Naissance d'un standard : Stella by Starlight
Certains standards de jazz ont des origines inattendues. C’est en effet dans le long-métrage romantique et gothique « La Falaise Mystérieuse », proche cousin du « Rebecca » d’Alfred Hitchcock et filmé dans un noir et blanc envoûtant, qu’apparaît pour la première fois – à l’écran qui plus est – le thème Stella by Starlight.
La sérénade est signée du compositeur Victor Young, alors très actif à Hollywood. Avec ou sans paroles, ajoutées ultérieurement par Ned Washington, d’innombrables musiciens de l’après-guerre à nos jours firent leur miel de cette mélodie : Charlie Parker, Bud Powell, Stan Getz, Miles Davis, Anita O’Day, Tony Bennett, Chet Baker, George Shearing, Robert Glasper…
Sur la côte de Cornouailles se dresse une demeure abandonnée, dont s’éprend Roderick Fitzgerald (Ray Milland), jeune critique musical et compositeur. Dans un élan d’enthousiasme, il en fait l’acquisition, pour une somme étonnamment raisonnable. Mais des rumeurs circulent sur d’inexplicables événements ayant conduit au départ précipité des précédents occupants… Peu à peu, un passé sombre refait surface, via de discrètes mais efficaces manifestations surnaturelles. Le film maintient un délicat équilibre entre scènes de comédie et de terreur.
Ici, les fantômes existent (effets spéciaux réussis) et n’apprécient pas que des intrus s’installent dans leur habitat. Il n’y a là ni machination, ni folie. Roderick (clin d’œil à Edgar Poe?) et ses proches vont d’abord vivre en présence des spectres, puis les affronter avec flegme et détermination. Le personnage de Stella Meredith, villageoise connectée avec les revenants, est interprété par la douce et fragile Gail Russell. Dans une scène, elle demande à Milland de faire montre de ses talents de pianiste. Charmé, il accepte. Au bout de quelques mesures, elle l’interrompt, troublée :
« Pourquoi le morceau est-il si triste ? ».
« C’est sorti comme ça. Je l’ai intitulé ‘Stella by Starlight’. Il y a beaucoup de vous dedans », répond-il.
Lyrique, la musique devient soudainement grave et lugubre, au moment-même où le soleil disparaît à l’horizon. On vient d’assister à la naissance du fameux thème, qui coïncide dans le déroulement de l’intrigue avec une première manifestation de l’au-delà.
En 1948, Gail Russell apparut dans un autre film noir à tonalité fantastique, dans lequel elle donnait la réplique à Edward G. Robinson, et dont le thème musical devint là encore un standard de jazz : The Night has a Thousand Eyes. Écrit par Jerry Branin, il fut repris, entre autres, par John Coltrane, Sonny Rollins, Horace Silver, Paul Desmond & Jim Hall.
David Cristol
« The Uninvited/La Falaise Mystérieuse » (Lewis Allen, 1944) en DVD & Blu-ray (Wild Side).|Certains standards de jazz ont des origines inattendues. C’est en effet dans le long-métrage romantique et gothique « La Falaise Mystérieuse », proche cousin du « Rebecca » d’Alfred Hitchcock et filmé dans un noir et blanc envoûtant, qu’apparaît pour la première fois – à l’écran qui plus est – le thème Stella by Starlight.
La sérénade est signée du compositeur Victor Young, alors très actif à Hollywood. Avec ou sans paroles, ajoutées ultérieurement par Ned Washington, d’innombrables musiciens de l’après-guerre à nos jours firent leur miel de cette mélodie : Charlie Parker, Bud Powell, Stan Getz, Miles Davis, Anita O’Day, Tony Bennett, Chet Baker, George Shearing, Robert Glasper…
Sur la côte de Cornouailles se dresse une demeure abandonnée, dont s’éprend Roderick Fitzgerald (Ray Milland), jeune critique musical et compositeur. Dans un élan d’enthousiasme, il en fait l’acquisition, pour une somme étonnamment raisonnable. Mais des rumeurs circulent sur d’inexplicables événements ayant conduit au départ précipité des précédents occupants… Peu à peu, un passé sombre refait surface, via de discrètes mais efficaces manifestations surnaturelles. Le film maintient un délicat équilibre entre scènes de comédie et de terreur.
Ici, les fantômes existent (effets spéciaux réussis) et n’apprécient pas que des intrus s’installent dans leur habitat. Il n’y a là ni machination, ni folie. Roderick (clin d’œil à Edgar Poe?) et ses proches vont d’abord vivre en présence des spectres, puis les affronter avec flegme et détermination. Le personnage de Stella Meredith, villageoise connectée avec les revenants, est interprété par la douce et fragile Gail Russell. Dans une scène, elle demande à Milland de faire montre de ses talents de pianiste. Charmé, il accepte. Au bout de quelques mesures, elle l’interrompt, troublée :
« Pourquoi le morceau est-il si triste ? ».
« C’est sorti comme ça. Je l’ai intitulé ‘Stella by Starlight’. Il y a beaucoup de vous dedans », répond-il.
Lyrique, la musique devient soudainement grave et lugubre, au moment-même où le soleil disparaît à l’horizon. On vient d’assister à la naissance du fameux thème, qui coïncide dans le déroulement de l’intrigue avec une première manifestation de l’au-delà.
En 1948, Gail Russell apparut dans un autre film noir à tonalité fantastique, dans lequel elle donnait la réplique à Edward G. Robinson, et dont le thème musical devint là encore un standard de jazz : The Night has a Thousand Eyes. Écrit par Jerry Branin, il fut repris, entre autres, par John Coltrane, Sonny Rollins, Horace Silver, Paul Desmond & Jim Hall.
David Cristol
« The Uninvited/La Falaise Mystérieuse » (Lewis Allen, 1944) en DVD & Blu-ray (Wild Side).|Certains standards de jazz ont des origines inattendues. C’est en effet dans le long-métrage romantique et gothique « La Falaise Mystérieuse », proche cousin du « Rebecca » d’Alfred Hitchcock et filmé dans un noir et blanc envoûtant, qu’apparaît pour la première fois – à l’écran qui plus est – le thème Stella by Starlight.
La sérénade est signée du compositeur Victor Young, alors très actif à Hollywood. Avec ou sans paroles, ajoutées ultérieurement par Ned Washington, d’innombrables musiciens de l’après-guerre à nos jours firent leur miel de cette mélodie : Charlie Parker, Bud Powell, Stan Getz, Miles Davis, Anita O’Day, Tony Bennett, Chet Baker, George Shearing, Robert Glasper…
Sur la côte de Cornouailles se dresse une demeure abandonnée, dont s’éprend Roderick Fitzgerald (Ray Milland), jeune critique musical et compositeur. Dans un élan d’enthousiasme, il en fait l’acquisition, pour une somme étonnamment raisonnable. Mais des rumeurs circulent sur d’inexplicables événements ayant conduit au départ précipité des précédents occupants… Peu à peu, un passé sombre refait surface, via de discrètes mais efficaces manifestations surnaturelles. Le film maintient un délicat équilibre entre scènes de comédie et de terreur.
Ici, les fantômes existent (effets spéciaux réussis) et n’apprécient pas que des intrus s’installent dans leur habitat. Il n’y a là ni machination, ni folie. Roderick (clin d’œil à Edgar Poe?) et ses proches vont d’abord vivre en présence des spectres, puis les affronter avec flegme et détermination. Le personnage de Stella Meredith, villageoise connectée avec les revenants, est interprété par la douce et fragile Gail Russell. Dans une scène, elle demande à Milland de faire montre de ses talents de pianiste. Charmé, il accepte. Au bout de quelques mesures, elle l’interrompt, troublée :
« Pourquoi le morceau est-il si triste ? ».
« C’est sorti comme ça. Je l’ai intitulé ‘Stella by Starlight’. Il y a beaucoup de vous dedans », répond-il.
Lyrique, la musique devient soudainement grave et lugubre, au moment-même où le soleil disparaît à l’horizon. On vient d’assister à la naissance du fameux thème, qui coïncide dans le déroulement de l’intrigue avec une première manifestation de l’au-delà.
En 1948, Gail Russell apparut dans un autre film noir à tonalité fantastique, dans lequel elle donnait la réplique à Edward G. Robinson, et dont le thème musical devint là encore un standard de jazz : The Night has a Thousand Eyes. Écrit par Jerry Branin, il fut repris, entre autres, par John Coltrane, Sonny Rollins, Horace Silver, Paul Desmond & Jim Hall.
David Cristol
« The Uninvited/La Falaise Mystérieuse » (Lewis Allen, 1944) en DVD & Blu-ray (Wild Side).|Certains standards de jazz ont des origines inattendues. C’est en effet dans le long-métrage romantique et gothique « La Falaise Mystérieuse », proche cousin du « Rebecca » d’Alfred Hitchcock et filmé dans un noir et blanc envoûtant, qu’apparaît pour la première fois – à l’écran qui plus est – le thème Stella by Starlight.
La sérénade est signée du compositeur Victor Young, alors très actif à Hollywood. Avec ou sans paroles, ajoutées ultérieurement par Ned Washington, d’innombrables musiciens de l’après-guerre à nos jours firent leur miel de cette mélodie : Charlie Parker, Bud Powell, Stan Getz, Miles Davis, Anita O’Day, Tony Bennett, Chet Baker, George Shearing, Robert Glasper…
Sur la côte de Cornouailles se dresse une demeure abandonnée, dont s’éprend Roderick Fitzgerald (Ray Milland), jeune critique musical et compositeur. Dans un élan d’enthousiasme, il en fait l’acquisition, pour une somme étonnamment raisonnable. Mais des rumeurs circulent sur d’inexplicables événements ayant conduit au départ précipité des précédents occupants… Peu à peu, un passé sombre refait surface, via de discrètes mais efficaces manifestations surnaturelles. Le film maintient un délicat équilibre entre scènes de comédie et de terreur.
Ici, les fantômes existent (effets spéciaux réussis) et n’apprécient pas que des intrus s’installent dans leur habitat. Il n’y a là ni machination, ni folie. Roderick (clin d’œil à Edgar Poe?) et ses proches vont d’abord vivre en présence des spectres, puis les affronter avec flegme et détermination. Le personnage de Stella Meredith, villageoise connectée avec les revenants, est interprété par la douce et fragile Gail Russell. Dans une scène, elle demande à Milland de faire montre de ses talents de pianiste. Charmé, il accepte. Au bout de quelques mesures, elle l’interrompt, troublée :
« Pourquoi le morceau est-il si triste ? ».
« C’est sorti comme ça. Je l’ai intitulé ‘Stella by Starlight’. Il y a beaucoup de vous dedans », répond-il.
Lyrique, la musique devient soudainement grave et lugubre, au moment-même où le soleil disparaît à l’horizon. On vient d’assister à la naissance du fameux thème, qui coïncide dans le déroulement de l’intrigue avec une première manifestation de l’au-delà.
En 1948, Gail Russell apparut dans un autre film noir à tonalité fantastique, dans lequel elle donnait la réplique à Edward G. Robinson, et dont le thème musical devint là encore un standard de jazz : The Night has a Thousand Eyes. Écrit par Jerry Branin, il fut repris, entre autres, par John Coltrane, Sonny Rollins, Horace Silver, Paul Desmond & Jim Hall.
David Cristol
« The Uninvited/La Falaise Mystérieuse » (Lewis Allen, 1944) en DVD & Blu-ray (Wild Side).