Portal la pêche!
A la fin du concert, Michel Portal s’adresse au public (toujours avec son côté Le Clezio dans sa manière de ne pas finir ses phrases…) pour lui dire sa joie d’avoir joué la musique d’Astor Piazzola avec un quatuor à cordes.
Michel Portal et le quatuor Ebène (Pierre Colombet, violon, Gabriel le Magadure, violon, Adrien Boisseau, alto, Raphaël Merlin, violoncelle) et Richard Hery (percussions et batterie), Xavier Tribolet (claviers), 11 mai 2017, Maison de la Radio
Ce quatuor à cordes, le quatuor Ebene, (que l’on retrouve sur le dernier disque du clarinettiste, Eternal Stories, Erato) il faut en dire un mot, et même quelques phrases. Il n’est pas là pour faire tapisserie, ni même pour se contenter d’être un écrin autour du bandonéon ou de la clarinette basse de Michel Portal. Composé de fortes personnalités, il est un interlocuteur à part entière, et n’hésite pas à se mettre en travers de la route du maître. Et visiblement Portal ne demande que ça puisqu’il fréquente ce quatuor depuis 12 ans. Dans L’Abandonite, superbe composition de Portal, et grand moment du concert, on entend toute la variété des relations entre le clarinettiste et le quatuor qui semble selon les moments le contenir, le contredire, ou le pousser dans ses retranchements. Les arrangements se caractérisent par une manière raffinée de ne jamais « faire masse », et de multiplier les voix pour laisser surnager un violon, un alto, ou un violoncelle. A plusieurs reprises, ce n’est pas tant à un dialogue entre Portal et le quatuor qu’avec l’un des violonistes ou le violoncelliste qu’il nous est donné d’assister, le reste des musiciens ajoutant nuances, inflexions, commentaires.
Le quatuor est augmenté, après quelques morceaux, de la batterie de Richard Hery et du piano éléctrique de Xavier Triboulet. Ces sonorités éléctriques a priori inattendues dans un tel contexte sont utilisées avec une grande intelligence et un goût très sûrs. Elles apportent une atmosphère plus fantaisiste, plus légère, notamment sur Judy Garland, autre sublime composition de Portal et autre grand moment du concert. Une partie des morceaux joués ce soir est parfumée de tango, avec notamment ces trois compositions d’Astor Piazzola (Asleep, loving, Anxiety) qui permettent d’entendre Portal au bandonéon. Portal au bandonéon! Cet instrument lui fait ouvrir les bras, au propre comme au figuré.
Il en fait le messager de confidences secrètes et murmurées quand la clarinette basse véhicule ses états d’âme les plus tempêtueux. Sur Asleep il trouve des nuances d’une douceur bouleversantes, et lorsque le violoncelle vient poser son timbre grave sur ses plaintes cela fait l’effet d’un baume. En dehors de l’Abandonite, marqué aussi par le tango,le répertoire est très libre. Les jeunes musiciens du quatuor emmènent la musique dans des directions inattendues, marquées par la musique contemporaine, un peu de bruitisme dans It was nice living here d’Adrien Boisseau, des collisions sonores dans Le Corbillon de Raphaël Merlin, où encore le superbe City Birds de Pierre Colombet, avec ce groove irrésistible élaboré conjointement par le batteur et les pizzicato du violon (ou de l’alto, je ne sais plus) qui propulsent Michel Portal. C’est un délice de l’entendre à la clarinette basse, improvisant comme s’il parlait dans sa barbe, avec de temps en temps des stridences free, des jappements, des hurlements, ce son de clarinette basse un peu rauque, un peu étranglé, si chargé d’humanité, et qui vient rebondir sur le tapis de cordes du quatuor.
A la fin du concert, Portal n’arrête pas de se marrer. Lui, l’insatisfait notoire à la mine éternellement chiffonnée, hanté par une perfection dont lui seul connaît les critères et la logique, affiche un visage radieux, et ne cesse d’étreindre ses partenaires du quatuor. « Bon, je crois qu’on a tout donné, là » dit-il, faussement bougon. Après deux heures de musique et deux rappels, le voilà qui escamote d’un bond les escaliers de la Maison de la Radio pour rejoindre les coulisse. Portal a la pêche!
Texte JF Mondot
Dessins Annie-Claire Alvoët (autres dessins, peintures, gravures, à découvrir sur son site www.annie-claire.com )
Post-scriptum: ce blog est dédié à Catherine Levaï et à Marcel le pompier qui se sont mis en quatre pour permettre à la dessinatrice d’officier dans de bonnes conditions…
A la fin du concert, Michel Portal s’adresse au public (toujours avec son côté Le Clezio dans sa manière de ne pas finir ses phrases…) pour lui dire sa joie d’avoir joué la musique d’Astor Piazzola avec un quatuor à cordes.
Michel Portal et le quatuor Ebène (Pierre Colombet, violon, Gabriel le Magadure, violon, Adrien Boisseau, alto, Raphaël Merlin, violoncelle) et Richard Hery (percussions et batterie), Xavier Tribolet (claviers), 11 mai 2017, Maison de la Radio
Ce quatuor à cordes, le quatuor Ebene, (que l’on retrouve sur le dernier disque du clarinettiste, Eternal Stories, Erato) il faut en dire un mot, et même quelques phrases. Il n’est pas là pour faire tapisserie, ni même pour se contenter d’être un écrin autour du bandonéon ou de la clarinette basse de Michel Portal. Composé de fortes personnalités, il est un interlocuteur à part entière, et n’hésite pas à se mettre en travers de la route du maître. Et visiblement Portal ne demande que ça puisqu’il fréquente ce quatuor depuis 12 ans. Dans L’Abandonite, superbe composition de Portal, et grand moment du concert, on entend toute la variété des relations entre le clarinettiste et le quatuor qui semble selon les moments le contenir, le contredire, ou le pousser dans ses retranchements. Les arrangements se caractérisent par une manière raffinée de ne jamais « faire masse », et de multiplier les voix pour laisser surnager un violon, un alto, ou un violoncelle. A plusieurs reprises, ce n’est pas tant à un dialogue entre Portal et le quatuor qu’avec l’un des violonistes ou le violoncelliste qu’il nous est donné d’assister, le reste des musiciens ajoutant nuances, inflexions, commentaires.
Le quatuor est augmenté, après quelques morceaux, de la batterie de Richard Hery et du piano éléctrique de Xavier Triboulet. Ces sonorités éléctriques a priori inattendues dans un tel contexte sont utilisées avec une grande intelligence et un goût très sûrs. Elles apportent une atmosphère plus fantaisiste, plus légère, notamment sur Judy Garland, autre sublime composition de Portal et autre grand moment du concert. Une partie des morceaux joués ce soir est parfumée de tango, avec notamment ces trois compositions d’Astor Piazzola (Asleep, loving, Anxiety) qui permettent d’entendre Portal au bandonéon. Portal au bandonéon! Cet instrument lui fait ouvrir les bras, au propre comme au figuré.
Il en fait le messager de confidences secrètes et murmurées quand la clarinette basse véhicule ses états d’âme les plus tempêtueux. Sur Asleep il trouve des nuances d’une douceur bouleversantes, et lorsque le violoncelle vient poser son timbre grave sur ses plaintes cela fait l’effet d’un baume. En dehors de l’Abandonite, marqué aussi par le tango,le répertoire est très libre. Les jeunes musiciens du quatuor emmènent la musique dans des directions inattendues, marquées par la musique contemporaine, un peu de bruitisme dans It was nice living here d’Adrien Boisseau, des collisions sonores dans Le Corbillon de Raphaël Merlin, où encore le superbe City Birds de Pierre Colombet, avec ce groove irrésistible élaboré conjointement par le batteur et les pizzicato du violon (ou de l’alto, je ne sais plus) qui propulsent Michel Portal. C’est un délice de l’entendre à la clarinette basse, improvisant comme s’il parlait dans sa barbe, avec de temps en temps des stridences free, des jappements, des hurlements, ce son de clarinette basse un peu rauque, un peu étranglé, si chargé d’humanité, et qui vient rebondir sur le tapis de cordes du quatuor.
A la fin du concert, Portal n’arrête pas de se marrer. Lui, l’insatisfait notoire à la mine éternellement chiffonnée, hanté par une perfection dont lui seul connaît les critères et la logique, affiche un visage radieux, et ne cesse d’étreindre ses partenaires du quatuor. « Bon, je crois qu’on a tout donné, là » dit-il, faussement bougon. Après deux heures de musique et deux rappels, le voilà qui escamote d’un bond les escaliers de la Maison de la Radio pour rejoindre les coulisse. Portal a la pêche!
Texte JF Mondot
Dessins Annie-Claire Alvoët (autres dessins, peintures, gravures, à découvrir sur son site www.annie-claire.com )
Post-scriptum: ce blog est dédié à Catherine Levaï et à Marcel le pompier qui se sont mis en quatre pour permettre à la dessinatrice d’officier dans de bonnes conditions…
A la fin du concert, Michel Portal s’adresse au public (toujours avec son côté Le Clezio dans sa manière de ne pas finir ses phrases…) pour lui dire sa joie d’avoir joué la musique d’Astor Piazzola avec un quatuor à cordes.
Michel Portal et le quatuor Ebène (Pierre Colombet, violon, Gabriel le Magadure, violon, Adrien Boisseau, alto, Raphaël Merlin, violoncelle) et Richard Hery (percussions et batterie), Xavier Tribolet (claviers), 11 mai 2017, Maison de la Radio
Ce quatuor à cordes, le quatuor Ebene, (que l’on retrouve sur le dernier disque du clarinettiste, Eternal Stories, Erato) il faut en dire un mot, et même quelques phrases. Il n’est pas là pour faire tapisserie, ni même pour se contenter d’être un écrin autour du bandonéon ou de la clarinette basse de Michel Portal. Composé de fortes personnalités, il est un interlocuteur à part entière, et n’hésite pas à se mettre en travers de la route du maître. Et visiblement Portal ne demande que ça puisqu’il fréquente ce quatuor depuis 12 ans. Dans L’Abandonite, superbe composition de Portal, et grand moment du concert, on entend toute la variété des relations entre le clarinettiste et le quatuor qui semble selon les moments le contenir, le contredire, ou le pousser dans ses retranchements. Les arrangements se caractérisent par une manière raffinée de ne jamais « faire masse », et de multiplier les voix pour laisser surnager un violon, un alto, ou un violoncelle. A plusieurs reprises, ce n’est pas tant à un dialogue entre Portal et le quatuor qu’avec l’un des violonistes ou le violoncelliste qu’il nous est donné d’assister, le reste des musiciens ajoutant nuances, inflexions, commentaires.
Le quatuor est augmenté, après quelques morceaux, de la batterie de Richard Hery et du piano éléctrique de Xavier Triboulet. Ces sonorités éléctriques a priori inattendues dans un tel contexte sont utilisées avec une grande intelligence et un goût très sûrs. Elles apportent une atmosphère plus fantaisiste, plus légère, notamment sur Judy Garland, autre sublime composition de Portal et autre grand moment du concert. Une partie des morceaux joués ce soir est parfumée de tango, avec notamment ces trois compositions d’Astor Piazzola (Asleep, loving, Anxiety) qui permettent d’entendre Portal au bandonéon. Portal au bandonéon! Cet instrument lui fait ouvrir les bras, au propre comme au figuré.
Il en fait le messager de confidences secrètes et murmurées quand la clarinette basse véhicule ses états d’âme les plus tempêtueux. Sur Asleep il trouve des nuances d’une douceur bouleversantes, et lorsque le violoncelle vient poser son timbre grave sur ses plaintes cela fait l’effet d’un baume. En dehors de l’Abandonite, marqué aussi par le tango,le répertoire est très libre. Les jeunes musiciens du quatuor emmènent la musique dans des directions inattendues, marquées par la musique contemporaine, un peu de bruitisme dans It was nice living here d’Adrien Boisseau, des collisions sonores dans Le Corbillon de Raphaël Merlin, où encore le superbe City Birds de Pierre Colombet, avec ce groove irrésistible élaboré conjointement par le batteur et les pizzicato du violon (ou de l’alto, je ne sais plus) qui propulsent Michel Portal. C’est un délice de l’entendre à la clarinette basse, improvisant comme s’il parlait dans sa barbe, avec de temps en temps des stridences free, des jappements, des hurlements, ce son de clarinette basse un peu rauque, un peu étranglé, si chargé d’humanité, et qui vient rebondir sur le tapis de cordes du quatuor.
A la fin du concert, Portal n’arrête pas de se marrer. Lui, l’insatisfait notoire à la mine éternellement chiffonnée, hanté par une perfection dont lui seul connaît les critères et la logique, affiche un visage radieux, et ne cesse d’étreindre ses partenaires du quatuor. « Bon, je crois qu’on a tout donné, là » dit-il, faussement bougon. Après deux heures de musique et deux rappels, le voilà qui escamote d’un bond les escaliers de la Maison de la Radio pour rejoindre les coulisse. Portal a la pêche!
Texte JF Mondot
Dessins Annie-Claire Alvoët (autres dessins, peintures, gravures, à découvrir sur son site www.annie-claire.com )
Post-scriptum: ce blog est dédié à Catherine Levaï et à Marcel le pompier qui se sont mis en quatre pour permettre à la dessinatrice d’officier dans de bonnes conditions…
A la fin du concert, Michel Portal s’adresse au public (toujours avec son côté Le Clezio dans sa manière de ne pas finir ses phrases…) pour lui dire sa joie d’avoir joué la musique d’Astor Piazzola avec un quatuor à cordes.
Michel Portal et le quatuor Ebène (Pierre Colombet, violon, Gabriel le Magadure, violon, Adrien Boisseau, alto, Raphaël Merlin, violoncelle) et Richard Hery (percussions et batterie), Xavier Tribolet (claviers), 11 mai 2017, Maison de la Radio
Ce quatuor à cordes, le quatuor Ebene, (que l’on retrouve sur le dernier disque du clarinettiste, Eternal Stories, Erato) il faut en dire un mot, et même quelques phrases. Il n’est pas là pour faire tapisserie, ni même pour se contenter d’être un écrin autour du bandonéon ou de la clarinette basse de Michel Portal. Composé de fortes personnalités, il est un interlocuteur à part entière, et n’hésite pas à se mettre en travers de la route du maître. Et visiblement Portal ne demande que ça puisqu’il fréquente ce quatuor depuis 12 ans. Dans L’Abandonite, superbe composition de Portal, et grand moment du concert, on entend toute la variété des relations entre le clarinettiste et le quatuor qui semble selon les moments le contenir, le contredire, ou le pousser dans ses retranchements. Les arrangements se caractérisent par une manière raffinée de ne jamais « faire masse », et de multiplier les voix pour laisser surnager un violon, un alto, ou un violoncelle. A plusieurs reprises, ce n’est pas tant à un dialogue entre Portal et le quatuor qu’avec l’un des violonistes ou le violoncelliste qu’il nous est donné d’assister, le reste des musiciens ajoutant nuances, inflexions, commentaires.
Le quatuor est augmenté, après quelques morceaux, de la batterie de Richard Hery et du piano éléctrique de Xavier Triboulet. Ces sonorités éléctriques a priori inattendues dans un tel contexte sont utilisées avec une grande intelligence et un goût très sûrs. Elles apportent une atmosphère plus fantaisiste, plus légère, notamment sur Judy Garland, autre sublime composition de Portal et autre grand moment du concert. Une partie des morceaux joués ce soir est parfumée de tango, avec notamment ces trois compositions d’Astor Piazzola (Asleep, loving, Anxiety) qui permettent d’entendre Portal au bandonéon. Portal au bandonéon! Cet instrument lui fait ouvrir les bras, au propre comme au figuré.
Il en fait le messager de confidences secrètes et murmurées quand la clarinette basse véhicule ses états d’âme les plus tempêtueux. Sur Asleep il trouve des nuances d’une douceur bouleversantes, et lorsque le violoncelle vient poser son timbre grave sur ses plaintes cela fait l’effet d’un baume. En dehors de l’Abandonite, marqué aussi par le tango,le répertoire est très libre. Les jeunes musiciens du quatuor emmènent la musique dans des directions inattendues, marquées par la musique contemporaine, un peu de bruitisme dans It was nice living here d’Adrien Boisseau, des collisions sonores dans Le Corbillon de Raphaël Merlin, où encore le superbe City Birds de Pierre Colombet, avec ce groove irrésistible élaboré conjointement par le batteur et les pizzicato du violon (ou de l’alto, je ne sais plus) qui propulsent Michel Portal. C’est un délice de l’entendre à la clarinette basse, improvisant comme s’il parlait dans sa barbe, avec de temps en temps des stridences free, des jappements, des hurlements, ce son de clarinette basse un peu rauque, un peu étranglé, si chargé d’humanité, et qui vient rebondir sur le tapis de cordes du quatuor.
A la fin du concert, Portal n’arrête pas de se marrer. Lui, l’insatisfait notoire à la mine éternellement chiffonnée, hanté par une perfection dont lui seul connaît les critères et la logique, affiche un visage radieux, et ne cesse d’étreindre ses partenaires du quatuor. « Bon, je crois qu’on a tout donné, là » dit-il, faussement bougon. Après deux heures de musique et deux rappels, le voilà qui escamote d’un bond les escaliers de la Maison de la Radio pour rejoindre les coulisse. Portal a la pêche!
Texte JF Mondot
Dessins Annie-Claire Alvoët (autres dessins, peintures, gravures, à découvrir sur son site www.annie-claire.com )
Post-scriptum: ce blog est dédié à Catherine Levaï et à Marcel le pompier qui se sont mis en quatre pour permettre à la dessinatrice d’officier dans de bonnes conditions…