 « Feathers ». On ressentait nettement dans son phrasé et ses chorus audacieux, entre autres influences, la grande admiration de Thomas pour Keith Jarrett et Brad Mehldau. Dans ce Letting you Go il s’est amusé ouvertement sur des variations « chopinesques »… « Pourquoi ne pas considérer les thèmes classiques comme des standards de jazz, les arranger et improviser dessus aussi librement ? Je fais ça avec tous les thèmes classiques qui me tombent sous la main. ».

Thomas en première partie, avant de jouer son concerto, avait proposé une interprétation très personnelle du célèbre Concerto pour piano N°24 de Mozart. Les historiens de la musique classique ont souvent souligné que la cadence de ce concerto avait longtemps permis aux concertistes d’improviser librement. Depuis quelques décennies les musicologues avaient constaté que de nombreux solistes jouaient cette cadence d’une manière stéréotypée pratiquement sans improviser.

A Pau, Thomas, sur cette célébrissime partie du concerto mozartien, a laissé libre cours à son tempérament sémillant de jazzman, en revenant au bon vieux temps du génie de Salzbourg : il a improvisé de manière très swingante sur la fameuse cadence… Générant une certaine stupeur chez quelques intégristes du « pur » classique… Mais déclenchant l’enthousiasme ravi de l’immense majorité des spectateurs.

Pierre-Henri Ardonceau|Ce soir 17 mars (à 20h30) Thomas Enhco joue à l’Opéra d’Avignon avec… l’Orchestre Symphonique Régional Avignon-Provence. Du Mozart (le fameux Concerto n°24, pour piano et orchestre en do mineur, K. 491) et son « Concerto pour Piano ». Etonnant non !

Si moult jazzfans à l’écoute des talents émergents de la dernière décennie connaissent ce pianiste de jazz à l’étonnante et brillante carrière (à 29 ans Thomas joue depuis presque 20 ans en public!) ils ne savent surement pas que Thomas vient de démarrer une carrière de concertiste et de compositeur classique de haut niveau. Son premier « grand » concert symphonique a eu lieu à Pau en février avec l’Orchestre de Pau Pays de Béarn (OPPB). L’OPPB lui avait commandé la création d’un Concerto pour Piano, qu’il a joué à 4 reprises dans la capitale du Béarn (en première mondiale). Soliste et compositeur devant un aréopage de 80 musiciens… un sacré challenge pour un pianiste, qui dans l’univers du jazz, joue habituellement en petite formation (trio, quartet, quintet…). « Une aventure totalement nouvelle pour moi » a t-il écrit dans le programme de la soirée. Au départ de cette aventure une idée originale et un pari audacieux proposés par Fayçal Karoui et Frédéric Morando (respectivement directeur musical et directeur artistique de l’OPPB). F. Karoui connait et suit Thomas depuis fort longtemps car son parcours a souvent croisé quelques membres éminents de l’assez incroyable famille de Thomas.

oppb

Thomas Enhco est un des petits derniers de la lignée Casadesus. Cinq générations d’artistes et de créateurs. Gisèle, l’arrière grand mère de Thomas, comédienne, est, à 103 ans, toujours en activité ! Jean-Claude, son grand père, après avoir été percussionniste (et même batteur de jazz) a été longtemps le prestigieux chef de l’Orchestre Symphonique National de Lille (qu’il avait créé). Caroline, sa mère, est cantatrice et fut la compagne de Didier Lockwood… Son frère David, trompettiste et compositeur, est une des chevilles ouvrières du surprenant The Amazing Keystone Big Band, qui (tiens, tiens…) a « jazzifié » de manière flamboyante Pierre et le Loup et Le Carnaval des Animaux.

F. Karoui a travaillé à Lille, au début de sa carrière, avec Jean Claude Casadesus comme chef assistant et il avait programmé il y a quelques années Caroline et Didier Lockwood. Lockwood avait surpris (euphémisme) les fidèles abonnés de l’OPPB (pas très jazz dans l’ensemble, il faut bien le dire) dans un programme « cross over »… Certains évoquent encore, sidérés, le moment où Didier avait joué depuis la salle son fameux concerto dit « des mouettes », pour lequel il utilise de spectaculaires effets électroniques. « Mais comment fait-il ? » se demandaient de nombreux spectateurs ébaubis à la fin du concert…

thomas encho(Photo du programme du concert OPPB)

Au départ Thomas, face à la commande de l’OPPB, pensait écrire une courte pièce d’un seul mouvement de 15 minutes pour piano et orchestre. Mais très vite il s’est mis à « rêver  d’un vrai concerto ». Ce qui l’a amené à longuement travailler (et à maintes fois retoucher) son projet pendant l’année 2016. Il y pensait sans cesse lors de ses nombreuses tournées en France et à l’étranger. Paysages et atmosphères l’inspiraient. En définitive il a composé un long et impressionnant concerto en 3 mouvements, mêlant des motifs mélodiques simples à des rythmes et harmonies complexes. A partir d’une instrumentation classique il a tenu à associer des éléments de groove propres au jazz. Il a aussi laissé une grande place pour des plages d’improvisation pour le piano.

Après de nombreuses modifications il a finalisé la partition définitive quelques heures seulement avant le début des répétitions.

Généralement les concertistes classiques jouent sans partition. Thomas, pour se rassurer, avait étalé les scores tous « frais » sur le piano. Mais… il ne les a pratiquement pas regardés.

Il a d’ailleurs confié au public à la fin des concerts les affres vécues dans la dernière ligne droite.

Son Concerto a reçu à Pau un accueil triomphal. Grand-père Jean Claude et Maman Caroline avaient fait le déplacement et étaient visiblement émus face au triomphe de leur « petit » Thomas.

Au rappel il a joué en solo « Letting you go » thème de son bel album de 2015 « Feathers ». On ressentait nettement dans son phrasé et ses chorus audacieux, entre autres influences, la grande admiration de Thomas pour Keith Jarrett et Brad Mehldau. Dans ce Letting you Go il s’est amusé ouvertement sur des variations « chopinesques »… « Pourquoi ne pas considérer les thèmes classiques comme des standards de jazz, les arranger et improviser dessus aussi librement ? Je fais ça avec tous les thèmes classiques qui me tombent sous la main. ».

Thomas en première partie, avant de jouer son concerto, avait proposé une interprétation très personnelle du célèbre Concerto pour piano N°24 de Mozart. Les historiens de la musique classique ont souvent souligné que la cadence de ce concerto avait longtemps permis aux concertistes d’improviser librement. Depuis quelques décennies les musicologues avaient constaté que de nombreux solistes jouaient cette cadence d’une manière stéréotypée pratiquement sans improviser.

A Pau, Thomas, sur cette célébrissime partie du concerto mozartien, a laissé libre cours à son tempérament sémillant de jazzman, en revenant au bon vieux temps du génie de Salzbourg : il a improvisé de manière très swingante sur la fameuse cadence… Générant une certaine stupeur chez quelques intégristes du « pur » classique… Mais déclenchant l’enthousiasme ravi de l’immense majorité des spectateurs.

Pierre-Henri Ardonceau