Festival International de Jazz de Montréal 38e édition (2)
Dans le cadre de cartes blanches offertes à une sélection d’artistes (cette année The Bad Plus, John Pizzarelli et Ravi Coltrane), le trio créé en l’an 2000 invite un guitariste de leurs amis, Kurt Rosenwinkel.
The Bad Plus avec Kurt Rosenwinkel (Gesu, centre de créativité)
Ethan Iverson (p), Kurt Rosenwinkel (elg), Reid Anderson (b), Dave King (dm)
Il était temps de pallier une lacune : je n’avais jamais vu le trio sur scène. Ethan Iverson ayant décidé de suivre son propre chemin à compter du 1er janvier 2018, c’était aussi l’une des dernières occasions d’assister au line-up original. The Bad Plus continuera cependant d’exister, avec Orrin Evans. A la retenue initiale succèdent de véritables décollages, fruits d’un équilibre constamment maintenu entre les personnalités du trio. Si le batteur se fait remarquer par le côté atypique et visuel de son jeu, les compositions (Love is the Answer, Big Eater, Dirty Blonde…) sont majoritairement de la plume du contrebassiste, qui assume également les prises de parole. Iverson défend, en ayant l’air de ne pas y toucher, un jeu décalé, inventif et provocateur, quelque chose au croisement du swing et de l’anti-swing. Mais le pianiste se fait presque discret, comme anticipant son départ annoncé. Quant à l’invité du jour, succédant à Rudresh Mahanthappa la veille, il s’intègre au groupe comme s’il en faisait partie depuis toujours, et apporte l’une de ses partitions, Use of Light, qui constitue le clou du concert. Et fait un tabac auprès d’un public acquis à la cause mais également de visiteurs occasionnels du jazz.
Christian McBride & Tip City (Monument National)
Christian McBride (b), Dan Wilson (elg), Emmet Cohen (p)
Dans le théâtre tout de rouge vêtu, le bassiste présente un trio tel qu’il les affectionne, c’est-à-dire traditionnel en diable. Le guitariste Dan Wilson était présent à la même place et dans la même salle l’an passé, au sein du trio de Joey DeFrancesco. Au programme, SKJ de Milt Jackson, I’m afraid the Masquerade is over et autres standards 24 carats. Vélocité, instinct, technique, et les trois compères sont habités par la musique. Mais on voudrait desserrer ces cravates. Recorda me de Joe Henderson, avec son inspiration latine, fait entrer un peu d’air frais, comme disait George Orwell. De fait, la palette va s’élargir au fil du concert, d’une balade enamourée à la reprise d’une chanson à succès dont le titre m’échappe – elle est d’une telle évidence que le leader en laisse deviner l’origine au public. McBride se fend de glissandi incroyables, et la projection de sa sonorité est phénoménale. Mais on touche-là aux limites de cette esthétique, car une fois la perfection formelle atteinte, où aller ? D’une voix chaleureuse, le bassiste se remémore ses débuts à Montréal, où il entreprit un solo d’une durée excessive de 90 mn dont il eut bien du mal à venir à bout. Entre deux titres, un court intermède funky cite James Brown (« on ne peut pas s’en empêcher »), et, pour qui connait les compétences en la matière de McBride et Wilson, on peut regretter que ce terrain ne fût pas davantage foulé.
Mark Guiliana Jazz Quartet (Gesu, centre de créativité)
Mark Guiliana (dm), Jason Rigby (ts), Fabian Almazan (p), Chris Morrissey (b)
Dans la série « Jazz dans la nuit », bien nommée tant la salle est plongée dans une obscurité totale rendant toute prise de notes impossible à moins d’être un chat, le batteur dans le vent présente un répertoire tout neuf, dont le versant studio est fixé sur un album à paraître en septembre. J’en retiens surtout le jeu souple du saxophoniste Jason Rigby, récemment signataire du délectable “One” (Fresh Sound New Talent, 2017), ainsi qu’une reprise épique de Where are we now de David Bowie, qui commence en douceur pour s’achever en feu d’artifice. Le quartette acoustique revendique des influences du côté de groupes précurseurs de la transversalité tels que The Bad Plus : Guiliana dit sa joie d’avoir assisté au concert qui le précédait sur la même scène, et décrit Dave King comme l’un de ses héros. Son propre jeu n’est pas moins intrigant, mais je suis quelque peu désarçonné par la liesse générale. Il se peut que quelque chose m’ait échappé, car si j’ai passé un bon moment, il m’est difficile de voir là « l’avenir du jazz », ainsi que certains le prédisent. L’avenir, justement, nous le dira.
David Cristol
Photos : Benoît Rousseau, Victor Diaz Lamich|Dans le cadre de cartes blanches offertes à une sélection d’artistes (cette année The Bad Plus, John Pizzarelli et Ravi Coltrane), le trio créé en l’an 2000 invite un guitariste de leurs amis, Kurt Rosenwinkel.
The Bad Plus avec Kurt Rosenwinkel (Gesu, centre de créativité)
Ethan Iverson (p), Kurt Rosenwinkel (elg), Reid Anderson (b), Dave King (dm)
Il était temps de pallier une lacune : je n’avais jamais vu le trio sur scène. Ethan Iverson ayant décidé de suivre son propre chemin à compter du 1er janvier 2018, c’était aussi l’une des dernières occasions d’assister au line-up original. The Bad Plus continuera cependant d’exister, avec Orrin Evans. A la retenue initiale succèdent de véritables décollages, fruits d’un équilibre constamment maintenu entre les personnalités du trio. Si le batteur se fait remarquer par le côté atypique et visuel de son jeu, les compositions (Love is the Answer, Big Eater, Dirty Blonde…) sont majoritairement de la plume du contrebassiste, qui assume également les prises de parole. Iverson défend, en ayant l’air de ne pas y toucher, un jeu décalé, inventif et provocateur, quelque chose au croisement du swing et de l’anti-swing. Mais le pianiste se fait presque discret, comme anticipant son départ annoncé. Quant à l’invité du jour, succédant à Rudresh Mahanthappa la veille, il s’intègre au groupe comme s’il en faisait partie depuis toujours, et apporte l’une de ses partitions, Use of Light, qui constitue le clou du concert. Et fait un tabac auprès d’un public acquis à la cause mais également de visiteurs occasionnels du jazz.
Christian McBride & Tip City (Monument National)
Christian McBride (b), Dan Wilson (elg), Emmet Cohen (p)
Dans le théâtre tout de rouge vêtu, le bassiste présente un trio tel qu’il les affectionne, c’est-à-dire traditionnel en diable. Le guitariste Dan Wilson était présent à la même place et dans la même salle l’an passé, au sein du trio de Joey DeFrancesco. Au programme, SKJ de Milt Jackson, I’m afraid the Masquerade is over et autres standards 24 carats. Vélocité, instinct, technique, et les trois compères sont habités par la musique. Mais on voudrait desserrer ces cravates. Recorda me de Joe Henderson, avec son inspiration latine, fait entrer un peu d’air frais, comme disait George Orwell. De fait, la palette va s’élargir au fil du concert, d’une balade enamourée à la reprise d’une chanson à succès dont le titre m’échappe – elle est d’une telle évidence que le leader en laisse deviner l’origine au public. McBride se fend de glissandi incroyables, et la projection de sa sonorité est phénoménale. Mais on touche-là aux limites de cette esthétique, car une fois la perfection formelle atteinte, où aller ? D’une voix chaleureuse, le bassiste se remémore ses débuts à Montréal, où il entreprit un solo d’une durée excessive de 90 mn dont il eut bien du mal à venir à bout. Entre deux titres, un court intermède funky cite James Brown (« on ne peut pas s’en empêcher »), et, pour qui connait les compétences en la matière de McBride et Wilson, on peut regretter que ce terrain ne fût pas davantage foulé.
Mark Guiliana Jazz Quartet (Gesu, centre de créativité)
Mark Guiliana (dm), Jason Rigby (ts), Fabian Almazan (p), Chris Morrissey (b)
Dans la série « Jazz dans la nuit », bien nommée tant la salle est plongée dans une obscurité totale rendant toute prise de notes impossible à moins d’être un chat, le batteur dans le vent présente un répertoire tout neuf, dont le versant studio est fixé sur un album à paraître en septembre. J’en retiens surtout le jeu souple du saxophoniste Jason Rigby, récemment signataire du délectable “One” (Fresh Sound New Talent, 2017), ainsi qu’une reprise épique de Where are we now de David Bowie, qui commence en douceur pour s’achever en feu d’artifice. Le quartette acoustique revendique des influences du côté de groupes précurseurs de la transversalité tels que The Bad Plus : Guiliana dit sa joie d’avoir assisté au concert qui le précédait sur la même scène, et décrit Dave King comme l’un de ses héros. Son propre jeu n’est pas moins intrigant, mais je suis quelque peu désarçonné par la liesse générale. Il se peut que quelque chose m’ait échappé, car si j’ai passé un bon moment, il m’est difficile de voir là « l’avenir du jazz », ainsi que certains le prédisent. L’avenir, justement, nous le dira.
David Cristol
Photos : Benoît Rousseau, Victor Diaz Lamich|Dans le cadre de cartes blanches offertes à une sélection d’artistes (cette année The Bad Plus, John Pizzarelli et Ravi Coltrane), le trio créé en l’an 2000 invite un guitariste de leurs amis, Kurt Rosenwinkel.
The Bad Plus avec Kurt Rosenwinkel (Gesu, centre de créativité)
Ethan Iverson (p), Kurt Rosenwinkel (elg), Reid Anderson (b), Dave King (dm)
Il était temps de pallier une lacune : je n’avais jamais vu le trio sur scène. Ethan Iverson ayant décidé de suivre son propre chemin à compter du 1er janvier 2018, c’était aussi l’une des dernières occasions d’assister au line-up original. The Bad Plus continuera cependant d’exister, avec Orrin Evans. A la retenue initiale succèdent de véritables décollages, fruits d’un équilibre constamment maintenu entre les personnalités du trio. Si le batteur se fait remarquer par le côté atypique et visuel de son jeu, les compositions (Love is the Answer, Big Eater, Dirty Blonde…) sont majoritairement de la plume du contrebassiste, qui assume également les prises de parole. Iverson défend, en ayant l’air de ne pas y toucher, un jeu décalé, inventif et provocateur, quelque chose au croisement du swing et de l’anti-swing. Mais le pianiste se fait presque discret, comme anticipant son départ annoncé. Quant à l’invité du jour, succédant à Rudresh Mahanthappa la veille, il s’intègre au groupe comme s’il en faisait partie depuis toujours, et apporte l’une de ses partitions, Use of Light, qui constitue le clou du concert. Et fait un tabac auprès d’un public acquis à la cause mais également de visiteurs occasionnels du jazz.
Christian McBride & Tip City (Monument National)
Christian McBride (b), Dan Wilson (elg), Emmet Cohen (p)
Dans le théâtre tout de rouge vêtu, le bassiste présente un trio tel qu’il les affectionne, c’est-à-dire traditionnel en diable. Le guitariste Dan Wilson était présent à la même place et dans la même salle l’an passé, au sein du trio de Joey DeFrancesco. Au programme, SKJ de Milt Jackson, I’m afraid the Masquerade is over et autres standards 24 carats. Vélocité, instinct, technique, et les trois compères sont habités par la musique. Mais on voudrait desserrer ces cravates. Recorda me de Joe Henderson, avec son inspiration latine, fait entrer un peu d’air frais, comme disait George Orwell. De fait, la palette va s’élargir au fil du concert, d’une balade enamourée à la reprise d’une chanson à succès dont le titre m’échappe – elle est d’une telle évidence que le leader en laisse deviner l’origine au public. McBride se fend de glissandi incroyables, et la projection de sa sonorité est phénoménale. Mais on touche-là aux limites de cette esthétique, car une fois la perfection formelle atteinte, où aller ? D’une voix chaleureuse, le bassiste se remémore ses débuts à Montréal, où il entreprit un solo d’une durée excessive de 90 mn dont il eut bien du mal à venir à bout. Entre deux titres, un court intermède funky cite James Brown (« on ne peut pas s’en empêcher »), et, pour qui connait les compétences en la matière de McBride et Wilson, on peut regretter que ce terrain ne fût pas davantage foulé.
Mark Guiliana Jazz Quartet (Gesu, centre de créativité)
Mark Guiliana (dm), Jason Rigby (ts), Fabian Almazan (p), Chris Morrissey (b)
Dans la série « Jazz dans la nuit », bien nommée tant la salle est plongée dans une obscurité totale rendant toute prise de notes impossible à moins d’être un chat, le batteur dans le vent présente un répertoire tout neuf, dont le versant studio est fixé sur un album à paraître en septembre. J’en retiens surtout le jeu souple du saxophoniste Jason Rigby, récemment signataire du délectable “One” (Fresh Sound New Talent, 2017), ainsi qu’une reprise épique de Where are we now de David Bowie, qui commence en douceur pour s’achever en feu d’artifice. Le quartette acoustique revendique des influences du côté de groupes précurseurs de la transversalité tels que The Bad Plus : Guiliana dit sa joie d’avoir assisté au concert qui le précédait sur la même scène, et décrit Dave King comme l’un de ses héros. Son propre jeu n’est pas moins intrigant, mais je suis quelque peu désarçonné par la liesse générale. Il se peut que quelque chose m’ait échappé, car si j’ai passé un bon moment, il m’est difficile de voir là « l’avenir du jazz », ainsi que certains le prédisent. L’avenir, justement, nous le dira.
David Cristol
Photos : Benoît Rousseau, Victor Diaz Lamich|Dans le cadre de cartes blanches offertes à une sélection d’artistes (cette année The Bad Plus, John Pizzarelli et Ravi Coltrane), le trio créé en l’an 2000 invite un guitariste de leurs amis, Kurt Rosenwinkel.
The Bad Plus avec Kurt Rosenwinkel (Gesu, centre de créativité)
Ethan Iverson (p), Kurt Rosenwinkel (elg), Reid Anderson (b), Dave King (dm)
Il était temps de pallier une lacune : je n’avais jamais vu le trio sur scène. Ethan Iverson ayant décidé de suivre son propre chemin à compter du 1er janvier 2018, c’était aussi l’une des dernières occasions d’assister au line-up original. The Bad Plus continuera cependant d’exister, avec Orrin Evans. A la retenue initiale succèdent de véritables décollages, fruits d’un équilibre constamment maintenu entre les personnalités du trio. Si le batteur se fait remarquer par le côté atypique et visuel de son jeu, les compositions (Love is the Answer, Big Eater, Dirty Blonde…) sont majoritairement de la plume du contrebassiste, qui assume également les prises de parole. Iverson défend, en ayant l’air de ne pas y toucher, un jeu décalé, inventif et provocateur, quelque chose au croisement du swing et de l’anti-swing. Mais le pianiste se fait presque discret, comme anticipant son départ annoncé. Quant à l’invité du jour, succédant à Rudresh Mahanthappa la veille, il s’intègre au groupe comme s’il en faisait partie depuis toujours, et apporte l’une de ses partitions, Use of Light, qui constitue le clou du concert. Et fait un tabac auprès d’un public acquis à la cause mais également de visiteurs occasionnels du jazz.
Christian McBride & Tip City (Monument National)
Christian McBride (b), Dan Wilson (elg), Emmet Cohen (p)
Dans le théâtre tout de rouge vêtu, le bassiste présente un trio tel qu’il les affectionne, c’est-à-dire traditionnel en diable. Le guitariste Dan Wilson était présent à la même place et dans la même salle l’an passé, au sein du trio de Joey DeFrancesco. Au programme, SKJ de Milt Jackson, I’m afraid the Masquerade is over et autres standards 24 carats. Vélocité, instinct, technique, et les trois compères sont habités par la musique. Mais on voudrait desserrer ces cravates. Recorda me de Joe Henderson, avec son inspiration latine, fait entrer un peu d’air frais, comme disait George Orwell. De fait, la palette va s’élargir au fil du concert, d’une balade enamourée à la reprise d’une chanson à succès dont le titre m’échappe – elle est d’une telle évidence que le leader en laisse deviner l’origine au public. McBride se fend de glissandi incroyables, et la projection de sa sonorité est phénoménale. Mais on touche-là aux limites de cette esthétique, car une fois la perfection formelle atteinte, où aller ? D’une voix chaleureuse, le bassiste se remémore ses débuts à Montréal, où il entreprit un solo d’une durée excessive de 90 mn dont il eut bien du mal à venir à bout. Entre deux titres, un court intermède funky cite James Brown (« on ne peut pas s’en empêcher »), et, pour qui connait les compétences en la matière de McBride et Wilson, on peut regretter que ce terrain ne fût pas davantage foulé.
Mark Guiliana Jazz Quartet (Gesu, centre de créativité)
Mark Guiliana (dm), Jason Rigby (ts), Fabian Almazan (p), Chris Morrissey (b)
Dans la série « Jazz dans la nuit », bien nommée tant la salle est plongée dans une obscurité totale rendant toute prise de notes impossible à moins d’être un chat, le batteur dans le vent présente un répertoire tout neuf, dont le versant studio est fixé sur un album à paraître en septembre. J’en retiens surtout le jeu souple du saxophoniste Jason Rigby, récemment signataire du délectable “One” (Fresh Sound New Talent, 2017), ainsi qu’une reprise épique de Where are we now de David Bowie, qui commence en douceur pour s’achever en feu d’artifice. Le quartette acoustique revendique des influences du côté de groupes précurseurs de la transversalité tels que The Bad Plus : Guiliana dit sa joie d’avoir assisté au concert qui le précédait sur la même scène, et décrit Dave King comme l’un de ses héros. Son propre jeu n’est pas moins intrigant, mais je suis quelque peu désarçonné par la liesse générale. Il se peut que quelque chose m’ait échappé, car si j’ai passé un bon moment, il m’est difficile de voir là « l’avenir du jazz », ainsi que certains le prédisent. L’avenir, justement, nous le dira.
David Cristol
Photos : Benoît Rousseau, Victor Diaz Lamich