Cubano be Cubano bop IV: Egrem, à la recherche d'un temps de studio perdu
De la musique dans toutes les villes. A Cuba, question sonorités du crû on trouve son facilement son bonheur pour peu que l’on soit un peu curieux. Pour les disques en revanche, la quête s’avère beaucoup moins aisée. Surtout si l’on cherche un objet un peu rare, un peu daté.
Une dernière nuit à la Havane avant le jour du retour. J’avais noté un bar avec musique dans la quartier de la Habana Vieja, tout près de l’élégante Plaza Nacional aux arcades porteuses d’ombre. Dehors dans la rue Brasil un « rabatteur » habituel dans ce secteur invite le passant (étranger) à entrer pour découvrir l’orchestre…et la qualité du rhum. La Taberna: le décor colle à la dénomination, lignes rustiques avec pierres, tables et bancs de bois, comptoir massif dans une trilogie bois-métal-sky. L’orchestre (pas moins de sept musiciens) vu l’exiguïté du lieu la joue plutôt « collé-serré » comme on dit aux Antilles. Mais surprise, cette fois ici le son est bon, on entend les voix et tous les instruments sans exception. Du son encore et toujours. Plutôt frais, actualisé à partir du fond de percussions habituelles, machines à bonds et rebonds toujours bien maîtrisés. Et ce soir deux souffles, deux vents font le spectacle. Un sax alto plus une flute. Le leader, guitare et chant leur laisse de la place pour choruser comme bon leur semble. Le saxophoniste est en place, en verve. Des montées vers l’aigüe, un phrasé dense mais lâché tout en souplesse. On se rappelle Paquito d’Rivera période jeune lorsqu’au sortir d’Irakere il ne prétendait pas encore au titre olympique de vitesse à l’alto. Le sax plutôt jeune lui aussi confiera plus tard dans la rue à la fin du set « Je joue du jazz également, mais à La Havane les occasions ne sont pas si fréquentes. Et entre temps nous avons la musique cubaine pour vivre… » A Cuba les musiciens parlent volontiers de leur boulot pour peu que l’on s’y intéresse.
EGREM
Parler encore de musique cubaine, justement…il me restait juste quelques heures pour trouver des CD, certains commandés par un ami, martiniquais grand connaisseur, expert reconnu dans son île en la matière. Des perles à dénicher donc. Constat: des disques, des CD à Cuba, on en trouve très peu. Des boutiques encore moins- souvenir de l’une que l’on nous avait indiquée, difficile à localiser, fermée ce jour…pour cause de démoustication. Pas question de penser à de grands lieux commerciaux, des centres, des galeries achalandées. Elles n’on localement pas d’existence. Reste la rue peut-être, façon lieux improvisés au hasard de couloirs où ils (des copies bien sur) se trouvent exposés en désordre, sous plastique. Une situation semblable à tous les vendeurs clandestins à la sauvette que l’on peut rencontrer dans les rues des capitales du tiers monde. Ici simplement ils n’ont pas à se carapater à l’arrivée des flics. On les laisse tranquille. Questions marchandise pourtant on en reste au catalogue des grands hits seulement, exposition permanente de soupes sucrées salées servies par des stars latinos et latinas qui inondent radios et sites web de Puerto Rico, Kingston, Caracas, Bogota et New York ou Miami surtout. Rien de très cubain donc. Un des musiciens de la Taberna m’avait donné un tuyau « Va avoir du côté de EGREM, une rue parallèle au Malecon derrière le Capitole dans Habana Centro. Je crois qu’il reste une boutique attenante. Tout le monde connaît le studio, on t’indiquera là bas… » Ah! Le studio EGREM, une sorte d’Abbey Road de la musique cubaine. depuis avant la Révolution. Tous les grands noms y ont enregistré, Celia Cruz, Chucho Valdez, Ruben Gonzales, Omara Portuondo. Et c’est là que Ry Cooder a rassemblé les anciens, les viejecitos (petits vieux) pour graver les disques qui ont fait le buzz mondial des années durant sous la bannière du Buena Vista Social Club. En cette matinée Il fait très chaud bien sur. On marche depuis une bonne demie heure et voilà que l’entrée de la rue que l’on finit par nous indiquer se trouve barrée par la police et les pompiers. Une énorme grue plus très jeune non plus procède par le haut à la démolition d’un immeuble de cinq ou six étages qui menace de s‘écrouler. Un détour obligatoire, un jeu de piste de plus pour entrer par un autre boca calle (croisement) On finit par arriver devant une petite cour. A l’intérieur, grande comme une loge de concierge, on tombe sur une boutique avec des CD exposés. Des noms de la musique traditionnelle cubaine, beaucoup de compilations également. Le responsable nous écoute, réfléchit à ma demande. Il nous montre des équivalences de titres demandés. Puis se ravise « Je vais téléphoner à quelqu’un. Je pense que l’on pourra trouver un enregistrement de ce pianiste dont le nom effectivement me dit quelque chose» Il s’exécute, passe son coup de fil sur son portable « Si vous espacez dans une demie heure, ce sera bon » Dans la rue, dix mètres plus loin une porte donne sur un petit couloir. Au fond une vieille table en bois et au dessus voici le nom magique: EGREM. Placardées au mur quelques photos agrandies, des affiches de concerts de musiciens. Les mêmes, toujours, ceux des les étoiles de Cuba déjà évoquées. Question simple posée à la dame assise dans la pénombre, seule derrière le vieux mobilier vide « Bonjour, nous sommes deux journalistes français. Pourrait-on juste voir le studio ? Un instant de réflexion débouche sur une réponse tout aussi simple « Le directeur est sorti pour déjeuner, mais il ne va pas tarder. Si vous voulez l’attendre, entrez là, il y a un canapé » Même décor vieillot pour cette pièce vide. Dix minutes passent, un quart d’heure, toujours personne. Pas un son, pas un écho de voix, aucun passage dans le couloir menant à notre réduit. Une demie-heure à présent. De la lumière derrière une porte. On la pousse, on se hasarde à une nouvelle question aux deux jeunes gens présents, un homme, une femme derrière deux bureaux ayant visiblement eux mêmes beaucoup vécu « Bonjour, vous travaillez pour EGREM ? Pour le label de disque ? » La réponse est dans la question. Nombre d’affiches peuplent la pièce, les mêmes visages d’artistes cubains, chanteurs, instrumentistes de Benny Moré à Gonzalo Rubalcaba. L’une d’entr’elle attire notre regard: un concert de Chucho Valdes à Paris il y’a quelques années seulement. Je me souviens parfaitement. J’y étais pour une interview. Le lendemain il avait joué en duo avec Omara Portuondo à la Maison de la Radio. Moment inoubliable répercuté dans le web de Jazz Mag. « Merci, nous attendons le directeur du studio. Savez vous s’il rentre de son déjeuner rapidement habituellement ? » Le jeune homme sourit sans répondre. La jeune femme quitte son bureau, rejoint notre couloir. Elle ouvre alors une autre porte fermée à clef, allume la lumière d’une pièce aveugle toujours sans un mot. On distingue par la porte restée entr’ouverte des sortes de rayonnages métalliques portant, soigneusement rangées semble-t-il, des bandes magnétiques cachées dans leurs leurs enveloppe cartonnées. Difficile dans ces conditions de lire les inscriptions On risque une autre question « S’agirait-il par hasard des bandes des disques enregistrés ici, au studio ? » La jeune femme se retourne après avoir refermé la porte à double tour. Là, nous fixant cette fois elle lâche un « Oui, c’est ça » agrémenté d’un sourire difficile à qualifier. Avant de regagner son bureau. Fermé. Plus d’une heure d’attente. Toujours pas de directeur en vue. Il est temps de quitter les lieux, juste un regard sur la chevelure coiffée afro explosive de Celia Cruz époque Fania All Stars épinglée au mur. A côté le vendeur de la boutique de disques, lui, a fait son boulot. Le disque de Jean-Marie Vigier, pianiste et compositeur « Imagines » (Cigarillo/Cubadisco) nous attend. Ainsi que celui de Merceditas Valdés dite La Reina de la Music Afrocubana , « La Pequeña Aché » (Colletion original de Cuba/EGREM)
Victor
Plus tard dans l’après midi, la seconde tentative sera la bonne. Demandé depuis le couloir d’entrée à la même dame tampon qui paraît ne pas avoir bougé Victor, le directeur du studio nous demandera cinq CUC (5 €) par personne, sésame personnel pour visiter le studio situé à l’étage. De l’émotion tout de même dans la cabine et dans la salle d’enregistrement, assez vaste, insonorisée à l’ancienne avec boiseries et liège intégré, à l’idée que ce lieu d’apparence vieillote a vu Cumpay Secundo, Irakere, le Buena Vista au complet, Celia Cruz, Omara Portuondo, Roberto Fonseca et consort exercer leur art, graver là leur travail de voix et de musique à l’adresse du monde « J’ai moi même enregistré certains de leurs disques derrière cette console » nous dira Victor avant, l’air de rien, d’empocher les billets en CUC convertibles. D’avoir tellement attendu, tellement insisté sinon tellement espérer, je ne me sens pas assez de courage pour quémander quelques anecdotes supplémentaires à raconter sur ces sessions mythiques. D’autant que le señor director (monsieur le directeur) avait pris soin de nous préciser au départ qu’en fin d’après midi se tiendrait un récital de musique cubaine dans une salle située au fond de la cour, après la boutique de disque. Victor, allez savoir pourquoi, cette fois avait l’air pressé.
De la musique cubaine traditionnelle, des airs afro-cubains, maintenant j’avais de quoi en écouter, à en tourner les page. Du son à mixer avec mille images enregistrées.
Robert Latxague
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De la musique dans toutes les villes. A Cuba, question sonorités du crû on trouve son facilement son bonheur pour peu que l’on soit un peu curieux. Pour les disques en revanche, la quête s’avère beaucoup moins aisée. Surtout si l’on cherche un objet un peu rare, un peu daté.
Une dernière nuit à la Havane avant le jour du retour. J’avais noté un bar avec musique dans la quartier de la Habana Vieja, tout près de l’élégante Plaza Nacional aux arcades porteuses d’ombre. Dehors dans la rue Brasil un « rabatteur » habituel dans ce secteur invite le passant (étranger) à entrer pour découvrir l’orchestre…et la qualité du rhum. La Taberna: le décor colle à la dénomination, lignes rustiques avec pierres, tables et bancs de bois, comptoir massif dans une trilogie bois-métal-sky. L’orchestre (pas moins de sept musiciens) vu l’exiguïté du lieu la joue plutôt « collé-serré » comme on dit aux Antilles. Mais surprise, cette fois ici le son est bon, on entend les voix et tous les instruments sans exception. Du son encore et toujours. Plutôt frais, actualisé à partir du fond de percussions habituelles, machines à bonds et rebonds toujours bien maîtrisés. Et ce soir deux souffles, deux vents font le spectacle. Un sax alto plus une flute. Le leader, guitare et chant leur laisse de la place pour choruser comme bon leur semble. Le saxophoniste est en place, en verve. Des montées vers l’aigüe, un phrasé dense mais lâché tout en souplesse. On se rappelle Paquito d’Rivera période jeune lorsqu’au sortir d’Irakere il ne prétendait pas encore au titre olympique de vitesse à l’alto. Le sax plutôt jeune lui aussi confiera plus tard dans la rue à la fin du set « Je joue du jazz également, mais à La Havane les occasions ne sont pas si fréquentes. Et entre temps nous avons la musique cubaine pour vivre… » A Cuba les musiciens parlent volontiers de leur boulot pour peu que l’on s’y intéresse.
EGREM
Parler encore de musique cubaine, justement…il me restait juste quelques heures pour trouver des CD, certains commandés par un ami, martiniquais grand connaisseur, expert reconnu dans son île en la matière. Des perles à dénicher donc. Constat: des disques, des CD à Cuba, on en trouve très peu. Des boutiques encore moins- souvenir de l’une que l’on nous avait indiquée, difficile à localiser, fermée ce jour…pour cause de démoustication. Pas question de penser à de grands lieux commerciaux, des centres, des galeries achalandées. Elles n’on localement pas d’existence. Reste la rue peut-être, façon lieux improvisés au hasard de couloirs où ils (des copies bien sur) se trouvent exposés en désordre, sous plastique. Une situation semblable à tous les vendeurs clandestins à la sauvette que l’on peut rencontrer dans les rues des capitales du tiers monde. Ici simplement ils n’ont pas à se carapater à l’arrivée des flics. On les laisse tranquille. Questions marchandise pourtant on en reste au catalogue des grands hits seulement, exposition permanente de soupes sucrées salées servies par des stars latinos et latinas qui inondent radios et sites web de Puerto Rico, Kingston, Caracas, Bogota et New York ou Miami surtout. Rien de très cubain donc. Un des musiciens de la Taberna m’avait donné un tuyau « Va avoir du côté de EGREM, une rue parallèle au Malecon derrière le Capitole dans Habana Centro. Je crois qu’il reste une boutique attenante. Tout le monde connaît le studio, on t’indiquera là bas… » Ah! Le studio EGREM, une sorte d’Abbey Road de la musique cubaine. depuis avant la Révolution. Tous les grands noms y ont enregistré, Celia Cruz, Chucho Valdez, Ruben Gonzales, Omara Portuondo. Et c’est là que Ry Cooder a rassemblé les anciens, les viejecitos (petits vieux) pour graver les disques qui ont fait le buzz mondial des années durant sous la bannière du Buena Vista Social Club. En cette matinée Il fait très chaud bien sur. On marche depuis une bonne demie heure et voilà que l’entrée de la rue que l’on finit par nous indiquer se trouve barrée par la police et les pompiers. Une énorme grue plus très jeune non plus procède par le haut à la démolition d’un immeuble de cinq ou six étages qui menace de s‘écrouler. Un détour obligatoire, un jeu de piste de plus pour entrer par un autre boca calle (croisement) On finit par arriver devant une petite cour. A l’intérieur, grande comme une loge de concierge, on tombe sur une boutique avec des CD exposés. Des noms de la musique traditionnelle cubaine, beaucoup de compilations également. Le responsable nous écoute, réfléchit à ma demande. Il nous montre des équivalences de titres demandés. Puis se ravise « Je vais téléphoner à quelqu’un. Je pense que l’on pourra trouver un enregistrement de ce pianiste dont le nom effectivement me dit quelque chose» Il s’exécute, passe son coup de fil sur son portable « Si vous espacez dans une demie heure, ce sera bon » Dans la rue, dix mètres plus loin une porte donne sur un petit couloir. Au fond une vieille table en bois et au dessus voici le nom magique: EGREM. Placardées au mur quelques photos agrandies, des affiches de concerts de musiciens. Les mêmes, toujours, ceux des les étoiles de Cuba déjà évoquées. Question simple posée à la dame assise dans la pénombre, seule derrière le vieux mobilier vide « Bonjour, nous sommes deux journalistes français. Pourrait-on juste voir le studio ? Un instant de réflexion débouche sur une réponse tout aussi simple « Le directeur est sorti pour déjeuner, mais il ne va pas tarder. Si vous voulez l’attendre, entrez là, il y a un canapé » Même décor vieillot pour cette pièce vide. Dix minutes passent, un quart d’heure, toujours personne. Pas un son, pas un écho de voix, aucun passage dans le couloir menant à notre réduit. Une demie-heure à présent. De la lumière derrière une porte. On la pousse, on se hasarde à une nouvelle question aux deux jeunes gens présents, un homme, une femme derrière deux bureaux ayant visiblement eux mêmes beaucoup vécu « Bonjour, vous travaillez pour EGREM ? Pour le label de disque ? » La réponse est dans la question. Nombre d’affiches peuplent la pièce, les mêmes visages d’artistes cubains, chanteurs, instrumentistes de Benny Moré à Gonzalo Rubalcaba. L’une d’entr’elle attire notre regard: un concert de Chucho Valdes à Paris il y’a quelques années seulement. Je me souviens parfaitement. J’y étais pour une interview. Le lendemain il avait joué en duo avec Omara Portuondo à la Maison de la Radio. Moment inoubliable répercuté dans le web de Jazz Mag. « Merci, nous attendons le directeur du studio. Savez vous s’il rentre de son déjeuner rapidement habituellement ? » Le jeune homme sourit sans répondre. La jeune femme quitte son bureau, rejoint notre couloir. Elle ouvre alors une autre porte fermée à clef, allume la lumière d’une pièce aveugle toujours sans un mot. On distingue par la porte restée entr’ouverte des sortes de rayonnages métalliques portant, soigneusement rangées semble-t-il, des bandes magnétiques cachées dans leurs leurs enveloppe cartonnées. Difficile dans ces conditions de lire les inscriptions On risque une autre question « S’agirait-il par hasard des bandes des disques enregistrés ici, au studio ? » La jeune femme se retourne après avoir refermé la porte à double tour. Là, nous fixant cette fois elle lâche un « Oui, c’est ça » agrémenté d’un sourire difficile à qualifier. Avant de regagner son bureau. Fermé. Plus d’une heure d’attente. Toujours pas de directeur en vue. Il est temps de quitter les lieux, juste un regard sur la chevelure coiffée afro explosive de Celia Cruz époque Fania All Stars épinglée au mur. A côté le vendeur de la boutique de disques, lui, a fait son boulot. Le disque de Jean-Marie Vigier, pianiste et compositeur « Imagines » (Cigarillo/Cubadisco) nous attend. Ainsi que celui de Merceditas Valdés dite La Reina de la Music Afrocubana , « La Pequeña Aché » (Colletion original de Cuba/EGREM)
Victor
Plus tard dans l’après midi, la seconde tentative sera la bonne. Demandé depuis le couloir d’entrée à la même dame tampon qui paraît ne pas avoir bougé Victor, le directeur du studio nous demandera cinq CUC (5 €) par personne, sésame personnel pour visiter le studio situé à l’étage. De l’émotion tout de même dans la cabine et dans la salle d’enregistrement, assez vaste, insonorisée à l’ancienne avec boiseries et liège intégré, à l’idée que ce lieu d’apparence vieillote a vu Cumpay Secundo, Irakere, le Buena Vista au complet, Celia Cruz, Omara Portuondo, Roberto Fonseca et consort exercer leur art, graver là leur travail de voix et de musique à l’adresse du monde « J’ai moi même enregistré certains de leurs disques derrière cette console » nous dira Victor avant, l’air de rien, d’empocher les billets en CUC convertibles. D’avoir tellement attendu, tellement insisté sinon tellement espérer, je ne me sens pas assez de courage pour quémander quelques anecdotes supplémentaires à raconter sur ces sessions mythiques. D’autant que le señor director (monsieur le directeur) avait pris soin de nous préciser au départ qu’en fin d’après midi se tiendrait un récital de musique cubaine dans une salle située au fond de la cour, après la boutique de disque. Victor, allez savoir pourquoi, cette fois avait l’air pressé.
De la musique cubaine traditionnelle, des airs afro-cubains, maintenant j’avais de quoi en écouter, à en tourner les page. Du son à mixer avec mille images enregistrées.
Robert Latxague
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De la musique dans toutes les villes. A Cuba, question sonorités du crû on trouve son facilement son bonheur pour peu que l’on soit un peu curieux. Pour les disques en revanche, la quête s’avère beaucoup moins aisée. Surtout si l’on cherche un objet un peu rare, un peu daté.
Une dernière nuit à la Havane avant le jour du retour. J’avais noté un bar avec musique dans la quartier de la Habana Vieja, tout près de l’élégante Plaza Nacional aux arcades porteuses d’ombre. Dehors dans la rue Brasil un « rabatteur » habituel dans ce secteur invite le passant (étranger) à entrer pour découvrir l’orchestre…et la qualité du rhum. La Taberna: le décor colle à la dénomination, lignes rustiques avec pierres, tables et bancs de bois, comptoir massif dans une trilogie bois-métal-sky. L’orchestre (pas moins de sept musiciens) vu l’exiguïté du lieu la joue plutôt « collé-serré » comme on dit aux Antilles. Mais surprise, cette fois ici le son est bon, on entend les voix et tous les instruments sans exception. Du son encore et toujours. Plutôt frais, actualisé à partir du fond de percussions habituelles, machines à bonds et rebonds toujours bien maîtrisés. Et ce soir deux souffles, deux vents font le spectacle. Un sax alto plus une flute. Le leader, guitare et chant leur laisse de la place pour choruser comme bon leur semble. Le saxophoniste est en place, en verve. Des montées vers l’aigüe, un phrasé dense mais lâché tout en souplesse. On se rappelle Paquito d’Rivera période jeune lorsqu’au sortir d’Irakere il ne prétendait pas encore au titre olympique de vitesse à l’alto. Le sax plutôt jeune lui aussi confiera plus tard dans la rue à la fin du set « Je joue du jazz également, mais à La Havane les occasions ne sont pas si fréquentes. Et entre temps nous avons la musique cubaine pour vivre… » A Cuba les musiciens parlent volontiers de leur boulot pour peu que l’on s’y intéresse.
EGREM
Parler encore de musique cubaine, justement…il me restait juste quelques heures pour trouver des CD, certains commandés par un ami, martiniquais grand connaisseur, expert reconnu dans son île en la matière. Des perles à dénicher donc. Constat: des disques, des CD à Cuba, on en trouve très peu. Des boutiques encore moins- souvenir de l’une que l’on nous avait indiquée, difficile à localiser, fermée ce jour…pour cause de démoustication. Pas question de penser à de grands lieux commerciaux, des centres, des galeries achalandées. Elles n’on localement pas d’existence. Reste la rue peut-être, façon lieux improvisés au hasard de couloirs où ils (des copies bien sur) se trouvent exposés en désordre, sous plastique. Une situation semblable à tous les vendeurs clandestins à la sauvette que l’on peut rencontrer dans les rues des capitales du tiers monde. Ici simplement ils n’ont pas à se carapater à l’arrivée des flics. On les laisse tranquille. Questions marchandise pourtant on en reste au catalogue des grands hits seulement, exposition permanente de soupes sucrées salées servies par des stars latinos et latinas qui inondent radios et sites web de Puerto Rico, Kingston, Caracas, Bogota et New York ou Miami surtout. Rien de très cubain donc. Un des musiciens de la Taberna m’avait donné un tuyau « Va avoir du côté de EGREM, une rue parallèle au Malecon derrière le Capitole dans Habana Centro. Je crois qu’il reste une boutique attenante. Tout le monde connaît le studio, on t’indiquera là bas… » Ah! Le studio EGREM, une sorte d’Abbey Road de la musique cubaine. depuis avant la Révolution. Tous les grands noms y ont enregistré, Celia Cruz, Chucho Valdez, Ruben Gonzales, Omara Portuondo. Et c’est là que Ry Cooder a rassemblé les anciens, les viejecitos (petits vieux) pour graver les disques qui ont fait le buzz mondial des années durant sous la bannière du Buena Vista Social Club. En cette matinée Il fait très chaud bien sur. On marche depuis une bonne demie heure et voilà que l’entrée de la rue que l’on finit par nous indiquer se trouve barrée par la police et les pompiers. Une énorme grue plus très jeune non plus procède par le haut à la démolition d’un immeuble de cinq ou six étages qui menace de s‘écrouler. Un détour obligatoire, un jeu de piste de plus pour entrer par un autre boca calle (croisement) On finit par arriver devant une petite cour. A l’intérieur, grande comme une loge de concierge, on tombe sur une boutique avec des CD exposés. Des noms de la musique traditionnelle cubaine, beaucoup de compilations également. Le responsable nous écoute, réfléchit à ma demande. Il nous montre des équivalences de titres demandés. Puis se ravise « Je vais téléphoner à quelqu’un. Je pense que l’on pourra trouver un enregistrement de ce pianiste dont le nom effectivement me dit quelque chose» Il s’exécute, passe son coup de fil sur son portable « Si vous espacez dans une demie heure, ce sera bon » Dans la rue, dix mètres plus loin une porte donne sur un petit couloir. Au fond une vieille table en bois et au dessus voici le nom magique: EGREM. Placardées au mur quelques photos agrandies, des affiches de concerts de musiciens. Les mêmes, toujours, ceux des les étoiles de Cuba déjà évoquées. Question simple posée à la dame assise dans la pénombre, seule derrière le vieux mobilier vide « Bonjour, nous sommes deux journalistes français. Pourrait-on juste voir le studio ? Un instant de réflexion débouche sur une réponse tout aussi simple « Le directeur est sorti pour déjeuner, mais il ne va pas tarder. Si vous voulez l’attendre, entrez là, il y a un canapé » Même décor vieillot pour cette pièce vide. Dix minutes passent, un quart d’heure, toujours personne. Pas un son, pas un écho de voix, aucun passage dans le couloir menant à notre réduit. Une demie-heure à présent. De la lumière derrière une porte. On la pousse, on se hasarde à une nouvelle question aux deux jeunes gens présents, un homme, une femme derrière deux bureaux ayant visiblement eux mêmes beaucoup vécu « Bonjour, vous travaillez pour EGREM ? Pour le label de disque ? » La réponse est dans la question. Nombre d’affiches peuplent la pièce, les mêmes visages d’artistes cubains, chanteurs, instrumentistes de Benny Moré à Gonzalo Rubalcaba. L’une d’entr’elle attire notre regard: un concert de Chucho Valdes à Paris il y’a quelques années seulement. Je me souviens parfaitement. J’y étais pour une interview. Le lendemain il avait joué en duo avec Omara Portuondo à la Maison de la Radio. Moment inoubliable répercuté dans le web de Jazz Mag. « Merci, nous attendons le directeur du studio. Savez vous s’il rentre de son déjeuner rapidement habituellement ? » Le jeune homme sourit sans répondre. La jeune femme quitte son bureau, rejoint notre couloir. Elle ouvre alors une autre porte fermée à clef, allume la lumière d’une pièce aveugle toujours sans un mot. On distingue par la porte restée entr’ouverte des sortes de rayonnages métalliques portant, soigneusement rangées semble-t-il, des bandes magnétiques cachées dans leurs leurs enveloppe cartonnées. Difficile dans ces conditions de lire les inscriptions On risque une autre question « S’agirait-il par hasard des bandes des disques enregistrés ici, au studio ? » La jeune femme se retourne après avoir refermé la porte à double tour. Là, nous fixant cette fois elle lâche un « Oui, c’est ça » agrémenté d’un sourire difficile à qualifier. Avant de regagner son bureau. Fermé. Plus d’une heure d’attente. Toujours pas de directeur en vue. Il est temps de quitter les lieux, juste un regard sur la chevelure coiffée afro explosive de Celia Cruz époque Fania All Stars épinglée au mur. A côté le vendeur de la boutique de disques, lui, a fait son boulot. Le disque de Jean-Marie Vigier, pianiste et compositeur « Imagines » (Cigarillo/Cubadisco) nous attend. Ainsi que celui de Merceditas Valdés dite La Reina de la Music Afrocubana , « La Pequeña Aché » (Colletion original de Cuba/EGREM)
Victor
Plus tard dans l’après midi, la seconde tentative sera la bonne. Demandé depuis le couloir d’entrée à la même dame tampon qui paraît ne pas avoir bougé Victor, le directeur du studio nous demandera cinq CUC (5 €) par personne, sésame personnel pour visiter le studio situé à l’étage. De l’émotion tout de même dans la cabine et dans la salle d’enregistrement, assez vaste, insonorisée à l’ancienne avec boiseries et liège intégré, à l’idée que ce lieu d’apparence vieillote a vu Cumpay Secundo, Irakere, le Buena Vista au complet, Celia Cruz, Omara Portuondo, Roberto Fonseca et consort exercer leur art, graver là leur travail de voix et de musique à l’adresse du monde « J’ai moi même enregistré certains de leurs disques derrière cette console » nous dira Victor avant, l’air de rien, d’empocher les billets en CUC convertibles. D’avoir tellement attendu, tellement insisté sinon tellement espérer, je ne me sens pas assez de courage pour quémander quelques anecdotes supplémentaires à raconter sur ces sessions mythiques. D’autant que le señor director (monsieur le directeur) avait pris soin de nous préciser au départ qu’en fin d’après midi se tiendrait un récital de musique cubaine dans une salle située au fond de la cour, après la boutique de disque. Victor, allez savoir pourquoi, cette fois avait l’air pressé.
De la musique cubaine traditionnelle, des airs afro-cubains, maintenant j’avais de quoi en écouter, à en tourner les page. Du son à mixer avec mille images enregistrées.
Robert Latxague
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De la musique dans toutes les villes. A Cuba, question sonorités du crû on trouve son facilement son bonheur pour peu que l’on soit un peu curieux. Pour les disques en revanche, la quête s’avère beaucoup moins aisée. Surtout si l’on cherche un objet un peu rare, un peu daté.
Une dernière nuit à la Havane avant le jour du retour. J’avais noté un bar avec musique dans la quartier de la Habana Vieja, tout près de l’élégante Plaza Nacional aux arcades porteuses d’ombre. Dehors dans la rue Brasil un « rabatteur » habituel dans ce secteur invite le passant (étranger) à entrer pour découvrir l’orchestre…et la qualité du rhum. La Taberna: le décor colle à la dénomination, lignes rustiques avec pierres, tables et bancs de bois, comptoir massif dans une trilogie bois-métal-sky. L’orchestre (pas moins de sept musiciens) vu l’exiguïté du lieu la joue plutôt « collé-serré » comme on dit aux Antilles. Mais surprise, cette fois ici le son est bon, on entend les voix et tous les instruments sans exception. Du son encore et toujours. Plutôt frais, actualisé à partir du fond de percussions habituelles, machines à bonds et rebonds toujours bien maîtrisés. Et ce soir deux souffles, deux vents font le spectacle. Un sax alto plus une flute. Le leader, guitare et chant leur laisse de la place pour choruser comme bon leur semble. Le saxophoniste est en place, en verve. Des montées vers l’aigüe, un phrasé dense mais lâché tout en souplesse. On se rappelle Paquito d’Rivera période jeune lorsqu’au sortir d’Irakere il ne prétendait pas encore au titre olympique de vitesse à l’alto. Le sax plutôt jeune lui aussi confiera plus tard dans la rue à la fin du set « Je joue du jazz également, mais à La Havane les occasions ne sont pas si fréquentes. Et entre temps nous avons la musique cubaine pour vivre… » A Cuba les musiciens parlent volontiers de leur boulot pour peu que l’on s’y intéresse.
EGREM
Parler encore de musique cubaine, justement…il me restait juste quelques heures pour trouver des CD, certains commandés par un ami, martiniquais grand connaisseur, expert reconnu dans son île en la matière. Des perles à dénicher donc. Constat: des disques, des CD à Cuba, on en trouve très peu. Des boutiques encore moins- souvenir de l’une que l’on nous avait indiquée, difficile à localiser, fermée ce jour…pour cause de démoustication. Pas question de penser à de grands lieux commerciaux, des centres, des galeries achalandées. Elles n’on localement pas d’existence. Reste la rue peut-être, façon lieux improvisés au hasard de couloirs où ils (des copies bien sur) se trouvent exposés en désordre, sous plastique. Une situation semblable à tous les vendeurs clandestins à la sauvette que l’on peut rencontrer dans les rues des capitales du tiers monde. Ici simplement ils n’ont pas à se carapater à l’arrivée des flics. On les laisse tranquille. Questions marchandise pourtant on en reste au catalogue des grands hits seulement, exposition permanente de soupes sucrées salées servies par des stars latinos et latinas qui inondent radios et sites web de Puerto Rico, Kingston, Caracas, Bogota et New York ou Miami surtout. Rien de très cubain donc. Un des musiciens de la Taberna m’avait donné un tuyau « Va avoir du côté de EGREM, une rue parallèle au Malecon derrière le Capitole dans Habana Centro. Je crois qu’il reste une boutique attenante. Tout le monde connaît le studio, on t’indiquera là bas… » Ah! Le studio EGREM, une sorte d’Abbey Road de la musique cubaine. depuis avant la Révolution. Tous les grands noms y ont enregistré, Celia Cruz, Chucho Valdez, Ruben Gonzales, Omara Portuondo. Et c’est là que Ry Cooder a rassemblé les anciens, les viejecitos (petits vieux) pour graver les disques qui ont fait le buzz mondial des années durant sous la bannière du Buena Vista Social Club. En cette matinée Il fait très chaud bien sur. On marche depuis une bonne demie heure et voilà que l’entrée de la rue que l’on finit par nous indiquer se trouve barrée par la police et les pompiers. Une énorme grue plus très jeune non plus procède par le haut à la démolition d’un immeuble de cinq ou six étages qui menace de s‘écrouler. Un détour obligatoire, un jeu de piste de plus pour entrer par un autre boca calle (croisement) On finit par arriver devant une petite cour. A l’intérieur, grande comme une loge de concierge, on tombe sur une boutique avec des CD exposés. Des noms de la musique traditionnelle cubaine, beaucoup de compilations également. Le responsable nous écoute, réfléchit à ma demande. Il nous montre des équivalences de titres demandés. Puis se ravise « Je vais téléphoner à quelqu’un. Je pense que l’on pourra trouver un enregistrement de ce pianiste dont le nom effectivement me dit quelque chose» Il s’exécute, passe son coup de fil sur son portable « Si vous espacez dans une demie heure, ce sera bon » Dans la rue, dix mètres plus loin une porte donne sur un petit couloir. Au fond une vieille table en bois et au dessus voici le nom magique: EGREM. Placardées au mur quelques photos agrandies, des affiches de concerts de musiciens. Les mêmes, toujours, ceux des les étoiles de Cuba déjà évoquées. Question simple posée à la dame assise dans la pénombre, seule derrière le vieux mobilier vide « Bonjour, nous sommes deux journalistes français. Pourrait-on juste voir le studio ? Un instant de réflexion débouche sur une réponse tout aussi simple « Le directeur est sorti pour déjeuner, mais il ne va pas tarder. Si vous voulez l’attendre, entrez là, il y a un canapé » Même décor vieillot pour cette pièce vide. Dix minutes passent, un quart d’heure, toujours personne. Pas un son, pas un écho de voix, aucun passage dans le couloir menant à notre réduit. Une demie-heure à présent. De la lumière derrière une porte. On la pousse, on se hasarde à une nouvelle question aux deux jeunes gens présents, un homme, une femme derrière deux bureaux ayant visiblement eux mêmes beaucoup vécu « Bonjour, vous travaillez pour EGREM ? Pour le label de disque ? » La réponse est dans la question. Nombre d’affiches peuplent la pièce, les mêmes visages d’artistes cubains, chanteurs, instrumentistes de Benny Moré à Gonzalo Rubalcaba. L’une d’entr’elle attire notre regard: un concert de Chucho Valdes à Paris il y’a quelques années seulement. Je me souviens parfaitement. J’y étais pour une interview. Le lendemain il avait joué en duo avec Omara Portuondo à la Maison de la Radio. Moment inoubliable répercuté dans le web de Jazz Mag. « Merci, nous attendons le directeur du studio. Savez vous s’il rentre de son déjeuner rapidement habituellement ? » Le jeune homme sourit sans répondre. La jeune femme quitte son bureau, rejoint notre couloir. Elle ouvre alors une autre porte fermée à clef, allume la lumière d’une pièce aveugle toujours sans un mot. On distingue par la porte restée entr’ouverte des sortes de rayonnages métalliques portant, soigneusement rangées semble-t-il, des bandes magnétiques cachées dans leurs leurs enveloppe cartonnées. Difficile dans ces conditions de lire les inscriptions On risque une autre question « S’agirait-il par hasard des bandes des disques enregistrés ici, au studio ? » La jeune femme se retourne après avoir refermé la porte à double tour. Là, nous fixant cette fois elle lâche un « Oui, c’est ça » agrémenté d’un sourire difficile à qualifier. Avant de regagner son bureau. Fermé. Plus d’une heure d’attente. Toujours pas de directeur en vue. Il est temps de quitter les lieux, juste un regard sur la chevelure coiffée afro explosive de Celia Cruz époque Fania All Stars épinglée au mur. A côté le vendeur de la boutique de disques, lui, a fait son boulot. Le disque de Jean-Marie Vigier, pianiste et compositeur « Imagines » (Cigarillo/Cubadisco) nous attend. Ainsi que celui de Merceditas Valdés dite La Reina de la Music Afrocubana , « La Pequeña Aché » (Colletion original de Cuba/EGREM)
Victor
Plus tard dans l’après midi, la seconde tentative sera la bonne. Demandé depuis le couloir d’entrée à la même dame tampon qui paraît ne pas avoir bougé Victor, le directeur du studio nous demandera cinq CUC (5 €) par personne, sésame personnel pour visiter le studio situé à l’étage. De l’émotion tout de même dans la cabine et dans la salle d’enregistrement, assez vaste, insonorisée à l’ancienne avec boiseries et liège intégré, à l’idée que ce lieu d’apparence vieillote a vu Cumpay Secundo, Irakere, le Buena Vista au complet, Celia Cruz, Omara Portuondo, Roberto Fonseca et consort exercer leur art, graver là leur travail de voix et de musique à l’adresse du monde « J’ai moi même enregistré certains de leurs disques derrière cette console » nous dira Victor avant, l’air de rien, d’empocher les billets en CUC convertibles. D’avoir tellement attendu, tellement insisté sinon tellement espérer, je ne me sens pas assez de courage pour quémander quelques anecdotes supplémentaires à raconter sur ces sessions mythiques. D’autant que le señor director (monsieur le directeur) avait pris soin de nous préciser au départ qu’en fin d’après midi se tiendrait un récital de musique cubaine dans une salle située au fond de la cour, après la boutique de disque. Victor, allez savoir pourquoi, cette fois avait l’air pressé.
De la musique cubaine traditionnelle, des airs afro-cubains, maintenant j’avais de quoi en écouter, à en tourner les page. Du son à mixer avec mille images enregistrées.
Robert Latxague