JazzAscona, 3. Chantons sous la pluie
Entre JazzAscona et les Boutté, une famille de chanteurs et musiciens bien connue à La Nouvelle-Orléans, des liens anciens et solides. Ils remontent aux toutes premières éditions du festival dont Lillian fut la vedette. Surnommée « The Queen of New Orleans », ambassadrice musicale de sa ville natale, distinction qu’elle est la seule à partager avec Louis Armstrong, elle s’est, par la suite, souvent produite ici et en Europe. Non seulement elle, mais son frère John, chanteur et acteur dans la série télévisée Tremé, et sa nièce Tanya qui a hérité d’elle un talent certain. Du reste, tous les membres de la famille, célèbres ou moins connus, ont un rapport direct avec la musique telle qu’on la pratique dans la Cité du Croissant. Un clan emblématique, en quelque sorte.
Or la nouvelle a surpris tout le monde en ce début d’année 2017 : Lillian est désormais atteinte d’une maladie incurable qui la condamne à une vie végétative et va, à brève échéance, la priver de toute autonomie. D’où une mobilisation, à l’initiative de Nicolas Gilliet, directeur artistique du festival, pour lui venir en aide. Elle débouche, le 27 juin, sur un concert réunissant, outre Tanya Boutté (voc), Thomas L’Etienne (ts, cl), Uli Wunner (cl), Denny Ilett (g), Andy Crowdy (b) et Julie Saury (dm).
Rien de plus émouvant que cet hommage. Intitulé « You’ve gotta love Lil ! », il fait une large place aux grands thèmes interprétés, au long de sa carrière, par une vocaliste dont tous, ici, conservent un souvenir vivace. Jamais Thomas L’Etienne n’avait mis une telle ferveur dans son solo de Basin Street Blues. Quant à Julie Saury, benjamine de l’équipe, elle se meut avec aisance dans un répertoire dont son enfance et sa jeunesse ont été nourries, comme en témoigne l’album qu’elle a récemment dédié à son père « For Maxim. A Jazz Love Story » (Black & Blue). Son intervention sur Exactly Like You porte la marque d’un talent que caractérise, outre une maîtrise quasiment métronomique du tempo, la manière de stimuler le soliste par des relances pertinentes. Cet art, hérité des grands batteurs « classiques », elle en est ici la représentante la plus remarquable. Avec, faut-il le préciser, Guillaume Nouaux. Lequel, on le sait, s’illustre au sein de La Section rythmique qui accueille ce même soir à La Cambuse, pour la jam session quotidienne, le violoniste et chanteur George Washingmachine.
Prélude à ces moments intenses, le Fatsolology Sextet – Gianni Cazzola (dm), Sandro Gibellini (g), Alan Farrington (voc), Alfredo Ferrario (cl), Marco Bianchi (vib), Roberto Piccolo (b) – avait exploré le répertoire de Fats Waller avec l’humour qui convient en la matière et une distance qui fait toute l’originalité d’un tel projet. Repeindre à neuf des monuments aussi vénérables que Black and Blue ou Blue Turning Grey Over You n’est assurément pas chose aisée. Si ce sextette y parvient, c’est qu’il ne force jamais le trait et que ses solistes, en particulier Marco Bianchi, se montrent à la hauteur de l’entreprise.
En ce domaine, la palme revient pourtant, sans contexte, a l’ensemble Louis Prima For Ever, pour l’essentiel résurgence de Pink Turtle, lui-même avatar des Gigolos. Le 28, au terme d’une journée perturbée par la pluie et d’incessants orages, Patrick Bacqueville (tb, voc), Michel Bonnet (tp), Claude Braud (ts), Fabien Saussaye (p), Nicolas Peslier (g), Enzo Mucci (b), Stéphane Roger (dm) et Pauline Atlan (voc) mettent, si l’on ose dire, le feu à la scène Elvezia devant laquelle se presse, sous les corolles multicolores des parapluies, un auditoire transi et conquis. Un enthousiasme justifié par la qualité du show qui lui est proposé. Car c’est bien de spectacle qu’il s’agit. D’un enchaînement de gags minutieusement réglés, enchaînés sur un rythme effréné, sous la houlette d’un Patrick Bacqueville à la faconde inépuisable. Un sens du burlesque digne d’Hellzapoppin. Une truculence qui ne saurait occulter le talent musical d’interprètes qui, tous, au-delà d’arrangements peaufinés avec soin, développent en solo un discours où le swing règne en maître. Jubilatoire. Qui donc prétendait que le jazz était, par essence, sérieux et compassé ?
Jacques Aboucaya|Entre JazzAscona et les Boutté, une famille de chanteurs et musiciens bien connue à La Nouvelle-Orléans, des liens anciens et solides. Ils remontent aux toutes premières éditions du festival dont Lillian fut la vedette. Surnommée « The Queen of New Orleans », ambassadrice musicale de sa ville natale, distinction qu’elle est la seule à partager avec Louis Armstrong, elle s’est, par la suite, souvent produite ici et en Europe. Non seulement elle, mais son frère John, chanteur et acteur dans la série télévisée Tremé, et sa nièce Tanya qui a hérité d’elle un talent certain. Du reste, tous les membres de la famille, célèbres ou moins connus, ont un rapport direct avec la musique telle qu’on la pratique dans la Cité du Croissant. Un clan emblématique, en quelque sorte.
Or la nouvelle a surpris tout le monde en ce début d’année 2017 : Lillian est désormais atteinte d’une maladie incurable qui la condamne à une vie végétative et va, à brève échéance, la priver de toute autonomie. D’où une mobilisation, à l’initiative de Nicolas Gilliet, directeur artistique du festival, pour lui venir en aide. Elle débouche, le 27 juin, sur un concert réunissant, outre Tanya Boutté (voc), Thomas L’Etienne (ts, cl), Uli Wunner (cl), Denny Ilett (g), Andy Crowdy (b) et Julie Saury (dm).
Rien de plus émouvant que cet hommage. Intitulé « You’ve gotta love Lil ! », il fait une large place aux grands thèmes interprétés, au long de sa carrière, par une vocaliste dont tous, ici, conservent un souvenir vivace. Jamais Thomas L’Etienne n’avait mis une telle ferveur dans son solo de Basin Street Blues. Quant à Julie Saury, benjamine de l’équipe, elle se meut avec aisance dans un répertoire dont son enfance et sa jeunesse ont été nourries, comme en témoigne l’album qu’elle a récemment dédié à son père « For Maxim. A Jazz Love Story » (Black & Blue). Son intervention sur Exactly Like You porte la marque d’un talent que caractérise, outre une maîtrise quasiment métronomique du tempo, la manière de stimuler le soliste par des relances pertinentes. Cet art, hérité des grands batteurs « classiques », elle en est ici la représentante la plus remarquable. Avec, faut-il le préciser, Guillaume Nouaux. Lequel, on le sait, s’illustre au sein de La Section rythmique qui accueille ce même soir à La Cambuse, pour la jam session quotidienne, le violoniste et chanteur George Washingmachine.
Prélude à ces moments intenses, le Fatsolology Sextet – Gianni Cazzola (dm), Sandro Gibellini (g), Alan Farrington (voc), Alfredo Ferrario (cl), Marco Bianchi (vib), Roberto Piccolo (b) – avait exploré le répertoire de Fats Waller avec l’humour qui convient en la matière et une distance qui fait toute l’originalité d’un tel projet. Repeindre à neuf des monuments aussi vénérables que Black and Blue ou Blue Turning Grey Over You n’est assurément pas chose aisée. Si ce sextette y parvient, c’est qu’il ne force jamais le trait et que ses solistes, en particulier Marco Bianchi, se montrent à la hauteur de l’entreprise.
En ce domaine, la palme revient pourtant, sans contexte, a l’ensemble Louis Prima For Ever, pour l’essentiel résurgence de Pink Turtle, lui-même avatar des Gigolos. Le 28, au terme d’une journée perturbée par la pluie et d’incessants orages, Patrick Bacqueville (tb, voc), Michel Bonnet (tp), Claude Braud (ts), Fabien Saussaye (p), Nicolas Peslier (g), Enzo Mucci (b), Stéphane Roger (dm) et Pauline Atlan (voc) mettent, si l’on ose dire, le feu à la scène Elvezia devant laquelle se presse, sous les corolles multicolores des parapluies, un auditoire transi et conquis. Un enthousiasme justifié par la qualité du show qui lui est proposé. Car c’est bien de spectacle qu’il s’agit. D’un enchaînement de gags minutieusement réglés, enchaînés sur un rythme effréné, sous la houlette d’un Patrick Bacqueville à la faconde inépuisable. Un sens du burlesque digne d’Hellzapoppin. Une truculence qui ne saurait occulter le talent musical d’interprètes qui, tous, au-delà d’arrangements peaufinés avec soin, développent en solo un discours où le swing règne en maître. Jubilatoire. Qui donc prétendait que le jazz était, par essence, sérieux et compassé ?
Jacques Aboucaya|Entre JazzAscona et les Boutté, une famille de chanteurs et musiciens bien connue à La Nouvelle-Orléans, des liens anciens et solides. Ils remontent aux toutes premières éditions du festival dont Lillian fut la vedette. Surnommée « The Queen of New Orleans », ambassadrice musicale de sa ville natale, distinction qu’elle est la seule à partager avec Louis Armstrong, elle s’est, par la suite, souvent produite ici et en Europe. Non seulement elle, mais son frère John, chanteur et acteur dans la série télévisée Tremé, et sa nièce Tanya qui a hérité d’elle un talent certain. Du reste, tous les membres de la famille, célèbres ou moins connus, ont un rapport direct avec la musique telle qu’on la pratique dans la Cité du Croissant. Un clan emblématique, en quelque sorte.
Or la nouvelle a surpris tout le monde en ce début d’année 2017 : Lillian est désormais atteinte d’une maladie incurable qui la condamne à une vie végétative et va, à brève échéance, la priver de toute autonomie. D’où une mobilisation, à l’initiative de Nicolas Gilliet, directeur artistique du festival, pour lui venir en aide. Elle débouche, le 27 juin, sur un concert réunissant, outre Tanya Boutté (voc), Thomas L’Etienne (ts, cl), Uli Wunner (cl), Denny Ilett (g), Andy Crowdy (b) et Julie Saury (dm).
Rien de plus émouvant que cet hommage. Intitulé « You’ve gotta love Lil ! », il fait une large place aux grands thèmes interprétés, au long de sa carrière, par une vocaliste dont tous, ici, conservent un souvenir vivace. Jamais Thomas L’Etienne n’avait mis une telle ferveur dans son solo de Basin Street Blues. Quant à Julie Saury, benjamine de l’équipe, elle se meut avec aisance dans un répertoire dont son enfance et sa jeunesse ont été nourries, comme en témoigne l’album qu’elle a récemment dédié à son père « For Maxim. A Jazz Love Story » (Black & Blue). Son intervention sur Exactly Like You porte la marque d’un talent que caractérise, outre une maîtrise quasiment métronomique du tempo, la manière de stimuler le soliste par des relances pertinentes. Cet art, hérité des grands batteurs « classiques », elle en est ici la représentante la plus remarquable. Avec, faut-il le préciser, Guillaume Nouaux. Lequel, on le sait, s’illustre au sein de La Section rythmique qui accueille ce même soir à La Cambuse, pour la jam session quotidienne, le violoniste et chanteur George Washingmachine.
Prélude à ces moments intenses, le Fatsolology Sextet – Gianni Cazzola (dm), Sandro Gibellini (g), Alan Farrington (voc), Alfredo Ferrario (cl), Marco Bianchi (vib), Roberto Piccolo (b) – avait exploré le répertoire de Fats Waller avec l’humour qui convient en la matière et une distance qui fait toute l’originalité d’un tel projet. Repeindre à neuf des monuments aussi vénérables que Black and Blue ou Blue Turning Grey Over You n’est assurément pas chose aisée. Si ce sextette y parvient, c’est qu’il ne force jamais le trait et que ses solistes, en particulier Marco Bianchi, se montrent à la hauteur de l’entreprise.
En ce domaine, la palme revient pourtant, sans contexte, a l’ensemble Louis Prima For Ever, pour l’essentiel résurgence de Pink Turtle, lui-même avatar des Gigolos. Le 28, au terme d’une journée perturbée par la pluie et d’incessants orages, Patrick Bacqueville (tb, voc), Michel Bonnet (tp), Claude Braud (ts), Fabien Saussaye (p), Nicolas Peslier (g), Enzo Mucci (b), Stéphane Roger (dm) et Pauline Atlan (voc) mettent, si l’on ose dire, le feu à la scène Elvezia devant laquelle se presse, sous les corolles multicolores des parapluies, un auditoire transi et conquis. Un enthousiasme justifié par la qualité du show qui lui est proposé. Car c’est bien de spectacle qu’il s’agit. D’un enchaînement de gags minutieusement réglés, enchaînés sur un rythme effréné, sous la houlette d’un Patrick Bacqueville à la faconde inépuisable. Un sens du burlesque digne d’Hellzapoppin. Une truculence qui ne saurait occulter le talent musical d’interprètes qui, tous, au-delà d’arrangements peaufinés avec soin, développent en solo un discours où le swing règne en maître. Jubilatoire. Qui donc prétendait que le jazz était, par essence, sérieux et compassé ?
Jacques Aboucaya|Entre JazzAscona et les Boutté, une famille de chanteurs et musiciens bien connue à La Nouvelle-Orléans, des liens anciens et solides. Ils remontent aux toutes premières éditions du festival dont Lillian fut la vedette. Surnommée « The Queen of New Orleans », ambassadrice musicale de sa ville natale, distinction qu’elle est la seule à partager avec Louis Armstrong, elle s’est, par la suite, souvent produite ici et en Europe. Non seulement elle, mais son frère John, chanteur et acteur dans la série télévisée Tremé, et sa nièce Tanya qui a hérité d’elle un talent certain. Du reste, tous les membres de la famille, célèbres ou moins connus, ont un rapport direct avec la musique telle qu’on la pratique dans la Cité du Croissant. Un clan emblématique, en quelque sorte.
Or la nouvelle a surpris tout le monde en ce début d’année 2017 : Lillian est désormais atteinte d’une maladie incurable qui la condamne à une vie végétative et va, à brève échéance, la priver de toute autonomie. D’où une mobilisation, à l’initiative de Nicolas Gilliet, directeur artistique du festival, pour lui venir en aide. Elle débouche, le 27 juin, sur un concert réunissant, outre Tanya Boutté (voc), Thomas L’Etienne (ts, cl), Uli Wunner (cl), Denny Ilett (g), Andy Crowdy (b) et Julie Saury (dm).
Rien de plus émouvant que cet hommage. Intitulé « You’ve gotta love Lil ! », il fait une large place aux grands thèmes interprétés, au long de sa carrière, par une vocaliste dont tous, ici, conservent un souvenir vivace. Jamais Thomas L’Etienne n’avait mis une telle ferveur dans son solo de Basin Street Blues. Quant à Julie Saury, benjamine de l’équipe, elle se meut avec aisance dans un répertoire dont son enfance et sa jeunesse ont été nourries, comme en témoigne l’album qu’elle a récemment dédié à son père « For Maxim. A Jazz Love Story » (Black & Blue). Son intervention sur Exactly Like You porte la marque d’un talent que caractérise, outre une maîtrise quasiment métronomique du tempo, la manière de stimuler le soliste par des relances pertinentes. Cet art, hérité des grands batteurs « classiques », elle en est ici la représentante la plus remarquable. Avec, faut-il le préciser, Guillaume Nouaux. Lequel, on le sait, s’illustre au sein de La Section rythmique qui accueille ce même soir à La Cambuse, pour la jam session quotidienne, le violoniste et chanteur George Washingmachine.
Prélude à ces moments intenses, le Fatsolology Sextet – Gianni Cazzola (dm), Sandro Gibellini (g), Alan Farrington (voc), Alfredo Ferrario (cl), Marco Bianchi (vib), Roberto Piccolo (b) – avait exploré le répertoire de Fats Waller avec l’humour qui convient en la matière et une distance qui fait toute l’originalité d’un tel projet. Repeindre à neuf des monuments aussi vénérables que Black and Blue ou Blue Turning Grey Over You n’est assurément pas chose aisée. Si ce sextette y parvient, c’est qu’il ne force jamais le trait et que ses solistes, en particulier Marco Bianchi, se montrent à la hauteur de l’entreprise.
En ce domaine, la palme revient pourtant, sans contexte, a l’ensemble Louis Prima For Ever, pour l’essentiel résurgence de Pink Turtle, lui-même avatar des Gigolos. Le 28, au terme d’une journée perturbée par la pluie et d’incessants orages, Patrick Bacqueville (tb, voc), Michel Bonnet (tp), Claude Braud (ts), Fabien Saussaye (p), Nicolas Peslier (g), Enzo Mucci (b), Stéphane Roger (dm) et Pauline Atlan (voc) mettent, si l’on ose dire, le feu à la scène Elvezia devant laquelle se presse, sous les corolles multicolores des parapluies, un auditoire transi et conquis. Un enthousiasme justifié par la qualité du show qui lui est proposé. Car c’est bien de spectacle qu’il s’agit. D’un enchaînement de gags minutieusement réglés, enchaînés sur un rythme effréné, sous la houlette d’un Patrick Bacqueville à la faconde inépuisable. Un sens du burlesque digne d’Hellzapoppin. Une truculence qui ne saurait occulter le talent musical d’interprètes qui, tous, au-delà d’arrangements peaufinés avec soin, développent en solo un discours où le swing règne en maître. Jubilatoire. Qui donc prétendait que le jazz était, par essence, sérieux et compassé ?
Jacques Aboucaya