Vague de Jazz, l’écume des jours, I
Vague de Jazz 2017, c’est parti. En ouverture de cette quinzième édition, le Quatuor Machaut et Synaesthetic Trip.
Naguère, selon les poètes toulousains, la pluie faisait des claquettes. Hier soir, aux “Sables”, comme on dit en pays vendéen, elle faisait des siennes et quelques nuages en ont pleuré. Du coup, le traditionnel concert en plein air du Jardin du Tribunal, théâtre de tant d’émois musicaux depuis 2003, fut délocalisé à l’Auditorium Saint-Michel, où nous pénétrâmes hélas avec un peu de retard, la faute à un dîner en sextette avec un Quatuor (lire plus bas) qui dura plus que de raison…
Pour autant, arriver en tous sens au beau milieu d’un concert de Synaesthetic Trip n’a rien de déstabilisant. Au contraire : on est d’emblée comme chez soi, en famille presque, saisi par un son de groupe d’une étonnante lisibilité. Il y a de la rigueur graphique dans cette musique, ce qui n’exclue pas certaine souplesse, un swing serein et convulsif à la fois incarné par des musiciens dont on ne se lassera sans doute jamais de louer les qualités. Celles du leader au premier chef, Edward Perraud, dont les baguettes toujours un peu folles jouent à cache-cache avec les codes (trop) bien établis sans perdre de vue la grande histoire de l’instrument. Il y a du Paul Motian chez cet homme au regard doux et lunaire, quelque chose d’animal – va pour un félin – dans sa façon d’être toujours aux aguets. Coupsde pattes, coups de griffes ? Non, relances inattendues, brisures subtiles, ding ! de cymbale millimétrés, tempi fiévreux et allégresse. A ses côtés, Daniel Erdmann au saxophone (invité dans le précédent disque, “Beyond The Predictable Touch”, membre régulier désormais) Bart Maris à la trompette (et aux effets), Arnaud Cuisinier à la contrebasse et Benoît Delbecq au piano, qu’on aime tant retrouver dans ce contexte, “à nu”, en soliste d’expérience capable de signer des improvisations maintes fois saluées par les grands anciens (feu Paul Bley) et suscitant l’admiration des jeunes qui montent (Colin Vallon).
En aparté, après le concert, Edward Perraud, juste avant de s’envoler vers le Portugal pour un concert avec le Supersonic de Thomas de Pourquery, nous soufflait qu’il était actuellement en train de travailler pour Label Bleu à un disque en trio avec Paul Lay (piano) et Bruno Chevillon (contrebasse). Quelle bonne nouvelle.
Quelques heures plus tôt, en fin d’après-midi, le Quatuor Machaut a distillé les sons façon puzzle au Musée de l’Abbaye. Pour mieux questionner nos sens et pour interpréter, réinventer, resonger et subtilement contourner, voire oublier même, parfois, l’antique Messe de Notre Dame (1360, environ) de Guillaume de Machaut, Quentin Biardeau, Gabriel Lemaire, Francis Lecointe et Simon Couratier (saxophones alto, ténor et baryton) spatialisent avec maestria leur musique. Le lieu vaste et lumineux s’y prêtait, et les lauréats de Jazz Migration 2017 ne se privèrent pas de se déployer plein champs et hors chant, jonglant selon leurs dispositions pré-établies (un souffleur aux quatre poins cardinaux, des groupes de deux, en rang d’oignon face au public, comme en mêlée au milieu de la salle, etc.) avec tous les spectres sonores, et leur impact sur le public.
Ainsi, en mode 100 % acoustique, passèrent-ils d’effets stéréo à de saisissants effets de quadriphonie, s’autorisant même un retour au son mono, compact, d’une étonnante puissance (notamment quand ils étaient au milieu de la salle). En jouant avec l’espace et le temps (faire revivre une œuvre de plus de six siècle a quelque chose d’étourdissant), ensemble mais pas systématiquement ensemble (on les cherche plus d’une fois du regard et eux-même, peut-être, s’entendent autrement quand ils ne se voient plus), leur quatuor sonne comme bien peu d’autres avant eux. Klaxon géant polyphonique et protéiforme, sirène de bateau fantôme dans la brume, Hot Four immémorial, chœur (é)mouvant de cuivres brouillant les pistes entre musique contemporaine, musique ancienne et free jazz, le Quatuor Machaut nous a transporté. [Prochain concert du quatuor Machaut le 29 juillet à Poitiers. À lire, dans le nouveau Jazz Magazine, le portrait de Quentin Biardeau par Katia Touré. À écouter, “Quatuor Machaut”, le CD, sur Ayler Records.] •
> Ce soir, Le Grand Orchestre du Tricot jouera son Tribute To Lucienne Boyer au Jardin du Tribunal. Parlez-moi d’amour, et ne manquez surtout pas ça.|Vague de Jazz 2017, c’est parti. En ouverture de cette quinzième édition, le Quatuor Machaut et Synaesthetic Trip.
Naguère, selon les poètes toulousains, la pluie faisait des claquettes. Hier soir, aux “Sables”, comme on dit en pays vendéen, elle faisait des siennes et quelques nuages en ont pleuré. Du coup, le traditionnel concert en plein air du Jardin du Tribunal, théâtre de tant d’émois musicaux depuis 2003, fut délocalisé à l’Auditorium Saint-Michel, où nous pénétrâmes hélas avec un peu de retard, la faute à un dîner en sextette avec un Quatuor (lire plus bas) qui dura plus que de raison…
Pour autant, arriver en tous sens au beau milieu d’un concert de Synaesthetic Trip n’a rien de déstabilisant. Au contraire : on est d’emblée comme chez soi, en famille presque, saisi par un son de groupe d’une étonnante lisibilité. Il y a de la rigueur graphique dans cette musique, ce qui n’exclue pas certaine souplesse, un swing serein et convulsif à la fois incarné par des musiciens dont on ne se lassera sans doute jamais de louer les qualités. Celles du leader au premier chef, Edward Perraud, dont les baguettes toujours un peu folles jouent à cache-cache avec les codes (trop) bien établis sans perdre de vue la grande histoire de l’instrument. Il y a du Paul Motian chez cet homme au regard doux et lunaire, quelque chose d’animal – va pour un félin – dans sa façon d’être toujours aux aguets. Coupsde pattes, coups de griffes ? Non, relances inattendues, brisures subtiles, ding ! de cymbale millimétrés, tempi fiévreux et allégresse. A ses côtés, Daniel Erdmann au saxophone (invité dans le précédent disque, “Beyond The Predictable Touch”, membre régulier désormais) Bart Maris à la trompette (et aux effets), Arnaud Cuisinier à la contrebasse et Benoît Delbecq au piano, qu’on aime tant retrouver dans ce contexte, “à nu”, en soliste d’expérience capable de signer des improvisations maintes fois saluées par les grands anciens (feu Paul Bley) et suscitant l’admiration des jeunes qui montent (Colin Vallon).
En aparté, après le concert, Edward Perraud, juste avant de s’envoler vers le Portugal pour un concert avec le Supersonic de Thomas de Pourquery, nous soufflait qu’il était actuellement en train de travailler pour Label Bleu à un disque en trio avec Paul Lay (piano) et Bruno Chevillon (contrebasse). Quelle bonne nouvelle.
Quelques heures plus tôt, en fin d’après-midi, le Quatuor Machaut a distillé les sons façon puzzle au Musée de l’Abbaye. Pour mieux questionner nos sens et pour interpréter, réinventer, resonger et subtilement contourner, voire oublier même, parfois, l’antique Messe de Notre Dame (1360, environ) de Guillaume de Machaut, Quentin Biardeau, Gabriel Lemaire, Francis Lecointe et Simon Couratier (saxophones alto, ténor et baryton) spatialisent avec maestria leur musique. Le lieu vaste et lumineux s’y prêtait, et les lauréats de Jazz Migration 2017 ne se privèrent pas de se déployer plein champs et hors chant, jonglant selon leurs dispositions pré-établies (un souffleur aux quatre poins cardinaux, des groupes de deux, en rang d’oignon face au public, comme en mêlée au milieu de la salle, etc.) avec tous les spectres sonores, et leur impact sur le public.
Ainsi, en mode 100 % acoustique, passèrent-ils d’effets stéréo à de saisissants effets de quadriphonie, s’autorisant même un retour au son mono, compact, d’une étonnante puissance (notamment quand ils étaient au milieu de la salle). En jouant avec l’espace et le temps (faire revivre une œuvre de plus de six siècle a quelque chose d’étourdissant), ensemble mais pas systématiquement ensemble (on les cherche plus d’une fois du regard et eux-même, peut-être, s’entendent autrement quand ils ne se voient plus), leur quatuor sonne comme bien peu d’autres avant eux. Klaxon géant polyphonique et protéiforme, sirène de bateau fantôme dans la brume, Hot Four immémorial, chœur (é)mouvant de cuivres brouillant les pistes entre musique contemporaine, musique ancienne et free jazz, le Quatuor Machaut nous a transporté. [Prochain concert du quatuor Machaut le 29 juillet à Poitiers. À lire, dans le nouveau Jazz Magazine, le portrait de Quentin Biardeau par Katia Touré. À écouter, “Quatuor Machaut”, le CD, sur Ayler Records.] •
> Ce soir, Le Grand Orchestre du Tricot jouera son Tribute To Lucienne Boyer au Jardin du Tribunal. Parlez-moi d’amour, et ne manquez surtout pas ça.|Vague de Jazz 2017, c’est parti. En ouverture de cette quinzième édition, le Quatuor Machaut et Synaesthetic Trip.
Naguère, selon les poètes toulousains, la pluie faisait des claquettes. Hier soir, aux “Sables”, comme on dit en pays vendéen, elle faisait des siennes et quelques nuages en ont pleuré. Du coup, le traditionnel concert en plein air du Jardin du Tribunal, théâtre de tant d’émois musicaux depuis 2003, fut délocalisé à l’Auditorium Saint-Michel, où nous pénétrâmes hélas avec un peu de retard, la faute à un dîner en sextette avec un Quatuor (lire plus bas) qui dura plus que de raison…
Pour autant, arriver en tous sens au beau milieu d’un concert de Synaesthetic Trip n’a rien de déstabilisant. Au contraire : on est d’emblée comme chez soi, en famille presque, saisi par un son de groupe d’une étonnante lisibilité. Il y a de la rigueur graphique dans cette musique, ce qui n’exclue pas certaine souplesse, un swing serein et convulsif à la fois incarné par des musiciens dont on ne se lassera sans doute jamais de louer les qualités. Celles du leader au premier chef, Edward Perraud, dont les baguettes toujours un peu folles jouent à cache-cache avec les codes (trop) bien établis sans perdre de vue la grande histoire de l’instrument. Il y a du Paul Motian chez cet homme au regard doux et lunaire, quelque chose d’animal – va pour un félin – dans sa façon d’être toujours aux aguets. Coupsde pattes, coups de griffes ? Non, relances inattendues, brisures subtiles, ding ! de cymbale millimétrés, tempi fiévreux et allégresse. A ses côtés, Daniel Erdmann au saxophone (invité dans le précédent disque, “Beyond The Predictable Touch”, membre régulier désormais) Bart Maris à la trompette (et aux effets), Arnaud Cuisinier à la contrebasse et Benoît Delbecq au piano, qu’on aime tant retrouver dans ce contexte, “à nu”, en soliste d’expérience capable de signer des improvisations maintes fois saluées par les grands anciens (feu Paul Bley) et suscitant l’admiration des jeunes qui montent (Colin Vallon).
En aparté, après le concert, Edward Perraud, juste avant de s’envoler vers le Portugal pour un concert avec le Supersonic de Thomas de Pourquery, nous soufflait qu’il était actuellement en train de travailler pour Label Bleu à un disque en trio avec Paul Lay (piano) et Bruno Chevillon (contrebasse). Quelle bonne nouvelle.
Quelques heures plus tôt, en fin d’après-midi, le Quatuor Machaut a distillé les sons façon puzzle au Musée de l’Abbaye. Pour mieux questionner nos sens et pour interpréter, réinventer, resonger et subtilement contourner, voire oublier même, parfois, l’antique Messe de Notre Dame (1360, environ) de Guillaume de Machaut, Quentin Biardeau, Gabriel Lemaire, Francis Lecointe et Simon Couratier (saxophones alto, ténor et baryton) spatialisent avec maestria leur musique. Le lieu vaste et lumineux s’y prêtait, et les lauréats de Jazz Migration 2017 ne se privèrent pas de se déployer plein champs et hors chant, jonglant selon leurs dispositions pré-établies (un souffleur aux quatre poins cardinaux, des groupes de deux, en rang d’oignon face au public, comme en mêlée au milieu de la salle, etc.) avec tous les spectres sonores, et leur impact sur le public.
Ainsi, en mode 100 % acoustique, passèrent-ils d’effets stéréo à de saisissants effets de quadriphonie, s’autorisant même un retour au son mono, compact, d’une étonnante puissance (notamment quand ils étaient au milieu de la salle). En jouant avec l’espace et le temps (faire revivre une œuvre de plus de six siècle a quelque chose d’étourdissant), ensemble mais pas systématiquement ensemble (on les cherche plus d’une fois du regard et eux-même, peut-être, s’entendent autrement quand ils ne se voient plus), leur quatuor sonne comme bien peu d’autres avant eux. Klaxon géant polyphonique et protéiforme, sirène de bateau fantôme dans la brume, Hot Four immémorial, chœur (é)mouvant de cuivres brouillant les pistes entre musique contemporaine, musique ancienne et free jazz, le Quatuor Machaut nous a transporté. [Prochain concert du quatuor Machaut le 29 juillet à Poitiers. À lire, dans le nouveau Jazz Magazine, le portrait de Quentin Biardeau par Katia Touré. À écouter, “Quatuor Machaut”, le CD, sur Ayler Records.] •
> Ce soir, Le Grand Orchestre du Tricot jouera son Tribute To Lucienne Boyer au Jardin du Tribunal. Parlez-moi d’amour, et ne manquez surtout pas ça.|Vague de Jazz 2017, c’est parti. En ouverture de cette quinzième édition, le Quatuor Machaut et Synaesthetic Trip.
Naguère, selon les poètes toulousains, la pluie faisait des claquettes. Hier soir, aux “Sables”, comme on dit en pays vendéen, elle faisait des siennes et quelques nuages en ont pleuré. Du coup, le traditionnel concert en plein air du Jardin du Tribunal, théâtre de tant d’émois musicaux depuis 2003, fut délocalisé à l’Auditorium Saint-Michel, où nous pénétrâmes hélas avec un peu de retard, la faute à un dîner en sextette avec un Quatuor (lire plus bas) qui dura plus que de raison…
Pour autant, arriver en tous sens au beau milieu d’un concert de Synaesthetic Trip n’a rien de déstabilisant. Au contraire : on est d’emblée comme chez soi, en famille presque, saisi par un son de groupe d’une étonnante lisibilité. Il y a de la rigueur graphique dans cette musique, ce qui n’exclue pas certaine souplesse, un swing serein et convulsif à la fois incarné par des musiciens dont on ne se lassera sans doute jamais de louer les qualités. Celles du leader au premier chef, Edward Perraud, dont les baguettes toujours un peu folles jouent à cache-cache avec les codes (trop) bien établis sans perdre de vue la grande histoire de l’instrument. Il y a du Paul Motian chez cet homme au regard doux et lunaire, quelque chose d’animal – va pour un félin – dans sa façon d’être toujours aux aguets. Coupsde pattes, coups de griffes ? Non, relances inattendues, brisures subtiles, ding ! de cymbale millimétrés, tempi fiévreux et allégresse. A ses côtés, Daniel Erdmann au saxophone (invité dans le précédent disque, “Beyond The Predictable Touch”, membre régulier désormais) Bart Maris à la trompette (et aux effets), Arnaud Cuisinier à la contrebasse et Benoît Delbecq au piano, qu’on aime tant retrouver dans ce contexte, “à nu”, en soliste d’expérience capable de signer des improvisations maintes fois saluées par les grands anciens (feu Paul Bley) et suscitant l’admiration des jeunes qui montent (Colin Vallon).
En aparté, après le concert, Edward Perraud, juste avant de s’envoler vers le Portugal pour un concert avec le Supersonic de Thomas de Pourquery, nous soufflait qu’il était actuellement en train de travailler pour Label Bleu à un disque en trio avec Paul Lay (piano) et Bruno Chevillon (contrebasse). Quelle bonne nouvelle.
Quelques heures plus tôt, en fin d’après-midi, le Quatuor Machaut a distillé les sons façon puzzle au Musée de l’Abbaye. Pour mieux questionner nos sens et pour interpréter, réinventer, resonger et subtilement contourner, voire oublier même, parfois, l’antique Messe de Notre Dame (1360, environ) de Guillaume de Machaut, Quentin Biardeau, Gabriel Lemaire, Francis Lecointe et Simon Couratier (saxophones alto, ténor et baryton) spatialisent avec maestria leur musique. Le lieu vaste et lumineux s’y prêtait, et les lauréats de Jazz Migration 2017 ne se privèrent pas de se déployer plein champs et hors chant, jonglant selon leurs dispositions pré-établies (un souffleur aux quatre poins cardinaux, des groupes de deux, en rang d’oignon face au public, comme en mêlée au milieu de la salle, etc.) avec tous les spectres sonores, et leur impact sur le public.
Ainsi, en mode 100 % acoustique, passèrent-ils d’effets stéréo à de saisissants effets de quadriphonie, s’autorisant même un retour au son mono, compact, d’une étonnante puissance (notamment quand ils étaient au milieu de la salle). En jouant avec l’espace et le temps (faire revivre une œuvre de plus de six siècle a quelque chose d’étourdissant), ensemble mais pas systématiquement ensemble (on les cherche plus d’une fois du regard et eux-même, peut-être, s’entendent autrement quand ils ne se voient plus), leur quatuor sonne comme bien peu d’autres avant eux. Klaxon géant polyphonique et protéiforme, sirène de bateau fantôme dans la brume, Hot Four immémorial, chœur (é)mouvant de cuivres brouillant les pistes entre musique contemporaine, musique ancienne et free jazz, le Quatuor Machaut nous a transporté. [Prochain concert du quatuor Machaut le 29 juillet à Poitiers. À lire, dans le nouveau Jazz Magazine, le portrait de Quentin Biardeau par Katia Touré. À écouter, “Quatuor Machaut”, le CD, sur Ayler Records.] •
> Ce soir, Le Grand Orchestre du Tricot jouera son Tribute To Lucienne Boyer au Jardin du Tribunal. Parlez-moi d’amour, et ne manquez surtout pas ça.